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Valdea, voyage vers l'inconnu de Shaam



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Informations

» Auteur : Shaam - Voir le profil
» Créé le 06/07/2012 à 21:47
» Dernière mise à jour le 06/07/2012 à 21:49

» Mots-clés :   Action   Aventure   Présence de Pokémon inventés   Région inventée   Sinnoh

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24 - Parlons bouquins
Desmond et Prosper venaient de sortir d'une pizzéria où ils venaient de déjeuner. La passion de Prosper pour les pizzas avait déteint sur son compagnon de route qui ne trouvait plus sa consommation régulière redondante.
Par ailleurs Desmond avait trouvé en Prosper un amateur de musique Rock et ça donnait lieu à des conversations plus ou moins passionnées.

- Ah non, je vous arrête tout de suite, l'album St. Anger était très bien ! dit Desmond.
- Si tu veux mais pas aussi bien que ses aînés, rétorqua Prosper.
- Juste parce qu'il ne surpasse pas les anciens albums ne le rend pas systématiquement mauvais ! Il faut arrêter de rejeter tout ce qui n'est pas parfait. A trop chercher le sans-faute on ne se retrouve qu'avec des déceptions.
- Tu le défends avec tant de fougue... ce n'est pas ton album préféré quand même ?!
- Nan. Mais juste parce que c'était mieux avant ne rend pas les productions récentes - quand elles ont de l'âme - comparables à de la bouse de Tauros.
- Ok, je baisse les bras...

Desmond hésita un peu à reprendre la parole mais se lança au bout d'un moment de silence.

- Bon, je vais devoir vous laisser.
- Tu as intérêt à assurer dans ton rencard !

Exactement ce que Desmond redoutait.

- Ce n'en est pas un !
- Ça se voit que tu as le trac !
- Bon saaang... geignit Desmond. A plus...
- Bon courage !
- Comme si c'était une sorte de grosse épreuve...

Mais c'en était une.

Desmond arriva en avance devant la Librairie du Troisième Millénaire et attendit nerveusement, redoutant trop de choses.
En effet, à part les camarades de l'académie et quelques cousines, il n'avait pas vraiment de fréquentations féminines du même âge que le sien. Il manquait d'expérience avec la gente féminine et cette sortie prévue avec Célestine était un challenge plutôt ardu. Une situation ordinaire pour n'importe qui mais pour Desmond c'était carrément une première.
Le dresseur aux cheveux noirs poussa un autre soupir et promena son regard aux alentours, essayant d'oublier un peu l'évènement du jour. L'avenue Vent Argenté était très jolie, large et munie des deux côtés de deux rangs d'arbres soigneusement entretenus, en plus d'être ni trop fréquentée ni déserte. Et sans parler de l'élégant pavage mi-beige mi-marron qui jonchait l'allée piétonne. Ses habitants avaient décidément de la chance d'y résider. En comparaison la ville natale de Desmond perdait de sa superbe.
Desmond revint à son tracas du jour quand il vit la silhouette de celle qu'il attendait s'approcher de plus en plus. Le jeune homme ne se sentait toujours pas à l'aise alors que ce n'était même pas un vrai rencard. Il soupira, conscient de l'exagération de son malaise et décida de ne plus s'en faire et de laisser les choses se faire toutes seules. Tant pis si cela ne se déroule pas impeccablement, de toute manière ça allait être une expérience enrichissante.
Célestine était une fois de plus habillée en blanc, décidément ça devait être sa couleur préférée. Passées les salutations (assez pudiques, pas de bise dedans), Célestine dit en souriant :

- On entre ? En fait je compte acheter un roman.
- Allons-y, moi aussi j'ai un achat à faire.

C'était plutôt spacieux à l'intérieur et savamment rangé, contrairement à certains fourre-tout.

- C'est une jolie libraire, n'est-ce pas ? L'une des meilleures de tout Sinnoh.
- Oui, ça se voit. Ça donne vraiment envie d'acheter quelque chose.

