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Speed'fics - Mars 2018
Bonjour à tous !
Vous retrouverez dans cet article les Speed'fics réalisées par les auteurs en Mars.

Speed'fic du 9 mars


Thème : Cactus

Participants : Suroh, MissDibule, Arcegis.

Participation de Suroh
De nombreuses Teams ont vu le jour de par le monde. Jusqu’ici, l’ensemble de la population est d’accord pour affirmer que ce sont des fléaux qu’il faut anéantir, pourtant l’action des gouvernements se révèle inefficace à empêcher leur pullulement. Les Forces de Police Internationales elles-mêmes ont de grandes difficultés à essayer d’empêcher ces organisations mafieuses de naître.

C’est à cet effet que les chefs de gouvernement se réunissent régulièrement, que les services nationaux de Police ont justement fusionné pour créer les FPI il y a vingt ans, que l’armée elle-même déploie des moyens considérables pour empêcher ces groupes terroristes de se former. Mais rien, non rien ne peut enrayer la montée du phénomène.

C’est que tous ces gens n’ont jamais réussi à découvrir la racine commune de tous ces groupes. Les leaders de chacun d’eux ont juré de garder le secret de son existence. Lysandre, Ghetis, Hélio, Max et Arthur sont autant d’exemples : aucun n’a parlé. Aucune de leurs déclarations ne fait mention de cet événement qui permet la prolifération des Teams.

Cet événement s’appelle la Sélection. C’est une réunion organisée le 24 octobre de chaque année. Elle a été créée à l’origine par Giovanni pour qu’il puisse disposer d’hommes de main fiables. Car c’est de cela qu’il s’agit : c’est le rassemblement de milliers d’hommes aux allures louches, qui sont potentiellement destinés à rejoindre les rangs d’une organisation maléfique.

C’est ainsi que le soir du 24 octobre de chaque année, dans une immense base enfouie sous les flots à l’ouest de la Route 21 de Kanto, se déroule cette réunion. Elle se passe en deux étapes successives : tout d’abord des prétendus leaders proposent leur projet de domination du monde, et ensuite les hommes et femmes présents font leur choix pour l’organisation qu’ils veulent rejoindre. Puis chacun repart chez lui incognito après s’être vu hypnotisé par un Hypnomade.

Cette Sélection est donc à l’origine de milliers des maux de ce monde. Elle est noire, infestée d’individus aux mœurs bien trop légères, cachée avec une telle attention que c’en est inconcevable. Mais tous ceux qui pourraient éventuellement être des recrues sont invitées, et ça représente un panel de personnes énorme. Pourtant, parfois des situations pour le moins burlesques s’y déroulent.

Yanis est un jeune homme de dix-neuf ans. Il est mauvais à l’école et vit dans un quartier miteux dans la périphérie de Volucité. Un soir, alors qu’il rentrait chez lui et s’installait seul dans un canapé, il a découvert un homme tout habillé de noir accompagné d’un Solaroc caché dans un coin de la pièce. La conversation fut brève. En fait, il n’y a pas eu de conversation.

« Solaroc, utilise Hypnose ! » a crié l’homme vêtu de noir.

A cet instant, les yeux de Yanis se sont perdus dans les méandres des prunelles hypnotiques de Solaroc. L’homme sortit de l’ombre et s’approcha de Yanis en lui parlant d’une voix suave :

« Dans deux jours se déroulera une Sélection à Kanto. C’est un événement créé juste pour les gens comme toi, qui sont pitoyables et facilement manipulables. Tu trouveras donc après-demain soir, aux alentours de minuit, un Abra, dans ta chambre. Tu poseras la main sur sa tête et tu le laisseras te téléporter sans poser de question. Bien évidemment, tu ne parleras à personne de ce que je viens de te dire, pas plus que tu ne parleras de ma venue ici, tu agiras d’ici là comme si de rien n’était. »

Puis il claqua des doigts et Yanis se réveilla d’un coup. Il regarda d’un air absent l’autre sortir de la maison. Puis il se rassit sur le canapé et reprit un air d’Escargaume.

