Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Whisky, cigares et bon goût. Ou pas.
de Drayker

                   



Si vous trouvez un contenu choquant, vous pouvez contacter la modération via le formulaire de contact en PRECISANT le pseudo de l'auteur du blog et le lien vers le blog !

» Retour au blog

Le détaché
Spoiler
On est tous complexés par quelque chose.

Le poids. La taille. La forme du visage. Vous savez bien de quoi je parle. Ces insécurités constantes, ces défauts qui crèvent les yeux quand on s'observe dans le miroir, ces imperfections qui sont souvent minimes pour les autres, mais terribles pour nous.

Et bien, lui, il n'en a pas, d'insécurités comme ça.

Oh, il a des défauts, bien sûr. Et il les voit très nettement, comme tout le monde. Peut-être même qu'il les voit mieux que les autres.

Mais il s'en fout. Ça ne le dérange pas. Ses défauts ne le rendent pas complexé. Il s'en est fait une armure. Les moqueries, les quolibets et les ricanements, tout ça rebondit sur sa carapace.

Au début, son indifférence lui a beaucoup servi. Quand il était petit, notamment. Il n'y a rien de plus méchant qu'un gosse, et ça, il l'a vite compris, alors il a rapidement cessé d'accorder la moindre importance à l'avis de ses camarades, et le collège et le lycée ne s'en sont que mieux passé.

Le problème, c'est que ça l'a suivi.

Il est adulte, aujourd'hui. Les années s'enchaînent, mais la carapace est toujours là, il n'a pas mué. Et le mépris qu'il éprouve pour l'opinion des autres est toujours bien ancré. Il est toujours insensible aux moqueries, aux provocations, et ça, c'est probablement bien. Mais les adultes ne sont pas les enfants de son collège. Certains lui font des remarques pour l'aider. D'autres pour le conseiller. D'autres parfois se moquent de lui, mais gentiment, et à raison.

Et bien tous ceux-là, il les envoie valser, tout comme il envoyait valser les provocations.

Enfin, non, il n'envoie personne valser. C'est un gars bien, pas un enfoiré. Quand on lui fait des reproches, il écoute. Surtout si c'est argumenté. Mais quasiment à chaque fois, il se contente d'acquiescer, avant de ranger l'avis dans un coin et de ne plus jamais y toucher.

Une fois, il est sorti avec une nana. Un sacré brin de femme. Son caractère, c'était tout l'inverse de lui. Elle criait, elle s'irritait, elle lui faisait des reproches. Une fille du sud, sanguine parfois, mais aussi intelligente, ça oui. Foutrement intelligente.

Au début, elle lui disait qu'elle appréciait son calme et son détachement, son caractère posé. Que ça la contrebalançait.

A la fin, elle a compris que ce qu'elle prenait pour de la patience était en fait de l'indifférence, et ils se sont quittés.

Ça aurait probablement dû le faire réfléchir. Le faire reconsidérer. Mais ce qu'il en a conclu, lui ? Eh bien, que c'était elle qui se trompait. Ou qu'il était mieux de son côté.

Lui, c'est un rocher. Une éponge. Il absorbe tout. Impossible de l'énerver. Impossible de le faire pleurer.

Il rit, par contre, et il sait s'amuser en société. En façade, du moins.

Mais une fois seul, une fois la poussière retombée, il se rend bien compte que s'il refuse de s'exposer, de laisser qui que ce soit l'atteindre, alors il ne goûtera jamais à la douce chaleur d'être réconforté.

Il ne prendra probablement jamais le risque. Ça n'en vaut pas la peine. Aimer et être aimé, ça nécessite de s'ouvrir, et s'ouvrir, c'est souvent finir blessé.

Après tout, comme dit Stromae, mieux vaut être seul que mal accompagné. Et les bons compagnons, ceux qui ne le blesseront jamais, ça n'existe pas. Ca sonne cliché, mais c'est la vérité.

Du moins il l'espère, mais il ne le saura probablement jamais.
Article ajouté le Mardi 05 Décembre 2017 à 22h00 | |

Commentaires

Chargement...