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Duel au sommet de olyn



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Informations

» Auteur : olyn - Voir le profil
» Créé le 21/09/2016 à 18:44
» Dernière mise à jour le 21/09/2016 à 18:44

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Bonus : Le cauchemar de Teigne
Deuxième bonus. Il concerne le cauchemar de Teigne dans le monde créé par l'Hypnomade de Vivian dans le Bois Baies. Ça correspond au chapitre 21 si vous voulez vous remettre en tête la situation rapidement (oui ça remonte à loin...).

Du sang sur le bois fendillé.

Son poing lui aussi est en sang, mais elle ne s'en soucie pas. La douleur est une vieille compagne, presque une amie. Obstinément, elle frappe l'arbre pour la troisième fois. Le bruit attendu se produit et le tronc se fend encore davantage tandis que le végétal tout entier tremble sous la force du coup.

Teigne secoue la tête. Elle ne comprend pas. "Si ça peut se frapper, c'est réel", voilà son credo. Et l'arbre réagit à ses coups comme n'importe quel autre être vivant : il crie de douleur et s'enfuit (enfin, il le ferait s'il le pouvait). Or elle sait pourtant que tout ça n'est pas réel. Elle se rappelle de la forêt qu'ils exploraient, sa dresseuse, son rival, et l'autre guignol d'Alakazam... et puis elle s'est brusquement retrouvée ici, au cœur d'une forêt complètement différente. Une forêt qu'elle connaît bien, puisque c'est celle où elle a grandi.

Alors que doit-elle en conclure ?

Elle frappe de nouveau l'arbre avec un grognement, par pure frustration. Elle n'aime pas réfléchir. C'est un problème pour le Sablaireau, ça, pas pour elle.

Peut-être, songe-t-elle avec effort, peut-être que l'Alakazam l'a envoyée ici avec ses pouvoirs. Mais pourquoi ? Bien qu'elle n'ait pas fait mystère de ce qu'elle pensait de lui, il n'avait pas l'air d'être du genre à faire des coups fourrés comme celui-là. Et si c'est bien ce qui s'est passé, sa dresseuse aurait exigé qu'il la ramène. Donc, non à cette hypothèse, conclut-elle, se sentant fière d'avoir été jusque là. (Encore un peu et elle pourra rivaliser avec le Sablaireau.)

Elle examine une fois de plus les environs. Arbre, arbre, arbre. Buisson. Flaque d'eau de pluie. Re buisson. Pas le moindre humain en vue. Ni le moindre Alakazam, d'ailleurs.

Alors qu'elle se demande comment elle va faire pour récupérer sa dresseuse, un cri de détresse retentit dans la forêt. Le sang de la Colossinge se glace. Ce cri de détresse, elle le connaît par cœur et ne pourra jamais l'oublier. Parce qu'elle est arrivée trop tard.

Sans réfléchir davantage, elle se précipite dans sa direction. Elle connaît l'endroit comme ses poils, et les arbres défilent de chaque côté tandis qu'elle se fraye un chemin à travers la forêt, fonçant à pleine vitesse. La fatigue s'empare très vite de son corps - elle n'est pas taillée pour la course de fond - , mais la Colossinge ne ralentit pas.

Elle a déjà fait cette erreur une fois. Plus jamais.

Redoublant d'efforts, elle débouche enfin dans la clairière qui l'a vu naître.

Et le cauchemar se rejoue sous ses yeux.

Le Roucarnage plonge depuis les hauteurs sur sa plus jeune sœur. La petite Colossinge essaie tant bien que mal d'aller se réfugier dans l'arbre familial, à l'abri de ses grandes branches feuillues, mais elle trébuche avant d'y parvenir et le bec de l'oiseau la transperce de part en part. Son sang vient s'ajouter à celui des autres frères et sœurs de Teigne qui gisent dans l'herbe. Tous sont déjà morts, leurs petits corps brisés témoignant de la violence dont a fait preuve le Roucarnage. Il n'a pas laissé un seul survivant. Même le plus jeune, un petit d'un mois à peine, a eut la tête éclatée d'un coup de bec.

La Colossinge hurle sa rage vers le ciel et brandit son poing en direction de l'oiseau.

- Viens te battre ! s'écrie-t-elle, laissant toute sa peine se transformer en rage comme elle l'avait fait alors.

