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Chroniques du Pokédex de Drad



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Informations

» Auteur : Drad - Voir le profil
» Créé le 02/07/2012 à 19:00
» Dernière mise à jour le 02/07/2012 à 21:02

» Mots-clés :   Drame   Humour   One-shot   Slice of life

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#605 Lewsor

Il est apparu soudainement des confins d'un désert il y a 50 ans. Personne ne l'avait jamais vu auparavant.

- Pokédex d'Unys





Qui n'apprécie pas les bonheurs simples ? Le rugissement puissant de son pick-up cinglant, de la bonne musique rock qui faisait trembler l'autoradio et les vitres dans les bourrasques de la vitesse, un temps sublime et une chaleur coriace qui bouillait au-dessus du bitume brûlant, avalé par tonnes à force des kilomètres parcourus à tombeau ouvert : ça, c'est ce qu'il appelait la belle vie. John Willis, conducteur musclé d'un nouveau modèle de collection dont il n'était pas peu fier, traversait la contrée désertique tel le pilote d'une comète écarlate à queue poussiéreuse, traçant sur la ligne granuleuse qui rayait la mer aride sous un ciel flambant bleu. Tapotant son volant de l'index au rythme effréné qui régnait dans l'habitacle, l'autre bras accoudé à la fenêtre ouverte, il se sentait furieusement bien et libre, notre Unyssain, et vivait sur le coup au son endiablé, articulant silencieusement les paroles connues à force, sans quitter non plus du regard les marquages routiers qui défilaient follement derrière son pare-brise impeccable et ses lunettes de soleil. Rien ne pouvait plus le satisfaire qu'en ce jour splendide de retour au bercail, empressé de revoir sa petite femme et d'avoir ses chers gosses lui sautant au cou. Il fit un rapide baiser sur ses doigts, puis déposa la preuve d'amour sur une photo accrochée de travers au rétroviseur intérieur, illustrant une partie de leur troupeau de Wattouat, ses deux fils blondinets riant de toutes leurs dents, et sa moitié adorée, complétant le cliché familial en les embrassant tous deux, souriante, gaie, pleine de tendresse et de couleurs vives, comme elle l'avait toujours été, après tout. Reprenant aussitôt le refrain entraînant de vive voix, avec celle d'un homme heureux, une masse poilue se remua sur la plate-forme arrière, apparemment nullement embêtée par la vitesse de l'engin, s'étirant tranquillement de tous ses membres et bâilla à s'en décrocher la mâchoire. John Willis lança à l'égard de la bête, constatant son réveil par le rétroviseur :

- Alors, bien dormi ? Toujours aussi imperturbable, toi, hein ? Haha !

Il eut un joyeux aboiement en réponse, l'Arcanin en question passant sa tête dans l'habitacle par la vitre arrière qui n'était justement plus là. John Willis aimait ses idées ; quand il avait entreprit d'arranger ce bolide pour son Pokémon et lui, il n'y était pas allé de main morte. Mais il est comme ça, John Willis. Un homme fier, une personne de confiance, un père mémorable, un Dresseur inestimable, un être humain mâle bien formé physiquement et mentalement, et un philanthrope qui payait ses impôts et laissait la priorité à droite, aux personnes âgées et aux belles femmes. Bref, un bon citoyen comme la société aime qu'ils soient. Non, franchement, John Willis était l'homme le plus heureux du monde a cet instant, rien que lui, son cher Arcanin, la fourrure et le museau au vent, son pick-up, la liberté, et son morceau favori.

- Plus que quelques kilomètres et on y est, mon vieux ! J'suis fier de toi, on a grave assuré ! Au moins, maintenant, le vieux James pourra reprendre ses activités tranquillement !

Oui, John Willis aimait aussi rendre service aux gens. Peu importe que cette personne soit appréciable, s'il pouvait aider, pourquoi ne pas le faire ? Après tout, cette qualité allait de pair avec toutes ses autres. Ce citoyen rêvé menait tout simplement une vie heureuse et tranquille, alors rien ne pouvait arriver à un homme parfait. S'attendant tout simplement à entendre son vaillant Pokémon aboyer d'approbation ou même ne rien rajouter, John fut quelque peu surpris en l'entendant grogner et rugir presque à l'arrière du pick-up. Voyant son fidèle compagnon ainsi s'exciter par son rétro, il passa la tête par la vitre pour y voir mieux. Le moins que l'on puisse dire, c'est que la surprise fut de taille, derrière ses verres teintés.

- NOM DE... !

