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Apocalyptica de Drayker



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Informations

» Auteur : Drayker - Voir le profil
» Créé le 27/11/2015 à 22:47
» Dernière mise à jour le 27/11/2015 à 22:51

» Mots-clés :   Drame   Présence de poké-humains   Région inventée   Science fiction   Suspense

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Chapitre 37 : Seuls les couards vivent
Musique d'ambiance fortement conseillée.

Jade suivait la jeune femme blonde en silence, remontant la rue menant au centre commercial.

Les images de la mort de l'adolescent hantaient encore l'esprit de l'ancienne esclave ; elle revoyait le garçon se faire projeter hors du bâtiment, encore et encore. Cette vision la remplissait d'horreur ; mais elle avait déjà vu trop de morts pour pleinement compatir à la peine de la jeune femme qui marchait devant elle. Comment aurait-elle pu ? Elle ne connaissait même pas l'adolescent qui était mort en tentant de les sauver. Tout ce qu'elle savait de lui, c'était son nom, crié par la jeune femme blonde pendant que le cadavre de leur compagnon traversait la baie vitrée.

Joshua. Il s'appelait Joshua.

Et la jeune femme qui marchait devant elle, comment s'appelait-elle ? Elle n'avait pas prononcé un seul mot depuis qu'elles avaient quitté l'immeuble.

Sa compagnonne de route au nom inconnu avait hurlé, oui ; elle avait pleuré, aussi. Elle avait vidé son chargeur dans le corps déjà inerte du monstre qui avait empalé le garçon. Mais elle n'avait pas parlé. Sa peine était au-delà des mots.

Elle avait marché, hagarde, et Jade l'avait suivie ; à une distance respectueuse. La jeune femme blonde avait d'abord cherché le corps de Joshua, bien sûr ; mais le cadavre avait chuté du premier étage pour atterrir sur un toit inaccessible, et le danger était toujours là. Elles ne pouvaient pas se payer le luxe de traîner sur place.

La jeune femme blonde s'était alors résolue à reprendre son chemin vers le centre commercial. Du moins, c'est ce que Jade avait déduit ; elle n'osait pas lui parler. Elle n'en avait pas le droit. Elle se contentait de suivre la jeune femme blonde.

Cette dernière n'avait même pas daigné tourner la tête vers elle. Jade ignorait si elle était au moins consciente qu'elle était suivie.

Sans doute.

A un moment, la jeune femme blonde lâcha son fusil, le laissant tomber au sol comme un simple poids mort. Jade jeta un regard au Riolu, qui hocha lentement la tête. Alors, l'ancienne esclave, qui n'avait jamais tenu d'arme de sa vie, se pencha et ramassa l'instrument de mort. Maladroite, elle passa la bandoulière du fusil autour de ses épaules, et continua à suivre sa compagne de route.

Cette dernière avançait en titubant de temps à autre, sans vraiment regarder où elle mettait les pieds ; Jade avait peur qu'elle s'écroule à tout moment à force de chanceler. Pourtant, la jeune femme blonde ne semblait pas blessée.

Pas physiquement, du moins.

Le soleil approchait de son zénith, et la chaleur commençait à peser lourdement sur Jade. Cette dernière savait pertinemment qu'à cette heure, quelques minutes d'exposition suffisaient à attraper un coup de soleil ; aussi tâcha-t-elle de se réfugier à l'ombre des immeubles. Elle continua à suivre la jeune femme blonde, qui, elle, semblait se moquer du soleil de plomb qui s'abattait sur Salmyre. Elle continuait à marcher en plein milieu de la route, chancelante, ne changeant de direction que pour contourner une voiture de temps à autre.

En approchant du centre commercial, elles croisèrent un cadavre, puis un autre. Des gens que la jeune femme blonde sembla reconnaître ; c'est du moins ce qu'avait présumé Jade en la voyant prendre la peine de s'agenouiller pour clore leurs paupières.

Puis, elles étaient arrivés sur le parking ; une grande étendue de bitume brûlant, tâchée de sang et de poussière. Là encore, deux cadavres. Jade grimaça, et voulut faire demi-tour. La peur ressurgit en elle, et elle saisit gauchement le fusil qu'elle avait récupéré. Les trous rouges qui perforaient les corps ne mentaient pas : ces gens-là avaient succombé aux attaques des même créatures que celles qui s'en était pris à elles. Celles qui avaient hypnotisé les autres esclaves de l'hôtel de ville. Celles qui avaient tué Joshua.

