Apocalyptica de Drayker

Joshua tournait en rond, comme un Némélios en cage. Il ne supportait pas d'attendre, de rester là, passif, pendant que Lyrian faisait tout le travail. Il ne supportait pas d'être complètement dépendant de lui, de ne devoir sa survie qu'au bon vouloir d'un hybride monstrueux et schizophrène, qui avait massacré Élise dans un accès de rage.

Il imaginait sans peine le genre de carnage qui devait être en train de se dérouler au canyon. Une image fugace traversa l'esprit de Joshua : celle de Lyrian, qui déchaînait des torrents de flamme sur les pillards lors du soir où ils avaient attaqué la colonie. Il les avait mis en déroute à lui seul ; mais il ne faisait que défendre le canyon, cette fois-là. Ce soir, l'hybride l'attaquait. Et ce serait bien pire.

Joshua resserra la bandoulière de son fusil. Il ne pouvait s'empêcher des regards fréquents vers l'entrée de l'entrepôt. Il ne pouvait s'empêcher de se demander ce qu'il ferait si ce n'était pas Lyrian qui revenait, mais cet Autre.

Il ne servirait probablement à rien de fuir. Depuis son réveil entre les mains de l'hybride borgne, Joshua avait constaté que sa blessure au plexus était loin d'être parfaitement rétablie. Lyrian avait fait de son mieux, et en surface, ce qui avait jadis été un trou béant dans sa poitrine n'était plus qu'une simple cicatrice de la taille de son poing - hideuse, certes, mais guérie.

En profondeur, en revanche, c'était une autre histoire. Il avait eu le poumon perforé - et il le sentait. Joshua ignorait jusqu'à quel point Lyrian l'avait soigné, mais il sentait régulièrement une pique douloureuse lui transpercer le thorax. A deux reprises depuis son réveil, il avait été pris de quintes de toux qui lui avaient fait cracher du sang.

Un cri l'arracha à ses sombres pensées.

Un cri de douleur, qui venait du canyon.

Des détonations éclatèrent alors et déchirèrent le silence de la nuit. Joshua soupira.

Ça avait commencé.

~*~
« C'est bon, tu peux remettre ton T-shirt. » souffla doucement Jade.

Lina obtempéra en silence - comme à son habitude. Elle grimaça lorsque l'étoffe passa sur sa plaie, mais Jade avait l'impression qu'elle était trop fière pour se plaindre.

« C'est en bonne voie de guérison, mais tu vas garder une belle cicatrice. Masse-la régulièrement, ça la rendra moins épaisse. »

L'intéressée hocha la tête, mais ne répondit pas. Comme souvent. Jade l'observa quelques secondes, cherchant un sujet de conversation pour briser la glace entre elle et cette ex-suicidée qui s'enfermait chaque jour un peu plus dans le silence. N'en trouvant pas, la médecin de fortune pinça les lèvres et sortit de la tente qu'elle partageait avec Lina.

Dehors, la nuit touchait à sa fin. Une lueur timide s'élevait derrière l'horizon, et le soleil écraserait bientôt le désert sous ses rayons infernaux. Jade ferma les yeux et se passe une main sur le visage, éreintée.

Voilà deux jours qu'ils étaient partis. Deux jours depuis le massacre de Salmyre. Deux jours que Jade avait recouvré la liberté. Et pourtant, elle se demandait si sa situation s'était vraiment améliorée.

Leur groupe était en piteux état. Jade passait ses journées à surveiller l'état de Thrak et Lina. Elle avait dû recoudre le colosse avec les moyens du bord, lorsqu'ils l'avaient retrouvé au centre commercial. Mais Jade n'était pas une chirurgienne, et sa technique laissait à désirer. La largeur de la plaie l'avait obligée à enfoncer profondément les fils dans la chair de Thrak, et les risques d'infection étaient élevés. Elle vérifiait régulièrement l'état de la plaie, qui ne semblait pas guérir. Alors, par prudence, Jade avait donné des antibiotiques à Thrak ; au cas où.