Un gargantuesque météore, masse enflammée qui fusait dans un enfer de feu et de fumée, produisait un grondement sourd tonitruant malgré le moteur et la radio à fond. Le crash de l'objet céleste fut imminent : cette formidable comète dépassa celle de John Willis, croisa en un éclair la seule route goudronnée du paysage, fondit sur la plaine désertique et se crasha brusquement dans une aveuglante explosion aussitôt suivie d'une détonation comme il n'en n'avait jamais entendu. Aucun réflexe humain n'étant possible vu la vitesse des événements désastreux, la déflagration et l'onde de choc se propagèrent en un instant, et le pick-up fut soufflé comme un grain de sable par la vague de haute pression relâchée. La carcasse de métal et de verre fit un vol de cinquante mètres, se fracassa sur le bitume et le sable le long de multiples tonneaux avant d'aller s'encastrer dans un rocher.


John Willis toussa violemment, crachant du sang. La tête en bas, le front et la joue coupé par les éclats de verre, les bras dégagés, la poitrine quasiment enfoncée dans le volant, le reste du corps engourdi et lui semblant concassé dans un sarcophage d'acier, il hurla, de douleur, de rage ou de désespoir, il ne savait exactement. Enfermé dans cet espace menaçant par ses dangers multiples à chaque coin, il tournait fébrilement la tête de tous côtés, cherchant du regard un objet précieux en cette situation : et il le trouva, ce talkie-walkie, gardé dans la boîte à gants en cas de secours ; après tout, John Willis était un homme prévoyant, et un Unyssain technophile. Il l'empoigna donc, avant de mettre en action sa musculature et de donner de violents coups de poing dans sa porte froissée comme une vulgaire feuille d'aluminium. La paroi céda facilement, largement endommagée par l'accident, et le gars musclé put commencer à s'extirper péniblement et douloureusement du cadavre de son bébé, écrasant sous son poids les restes du siège conducteur et ses lunettes de soleil tombées ; gloire à Arceus, il ressentit convenablement l'intégralité de ses membres, et parvint, après maints cris, coupures sur les feuilles de métal brisées et efforts abdominaux appuyant sur ses côtes sans doute cassées pour certaines à se glisser sur le sable brûlant, frappé par le soleil torride. Une des première pensées qui traversa l'esprit de John Willis, blessé méchamment, fut pour sa famille, pour ses enfants, pour sa femme, pour son Arcanin. A peine sorti du pick-up plié en un certain nombre de fois que l'Unyssain se releva rapidement, se raidit sur ses membres inférieurs, comme essayant de se planter sur la terre aride, serrant de toute sa poigne le combiné noir, malgré son équilibre qui lui manquait. John Willis donnait maintenant l'image d'un homme perdu, qui semblait avoir tout perdu, qui titubait et restait hébété par les événements, cherchant fébrilement du regard son Pokémon, balbutiant son nom d'un air ahuri, un homme qu'on n'aurait jamais cru heureux il y a à peine une minute. Un aboiement et un bond gigantesque lui firent redonner espoir : son Arcanin lui sauta dessus, léchant la figure ensanglantée de son maître, heureux de le retrouver, sain et sauf pour sa part grâce aux réflexes pokémonesques. Le Pokémon, sans aucun doute emporté par cet élan de joie, ne fit pas immédiatement attention aux hurlements de douleur de son dresseur : recevoir son Pokémon en pleine poitrine quand on s'est déjà pris pas mal de choses dedans précédemment, ça ne peut qu'empirer les blessures.


Après avoir quitté la tombe du véhicule, John Willis, homme aimé de la société dans une situation où la société risque de le regarder différemment, cassé et percé de partout, traînait des pieds sur le sable brûlant. Côté technologie de pointe portative, il ne captait rien à part un grésillement incessant et désespérant, et le talkie-walkie avait fini accroché à la ceinture de notre homme. Son Arcanin, qui s'était assurément sentit affreusement coupable d'avoir empiré son cas, le poussait de la tête tant bien que mal, voulant aider malgré les interdictions de son maître. Que ce soit parce que le Pokémon pouvait le blesser encore une fois ou parce que John Willis avait un certain amour propre d'Unyssain musclé, blessé et avec une barbe de deux jours, il avait catégoriquement refusé, mais son compagnon de longue date se devait de lui porter secours. Ils déambulaient ainsi, tentant de rejoindre la route ; tout du moins, tentant de découvrir ce qu'il venait de leur tomber dessus, vu la disposition que le paysage avait prit depuis l'accident. Car, effectivement, il avait prit une certaine disposition, le paysage. Le crash de cette espèce de comète ne pouvait réellement se louper : un sillon qui pouvait accueillir un fleuve était creusé dans la croûte terrestre et aboutissait à une titanesque masse ovoïde, rutilante et d'aspect chromé, paraissant aucunement endommagé et qui ne faisait rien d'autre que rester là, en place, sans aucun bruit, à chauffer sous les rayons UV de l'astre de cette planète. Cet objet curieux, cet œuf métallique, était la chose la plus énorme que John Willis n'eût jamais observé dans sa vie de parfait citoyen, enveloppé dans un sorte de voile frémissant, témoin de la température caniculaire. Alors, forcément, une nouvelle chose offerte à un être vivant doté d'une once d'intelligence suscite ce qu'on appelle la "curiosité", cette capacité un peu maladive qui nous pousse à ne pas nous occuper de nos affaires, à découvrir la manière de sauver l'humanité ou encore à se contenter en disant "au moins, je sais, maintenant". Bref, John Willis en était rongé, de curiosité, et comptait bien satisfaire ce désir de savoir, nonobstant son état pitoyable. Et puis, l'objet écrasé non identifié était sur le chemin, alors, tant qu'à faire...

