Putin, le up phénoménal.
Shining @Hellfest 2012
Autant l'an passé la «fête de l'Enfer» tombait parfaitement bien (pile à la fin de mes exams), autant cette fois celle-ci commence quelques jours plus tôt, alors que ceux-ci terminent plus tard! Résultat: un Hellfest qui tombe au milieu de mes rattrapages, et auquel je n'ai failli pas venir.
Sous les bons conseils d'un ami, je décide d'y aller quand-même, en raccourcissant de beaucoup le Dimanche pour être frais et dispo un Lundi normalement plein d'épreuves, mais qui s'avérera finalement vide (et me fera regretter d'avoir donc rater presque toute la dernière journée...).
Vendredi 15 Juin
Levé à 6h du mat' après une soirée courte et agitée, je prends le train le Vendredi 15 Juin à 7h en compagnie de mon même camarade que l'an passé [que l'on appellera P.], ainsi qu'un thésard post-métalleux [que l'on appellera C.] fan de Hate Forest et de Britney Spears (no fake). J'enfile mon t-shirt pokémon de Smogo, pour snober du métalleux, et en sachant pertinemment qu'aucun ne pigera.
Dans le train Nantes-Clisson, on rencontre un mec avec qui l'on sympathise très vite et que l'on recroisera régulièrement lors du fest [que l'on appellera D.]. Voyage en train qui est l'occasion pour moi de vanner le true black, le NS, le hardcore, le RP, et beaucoup d'autres choses. Bref, un voyage normal.
Arrivée à 9h à Clisson, on décide de prendre un café/chocolat (la dernière option pour moi). Je flippe comme un con car j'ai peur de rater
Celeste. Pas de suspens, j'ai bien raté ce groupe que j'aurai voulu tant voir, mais même sans s'arrêter au café, on serait quand-même venu trop tard. Tant pis.
Installation de tente assez loin, ce qui s'avérera chiant avec la boue, on peut enfin aller sur le site. Site déplacé par rapport aux années précédentes, ce qui me trouble un peu du coup. Mais bon. On s'achète des jetons pour la boisson, ce qui s'avère bordélique. Puis on décide enfin d'aller voir les bretons de
Belenos, dont le bassiste est un ami. Le son est correct, mais un peu brouillon par moment. Le set est court, comme tous ceux des groupes à passer en début de journée, mais est bien équilibré entre passages agressifs et d'autres plus posés.
Ce concert est d'ailleurs l'occaz de faire la découverte de la Temple scene et de sa croix renversée en néon sur le plafond. Classe.
À midi, je mange (mal), puis direction la Temple de nouveau pour Solstafir. Post-Rock planant, on décide finalement de s'allonger dans l'herbe juste à côté. Anecdote qui tue: sur une des photos du Hellfest prises par Arteliveweb, on peut y voir C. allongé, et un bras au t-shirt rouge appartenant à P. .
Suite à cela, j'ai un (gros) trou, et je décide donc d'aller faire les courses au Leclerc et à l'Extreme market avec P. . J'y retourne d'ailleurs de nombreuses fois pendant mon séjour, en mode consumériste.
À 4h et des brouettes, je me prépare à une de mes plus grosses attentes, et ma plus grande crainte:
Darkspace. Attente, car groupe immense, mais peu connu et faisant très très peu de concerts. Crainte, car jouer du Black/Ambiant à la
Alien en pleine journée, ça peut paraître légèrement HS. Heureusement, les suisses vont faire un show monstrueux et conquérir le public sans aucun soucis. Les voix terrifiantes des trois vocalistes y sont pour quelque chose. Seul les passages purement ambiant passent moins, mais j'imagine sans peine l'effet donné en salle fermée.
Lors de ce concert, je croise alors non pas une mais deux connaissances: le premier, je le connais surtout de vu en fac d'Histoire, car excessivement discret, bien que sympathique. Le deuxième, je ne l'avais jamais rencontré avant, puisque c'est une (bonne) connaissance forumique [lui, on va l'appeler B.]. On discute pas mal ensembles, et on décide d'échanger nos numéros.
Avec P., je décide de retrouver immédiatement C. et D. pour le concert des terroristes mexicains de
Brujeria, ayant lieu juste à côté. On se retrouve devant, et le concert commence.
Bien que j'aime moyennement le Grind de ces cabrones sur CD, je prend ici une bonne claque: arrivant sur scène avec foulards de bandits sur le nez, enflammant celle-ci, les deux chanteurs assurent un show explosif. À noter d'ailleurs le bon gros Shane Embury à la basse, et qui jouera dans ce fest pas moins de 3 concerts (dont celui de Napalm Death que je rate comme une loque le lendemain).