Des créatures qui étaient sûrement encore là, dans les environs.

Mais la jeune femme blonde s'engagea dans le centre commercial. Elle avait probablement compris le danger ; mais elle s'en moquait.

A cet instant, Jade comprit que la personne qu'elle suivait était déjà morte. Ce n'était plus qu'une coquille vide, qui avançait par réflexe, sans être animée par le moindre espoir, la moindre envie.

Et malgré tout, Jade décida de la suivre à l'intérieur du centre commercial. Pas par courage, non ; elle était effrayée. Mais elle n'avait nulle part d'autre où aller.

~*~
Dans l'atrium, Jade contempla le spectacle macabre -et pourtant étrangement réconfortant- du corps sans vie d'une des créatures. Allongée au milieu d'une mare de sang, le monstre semblait avoir succombé à une chute de plusieurs étages, si l'on en jugeait par l'angle étrange que formaient ses membres.

La jeune femme blonde, qui la devançait toujours de quelques dizaines de mètres, avait déjà franchi l'atrium et grimpait à l'un des escalators, silencieuse. Jade leva la tête, cherchant à comprendre ce qui avait bien pu faire tomber l'un des monstres. Peut-être était-ce là l'œuvre de l'un des compagnons de la jeune femme qu'elle suivait ?

Jade avisa le Riolu qui trottinait à la suite de la jeune femme blonde, silencieux. Haussant les épaules, elle suivit le Pokémon, tenant maladroitement son fusil.

La montée des étages lui parut incroyablement longue ; à chaque palier, l'ancienne esclave, tremblante, s'attendait à tomber nez-à-nez avec l'une des créatures. Mais rien de tel. Fréquemment, elle jetait des regards inquiets au Riolu ; le petit être était plus alerte qu'elle, et s'était avéré être d'une aide cruciale face au danger. Mais le Pokémon ne semblait pas être méfiant ; à la place, il levait souvent le museau vers l'avant-dernier étage du centre commercial, comme s'il y sentait quelque chose.

Et effectivement, il y avait quelque chose à l'avant-dernier étage.

La jeune femme blonde, qui l'avait devancée de quelques secondes, s'approcha d'un homme au teint mat, l'être le plus grand et le plus large que Jade n'ait jamais vu. Les multiples plaintes de Saed concernant un colosse qui résistait aux balles lui revinrent en tête, et elle s'avança, baissant le canon de son arme.

Le géant était à genoux devant le cadavre d'un Tortank, qui gisait dans une mare de sang aux côtés d'une autre des créatures, décapitée. Dans les bras du colosse se trouvait une femme d'une trentaine d'années. La tête renversée en arrière et les yeux mi-clos, elle semblait presque dormir ; mais Jade ne s'y trompa pas.

La jeune femme blonde s'approcha du colosse et posa une main sur son épaule. Ce dernier leva la tête vers elle, et tous deux échangèrent un regard où circula une tristesse infinie. Jade frissonna.

Repassant la bandoulière de son fusil, elle s'approcha d'eux, ne sachant vraiment que faire.

Que peut-on dire à quelqu'un qui a tout perdu ?

« Vous êtes blessé. » souffla-t-elle doucement.

Le colosse tourna lentement les yeux vers elle. Jade eut un mouvement de recul, incertaine de la réaction de ce géant qui pouvait lui broyer les os en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire.

Mais il n'en fit rien. Il se détourna d'elle pour poser un regard interrogateur sur la jeune femme blonde.

« Joshua ? » murmura-t-il si bas que Jade parvint à peine à l'entendre.

Son interlocutrice secoua lentement la tête.

« Benjamin ? » croassa-t-elle d'une voix rendue rauque par le mutisme dans lequel elle s'était plongée.

Ce fut au tour du colosse de remuer la tête en signe de dénégation. Jade, avisant le sang qui tâchait le T-shirt sans manches du géant au teint d'ébène, réunit son courage et résolut d'insister :

« Vous êtes blessé. Il faut examiner ça.
- Après, coupa l'homme. En sécurité.
- On s'en fout, de la sécurité, lâcha soudain la jeune femme blonde de sa voix brisée. Tout le monde est mort, et si on ne fait rien, tu vas y passer aussi. Laisse-la t'examiner. »

Jade écarquilla les yeux, surprise de cet élan de lucidité. Elle n'avait jamais entendu la jeune femme blonde prononcer autant de mots d'affilée.

