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For a New World de Maski



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» Auteur : Maski - Voir le profil
» Créé le 05/11/2013 à 22:26
» Dernière mise à jour le 27/06/2016 à 16:56

» Mots-clés :   Aventure   Organisation criminelle   Présence d'armes   Présence de personnages du jeu vidéo   Région inventée

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11 – Une mélodie pour soigner
'' Il est rapide ! '' observa la jeune Ranger.
Elle voulut le retarder, l'empêcher d'arriver jusqu'à Panéma mais le chasseur courait bien plus vite qu'elle et avait déjà une bonne longueur d'avance.
Il passa comme une tornade à côté de Lunick, qui s'était rapproché pour crier à ses amis de déguerpir. Pris au dépourvu, l'adolescent ne put rien faire.

Panéma était comme pétrifiée. Dans ses bras, le Myota voyait parfaitement le chasseur arriver sur eux. C'était comme le jour où il avait été arraché à sa mère. Un homme l'avait violemment agrippé et jeté au dehors de la cage froide et menaçante qu'il avait toujours connue. Il avait jeté de la même façon ses frères et sœurs avant d'empoigner leur mère par la peau du cou.

Ensuite, en la secouant sans ménagement, il l'avait jetée par terre et abattu sur elle quelque chose de brillant qui avait sifflé dans l'air avant de disparaître dans un jet d'eau rouge. Celle qui coulait de son corps et de celui des autres Pokémon enfermés lorsque les hommes les frappaient trop forts.

Juste avant, sa mère avait poussé un long cri plaintif. Un cri qui avait fait vibrer l'air et s'agiter les oreilles du jeune Pokémon.
Quelques secondes après, une horde de Pokémon sauvages semblables à sa mère, avait déboulé de nulle part. Certains d'entre eux attaquaient les humains, tandis que d'autres essayaient de libérer les Pokémon prisonniers.

Quelques uns de ces Pokémon sauvages s'étaient approchés des petits Myota et les avaient emportés, loin des cages, loin des hommes. Dans un endroit avec beaucoup d'eau et beaucoup de nourriture. Un endroit où on ne voyait jamais aucun être humain, dont lui avait parlé sa mère.
Lui, les hommes l'avait emporté avec d'autres Pokémon. On l'avait attrapé et balancé dans une cage toute nouvelle et toute petite, loin des Pokémon sauvages.


Si sa mère était encore là, elle le protégerait. Quand il avait peur, quand il avait l'impression que personne ne pouvait le rassurer, il se recroquevillait sur lui-même. Dans la cage sombre, même si la vie était dure, qu'il faisait froid et qu'il était terrorisé par les hommes, il se sentait en sécurité, la tête enfouie dans le pelage de sa mère. Elle le rassurait quand le vent sifflait d'un ton effrayant en lui léchant la tête ou le dos.

La tristesse qui était enfouie tout au fond de ses souvenirs remonta. Il revit le moment où l'homme empoignait sa mère. Et il se souvint. Lorsque l'objet brillant avait fendu l'air, il avait hurlé.

« MYYYYYYYY !!! »

L'air vibra si fort que le chasseur au chapeau chinois s'immobilisa. Les mains sur les oreilles, il résistait comme il le pouvait pour ne pas être repoussé. Tous l'imitèrent, sauf Panéma car le Myota était contre elle.

Le Pokémon Eau s'arrêta brusquement, surpris. Il venait de se rendre compte qu'il avait vraiment hurlé. Il observa avec des yeux ahuris les humains et les Pokémon se relever.

« ... Echo … ?! fit Panéma, ébahie, il a utilisé Echo !! »

Toujours aussi vive, Sam fut la première à reprendre ses esprits.

« Panéma !! Dépêche-toi !

-Pas si vite ! »

Le chasseur au chapeau chinois se releva à la vitesse de l'éclair.

« Posipi lance Photocopie ! Copie Echo ! »

La souris Electrique obéit. Son ennemi n'était pas assez proche pour pouvoir éviter l'attaque. L'air vibra mais cette fois, les Rangers purent bouger. Ils n'allaient pas vers la source de l'attaque. Les vibrations ne leur posaient donc pas beaucoup de problèmes pour se déplacer et ils étaient suffisamment loin pour ne pas être trop atteints.

