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Onix est parti vers l'horizon... de illapa



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» Auteur : illapa - Voir le profil
» Créé le 13/08/2013 à 02:17
» Dernière mise à jour le 13/08/2013 à 03:17

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Chapitre 1 : A l'aventure, Onix...
Le parchemin passa des mains du professeur de la guilde à celles de ma dresseuse.
Encore une de ces formalités ennuyeuses et insensées dont ces gens aimaient s'encombrer. Respectueusement, comme si on venait de lui confier le Joyeau de l'Arcéus, mon humaine rangea le bout de papier dans les replis de sa seconde peau. Puis le professeur déclara d'une voix autoritaire :
- Tu escorteras maître Saléhyddeut jusqu'à la ville voisine, où l'on a besoin de ses sages lumières. Le voyage ne durera pas plus d'une journée, nos confrères t'hébergeront et te récompenseront comme convenu si tout le monde parvient sans encombre à destination. Tu as bien compris ?

Totalement soumise face à ce mâle alpha de la meute d'humains dont mon humaine souhaitait ardemment faire partie, elle déclara :
-J'ai compris.
L'autre sembla se détendre un peu. Pas de beaucoup cela dit.
- Bien. N'oublie pas de remettre la missive que je t'ai confiée au dirigeant de la guilde, les informations qu'elle contient sont essentielles.
- Je n'oublierai pas.
Avant d'ajouter de son ton sévère :
- Et fais-nous honneur, Willelmina. Tu représentes la guilde Ténèbres pour la toute première fois, tâche d'en être digne.
- J'y veillerai, maître.

Puis, l'homme vêtu de noir salua d'un petit mouvement de tête et tourna les talons d'un seul mouvement et d'un dédain digne des plus grands contes Nosferatula des pièces de théâtres, enveloppé de mystères et de ténèbres... la classe et l'intensité de la couleur noire de sa cape délavée en moins. La conversation était terminée, nous ne l'intéressions plus. Comme si ce mâle bouffi de suffisance pouvait être impressionnant. Avec sa petite barbe bien taillée,ses cheveux grisonnants, témoignant de sa vitalité sur le déclin... Il ne méritait pas d'être un des mâles dominants de la meute. Et pire que tout, il croyait que son espèce de noir lui donnait du style, alors qu'il ne faisait que ramasser la poussière des couloirs sombres, immenses et froids à la décoration douteuse du bâtiment de la guilde. Il avait même ajouté une serpillière supplémentaire qui lui tombait des épaules et qu'il avait l'audace de qualifier de cape. Quel idiot.
Et en plus il sentait le chou et la carotte.
Ma dresseuse était ce qu'elle était, mais au moins elle ne se donnait pas de grands airs pour rien.
En parlant de cette dernière, celle-ci se tourna vers moi et me lança :
-Tu es prêt, Onix ?

Si j'étais prêt ? Prêt à aller travailler pour cette meute que les humains nommaient guilde, prêt à aller me faire tabasser par n'importe quel gogo venu ayant plus d'expérience que ma petite humaine, qui de son côté n'en avait aucune, d'expérience ?
Ironiquement, et sachant que ma dresseuse ne pouvait pas me comprendre, je lui répondis :
-Oh oui, allons nous faire massacrer pour le compte de ces bouffons !
Ce à quoi elle répondit par un grand sourire.


Puis nous sortîmes de ce couloir lugubre pour aller observer l'opération en cours, à laquelle nous allions devoir participer.
Deux jeunes mâles de la meute tentaient avec de grandes difficultés de tracter un troisième vers une charrette, qui stationnait là, attelée à un ponyta. Le troisième humain semblait âgé, décrépi, à moitié endormi... Et il puait le savon au lait d'écremeuh à des kilomètres. Au moins, c'était toujours mieux que la carotte.
Un colhommard s'accrochait à ses nippes comme si sa vie en dépendait.
Un colhommard... Hm... Un double type eau. Voilà qui ne me plaisait pas. Pas du tout. L'eau était une de mes faiblesses, je n'aimais pas du tout l'idée d'un voyage aux côtés d'un repas cinq étoiles susceptible de m'envoyer au tapis en une attaque. Surtout que son maître n'avait pas l'air d'avoir suffisamment de force pour le commander parfaitement.
Le spectacle gagna en intérêt lorsque les deux jeunes tentèrent de faire monter l'ancêtre sur la charrette. Le danger aqueux en profita pour se cacher sous la charrette, rendant nerveux le ponyta non loin. Indifférent, le conducteur continua à mâchouiller un brin d'herbe. C'est fou ce que les humains ressemblaient parfois à leurs pokémons...

