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Aide-toi et le ciel t'aidera de Kydra



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Informations

» Auteur : Kydra - Voir le profil
» Créé le 07/07/2013 à 16:10
» Dernière mise à jour le 07/07/2013 à 16:10

» Mots-clés :   Aventure   Présence d'armes

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Chapitre 82 : Lire-Esprit
Sur le chemin pour s'éloigner du champ de bataille, Vaillant-Rescapé marchait, raide, mettant une patte devant l'autre machinalement. Il avait le regard fixé devant lui, l'œil hagard. Il n'arrivait toujours pas à se rendre compte de ce qui venait d'arriver. Comment pouvait-il être à l'origine de la mort du Grand ? Qu'avait-il fait ? Plus que jamais, il n'avait aucune certitude d'avoir bien agi. Pourtant, il s'était battu pour sa vie et il se sentait trahi par les Pokémon… De quoi avaient-ils fait preuve ? Ils avaient fait preuve de lâcheté en l'attaquant après avoir laissé ses ennemis humains l'affaiblir… Gueriaigle avait voulu à tout prix gagner la bataille ! Surtout, il avait été prêt à tout pour le faire payer une trahison qu'il n'avait même pas commise, sans lui laisser le loisir de s'expliquer clairement. Quand il put croiser le regard de Terreur-des-Hommes, il l'interrogea :

................- Pourquoi le Grand est-il devenu comme ça ? A notre époque, jamais nous n'aurions poursuivi un Pokémon comme ça pour le faire payer pour des crimes non commis… Nous respections aussi notre honneur !

Terreur-des-Hommes lui adressa un regard compatissant, assorti d'un sourire mal à l'aise. Elle hésitait à lui livrer le fond de sa pensée, mais elle se refusait de lui mentir. Alors, elle pesa chaque mot pour donner sa réponse, qu'elle nuança au maximum, espérant que l'Insécateur comprendrait les sous-entendus.

................- Nous avons toujours été prêts à tout pour nous libérer des humains... Même s'allier à eux, la preuve ! ajouta-t-elle avec un rire forcé. Tu as toujours eu beaucoup d'honneur, Vaillant-Rescapé, je t'admire pour cela, car tu es allé jusqu'au bout malgré ce que cela t'a coûté. Mais tu sais aussi très bien que tous les Pokémon n'ont pas ta droiture. Le Grand est sans doute un être très honorable, il n'en reste pas moins le protecteur de notre ancienne faction. Il prend son rôle très au sérieux et est capable de grands sacrifices pour aider les siens, même si cela lui coûte énormément de sa personne !
................- Je n'aurais pas fait ça, revint-il à la charge.

La Migalos se demanda en effet jusqu'où il serait allé dans cette situation. Sans doute, dans certaines circonstances aurait-il agi de cette façon. Après tout, Gueriaigle avait essayé de rendre justice, comme il le croyait bon. Elle préféra ne pas apporter de réponse, aussi, elle se contenta de confirmer qu'elle avait bien entendu par un petit son. Tout comme Vaillant-Rescapé, elle tombait de haut et sa considération pour ses semblables en avait pris un coup. Elle ne pouvait que comprendre le désarroi de son ami, car pour lui, le choc était double : les humains avaient encore une fois préféré prendre de grands risques pour le sauver lui, alors que les Pokémon ne s'étaient pas montré exemplaires. Il venait de recevoir la preuve que l'un ne valait pas mieux que l'autre.

Dès qu'ils furent assez éloignés, Vaillant-Rescapé organisa le campement. Il voulait prendre le temps de réfléchir, de se remettre de ses émotions… Ses hommes avaient de toute manière bien mérité de prendre un peu de repos ! L'Insécateur s'assit, perdu dans ses pensées, à côté de Vassili et son Elecsprint. Il demanda à l'humain de rendre compte à la radio de ce qui venait de se produire, mais il ne prit même pas la peine d'écouter la transmission. Il se contentait d'essayer de se convaincre qu'il était ben devenu le lieutenant Aleph-Zéro, comme l'appelaient les humains et que le Pokémon Vaillant-Rescapé ne représentait plus rien, puisque pour tous, il était associé des informations erronées.