Il pensa alors que les librairies étaient aussi de ces commerces où le personnel ne dérangeait pas les personnes qui y entraient, mais se retint de sortir ce commentaire par crainte de donner un air bizarre.
Ils explorèrent les rayons et observèrent divers livres aux couvertures et titres plus ou moins intrigants mais aucun ne retint suffisamment leur attention pour en faire un achat spontané.
Après un peu de recherche, Desmond trouva ce qu'il voulait et prit un livre dont le titre stimula la curiosité de Célestine.

- Smirnoff ? Drôle de titre. De quoi ça parle ?
- C'est juste le nom de famille du personnage principal. C'est une série qui raconte la vie très remplie d'un prof de dressage et son entourage, il leur arrive plein de trucs, à commencer par un voyage itinérant mouvementé... c'est très populaire en ce moment, je peux te confirmer que c'est une valeur sûre cette série. J'attends chaque nouveau tome avec impatience.
- Je vois. Je crois que je vais prendre le tout premier tome. Tu m'aides à le trouver ?
- Une nouvelle fan va voir le jour !

Ils inspectèrent les environs un moment et finirent par déceler le premier tome qui était logé dans un coin pas très visible puisqu'il était paru il y a longtemps. Desmond se demanda tout de même si Célestine allait tolérer le style de l'auteur fort riche en dialogues.

Le roman que Célestine comptait acquérir était Une victoire sans saveur d'un certain Sven Dreyfus. D'après la cadette Lamperge, c'était l'histoire d'un détective qui survit par chance à un assassinat et qui doit continuer à échapper à son ennemi tout en essayant de le découvrir. C'était aussi une série à succès ; Desmond décida alors de se procurer le tout premier volume, non sans vouloir faire un peu plaisir à Célestine.

En allant vers la caisse, Desmond passa rapidement par le rayon magazines, dans le maigre espoir d'y trouver le nouveau numéro de TopDresseur. Sans surprise, il n'était pas encore paru. Desmond aurait aimé montrer à Célestine des images de son match contre le dracologue.
Après avoir réglé leurs achats, ils se rendirent au café Luminéon, toujours à l'avenue Vent Argenté, et prirent place à la terrasse. Desmond prit un simple chocolat chaud tandis que Célestine opta pour du thé.
Desmond se demandait comment il allait démarrer une conversation quand Célestine le fit à sa place. Elle lui rappela la raison première de cette sortie.

- Alors Desmond, qu'y a-t-il de nouveau à propos de Valdea ?
- Euh, oui... j'avais complètement oublié ! En fait hier j'ai rencontré par hasard l'homme qui t'a hypnotisée.

Elle haussa les sourcils.

- Ah bon ? Et qu'est-ce qui s'est passé ?
- Il s'excuse de t'avoir fait ça, il a dit que c'était contre sa volonté et qu'il y a été obligé par son chef, tu sais Enzo Esteban.
- S'il croit que je vais lui pardonner juste comme ça...
- En fait j'ai discuté avec lui et il ne m'a pas donné l'impression d'être une mauvaise personne. C'est juste que les objectifs d'EEV sont prioritaires pour lui. Il m'a un peu parlé de Valdea. Tu sais comme moi que cette région est dans une autre dimension, et que c'est l'œuvre d'un Pokémon légendaire...
- Ça me semble encore assez surréaliste, ce scénario...
- Certes, mais il y a plein de choses comme ça dans la vie. Par exemple Hippopotas peut apprendre Queue de Fer...

Célestine rit un peu ; Desmond s'en félicita intérieurement.