De l'agitation sur la charrette me tira de ma rêverie : deux des trois humains avaient fini sur un roulé boulé sur la carriole. Le pokémon eau semblait avoir conscience qu'il était à la traîne et se jeta sur les jambes de l'homme qui pourraient lui servir pour monter sur le véhicule. C'était peut-être une bonne occasion de bien me faire voir et m'assurer ainsi un allié, en réduisant le risque qu'il m'asperge...
D'un mouvement de tête je l'aidai donc à monter en lui servant de marchepied. Déséquilibré, l'affreux crustacé perdit l'équilibre et se cassa la figure... Il me lança un regard mauvais, avant de se détourner de moi. Le voyage commençait sur une belle gaffe... Ce voyage s'annonçait encore plus ennuyeux que prévu...
Finalement, et grâce à l'intervention de l'homme herbivore, nous pûmes enfin prendre la route.


Et je dois bien avouer une chose, je ne comprends pas, mais alors absolument pas : pourquoi mon humaine faisait tout un tapage, excitation, hyperactivité et voix aiguë comprises à l'idée de voyager.
Il ne se passait rien !
On était tous là, assis dans cette espèce de vielle carriole grinçante, à regarder défiler les arbres, des cailloux et de temps en temps un pré. Non pas que je n'aimais pas les arbres les cailloux ou les prés. Ils étaient très bien là où ils étaient. C'est juste qu'au bout de quelques heures à les regarder, on se sentait l'envie furieuse de regarder autre chose. Une cheminée par exemple. Une ville avec des enfants et des pokémons qui se pressaient partout.
Le seul point positif, c'était qu'au moins il ne pleuvait pas. La caresse du soleil était même plutôt agréable. Mais comment en profiter pleinement en faisant une bonne sieste quand on est dans un véhicule qui tressaute au moindre caillou en vous tuant le dos par la même occasion ?
-Tu aimes ce voyage ?
Intrigué par cette question soudaine, je me tournai vers ma dresseuse. Au moins si elle parlait, ça changerait de cette monotonie. Pour une fois je n'aurais pas à me plaindre qu'elle me casse les oreilles à trop parler.
-C'est merveilleux, nous voilà en mission officielle ! Tu te rends compte ? J'espère que tu apprécies le voyage, nous avons encore deux fois la même distance à faire avant d'arriver.
Merveilleux ? MERVEILLEUX ? C'était cauchemardesque oui !
Et elle me disait qu'il y avait encore le double de la distance !? Noooon ! Par pitié qu'on m'envoie une attaque poudre dodo !
Encore le double de distance et donc de temps dans cette horrible charrette, le double en compagnie de ce vieux qui se mettait à hurler dans son sommeil à intervalles réguliers, le double avec son horrible fruit de mer qui commençait à mariner et à dégager des relents de marée au soleil...
Pourquoi monde cruel ?
-On a un problème !

Cette fois ci, c'était l'humain du ponyta qui venait de parler. Ma dresseuse se leva du fond de la charrette pour aller le voir. Je préférais ne pas bouger. A tous les coups j'allais me planter une écharde dans les coussinets avec cette vielle carriole déglinguée.
Ma dresseuse sembla intriguée. Je sentais l'odeur d'un autre pokémon devant le cheval de feu. Une odeur aquatique... Oh-oh, je flairais les ennuis comme l'odeur de chou et carotte de l'autre cheftain au rabais. A tous les coups ma dresseuse allait m'envoyer combattre ce truc et j'allais finir trempé. Quelle horreur. Je décidai donc d'aller voir de suite ce qui m'attendait.
C'était un... psykokwak ? On s'était arrêté pour un psykokwak ?
Bon au moins, on n'était plus en train de s'ennuyer à contempler les mêmes arbres qui semblaient revenir en boucle... Mais quand même un psykokwak ?
Ma dresseuse finit par demander, et je sentais de l'irritation dans la voix :
- C'est ça que vous appelez un problème ? C'est un psykokwak !
Pour une fois j'étais d'accord avec elle. Mais le bonhomme ne se laissa pas démonter.
- Ben voui mam'zelle, donc un pokémon eau. Sauvage qui plus est, il pourrait devenir agressif. Et s'il se mettait dans la tête d'attaquer mon ponyta c't'oiseau-là ? Avec une attaque eau il pourrait s'affoler ou se faire blesser, et je vous souhaite bien du courage après pour retrouver la charrette avec votre petit vieux emportés par un ponyta affolé. Donc, j'estime que c'est un problème.

