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Les Nuits de Sang de BioShocker



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» Auteur : BioShocker - Voir le profil
» Créé le 19/11/2015 à 19:35
» Dernière mise à jour le 19/12/2015 à 11:12

» Mots-clés :   Action   Hoenn   Présence d'armes   Suspense   Unys

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001 : Sortie de guerre
"C'est l'un des droits absolus de l'Etat de présider à la constitution de l'opinion publique."
- Dr. Joseph Goebbels



Il régnait, depuis un peu plus de six mois, une atmosphère étrange à Hoenn. Comme si la région avait perdu tout son attrait, toute sa diversité et surtout, toute sa joie de vivre. Les populations natives de l'archipel Hoennais ne semblaient plus capables du moindre sourire, voire même plus capables d'éprouver un sentiment qui ne soit pas négatif. La guerre, et plus particulièrement la désormais célèbre bataille de Mérouville, le 9 mai 1961, avait anéanti tout ce qu'il restait à ces gens-là.

De plus, les hivers Hoennais étaient atroces. Rien à voir avec ceux de Kanto ou de Johto. Là-bas, il faisait froid, mais rien de dramatique. A Hoenn, c'était l'enfer, ni plus ni moins. La neige n'allait pas tarder à se faire très présente, et il devenait quasiment impossible de sortir sans porter d'épais manteaux. Pire encore, lorsqu'il tombait de la grêle, se trouver dehors pouvait être signe de mort. De temps en temps, on retrouvait, un matin, un corps inerte couvert de bleus. Sans tarder, on lui donnait une sépulture : nul doute que cette personne était morte. Même certains policiers ou militaires préféraient prendre un poste de bureaucrate pendant une période pour avoir à éviter ces horreurs qui frappaient, chaque année, la région la plus exotique de "l'archipel Pokémon".

Suite aux événements qui scellèrent le destin de Hoenn, l'Etat Major Unovite eut tôt fait de prendre une décision, et pas des moindres. Pendant une période indéterminée, la région serait sous la totale domination d'Unys. Une importante partie des forces armées Unovites avaient pris possession des lieux et s'y étaient installés, comme s'il s'était agi de leur patrie. Bon nombre de natifs de la région n'avaient pas vu cette occupation d'un très bon œil, mais en présence d'un ennemi plus puissant, ils ne pouvaient que s'effacer et se soumettre.

Parmi ces membres influents de l'Etat Major Unovite, il y en avait un particulièrement intelligent et manipulateur qui, à lui tout seul, avait su mener ses subalternes à la victoire lors de la bataille de Mérouville. Sans même prendre part à un seul combat, il avait permis la défaite de l'ennemi. La force ne faisait pas tout dans une guerre, et lui, il l'avait bien compris. Son génie militaire et ses prouesses lui avaient valu le poste de directeur de la section des renseignements. Basé à Hoenn, il occupait ce poste depuis la fin de la bataille. Il avait même tenu à récupérer le bureau de son homologue Hoennais, qui avait bien entendu perdu la vie lors de la guerre, pour se souvenir de cette satisfaction qu'il avait ressentie au moment de s'installer pour la première fois dans ce fauteuil, le 9 mai 1961.

Ce génie sans pitié, le colonel Hans Waltz, était un modèle pour beaucoup de ses collègues Unovites. On en savait peu sur lui, si ce n'est qu'il devait être originaire d'Allemagne ou d'un pays voisin, au vu de son accent, bien que très peu perceptible. Il parlait, comme tout Unovite, un français irréprochable. Il restait un mystère pour bon nombre de gens, mais n'en suscitait pas moins l'admiration.

Mais venons-en aux faits qui nous intéressent. Assis dans son fauteuil de cuir, les yeux rivés sur le journal qu'il tenait, il semblait bien plus sérieux qu'à l'accoutumée. Physiquement, Waltz n'avait rien de bien impressionnant. La trentaine, de taille moyenne et mince, il ne semblait pas fait pour les missions de terrain périlleuses. Ses yeux d'une couleur entre le gris et le vert bougeaient à mesure qu'il parcourait les lignes de l'article. Vêtu d'un uniforme militaire gris foncé très élégant témoignant de son rang, ses cheveux bruns courts coiffés impeccablement, il respirait la richesse et les bonnes manières.

