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» Auteur : Red-Moon - Voir le profil
» Créé le 14/07/2014 à 18:53
» Dernière mise à jour le 11/08/2014 à 18:34

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Chapitre 4 : Le plan
Si Absol avait su qui était Johann avant d'ouvrir le journal, ce matin, il ne l'aurait pas laissé partir. Il avait vu en Gobou un ami, un compagnon d'infortune. En réalité, il découvrait quelqu'un dont la vision du monde était aux antipodes de la sienne, quelqu'un qui détestait les pokémon, tandis que lui les aimait, un individu recherché par la police, évadé de prison la veille. Absol était perdu. Que devait-il faire ? Il était persuadé que le responsable des faits-divers commis au parc hier midi n'était autre que Johann. S'il le laissait en liberté, il aurait ses crimes sur la conscience, mais s'il le livrait à la police, que dirait-il ? « J'ai appréhendé votre détenu, le voici. Certes il a la tête d'un Gobou, mais je vous assure qu'il s'agit bien de Johann, il s'est simplement transformé en pokémon pendant la nuit, tout est normal ! ». D'ailleurs, comment le dirait-il ? Il ne communiquait pas en langage humain, les policiers n'entendraient que des cris : « Absol ! Absol. Ab, ab, absooool ! ». Très convainquant, tout le monde le croirait !
En premier lieu, il devrait suivre la trace d'un Gobou tapageur afin de retrouver Johann, après quoi il le mènerait vers le laboratoire et lui rendrait son apparence humaine. Cela ne lui sembla pas compliqué, dans la mesure où le détenu haïssait son corps de pokémon. En revanche, l'accès au laboratoire serait une autre histoire, mais Absol préféra ne pas y penser pour le moment.

Il lâcha le journal et s'engouffra dans une rue touristique. Selon l'article, deux pokémon appartenant à des enfants avaient été volés, l'un dans un parc du centre-ville, l'autre dans un square à l'est, tous deux des lieux fréquentés. En arrivant vers l'espace vert du nord, Absol considéra l'équipe de policiers qu'on avait déployé. Ils couvraient toutes les issues de sorte que Johann ne put ni entrer, ni sortir sans être remarqué. Cependant, les forces de l'ordre recherchaient un homme, non un pokémon. Aussi Absol ne fut-il pas surpris d'entendre des cris d'appel à l'aide. Bientôt, un Couaneton s'envola. Absol eut un instant d'hésitation. Il était certain de rechercher un Gobou, pourtant, il avait vu la pokéball que l'oisillon tenait dans son bec. Il tourna la tête, deux policiers s'élançaient déjà à la poursuite du chapardeur. Il résolut de les suivre.

***

Il s'affala sur le sol, vidé de toute son énergie. Il avait parcouru la ville, du nord au sud, sur les talons de ces deux policiers. Ce qu'ils couraient vite, pour des humains ! Il les avait observés, commencer à fouiller les docks, à les « passer au peigne fin », comme ils disent. À présent, il n'avait plus de forces. Ses pattes refusaient obstinément de bouger. Johann et sa bande de pokémon attendraient…
Il fut sur le point de s'endormir, lorsque des liens enserrèrent son cou. Très vite, Absol tenta d'agir. Il respirait déjà avec difficultés, tandis que l'étreinte d'un Héliatronc s'intensifiait, dans l'objectif clair de le tuer. Absol tenta une morsure, mais il ne put tourner la tête. Il essaya de griffer, mais ses pattes ne rencontrèrent que le vent. Il ne reconnut pas sa propre voix lorsqu'il parvint à articuler :

- Jo… Jo… Hann… Johann, arrête !
- Tu vas oublier Johann, d'accord ? Oublie le, ou la prochaine fois, je te tue pour de bon !