- Ce que j'ai appris avec ce membre d'EEV c'est que jadis, les habitants de Valdea ont fait quelque chose au Pokémon légendaire local qui l'a poussé à provoquer un désastre à l'échelle régionale. Après ils ont quitté Valdea qui devenait invivable et se sont installés ailleurs, comme Sinnoh par exemple. On ne sait pas ce que ce désastre est au juste, peut-être une sorte de catastrophe naturelle. Ensuite, le Pokémon de la Calamité s'est arrangé pour faire disparaître Valdea dans une autre dimension, probablement en faisant appel à Palkia, le Pokémon capable d'agir sur l'espace comme bon lui semble. Oui, Célès je sais que c'est dur à croire mais c'est très cohérent.
- J'avoue... mais il y a encore un mystère à résoudre.
- En effet, tu me suis. Le gros point d'ombre dans cette histoire est le motif qui a mis le Pokémon de la Calamité dans une telle rage. Peut-être que des humains ont cherché à s'accaparer ses pouvoirs, ou à le faire soumettre à leur volonté dans le but d'en faire une arme. Plusieurs scénarios sont possibles. Bon, pour le moment ce que je sais s'arrête ici.

Célestine écoutait ses explications avec un clair intérêt. Depuis des années elle avait perdu l'espoir d'en savoir plus sur Valdea et puis récemment, tout un flot d'informations nouvelles l'avait submergée.

- Je vois... merci encore de me tenir au courant. Tu as une prochaine étape à suivre dans ton enquête, maintenant ?
- Oui. Monsieur Nov m'a dit avoir une piste, on doit aller quelque part mais je n'en sais pas plus. Je verrai de quoi il s'agit une fois arrivé à destination. Au fait, il ne t'est rien arrivé ces derniers temps ?
- Non, rien du tout, répondit-elle en sirotant son thé. Sinon, ton voyage avance-t-il ? ça fait un bout de temps que tu es ici.
- Apparemment monsieur Nov ne s'est pas encore lassé d'Unionpolis... mais on va reprendre la route, peut-être même demain. On est resté ici suffisamment longtemps. Mais tu sais je peux toujours venir ici.
- Même si plus tard tu seras loin d'Unionpolis ?
- Je peux toujours prendre un car. Je n'ai pas de contraintes.
- Tu sais, j'envie ta liberté. Moi je m'ennuie chez moi, d'ailleurs je me rends souvent en ville pour occuper mes journées, même si je n'ai pas beaucoup d'amis... j'aime m'évader mais mon champ d'action reste limité. J'aimerais tant voyager à travers la région, comme toi.
- Oui mais en même temps, ma famille me manque un peu. Un mal pour un bien.
- Oui, c'est vrai...

Silence gênant pour Desmond. Célestine, elle, n'était pas du tout gênée ou à court d'idées, juste qu'elle appréciait les pauses mais ça Desmond ne pouvait le savoir. En plus il subissait le courant de la conversation et il se sentait déçu de lui-même.

- Dis, as-tu un projet à terme, après la ligue ?
- A vrai dire... non. Pas encore.
- Ah bon. J'espère que tu trouveras une voie précise.
- Oui...

Desmond se demandait ce que Célestine devait penser. Plusieurs années d'études et tout ce qui était assuré pour le moment était le vagabondage de ville en ville ? Il se sentit un peu ridicule et se demanda s'il n'aurait pas mieux fait d'élaborer un mensonge.
Célestine sortit de son sac le bouquin recommandé par Desmond et observa la couverture puis lut un paragraphe qui parlait de l'auteur. Cet exemplaire n'était pas issu de la première édition et évoquait donc le succès de la série et par conséquent l'auteur. Desmond décida de parler en premier pour changer.