Depuis peu, il avait eu vent d'une rumeur. Une rumeur qui l'intéressait beaucoup, et dont il serait temps de se préoccuper. Il avait préféré attendre, pensant d'abord que cette histoire allait vite être oubliée au profit d'une autre, mais non. Deux semaines étaient passées, et toujours cette histoire revenait sur le tapis. Alors il avait choisi d'en discuter avec deux subalternes pour qui il avait beaucoup d'estime.

Au moment où il allait tourner la page de son journal, on frappa à sa porte. Après avoir reçu l'ordre d'entrer, un jeune soldat, qui ne devait pas avoir plus de vingt ans, apparut et articula maladroitement quelques mots :

- Je vous... je vous les ai amenés, mon colonel.

- Merci, vous pouvez disposer.

- A vos ordres, monsieur.

Avant que le jeune soldat ne sorte, le colonel Waltz l'interrompit de nouveau. Le jeune se retourna, déglutissant bruyamment.

- Inutile de vous sentir aussi stressé en ma présence. Je ne suis pas un ogre, fit-il, un sourire énigmatique aux lèvres. Faites donc entrer mes invités, voulez-vous ?

Le soldat n'eut pas le courage de répondre et hocha la tête, décontenancé par l'extrême politesse de son supérieur. Il n'avait entendu que des rumeurs étranges à son sujet et ne le voyait pas du tout comme quelqu'un d'aussi calme, voire même sympathique. Il fallait dire que la plupart des "héros de guerre", comme on les appelait, prenaient rapidement la grosse tête et se montraient odieux avec tout le monde.

Succédant au jeune homme, deux personnes entrèrent dans la pièce, fermant la porte au passage. Dans un mouvement presque synchronisé, ils retirèrent leur casquette militaire et saluèrent respectueusement leur supérieur. Hans Waltz les considéra un bon moment.
Une jeune femme, pas loin de la trentaine, dont les cheveux blonds étaient attachés en un chignon serré, laissant échapper quelques mèches encadrant son visage, le dévisageait de ses yeux marrons. Un regard froid et déterminé. Son uniforme gris était surmonté d'un épais et long manteau de cuir brun, indiquant que la température extérieure ne devait pas excéder les cinq degrés.
L'autre, un homme qui devait avoir le même âge que sa collègue, regardait également le colonel, intrigué. Ses yeux bleus ne reflétaient pas autant de froideur que ceux de la blonde. Il avait des cheveux bruns foncés, courts et coiffés en arrière. Comme elle, il portait un long manteau de cuir, mais noir.

- Lieutenant Alexandra Raine, major Jim Warden... bienvenue à vous.

- C'est Alex, rectifia la jeune femme en serrant les dents.

Waltz haussa un sourcil mais ne fit aucun commentaire, son éternel sourire avenant peint sur le visage. De toute évidence, elle n'avait pas l'intention de rester très longtemps ici, au vu de son ton et de son regard. Le colonel ne s'en formalisa toutefois pas.

- Asseyez-vous, je vous en prie. Il serait inconfortable que vous restiez debout, pour vous comme pour moi.

Sans discuter, le lieutenant Raine et le major Warden prirent place sur les chaises qui faisaient face au bureau du colonel.

- Je suis navré, elles sont inconfortables. Je ferai changer ces chaises au plus vite... marmonna l'officier supérieur. Enfin, revenons-en à notre sujet. J'ai quelque chose à vous demander.

Aucun des officiers ne cilla, attendant la suite.

- Voyez-vous... j'ai eu vent d'une rumeur, ces derniers temps. Et j'avoue que cela m'arrangerait, si elle n'était pas fondée. Vous devez en avoir entendu parler, vous aussi... On raconte que l'un de nos officiers, basé dans le camp H119, à proximité de Cimetronelle, aurait été abattu. D'une balle dans la tête, tirée avec un fusil de précision. Bien entendu, personne n'a jugé bon de venir me le confirmer. Ce n'est qu'une rumeur après tout, et la mort d'un officier est, je le regrette, chose courante dans notre métier. Mais enfin. C'est là que les choses deviennent compliquées. Apparemment, suite à l'assassinat de notre officier, les autres soldats auraient déserté le camp, qui bien malheureusement serait tombé aux mains des Hoennais résistants. Croyez-le, ça ne me plaît pas.

Après un bref silence, le colonel Waltz avisa le lieutenant et le major, puis reprit :

- Qu'en pensez-vous ?

Les deux officiers subalternes se consultèrent du regard. Le lieutenant Alex Raine débuta.

