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J'aurais voulu être... de Soundlowan



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» Auteur : Soundlowan - Voir le profil
» Créé le 28/01/2014 à 00:04
» Dernière mise à jour le 22/03/2024 à 10:30

» Mots-clés :   Amitié   Aventure   Région inventée   Slice of life

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Chapitre 3 : Et créer des liens pas à pas
La dresseuse sent un souffle chaud sur sa joue. Elle entend également un doux grondement, mais n'a certainement pas envie de se lever de si bon matin. C'est au tour de Maud de grogner, elle s'agite dans son sac de couchage et se retourne afin d'échapper à la créature qui tente de la faire émerger du sommeil.
La stratégie de Maud ne fonctionne absolument pas. Au lieu d'un simple courant d'air chaud, elle a soudain la sensation d'une peau rugueuse et dure comme la pierre qui vient se frotter contre elle. Shrinia ne parvenant pas à faire se lever sa dresseuse avec douceur, la rhinocorne commence à secouer véritablement Maud. Gênée par le mouvement de sa corne, la pokémon ne parvient néanmoins qu'à bercer l'humaine bien décidée à se rendormir.
- Tu sais, lance Lucien déjà prêt, la coutume veut qu'on se lève tôt lorsqu'on est en voyage initiatique.
- Coutume stupide, grommelle Maud.

Elle accepte pourtant de se lever sur l'insistance de Shrinia, bien décidée à ne pas la lâcher. Pendant que Lucien rassemble ses affaires non loin, Maud s'étire puis observe son environnement.
Quelques mystherbes s'enfouissent dans le sol pour la journée, à l'ombre des arbres bordant la clairière. Le dresseur expérimenté a expliqué à la débutante que certains pokémons, notamment les mystherbes dans la forêt, ne se montrent que la nuit. D'autres espèces sont considérées comme rares, car bien moins faciles à rencontrer même dans leur habitat naturel.
- Quand tu seras prête, j'ai quelque chose à te montrer ! poursuit Lucien.
- J'arrive, j'arrive...

Maud se prépare avec plus d'entrain, curieuse de découvrir ce que son collègue souhaite lui dévoiler. Les sacs sont bientôt prêts, les pokémons aux côtés de leur dresseur respectif. Vipelierre est moins nonchalant que la veille, il semble vouloir marcher cette fois. Il garde également un œil méfiant sur Shrinia, qui pour sa part est moins craintive vis-à-vis du pokémon plante.
Lucien ouvre la marche, conduisant toute la troupe sur le bon chemin pour sortir de la forêt. Maud sait qu'il leur reste encore deux jours à passer sous les arbres et se félicite que sa rhinocorne ait affronté sa peur des attaques plantes. Grâce à son combat remporté Shrinia est plus détendue, elle ne répugne même pas à laisser s'approcher d'elle des rozboutons qui se trouvent en abondance dans les environs. Les deux dresseurs s'enfoncent de plus en plus loin dans les sous-bois, où se dissimulent quantité de pokémons belliqueux n'attendant qu'une occasion pour se battre. Lucien choisit ce moment pour revenir à ce qu'il veut montrer à Maud.
- Si je me souviens bien de ce que tu m'as dit, commence l'assistant pokémon, tu connais toute la théorie sur la capture d'un pokémon sauvage.
- C'est ça, confirme l'adolescente, même si je n'ai jamais eu l'occasion d'expérimenter en pratique bien entendu. J'ai juste fait quelques simulations dans mon école, je suis allé jusqu'à la capture d'un « pokémon dragon massif ».
- Tu as dû faire un peu plus qu'une poignée de simulations pour parvenir à ce niveau, relève Lucien. Quel pokémon était-ce ?
- Un drattak holographique.
- Impressionnant ! Je n'ai donc pas grand-chose à t'apprendre je suppose, néanmoins j'aimerai te faire une démonstration avant que tu n'essaies. Le temps de trouver le pokémon adéquat... ah, voilà !