- Ce n'est pas une série qui met tout le monde d'accord mais si tu t'immerges dans le trip de l'auteur alors tu passeras de bons moments.
- On verra bien. En tout cas le synopsis est accrocheur.
- Bien sûr, c'est quelque chose à laquelle il faut faire très attention quand on est écrivain.
- Pour sûr. Dis, tu as déjà essayé d'écrire une histoire ?
- A vrai dire, non...
- Tu vois, continua-t-elle, mon rêve, en plus de m'essayer au voyage de dresseur, est de devenir une romancière reconnue. Je me sentirais accomplie si mes écrits parvenaient à faire évader des gens. Et là je me demandais si je pouvais te poser quelques questions sur l'écriture.
- D'accord, vas-y. J'espère que mes réponses t'apporteront une vraie valeur ajoutée.
- Comment penses-tu qu'une bonne histoire devrait être ?
- Eh bien, tout d'abord... si j'étais romancier je ferais en sorte que l'histoire démarre rapidement, qu'il se passe des choses dès les premières pages, quitte à projeter le lecteur dans une scène et reporter la mise en contexte à plus tard.
- Oui, c'est une technique qu'on utilise parfois. Ca s'appelle « In Media Res » si je ne me trompe pas.
- Je crois que j'ai déjà entendu ce terme quelque part. Perso je n'aime pas quand un auteur commence direct avec des descriptions hyper détaillées.
- C'est un avis qui se défend. Mais en même temps il y a énormément de gens que ça ne dérange absolument pas.

Desmond ne put alors répliquer efficacement et se contenta de répondre « Question de goûts... »
De son côté, Célestine était en train de partager son petit monde intérieur avec Desmond. Sa famille ne s'intéressait guère à ses passions et ses amies la prenaient quelque fois pour quelqu'un d'un peu renfermé. Ce qui n'était pas tout à fait faux mais Célestine voulait quelqu'un qui s'intéresserait honnêtement à ce qu'elle aimait.
Elle sortit un calepin où elle commença à noter les observations de Desmond, chose qui le flatta beaucoup. Elle s'emporta quelque peu dans « son truc ».

- J'ai pour habitude d'avoir mon fidèle calepin avec moi, dit-elle. Je ne suis pas très douée pour bien mémoriser les choses.
- Euh... tu crois que ce que j'ai dit te sera utile ?
- Ta façon de voir les choses est intéressante et mérite amplement qu'on s'y attarde. Ta perception élargit la mienne.
- Euh merci !

Nouveau blanc plus ou moins embarrassant pour Desmond.

- Tu as un auteur de prédilection ? demanda Célès.

Desmond se maudit intérieurement de ne pas être celui à trouver des sujets de conversations. Les initiatives de Célestine n'étaient pas de refus mais il pensait avoir l'air ennuyeux en ne faisant que répondre. Mais au moins il pouvait bien répondre. Il avala une gorgée avant de se lancer.

- Je dirais Mika Domino, l'auteur de Smirnoff. Je te préviens tout de suite, son style n'est pas des plus sensationnels et il lui arrive souvent de partir dans de longs dialogues, mais en revanche il se démarque par ses histoires palpitantes. En lisant ses bouquins, je me suis décidé à ne plus porter trop d'importance au style d'un auteur mais de voir plutôt les idées qu'il véhicule.

Desmond était content de sa tirade. Mais en même temps il s'attendait un peu à des questions de ce genre donc il s'était plus ou moins préparé. Il but une gorgée de chocolat.

- Si tu le dis, répondit Célès. Maintenant je ne sais pas par quoi commencer, j'ai deux bouquins très intéressants à dévorer !
- Oui, héhé... tire au sort pour voir !

Une plaisanterie qui n'eut pas l'effet escompté. Desmond soupira silencieusement par le nez. Ils continuèrent à discuter de littérature quelque temps. Desmond demanda à la brune si elle avait déjà écrit quelque chose de publiable, ce à quoi elle répondit par la négative. Néanmoins elle comptait le faire ; le jeune homme la flatta en disant vouloir lire ce qu'elle allait écrire à l'avenir.
Après, les deux jeunes restèrent silencieux pendant deux minutes qui furent particulièrement longues et atroces pour Desmond.