Sam se retourna pour s'assurer que l'attaque n'empêchait pas Panéma de les rejoindre. Tenant le Myota d'une seule main, elle se bouchait l'oreille avec l'autre du côté d'où provenait l'attaque. Négapi la suivait de près tandis que Posipi avançait lentement, sans cesser son attaque.

Pendant ce temps, Lunick aidait le crocodile à marcher.

« Désolé mais cette fois, je te laisse pas le choix ! »

Le crocodile ne dit rien. Pour cette fois, il mettrait son honneur de côté. C'était cela ou être à nouveau un esclave sans âme.

Une fois qu'il fut sûr de pouvoir s'enfuir, Posipi stoppa son attaque et se précipita vers ses amis.
Sam avait une idée pour prendre la poudre d'escampette. Inutile de penser à prendre la fuite en courant avec un Pokémon blessé. Les chasseurs les rattraperaient facilement.
Il allait falloir jouer serré. La tactique mise au point par Lunick et elle et leurs Pokémon était efficace mais il fallait agir très vite.

Lunick avait deviné l'idée de son amie et lança les hostilités. Pour prendre la fuite, il était loin d'être le dernier !

« Négapi, Fatal-Foudre !

-Toi aussi Posipi ! »

Les Pokémon obéirent. Des éclairs fusèrent dans tous les sens à une vitesse ahurissante. Aveuglé, le chasseur au chapeau chinois ne pouvait rien faire.
'' L'ennui c'est que s'il a un peu de chance, il pourrait nous rattraper. '' songea Sam en priant en elle-même pour que cela n'arrive pas.

Soudain, le crocodile se retourna.

« Qu'est-ce que tu fais ?! » lui souffla Lunick, immobilisé.

Les yeux du crocodile se mirent à luire et projetèrent une lumière rouge vers le chasseur. Les motifs de deux yeux terrifiants se dessinèrent parmi les éclairs.

'' Intimidation ? pensa le jeune Ranger, ah ! J'ai compris ! Bien joué ! ''
Sans demander son reste, il détala à la suite de ses amis, laissant un jeune homme presque entièrement paralysé par la vision effrayante à laquelle il venait d'assister. Même lui ne pouvait résister à cette attaque.


« Je n'en peux plus ! » souffla Panéma, épuisée.

Elle se laissa tomber sur un rocher.

« Quelle journée ! ajouta Sam.

-Pfff ! Vous pourriez m'aider ? J'ai plus de force. » gémit Lunick.

Obligé de porter le Pokémon blessé sur son dos, le jeune Ranger était à présent incapable de faire un pas de plus. Sam l'aida à le poser sur l'herbe. Le crocodile s'était endormi alors qu'ils prenaient la fuite.
L'adolescent s'écroula pitoyablement au sol.
Dégoulinants de sueur, Posipi et Négapi s'effondrèrent. A force de courir comme des dératés, leurs pattes avaient rougi. Panéma l'analysa rapidement – elle craignait que son ordinateur ne tienne pas le coup – juste pour connaître son nom : c'était un Croctout.


« Le chasseur n'a pas été tendre avec lui, déclara Sam après avoir examiné le Croctout, il est très mal en point. Il a une patte cassée et je crois qu'il va falloir l'opérer.

-Quoi ?!

-Tu es sûre ?! s'exclama Panéma.

-Regarde ça. »

Elle désigna une énorme plaie qui entaillait horizontalement les cotes du Pokémon, partant du dos jusqu'au ventre. Du sang s'en écoulait abondamment.
Panéma eut un haut-le-cœur et détourna le regard de la plaie béante.

« Elle s'est infectée. S'il n'y avait que ça, il suffirait de trouver les bonnes plantes pour désinfecter et nettoyer la plaie. Mais le problème, c'est la chose logée plus profondément, là, juste dans le coin.

-Tu crois que c'est une balle en Callier ? interrogea Lunick.

-Non, je pense que c'est plutôt un débris.

-Mais comment est-il arrivé là alors ? questionna Panéma.