Quant à Lina... C'était une autre paire de manches. Ses jours n'étaient plus en danger : sa plaie, bien que laide, se refermait petit à petit. L'infection avait porté un terrible coup à ses réserves. La jolie silhouette de Lina s'était considérablement amaigrie, et la privation de ces derniers jours avait plaqué la peau contre ses os. Jade connaissait ça. Elle qui se considérait jadis comme trop grosse arborait désormais un physique plus sec, légèrement plus athlétique, et la malnutrition imposée par les pillards avait disparaître ses poignées d'amour. Mais Lina, elle, était pareille à un squelette. La maladie avait fait fondre ses muscles, affaibli son cœur et son système immunitaire, et elle était toujours incapable de marcher sans aide.

Mais ce n'était pas l'état physique de la jeune fille qui inquiétait Jade.

Depuis que Lina s'était réveillée l'avant-veille, elle n'avait quasiment pas parlé. Kate, qui semblait être assez proche d'elle, s'était chargée de lui raconter les horreurs de Salmyre. Contrairement à ce que à quoi ils s'étaient attendus, Lina n'avait pas tenté de s'ôter la vie à nouveau. Elle avait encaissé la nouvelle, stoïque, et s'était depuis lors enfermée dans un mutisme inquiétant.

Ils avaient piètre allure. Thrak, lui aussi, montrait des signes de mélancolie. Bien qu'il semblât déjà parler peu à la base, il était chaque jour un peu plus silencieux. Kate avait endossé son rôle de chef ; elle gardait un œil inquiet sur leur niveau d'essence, et sur les vivres ; elle prenait les premiers tours de garde la nuit, et dormait bien trop peu. Chaque jour, ses traits étaient plus tirés, ses cheveux blonds un peu plus ternes, ses yeux las. Elle ne tiendrait pas le rythme longtemps. Elle feignait la motivation et la bonne humeur - mais ses blagues tombaient à plat, et ses sourires enthousiastes ne trompaient pas l'ancienne esclave.

Jade soupira.

Il ne restait qu'elle. Elle était celle du groupe qui avait été la plus épargnée par les horreurs de ce monde ; et pourtant, elle aussi, ne demandait qu'à craquer et à pleurer dans un coin. Elle n'avait jamais été courageuse, et n'avait aucun talent particulier. Elle ne savait pas manier une arme à feu ; elle n'avait jamais été sportive, ni spécialement intelligente, ni même belle.

Non, Jade n'était pas une héroïne. Et pourtant, aux côtés de ces gens malmenés par la vie, elle essayait de le devenir. Au moins pour être digne d'eux.

Le contact désormais familier du Riolu qui se frottait contre sa jambe arracha Jade à ses mornes pensées. Le petit Pokémon était très doué pour l'empêcherde se lamenter. L'ancienne esclave savait ce que l'on racontait sur les Riolu et leur capacité à sentir les émotions des gens, mais elle n'avait jamais vraiment constaté à quel point ils étaient intelligents.

Le petit bonhomme avait fait beaucoup pour eux, ces derniers temps. Il montait la garde régulièrement, et était toujours le premier éveillé. Inlassable, il ne fatiguait jamais, et mangeait à peine. Jade le soupçonnait d'avoir compris qu'ils ne disposaient que de peu de nourriture, et de se rationner exprès pour ne pas leur causer de problèmes.

L'ancienne esclave ne se résolvait toujours pas à considérer ce Riolu comme le sien ; lui, en revanche, semblait déjà l'avoir adoptée comme sa nouvelle Dresseuse.

Il jappa faiblement, et Jade s'accroupit près de lui en lui grattant le dessus du crâne.

« Ça va, bonhomme ? Comment tu te sens ? »

Le Riolu aboya à nouveau, et lui attrapa le poignet.

« Tu veux me montrer quelque chose ? »

Jade se redressa et suivit le Pokémon, qui dépassa la tente de Kate et Thrak pour s'aventurer vers les fourgons, garés un peu plus loin.