Devant les dresseurs vient de surgir un coxy. Vipelierre se place immédiatement devant son dresseur, adoptant une posture de défi qui provoque l'adversaire et l'incite à rester se battre.
- Tu vois ? C'est un pokémon insecte, il est donc naturellement fort contre Vipelierre, commente Lucien. Si je parviens à le capturer, j'aurai une équipe un peu plus équilibrée. Ensuite je capturerai un pokémon fort ou faible face à un autre des miens, et ainsi de suite jusqu'à avoir six coéquipiers aux types parfaitement équilibrés les uns par rapport aux autres. C'est comme ça qu'on se prépare à affronter toutes sortes d'ennemis sans partir lésé par un trop gros désavantage.

Maud connaît également toutes les composantes d'une équipe stratégiquement équilibrée, en théorie. Elle boit pourtant les paroles de son aîné, avide de voir les applications pratiques de ses acquis universitaires. Vipelierre attend toujours les ordres de son dresseur, mais Coxy prend soudain l'initiative. L'insecte fonce du ciel vers le pokémon plante, qui esquive la Charge furieuse d'un bond.
Sous les encouragements de Lucien, le pokémon dressé réplique par une Charge identique qui elle, atteint sa cible. Coxy vole à plusieurs mètres, il en profite pour s'éloigner de quelques battements d'ailes. Les deux adversaires se toisent, reprenant leur souffle. Coxy fonce de nouveau, chargeant avec furie.
Cette fois l'attaque est mieux calculée, elle percute Vipelierre de plein fouet. Bien qu'il semble sonné, le pokémon de Lucien se reprend vite pour lancer à son tour une Charge. L'attaque atteint l'insecte, qui s'écrase au sol. Il semble avoir désormais plus de mal à se relever, faisant une cible facile.
- C'est le moment ! décrète le dresseur.

Il appuie sur le bouton de la ball qu'il gardait miniaturisée dans sa main, lui rendant sa taille initiale. Lucien envoie la sphère vers le coxy, le rayon rouge happe le pokémon sauvage à l'intérieur. Vipelierre reste sur ses gardes, attendant de voir si la capture est réussie. La ball s'agite une première fois, une deuxième, une troisième. Finalement, elle s'immobilise.
- Et voilà ! s'exclame l'assistant. Affaiblir un pokémon sauvage est la meilleure façon de réussir sa capture. Certaines balls spécifiques sont également plus efficaces en fonction des circonstances, mais tu t'en rendras vite compte par toi-même.

Lucien s'empare de la poké ball fermée sous le regard empli de fierté de Vipelierre. Le dresseur félicite ensuite son pokémon qui a réussi à affaiblir Coxy. Maud et Shrinia observent avec intérêt le jeune homme faire sortir son nouveau Coxy de sa ball, puis soigner à l'aide de potions diverses ses deux pokémons. Enfin, ils se remettent tous les cinq en route.


- Allez Maud, vas-y !

Lucien encourage de son mieux l'adolescente qui s'apprête à livrer son premier combat contre un pokémon sauvage. Shrinia s'est placée entre sa dresseuse et le chrysacier qui vient de tomber d'un arbre. Lucien s'est assis un peu à l'écart pour observer, laissant ses deux pokémons sortir pour l'occasion. Il explique à Coxy comment se déroule un match entre deux dresseurs, pendant que Maud engage le combat.
- Shrinia, utilise Koud'Korne !

La rhinocorne fonce à toute vitesse sur le chrysacier, qu'elle percute de plein fouet. L'insecte recule sous la violence du choc, puis se contente pour toute riposte de durcir son cocon à l'aide d'Armure. Ce manège se reproduit encore deux fois, Shrinia usant de Koud'korne et son adversaire d'Armure, avant que l'insecte ne soit projeté dans un buisson proche par un ultime assaut. Chrysacier ne se relève pas, le combat se termine aussi vite qu'il a commencé.

Lucien félicite Maud, ses pokémons lancent des cris joyeux à l'attention de Shrinia. Si la pokémon au corps de pierre est heureuse d'avoir eu le dessus, elle ne paraît pas aussi enthousiaste qu'elle le devrait. Maud s'en aperçoit, et décide de parler à Shrinia avant qu'ils ne se remettent en route. Lucien fait semblant de ne rien remarquer en rappelant ses deux pokémons.
- Écoute Shrinia, commence Maud. Je sais que ce n'était pas un combat très difficile, surtout après celui que tu as livré contre Vipelierre hier. Mais tu peux quand même être fière d'avoir gagné tu sais ? Après tout c'était ton premier combat contre un pokémon sauvage, et tu l'as remporté ! C'est bien ça, non ?