-Il a dû s'encastrer dans la plaie pendant le combat contre les Marquilon ou quand on prenait la fuite, suggéra le jeune Ranger aux cheveux bleu nuit, au début, je l'aidais juste à se déplacer en le soutenant de l'autre côté. Comme on courrait, j'ai pas eu le temps de vraiment le soulever pour le porter. Je me suis pas aperçu qu'il saignait autant …

-Ce n'est pas de ta faute, lui dit gentiment la jeune scientifique.

-En tout cas il faut trouver un endroit sûr où passer la nuit, intervint Sam, il a besoin de repos et nous devons nous assurer que ses blessures ne s'aggravent pas. »


Le chasseur se baissa pour ramasser la deuxième barre en Callier. Il inspecta minutieusement les bouts.
'' Il va falloir que je la fasse réparer elle aussi. ''
Il la rangea avec l'autre sur sa ceinture et regarda le camion. L'amas de cages détruites faisait peine à voir. Cela allait coûter pas mal d'argent pour faire réparer le matériel.
'' Vraiment, défoncer du Callier avec du Callier … Ils ne se rendent pas compte des frais que cela implique. Puisqu'ils sont prêts à risquer leurs vies pour sauver ces choses, ils ne doivent pas être de la région. Alors comment se fait-il qu'ils en sachent autant sur un matériau produit et vendu uniquement à Solaris … ''

Il plissa les yeux, contrarié de ne pas savoir. Et puis le crocodile vert, il l'avait vraiment surpris. D'habitude, les attaques telles que Grimace n'avaient aucun effet sur le chasseur au chapeau chinois. Mais ce Pokémon possédait une telle force intérieure. Wizach avait renoncé à le vendre à cause de son caractère hargneux. Personne ne voudrait d'un Pokémon encore parfaitement capable de vous arracher le bras si jamais vous tentiez de le faire entrer dans une pièce pour l'achever et le dépecer.

Et puis, les Croctout sont d'excellents Pokémon en matière de capture. Wizach avait donc décidé d'en faire son esclave.
Le chasseur au chapeau chinois se rappela alors que son équipier avait mis toute une semaine pour domestiquer ce monstre. Il avait plusieurs fois sauté le repas du midi et avait consacré toutes ses journées à battre ce monstre jusqu'à ce que celui-ci finisse par s'écrouler.

Le Croctout était loin de mourir de faim à l'état sauvage. Un peu d'eau et quelques maigres bouts de viande donnés au bout du quatrième jour – Wizach ne tenait pas à ce qu'un Pokémon aussi rare et utile aux chasseurs meure – avaient suffi à le maintenir en vie le temps d'être dompté.

Chassant ces pensées, le chasseur au chapeau chinois aida Wizach à se relever et examina ses jambes. Ils ne l'avaient pas raté.

« Tu vas devoir oublier la chasse pendant quelques semaines, mon vieux.

-Tu plaisantes ?! Il faut à tout prix qu'on retrouve ces trois charognes ! Ils ne s'en tireront pas comme ça ! grogna Wizach en frappant le creux de sa main avec son poing.

-Je ne pense pas que cela soit une bonne idée.

-Qu'est-ce que tu racontes ?!

-Tu as bien vu à quel point ils sont forts ensemble. Mais cette force peut encore augmenter. Si on ne fait pas attention, la prochaine mission pourrait bien être la dernière.

-Wouaw, c'est la première fois que je t'entends admettre la possibilité de perdre. Qu'est-ce que tu vas faire alors ? S'ils sont aussi forts que tu le dis, je crois qu'il est préférable qu'on ne travaille plus ensemble jusqu'à ce que je sois de nouveau prêt à sortir de chez moi sans l'aide de personne.

-... Je pense que je vais ... »



« Buuh ! Pourquoi c'est nous qui devons aller chercher des pierres alors qu'il fait nuit noire ?

-Néga.

-Merci Négapi, ça me rassure beaucoup. »

Tremblant de tous ses membres, Lunick avançait à pas de loup au milieu des silhouettes sombres et effrayantes des arbres, sursautant au moindre bruit. Il avait l'impression de suivre un chemin conduisant tout droit en enfer. La lune était cachée par les nuages, si bien qu'il n'y voyait presque rien. Négapi marchait devant lui, humant régulièrement l'air pour repérer un quelconque ennemi.

