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Arrêtez le temps de Kloana



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Informations

» Auteur : Kloana - Voir le profil
» Créé le 15/11/2014 à 03:49
» Dernière mise à jour le 23/11/2014 à 11:34

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01. Griffes sanglantes
Je suis dans une sombre forêt. La nuit semble être tombée il y a un moment déjà depuis mon arrivée en ces lieux. Les rayons de lune parviennent néanmoins à pénétrer à travers les arbres, et à éclairer un peu les feuilles mortes d'automne. Le ciel est orné de pierres précieuses qui scintilleront jusqu'au lever de celui aux reflets d'or. Le faible vent, glacial, caresse ma joue, et semble murmurer doucement. Avec mes petites ailes, je voyage un peu à travers cette immense forêt. Je ne sais pas dans quelle région je suis, cette fois, j'ai du mal à reconnaître les lieux. Mais je me demande pourquoi j'ai atterri ici... Mon maître m'a envoyée en mission en ces lieux, afin de m'assurer que le temps s'écoule bien dans cette forêt. Il est si fort, si imposant, j'espère que je serai à la hauteur de ses exigences. Il est celui qui m'a donné la vie, il n'y a guère de temps encore. Je dois faire de mon mieux pour être digne de lui. Il m'a expliqué quelques règles que je dois respecter, et ne jamais enfreindre. La plus importante de toutes... Ne jamais modifier le cours du temps.
Je peux utiliser mes pouvoirs comme je le désire. Je suis juste une gardienne, entre le monde des humains et la Route du Temps, ouverte par le Portail Temporel. Je dois surveiller le temps, qui doit bien s'écouler dans toutes les régions où je vais. Si un problème avec le fil du temps survient, il est de mon devoir d'y trouver une solution. Mais au grand jamais je ne peux modifier le destin d'un être vivant. Humain ou Pokémon. Que ce soit en voulant l'aider, ou même pour le faire sombrer... Il m'est interdit d'agir. Seul lui peut décider de changer le cours d'une vie. Seul mon maître. Et je respecterai cette règle, il a confiance en moi. Alors je ne le trahirai pas.


***
Une ombre parcourt le Bois de Clémenti d'une vive allure. Au plus profond de cette forêt se trouvent des Pokémon redoutables. Celui-ci en fait partie. Ses griffes lacérées pourraient trancher n'importe quelle chair, et ses crocs déchiquetteraient la viande la plus tenace. Des tâches d'un rouge écarlate sont dessinées sur son pelage d'un blanc éclatant. Ses yeux d'un jaune d'or perçant reflètent la moindre particule lumineuse, ce qui lui permet d'avoir une vue très développée pour chasser la nuit. Arrivée au sein d'une clairière s'articule la silhouette d'un puissant Mangriff. En quête de nourriture, celui-ci hume l'air de son odorat et dresse l'oreille afin d'écouter les alentours avec son ouïe très fine. Il ferme ses yeux pour mieux se concentrer. Le vent brasse l'air un peu plus fort, et des nuages viennent couvrir le ciel étoilé. Quelques feuilles mortes s'envolent, et d'un craquement se posent sur les précédentes elles aussi frappées par l'automne. Une douce odeur y règne, mélange de différentes espèces florales qui n'ont pas encore disparues. Mais aussi... Une odeur familière au Mangriff. Un doux parfum pour ses narines, alléchant. Celui d'une proie.
Alors il s'avance, les yeux toujours clos, et s'engouffre dans la forêt, suivant l'odeur. Son instinct lui dicte sa conduite, il sait exactement comment éviter les arbres tout en étant le plus discret possible. Il se met sur ses quatre pattes, et rouvre ses prunelles. Sa vue perçante l'encourage à s'immiscer dans l'obscurité, pour surprendre sa proie par surprise. Il marche, lentement et sûrement. Il semble durer une éternité. Au fur et à mesure, l'odeur devient plus forte, il s'approche de plus en plus de son objectif. Encore quelques mètres. Des fins bruits proviennent du buisson en face de lui. Il s'arrête, et rassemble ses forces, se préparant à bondir. Un Hoothoot en surgit et sautille, visiblement content. Il n'avait pas vu qu'il était observé, et pris pour cible...

Le Mangriff a réagi au quart de tour. Il s'est élancé sur l'oiseau, griffes sorties, et les a plantées sur ses flancs, le plaquant au sol par la même occasion. Le pauvre Pokémon s'est mis à crier de douleur, s'agitant et remuant ses petites ailes. Encore jeune, le Hoothoot ne sait pas bien utiliser ses attaques. Il est donc complètement vulnérable et inoffensif . Au grand bonheur du Mangriff, qui se lèche les babines. D'un coup de patte, il retourne l'oiseau sur son ventre, et vient arracher sa peau du dos avec ses crocs. Le sang coule abondamment. La proie s'agite et hurle puissamment. Le tueur lâche un sourire sadique, de contentement. La viande est douce, fraîche, à sa convenance. Il se désaltère du liquide rouge qui s'extrait du petit corps. Le Hoothoot commence à faiblir, sa respiration devient rapide. Il est au seuil de l'évanouissement et de la mort. Mais son supplice ne s'arrête pas là. Le Mangriff, avec sa patte droite, empoigne de la chair, et retire avec ses crocs les plumes qui y sont restées accrochées. Il semble s'amuser avec sa proie. Puis il dévore ce morceau. Des cris s'en sont suivis. L'oiseau suffoque. Le Mangriff décide de le retourner à nouveau. Ses yeux moutarde et froids terrifient le hibou. La dernière chose qu'il a vue, c'est la patte de son agresseur, les griffes ensanglantées, s'approcher à vive allure sur son visage...