- J'ai entendu cette rumeur, lorsque j'étais basée au camp de Clémenti-Ville. Quant à savoir si elle est fondée ou non... je ne saurais dire. Nous avons perdu tout moyen de communication avec H119 à cause des intempéries trop fortes qui sévissent là-bas. Je suis navrée de ne pas me rendre utile.

- Non, non. Je comprends, pas de souci à se faire. Major Warden, votre avis ?

- Eh bien... j'en ai bien entendu parler pendant mon service, cette semaine. Mais sincèrement, je doute que la rumeur soit fondée. Disons que ça me paraît un peu surréaliste, souffla le brun aux yeux bleus.

Hans Waltz hocha la tête et tira une petite boîte de son tiroir, de laquelle il sortit une cigarette, qu'il alluma. Il en proposa à ses subalternes, mais le lieutenant Raine refusa. Après un moment de silence pesant, le haut-gradé sourit.

- Je pense que vous comprenez parfaitement la situation, n'est-ce pas ?

Hochement de tête de la part des deux.

- Alors vous trouverez bien naturel de m'aider à en savoir plus à ce sujet ?

Hochement de tête, de nouveau.

- Parfait, si tout cela est réglé... vous êtes officiellement chargés de cette mission, tous les deux. Vous pouvez vous approvisionner en armes et partir le plus tôt possible. J'imagine que ça vous convient ?

- Monsieur, sauf votre respect... nous ne serons accompagnés d'aucun autre soldat ? demanda Alex Raine, étonnée.

Le colonel Waltz secoua la tête. Il avait entièrement confiance en ces deux soldats qui s'étaient brillament illustrés lors de la bataille de Mérouville, un peu plus de six mois auparavant. Nul doute qu'ils mèneraient à bien une mission aussi simple que celle-ci. Finalement, il écrasa sa cigarette dans le cendrier posé sur le bureau et se leva pour congédier le lieutenant Raine et le major Warden. Une fois dehors, tous deux se regardèrent, perplexes.

- J'ai un peu de mal à comprendre pourquoi il nous envoie tous les deux ensemble voir ce camp H119... on ne se connaît même pas ! souffla le brun.

- On avisera en route, je suppose, répliqua la blonde, se dirigeant sans attendre vers le stock d'armes du QG de Mérouville.

Jim Warden haussa les épaules et suivit sa nouvelle coéquipière.


*
* *


Alex Raine, armée d'un fusil de précision qu'elle portait en bandoulière dans le dos, rejoignit le major Jim Warden, déjà assis dans sa voiture. Une Cadillac de 1960 rouge, pas le genre de véhicule qui passe inaperçu, mais enfin. Techniquement, il était plus haut-gradé qu'elle, alors elle n'avait pas à contester ses décisions, mais...

- Vous voulez qu'on aille en territoire ennemi avec ça ? On aurait du mal à faire plus discret...

Le jeune homme plissa les yeux.

- Est-ce de l'insubordination ou suis-je trop susceptible ?

La blonde ne répondit pas et s'installa à ses côtés dans la voiture. En constatant que son coéquipier n'était armé que d'un Walther PP, elle haussa un sourcil.

- Avec seulement ça, vous pensez-vous capable de tenir tête à un ennemi éventuel ?

- Je n'ai pas que ça, répliqua-t-il en désignant les Pokéballs posées sur le siège arrière. Et puis trois ans dans la Police Politique Unovite, ça permet d'apprendre quelques petits trucs... vous venez d'où, vous ?

- Division des tireurs d'élite. Ca fait moins joli sur un CV, mais c'est déjà ça.

Le major Warden fit démarrer la voiture et haussa les épaules.

- Je trouve ça très bien. Vous n'êtes pas une incapable, je l'ai compris quand le colonel Waltz vous a convoquée pour une mission d'une telle importance. Bon, en route !

En considérant l'allure excessive à laquelle roulait le jeune homme, la route fut relativement courte. Ils quittèrent Mérouville, puis passèrent par le tunnel relié à Vergazon, réservé aux déplacements militaires. La route entre Vergazon et Lavandia n'était pas bien compliquée à traverser, tant et si bien qu'ils atteignirent la route 118 en à peine une heure et demie. Cette route n'était constituée que d'une plage de sable fin. Pour accéder à la route 119, il fallait traverser le cours d'eau qui ne devait pas être à la température la plus agréable pour une baignade.

- A vous l'honneur, lieutenant ! plaisanta Jim Warden.