« Mince, je deviens déjà ennuyant ! Pourtant j'étais si bien parti... mais peut-être... peut-être que je devrais rester égal à moi-même. Ouais, ça m'arrange bien de me dire ça, plutôt que de maudire mes aptitudes sociales limitées. Mais en même temps, même si je fais mon intéressant maintenant et que ça marche, je ne pourrais pas le faire toujours, ça serait beaucoup trop pénible et je me trahirais. Il vaut mieux que je reste spontané et égal à moi-même et on verra sa réaction à elle. Soit elle m'accepte tel que je suis, soit... bah tant pis. Elle n'a pas l'air d'une pouffe qui papote une heure au téléphone, ce genre de personnes qui bavassent sans arrêt à longueur de journée... mais en même temps je ne donne pas du tout d'air attentionné et charmeur avec mon silence à la con. Ce qui me conviendrait, c'est un Maxime au féminin... bon sang je devrais réfléchir à quelque chose à dire plutôt que de disserter sur mon cas !! »

Desmond soupira encore et jeta un coup d'œil sur Célestine qui semblait un peu dans les nuages et observait les va et vient à travers l'avenue. Au moins, elle ne le regardait pas d'un air lassé, ou alors c'était avant qu'il ne dirige son regard sur elle.
Célès regarda Desmond en souriant et prononça une phrase pour le moins étonnante :

- Peut-être que je me trompe, mais j'ose croire que tu es de ceux qui savent savourer le silence.

Desmond dut fournir un effort pour ne pas écarquiller les yeux et hausser les sourcils. Il fixa son interlocutrice un moment puis se rappela qu'elle attendait une réaction. Il sourit.

- Toi aussi ?
- Oui. Il m'arrive souvent de rester seule, que ce soit simplement dans ma chambre ou ailleurs. Mon entourage est souvent occupé, mes frère et sœur n'ont pas beaucoup de temps à consacrer à ma compagnie, en plus je n'ai pas beaucoup d'amis... à force de vivre dans le silence j'ai appris à l'apprécier. Par exemple quand je lis il faut que ça se fasse dans le silence, je trouve que la musique me déconcentre. Pas toi ?
- Si... si.

Desmond était abasourdi.

- Désolée si je t'ennuie...
- Mais pas du tout ! Je t'assure, tu peux tout me dire.
- Ça me fait bizarre de me confier... d'habitude je n'ai personne avec qui partager mes pensées.
- N'hésite pas avec moi.
- Merci.

Ces derniers temps, Desmond avait développé une façon de parler piquante mais était bien incapable de s'en servir avec Célestine. Car elle inspirait le respect et ne disait rien de fâcheux, et en cela l'intérêt du jeune homme pour la brune en blanc ne cessait de croître.
Quelque temps plus tard ils quittèrent le café et se promenèrent le long de l'avenue Vent Argenté. Ils entrèrent dans un joli parc où Desmond rompit le silence qui venait de s'installer à nouveau.

- Célès...
- Oui ?
- Euh, ça te dirait un petit match ?

D'habitude c'était les autres qui lui proposaient un match. Aujourd'hui, c'était lui qui allait prendre cette initiative. De plus il était curieux de voir comment elle combattait. Célestine semblait hésitante ; Desmond se ravisa.

- Enfin, si tu n'en as pas envie...
- Bon, pourquoi pas. Mais je te préviens : je ne suis pas très forte, et je ne pense pas faire le poids contre un dresseur professionnel.
- Oui, je vais y aller mollo...
- Non, ne te retiens pas ! Reste honnête dans ta façon de combattre. On ne me ménagera pas si un jour je tombe en situation sérieuse.
- Très bien...

Desmond se demanda s'il l'avait froissée. Il ne fallait pas commettre d'erreurs ! Célestine fit sortir Ernest, son Kungfouine qui sauta dans les bras de sa dresseuse. Desmond aurait préféré se mesurer à Altaria ou Gardevoir. Il observa la petite fouine d'un œil peu enthousiaste. Célès le remarqua et expliqua alors son choix.

- Ernest n'est pas très fort, il a besoin d'entraînement et d'expérience. En plus il a un esprit plutôt combattif donc un match n'est jamais de refus pour lui.

