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» Auteur : Xabab - Voir le profil
» Créé le 07/01/2015 à 19:57
» Dernière mise à jour le 12/03/2015 à 19:43

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Chapitre 7 : Lancer la traque
« Quelles seront vos premières revendications en tant que Maître ? Cela doit faire un choc après vingt-deux ans d'être celui qui détrône Trevor Cullen, non ? »
J'ai caressé fébrilement le haut de mon crâne chauve en souriant, gêné face à la question d'Ellen Miller. Je ne savais pas d'ailleurs ce qui me gênait le plus ; son interview ou elle. Car j'avais beau l'insulter intérieurement pendant le match, elle restait l'une des plus belles femmes de la télévision. Entre ses grandes jambes repliées que laissait voir sa mini-jupe, sa posture féminine et son regard d'un vert enchanteur, je ne savais pas vraiment où donner de la tête.
« Détendez-vous, m'a-t-elle demandé en souriant, nous sommes entre amis. »

Si entre amis signifie toi et moi ainsi qu'une dizaine de mecs tenant des caméras, alors oui on est entre amis. Dans le jargon on qualifierait plutôt ça de gang-bang en revanche, ma puce.
Ma réflexion me fit sourire.
« Je ne sais pas vraiment ce que je vais faire maintenant que j'ai ce poste. Bien entendu j'avais déjà pensé à tout cela mais l'idée de devenir Maître n'était encore qu'un doux rêve. Jamais je n'aurais imaginé détrôner Trevor. C'était impensable. »
Et c'était un mensonge par la même occasion. Je savais que j'allais prendre sa place tout aussi sûrement que je savais que la Terre continuerait de tourner demain ; dans le second cas les gens auraient été trop occupés pour s'intéresser à ma défaite.

« Bien, a repris Miller en changeant la posture de ses jambes et en tournant les pages du bout de ses doigts fins, j'imagine aussi que ce n'était pas votre priorité. Néanmoins être Maître doit provoquer tout un tas d'émotions, pas vrai ?
– Une tonne. J'ai de la peine à expliquer ce qui se passe en moment ici. » J'ai pointé mon cœur et ma tête en riant.
« Ce n'est pas tous les jours que l'on renverse le Maître.
– En effet. »

J'en avais marre de cette interview alors qu'elle avait à peine commencé. Miller avait beau être une femme agréable à regarder, son sourire niais et ses questions préparées depuis des jours sur ses fiches bristol me sortaient des yeux.
« Vous avez dit venir d'un petit village éloigné d'ici mais nous n'en savons pas plus que cela sur votre vie, un message pour nos spectateurs ?
– Je doute avoir envie d'étaler ma vie privée à la télévision.
– Un Maître secret, siffla-t-elle sans cacher sa frustration, parfait ! Ce ne sera que plus amusant de découvrir petit à petit les pièces de puzzle pouvant reconstituer votre passé. »

Sauf que je n'ai pas envie que quiconque reconstruise quoi que ce soit. Ce puzzle est à moi et je suis le seul à en avoir tous les morceaux. Je ne t'en veux pas, tu es mignonne mais tu es loin de t'imaginer ce qui se trouve derrière mon regard. Des choses que je ne veux absolument pas que l'on déterre.
Je me suis contenté d'un sourire et j'ai enchaîné avec la question suivante à laquelle j'ai répondu de manière décontractée. Je me moquais bien de son interview sans intérêt, je ne la lirai pas et ne la regarderai pas à la télévision. Et les spectateurs qui le feront n'apprendront rien sur moi outre le fait que je sois un mystérieux chauve de plus de trente ans.

Au moment d'en finir nous nous sommes serrés la main ; pour la caméra tout simplement. Puis ses associés ont commencé à ranger le matériel.
« Merci de m'avoir accordé un peu de votre temps, m'a-t-elle dit en prenant un ton plus naturel que celui qu'elle avait à la télévision. Malgré votre côté mystérieux c'était très agréable et les spectateurs aimeront.
– Désolé de ne pas en avoir dit plus, me suis-je excusé avec sincérité en baissant les yeux.
– Ce n'est rien, chacun ses secrets.
– Merci. »
Elle m'a adressé un sourire, franc cette fois-ci et a replacé une mèche de cheveux derrière l'une de ses oreilles.