- Liiiiiiiiiiii ?

John Willis se tourna et retourna aussitôt, réagissant sur le quart de tour au petit cri perçant dans le silence ambiant, malgré un mal de crâne soudain ; sûrement à cause du Soleil. Arcanin, lui, grognait, se mettant en position d'attaque. Rien. L'immensité désertique tremblante de chaleur à perte de vue, avec une grosse masse ronde brillante à un endroit. C'était tout. Tout ce que l'on voyait, en tout cas. John Willis grinça des dents, gémit de douleur avant de se courber, maintenant sa tête endolorie (entres autres) entre ses mains, laissant tomber quelques gouttes de sang mêlées de sueur et de poussières, avant d'épier encore une fois du coin de l'œil, au cas où.

- ... Bien... C'est bon. Allons-y, mon vieux. On continue, et on rentre chez nous.

C'était étrange ; il aurait pourtant juré être venu en pick-up. Fallait croire que non, vu qu'il n'en voyait pas un, vu que la seule chose qui l'entourait, c'était justement ce désert, et que le seul intrus à ce paysage, c'était justement cette chose ronde. Très étrange. Après tout, il ne se sentait pas très bien ; il devait avoir mal regardé sur ses pas, d'où il venait. Tout simplement.


Il ne restait plus que quelques mètres, et il allait l'atteindre, enfin. L'œuf d'acier venu des cieux, plus haut que cinq fermes empilées, suscitait l'admiration et l'effroi de John Willis. Son Pokémon, inquiété depuis le semblant de bruit aigu perçu quelques minutes auparavant, restait sur ses gardes, et n'était pas plus rassuré par cette chose. Ne serait-ce que toucher cette chose serait formidable ; il pourrait ensuite rentre chez lui l'esprit tranquille, et bien entendu avertir au plus vite les autorités. Et voilà. Il y faisait face. John Willis, déterminé à travers ses blessures multiples tendit alors sa main, perché au bout de son bras, sur laquelle était tendu son index, s'approchant peu à peu de ce qu'il voyait comme une surface argentée... Et il entra en contact. Un son soudain, comme un tintement léger. Une surface extrêmement froide. Si ce n'est avec une impression de déjà-vu... Molle... Ou rigide ? On aurait dit de la glace... Suinterait-elle ? Lorsque le crépitement de son talkie-walkie ancré à son pantalon le fit tressaillir (car après tout, il était tout de même bien mal en point, la détermination et l'amour propre ne faisant pas tout, et de rapides secours auraient été bienvenus). John Willis essuya machinalement son doigt sur son pantalon, et, tout tremblant mais ferme tout de même en tant qu'Unyssain parfait, il se jeta sur l'objet et pressa le poussoir pour déblatérer calmement dans sa douleur :

- S.O.S. ! J'ai... Besoin d'aide... rapidement ! Je... suis blessé ! Il... Il y a eu un accident, et je... crois qu'un météore est tombé ! Vous... Vous me recevez ? A vous !

Il relâcha le poussoir ; grésillement et friture s'en suivirent. Quoiqu'une voix humaine masculine entrecoupée pouvait se distinguer... Ce son salvateur emplit John Willis d'espoir dans son éreintement le plus complet :

- Je... Je suis aux alentours de... de la Route 51 ! Je vous... vous entends très mal ! Vous me... recevez ? A... A vous !

Il relâcha de nouveau la pression, et un drôle de second crépitement, qui se précisait peu à peu, devint parfaitement distinct :

- Liousss... Liiiiiiiiiiiouss ?