L'étreinte se desserra tandis que le quadrupède blanc fut pris de quintes de toux. Il respira l'air à pleine gorge et se remit debout. Déjà, il voyait le Héliatronc disparaître. Il fut tout à fait réveillé à présent. Oubliant la douleur dans ses pattes, il se mit à courir en direction du front de mer, où un hangar engloutit son ennemi. Combien de complices Gobou avait-il trouvé ? Trois, quatre ? Il compta mentalement. L'article mentionnait un Poichigeon, il avait vu un Couaneton s'envoler, et un Héliatronc l'avait menacé, cela faisait au moins trois acolytes.
En entrant, il découvrit une immense pièce sombre, où les cartons s'amoncelaient du sol au plafond. Des conteneurs attendaient patiemment leur livraison prochaine vers des régions lointaines. Absol tournait la tête en tout sens avec angoisse. Dans ce labyrinthe de marchandises en tout genre, ses ennemis pourraient le mettre KO facilement. Il devrait avancer avec la plus grande prudence, guettant le moindre son, anticipant la moindre embuscade. Il sursauta en percevant un craquement derrière lui, et bondit en avant tandis que des flammes léchèrent le sol. Il prépara une Danse-lames tout en découvrant son adversaire, mais Darumarond bondissait déjà avec une nouvelle attaque Calcination. Absol l'esquiva et se renforça de reflets, qui eurent l'effet escompté. Pendant que l'adversaire se débattait avec les leurres, Absol lui assena une morsure.

Le combat fut trop facile au goût d'Absol, qui se recula en hâte afin d'analyser la situation. Pourquoi les autres complices ne se montraient-ils pas ? Où était passé Johann, dans son corps de Gobou ? Darumarond se releva, jura, puis sortit une pokéball d'un sac derrière son dos, qu'Absol n'avait pas remarqué. Immédiatement, l'adversaire se nappa de blanc et sa forme changea, comme s'il évoluait. À la place du Darumacho qui aurait dû se matérialiser, un Héliatronc se forma. Absol comprit aussitôt, ses yeux s'illuminèrent.

- Incroyable, balbutia-t-il. Johann ! Johann, c'est bien toi ! Gobou, Poichigeon, Couaneton, Darumarond et Héliatronc, tous ces pokémon sont toi n'est-ce pas ?

Héliatronc suspendit ses Fouets-lianes. Absol poursuivit en chancelant sous l'émotion :

- Ça alors, c'est extraordinaire ! Jamais je ne me serais attendu à des résultats pareils, c'est tout bonnement…

La phrase resta en l'air tandis qu'il fut plaqué au sol, étranglé par Ligotage.

- C'est toi ! Fit Héliatronc dans une colère noire. Qui es-tu, saleté de scientifique ? Que m'as-tu fait ? Qu'est-ce que tu m'as fait ? Dit-il en hurlant.

Absol ne put prononcer un mot. Son visage déjà bleu devint plus pâle encore.

- Je vais te tuer, repris Johann. Je vais te tuer de mes propres lianes.

Si Absol ne parlait pas maintenant, s'il ne convainquait pas son assaillant dans les secondes qui suivraient, il mourrait là, dans ce hangar, au milieu des conteneurs. Dans un ultime effort, il tenta d'émettre un son. Il eut le sentiment de s'égosiller, d'hurler tant et plus que ses poumons allaient exploser, mais il ne produisit qu'un filet de voix aigue.

- Je peux… Je peux te rendre… Ton apparence… Humaine.

Après quoi, ce fut le noir.

***

De l'air pur entra en lui avec la bienfaisance de l'Aromathérapie. Était-il mort ? Était-il monté au paradis des Absol – ou des scientifiques ? Il réalisa en toussant longuement, qu'il était toujours en vie. Sur le toit du hangar, la vue du port de Volucité sous un coucher de soleil ardent se voulait rassérénant. Quand il posa les yeux sur le pokémon à ses côtés, il fut pris d'un soudain élan de méfiance : il avait failli mourir, après tout.

- Reprenons tout à zéro, dit Johann, en se rapprochant dangereusement du bord du toit. Je veux la vérité. Si tu mens, je le saurai. Qui es-tu ?

Absol hocha la tête. Il ne voulut rien cacher au bandit, car il entrevoyait une perspective nouvelle à, non pas ce qu'il qualifierait d'amitié, mais à leur entente.

