Mon est Al. Non. Ça, c’est mon prénom. Mon nom est Ketchup. « Comme la sauce tomate », pensez-vous. Mais ne le dites pas ! Tous les gens devant qui je suis amené à décliner mon nom me le disent. Et ils s’esclaffent comme s’ils avaient trouvé la blague du siècle. Moi, je n’aime pas la sauce tomate, quand elle est sucrée. Alors je dis simplement que je m’appelle Al.
Arrivé à ce point du récit, Al se dit que la première personne n’était peut-être pas le meilleur moyen d’intéresser son lecteur. Mais il avait déjà écrit tout ça ! Il n’allait tout de même pas effacer ?
Il hésita un instant, puis décida de continuer sans se poser de questions.
Aujourd’hui, Al allait recevoir son premier pokémon. Il serait un dresseur et pourrait aller rétamer les champions d’arène. Surtout Blondine, qui se la pétait trop sur sa patinette.
C’est donc avec un grand sourire qu’il se dirigea vers le laboratoire du prof’ Ken. Mais lorsqu’il en poussa la porte, il du s’arrêter pour attendre une voix qui criait, dans son dos :
— Tu es en retard ! Mais ça ne fait rien, j’en ai profité pour aller montrer à un de ces fichus pique-assiette c’est qui qui commande ici !
Ensemble, ils entrèrent dans le labo’. En dehors des deux scientistes qui se traînaient par terre, en adoration devant Ken, le labo’ ne devait d’être considéré comme non-vide qu’à ce nul de Leroy et à la boule qui trônait à ses pieds.
— Oh, tu es déjà là ? s’exclama le professeur. Bah, tant pis, tu seras seulement exposé à un peu de jalousie en voyant ton voisin recevoir son pokémon avant toi. Tiens, ajouta-t-il en se tournant vers Al, cette boule est pour toi.
Le garçon voulu la ramasser, mais Leroy fut plus rapide — plus près, en fait.
— Oh ? Bah, euh ... bon, OK. Je comptais te donner ton pokémon un peu plus tard, mais ... Ah ! Je sais ! Il me reste ce pique-assiette capturé un peu plutôt.
Al prit la boule que lui tendait Ken et la jeta avec force vers le sol, où elle se brisa.
— Pique-A ! gémit le rat qui venait d’apparaître.
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Leroy avait exigé un combat pour montrer qui était le plus fort. Al ne connaissait pas grand chose aux combats de pokémon, mais Pique-Assiette, lui, savait s’y prendre. Armé de sa fourchette fétiche, il avait réduit en charpie Et-Voilà, le chaton dont Leroy avait hérité.
Maintenant, Al marchait vers la forêt, son rat sur l’épaule. Il comptait atteindre Radielle avant la nuit. Là, il pourrait trouver un lit à l’intérieur, au chaud, pas comme Leroy qui aurait la bonne idée d’aller dormir à la belle étoile pour s’endurcir. Al savait que lorsqu’il pleuvait, tout avait plutôt tendance à devenir mou.
A Radielle il y avait une boutique où l’on pouvait se fournir en boules vierges, il le savait car c’était indiqué sur la carte que lui avait donnée la soeur de Leroy. Alors il pourrait attraper des pokémon sauvage, et lorsqu’il arriverait à Amianta. Et là il aurait sa première victoire officielle, qui lui vaudrait certainement plus que toutes celles qu’il obtiendrait contre celui qui continuait, pour une raison obscure, à l’appeler son rival.
Sur le chemin, les herbes étaient plutôt hautes. Le prof’ Ken lui avait expliqué qu’on les appelait des hautes herbes, et que les pokémon sauvages se cachaient dedans. Al s’en était bien rendu compte, et il était régulièrement obligé de donner des coups de pied pour virer de son chemin des rataplas et des pigeons importuns.
A Radielle il y avait une arène, aussi. Mais on ne le laissa pas entrer, sous prétexte qu’il n’était pas assez fort.