- Traaaaam ! Neiii ! Neii... Tram ?

- Leeeewwwz.... Or !

Arcanin aboya férocement à l'attention du talkie. A l'entente de ses sons relativement anormaux pour John Willis et ses tympans, il lui revint en tête le cri perçant ouï précédemment. Il frémit, s'essuyant le front de son poignet, avant de traficoter l'engin afin de changer de fréquence ; mais rien n'y faisait, toutes ces dernières étaient occupées par ces voix aigües, qui se diffusaient comme des échos et semblaient se répondre mutuellement. Le Pokémon de John Willis redoubla ses menaces par ses grognements, s'attaquant presque à l'engin émetteur-récepteur. L'Unyssain, quelque peu désemparé, tenta le tout pour le tout et appuya de nouveau en balbutiant :

- Qui... Qui est à l'appareil ? Vous pouvez... m'aider ?

- Neieiiii ?

John Willis s'écria, essoufflé par ses maux qui le torturaient, cherchant en même temps la moindre trace de vie tout autour de lui, au cas où la voix n'émanait finalement pas du combiné :

- S'il vous plaît ! J'ai... J'ai besoin d'aide ! Qui que vous soyez ! Je... Je... Je suis bless... blessé !

Il gémit de nouveau, chaque inspiration, chaque mouvement semblant lui remuer davantage le couteau dans la plaie, plaie parsemée sur tout l'ensemble de ses membres, et le cerveau assez profondément finalement. Puis, dans son mal, toujours aussi mental que physique, il entendit un couinement. Très court. Puissant et plaintif. Son coeur se crispa, et John Willis se tourna faiblement, dans un râle de douleur vers le lieu où il l'avait entendu : rien. Plus... rien. Juste une trace rouge, traînée ancrée, qui brillait au soleil dans le sable, hémoglobine séchant sous l'enfer ambiant. Il avait pourtant juré être accompagné d'un Arcanin. Mais il fallait croire que non, puisque rien n'y était... John Willis se redressa doucement de sa position d'homme affaissé par les géhennes endurées, endurant moultes atrocités supplémentaires, et refit un tour d'horizon, cherchant il ne sait quoi du regard. Mais rien. Il n'y avait rien. Le désert, seul, à perte de vue... Seulement le désert... Vierge et aride... Mais... Il était pourtant certain d'avoir eu affaire à une espèce d'ovoïde pharaonique de métal... Mais non... Puisque... Puisqu'il n'y avait rien... Il n'a jamais pu voir ça... Et là, en plein milieu, planté juste derrière lui, sur le sable, quelque chose. Il se retourna subrepticement, alerté par un frisson et interloqué entre tous les sentiments qui le bouleversaient soudain, avant d'être confronté à un être. Une grosse tête bleue-verte, bizarrement dessinée et comme tatouée, plantée sur un tout petit corps de la même teinte, d'où pendait de frêles bras. Deux sortes de précieux petits galets de jade soulignait ce cerveau démesuré, paraissant comme des yeux qui étaient plantés innocemment dans le regard de John Willis. Sur le point de trouver mignonne cette créature qui le regardait comme si elle doutait, l'encéphale penchée sur le côté et une patte avant portée sous ses ellipses vertes, John Willis bégaya, face à cette créature qu'il n'avait jamais aperçu dans quelque livre qu'on bon citoyen feuillette :

- B... Bonj... Bonjour ?

- Bon... Geour ? répéta aussitôt le petit être, hésitant de sa manière, tel un nouveau-né ne comprenant pas le sens des mots.

- Tu... Qu'est-ce que... Tu es ?

- Kesske... Tuhè ? demanda la petite chose, imitant l'Unyssain.

Puis, elle s'approcha de John Willis, lévitant doucement dans les airs, et collant presque aussitôt son regard (si c'était bien son regard) émeraude sur le sien. Le désorienté ne pouvait rien faire d'autre en son état que de contempler. Ces jades resplendissait d'un vert profond et mystique, et la créature semblait inspecter John Willis, comme si un petit Pokémon découvrait pour la première fois un être humain. Et un bruit encore plus aigu, encore plus strident, fut entendu par notre homme blessé, derrière lui, une nouvelle fois. Il tourna la tête, regardant par dessus son épaule pendant que l'autre petit bleu-vert voltigeait autour de lui. Ce qui lui pénétra l'esprit et la vue à cet instant fut trois fortes lumières colorées clignotantes successivement, disposées en triangle : une verte, une rouge, et une jaune, provenant d'un être plus grand, confondu avec la couleur du sable et de la roche environnante.