Shrinia ne semble toujours pas convaincue, bien qu'un peu rassurée par ce que lui dit sa dresseuse. Lucien s'est mis à fouiller méticuleusement son sac à la recherche d'un objet inconnu et surtout parfaitement imaginaire.
- Disons que pour l'instant ce n'est qu'un entraînement, d'accord ? Tu perfectionnes ta technique avec des adversaires que tu peux vaincre facilement, pour que tu puisses gagner même contre des pokémons très forts ensuite ! Comme Vipelierre que tu as battu, même si tu n'avais pas l'avantage.

Maud réussit cette fois à convaincre sa rhinocorne, qui reprend la route avec plus d'enthousiasme.
Durant les quelques heures qui suivent, Shrinia apparaît même motivée pour combattre tous les insectes et autres pokémons plantes qui se mettent en travers de leur chemin. Vipelierre lui, se contente de laisser faire la pokémon roche et sol sans intervenir. Lucien également ne semble pas être un grand praticien de l'entraînement régulier. Il se contente de guider le groupe, n'hésitant pas une seule fois sur la route à prendre. Maud est très impressionnée, elle qui oublie la plupart du temps que l'assistant à déjà parcouru la région dans son entier au moins une fois.


Le feu danse joyeusement au centre de la clairière. Alors que Shrinia et Maud profitent de sa chaleur étendues sur le sol, la dresseuse adossée contre la rhinocorne, Vipelierre comme Coxy restent le plus loin possible des flammes. Lucien s'en est amusé avant de les laisser tranquilles.
Maud commence à s'assoupir, le ventre alourdi du dîner copieux qu'ils viennent de finir. Shrinia bat également des paupières, prête à sombrer dans le sommeil. La dresseuse note pourtant le regard mélancolique, douloureux, de Lucien occupé à alimenter le feu avec une attention presque maniaque. Qu'est-ce qui pouvait donc le rendre si songeur après une journée pareille, où il avait même capturé un nouveau pokémon ?
- C'est au cours de ton précédent voyage que tu as appris à faire du feu aussi vite ? demande Maud sans savoir d'où lui vient la question. Je trouve ça drôlement pratique.
- De mes deux voyages tu veux dire, corrige Lucien. Oui, c'est en visitant la région que j'ai trouvé la technique.

La dresseuse débutante est ouvertement admirative, elle ne pensait pas que l'assistant avait déjà dû faire le tour d'Amandéternelle deux fois. Un seul voyage prend déjà des mois, alors partir à deux reprises... Quoiqu'il a sans doute été plus vite la seconde fois, fort de son expérience précédente.
Il a également eu le temps de se faire autant d'ennemis que d'amis, de se forger des souvenirs douloureux aussi nombreux que ceux qui restent joyeux. Est-ce une ancienne blessure qui le taraude ce soir ? Maud ne sait pas comment le pousser à se confier, fort heureusement elle n'a pas à chercher bien longtemps. Le jeune homme semble avoir envie de parler, il poursuit son récit.
- Tu sais avec un pokémon de type feu dans son équipe, on apprend rapidement comment obtenir de belles flammes.
- Un pokémon de type feu ? répète mécaniquement Maud, doucement de peur d'avoir mal compris.

À voir Coxy comme Vipelierre se terrer loin du foyer, la dresseuse ne comprend absolument pas de quoi il parle. Si Coxy ne semble pas en savoir davantage, Vipelierre se crispe en entendant Lucien. L'insecte interroge le serpent végétal de quelques cris, auxquels son coéquipier ne daigne pas répondre. Vipelierre se contente de désigner d'un geste son dresseur, qui s'apprête à reprendre la parole. Lucien se racle la gorge, hésite encore, tisonne les braises à l'aide d'un bâton long et se lance enfin.
- Oui, mon premier pokémon est un limagma, Zarur. Ils l'ont pris lorsqu'ils ont saccagé le laboratoire du professeur Frêne.
- Je suis désolée, murmure Maud penaude.

