Entre ténèbres et devoirs de Mew_33

« Je suis mort maintenant », pensa Herbizarre.

Une violente douleur ressurgit de ses récentes blessures.

« Mais si j'étais mort, je ne sentirai pas la douleur, donc je suis vivant. »

Ce qui était étrange, c'est qu'il ne ressentait, à part la douleur, absolument rien.
Il ouvrit difficilement une paupière, puis l'autre. A travers ses yeux mi-clos, il vit une obscurité infinie, irréelle.
Il parvint à se relever, ses pattes reposaient sur un étroit chemin parsemé de dalles luisantes.
Et ce qu'il vit autour de lui l'effraya.
Il n'était plus dans la clairière, il n'y avait plus de ciel, plus de terre, seulement… l'espace… oui, un espace sans fin…

Le tourbillon du temps valsait autour de lui, l'entrainant dans un cercle de lumière.
Sur le chemin de dalles, une entrée lui faisait face.
Une entrée bleu azur parmi cette immensité inconnue. Peut-être allait-il sortir de cette dimension étrange et immatérielle…

Il se décida à entrer, il n'avait que peu de choix de toute façon.
Un bleu profond hantait la salle où il venait d'entrer.
Car il était bien dans une salle maintenant, cette affirmation le détendit quelque peu.
Un vent glacial soufflait dans son dos. Il réalisa alors que ses sens étaient de nouveau actifs et cette pensée le réconforta encore plus.
L'atmosphère qui régnait était agréable, un peu trop froide à son goût, il n'aimait pas être isolé dans un espace trop grand pour lui.
Le sol était toujours rempli des mêmes dalles immaculées. Au bout de la salle, pourtant, un vide en emplissait une partie.

Un petit télescope y était installé sur un chemin étroit devant lui. Prudemment, Herbizarre avança dans sa direction.
Curieusement, ses pattes martelant les dalles l'une après l'autre ne faisait aucun bruit.
Il découvrit plus en détail l'intriguant télescope.
Une marque en forme de demi-lune était apposée sur l'objectif. Ses pieds étaient fixés au sol, il était impossible de le déplacer.
Une voix excessivement grave s'éleva soudain surprenant Herbizarre qui manqua de tomber dans le vide.

- Arrête toi là, si tu touches une seule fois à ce télescope, je te jure que je n'hésiterai pas un seul instant à te foudroyer sur place, le menaça la voix.

- Qui êtes-vous ?

- C'est moi qui pose les questions ici et tu sauras qui je suis bien assez tôt si tu es bien celui que je pense.

- Bien, je vous écoute.

- Avant de poser des questions aux autres, sais-tu qui tu es vraiment, pourquoi tu es vivant et quel est ton but dans la vie ? T'es tu déjà posé ces questions ?

Herbizarre réfléchit à toute vitesse. Non… il n'en savait rien…
Mais il savait parfaitement une chose.

« Je suis un élément du cycle de la vie », déclara t-il.

Il sentit que son mystérieux interlocuteur était surpris de sa réponse. Ainsi, il ne savait pas tout.

- C'est en effet une réalité mais tu ne sais pas répondre à mes autres questions n'est-ce pas ? observa la voix.

- Non, répondit-il fermement. Mais la vérité que j'ai énoncée me suffit pour vivre.

- Je vois… tu peux regarder dans le télescope.

Herbizarre se pencha sur le télescope et regarda à l'intérieur.
Il vit tout d'abord le palais impérial, le palais de glace où vivait la famille impériale ainsi que Cadoizo IV.
De nombreuses personnes étaient emmitouflées sous leurs couvertures et Herbizarre comprit que la maladie s'était propagée partout, dans tout le pays. Il vit son petit village où Grodoudou était entouré d'une foule apeurée demandant quand lui et Feurisson reviendraient. La fatigue se reflétait sur le front du docteur.

« Ils reviendront, j'en suis sûr », déclarait-il au public.

Herbizarre en eu les larmes aux yeux, il détestait cette maladie qui ne provoquait que des catastrophes et des pleurs.
La voix inconnue se fit entendre, elle disait que c'était Raichu qui avait provoqué la maladie, ou bien c'était lui qui se l'imaginait…
Et Herbizarre vit Feurisson et Raichu, son corps inanimé en dessous d'eux, face à face, prêts pour un duel à mort…