***



Le rugissement puissant de son pick-up cinglant, de la bonne musique rock qui faisait trembler l'autoradio et les vitres soigneusement fermées au maximum, de sorte à ce que le son à fond enivre totalement le conducteur et masque les hurlements extérieurs, un temps sublime et une chaleur coriace qui frémissait au-dessus du bitume brûlant, avalé par tonnes à force des kilomètres parcourus à tombeau ouvert : ça, c'est ce qu'il aurait pu appeler la belle vie, en temps normal. John Willis, conducteur musclé d'un modèle de collection dont il n'était aucunement fier sur le coup, traversait la contrée tel le pilote d'une comète écarlate à queue poussiéreuse, traçant sur la ligne granuleuse qui rayait le territoire aride sous un ciel flambant bleu. Possédé littéralement par rythme effréné et assourdissant qui régnait dans l'habitacle, crispé sur son volant, le pied écrasant l'accélérateur, il sentait la sueur lui dégouliner de partout, sueur qui lui moitait les branches de ses lunettes de soleil et son visage barbu de trois jours. Désespéré, les larmes lui montant derrière ses verres teintés, il fixait comme le pire des abrutis bornés la route goudronnée. Notre Unyssain, comme s'il mourut coup sur coup au son endiablé, ne s'occupait aucunement des paroles connues à force, ne quittant tristement pas les marquages routiers qui défilaient follement derrière son pare-brise taché de souillures humaines, et ne bronchant pas à chaque obstacle rencontré qui se fracassait sur le pare-choc. Rien ne pouvait plus le détruire que les pensées de sa famille heureuse, qui l'attendaient. Il aurait tout donné pour revoir sa petite femme et avoir ses chers gosses lui sautant au cou une dernière fois. Tremblant, fondant en larmes dans le boucan vomi par les enceintes, John Willis fit un baiser sur ses doigts, baiser mouillé de son incapacité à changer sa route, puis déposa la preuve d'amour sur une photo accrochée de travers au rétroviseur intérieur qui menaçait de lâcher à cause des soubresauts de la vitesse folle et illicite en pleine agglomération. La photo n'illustrait plus qu'un paradis oublié pour lui : une partie de leur troupeau de Wattouat, ses deux fils blondinets riant de toutes leurs dents, et sa moitié adorée, complétant le cliché familial en les embrassant tous deux, souriante, gaie, pleine de tendresse et de couleurs vives, comme elle l'avait toujours été, après tout. Mais John Willis, dans sa folie déplorable, savait pertinemment que sa voiture était chargée, qu'il allait sauter d'un instant à l'autre, qu'il ne pouvait s'arrêter et que le seul moyen de sauver sa famille était de se faire péter en fonçant dans le Bureau du Shérif le plus proche, le plus rapidement possible, quitte à rouler sur les passants, qui n'avaient pas qu'à être là d'ailleurs. C'était son dernier espoir, vu qu'en plus, Arcanin le lui avait assuré avant de mourir. John Willis n'en pouvait plus, il hurlait de tout son corps dans sa course meurtrière, voulait aller plus vite, voulait que ses êtres pokémonesques et humains qui le ralentissaient aillent crever en enfer pour l'avoir ralenti et tenter de le faire arriver en retard, puisqu'il devait s'exploser dans quelques secondes au plus vite pour les sauver tous. Enfin, entre les débris et traces qui constellaient son pare-brise mis à rude épreuve dans cette hécatombe, il entr'aperçut la façade du bâtiment visé. Il pria Arceus dans un torrent de larmes et un sentiment de délivrance finale, remercia son véhicule qui valait définitivement bien son prix vu sa vitesse et sa capacité tout-terrain qui fonctionnait, et ferma les yeux avant de repenser à ce qu'il aimait, essayant de faire corps avec la musique, hurlant bruyamment les paroles, voulant oublier les secousses, les chocs, les cris, les visions d'horreurs et le mal qui l'entourait. Après tout, John Willis était l'homme, le citoyen, l'Unyssain parfait dont la société rêvait, alors elle ne lui trouverait aucune raison valable de faire cela en tant que mal, mais seulement la raison de faire cela en tant que bien, alors elle pourrait délivrer tout simplement sa famille de ceux qui la retienne, et la rendre heureuse, grâce à son sacrifice, vu que cette dernière chose, ce dernier acte, était la seule solution. La seule solution que John Willis connaissait. La seule chose dont John Willis... se souvenait.





Il manipule l'esprit avec ses pouvoirs psychiques et peut modifier les images conservées dans les souvenirs.

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