Le regard glacial qu'Alex Raine lui lança le dissuada de pousser la blague plus loin. Il commença à entrer dans l'eau froide. Jusqu'au niveau des genoux, ça allait, étant donné qu'il portait des bottes imperméables, mais au-delà, le major ressentit fortement une bouffée de fraîcheur l'envahir. Après avoir traversé le plus vite possible le cours d'eau, il grelottait de l'autre côté. Son manteau de cuir et son uniforme étaient trempés jusqu'au niveau de la ceinture, et s'il ne bougeait pas, il finirait frigorifié.

- Pour que vous trembliez, elle doit vraiment être froide... souffla Alex avant de se lancer elle aussi.

Elle traversa tout aussi rapidement que son supérieur, comprenant mieux pourquoi il grelottait.

- Loin d'être un sauna, hein ?

- Je n'aurais pas dit mieux ! admit-elle en se remettant à marcher pour ne pas se transformer en glaçon ambulant.

Les deux militaires marchèrent un bon moment sur le sable blanc avant de retrouver un chemin de terre bordé d'herbe et d'arbres. Le climat était nettement plus froid sur cette route qu'aux environs de Mérouville. Jim et Alex songèrent qu'il n'y avait aucune raison de se plaindre de leurs postes, l'un basé dans la capitale, l'autre à Clémenti-Ville, dans la même zone. La route 119, en plus d'être déserte, était des plus inhospitalières. Après un croisement, ils tombèrent sur une grande plaine dont les plus hautes herbes atteignaient sans doute un bon mètre cinquante. Ils s'arrêtèrent tous deux juste devant un bosquet impressionnant et se regardèrent.

- Je ne sais pas comment on est supposés passer un truc pareil, major Warden. Mais je suis persuadée que vous nous tirerez de ce mauvais pas, hm ? sourit la blonde, désireuse de se venger de la mauvaise blague de son supérieur et coéquipier.

Pour toute réponse, le brun marmonna quelques paroles incompréhensibles et s'empara de ses deux Pokéballs. Autant faire le ménage tout de suite, ça réglerait déjà un problème. Alex haussa les sourcils alors que deux Pokémon identiques impressionnants apparurent. De grands chiens noirs pourvus de cornes de bélier et au museau orangé. Leur queue se terminait en pointe, faisant penser à celle d'un diablotin.

- Des Démolosse... souffla la jeune femme, perplexe.

- Ne vous inquiétez pas, ce sera vite expédié. J'ai horreur des hautes herbes. Lance-Flammes !

Les deux chiens des enfers, dans une parfaite synchronisation, hurlèrent en même temps avant de libérer de leur gueule un flot de flammes dévastateur. Rapidement, la plupart des hautes herbes finirent calcinées et en cendres, accélérant grandement leur progression. Bien que la méthode du major Warden soit efficace - très efficace, même -, le lieutenant Raine ne la trouvait pas à son goût.

- Pourquoi est-ce que vous me regardez comme ça ? demanda l'homme, décontenancé.

- Oh, eh bien je me disais juste que votre technique, même si elle nous permet d'aller bien plus vite, ne me plaît pas des masses. D'abord, la voiture rouge pas du tout discrète, et ensuite ça... je me trompe si je dis que vous êtes extravagant ?

Haussement de sourcils de la part de Jim, qui haussa les épaules.

- Pensez ce que vous voulez. Du moment que vous ne faites rien foirer, je peux tout accepter. Sauf l'insubordination, mais vous deviez vous en douter. Allez, pas de temps à perdre, Raine.

Alex pencha la tête sur le côté et décida finalement de suivre son étrange partenaire. D'accord, il était sans doute très compétent au combat. Elle l'avait vu, lors de la bataille de Mérouville, décimant à lui tout seul, avec l'aide de ses Démolosse, une quantité monstrueuse d'ennemis. Même elle, avec ses Scalproie, n'avait pas pu égaler la performance qu'il avait faite. Mais enfin. Les ordres étaient les ordres, et même si elle ne l'aimait pas, elle n'avait pas le choix.

Ils n'étaient en aucun cas au bout de leurs peines : au froid et à la fatigue s'ajouta rapidement une pluie torrentielle. Chose qui n'était pas rare dans ce coin de Hoenn, mais qui restait toujours déplaisant pour ceux qui avaient l'habitude de vivre au sec, comme les deux citadins. Leurs bottes s'enfonçaient dans la boue dans un bruit peu agréable et la pluie leur martelait le crâne. Le major avait été contraint de rappeler ses deux Pokémon dans leurs Pokéballs, étant donné leur type Feu. La blonde peinait de plus en plus à supporter le poids du fusil de précision qu'elle tenait dans son dos.