Le géant détailla l'ancienne esclave de haut en bas, puis hocha lentement la tête.

Sans même lui demander qui elle était. Quel était son nom. Ou ce qu'elle faisait ici.

Le colosse posa le cadavre de la femme qu'il tenait au sol, avec une infinie prudence. Il tourna le dos à Jade et ôta difficilement son T-shirt, dévoilant une profonde entaille entre ses omoplates. Avec horreur, Jade se demanda comment il faisait pour ne pas hurler de douleur.

Ses lointains cours de médecine lui revinrent en tête. Après tout, elle était jadis une étudiante en passe d'être diplômée.

Une étudiante qui rêvait d'être pédiatre, et non pas chirurgienne.

« C'est... C'est profond, balbutia-t-elle. Il va falloir recoudre. Il y a... du matériel médical, quelque part ? »

Le colosse ne répondit pas et s'affala lourdement sur le sol, paupières closes. Avec un cri de surprise, Jade recula. Elle prit le pouls de l'homme, stupéfaite. Il s'était simplement évanoui.

Il a perdu trop de sang. C'est un miracle qu'il ait tenu jusqu'ici avec une blessure pareille.

Elle jeta un regard inquiet à la jeune femme blonde.

« Je peux l'aider ! s'exclama Jade. Il me faut juste de quoi le recoudre. Et désinfecter. Il y a du matériel médical, quelque part ? »

Son interlocutrice cligna des yeux. Elle était profondément choquée, cela se voyait ; elle venait d'assister à la mort de ses camarades et amis, et avait probablement enduré plus d'horreurs que n'importe qui. Une personne normale aurait sûrement craqué, à sa place ; mais bien qu'elle eût l'air hagarde et traumatisée, la jeune femme blonde ne craquait toujours pas.

« Oui. Il y en a. Je... je vais chercher ça. »

Elle se redressa et se dirigea vers l'escalator en titubant encore un peu. Jade inspira profondément, soulagée que sa compagne d'infortune revienne peu à peu à la raison. Elle la regarda s'éloigner et disparaître à l'étage supérieur, impatiente.

Au bout de longues secondes, la silhouette de la jeune femme blonde réapparut à la rambarde et lui lança un sac de jute.

« Attrape ! »

Le Riolu bondit et saisit le sac avec une agilité déconcertante. Il le déposa aux pieds de Jade, qui le remercia d'un signe de tête avant de fouiller fébrilement à l'intérieur.

Elle souffla de soulagement en trouvant du fil de suture et une aiguille à chas. Sans perdre de temps, elle ouvrit la boîte et s'agenouilla près du corps inconscient du colosse.

« Tu sais ce que tu fais ? » fit la voix de la jeune femme blonde derrière elle.

Jade se retourna et l'aperçut qui descendait l'escalator, portant dans les bras une adolescente inanimée.

« J'étudiais la médecine, avant, répondit-elle. Je voulais être pédiatre... Pas chirurgienne généraliste. Mais ça va aller. Qui est-ce ?
- Elle s'appelle Lina. Elle a fait une infection. Ça fait des jours qu'elle est inconsciente. On comptait s'installer au dernier étage, alors on l'a alitée là-bas, avant que... avant qu'ils n'attaquent, expliqua la jeune femme blonde d'une voix blanche.
- Oh. Je... désolée.
- Tu n'as pas à être désolée. Elle est encore vivante.
- ... Je suis désolée pour tous les autres.
- Occupe-toi de recoudre Thrak, c'est tout. » coupa la jeune femme.

Jade pinça les lèvres, se maudissant pour sa maladresse.

Allez, ma grande, tu peux le faire.

Elle inspira profondément et se mit au travail sous le regard de la jeune femme blonde.

La plaie était profonde de quelques millimètres ; elle saignait abondamment, mais par chance, elle était assez fine pour que Jade puisse espérer la recoudre facilement. L'ancienne esclave planta l'aiguille dans la chair en grimaçant. Elle se destinait à la pédiatrie, pas la chirurgie ! Elle avait -en théorie- appris à pratiquer des chirurgies pédiatriques, mais pas à recoudre des adultes ; ce qui, contrairement à l'idée reçue, était extrêmement différent.