Deux jours passèrent, des journées où il ne fit strictement rien, il songea énormément à ce qui lui avait été fait, en fait il était même terrorisé. Mais que pouvait-il faire ? Rien du tout, alors il laissait se dérouler sa routine. Le temps jusqu’au moment fatidique a été plutôt long, car Yanis est un homme particulièrement mollasson qui n’a rien à faire de sa vie. « Les cours c’est chiant et j’aime pas la fac », aimait-il répéter. Il avait la boule au ventre et restait tout de même un peu curieux. Avec un peu de chance, il pourrait peut-être rejoindre l’une de ces Teams super secrètes dont les médias parlent tant ! Il fantasmait. Et ne croyait pas si bien penser.

Le moment dont l’homme en noir avait parlé arriva. Yanis était avachi sur une chaise et déprimait en se regardant dans un miroir. Il avait l’air d’un ado blasé, mais un fond de peur et d’excitation luisait dans son regard pourtant terne d’habitude.

Le Abra apparut sans un bruit dans la pièce ; aussitôt le corps de Yanis fut puissamment levé comme par une force étrangère. La bouteille qu’il tenait à la main fut bruyamment posée sur le sol et Yanis mis une main sur le Abra. En fait, il l’avait même presque giflé mais ce n’était pas sa faute : il n’était pas tout à fait le maître de ses mouvements à cet instant.

À peine eut-il effleuré le Pokémon Psy que la vive impression que ses tripes se déchiraient tout en se distordant d’elles-mêmes l’envahit. Il aurait bien poussé un cri de douleur, mais sa langue gonflait, sa bouche explosait. Le sang dans ses veines passa de chaud à glacé et mille et unes sensations diverses le mirent au supplice. Il ne sentait plus le sol sous ses pieds, ce contact avait été remplacé par une sensation de gravitation démentielle qui écrasait chaque partie de son corps.

Puis tous ses sens reprirent une attitude normale. Yanis était à quatre pattes, haletant, dans ce qui semblait être le hall d’un immense palais. Il tâtonna son torse pour être certain de n’avoir pas été blessé ; pas de marque de blessure. Il soupira et ses maux de têtes s’échappèrent avec son souffle.

Il se releva avec peine et constata qu’il n’était pas seul dans ce hall. En relevant les yeux, il vit un grandiose plafond de ver au-dessus duquel nageaient…

« On est sous la flotte, là ? » lâcha-t-il dans un hurlement mi-décontenancé, mi-effrayé.

Il commença à avancer mais n’était pas au bout de ses peines : des personnes apparaissaient tout autour de lui ! Elles n’étaient pas là, puis elles étaient là. C’était presque inconcevable. Tous étaient dans un état similaire au sien quand il était apparu là, c’est-à-dire dans un état assez lamentable.

Yanis arriva bientôt devant une porte d’un bois de qualité qui ouvrait sur un amphithéâtre aux dimensions totalement disproportionnées. Il ne savait pas quoi faire, il était désorienté. Bruits, pas, hurlements, cris, coups de coudes, odeur de transpiration, crampes, bourdonnements dans les oreilles. Il n’était pas bien. Pourtant il avançait et s’assit sur l’un des sièges de cette salle en demi-cercle devant laquelle une estrade avait été construite. Il attendit quelques temps.

Puisque ces gradins s’étalaient sur un demi-cercle dont le rayon était pharamineux, et puisqu’ils s’étiraient tout autant en hauteur, ils pouvaient accueillir un nombre énorme de personnes. Et le flot qui se déversait dans la salle était conséquent. Une voix retentit soudain, lorsque tous furent assis.

« Si vous êtes ici, c’est pour m’écouter ! Vous devez être perturbés, vous ne devez pas savoir pourquoi vous avez mis les pieds dans cet endroit, mais c’est normal. En quelques mots : vous voici à la 17e Sélection ! Des dirigeants charismatiques vont vous proposer des projets, et vous devrez tous suivre l’un de ces leaders à la fin de ces exposés. C’est clair ? »

Des murmures de protestation envahirent la salle, et Yanis, lui, sentit un froid glacial s’emparer de son échine. Ses mains tremblaient. Des personnes se levèrent et poussèrent des plaintes pour protester, mais ça ne dura pas. À peine les personnes étaient-elles debout pour brandir le poing qu’elles se rasseyaient, le regard vide. Ils sont toujours sous l’Hypnose des Pokémon qui les a forcés à venir ici, compris Yanis.