« Nous serons amené à nous revoir bientôt, dans la semaine sans doute. Ne pensez pas que la presse va vous lâcher aussi rapidement et que je ne serais pas la première sur le coup.
– Je n'en doute pas. Pour ce qui est de vous j'avais lu que vous étiez mordante, certaine chose que répandent les rubriques people d'Internet seraient donc fondées. »
Elle s'est amusée de mon trait d'esprit et m'a salué une seconde fois. Cela fait j'ai repris mon manteau sur la chaise et j'ai quitté la salle. L'homme que j'avais présenté comme mon garde du corps m'attendait devant la porte.

« Aucun signe de qui que ce soit ?
– Pas un seul, Jake. Á croire que devenir Maître ne les a pas remués.
– Crois-moi le coup de pied a atteint la fourmilière et comme il se doit. Ça ne tardera pas à faire feu dans tous les sens. »
Nous avons parlé discrètement jusqu'à la limousine teintée qui nous attendait en bas, ce qui fit siffler mon compagnon. « Les privilèges d'un Maître, lançai-je amusé. »

Une fois à l'intérieur nous avons pu reprendre la conversation en haussant la voix. Le chauffeur était un ami, j'y avais veillé.
« Donc vu que rien ne se passe on doit suivre ce qu'on avait prévu à l'initial ?
– Exactement, Bill. Le plan, rien que le plan, tu te souviens ?
– Je n'ai pas oublié, le but est trop important pour que ma mémoire me lâche. Je veux être de ceux qui vont coincer H.
– Pas de précipitations. Le carnet avant tout. On raye les noms qui y sont inscris, les uns après les autres.
– C'est trop peu.
– On trouvera les autres. »

Ajoutant le geste à la parole, j'ai tiré de ma poche le petit calepin dont la première page était parcourue par une petite liste. « Il va nous attendre, tu sais ? m'a dit Bill en lisant par-dessus mon épaule. Ils sauront que tu t'en prendras d'abord à lui.
– Ce n'est qu'un pion. Dans quelques jours il perdra définitivement ses fonctions et ses anciens amis le laisseront tomber. Il aura fait son temps et il n'aura peut-être plus de lien avec eux.
– Dans ce cas pourquoi le pourchasser ?
– Je te l'ai déjà dit : il est impliqué et même s'il n'est rien il pourra nous aider à compléter cette liste. »

Cela dit nous avons gardé le silence. J'ai demandé au chauffeur de nous mener à notre hôtel et regardé le sol de la voiture de luxe.
« Tu les vois de nouveau ? m'a demandé mon ami. Pendant le match, à la fin, j'ai remarqué que tu tournais la tête en direction de quelqu'un que je ne pouvais pas voir. C'était l'un d'eux, pas vrai ? »
Puis, après une hésitation : « C'était elle... Tu parviens à retrouver tes capacités ? »
Soudain ma langue devint pâteuse et mes muscles se raidirent comme si la question mettait tout mon corps en alerte. J'ai trésaillé, attendu puis je me suis tourné en direction de Bill.
« Ouais. Je ne sais pas pourquoi mais ils sont de plus en plus net. C'est encore pire qu'avant H, avant ce qu'il nous a fait. »

Il n'a rien trouvé bon d'ajouter et je me suis contenté de regarder par la vitre teintée. Sur les trottoirs de la ville où j'avais passé mon enfance, non loin de la place où j'avais assisté à mon tout premier match, se trainaient des centaines d'entre eux.
« La guerre en a amené tellement... »
Depuis mon enfance je les voyais, les âmes en peine qui ne pouvaient rejoindre l'autre monde, néanmoins jamais je n'avais admiré autant de visages tristes que ce soir-là.