« Il y a tout pleins de trucs dans cette usine désaffectée qu'on peut faire chauffer pour désinfecter de l'eau, alors pourquoi est-ce qu'il faut qu'on aille chercher des cailloux ? »

Son Partenaire protesta une fois de plus.

« D'accord, j'arrête de me plaindre. »

'' Erf ! Il commence à faire froid ! ''
Le jeune Ranger se mit à claquer des dents. Son compagnon se retourna en protestant.

« C'est parce que j'ai froid. Eh ! Il y a une rivière pas loin ! Je l'entends couler ! On va sûrement y trouver des pierres. »

Il se laissa guider par le mélodieux écoulement de l'eau et arriva au pied d'une petite cascade. Négapi fit jaillir des étincelles de ses joues pour permettre à son Dresseur de voir le lit de la rivière. Celui-ci ramassa quelques cailloux et s'apprêtait à repartir aussi vite que possible quand une branche craqua.
Lunick retint un cri et s'immobilisa, priant pour ne pas être repéré. Il ne savait pas d'où venait ce craquement et ne pouvait donc pas se mettre à l'abri.

Puis il y eut des bruits de pas. Maintenant, il savait qu'ils provenaient de l'autre côté de la rivière. Dans un réflexe, le jeune Ranger blanc comme un linge se glissa derrière un arbre, Négapi perché sur son épaule. Les pas se rapprochaient. Il lui sembla soudain que son souffle faisait un bruit inimaginable. Il retint sa respiration tandis qu'une voix lui parvenait d'entre les ombres inquiétantes des arbres.

« Alors, tu l'as trouvé ? demanda une voix.

-Non. Il a détruit toute mon installation, répondit une voix glaciale.

-Je vois. Désolé de t'avoir fait venir de si loin juste pour ça.

-Ce n'est rien. Je m'ennuie là-bas alors cela me fait plaisir de venir te donner un coup de main. Au fait, pourquoi vouloir le capturer ?

-Il sème la panique un peu partout dans le coin. Beaucoup de chasseurs ont essayé d'en finir avec lui mais il leur a échappé. C'est un miracle qu'il n'y ait pas encore eu de mort.

-Et Tom ? Il traîne bien par ici, non ? »

L'homme ne répondit pas tout de suite. Cela inquiéta Lunick qui pâlit encore plus, comme s'il s'était vidé de son sang.
'' Ils nous ont repérés !! Qu'est-ce qu'on va faire ?! ''

« Il ne s'est pas manifesté pour le moment. Il ne doit pas être au courant de cette affaire, répondit finalement l'homme.

-C'est vrai. S'il savait, il s'en serait chargé lui-même. Tu devrais le laisser s'occuper de cela.

-... Père le veut.

-... Je vois. Bon, je te laisse. Sans matériel, je ne te suis d'aucune utilité et j'ai laissé ma zone sans surveillance depuis bien trop longtemps. »

Les voix se turent, remplacées par des bruit de pas allant dans des directions différentes.
Collé au tronc d'arbre qui lui servait de cachette, Lunick était raide comme un piquet. Un piquet décoloré qui serra les mâchoires jusqu'à ce que les bruits de pas soient totalement engloutis par la nuit.

Il se tourna vers Négapi et balbutia :

« O-on rentre d-de suite ! »

Le Pokémon hocha la tête, effrayé par le visage pâle de son Dresseur. Le jeune Ranger détala à toute vitesse vers l'usine désaffectée. Jamais il n'avait couru aussi vite de sa vie. Il était complètement terrorisé et l'atmosphère lugubre n'arrangeait rien.

Il trébucha et s'étala merveilleusement par terre. Négapi l'appela afin de s'assurer qu'il ne s'était pas blessé. L'adolescent se releva à la vitesse de l'éclair et reprit sa course effrénée. Heureusement que le petit Pokémon Electrique était resté sur son épaule !



« Huuuum … Lunick en met du temps pour revenir, souffla Panéma, il aurait du faire vite puisqu'il avait peur de sortir en pleine nuit tout seul dans la forêt.

-Oui mais il n'est pas du genre à rester paralysé s'il est en danger, déclara Sam, il peut rester planté au même endroit un bon moment, à se demander quoi faire s'il doit prendre des risques. Mais en situation de danger, il est généralement très vif. Il fait tout pour éviter le danger et tout pour lui échapper.