« Ce sont des projets ambitieux qui ont pour motivation de changer le monde. La règle est la suivante : les leaders défendront un projet qui ne s’occupera que d’une seule région : Kanto, Johto, Unys… Mais qu’une seule. C’est pigé ? Et vous, vous devrez rejoindre l’une de ces Teams. Vous les rejoindrez de votre plein gré, ne vous inquiétez pas. Nous savons d’expérience que les… personnes dans votre genre sont souvent attirées par ces idées. »

La présentation commença donc dans un froid glacial. Yanis s’ennuya beaucoup. Son allure placide reprit le dessus, bien qu’il se soit attendu à sentir quelque chose secouer ses tripes. Mais à part sa bile qui ne demandait qu’à remonter, il ne sentait pas grand-chose se passer en lui.

Passons les premières interventions. Elles étaient toutes assez banales, simples. Certaines emballaient plus la foule, et on pouvait imaginer que ceux qui ne tarderont pas à se faire nommer « sbires » commençaient malgré eux à éprouver de l’affection pour certaines idées dans lesquelles ils se reconnaissaient.

Cependant, il y eut un homme. Un homme unique, qui fit briller les yeux de Yanis. Il ne savait pas pourquoi, mais les idées qu’il proposait lui donnaient envie.

Il venait de faire son entrée sur la scène, et commença son discours.

« Bonsoir. On m’appelle le Gamin Farouche. Je viens ici pour vous proposer mon plan de domination du monde, qu'je sais excellent, ah ah ! Toutes les autres petites bouses de Bulbizarre d’avant vous proposent de combattre avec des légendaires, des fabuleux ou qu'je sais pas trop quoi. Tous des crétins ! Moi je vais vous dire ce qu’on va faire. Moi je vais vous l’dire, moi. Ouais ouais. On va utiliser des cactus ! »

Tous auraient dû rire. Mais vous n’imaginez pas le charisme de ce petit homme qui marchaient de long en large.

« Le projet C.A.C.T.U.S qu’il s’appellera, mon plan de conquête ! Vous ne devriez pas me sous-estimer. J’ai un cousin, Farouk, lui il est resté sur sa Route 1 pour convaincre les gens d’avoir des Ratata. Nan mais les gars, moi j’vous l’dis : c’est pas les Ratata qui changeront le monde, pas plus que les Arceus ou les Opermine. C’est les Pokémon Cactus ! Mon plan qu’il est simple j’vous l’dis. Si ici et maintenant on attrape tous un Pokémon Cactus et qu’on lui fait faire des bébés, bah y aura plein de Pokémon Cactus. Vous comprenez ? Mon plan qu’il est simple j’vous l’dis. »

L’aura de charisme du gamin faisait que tous l’écoutaient avec délectation, tous buvaient ses paroles. Une main se leva pour lui poser une question :

« Mais qu’est-ce que ça changera à la face du monde ?

– Peuh ! Mais ne sous-estime pas les Pokémon Cactus ! Ils sont super-puissants ! Rien ne peut les arrêter, rien ! Mon plan qu’il est simple. Vous prenez tous un Pokémon Cactus, un Cacnéa quoi, ou un Maracachi ou celui qu’vous voulez. Les Pokémon Cactus ils habitent dans l’désert vous pigez ? L’désert. Du coup qu’il gardent de l’eau ! Il peuvent absorber de l’eau sans l’utiliser ! Ils l’absorbent juste. Mon plan il sera juste que tous les membres de ma Team qu’ils aient un Pokémon Cactus et ils le jettent dans les lacs où y a de l’eau qu’on peut boire ! J’vous l’dis, j’ai déjà essayé avec le mien. Chaque Cacnéa peut garder au moins dix litres d’eau ! Vous voyez combien vous êtes ! Une équipe Pokémon c’est six Pokémon, si vous adhérez tous à mon Projet ça sera bon j’vous l’dis ! En plus que c’est pas que y a le réchauffement climatique qui réduit déjà la flotte, mais eh ! Un peu ! Alors si on a toute la flotte pour nous, on pourra dominer le monde, ah !! »

Croyez-le ou non, ce jour-là, des milliers de murmures s’emparèrent de la salle. Lorsque la Sélection approcha de sa fin, des milliers d’hommes et de femmes approchèrent de Farouche. Yanis faisait partie du contingent.