Célestine maîtrisait la capacité Lire-Esprit à la perfection. Sa perspicacité impressionnait Desmond. Il répondit « D'accord » d'un ton faible et doux et prit une de ses sphères bicolores. Dimitri le Nidorino apparut et toisa son opposant.

- Commençons, dit Desmond. Dimitri, attaque Koud'Korne !

Nidorino fonça tête baissée vers Kungfouine qui évita son assaillant en sautant. Il se permit même de riposter avec Météores sur ordre de sa dresseuse. « Elle a de bons réflexes » pensa Desmond.

- Ernest, Plénitude !

Kungfouine se mit debout sur un pied, tendit un bras en avant et l'autre en arrière à quarante-cinq degrés, et ferma les yeux. Une lumière pourpre commença à luire en lui en émanant un faible son. Desmond ne voulut pas l'interrompre et ordonna à son Pokémon d'utiliser Puissance. Nidorino se couvrit alors d'un contour rougeâtre.

- Et Météores !

Ernest balança une volée d'étoiles filantes plus nombreuses que lors de la première offensive. Nidorino chercha à esquiver mais reçut une partie de la salve. Il la supporta comme il put et attendit l'ordre suivant de son dresseur.

« Elle n'utilise pas d'attaques de type Combat, elle sait que les Pokémon de type Poison y résistent. Tout le monde n'est pas au courant de ça... et si elle n'utilise pas Tunnel c'est que Kungfouine ne connaît pas cette attaque. Célès a un certain potentiel en dressage. Peut-être même qu'elle redoute l'aptitude Point Poison »

Soudain Ernest commença à donner des coups de poing et de pied dans le vide en grognant puis adressa un regard significatif à sa dresseuse. Desmond et Célès comprirent que le Pokémon Combat voulait faire dans le Physique et utiliser le corps-à-corps.

- Ah mais Ernest, pourquoi tu crois que j'ai utilisé Plénitude ?

Kungfouine insista en frappant en l'air. Célestine soupira et ordonna Pied Sauté.

« Par contre elle manque d'autorité... mais en même temps, se cantonner au Spécial avec ce Pokémon relève du gâchis. L'aurais-je surestimée ? »

Le Pokémon martial saut très haut et retomba sur Nidorino qui résista à la frappe. Desmond riposta avec Direct Toxik mais le corps de Dimitri l'empêchait d'exécuter cette attaque à la perfection, ce qui permit au Pokémon adverse d'esquiver.
Desmond mit un terme au petit match en ordonnant l'attaque Tonnerre que Dimitri exécuta avec puissance et précision. Le jeune homme préférait cette attaque à Fatal-Foudre qui avait plus de chances de rater. Kungfouine fut salement touché mais s'obstina à poursuivre le combat alors qu'il était proche du KO. D'ailleurs Desmond s'étonna un peu qu'il ne le soit pas déjà. Célestine, quant à elle, décida d'arrêter la rencontre avant que son Pokémon ne se blesse encore plus.

- Ernest, ça suffit, tu vas rentrer dans ta Pokéball.

Kungfouine continua à secouer la tête et à sautiller de colère mais Célestine s'approcha de lui et le prit dans ses bras, ce qui eut pour effet de calmer le petit Pokémon. Sa dresseuse lui adressa un regard doux auquel la fouine ne résista pas et accepta de regagner sa Pokéball. Desmond était subjugué.

- Euh, désolé, j'y suis allé un peu fort...
- Non, ça a été une expérience enrichissante pour Ernest. Merci, Desmond.
- Oh, de rien.

Plus tard ils allaient se séparer.

- Desmond, ça a été un chouette après-midi, j'espère qu'on en aura d'autres comme ça.
- Moi aussi ! Je t'appelle s'il y a du nouveau à propos de Valdea.
- J'attends déjà les nouveautés.
- A la prochaine, Célès.
- Au revoir, bonne fin de journée !
- A toi aussi ! Au plaisir.