Ils avaient établi le camp près d'une minuscule formation rocheuse, qui coupait à peine le vent. Des rocs légèrement plus hauts qu'un homme perçaient le sable, offrant un minimum de protection. C'est là que Riolu l'entraînait - et alors que Jade le suivait, il lui sembla entendre d'étranges crépitements. Intriguée, elle ralentit le pas et tendit l'oreille, tandis que son Pokémon trottinait tranquillement. Plus rien. Avait-elle rêvé ?

Au détour d'un rocher, Jade tomba nez-à-nez avec Kate, qui sembla aussi surprise qu'elle de la trouver là.

« Jade ! Déjà levée ?
- Oui. J'ai changé le bandage de Lina. Qu'est-ce que tu faisais là ?
- Petit coin ! répondit l'hybride en haussant les épaules. Le soleil va bientôt se lever. On ne va pas tarder. Je vais réveiller Thrak. »

Elle s'éloigna d'un pas légèrement trop pressé, et Jade plissa les yeux. Qu'est-ce qu'elle lui cachait ? Intriguée, elle avisa le Riolu qui dansait d'un pied sur l'autre, impatient. Il voulait toujours qu'elle le suive.

Elle lui emboîta alors le pas, et le Pokémon la mena jusqu'à un roc ocre, d'une bonne taille. Jade arqua un sourcil.

« Quoi ? C'est tout ? Tu voulais me montrer un rocher ? »

Le Riolu secoua la tête dans un mouvement presque humain, et d'un bond souple, sauta sur le sommet du roc, se retrouvant un bon mètre au-dessus de Jade. De là, il pointa plusieurs endroits sur la roche en jappant.

Jade mit du temps avant de remarquer que la pierre était légèrement noircie aux endroits indiqués par le Pokémon. Elle s'approcha, perplexe, et toucha l'une de ces tâches sombres - et retira aussitôt sa main.

« Aïe ! J'ai pris une châtaigne ! » se plaignit-elle en se secouant la main.

Sans comprendre d'où venait la décharge électrique qui lui démangeait encore les doigts, Jade regarda le rocher. D'où venaient ces étranges tâches noirâtres ?

C'est comme si la foudre avait frappé la pierre... pensa-t-elle.

Jade leva les yeux vers le ciel sans nuages, perplexe.

~*~
Le jour était en train de se lever lorsque la silhouette de Lyrian se profila à l'horizon. Joshua, qui dodelinait de la tête à force de veiller, bondit sur ses pieds et fit de son mieux pour se tenir éveillé. Machinalement, il attrapa son fusil et le braqua sur la forme sombre au loin, au cas où. S'il s'avérait que Lyrian était toujours plongé dans son espèce de transe rageuse, alors Joshua l'attendrait de pied ferme.

L'adolescent remarqua alors que Lyrian traînait quelque chose. Une forme sombre, qu'il tenait d'une main, glissait dans le sable derrière lui. Plissant les yeux, Joshua comprit qu'il s'agissait d'un corps. Mais qu'est-ce que...

Patient, il s'efforça de rester immobile, et de tenir Lyrian en joue. Malgré lui, son cœur se mit à battre la chamade, et il ne put s'empêcher de se demander si c'était vraiment son compagnon d'infortune qui revenait - ou bien l'Autre.

Lyrian marchait vite, malgré son fardeau. Dès qu'il fut à portée de voix, Joshua hurla :

« Qu'est-ce que tu traînes derrière toi ?
- Un cadeau ! » lui répondit la voix de moins en moins lointaine du borgne.

Merde. Qu'est-ce qu'il fout? pensa Joshua.

Calant le fusil contre son épaule, l'humain se prépara à tirer.

« Baisse ton arme ! Tout va bien ! » lui cria Lyrian.

Joshua avisa le sang qui tâchait les vêtements de l'hybride, et resserra sa prise sur son arme. Son coeur battait plus vite que jamais.