Farouche leur parla un peu encore, puis chacun dut rentrer chez lui. Toutes ces personnes avaient décidé quel leader elles voulaient suivre. Car l’aura de charisme de tous ceux qui avaient parlé était telle que ces jeunes allaient quitter leur pays pour réaliser ces actes de terrorisme. Ça leur semblait juste, et Yanis faisait partie du lot.

Yanis rentra chez lui, le même Abra qui l’avait amené était apparu à lui à la fin de la séance le ramena chez lui, juste après qu’un Hypnomade se soit assuré qu’il ne puisse pas de son plein gré parler de cette soirée.

Yanis se mit au fond de son lit et réfléchissait. Cet homme. Farouche. Il lui plaisait. Le projet de domination semblait farfelu mais possible, d’ailleurs il n’était pas le seul à le croire. Des réunions seraient régulièrement organisées, d’ailleurs. Car l’objectif, pour le moment, de tous les membres de cette Team Cactus, était simple : capturer le plus de Pokémon Cactus possible.

Aujourd’hui, les membres de cette Team se préparent toujours dans l’ombre. Leur leader les tient en haleine tous les mois, et nul ne se doute de leurs manigances. Ils sont l’organisation ultime.

Et le projet C.A.C.T.U.S, un jour, leur permettra de dominer le monde.

Participation de MissDibule
« Quand tu vois un Pokémon Vol, danse. Sinon tu seras dévoré. Nous sommes de Type Plante, c’est-à-dire des proies faciles pour eux. Mais notre danse les effraie. C’est la seule arme dont nous disposons contre eux. Ah, et, prends garde aussi aux humains. Ils enferment les Pokémon dans des sphères étranges. Ne t’approche jamais d’eux. Et si jamais il arrivait que ce soit l’un d’entre qui s’approche de toi… Ne bouge surtout pas. Ils nous appellent « les Pokémon Cactus » non sans raison… Immobiles, nous leur ressemblons en tout point. Face aux perfides humains, reste stoïque, mon fils. Pense comme un cactus, reste droit comme un cactus… Deviens un cactus. Tu as compris, Cacti ? »

Comme à chaque fois, j’ai à moitié écouté ce que dit ma mère. Ce n’est pas de ma faute si c’est toujours la même chose ! « Les Pokémon Vol ceci, et les humains cela… »… Du blabla, tout ça. Ma mère me répète – et me fait répéter – ce mantra dès que je sors de notre petite grotte. C’est bien simple, je le connais pas cœur, depuis le temps. Ma mère est terrifiée dès que je m’éloigne d’elle. C’est vrai qu’en tant que Doyenne du village, ça la ficherait mal que son propre fils n’écoute pas les consignes de sécurité dispensés jour et nuit. Mouais, en attendant, je n’ai jamais croisé ni Pokémon Vol, ni humain aux alentours. J’en ai presque envie, en fait. C’est vrai, ça changerait un peu, il ne se passe rien dans ce désert ennuyeux !

Les autres Maracachi de la tribu passent leur temps à se trémousser. Ils organisent même des concours de danse. À croire que c’est la seule activité à faire dans le coin ! Ridicule. Bah oui, moi, je n’aime pas danser, alors que c’est, selon ma mère, « la raison d’être des Maracachi ». Euh ouais, alors, maman ou pas, doyenne ou pas, ce n’est pas ça qui va me convaincre. Je traverse notre petit village sur mon unique pied. De ce côté-là, je dois bien reconnaître que nous ne sommes pas gâtés : devoir se déplacer en sautillant, c’est pas génial, surtout quand, comme moi, on aime bien explorer. Ah, comme je rêve de contrées inconnues, pleines de paysages magnifiques… Mais bien évidemment, ici, il n’y a que du sable. Du sable, du sable, et un peu de sable pour parachever le tout.