- Je regrette amèrement d'avoir accepté cette mission... soupira Warden, tout en ramenant une énième fois une de ses mèches trempées en arrière.

- Est-ce qu'on avait le choix, de toute façon ? renchérit sa partenaire, tout aussi incommodée par la pluie que lui.

Un sourire en coin vint étirer les lèvres de l'homme.

- Pas faux. Le colonel Waltz est quelqu'un de très haut-placé dans la hiérarchie de l'armée Unovite. Si on ne prend pas en compte le général basé à Atalanopolis, il est le plus haut-gradé de la région. Et puis il règne en maître sur Mérouville et les services secrets, ne l'oublions pas. Désobéir à ce type ne serait pas une bonne idée...

- Pour une fois, je suis entièrement d'accord avec vous... je regrette presque d'avoir emmené ce fusil avec moi, et...

Un cri effrayant et étrange interrompit la jeune femme, qui frissonna. Ce n'était pas dû au froid, mais plus vraisemblablement à la peur. Elle se ressaisit rapidement et, par précaution, libéra ses deux Scalproie de leur maison sphérique. Les deux Pokémon bipèdes métalliques se tenaient debout, le regard aussi acéré que leurs lames, prêts à en découdre. De son côté, le major ne pouvait pas faire grand chose, à part s'équiper de son Walther PP. Protection bien peu utile face à un ennemi invisible.

- Merde... si j'étais plus calé en Pokémon, j'aurais pu identifier celui qui a poussé cet horrible cri... grommela-t-il.

- Un Migalos, répondit Alex, tentant de garder son sang-froid.

- Encore ce genre de bestioles dégueulasses que je déteste...

Ne voyant pas l'ennemi, les deux officiers se contentaient de regarder autour d'eux. Les Scalproie de la jeune femme avaient repéré leur ennemi, mais à chaque assaut, ils se faisaient repousser. Jim s'en étonna. Habituellement, un Migalos, sauvage qui plus est, est rarement aussi puissant. Il ne tarda pas à comprendre pourquoi celui-ci repoussait sans difficulté ses assaillants : la créature arachnéene apparut, marchant lentement sur ses longues pattes filiformes. Sa couleur rouge ne trompait pas, c'était bien un Migalos. Seulement, sa taille posait un problème. Au lieu de mesurer environ un mètre comme tous ses congénères, celui-ci devait bien atteindre les cinq mètres. Son regard ne reflétait qu'une seule chose : l'envie de tuer.

- Je propose qu'on s'en aille en courant, ça vous va ? sourit le brun.

- Ne faites pas l'enfant, on ne peut pas se le permettre ! Plutôt mourir ainsi que tuée par le colonel Waltz...

- Vu comme ça, effectivement...

- Assez bavardé, Scalproie, Tranche-Nuit ! ordonna-t-elle.

Les deux Pokémon Acier et Ténèbres s'exécutèrent, l'un prenant à gauche, l'autre à droite. Cependant, le résultat fut le même : le Migalos ne s'écroula pas. Certes il semblait un peu affaibli, mais les Pokémon d'Alex n'étaient pas en meilleur état. Dégoûtée, elle rappela ses fidèles compagnons qui tenaient à peine debout. Après tout, leur corps métallique s'oxydait avec l'eau de pluie, et ce n'était pas bon pour eux.

- Major Warden, faites quelque chose ! Appelez vos Démolosse, il en finiront vite !

- Ils détestent l'eau et leur puissance est considérablement réduite sous la pluie... on va trouver quelque chose de plus radical.

Perplexe, la blonde pencha la tête sur le côté. Son étonnement se transforma en horreur quand elle vit son coéquipier brandir son pistoler sur l'immense Pokémon. Un insecte ne résisterait jamais à des balles, c'était certain. Sans pitié, Jim vida son chargeur sur l'affreuse créature rouge, qui poussait des cris plaintifs douloureux pour les oreilles. A la fin de cet assaut, il ne restait plus de l'araignée qu'un tas de chair informe et une flaque de bouillie verdâtre. Le lieutenant Raine en eut des haut-le-cœur qu'elle peinait à cacher.

- Vous êtes bien trop sensible pour bosser dans l'armée Unovite, vous...

- Gnn... je vous en prie, cessez de me rabaisser. J'ai juste... eu un moment de faiblesse, c'est tout ! répliqua froidement la jeune femme.