Avec dégoût, la jeune femme piqua l'autre bord de la plaie et fit un nœud de chirurgien. Maladroite et tremblante, elle dut s'y reprendre à trois fois avant de réussir à faire un premier point de suture satisfaisant. Ses mains commençaient à être pleines de sang et elle avait terriblement chaud.

« Je... Je n'y arrive pas. J'ai besoin de votre aide. » bredouilla-t-elle, paniquée.

La jeune femme blonde, qui la regardait attentivement, acquiesça silencieusement et s'approcha. Voyant que Jade tremblait, elle posa une main calme sur l'épaule de l'ancienne esclave.

« Ça va aller. Dis-moi juste ce que je dois faire.
- Normalement, une chirurgie, ça se fait à deux... gémit Jade. Prenez des compresses et des ciseaux. Il... il faut nettoyer la plaie et couper les fils.
- On n'a pas de ciseaux, grommela la jeune femme en fouillant dans le sac. Attends. Je sais. »

Elle se retourna et fouilla dans la veste de la jeune fille qui était allongée derrière eux, inconsciente. Après quelques secondes passées à examiner les poches, la jeune femme blonde en sortit un briquet.

« On peut se servir de ça.
- Quoi ? Mais qu'est-ce que vous comptez faire avec ça ? s'exclama Jade, incrédule.
- Brûler les fils. Ça peut marcher, non ? »

Jade inspira profondément. Bon sang, c'était horrible. Jamais, au grand jamais, elle n'avait envisagé un jour recoudre une telle plaie ; et encore moins dans des conditions aussi précaires.

« ... On n'a pas le choix, de toute façon. Je suis prête, reprit la jeune femme blonde. C'est Jade, ton nom, c'est ça ?
- O-Oui.
- Moi c'est Kate. On va y arriver, Jade. J'ai confiance en toi. »

~*~
Jade s'effondra en soupirant, les mains tâchées de sang et le front en sueur. Elle regarda Kate, qui se débarrassa des compresses rougeâtres en soufflant. Jamais l'ancienne esclave n'avait vu d'expression aussi exténuée et lasse que celle qui déformait le visage de la jeune femme blonde en cet instant. On aurait dit que le poids du monde entier pesait sur ses épaules ; et en ce moment-même, c'était probablement vrai.

« ... Je... J'ai fait ce que j'ai pu. Les points de suture sont moches, m-mais... Je n'ai pas pu faire mieux. »

Elle disait vrai. La plaie était grossièrement recousue, et Jade avait enfoncé les fils profondément dans la chair du colosse, probablement plus qu'elle ne l'aurait dû ; les risques d'infections étaient élevés, elle le savait. Avant le Changement, une chirurgie pareille aurait été considérée comme catastrophique ; mais les temps avaient changé, et l'urgence primait.

« Il va s'en sortir ?
- Je... Je sais pas. Je... Comment est-ce qu'il a fait pour tenir si longtemps ? N'importe quelle personne ayant perdu autant de sang serait tombée dans les vapes bien avant... bredouilla Jade.
- Thrak n'est pas n'importe qui. C'est un dur.
- Je... Oui. Il va s'en tirer. Il faudra juste surveiller pour... éviter que ça ne s'infecte. On devrait peut-être le déplacer ? Ou... se cacher quelque part ?
- Tu as peur qu'ils reviennent, c'est ça ?
- O...Oui. »

Kate opina du chef et l'observa longuement, impassible. Jade avait l'impression qu'elle sondait son âme. Parvenait-elle à lire la peur qui lui tordait les entrailles ? Pendant tout le long de l'opération, l'ancienne esclave n'avait cessé de sursauter à chaque bruit, chaque craquement, craignant que les monstres ne reviennent.

« Tu as raison, répondit enfin la jeune femme blonde sans y croire. On est en danger. En danger de mort, même. Ils pourraient revenir et nous empaler d'un moment à l'autre. Mais on n'y peut rien. Strictement rien, tu comprends ? Lina et Thrak sont incapables de marcher.
- On peut les traîner, suggéra Jade. Vous êtes venus avec les fourgons qu'il y a sur le parking, non ? Il... Il ne faut pas rester ici. On pourrait repartir... S'éloigner de Salmyre.
- Essaye de traîner Thrak, tu vas comprendre. »

Jade avisa la masse du colosse et acquiesça à contrecœur. Kate avait raison. Elles n'avaient aucun moyen de déplacer un géant pareil.