Enfin… Il n’y a presque que du sable. Un jour, j’ai fait une grande découverte : une oasis, à quelques lieues du village. Quel endroit merveilleux ! La surface claire de l’eau, les palmiers du même vert réconfortant que moi… Je m’y sens comme chez moi. Même peut-être plus que dans ma vraie maison. C’est d’ailleurs là que je me rends en ce moment. Je vais enfin pouvoir être moi-même, là-bas, et rêver d’aventure en contemplant mon piètre reflet dans l’eau. Parce que oui, on ne va pas se mentir, les Maracachi ne sont pas les Pokémon les plus charismatiques du monde. Enfin, peu importe, comme dirait ma mère – et, je pense, sans trop m’avancer, toutes les mères du monde – « ce qui compte, c’est la beauté intérieure ».

Ouais ouais ouais. Sauf que même ça, ce n’est pas gagné. Parce que je n’ai pas vraiment l’impression d’être quelqu’un de bien. Après tout, je fais que me plaindre de tout : mon village, les recommandations de ma mère, les danses… Alors que je sais qu’au fond on ne veut que mon bien. C’est en partie pour ça que je viens ici. Pour ne pas ennuyer le reste du monde. Je soupire. C’est ça le problème. Ma vie est morne. Aucune excitation. Juste… un cycle incessant de journées qui se répète inlassablement. Tiens, dans ce mot, il y a « sable »… Je pense que ça dit tout.

Plus sérieusement, je rêve qu’il se passe enfin quelque chose. N’importe quoi. Même le pire. Je sais à quel point c’est odieux de ne penser qu’à soi au point de souhaiter le pire, mais… comment dire… J’ai l’impression d’être déjà mort. Alors, mon dieu Arceus, si vous existez… Ayez pitié de moi, je vous en prie, faites qu’il m’arrive quelque chose !

Bon, je suis vraiment désespéré, là… Mais on sait jamais, ça peut marcher. J’attends. Rien ne se passe. Bien sûr. J’aurais dû m’en… Hein ?

Assis au bord de l’eau, je vois une ombre planer au-dessus de la mare. Je relève la tête : un Pokémon Vol. Ha. Quelle ironie. Bon bah, je suis vraiment mort tout compte fait.

Enfin, probablement. Là, je vois l’oiseau se fracasser sur le sol. Aïe, atterrissage manqué. Mais au fond de moi je suis heureux : il s’est passé un truc nouveau, et je suis encore là pour le voir ! Je me précipite vers le blessé. Il est tout gris et rutilant. Son aile est sérieusement amochée, le rouge du sang se mélange à la couleur de l’aile. Il me voit, lève la tête et dit faiblement :
- Je vais… mourir… De… l’aide…

Je réfléchis. Est-ce qu’il ne va pas me manger si je l’aide ? Bah, avec ce que j’ai à perdre. Ma mère me regrettera peut-être un temps, mais elle ira bien vite mieux. Je décide donc de l’aider.

Je considère la blessure. Je peux soigner ça avec de l’onguent. Grâce à nos pétales de fleurs, nous, les Maracachi, nous pouvons créer un baume apaisant. Heureusement, j’ai très bien retenu mes leçons et je m’attèle aussitôt à la tâche en me servant d’une feuille de palmier comme plan de travail. Ce faisant, je murmure des mots rassurants à l’oiseau. Airmure, il m’a dit qu’il s’appelait. Je m’étonne moi-même. Un vrai aide-soignant ! Airmure me remercie de tout son cœur. Peut-être qu’il ne va pas me manger, tout compte fait… En tout cas, je suis content. Non seulement j’ai réussi à tromper mon ennui, mais en plus, je vais sans doute sauver la vie de quelqu’un…

Quelle belle journée pour être vivant.