Au menu: narcos, immigration et satanisme kitsch, terminant avec une machette et une reprise de «Macarena», transformée pour l'occasion en «Marijuana» (évidemment).
Toujours à l'aveuglette, je décide d'aller jeter un œil à
Taake, qui s'avère être convaincant, malgré le fait que je ne suis pas très fan du style de BM joué. Je me mets alors en place pour une autre grosse attente de ce festival, et la plus importante de C.:
Nasum.
Groupe de Grind mythique, les membres s'étaient séparés suite à la mort de Mieszko en 2004 dans le tsunami en Thaïlande. Reformés le temps d'une tournée d'adieu avec le chanteur de Rotten Sound pour remplacer feu-Mieszko, autant dire que ce passage au Hellfest était ma seule et dernière chance de les voir. Malgré le fait que je suis loin de connaître toute leur disco, je partais optimiste, et pourtant...
...je n'ai reconnu presque aucun morceau. Le son est abominable et surpuissant. À tel point qu'il me fatigue physiquement parlant.
C'est avec un gros pincement au cœur que je quitte le concert avant sa fin, en compagnie de P., afin d'aller nous reposer, pendant que C. arrive à y prendre son pied (c'est son groupe préféré, remarque).
Je décide d'aller voir les
Dropkick Murpys, par ce que du Punk rock avec cornemuse et mandoline, c'est priceless. Concert bien dynamique, évidemment. Mais aucune prise de risque, et un spectacle somme toute bien «convenu», au final. Comparé à Iggy l'an passé, je trouve que tout cela manque juste un peu de folie. Bon souvenir malgré tout.
N'ayant que faire Canniboule, je pars me laver.
Dernier concert de la journée, ou peut-être au contraire le premier (il est minuit passé), je vais voir
Amon Amarth avec P. et C., que je suis le seul à apprécier parmi eux, concevant très bien l'image de Viking-Metal-beauf-et-noob que renvoit ce groupe. Mais il n'empêche que j'accroche très bien à leur melodeath épique, même si parfois un peu facile. Les jambes usées, et effrayés par les fans pré-pubères, on s'assied en retrait, on écoute calmement et on discute. C'est claqué que je termine cette première journée.
Samedi 16 Juin
Je me réveille en me rendant compte que j'ai dormi 7h: immense joie, le double de ce que je dors en moyenne en cette période d'exams!
Traînant par-ci par-là sur le site, je me prépare pour voir
Oranssi Pazuzu. J'avais eu de bonnes critiques de ces finlandais, et donc j'en attendais beaucoup. Trop, même.
Son trop brouillon, musiciens peu expressifs, le concert s'avère vite ennuyeux, alors que pourtant pas mauvais en soit. Je reste jusqu'au bout, mais déçu. Tant pis.
Sous les conseils de C. (qu'on ne retrouvera que tout à la fin de la journée avec sa copine), je vais voir
Amenra, qui m'intéresse de toutes façons. Nouvelle baffe sonore: un son de bonne facture, un chanteur possédé, une odeur de plomb fumé, le post-hardcore d'Amenra fait mouche sans problème, et les 40 minutes passent bien trop vite. Très efficace.
Je retrouve B. à la fin, échangeant nos ressentis, dont les avis ne divergeront point. On se donne rdv à 17h devant le carré VIP, Monsieur est chroniqueur et live-reporter pour Metalsickness. Je décide de rentrer à ma tente.
Entre-temps, j'apprends que j'ai raté (encore) le nase mais marrant et boobesque
Steel Panther, à cause d'un échange d'horaire foireux de dernière minute avec Koritni (il me semble). Rage.
Il y a 4 ans, en 2008, je venais au Hellfest pour la première fois, le temps d'une journée, le Samedi. J'avais pu entrevoir ce jour le concert de
Shining qui a beaucoup marqué les esprits, le mien en premier. Si cela vous intéresse tant, le sujet à été maintes fois discuté sur le net, et vous pourrez même voir la mythique interprétation de «Neka Morgondagen».
Aussi polémique est ce groupe et fut son attitude en 2008, il m'avait évidemment intéressé, et est en grande partie à l'origine de mon basculement du côté obscur de la force. Inutile de vous dire combien j'attendais ce concert.
Première chose: j'apprends que pour pouvoir jouer, Niklas Kvarforth -l'homme-Shining- a dû signer un papier à décharge l'interdisant de faire certaines choses que je ne relaterai pas ici. Cela m'éclaire quelque peu (j'avais en effet lue une interview du Hellfest disant qu'ils ne feraient plus jouer «des groupes à problèmes, comme Shining»), me rassure et me déçoit en même temps: Shining, c'est Shining. Mais cela vaut-il de faire dans le trash?
Seconde constatation: les scènes étant plus hautes qu'auparavant, elles permettent un moins bon contact «physique» avec le public, chose primordiale chez Shining.