Le borgne était à une cinquantaine de mètres, et Joshua parvenait à mieux discerner la forme qu'il traînait derrière lui. Il s'agissait d'un homme chauve, visiblement mort. Il semblait peser deux fois le poids de Lyrian, mais celui-ci le traînait sans problème.

Joshua reporta alors son attention sur son compagnon d'infortune et avisa les nombreux impacts de balle qui avaient troué ses vêtements ensanglantés. L'air impassible, Lyrian continuait de marcher. Etait-il blessé ?

« C'est bon, Joshua. Pas la peine d'avoir peur. Si j'avais voulu te tuer aussi, tu ne m'aurais pas vu arriver. » lança Lyrian lorsqu'il ne fut plus qu'à une vingtaine de mètres.

Joshua hésita et recula d'un pas, sans rien répondre. Lyrian leva les yeux au ciel, et franchit la distance qui le séparait de l'entrepôt, jetant le corps de l'homme sur le sol sans ménagement.

« C'est qui ? Qu'est-ce qui s'est passé ? » demanda Joshua sans abaisser son fusil.

Son regard oscillait entre Lyrian et l'armoire à glace chauve qui gisait par terre. Pourquoi est-ce que l'hybride avait ramené le cadavre de l'un des pillards ?

Avisant la poitrine de l'homme qui se soulevait, Joshua réalisa alors son erreur.

« Merde, il est vivant ! Pourquoi tu l'as ramené ?
- Baisse ton arme, répéta Lyrian. Je te présente Saed. Le chef des pillards. »

Il s'assit sur une caisse et s'étira. Bien que couvert de sang, il n'avait pas l'air plus fatigué que s'il revenait d'une promenade de santé.

« Tu es blessé ? demanda Joshua en baissant finalement son fusil.
- Plus maintenant. »

La simplicité de son ton trahissait la puissance qui l'habitait. Une fois de plus, Joshua frissonna à l'idée de ce que Lyrian venait d'accomplir au canyon.

« Ils sont tous morts, lança l'hybride, anticipant une fois de plus ses pensées. Sauf celui-là.
- Comment ça s'est passé, là-bas ? interrogea Joshua en s'approchant du corps inanimé de Saed.
- Bien. J'ai presque réussi à garder le contrôle de moi-même du début à la fin.
- ... C'est ça que tu appelles bien ? grommela l'adolescent. »

Lyrian haussa les épaules et ne répondit rien, impassible. Comme d'habitude. C'était à croire que la mort l'avait débarrassé de toute émotion.

« Pourquoi tu l'as épargné ?
- J'ai repensé à ce que tu as dit devant leurs tombes.
- Hein ?
- Ta promesse. Tu as dit que tu les vengerais.
- Ils ont été tués par les Nettoyeurs, pas par cet homme, rétorqua Joshua.
- Toute vengeance a un début, répondit Lyrian. Ce Saed est responsable d'une bonne partie des problèmes de la colonie. Ne va pas me dire que tu le crois innocent.
- Non. Bien sûr que non, grommela l'autre.
- Alors tue-le. » acheva Lyrian d'une voix neutre.

Joshua se raidit et jeta un regard en coin à l'hybride. Ce dernier le fixait de son œil restant, impassible. A nouveau, l'adolescent constata à quel point Lyrian était devenu douloureusement inhumain. Cette dernière semaine l'avait profondément changé. Jamais l'ancien garçon n'aurait parlé comme ça.

« Je ne vais pas tuer un homme sans défense, protesta Joshua.
- Il est réveillé. Il fait juste semblant d'être inconscient depuis plusieurs minutes. »

Au moment où Lyrian prononçait ces paroles, une main puissante attrapa la cheville de Joshua et le fit tomber au sol.

« Petit enculé ! » rugit l'homme en se jetant sur lui.

Le souffle coupé, l'adolescent eut à peine le temps de pousser son fusil hors d'atteinte du chef des pillards. Saed, enragé, plaqua ses deux mains contre le cou et lui broya la trachée. Joshua, incapable de se dégager de la poigne de fer de l'homme, se mit à suffoquer.