SPLASH !

Le sang éclabousse le Mangriff. Les feuilles orangées d'automne se tachent d'un écarlate magnifique à la sombre signification...

***
J'ai cru entendre des cris, à l'instant. Ils me donnent des frissons. Mais je dois être courageuse. « Il m'a créée, alors je suis forcément à la hauteur. » Ce sont les seules phrases qui résonnent dans ma tête pour me convaincre que je ne suis pas faible. J'avance toujours dans cette sombre forêt. Je ne vois rien d'alarmant, pour le moment. J'ai hâte d'avoir terminé ici, car de nuit, ce genre d'endroit est assez angoissant. Surtout qu'il doit sûrement y vivre des Pokémon assez puissants pour me battre, plus imposants que le petit être que je suis. Soudain, je sens quelques gouttes tomber. Fines perles glaciales. Elles ne sont pas encore nombreuses. Pour le moment.
Je m'aventure toujours plus profondément. La peur commence à avoir de l'emprise sur moi. Tantôt, le vent me surprend, tantôt une de ces gouttelettes tombe sur ma tête, me faisant sursauter. Je baisse ma tête, afin d'éviter que la pluie ne tombe sur mon visage, je déteste cela. Tout en avançant, je contemple les feuilles mortes. Si belles, si captivantes... Mais sans vie, désormais. Et c'est alors... C'est petit. Coloré, à peine visible. Néanmoins remarquable. Je m'approche du sol, et j'observe cette petite tâche.
...
Mon cœur s'accélère. Je me demande s'il est nécessaire que je continue sur cette route. Allez... Je dois être courageuse. Peut-être est-ce un Pokémon qui s'est blessé en combat. Je ne dois pas m'affoler pour si peu. Je passe mon chemin,voletant toujours avec mes fines ailes. La brise me rafraîchit un peu plus encore. Pourvu que la prochaine région et époque où j'irai sera ensoleillée. Et un peu plus joyeuse, aussi. Car cette forêt est bien morne...
Je commence à sentir une odeur assez étrange. Nauséabonde, surtout. Je me demande d'où elle provient. Je la sens se rapprocher. Je ne sais comment la décrire, mais c'est... Répugnant. J'en ai la nausée. J'avance encore, et j'en suis à l'apogée. C'est immonde. Elle semble venir de quelques buissons, juste à ma droite... Que faire ? Je ne sais pas ce que je vais découvrir. Mais après être arrivée jusqu'ici, pourquoi ne pas y jeter un œil ? Je ne risque rien, après tout. Je survole les buissons, et je remarque aussitôt... D'autres tâches. De plus en plus nombreuses sur les feuilles. Mon cœur s'accélère. Le parfum nauséeux me fait presque tourner la tête. Je pourrais m'en évanouir. Et là... Je crois que je n'ai jamais vu une telle chose. Derrière ce buisson...
Un vrai massacre.
Il y a une immense mare de sang où se noient les feuilles mortes de l'automne. Des morceaux de chairs encore frais commencent à se décomposer et à pourrir. Je vois quelques plumes marrons, elles semblent avoir été arrachées. Il y a des os, des organes à moitié déchiquetés, des yeux arrachés, deux petites pattes d'oiseau brisées... Une telle violence et une telle cruauté... J'ai le souffle coupé. Je me suis laissée délicatement reposer sur le sol, sur mes faibles genoux. Mon rythme cardiaque risque d'exploser. J'en tremble d'épouvante. Ce qui semblait être un cadavre... Devant mes yeux. L'odeur qui s'en dégage est atroce, je m'en étoufferais presque. Je ne sais plus quoi faire, je n'ose même plus me lever. Et pourtant... Je ne dois pas laisser aller mes sentiments. Ce qui est arrivé devait arriver, je n'ai pas l'autorisation de changer le passé. Alors, sur cette pensée je m'envole à nouveau, chancelant un peu. Je regarde la scène une dernière fois, et m'enfuis aussi vite que possible, sans me retourner. Mes ailes battent plus vite que mon cœur, tellement l'angoisse m'emprisonne. Je reprends mon chemin, et ouvre la Porte Temporelle. Il n'y a aucun trouble du temps en cet endroit. Je peux donc m'en aller et continuer ma route, comme si de rien n'était... ou presque.