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Aide-toi et le ciel t'aidera de Kydra



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Informations

» Auteur : Kydra - Voir le profil
» Créé le 20/04/2013 à 16:58
» Dernière mise à jour le 20/04/2013 à 16:58

» Mots-clés :   Aventure   Présence d'armes

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Chapitre 74 : Ultralaser
Les juges finirent de délibérer après près d'une heure passée à l'écart. Les trois hommes revinrent, n'affichant aucune expression, comme leur tâche le leur imposait. Bien que cela ne fût pas facile, ils se devaient également de rendre leur décision dans les heures qui suivaient l'éclatement des affaires quand celles-ci concernaient des conflits internes. Le groupe des rebelles souffrait en effet bien trop de fréquentes trahisons pour se permettre de mettre en place un système de détention sûr et de prendre du temps dans les délibérations. Attendre accentuait les facteurs de risques de passage d'information à l'ennemi, de phénomènes d'embrigadement, ou toute autre action qu'aurait pu entreprendre un traître en vie. Aussi, dès le jugement rendu, si la peine de mort était prononcée, elle était appliquée. Les saisies du tribunal rebelle se soldaient rarement par d'autres conclusions que l'exécution ou l'acquittement...

................- Au vu des éléments qui nous ont été présentés, nous déclarons Gilles coupable de tentative d'assassinat envers une personne membre des forces armées révolutionnaires, ce qui constitue en plus un acte de trahison. Il est donc condamné à la peine de mort, déclara l'un des juges d'un air solennel.

Gilles écarquilla les yeux. Il était certain de ce verdict, cependant, l'entendre ne l'en accabla pas moins. Enfin, quand il fut un peu remis, il laissa échapper un « une « personne » ? » discret en secouant la tête, à quoi Dimitri répondit vertement : « Oui, une personne ; ils sont nos égaux ». Vaillant-Rescapé décontracta ses épaules en lâchant un soupir de soulagement, réaction qui n'échappa pas au coupable. Celui-ci adressa un regard assassin au Pokémon, convaincu que cette attitude était encore une preuve supplémentaire de sa volonté de garder le contrôle sur les forces humaines. Le colonel eut une attitude plus professionnelle : il ne laissa transparaître quasiment aucune émotion et le peu qu'on pût deviner se rapprochait plus de la compassion. Il affichait l'air de quelqu'un qui est réellement affecté de devoir procéder à une exécution.

Gilles marmonna dans sa barbe quand deux autres rebelles lui attachèrent les mains dans le dos, mais il ne se montra pas rétif pour autant : il savait que ce serait inutile. On le fit asseoir dans un coin, où il devait rester sans bouger, surveillé comme le plus dangereux des criminels, en attendant qu'on constituât un peloton d'exécution à la va-vite.

Enfin, l'heure de la sentence arriva. Le prisonnier se tenait debout, à l'arrière d'un des bâtiments, devant un mur. Un silence de mort régnait parmi tous les rebelles. Un homme s'approcha du condamné, demandant s'il avait une dernière volonté. Gilles secoua la tête, mais il déclara tout de même :

................- Tu l'emporteras pas au paradis ! Quand les Pokémon domineront le monde, on verra bien qui avait rais...

Il ne termina pas sa phrase. Des rafales claquèrent, l'homme s'effondra au sol. Le colonel s'approcha du cadavre, l'air désolé, en compagnie d'un combattant, pour vérifier que le condamné était bien mort. Heureusement, c'était le cas : ils n'eurent pas à l'achever.

La conclusion de cette affaire laissa planer une atmosphère bizarre dans les heures qui suivirent, ce qui amena naturellement Malik, soutenu par le lieutenant Victor et l'adjudant-chef entre autres, à demander la permission de s'exprimer devant tous les rebelles. Il obtint immédiatement l'autorisation demandée, avec même les félicitations du colonel pour cette initiative heureuse. Pour son intervention, il choisit de réunir les combattants de la manière la plus décontractée possible. Ainsi, il allait faire passer son message comme le conseil d'un homme avisé, surtout pas comme le chef militaire qui veut imposer une opinion. Son unique but était de faire comprendre son point de vue et de le partager.