Une fois la brune en blanc partie, Desmond ne put s'empêcher de fermer le poing en criant mentalement « YES !!! ». Enfin, cette sortie n'était pas un sans-faute et Desmond savait qu'il avait encore des efforts à fournir pour améliorer son charisme. Mais globalement ça s'était bien passé. Célestine s'était rapidement ouverte à lui, probablement en raison partielle de son statut de dresseur qui visiblement la fascinait.
Maintenant il allait devoir faire face aux questions et taquineries de Prosper...

Célestine reçut un appel sur son téléphone et vit qu'il provenait de son majordome qui l'attendait pour la ramener chez elle. La brune soupira d'être autant couvée.

- Donovan, ce n'était pas nécessaire, j'aurais pu prendre un taxi...
« Excusez-moi mais je n'avais rien à faire et c'est plus sûr de vous raccompagner moi-même »
- Bon, comme tu le sens...
« Une petite sortie avec une amie, hein ? »
- Oui, c'est ça. J'arrive dans quelques minutes.
« Bien »

Elle aurait pu dire que c'était UN ami. Bien sûr Donovan l'aurait embêtée avec cela mais elle aurait pu se défendre et s'imposer. Seulement elle n'en avait pas le courage, étant d'une nature un peu passive.
Une fois arrivée là où Donovan l'attendait elle monta en voiture et tous deux firent le trajet du retour dans un silence pesant. Célestine faisait exprès de laisser une certaine distance entre elle et son majordome pour qu'il ne la dérange pas dans sa bulle de quiétude et d'intimité. De plus il lui donnait plus d'une fois l'air de faire office d'espion pour ses parents, alors...
Ils pénétrèrent dans le domaine des Lamperge. Un somptueux Arcanin montait la garde juste derrière le grand portail d'entrée. Célestine parcourut la vaste, luxueuse mais vide demeure. Apparemment son frère et sa sœur étaient encore absents, trop pris dans leurs entreprises et voyages. La brune rejoignit sa chambre. Une large pièce impeccablement aménagée mais où peu de personnes avaient l'honneur d'y entrer, à part Célestine et les femmes de ménage. L'avantage par contre était que cette chambre constituait un havre de paix totale.
Alors qu'elle s'occupait d'Ernest, on frappa à sa porte pour l'informer que sa mère l'attendait pour prendre des boissons dans le jardin. Une routine dont Célestine aurait aimé se passer mais là encore, pas assez d'audace pour dire non.

- Eh bien Célestine, toujours pas de projet pour ton avenir ?
- Tu sais parfaitement bien que je veux écrire des romans.
- Je voulais dire, un projet qui soit réellement sérieux.
- Je sais à quoi tu fais référence. Mère, je t'ai déjà dit que je n'avais aucune intention de devenir femme d'affaires. Je ne suis pas faite pour cela. Je n'ai même pas les compétences requises !
- On pourrait te parrainer, t'encadrer, t'aider... parfois il suffit d'être audacieux.
- Peut-être mais je ne réussirai pas dans quelque chose qui ne m'intéresse pas.
- Oh. Regrettable. Enfin, pas tant que ça, ce n'est pas comme si la famille avait réellement besoin de toi.

Elles terminèrent leurs tasses en silence et froideur. Puis la brune prit congé et alla dans sa chambre où elle sortit Lamia sa Gardevoir pour lui tenir compagnie.
Elle était prisonnière de sa famille et enviait Desmond qui vivait l'exact opposé de sa situation. Elle aurait adoré pouvoir le rejoindre sur la route.

Le soir venu, Célestine s'apprêta à entamer sa séance de lecture habituelle. Elle posa devant elle les deux romans qu'elle avait achetés. Le premier avait pour illustration de couverture un homme accompagné de deux adolescents, une fille et un garçon. L'autre livre exhibait sur sa couverture un homme debout face à un autre allongé par terre, visiblement mort. Une scène intrigante sous une pluie torrentielle.
Célestine hésita un moment puis opta finalement pour le livre que Desmond lui avait recommandé.