-Hum … Tu devrais quand même t'inquiéter pour lui ... »

La jeune scientifique soupira. Son amie ne l'écoutait pas, trop occupée à soigner les plaies du Croctout qui n'avait toujours pas repris connaissance.
Panéma reporta son attention sur le Myota. Le petit rongeur bleu s'était timidement rapproché de sa jambe. Toujours recroquevillé, il l'observait, semblant moins effrayé. Elle eut envie de le caresser mais se ravisa. Il était sans-doute trop tôt pour cela. Le Pokémon pourrait prendre cela comme une menace et s'enfuir. Heureusement qu'elle l'avait attaché à un tronc d'arbre qui avait poussé au milieu des décombres.

Le toit de l'ancienne usine était presque entièrement détruit. Les débris s'étalaient ici et là sur le sol froid jonché de poussière et qui commençait à se fissurer, laissant place à de petites jeunes pousses. Les vitres étaient en morceaux, si bien que le groupe avait décidé de s'enfoncer un peu plus profondément dans le bâtiment.
Les quelques murs encore sur pied les protégeaient un peu du vent froid soufflant depuis quelques minutes.

Lunick déboula sans prévenir, en l'espace d'un instant.
Les deux amies se retournèrent vivement en l'entendant arriver, inquiètes que quelque chose ou quelqu'un les attaque.
Sa course effrénée lui avait redonné des couleurs. Il était rouge comme une tomate et dégoulinant de sueur.

« Woaaah ! Tu m'as fait une de ces peurs ! » s'exclama Panéma, qui avait sursauté.

Penché en avant, l'adolescent tentait de reprendre son souffle.

« Lunick, qu'est-ce … ? commença Sam.

-Il faut pas rester ici !! s'écria-t-il, un Pokémon dangereux rôde dans le coin et il y a des chasseurs qui sont à sa recherche !!

-Quoi ?!

-On a surpris leur conversation sans le vouloir ! Un des deux chasseurs est reparti chez lui mais l'autre est encore dans les parages !! continua-t-il, sur le bord de la crise de nerfs.

-Calme-toi !! »

Sam l'empoigna fermement par les épaules. Surpris, le jeune Ranger repris le contrôle de ses émotions et s'affala par terre, adossé à un reste de mur.
La jeune fille souffla.

« Le Croctout est très mal en point. Je lui ai donné ce qu'il faut mais on doit attendre qu'il aille mieux pour pouvoir repartir. De plus, il fait nuit noire dehors. On ne peut pas s'en aller maintenant. Ce serait encore plus dangereux que de rester ici. Et puis, ce chasseur doit certainement savoir que traquer un Pokémon aussi dangereux la nuit pourrait lui coûter la vie.

-Et si c'est le Pokémon qui nous trouve ? On ne peut pas le capturer je te rappelle ... bredouilla l'adolescent.

-C'est vrai mais on n'a pas travaillé au combat en équipe pendant trois mois pour se laisser vaincre sans se défendre. »

Les deux souris Electrique grimpèrent sur ses jambes tout sourire.

« Fuuuh … Pourquoi personne écoute jamais ce que je dis … ?

-Au fait, tu as trouvé des pierres ? »

Il sortit de sa poche deux grosses pierres et les lui tendit. La jeune fille les déposa sur un petit feu pendant quelques minutes, puis les plongea dans un peu d'eau.
De son côté, Lunick, enfin remis de ses émotions, entreprit d'allumer un second feu pour faire cuire les baies Gengembre que Panéma sortait de son sac.

« Woooh ! Il faudra absolument que tu m'apprennes à faire des grillades de baies ! déclara Panéma.

-Des '' grillades de baies '' ? Ce n'est pas vraiment un plat, tu sais. Je fais griller les baies simplement pour qu'elles soient meilleures que crues, répondit Sam.

-Oui mais imagine qu'on ajoute des herbes aromatiques et du jambon de Groret par exemple. On pourrait en faire une recette !