Vaillant-Rescapé décida d'y assister, pour voir ce que d'autres humains que Dimitri avaient dans la tête et surtout parce que ce dernier s'y rendait aussi et l'invita à l'y suivre. Les deux se placèrent côte à côte, derrière tous les autres combattans, dans une pose décontractée qui indiquait clairement qu'ils n'étaient nullement là pour surveiller qui que ce fût. Le lieutenant se tenait face à tous les hommes, seul à être debout, accompagné de Victor, qui restait un peu en retrait, comme pour signaler qu'il se joignait juste à l'avis, mais ne comptait nullement intervenir. Enfin, Malik se racla la gorge, puis commença à parler. On vit tout de suite qu'il avait préparé son intervention, car il parlait de manière fluide, avec l'intonation toujours appropriée à son propos.

................- Je vous ai réunis aujourd'hui, car je pense qu'il est temps de régler la question de la présence des Pokémon une bonne fois pour toutes. Quand ils sont arrivés, nous n'avons pas insisté suffisamment sur nos explications et cela fait trop longtemps que les rumeurs courent. Il s'est avéré que c'était une erreur de notre part ; nous aurions dû plus vous en parler... Nous avons attendu d'être au bord du gouffre, il est trop tard pour se rattraper maintenant, mais comme on dit : « mieux vaut tard que jamais » !
Avant de vous parler de Pokémon, j'aimerais simplement rappeler une chose, car elle permettra de comprendre ce qui vient d'arriver et de mettre fin à toutes ces rumeurs qu'a lancées le traître Gilles pour nous déstabiliser... Si Dimitri est colonel, si Victor ou moi sommes lieutenants, ce n'est pas parce que nous valons plus que vous. Si nous sommes gradés, c'est encore moins pour vous reprendre à l'ordre sans cesse. Cependant, nous nous devons de le faire, parce que nous sommes garants du bon fonctionnement de notre armée. Sans autorité, elle tomberait. Si nous sommes chefs, c'est simplement parce que nous avons eu la chance d'accéder à l'instruction et que nous pouvons grâce à elle assumer nos postes. Notre pouvoir ne nous permet en rien de profiter d'avantages et celui d'entre nous qui le ferait mériterait autant que Gilles d'être considéré comme un traitre. Je vous assure que, humainement, notre vie ne vaut pas du tout plus que la vôtre. Nous nous exposons pourtant moins que vous, car notre armée a besoin de nos compétences. Si nous disposions d'un remplaçant pour chacun d'entre nous tombé au combat, sachez que nous n'hésiterions pas à nous sacrifier aussi facilement que vous le faites, vous, avec tant de courage et de dévotion ! Seulement, ce n'est pas le cas, il nous faut donc préserver nos chefs, au moins un minimum et nous regrettons de devoir rester parfois en retrait. En dehors de cela, comme je l'ai dit, nous n'avons aucune raison d'accorder plus de crédit à la parole du colonel qu'à celle de Gilles ou de n'importe lequel d'entre vous, dit-il en balayant l'assemblée de la main. La décision des juges n'a donc en rien été influencée par son grade. Ceux qui le croient encore peuvent se lever et le dire, je les recevrai et ils ne seront pas punis ! Je leur promets de débattre avec eux le plus calmement du monde pour qu'ils n'aient plus aucun doute...
Maintenant, j'en viens à mon propos. Les Pokémon qui sont ici ont été reçus par le colonel avant de venir. Dimitri a étudié toutes les informations dont il a pu disposer à leur sujet. En tant que chef, croyez-vous seulement qu'il aurait pris le risque de les mélanger à nous s'ils représentaient un danger ? Celui qui penserait comme ça peut aussi se lever, le dire et je le fais fusiller sur le champ ! déclara-t-il d'un ton agressif. Si vous n'êtes pas capables de faire confiance à vos chefs, à nos chefs, alors partez tout de suite. Lâchez votre arme et courez, je ne vous rattraperai pas. A quoi nous servirions s'il fallait sans cesse remettre en cause nos réflexions ?
Je vous le promets, nous mettons tout en œuvre pour que vous aussi, vous puissiez avoir les moyens de commander un jour... Nous vous enseignons tout ce que nous savons dès que cela est possible, c'est une promesse que nous avons faite, nous la tenons. Donc par contre, si vous aviez des arguments, des preuves, parlez nous, nous serons toujours là pour vous écouter. Mais ne tentez en aucun cas de faire justice vous-mêmes ou de prendre des décisions capitales sans nous consulter ! Vous nous mettriez tous en danger et cela, nous pouvons nous y risquer !
Maintenant, regardez le sergent Aleph-Zéro ! Il nous a sauvés d'une embuscade, il a mené son groupe sans jamais faillir... Il a du courage autant que nous tous réunis ! Alors ne vous permettez pas de le juger avec vos a priori en disant qu'il est de la race de certains de nos ennemis, qui ne le sont d'ailleurs que par accident. C'est l'armée a déclaré la guerre aux Pokémon, pas nous. Et maintenant, regardez notre P'tit Nours... Sans doute restera-t-il borgne toute sa vie, à cause des éclats d'obus qu'il a reçus. Oui, lui aussi, il était avec nous sous les tirs de mortier ! Ils font partie de notre armée, et donc, quiconque s'attaque à eux s'attaque à nous...
Alors, les gars, continuons à nous battre tous ensemble. Plus nous serons, alliés à notre cause, plus il nous sera facile de vaincre et moins nous aurons d'ennemis !