Elle n'avait certes pas l'intention de réveiller de pareilles images dans l'esprit de l'assistant. Vipelierre surmonte comme il peut sa peur des flammes pour venir enlacer la jambe de son dresseur, le réconfortant de son mieux. Si Lucien demeure sombre et n'approfondit pas, Maud dévorée de curiosité brûle d'en apprendre davantage sur l'attaque du laboratoire. Elle hésite, se ravise, puis finalement ose poser la question.
- Qu'est-ce qui s'est passé ce matin-là ? Avant que nous arrivions tous pour recevoir nos pokémons ?

Lucien la fixe quelques secondes, le visage lisse et sans expression. La jeune dresseuse regrette d'avoir ouvert la bouche, mais il ne semble pas lui en tenir rigueur et lui répond finalement. Sa voix a des accents douloureux cette fois, alors qu'il fixe la lueur du feu pour ne pas croiser son regard.
- Nous venions de commencer notre travail, chacun à son poste habituel. Le professeur avait besoin d'un nouveau spécimen de test, et j'allais me mettre en route avec toute mon équipe. Tout à coup une partie du mur d'enceinte a explosé, et des dizaines d'hommes en noir sont entrés par l'ouverture. Ils se sont mis à capturer les pokémons du jardin, qui n'ont pas fui assez vite. Certains ont essayé de leur résister en combattant, mais leurs propres pokémons étaient beaucoup plus forts que ce que nous aurions imaginé. Ils utilisaient des attaques étranges, des rayons et de la brume noirs pour la plupart, et se comportaient comme des pantins sans âme. Nous avons commencé à combattre, mais la force inexplicable de ces pokémons nous a rapidement submergés. Le professeur a été le premier à succomber, Madeline a résisté plus longtemps. Elle m'a vraiment impressionné, j'ignorais qu'elle savait si bien se battre. Mais elle a fini par capituler à son tour, chaque fois que nous remportions un combat un nouvel adversaire arrivait pour prendre la place du vaincu. Ils nous ont eu à l'usure, et lorsque j'ai vu que j'étais le seul de nous trois à ne pas avoir encore perdu j'ai compris que je n'y arriverai pas sans aide. Les hommes en noir se sont emparés de tous les sujets de laboratoire, y compris les œufs, ont confisqué les poké balls du professeur et de Madeline et ont fini par s'emparer des miennes. J'ai juste eu le temps de cacher celle de Vipelierre dans la doublure de ma veste, heureusement ils n'ont pris que celles de ma ceinture et n'ont pas cru bon de me fouiller. Ensuite ils ont piraté toutes les données du professeur Frêne, ont détruit le contenu de nos ordinateurs ou les machines elles-mêmes et sont repartis. L'attaque a duré moins de vingt minutes je pense.

Maud ouvre de grands yeux au fur et à mesure de ce récit, abasourdie qu'une telle chose puisse arriver. Des actions criminelles de cette ampleur ne s'étaient pas produites à Amandéternelle bien protégée par les puissantes fortunes installées dans la région autant que par les autorités officielles, même les années où la Team Rocket faisait des ravages dans les régions voisines. Hors tout le monde s'accorde encore aujourd'hui à le dire, l'organisation criminelle la plus redoutable ayant sévi est bien la Team Rocket. En tout cas c'est le cas à Johto, Kanto, Hoenn et Sinnoh où les autres criminels répertoriés n'ont jamais été aussi dangereux.
- Malgré tout l'entraînement que j'ai fait subir à mes premiers pokémons, je ne leur ai pas évité de se faire enlever... ajoute dans un souffle Lucien qui semble au bord des larmes. Cette fois, je vais faire les choses différemment. Et je retrouverai Zarur, et tous les autres !

Alors que le dresseur est abattu depuis le début de la conversation, il s'anime soudain en prononçant cette dernière phrase qu'il hurle presque. Ses yeux lancent des éclairs, il ne s'apitoie plus mais promet une vengeance à la hauteur du crime commis. Maud déjà très attachée à Shrinia, comprend les sentiments qui animent son collègue.
Néanmoins elle note également le regard non plus compatissant mais peiné de Vipelierre, resté tout près de son dresseur en luttant courageusement contre sa peur du feu. La dresseuse remarque que non seulement Lucien n'a pas évoqué les pokémons qu'il lui reste dans ses projets, mais qu'en plus ni Vipelierre ni Coxy ne se sont vus renommer contrairement au limagma disparu. Le pokémon plante l'a parfaitement compris lui aussi, il retourne s'allonger auprès de Coxy sans un bruit.
Lucien quant à lui, est déjà retombé dans son étrange apathie. Il conseille à Maud de s'endormir rapidement pour ne pas être fatiguée le lendemain, lui souhaite une bonne nuit et s'allonge en se retournant. La discussion se termine donc ainsi, sèchement.
La dresseuse décide de suivre le conseil de son aîné, et imite Shrinia en fermant les yeux. Elle n'a même pas besoin de son sac de couchage, profitant à la fois du feu ronflant et du ventre délicieusement tiède de sa rhinocorne contre lequel elle s'endort après quelques instants.