-La viande ferait double emploi et les herbes aromatiques aussi. La Gengembre a sa propre saveur. »

Sam étant occupée avec les baies, Lunick se chargea de nettoyer les plaies du Croctout avec l'eau stérilisée préparée par la jeune Ranger. Heureusement que le Pokémon était endormi. Il aurait souffert s'il avait été conscient !
'' Pauvre Croctout, songea l'adolescent aux cheveux bleu nuit, tu as dû être forcé à capturer beaucoup de Pokémon … ! Tu es dans un sale état … Quel remerciement pour ton travail ! ''

Tandis que Panéma donnait à manger aux trois Pokémon les accompagnant, les deux jeunes Rangers soignèrent les blessures du Croctout.

« Puisqu'on risque de rester ici un moment, je vais en profiter pour essayer de réparer mon ordinateur, annonça la jeune scientifique, comme ça, je pourrais peut-être trouver un moyen pour que les ondes émises par vos Capsticks atteignent les Pokémon sans être affaiblies par celles des villes. Mouaaah ! Mais pas ce soir. »


Le lendemain, la santé du Croctout empira. Il avait beaucoup de fièvre et n'avait toujours pas repris connaissance. La plaie béante qui lui entaillait les cotes recommençait à saigner abondamment si bien que Sam dut rester à ses côtés toute la matinée, pendant que Lunick, Négapi et Posipi parcouraient avec inquiétude la forêt alentour, à la recherche de remèdes naturels et d'eau.
Panéma resta avec Sam, l'aidant à s'occuper du Pokémon.
Le saignement s'arrêtait souvent mais reprenait une heure à deux heures plus tard.

Le Myota observait toute cette agitation sans bouger, sans émettre le moindre son.

Finalement, vers deux heures de l'après-midi, grâce à une mousse que Lunick avait trouvée à l'autre bout de la forêt, l’hémorragie s'arrêta enfin. Mais la fièvre n'était toujours pas tombée.

« J'en peux plus de courir partout dans cette forêt ... ! s'exclama Lunick en s'asseyant, complètement vidé de ses forces.

-J'ai bien peur qu'il n'en ait plus pour très longtemps si on ne l'opère rapidement, annonça Sam.

-C'est vrai ?! s'écria Panéma, il a quand même meilleure mine que quand on l'a rencontré …

-... Je tenterais bien de l'opérer mais je n'ai jamais fait ça auparavant … J'ai peur de faire une erreur et d'empirer les choses ... »

Ils se turent. Cette fois, même Sam ne savait pas quoi faire. De quoi vous dérouter quand vous savez que la jeune Ranger sait toujours comment agir dans toutes sortes de situations.
Finalement, Panéma déclara :

« On n'a qu'à attendre demain matin. S'il se réveille avant, on cherchera quelqu'un capable de l'aider. Mais si ce n'est pas le cas, Sam l'opérera. Ca vous va ? »

Les jeunes Rangers se regardèrent.

« D'accord. »



Lunick n'arrivait pas à fermer l'oeil. Enroulé dans une couverture, il regardait dans le vide.
Sam se leva discrètement et jeta quelques brindilles au feu. Il ne fallait pas qu'il s'éteigne, au cas où il y aurait un problème supplémentaire avec la santé du Croctout.
Le craquement des branches sortit Lunick de ses pensées.

« Huum ? fit-il en levant les yeux vers Sam.

-Oh ? Tu ne dors pas ? lui demanda-t-elle en venant s'asseoir à ses côtés.

-Non ... »

Il était à nouveau plongé dans ses pensées. La jeune Ranger fixa les flammes affamées du feu, entourées par des pierres afin d'éviter de provoquer un incendie. Elle ne pensait à rien. Ou plutôt, elle aurait dû penser à tellement de choses qu'au final, elle ne pouvait plus songer à rien.

Au bout d'un moment, elle demanda :

« Tu t'inquiètes pour le Croctout, n'est-ce pas ? »

Lunick ne répondit pas tout de suite, comme s'il cherchait lui-même la réponse.

« … Oui … C'est dur de protéger les Pokémon sans pouvoir demander de l'aide à un Centre Pokémon …

-Dur de trouver de l'aide tout court tu veux dire … »

Ils se turent. Lunick glissa une main dans sa poche et en extirpa une bourse rouge qu'il avait attachée à sa ceinture. Il l'ouvrit et en sortit avec précaution une flûte beige autour de laquelle deux plumes, l'une verte et l'autre bleue, étaient attachées par une ficelle noire juste après le dernier trou.