L'Insécateur fut tiré de ses réflexions par Eclair-de-Liberté. Celui-ci venait de s'assoupir depuis à peine quelques instants qu'il s'agita violemment. Il semblait se débattre, tentait de mordre une chose invisible qui l'assaillait. Finalement, il se recroquevilla sur lui-même, hurla « Non ! Non ! » puis se réveilla en sursaut, essoufflé et haletant. Il jeta des regards inquiets tout autour de lui, peinant à reprendre sa respiration. Il chercha un point de repère, quelque chose qui pouvait le rappeler où il était, ce qu'il faisait. Puis, par hasard, Terreur-des-Hommes passa dans son champ de vision. La vue de la Migalos le rassura, il soupira de soulagement. Les pattes tremblantes, le poil collant de sueur, il se recoucha. Il garda cependant les yeux grands ouverts ; il avait peur de retourner dans ses rêves.

Terreur-des-Hommes se coucha contre le malheureux Elecsprint. Il se rapprocha d'elle. La Migalos sentit la respiration saccadée qui animait encore ses flancs. Elle ne dit rien, espérant tout de même qu'il accepterait de se confier encore une fois. Pourtant, il ne le voulut pas, il avait trop peur de parler. Il se contenta de remarquer :

................- Il n'y a que quand je me bats que ça va. Je n'en peux plus…

Il n'y avait rien à répondre à cela, aussi Terreur-des-Hommes garda le silence. Elle s'inquiétait beaucoup pour l'avenir du Pokémon électrique. Il souffrait d'un traumatisme qui allait croissant et risquait fort de le laisser aux portes de la folie s'il n'arrêtait pas de l'alimenter. Son attitude la peinait, car elle ne pouvait s'empêcher de la mettre en parallèle avec le moment où elle l'avait connu, alors qu'il était d'une innocence à couper le souffle. Le voir ainsi changé par la guerre lui donnait envie de s'enfuir très loin et de laisser tomber tous ces combats qui ne faisaient que leur apporter toujours plus d'ennuis.

Aleph-Zéro ne tarda pas à troubler la paix que retrouvait peu à peu Eclair-de-Liberté au contact rassurant de la Migalos. L'Insécateur se trouvait en effet à hurler au milieu des hommes, s'agitant plus que de raison pour motiver sa troupe fatiguée. Ils devaient se préparer à repartir, continuer à marcher dans la direction où ils se rendaient et surtout, ne pas rester sur place trop longtemps, de peur de se faire attaquer par l'aviation ou l'artillerie… Le lieutenant donnait ses consignes par l'intermédiaire de Vassili. Il demanda encore une fois un messager pour aller prendre le compte-rendu de Victor. Héloïse affirma vouloir s'en charger, comme à l'accoutumée. Les hommes étaient exténués, personne n'y vit d'inconvénient et Aleph-Zéro ne chercha pas à la contredire, bien content de ne pas avoir à désigner lui-même. Le point de rendez-vous fut établi et la jeune femme s'en alla.

La messagère arriva au lieu convenu, avec le décompte des blessés, le point sur le matériel et toute autre information nécessaire à transmettre au colonel pour un bon point de situation. Elle apportait également le résultat d'une initiative qu'avait prise Victor :

................- Il m'a également dit qu'il avait surpris la retraite de l'armée. Il les a fait suivre un moment, il pense donc savoir où ils vont. Avec l'accord du colonel, qui aura peut-être quelques informations complémentaires, m'a-t-il dit, on pourrait leur tendre une embuscade… Il pense que ça leur porterait un coup dur décisif !
................- Nous allons transmettre à Dimitri, affirma Vassili.

Héloïse donna la dernière position à laquelle Victor avait repéré les militaires en train de monter leur bivouac, ainsi que le lieu supposé où ils se rendaient. Puis, Vassili fut chargé de contacter son frère à la radio. Cela ne l'enchantait guère, car il ne savait toujours pas comment s'y prendre, hésitait toujours quant à sa conduite à tenir. Pourtant, il s'exécuta sans attendre : il souhaitait par-dessus tout recevoir les consignes pour la suite afin de mener au mieux sa mission.