Le lendemain est exactement identique au jour précédant. Toute la petite troupe avance sous le couvert rafraîchissant des arbres, régulièrement assaillie par un pokémon insecte ou plante un peu trop téméraire. Vers le milieu de l'après-midi, même Maud est lassée de les combattre et Shrinia se contente désormais d'écarter de leur route les adversaires les plus insistants. Lucien lui est plus renfermé depuis leur conversation autour du feu de camp, dont aucun des deux humains ne reparle. Il se contente de les guider à travers la forêt sans une hésitation, perfectionnant parfois la technique de ses pokémons contre un ennemi particulièrement coriace.
Le soir venu, Maud parvient à se détendre avec son compagnon de route en évoquant des sujets moins graves que la veille, tels que la suite de leur voyage ou l'entraînement d'une équipe équilibrée. Malgré tout son savoir théorique, la nouvelle dresseuse constate au fil des jours que le terrain n'est pas la carte, et que la plupart de ses estimations sur la façon de dresser un pokémon sont à revoir. Elle nettoie également pour la première fois la peau de Shrinia en délogeant les impuretés sous les plaques rocheuses, ce qui déclenche un ronronnement de la rhinocorne. Sans doute conscient de les avoir négligé lors de leur précédente soirée, Lucien porte une attention toute particulière à ses pokémons et s'installe loin des flammes pour ne pas qu'ils en aient peur en s'endormant près de leur dresseur.

Ce n'est que le jour suivant qu'ils sortent enfin de la forêt, permettant à Maud de découvrir une plaine verdoyante plus semblable aux paysages dont elle a l'habitude. Au loin, elle aperçoit également une petite montagne qui ne doit pas excéder les mille pieds de hauteur, au sommet auréolé de nuages. La dresseuse croit également y voir un flanc lumineux, sans pouvoir s'expliquer ce phénomène.
- La ville de Bourgmine est située sur le flanc de cette montagne, de l'autre côté. Tu contemples pour le moment la cascade qui forme le lac Belvol, bien plus bas. Le soleil qui se reflète dans l'eau donne cet aspect féerique à la paroi rocheuse. Bien, nous allons essayer d'atteindre les abords du lac avant la nuit, comme ça nous serons dans les temps pour rejoindre nos lieux de missions avant la fin de la semaine.

Si Shrinia s'est montrée intéressée d'apprendre qu'elles devaient se rendre dans une ville haut dans la montagne, la pokémon se montre beaucoup moins enthousiaste en comprenant qu'ils se dirigent tous vers un lac. Maud note le mouvement de recul de Shrinia, mais ne fait aucun commentaire pour le moment et se contente de suivre Lucien et ses pokémons.
Comme Lucien l'avait prévu, la journée leur est nécessaire pour atteindre le lac Belvol. En chemin elle admire le vol des roucools et la course des fouinettes dans l'herbe autour d'eux. Bien entendu elle n'oublie pas son rôle de dresseuse, faisant combattre Shrinia à la première occasion contre ces adversaires d'un nouveau type. Les affrontements gagnent d'ailleurs en intérêt après ceux contre les insectes, sans compter le moment où des laporeilles extrêmement agiles se sont ajoutés à leur tableau de chasse.