« Tu as pris Ocarina avec toi ?! chuchota Sam, stupéfaite.

-Je savais qu'on allait rester un moment à Oblivia alors je l'ai emmenée là-bas. J'ai pensé qu'elle pourrait nous être utile si on rencontrait des spectres comme ceux de la Tour de Lavanville ou encore du temple effrayant. »

Il en eut des frissons rien que d'y penser. Ces spectres n'étaient pas des Pokémon. Seulement des êtres maléfiques qui emmenaient les personnes dans une dimension inconnue dont elles ne revenaient jamais, et qui profitaient de la peur des gens et des Pokémon pour les attaquer et les tuer.

L'adolescent contempla la flûte. Elle était immaculée, comme une âme pure. Difficile de croire qu'il l'avait héritée de sa défunte mère et que c'était un mystérieux homme habillé d'un simple kimono qui la lui avait remise.
C'était pourtant bien la vérité.

« … J'ai envie d'en jouer ... lâcha-t-il, mais c'est peut-être dangereux ...

-... Si tu ne joues pas trop fort, je ne pense pas que l'on puisse nous repérer ou que les Pokémon nous attaquent.

-Tu crois ?

-De toute façon le son d'Ocarina n'a jamais dérangé les Pokémon. Tu en as joué la nuit, sur le bateau, juste avant le tournoi en équipe. Et aucun Pokémon sauvage ne s'est manifesté. »

Il n'était pas sûr que ce soit quand même une bonne idée. Mais l'envie de jouer pour se rassurer était plus forte. Il avait aussi le cerveau un peu embrumé après une journée aussi mouvementée. A croire qu'il avait plus de courage étant fatigué ! Tout marchait à l'envers chez lui ou quoi ?

Bref. Il commença à jouer, soufflant doucement dans l'instrument. Ses doigts se baladèrent d'un trou à un autre avec souplesse. Un doux son rassurant monta dans la nuit noire, semblant tourner autour du tronc de l'arbre devant eux, avant de se perdre dans ses branches feuillues. On avait l'impression que les flammes, seule source de chaleur et de lumière dans cette nuit noire dépourvue de lune, dansaient en crépitant en rythme.

La mélodie n'était ni triste, ni gaie, plutôt lente, mais pas trop. On ne regrettait aucunement que les notes s'écoulent et se perdent dans le ciel, si légères qu'elles s'envolaient d'elles-mêmes, jusqu'aux étoiles cachées parmi les nuages. Chaque nouveau son apportait un sentiment à la fois semblable et différent du précédent.

N'importe qui entendait cette musique se sentait serein. Les notes emportaient avec elles toute la tristesse, tous les petits tracas du quotidien, les inquiétudes, les peurs et les regrets. On ne pouvait que sourire au son de cette douce mélodie apaisante venue tout droit d'une autre dimension. De cet Eden si lointain et si mystérieux qu'on le croyait inaccessible, irréel. Il paraissait à présent se propager dans l'air, chassant toute la misère du monde, embrassant les malheureux pour sécher leurs larmes, et éclairer leur visage d'un sourire aussi radieux que le soleil.

Les yeux fermés, Sam posa sa tête sur l'épaule de Lunick, se laissant emporter par la musique. Elle aimait beaucoup les notes qu'émettait Ocarina, la flûte énigmatique terreur des démons. En les entendant, elle oubliait la dure réalité qui semblait en ce moment même s'acharner pour ne leur causer qu'ennuis, inquiétudes et pleurs.

Ce moment de parfaite quiétude ne tarda pas à être interrompu. Le bruit d'une barre métallique tombant au sol venait de raisonner dans toute l'usine – enfin, ce qu'il en restait. S'en suivit un crissement atroce qui obligea les jeunes Rangers à se boucher les oreilles. Lorsque celui-ci cessa, les deux amis virent surgir de la pénombre d'étranges cercles aux couleurs rougeoyantes, naissant au bout de quelque chose pour s'évanouir à ce qui semblait être son extrémité.