Compréhensif, le major Warden hocha la tête.

- Si j'avais eu un autre moyen, croyez-moi, je n'en serais pas arrivé là. Voyez, maintenant je n'ai même plus de balles ! souffla-t-il comme pour la rassurer.

Elle acquiesça et reprit la marche, suivie de près par le jeune homme, prenant bien soin de ne pas s'approcher trop près du cadavre encore frais de l'arachnide. Elle avait toujours eu peur de ces créatures répugnantes, et elle avait du mal à croire qu'elles l'étaient encore plus une fois réduite en bouillie. La route 119 commençait déjà à empester la chair en putréfaction. Les deux militaires se bouchèrent le nez pour ne plus avoir à respirer cette odeur insoutenable, qui les suivit pendant un long moment.

Après une bonne heure passée à marcher rapidement, traversant des flaques de boue s'étendant sur plusieurs mètres et des hautes herbes impressionnantes truffées de Pokémon Insecte, ils atteignirent enfin la zone tant convoitée. Le camp H119 était grand. Très grand. Séparé en plusieurs parties, il comprenait des terrains d'entraînement, des cellules réservées aux prisonniers et des quartiers pour les officiers et les soldats. Faisant fi du panneau qui indiquait "Accès interdit" en grosses lettres noires, ils passèrent la grille qui, étrangement, était ouverte. Cela n'augurait rien de bon pour eux.

La muraille de béton qui entourait le camp s'étendait sur plusieurs mètres de hauteur et des fils barbelés épais étaient installés en haut. Plusieurs postes en hauteur se trouvaient aux coins, permettant aux snipers d'avoir une vue parfaite sur ce qui les entourait. Ce camp militaire ne semblait en aucun cas facile à prendre. Même le fait que l'officier en charge ait été abattu n'autorisait certainement pas les subalternes à déserter.

- C'est moi ou l'ambiance est glauque par ici ? s'étonna le major.

- Je crois que l'ambiance est vraiment très glauque.

- C'est bien ce que je disais.

Alex secoua la tête, atterrée. Ils explorèrent longuement le camp, des terrains d'entraînements aux dortoirs en passant par les cantines. Tout était désert. Ils trouvèrent finalement ce qu'ils cherchaient non loin de l'accès qui menait à l'un des postes situés en hauteur. Le corps de l'officier responsable du camp était bien plus amoché que ce qu'ils pensaient au départ. Il n'aurait dû y avoir qu'une ou plusieurs blessures dues à des balles, mais au lieu de ça, le cadavre était méconnaissable. De multiples mutilations avaient été opérées sur la victime, de toute évidence. Peut-être qu'après l'avoir froidement abattu, le coupable avait décidé de s'amuser un peu. Cette vision peu banale arracha un frisson au lieutenant Raine, qui reprit vite sa contenance.

- Je n'aurais pas aimé être à sa place, finit-elle par dire alors qu'un silence pesant régnait.

- Je vous le fais pas dire. Ce pauvre type, je ne le reconnais même plus... et pourtant, on a servi ensemble pendant la guerre. Je me souviens parfaitement de lui.

- C'était... le major Tanner, c'est ça ?

Jim acquiesça pour confirmer.

- Il n'y a rien de plus ici. On devrait y aller et faire notre rapport au colonel Waltz...

- Euh... on emporte le corps ? questionna la blonde, un peu dégoûtée à cette pensée.

Le major Warden sembla réfléchir un long moment, puis hocha brièvement la tête.

- Je pense que dans l'état où il est, ce serait plus poli de lui offrir une sépulture décente. Je le porterai, je ne voudrais pas que vous perdiez connaissance.

Elle fit la moue.

- Eh, je suis pas une petite nature, n'exagérez pas...

Le brun haussa les épaules et retira son long manteau de cuir noir pour en envelopper le cadavre.


*
* *


- Ils sont partis ?

La femme hocha la tête et rangea ses jumelles, puis se leva.

- Pfiou. Je n'en pouvais plus de me trouver dans une position aussi inconfortable.

- Je suis désolé, j'aurais dû demander à Owen de venir, peut-être...

Elle secoua la tête.

- Non, non. Il est responsable de ce massacre, n'oublie pas. Qui sait ce qu'il aurait fait si il avait vu ces deux officiers Unovites...

- Tu as raison.

Sur ces bonnes paroles, l'homme posa une dernière fois ses yeux verts sur le camp H119 puis suivit la femme à travers les bois denses.