Ce n'est qu'en fin d'après-midi, alors que le soleil se couche à l'horizon, que les deux dresseurs et leurs trois pokémons parviennent enfin au lac Belvol. Le disque rouge disparaissant pare la nature de couleurs splendides, embrasant la cascade que Maud non seulement voit de près mais en plus entend. Ils sont pourtant encore loin de la chute d'eau, le bruit doit être assourdissant à son pied.
Elle contemple la surface miroitante du lac, près duquel jouent encore quelques enfants avec ou sans pokémons pour leur tenir compagnie. Les parents qui les accompagnent leur disent les uns après les autres qu'il est l'heure de rentrer, d'autres pokémons plus imposants les attendant pour les aider à regagner la ville. Maud voit, émue, une petite fille serrer fort dans ses bras un ceribou tout sourire avant de courir rejoindre sa mère.
Les deux assistants s'approchent du lac alors que les enfants désertent peu à peu les lieux, jusqu'à se retrouver à quelques mètres de l'eau.
- Envie de te délasser, Maud ? propose Lucien. À cette heure la température est idéale pour se baigner.
- Bonne idée ! Le temps d'enfiler mon maillot et j'arrive.

À ce moment Shrinia, qui était restée étonnamment silencieuse alors qu'ils se rapprochaient du bord, émet une plainte sourde et commence à trembler. Sa dresseuse fronce les sourcils, inquiète, et se met à genoux pour se rapprocher de la rhinocorne. Elle tente de comprendre ce qui ne va pas, de la rassurer, de lui montrer que l'eau n'est pas un danger en trempant ses doigts dans une flaque, mais Shrinia refuse de s'approcher davantage du lac.
- Shrinia, tu as donc si peur de l'eau ?
- Une peur parfaitement justifiée, intervient Lucien. Regarde un peu où sont ses voies respiratoires, sa tête est l'une des premières parties de son corps à être immergée si jamais elle entrait dans l'eau. De plus les pokémons roches ne sont pas connus pour être de bons nageurs, pour peu que le bord soit abrupt il lui sera très difficile de sortir à temps. Shrinia peut se noyer bien avant de perdre pied, n'a-t-elle pas raison de se méfier ?

Maud observant l'anatomie de sa pokémon, admet bien volontiers que l'assistant a raison une fois de plus. Elle ne tente donc plus de convaincre Shrinia de se rapprocher de l'eau, alors que la rhinocorne parvient enfin à retrouver un semblant de calme. La dresseuse s'installe près de la pokémon roche, choisissant d'observer le jeu de Lucien et de ses pokémons dans le lac, au lieu d'y prendre part. Shrinia commence à ronronner, berçant Maud qui caresse machinalement la peau de roche.
Lorsque le soleil a presque disparu pour laisser place à la nuit, Lucien revient près de l'adolescente et lui annonce qu'ils camperont ici. La dresseuse qui sentait déjà la fatigue venir, est ravie de la décision. Les deux jeunes gens allument le feu, préparent le dîner et l'avalent en moins d'une demi-heure. Il leur faut autant de temps pour prendre soin de leurs pokémons, avant de n'échanger qu'une poignée de phrases et s'endormir sous le ciel désormais étoilé.


Après une autre nuit en pleine nature et une nouvelle matinée de marche, les deux assistants du professeur ont laissé derrière eux le lac Belvol pour suivre la route principale. Lorsqu'elle se divise en deux parties distinctes à un croisement fréquenté, Lucien se tourne vers Maud.
- Bien, c'est ici que nos chemins se séparent. En allant à gauche tu devrais arriver à Bourgmine avant la nuit, mais je te préviens il faut aimer l'escalade. Quant à moi je dois prendre le chemin de droite pour gagner le temple d'Arceus, alors bonne chance pour la suite de ton voyage Maud. Tu te souviens de ce que je t'ai dit à propos de l'hébergement ?
- Toutes les maisons portant ou montrant une poké ball sur la façade accueillent les dresseurs en voyage, récite religieusement la dresseuse, et leur offrent gratuitement l'hospitalité.
- Tout à fait, approuve Lucien. Si tu en as assez de dormir à la belle étoile, cherche une poké ball. Bien, nous ne voyagerons plus ensemble à partir de maintenant mais crois-moi, nous nous reverrons ! J'ai une revanche à prendre après tout !

L'assistant dit cela avec un clin d'œil, puis tend la main à Maud avec une pointe de solennité qui lui donnerait presque envie de rire. Elle la serre pourtant, puis regarde Lucien s'éloigner le long de la route avant qu'il ne soit soustrait à sa vue par d'autres voyageurs sans doute en pèlerinage. Alors la dresseuse se tourne vers la direction opposée, Shrinia à ses côtés.