Enfin, elle va pouvoir les venger... Enfin, elle va pouvoir se racheter.

Parce que tout est de sa faute.

Étant la plus âgée, ses parents lui avait confié la garde de ses frères et sœurs tandis qu'ils partaient récolter de quoi manger. Et elle avait échoué.

Là-haut dans le ciel, le Roucarnage pousse un cri moqueur et s'éloigne, battant des ailes paresseusement.

- Reviens ici, mauviette ! lui ordonne-t-elle en mobilisant un Tomberoche.

Elle n'est plus la jeune Colossinge qu'elle était alors, et son arsenal a triplé de volume depuis. Une pluie de rochers s'abat sur le Roucarnage, et par chance l'un d'eux lui brise une aile. L'oiseau s'écrase au sol en piaillant de douleur, un son que Teigne grave dans sa mémoire afin de pouvoir le réécouter à loisir. Puis il essaie de se relever, de s'envoler à nouveau.

- Un problème, le volatile ? se moque Teigne avant de lui asséner un formidable coup de poing sur son aile brisée.

Elle prend garde à éviter les organes vitaux : elle ne veut pas le tuer tout de suite. Il faut qu'il souffre comme les siens ont souffert.

Le Roucarnage ouvre son bec et un son plaintif en sort.

- Pauvre petite Colossinge, raille-t-il ensuite, d'une voix froide autrement plus maîtrisée. Toute seule sans sa famille. Est-ce que ça fait mal de savoir qu'ils sont morts par ta faute ?

Teigne lui décoche un coup de poing dans le bec, histoire de le faire taire. Elle n'est pas intéressée par ce qu'il a à dire. Juste par ses cris de douleurs inarticulés.

Mais il persiste :

- Tu sais que tes parents ne te l'ont jamais pardonné, n'est-ce pas ? À chaque fois qu'ils te regardaient, ils ne voyaient plus leur fille mais uniquement l'assassin de leurs enfants. Parce que tu les as tués, Teigne, aussi sûrement que si c'était...

Les deux poings de la Colossinge s'abattent ensemble sur le crâne du Roucarnage, le faisant exploser.

Puis Teigne expire profondément.

L'oiseau est mort, mais elle ne se sent pas mieux. Et elle ne comprend pas pourquoi. C'était ce qu'elle voulait, non ? Ce qu'elle a toujours voulu. Alors pourquoi est-ce qu'elle a toujours envie de hurler sa rage à la face du monde ? Par pure frustration, elle se met alors à bourrer le sol de coups de poings encore et encore, jusqu'à ce qu'elle ne sente même plus ses mains. Lorsqu'elle s'arrête, ces dernières ne sont plus que des morceaux de chairs sanguinolents.

Ne sachant que faire, elle reste prostrée au milieu des corps de sa famille qu'elle n'a pas pu sauver.

Longtemps.

Jusqu'à ce qu'une apparition soudaine la fasse bondir. Son coup de poing lancé instinctivement se retrouve stoppé par un mur de lumière. Elle lève les yeux et croise ceux beaucoup trop clairs de l'Alakazam.

- Tu es venu admirer le résultat de ton travail ? gronde-t-elle.

Ceci n'est pas de mon fait,
lui répond l'autre avec sa voix si énervante qui résonne dans la tête. Le coupable est l'un de mes confrères de type psy... Heureusement, il n'est pas très doué.

L'information fait son chemin dans le cerveau de Teigne.

Nos dresseurs ont besoin de nous
, reprend l'Alakazam. Puis-je compter sur ton aide ?

- Évidemment, répond la Colossinge.

Même si elle estime que sa dresseuse est capable de se débrouiller seule : elle ne se serait pas associée à une faible, après tout.

L'Alakazam ferme les yeux un instant.

- Maintenant ? s'impatiente Teigne.

Un sourire étrange étire les lèvres du Pokémon psy.

Ils n'ont pas l'air d'avoir besoin de notre aide, finalement,
déclare-t-il sur un ton que Teigne trouve bien étrange. Prépare-toi à bondir sur l'Hypnomade, ajoute-t-il, nous serons de retour dans le monde réel d'ici quelques secondes.

Teigne frappe ses poings l'un contre l'autre en réponse. Ce foutu type psy va regretter de lui avoir rappelé cet épisode de sa vie...