Je ne suis plus immobile, mimant le cactus passif. Je vais de l’avant. J’ai envie de progresser. De découvrir des choses. D’aller vers l’inconnu, comme Airmure. Et peu importe ce qui m’arrivera en chemin. Toute découverte sera la bienvenue. J’accueillerai l’adversité comme une vieille amie. Je veux juste… vivre. Comme Airmure.

J’ai fini d’appliquer l’onguent. Airmure n’a plus l’air de souffrir. Il réussit même à se redresser. Il balbutie quelques mots :
- Merci du fond du cœur, je ne sais pas ce que j’aurais fait sans toi… Mais au fait, quel est ton nom ?

Ah, mon nom. Je ne l’aime pas. Il ressemble trop à « cactus ». Quand bien même c’est fait exprès, ça ne me plaît pas. Je dis donc simplement :
- Maracachi. De rien, je suis très content d’avoir pu t’aider. Tu sais, tu m’as sorti d’une longue torpeur… Qui durait depuis bien trop longtemps.
Il me regarde, interloqué. Je me doutais bien qu’il ne comprendrait pas. Je lui souris et déclare :
- Disons juste que… Tu m’as rendu service, toi aussi. Alors je suppose qu’on est quittes.
- Oh non, tu as fait tellement pour moi, j’aimerais tant pouvoir te remer…

Il est coupé dans sa phrase par une autre voix :
- Airmure ! Enfin ! Je t’ai cherché partout ! J’ai eu si peur… Ne refais plus jamais ça.

Je me tourne. Mon sang se glace. Un humain. Cela ne peut qu’être cela. On me les a tant décrits. Soudain, je repense au cactus. « Deviens un cactus », résonne en moi la voix de ma mère.

Non. Je ne veux plus l’écouter. Je veux vivre. Quoi qu’il en coûte.

L’humain accoure vers nous. Il est essoufflé. Il ne me voit même pas et se précipite au chevet d’Airmure :
- Ça va, Airmure ? Oh non tu es blessé ! Mais qu’est-ce qui t’a pris de vouloir te battre tout seul contre eux pour me protéger ?
Il semble cependant plus soulagé qu’en colère.

Il considère l’aile de son compagnon, recouverte du visqueux baume rose. Airmure désigne successivement son aile, puis moi. L’humain me remarque enfin :
- Oh ! C’est ce Pokémon qui t’a soigné ? Comme c’est gentil de sa part…

Puis, sans prévenir, il tend la main vers moi. Bien malgré moi, je recule, effrayé.
- Ha ha, ne t’en fais pas, mon petit, je ne vais rien te faire. Je te suis au contraire très reconnaissant de ce que tu as fait pour mon Airmure. Enfin, je sais même pas si tu comprends ce que je raconte ! rit-il.

Si, je comprends. Et j’entrevois alors une nouvelle possibilité d’avenir. Un futur possible pour moi. Devenir le Pokémon de cet humain, et vivre des aventures avec Airmure et lui. Vivre tout court, même.

Airmure semble avoir deviné mes pensées. Il lance alors un regard lourd de sous-entendus à son ami, qui comprend aussitôt :
- Tu veux nous rejoindre, mon petit Maracachi ? Sans problème ! m’annonce-t-il gaiement.

Il fouille alors son sac, rajustant de temps à autre la visière qui lui tombe sur les yeux. Il a une impressionnante touffe de poils sur la tête, comme certains Pokémon que j’ai pu voir. Il finit par en sortir une balle rouge et blanche. Ah, les fameuses sphères… Mais je n’en ai plus peur à présent. Advienne que pourra. Et je suis sûr que cet humain est gentil. Il a l’air, en tout cas. Il pointe sa sphère devant moi. Je suis curieux de savoir comment c’est, à l’intérieur. Juste avant d’être aspiré à l’intérieur, j’entends mon nouveau maître dire :

- Je vais t’appeler… Cactus !

Je ris intérieurement. Il n’aurait pas pu choisir pire…

Mais après tout, n’ai-je pas souhaité le pire un peu plus tôt ?

Je devrais plutôt être reconnaissant.