- Je m'appelle Erick Frobisher. Je suis – ou plutôt j'ai été – un scientifique au service de la Team Plasma. C'est bien de là que vous venez, vous aussi, n'est-ce pas, la Team Plasma ?
- C'est moi qui pose les questions, dit calmement Johann en continuant son numéro de funambule. Travailliez-vous au laboratoire du pénitencier ?
- Non. Ce laboratoire là était obsolète. De plus, on y pratiquait des choses avec lesquelles j'étais en désaccord. Il a été abandonné le jour où j'ai commencé à travailler pour vos supérieurs. J'avais mon propre appartement de fonction.
- Sur quoi travailliez-vous ?

Absol inspira longuement, ils en étaient arrivés à la question fatidique. Johann savait, par expérience fortuite, quel fut le sujet de ses recherches, mais il sembla préférer une réponse sortant de sa propre bouche.

- Je travaillais… Commença-t-il. L'objectif de mon travail n'était autre que d'atteindre l'harmonie parfaite entre pokémon et humains. Je voulais que chacun puisse comprendre l'autre, le ressentir jusque dans sa propre chair…
- Suffit, s'emporta Johann. Pas de beaux discours, je veux savoir quel était l'objet de vos petites expériences !
- La transformation d'humain à pokémon et de pokémon à humain, dit sèchement Absol.
- Continuez.

Le scientifique expliqua comment, d'une simple observation de la nature, les chercheurs avaient étudié de quelle manière Metamorph parvenait à prendre l'apparence de tout autre pokémon, ou encore par quel moyen Zorua et Zoroark pouvaient entretenir l'illusion de la métamorphose. Ses prédécesseurs en avaient conclu à la présence d'une hormone particulière, présente chez ces types de pokémon. Des expériences génétiques avaient alors pris place dans l'ancien laboratoire du pénitencier, pratiques que désapprouvait entièrement Erick, puisqu'elles visaient des pokémon encore vivants ainsi que des cobayes humains détenus. Ces expériences n'avaient d'ailleurs jamais fonctionné, occasionnant de sévères troubles par la suite, du côté des pokémon autant que de celui des Hommes. Erick avait travaillé uniquement à partir de molécules synthétiques. Pendant des années, il avait essentiellement testé ses dosages sur des plantes.
Les recherches n'avaient montré absolument aucun résultat, jusqu'au jour où Erick avait réalisé que sa solution moléculaire n'était pas en cause, mais le mode opératoire de son expérience. Il l'avait observé involontairement lorsque, un jour que la baie vitrée derrière son bureau était ouverte, la brise avait déplacé une baie Ceriz qui était entrée en contact avec une baie Oran, et en avait pris immédiatement la forme. Ainsi, on pourrait prendre la forme du pokémon de son choix, à condition de le toucher. Une seule goutte du sérum suffisait pour se mettre dans la peau d'un pokémon et comprendre comment il fonctionnait. C'était un pas de géant pour la science ! Lorsque la goutte était tombée sur la langue d'Erick, son pokémon avait bondi, l'enserrant de ses pattes avant. L'homme n'avait pas compris ce que voulait son ami, mais il était déjà trop tard : le sérum s'était fondu en lui et il était entré en contact avec Absol.

- Il s'est alors produit quelque chose que je n'avais pas prévu, dit Erick. Au lieu de prendre la forme de mon pokémon, nous avons tous les deux fusionné. Je suis mon Absol, mon Absol est moi.
- D'accord, fit Johann, pensif. Et moi dans tout ça ? Je peux me changer en pokémon indéfiniment pourvu que je le touche, même en posant ma patte sur une pokéball fermée, ça se produit !
- C'est pour ça que tu as volé les pokéballs de ces enfants et que tu les garde dans ce sac ?
- Ouais… Mais ces pokémon sont trop faibles, j'en ai ma claque. Je n'aurais jamais dû quitter le Gobou du gardien. Lui, il était pas si mal. Mais toi, lança-t-il en tournant son regard vers Absol, tu as dit tout à l'heure que tu pourrais me rendre mon apparence humaine ?
- Tout à fait.
- Alors voilà le plan : on va à ton appartement, tu me rends mon apparence, tu récupères la tienne et on se quitte bons amis, sans dénonciation à la police de la part de personne. Qu'en penses-tu ?

Absol acquiesça. C'était exactement ce qu'il avait prévu.