Bref, alors ce concert? Déception, évidemment. J'en attendais tant et tant, et le descriptif au-dessus n'aide pas. Mais s'il n'y avait que cela.
Tout d'abord, la tracklist: nettement plus tournée autour du dernier album, ça tombe mal car c'était le seul que je n'avais pas écouté! Qui plus est, et malgré les critiques positives de ce dernier, les compositions tournent encore trop du côté de l'avant dernier, ce maudit
VI - Klagopsalmer.
Les musiciens aussi: si j'ai trouvé mon nouvel homme idéal en la personne de Christian Larsson, le fabuleux bassiste, si le guitariste à lunettes fait bien gros faf et me rappelle le rital Herr Morbid de
Forgotten Tomb (ce qui est très probable, vu qu'ils jouaient le lendemain et qu'ils sont potes avec Kvarforth depuis longtemps ; en passant, encore un groupe que j'ai raté alors que je tenais absolument à voir...) et colle à merveille, le reste suit moins.
Passons le batteur, il n'existe pas. Je parle déjà du second guitariste, qui aurait très pu jouer dans Motley Crüe ou je ne sais quel autre groupe de vieux Glam-rock: du look à l'âge, en passant par l'attitude lors des solos, il me donne l'impression de venir d'un autre monde. Et même notre cher Herr Morbid-like (vrai ou faux?) se met au guitar-hero sur les morceaux des deux derniers albums. Argh.
Et enfin, il y a Kvarforth. Bien que je comprenne qu'il ne devait pas se la jouer Rock'n'roll à cause du contrat, j'ai envie de dire merde. Merde, car Kvarforth en mode non-trash en live, ça dénature finalement bien l'entité. Alors oui, faire des bisous au bassiste, lui toucher les cheveux (que j'aurai voulu être à sa place, n'empêche), dire des gros mots et montrer son doigt, c'est rebelle. Mais non, on sent combien il est sous-pression, combien il doit se retenir. Et ça frustre. Nécessairement.
Autre question: POURQUOI ne met-il aucun bandana? Un détail certes, mais là encore on touche au mythe. Et l'image de Kvarforth est dénaturée.
Le cahier des charges commence à peser, et pourtant ce n'est RIEN. Rien à côté de ce qui m'a le plus gâché mon concert, et qui ne venait ni du groupe, ni de l'organisation du Hellfest. Vous l'avez compris, je parle bien sûr de CE PUTAIN DE PUBLIC DE MERDE. Shining, c'est de l'émotion, tu subis, tu pleurniches, point. Mais bordel, on ne pogotte pas pendant du Shining, on ne fait pas de slam. Shining est devenu victime de sa propre popularité, et à attiré certains jeunes «fans» brainless. Si mon jugement peu paraître un peu trve-intégriste, je tiens à insister sur le fait que je ne me serais pas permis de faire ça, même plus jeune: je parle bien ici du métalleux beauf et jeune, celui qui se sent l'élite par rapport à ceux qui écoutent de la Pop, mais aussi du Korn ou du Manson, de celui qui ne sent plus pisser car il découvre Darkthrone. Maudits soient-ils.
Bref, suite à cette déception importante, je recule et regarde au loin
Aborted. Ça a l'air bien. Mais je suis énervé, et je pars me laver.
C'est à ce moment-là que les douches subiront un problème technique d'une bonne demi-heure: autant j'avais prévu du temps, autant je n'avais pas senti ce coup venir. Cela me fait donc rater
Napalm Death, que je verrais bien un jour de toutes façons (enfin, j'espère...).
Heureusement, face à ce triste enchaînement, je vais assister rien de moins qu'à mes deux concerts favoris du festival.
Tout d'abord, je cours voir
Enslaved, de peur de rater les gus (et c'était moins une avant le début). J'en profite pour retirer mon t-shirt Smogo (seule fois que je le fais lors du festival) pour mettre à la place un superbe TS à l'effigie du groupe, couleur rouge et or gay (et non, pas Gryffondor).
Les mecs arrivent sur scène, et la magie opère immédiatement. D'une excentricité me rappelant un certain Opeth de l'an passé (ce qui me fait penser qu'Enslaved et Opeth sont les plus britanniques des groupes nordiques), tout en étant communicatifs et de bonne humeur, les norvégiens axent leur Black progressif et psychédélique particulièrement sur leur dernier album (l'exaltant
Axioma Ethica Odini) en jouant environ la moitié de l'album, à mon plus grand bonheur (étant mon album préféré d'eux).
Par ailleurs, on a la droit à une reprise réussie d'«Immigrant Song» de LedZep, bien que je n'en sois pas un grand admirateur.