Je doutais fort que le pokémon aquatique se mette soudain à s'en prendre à un ponyta susceptible de le piétiner et de l'éjecter à 3 kilomètres d'une ruade. Il avait surtout l'air de s'être perdu.
Et contre toute attente, ma dresseuse me demanda d'aller l'attaquer. 
Non mais elle avait la tête cramée par le soleil !? L'attaquer ? Elle pouvait pas le dégager d'un coup de pied ? Pourquoi devais-je attaquer un malheureux piaf qui ne m'avait rien fait ? C'était des coups à finir mouillé, pour peu qu'il connaisse une attaque eau...
Enfin bon, on allait au moins grogner pour la forme... Contente ?
Mais le canard aux airs ahuri n'avait pas l'air de réagir. Au lieu de ça, son regard se fixa sur le crustacé que je sentais s'être rapproché derrière nous, et soudain, le pokémon adverse ouvrit un large bec... et se mit à baver.
Il semblait que ce petit gars avait juste faim en fin de compte. S'il avait pu dévorer le crustacé du vieux je n'aurais pu que m'en réjouir, mais je doutai qu'il en ait la force. A côté les humains parlaient entre eux, mais le spectacle de cet énergumène me fascinait. Le voilà qui referma le bec, et se prépara... à ne rien faire. Que de suspense et d'aventure en cette ennuyeuse journée !

Mais brusquement tout bascula. Ma dresseuse déclara :
- Je ne vais pas attaquer ce pokémon lorsqu'il me suffit de le pousser sur le côté pour que nous ne courions aucun risque.
Et sur ce, elle joignit le geste à la parole. Ma dresseuse était ce qu'elle était, mais c'était pour ça que je l'aimais.
Et là tout dérapa.
Littéralement. Je vis mon humaine glisser sur le filet de bave du pokémon, perdre l'équilibre, et comme au ralenti, je la vis qui tombait en arrière pour atterrir violemment sur le sol, puis je vis sa p'tite caboche rebondir sur un caillou et...
Elle ne bougea plus...


Ma dresseuse ne bougeait plus !
Je savais à quel point les humains étaient fragiles, mais à ce point ! Paniqué, je fonçai sur elle.
-Willelmina ! Willelmina !
Elle ne sembla pas réagir à mes appels. Elle respirait toujours en revanche...
-Willelmina !
En face, le canard jaune nous regarda d'un air vide, tandis que j'essayais de ranimer ma dresseuse à grand coup de langue bien humide.
-Quel spectacle pitoyable...

Sans crier gare, le vieux au fond de la charrette se lèva et descendit, avec une aisance insoupçonnée, puis il arriva près de ma dresseuse, son colhommard à ses côtés.
-Vraiment pitoyable... Elle n'était déjà pas très douée aux entraînements, mais alors là... S'approcher d'un pokémon sauvage est déjà une idée stupide en soi puisqu'ils peuvent attaquer sans crier gare et blesser l'imprudent qui s'en approche, mais s'approcher et se blesser toute seule, cette fille bat des records. Ce n'est sûrement pas comme ça qu'elle réussira une mission. Un agent assommé peut se faire voler ses informations...
Le vieux récupéra les parchemins dans les plis des vêtements de la dresseuse et soudain son regard se posa sur moi.
-Et elle n'arrive même pas à dresser un malheureux pokémon. Il ne lui obéit pas et est incapable de la protéger. Il a l'air aussi stupide qu'elle. Je crois savoir que tu t'appelles Onix c'est ça ? Huh. Quel nom idiot. Appeler un malosse "Onix". Cette fille a vraiment aussi peu de cervelle qu'elle en a l'air. Ingebot !

Répondant à son nom (et il osait critiquer le mien !?) le cohommard se dressa fièrement au garde-à-vous.
-Oui maître !
-Débarrasse-nous de ce truc tu veux ?
Sans se faire prier, le colhommard se jeta sur le malheureux psykokwak affamé et l'expédia dans le décor d'un violent coup de pince-masse. Sale petit vieux, il osait mentir en se faisant passer pour ce qu'il n'était pas, il osait se moquer de ma dresseuse et de moi alors qu'il n'avait aucun respect pour rien ni personne... Vraiment je ne comprenais pas ce que ma dresseuse voulait faire dans une meute pareille.
-Allez, la mission est un échec. Inutile de s'attarder ici.
Et sur ce, le vieil homme qui ne l'était finalement pas tant que ça ramassa ma dresseuse comme si elle ne pesait rien, remonta dans la charrette avec son crustacé.
Honteux je les rejoignis d'un bond et me coucha dans un coin. Ce vieux était peut-être méprisant à souhait, mais il était vrai qu'on avait échoué lamentablement...

Et sur cette morne constatation nous nous remîmes en route.