Merci Arceus, j’ai eu ce que voulais.

Aujourd’hui…

« Cactus » commence à vivre.

Participation de Arcegis
"Concentre-toi". Karine Lacâline se répétait cette phrase, cette petite proposition, en boucle, depuis maintenant trois semaines. Et il lui restait trois semaines. Trois semaines pour apprendre un morceau de musique de son choix, qu'elle allait présenter devant un jury. Et pas n'importe lequel des jurys ! Elle s'était donnée pour objectif de passer les auditions de la grande émission "La voix du Renouveau". Son jury, composé de quatre artistes éclairés, émérites et bien souvent éméchés, était réputé pour la variété, mais aussi l'impitié de ses jugements. L'un des membres, de son nom de scène Pascal Ossabot, un Pijako qui n'avait pas la langue dans sa poche, était souvent dur et cassant, mais avait sans doute, parmi les quatre, l'oreille la plus fine et la plus savante. Le deuxième, Granit, un jeune Grolem, semblait foutraque au premier abord, mais aussi rigolo, et prodiguait les meilleurs conseils, même pour les personnes n'ayant pas retenu ses faveurs. La troisième, une Gardevoir qui avait choisi pour pseudonyme Dame Isabeau de la Bath, était celle qui avait connu le plus de succès des quatre, au travers de trente années de scène, quatorze albums vendus, et des textes fins et ciselés. Celle-ci adorait les performances imprévues et différentes, et tout ce qui pouvait se démarquer du lot l'intéressait fortement. Enfin, le quatrième membre, Loulou Garorock, un Lougaroc Nocturne, accro au Fanta, parlait peu, mais ses avis étaient fortement respectés.
La jeune Fragilady se repassa la chanson mentalement, puis s'assit de nouveau devant son piano. Elle avait elle-même arrangé le morceau à l'oreille, pour le roi des instruments, se fondant sur une version orchestrale du morceau. Ce dernier racontait la vie piquante d'un Cacturne qui essayait, par tous les moyens, de se défendre contre la vie qui l'oppressait. Il était chanté par un Desséliande dans la fleur de l'âge. Jacques Dutrondarbre. Quel pseudonyme ! Elle ne put s'empêcher de pouffer de rire.
"LE MONDE ENTIEEEEER ! EST UN CACTUUUUURNE !"
PLONG. PLONG.
"IL EST IMPOSSIIIBLE DE S'ASSEOIIIIIR !"
PLINGPLONGPLANG. BLOUM. Les mains agiles de la dame-fleur couraient sur le clavier.
"DANS LA VIIIIE ! IL Y A DES CACTUUURNE ! MOI JE ME PI-"
Son auriculaire et son annulaire glissèrent et attrapèrent deux fausses notes.
"MERDE ! Reprends-toi, bon sang !"
Elle souleva ses mains, respira un bon coup et recommença le morceau.
"DANS LA VIIIIE ! IL Y A DES CACTUUURNE !"
PLONGPLONGPLING.
"MOI JE ME PIQUE ! DE LE SAVOIIIIR !"
Cette fois-ci, ses doigts avaient visé juste. Elle joua le morceau jusqu'à la fin, modulant sa voix, puissante et articulée. Le jury s'étonnerait d'entendre une voix de baryton léger venant d'une dame-fleur !! Ils ne comprendraient pas.
Trois semaines passèrent, d'entraînement sans relâche, jusqu'à ce qu'elle sût enfin le morceau sur le bout des doigts et de la voix. Elle partait de la ferme pleine d'espoir.
Le jour fatidique arriva enfin. La production de l'émission télévisuelle s'était montrée assez impatiente avec elle. Lorsqu'elle avait passé l'audition préliminaire, le premier jury en était resté bouche bée. Elle avait presque expédié la première prestation, butant ça et là, mais ils l'avaient retenue. Finalement, elle resta sur place. Il fut décidé qu'elle passerait dans l'émission de la semaine suivante, qui serait tournée le jour même. Plus son entrée approchait, plus elle ressentait le trac. Elle avait l'impression de voir un Rhinastoc armé d'une batte de base-ball derrière elle, tant son stress montait.