Le groupe se dispersa en silence à l'issue de l'intervention du lieutenant. Les hommes n'avaient pas réellement la tête au discours, aussi, il ne fut pas suivi de nombreux commentaires. Sur le moment, tous eurent l'impression que les mots ne les intéressaient pas pour l'instant, à cause de l'attaque, du jugement et d'autres événements majeurs. Pourtant, les arguments utilisés se répétèrent et furent débattus, à l'occasion des occupations qui arrivaient plus tard.

Le colonel félicita les deux lieutenants pour leur prise de parole, bien qu'il ne jugeât pas leur expression parfaite ; il les reprit d'ailleurs sur certains points de détail... Non seulement ce moment avait permis de remettre les choses au clair, mais surtout, ce type de discours resserrait les liens entre les combattants. Dimitri rappela qu'il était très important de maintenir un moral des plus favorables et une volonté de vaincre sans faille, car sans eux, la conviction des hommes s'émoussait peu à peu. Or, il s'agissait là d'un atout majeur pour les forces armées. Le nombre ne constituait pas l'assurance de la victoire. L'armée rebelle jouait énormément sur ce facteur, celui qui fait que ceux qui sont prêts à aller jusqu'au bout et montrent une entière dévotion à leur combat sont des guerriers bien plus redoutables que les autres. Grâce à cela, il pouvait se permettre d'entreprendre des actions très audacieuses et même de les réussir !

La vie au campement reprit ensuite son cours normal, presque comme si de rien n'était. Il y eu certes quelques discussions sur le « cas » Gilles, mais elles furent non seulement peu nombreuses, mais surtout, il ne vint à l'idée à personne de contredire le verdict des juges. De ce fait, l'opinion même d'être opposé à l'insertion des Pokémon dans l'armée rebelle rappelait à tous la tentative d'assassinat. Cette opinion devint donc une espèce de forme de trahison dans l'acception générale, ce qui permit à l'ensemble de se fédérer finalement autour de l'idée qu'ils n'étaient pas si malvenus que cela. Au départ, il s'agissait plutôt d'une hypocrisie ou d'une peur d'être assimilé au traitre, mais finalement, à force chercher des justifications, ils se convainquirent eux-mêmes avec leurs propres arguments.