Un coup de pied nonchalant de Lyrian cueillit l'armoire à glace en plein dans le flanc droit, et un craquement sinistre retentit. Saed s'effondra comme une poupée de chiffons et se mit à hurler de douleur, se tenant les côtes.

« Monstre ! T'es qu'un putain de monstre ! »

Joshua se redressa précipitamment et ramassa son fusil en se massant la gorge. Il avait honte d'avoir été surpris ainsi. Si Lyrian n'était pas intervenu, il mourrait.

« Comment t'as su qu'il était réveillé ? croassa l'adolescent en pointant le bout de son canon sur l'homme qui gémissait au sol. T'aurais pu me le dire !
- Je me doutais que tu allais hésiter. Tue-le, maintenant. Sinon, c'est lui qui te tuera.
- Au nom de... » pesta Joshua.

Il regarda Saed, qui crachait du sang par terre en se tenant les côtes.

« Enculés ! Espèce d'enculés ! J'espère... j'espère que vous allez tous crever !
- Ta gueule, commanda Joshua. C'est toi qui a passé ton temps à nous attaquer depuis le début de toute cette histoire.
- Arrête de lui parler et tue-le. On perd du temps, grommela Lyrian.
- T'es un monstre ! T'es rien qu'un putain de monstre ! s'écria Saed en fixant Lyrian, qui se tenait droit et impassible. Tu les as tous massacrés ! Kendall avait raison !
- Tu connais Kendall ? » s'étonna Joshua.

Le pillard se tut et cracha du sang. Sans la moindre once de remords visible, Lyrian lui écrasa la main du talon :

« Réponds, ordonna l'hybride.
- On avait un marché avec lui, répondit précipitamment Saed, les traits tordus par la douleur. On a abattu vot' maire pour lui, avant que ton connard de pote ne nous crame la gueule à coup de boules de feu. 
- Kendall a pactisé avec les pillards ? Quel espèce de... C'était ça, votre plan ? Vous abattiez Andrew, Kendall devenait maire, et après quoi ? Il vous filait notre eau ? Notre bouffe ?
- Tue-le, Joshua, lança Lyrian. Parler ne sert à rien.
- Kendall n'était qu'un gros lard trop con pour mener des négociations, grommela Saed. On voulait le doubler et tous vous abattre une fois qu'il nous aurait ouvert les portes.
- Espèce de...
- Tu croyais quoi ? C'est fini, le temps des pâquerettes et des Pokémon qui chient des arc-en-ciel, gamin ! Maintenant, c'est chacun pour sa gueule ! »

Saed s'interrompit et regarda autour de lui, perplexe. Un sourire mauvais se dessina sur son visage.

« Oh, mais j'vois pas les autres dans le coin. Eh bah alors, gamin, on est tout seul avec le monstre ? On a pas su protéger ses petites tafioles du canyon ?
- Ferme-la, s'énerva le garçon.
- Laisse-moi deviner. J'ai perdu une dizaine d'hommes, à Salmyre. Le seul survivant a parlé de monstres, comme ton pote, là. Des cobayes avec des bras coupants. C'est ça ? Vous vous êtes tous fait massacrer comme des merdes ? Les hybrides s'entretuent ? Merde alors ! Je crois que je vais lâcher une petite larmich...
- Ta gueule ! rugit Joshua en lui décochant un coup de pied dans la mâchoire.
- Tue-le, Joshua, répéta Lyrian, qui semblait s'impatienter.
- Il en aura pas les couilles, ricana Saed. J'le vois à son regard. Ton pote est peut-être un monstre, mais toi, gamin, t'es rien qu'une tap... »

Le coup partit sans prévenir. La tête de Saed heurta durement le sol, un trou sanglant en plein front. Le chauve, les yeux écarquillés, fixait le plafond, mort.

« J'ai dit ta gueule. »