Elle tourna les premières scènes de présentation avec la boule au ventre, mais masqua sa peur par une voix encore plus grave qu'à l'accoutumée. Finalement, le technicien lui demanda d'attendre devant un vaste rideau blanc. Ce dernier donnait sur la scène, où l'attendaient, tels des Némélios en des temps antiques, les quatre stars qui allaient la juger. Des quatre, la jeune Fragilady savait laquelle elle choisirait pour la suite de l'émission. Elle adorait les textes de Dame Isabeau, et sa musique douce et prenante.
"C'est à vous."
La voix du Machopeur technicien la désarçonna. Elle prit une profonde respiration, expira en libérant un très léger nuage de pollen, et partit au-devant.
La scène était véritablement immense. Plantés devant elle comme des menhirs inquisiteurs, les quatre fauteuils des juges lui tournaient le dos. Elle se plaça devant le piano et plaqua le premier accord, avec fougue et rage.
PLONG.
"LE MOOOONDE ENTIEEER ! EST UN CACTUUUURNE !"
PLONG ! PLONG ! Ses doigts martelaient le clavier avec une puissance inattendue pour une jeune demoiselle. Elle sentit un grand flottement dans l'assemblée. Puis, finalement, à la périphérie de son champs de vision, elle vit une jeune Kirlia claquer des doigts et bouger, tout sourire.
"IL EST IMPOSSIBLE DE S'ASSWA-WA-WA-WAAAAAR !"
La première détonation lui retourna l'estomac. Dame Isabeau avait appuyé sur le bouton rouge, sur son accoudoir. Le fauteuil se retourna lentement, la foule poussa une ovation.
"DANS LA VIIIIE ! IL Y A DES CACTUUUURNE !"
"Mais c'est incroyable !"
La deuxième détonation lui mit des papillons de lumière dans l'estomac. Cette fois, c'était Loulou Garorock qui s'était retourné, et la dévisageait à présent avec des yeux ébahis.
La chanson continua. Elle ne pouvait voir les deux autres sièges, mais elle sentait la tension dans les airs. Elle vit une main bouger dans l'air. Une main de Grolem. Il comptait les temps, et semblait trépigner d'impatience.
"POUUUR ME DÉFEEENDRE ! DE LEURS CACTUUURNE !"
La troisième détonation lui arracha un sourire. Le fauteuil de Granit opéra un demi-tour. Il semblait vraiment tout foufou, et faillit exploser de rire lorsqu'il vit ce qui lui faisait face.
A la toute fin du morceau, sur le tout dernier accord, le dernier fauteuil restant, celui de Pascal Ossabot, se retourna. Ses yeux s'écarquillèrent lorsqu'il vit la concurrente plaquer son dernier accord et se relever. La foule l'ovationna, et ce fut comme une explosion nucléaire de joie.
Le premier à prendre la parole fut Granit.
"C'était tout bonnement incroyable ! Jeune demoiselle, pourriez-vous nous donner vos nom et âge ?"
"Je suis Karine Lacâline, et j'ai 25 ans." La jeune Fragilady rayonnait de fierté. Un à un, les juges lui firent part de leurs impressions sur sa voix, ce qui les avait marqués, ce qui restait à améliorer (Ossabot fut très clair sur ce point). Finalement, vint le moment crucial du choix. Elle s'était décidée pour Dame Isabeau, mais chacun aurait des choses à lui apporter. La justesse technique d'Ossabot, la présence scénique de Granit, la présence musicale de Loulou...Et la douceur de Dame Isabeau. Elle retourna près du piano, et entendit la foule l'encourager. Finalement, elle improvisa une très courte mélodie détaillant qu'elle choisissait Dame Isabeau. Cette dernière en fut très honorée.
Elle partit rejoindre sa famille lorsqu'on le lui indiqua, le cœur gonflé de fierté. L'aventure ne faisait que commencer.

Bravo et merci à vous pour vos participations !

A bientôt !
Le Comité de Lecture
Article ajouté le Samedi 24 Mars 2018 à 21h36 | |

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