« Je... Je suis désolée, vous savez ? Vous... vous êtes tous si... courageux, éclata soudain Jade, n'y tenant plus. Vous... Joshua... Cette Dresseuse...
- Avoir peur est normal, la coupa la jeune femme blonde, agacée. C'est humain. On a tous peur.
- Je... Je ne sais pas tirer, je ne sais pas me battre. Depuis... depuis tout ça, je ne fais que me cacher, bredouilla l'étudiante.
- C'est pour ça que tu es encore en vie aujourd'hui.
- J'ai honte d'être aussi lâche.
- Tu n'as pas à avoir honte. Les autres étaient courageux. Regarde où ça les a menés. »

Jade pinça les lèvres et se tut à nouveau. Elle se sentait faible. Insignifiante. En à peine quelques heures, elle avait assisté au courage de ces gens. Joshua s'était sacrifié pour leur sauver la vie. Cette Dresseuse au Tortank s'était battue ; même les hommes de Saed, tout aussi horribles qu'ils furent, avaient tenté d'affronter ces choses.

Et elle, elle se cachait, tremblante.

Quel genre de monde épargnait les lâches, alors que les braves tombaient les uns après les autres ?

~*~
Lorsque Joshua reprit conscience, la première chose qu'il ressentit fut la chaleur cuisant qui le brûlait. Son esprit asphyxié s'emballa. Était-il mort ? Alors pourquoi avait-il si chaud ? Était-ce l'enfer ? Quel genre de crime avait-il bien pu commettre pour souffrir ainsi, même dans l'au-delà ?

La douleur irradia son corps, et ses muscles se révoltèrent. Un spasme l'agita, puis un autre. Petit à petit, ses souvenirs lui revinrent. L'open space. Jade. Kate. L'hybride. Le tentacule.

Son torse.

Il voulut ouvrir les yeux, examiner sa blessure, se redresser, n'importe quoi ; mais son corps flottait dans un océan de souffrance et ne lui répondait plus. Un poids monstrueux pesait sur ses paupières, et Joshua dû réunir l'intégralité de ses forces pour ouvrir les yeux.

Le bleu l'inonda. Un bleu éclatant. La lumière du jour lui brûla les rétines, mais il souffrait tellement que cette douleur lui parut douce en comparaison. Il voulut émettre un son, appeler à l'aide, mais ne parvint qu'à émettre un gargouillement étranglé.

Une idée germa dans son cerveau à l'agonie. Il était encore vivant. Bien sûr. Forcément. Comment pourrait-il avoir si mal s'il n'était pas en vie ?

Il voulut remuer, mais ses membres étaient paralysés. Il n'y avait rien à faire.

Soudain, une silhouette apparut dans son champ de vision trouble. Son ombre se découpait sur le soleil, et Joshua, éblouit, ne parvint pas à voir de qui il s'agissait.

Il émit un léger râle quand la silhouette posa une main sur la plaie de son plexus. Son corps se raidit, prêt à accueillir la douleur ; mais à la place, une étrange sensation de soulagement vint, et Joshua soupira en sentant la souffrance refluer. Ses sens s'éclaircirent, et il se rendit alors compte que la silhouette lui parlait.

Clignant des yeux, Joshua fit un effort immense pour essayer de comprendre ce que son mystérieux allié lui disait. Il détailla le visage de la personne, et quelque part en lui, il eut l'étrange impression de reconnaître la silhouette. Mais le souvenir était brumeux, refoulé au fond de sa conscience encore fragile.

Au prix d'un effort de concentration immense, Joshua se focalisa sur la voix. Il connaissait ces intonations, ce timbre. Mais qui ?

C'est alors que la réponse le frappa de plein fouet. Lorsqu'il reconnut la voix de la silhouette, l'adolescent eut l'impression de mourir à nouveau. Il remua et voulut se débattre, mais il parvenait à peine à bouger. La personne sembla malgré tout remarquer son agitation, car elle posa une main sur son front et l'incita à se calmer.

« Du calme, Joshua. Tu es en sécurité. » fit la voix de Lyrian.