Je termine le concert avec la tête dans les étoiles, sonné par le talent et le charisme de ces vikings hippies, mais avec un seule légère déception: puisqu'ils jouaient évidemment surtout le dernier album, pourquoi n'avoir pas passé «Lightening», «Night Sight» ou «Singular»? J'en viens très vite à la même conclusion avec P.: une heure d'Enslaved, c'est trop court, et il aurait fallu le double.
Je me dirige vers la Valley tent pour retrouver (enfin) C., qui a mes achats de Celeste depuis Vendredi (et qu'il essayait de vendre sur ebay, enculé). Et là, je tombe de nues en voyant
The Devil's Blood: groupe de retro-Hard Rock 70's, 100% sataniste (ils sont partis d'une même église que Watain), mystérieux (ils communiquent peu en concerts et ne donnent pas leurs identités), barbouillés de sang (du vrai, on parle de Satan, là, bordel de merde), ce concert n'en est pas un: c'est une messe.
Mais attention! Il ne s'agit pas d'une messe repoussant, malgré le sang sur la gueule: la musique est émotive, accrocheuse, pas bas du front comme on pourrait le craindre pour le genre (c'était mon cas) et incroyablement bien joué. La chanteuse chante très juste, à une bonne présence scénique, entouré des deux côtés par les 3 guitaristes (!!!) et le bassiste, et n'est clairement pas là pour attirer le mâle, à l'inverse d'un Within Tempation. Quoique. La musique, l'ambiance satanique est à l'érotisme. Le chant, un appel à baiser à droite-à gauche pour Sa volonté (je préfère quand-même Jésus).
Bref, je suis entièrement conquis, mais je pars un peu avant sous l'initiative de P. pour voir
Behemoth. Première bonne nouvelle: partir si tôt ne change que peu de choses, vu la foule qu'il y a déjà. Normal, me direz-vous. Les va-et-viens des gens aura d'ailleurs tôt fait de m'agacer. Mais ce que je crains, c'est ce que le concert soit peu audible, bien que je connaisse le répertoire des polacks.
Crainte fondée: le son est abominable. Je suis trop sur le côté de la scène. Il y a trop de va-et-viens. Je suis trop crevé. Et c'est dommage, car cela me fait tout de même plaisir de voir ce groupe qui m'a autant converti à l'extrême que Shining, d'autant quand Nergal (le chanteur et guitariste) sort victorieux d'une leucémie. C'est également dommage, car niveau artifice, c'est la fête: flammes, croix reversées enflammées (comment ça, répétition?), confettis... Mais surtout, Nergal est heureux d'être ici, heureux de vivre, et ça se sent.
Si seulement le son avait été plus correct, ce serait mieux passé...
Ainsi s'achève ma journée. Pour ainsi dire, ma dernière, à quelques détails près.
Dimanche 17 Juin
Oui, ce n'est pas terminé. J'ai mon train à 13h30 environ, c'est pas pour autant que je ne vais pas en profiter (et Dieu seul sait combien j'aurai dû rester...).
Tout comme la soirée précédente, j'ai dormi 7h, ce qui est phénoménal pour moi à ce moment-là (14h de sommeil en 2 jours!). Du coup, je reste quand-même de bonne humeur.
Allons voir
Aosoth. D'accord, c'est vrai, j'ai jamais accroché au groupe, mais on sait jamais. En fait si, on sait: c'est bien joué, c'est propre, les fans sont comblés, pas moi. Avec la volonté de faire du crasseux-evil Raw BM mais un son trop propret, on a le cul entre deux chaises: tirons-nous de là, direction la Valley.
J'arrive largement en avance donc pour le concert de
Year of No Light, et je tombe sur D. par hasard, à mon plus grand bonheur. Groupe de Post-Hardcore français, j'avais surtout connu les gars lors de leur premier album bien sombre,
Nord. Mais de l'eau a coulé sous les ponts, un deuxième album est sorti, sans chanteur cette fois, et la musique se veut planante et sacrée. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que c'est réussi: une demi-heure d'onirisme mystique, quoi de mieux pour terminer ce festoche?
Alors oui, je suis allé à moins de concerts que l'an dernier, pas uniquement à cause d'un jour amputé, mais aussi car je traînais plus sur le site qu'avant. Oui, j'ai appris par la suite que Balmora et moi nous sommes ratés, mais j'ai pu voir B., alors que ça n'était pas prévu (et pis Balmora, il est moche). Oui, j'ai eu de belles déceptions (Shining et Behemoth en tête), mais de bonnes surprises également (Amenra, The Devil's Blood). Et surtout, j'ai beau avoir eu ce festival dans une mauvaise période, ce qui lui a valu d'être raccourci, il tombait également à pic afin de me déstresser du monde bordélique de l'administration de Rennes 2, et m'a finalement bien aidé.
Rendez-vous l'an prochain!