................- Ah Vassia ! répondit le colonel d'une voix enjouée. Tu es enfin décidé à m'adresser normalement la parole ? Alors, comment vas-tu ?
................- Il faudra qu'on parle, quand on se reverra. Pour l'instant, j'ai du travail et toi aussi. Voici ce que te rapportent tes deux lieutenants…

Vassili entama un rapport détaillé, sans aucune fioriture ou arrangement personnel. Il détailla tout ce qu'il put, sans laisser penser à aucun moment qu'il avait quelque lien autre que hiérarchique avec son interlocuteur. Quand il eut terminé, le colonel reprit :

................- Très bien. Cela coïncide avec ce que j'ai de mon côté comme informations. Montez l'embuscade de Victor.

Dimitri laissa un silence s'établir. Puis, il devina la gêne de son petit frère ; il éclaircit donc la situation de lui-même, sur un ton qui se voulait indigné, comme si ce qu'il disait était une absurdité totale.

................- Non, mes sources ne sont pas celles que tu crois… Arrête de penser à ça ! Oui, on discutera à notre prochaine rencontre et je ferai en sorte qu'elle ne tarde pas trop. Allez, passe une bonne embuscade et à bientôt !

Il clôtura la conversation sur ces mots. Aleph-Zéro rappela Héloïse, à peine gêné de solliciter à nouveau ses services. Il l'envoya annoncer la nouvelle à son homologue, ainsi que la désignation d'un point de rencontre. Les deux sections se rejoindraient pour monter leur opération. Elles avaient toutes deux subi des pertes et auraient besoin de toutes les forces disponibles bien organisées pour mener à bien une telle attaque.

Quand les deux lieutenants se furent rejoints, Victor exposa les détails du plan qu'il avait déjà fait transiter dans les grandes lignes par Héloïse. L'humain se réservait l'appui, après avoir disputé le rôle de l'assaut uniquement pour la forme. Sa section comptait en effet peu de membres à la suite de la première attaque et il savait que l'Insécateur « improvisait des tactiques exceptionnelles au front ». Aleph-Zéro ne sut s'il devait voir dans cette réflexion du cynisme ou un réel compliment. Néanmoins, le ton était amical et, au vu de ses anciens résultats, il n'avait pas à rougir devant son homologue.

Les groupes furent reformés, en mixant le moins possible ; il fallait tout de même constituer des unités un minimum cohérentes… Vassili prenait la tête d'une équipe qui comprenait des humains et Newton, alors qu'un autre sergent récupèrerait Terreur-des-Hommes et Eclair-de-Liberté et les œufs, portés par l'Elecsprint. Aleph-Zéro utiliserait ce dernier groupe comme fer de lance dans son opération : il serait l'élément qui frapperait, tandis que le dresseur organiserait à lui seul l'information et le coup d'arrêt. Victor se chargeait de couvrir ainsi que de récupérer les combattants à l'issue de l'action d'éclat. Assurément, le lieutenant humain remplissait une mission indispensable mais légèrement moins risquée. L'Insécateur ne lui en voulait pas du tout : cela lui permettrait de se mettre en avant et de profiter de la partie qui l'intéressait le plus dans son rôle…

Eclair-de-Liberté partageait cette vision des choses. Il avait hâte de mener cette attaque. Paradoxalement, seul le combat lui permettait de se libérer de cette terreur qui l'envahissait en permanence. Il n'attendait que de pouvoir se relancer dans l'horreur de l'assaut, de pouvoir laisser libre cours à sa violence et ainsi d'oublier toute inquiétude sous l'effet de l'adrénaline. Alors que tuer l'effrayait, cela représentait pour lui le seul moyen de se prémunir de son contrecoup. De plus, la journée, quand il marchait ou attendait avec le reste de la troupe, il avait l'impression d'un énorme ennui… Tout lui semblait fade dans la vie normale. Seuls les moments où il sursautait, croyant voir un ennemi ou ceux durant lesquels il éprouvait ses insomnies lui pesaient. Non, en réalité, il s'en rendait compte, il voulait se battre ; seule cette activité pouvait lui apporter quelque chose désormais !