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Smirnoff R. 2 de Domino



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» Auteur : Domino - Voir le profil
» Créé le 07/12/2009 à 21:42
» Dernière mise à jour le 08/12/2009 à 01:23

» Mots-clés :   Drame   Humour   Kanto   Romance

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089 - Tribunal Hero
« Un tribunal d'exception est un tribunal qui ne se montre équitable que par exception »
(André Prévot)

« -Eh bah... Je... constate que je ne retrouve pas vraiment en toi ce que j'attends d'un véritable ami, et... Je pense aussi qu'à terme tu es néfaste pour moi. »
(Malcolm, à Roland, Chapitre 082 Roland peut dormir…)



Roland avait décidé de s'éloigner un peu du procès et avait emmené les élèves dans un fastfood après que Jeremy les ait tous ramenés. Stuart semblait stressé par le fait qu'ils n'aient pas retrouvé Gilles. Edgar était miné par ce qui se passait. Lila plus touchée qu'il n'y paraissait. Omar était ulcéré et donc de mauvais poil. Stacy ne se sentait pas de taille face à ce qui allait se passer. Et Lenny…

-Pourquoi les frites flottent dans le coca ?!

… était Lenny.

-Vous avez bien compris ? Tant qu'on n'a pas retrouvé Gilles…c'est fini pour Malcolm. Je soupçonne Marie-Hélène d'avoir payé quelqu'un pour le dissimuler quelque part, ou pire… En attendant que ce gamin plus intelligent qu'il n'y paraît ne se libère et ne se décide à venir…

Stuart ferma lourdement les yeux. Comprenez par là qu'il sait quelque chose.

-Bref, je vous demande de témoigner pour gagner du temps. C'est mon plan de départ et ça va le rester. Je suis prêt à vous payer pour ça, je suis même prêt à y mettre des cents et des milles !
-Inutile, monsieur, on va le faire ! Hein les gars ?! Harangua Edgar.
-Hm… marmonna Lila.
-Ouais… marmonna Stuart.
-Bien entendu ! Asséna Omar.
-Hm… murmura Stacy.
-ET COMMENT ! Cria Lenny en tapant du poing dans ses frites.

***

-Nous allons maintenant passer aux témoignages. Nous signalons d'abord que suite à sa violente crise d'hystérie, Rachel Heine a été privée de témoignage.

Kenneth observa son iPhone.

« Rachel est sortie d'affaire - Restons hors du tribunal un moment, arriverons dans l'après-midi. Sois fort - Judith. »

Kenneth hocha la tête. Il vit Roland arriver avec les élèves.

-La cour va procéder par priorité. La cour souhaite entendre en priorité Gilles Moutier, camarade de Marie-Hélène d'Aubenant pour ce voyage itinérant sous la responsabilité de Malcolm Heine...

Le père de Gilles se leva.

-Mon fils a disparu, votre honneur.
-… et alors, je ne suis pas la police !
-Je suis le père de Gilles !
-Vous avez prévenu la police ?
-Votre honneur, peut-être qu'il va revenir, il a peut-être peur…
-Peur de quoi ?
-… Je sais pas, votre honneur…
-Bon…
-Votre honneur, je sais que je ne sais pas parler devant un tribunal, mais… attendez mon garçon, il va sûrement venir.

Marie-Hélène resta impassible face à ce qui se disait.

Les jurys étaient chacun derrière un pupitre avec une lumière rouge. La lumière rouge signifiait la croyance en la culpabilité de l'accusé. Le bleu signifiait l'acquittement.

-Bien… La seconde priorité était… Rachel Heine qui est indisposée… Nous appelons donc à la barre Richard Lewis, doyen des professeurs et responsable de Malcolm Heine.

Kenneth s'étonna de voir l'ancien élève de Linda se presser à la barre, armé de sa canne.

-Bien, je rappelle les règles de témoignage. Vous n'avez pas le droit de vous adresser à qui que ce soit directement sauf à moi. Vous ne pouvez pas lancer d'accusations non fondées, vous ne pouvez pas vous parjurer. Commencez.

Richard hocha la tête.

-Votre honneur, Malcolm Heine est un brave garçon. C'est un fils aimé et un jeune homme respectable. Il n'a jamais causé de problème sous ma doyenneté. C'est un garçon poli, gentil, sympathique. Je crois en sa bonne foi. C'est un garçon honnête et je ne le soupçonne de rien.
-Vous travaillez avec lui depuis…
-Trois ans. Un employé remarquable.
-A-t-il eu un comportement inapproprié ?
-Pas dans le sens où cela intéresse cette assemblée. J'ai terminé.

Aucun jury convaincu. Richard soupira et s'apprêta à partir.

-J'ai à faire, signala-t-il à Charlie.
-Merci quand même.
-Bonne chance, ça ne va pas être simple.
-Marie-Hélène d'Aubenant, demanderesse…

La fillette s'avança.

-Salut, Marie-Hélène !

Elle se retourna sous l'appel de Lenny, et aperçut alors ses camarades… furieux. Les regards pleins de haine la transpercèrent. Omar était particulièrement dur. Lenny continuait à la saluer comme un demeuré. Roland lui somma de s'asseoir correctement.

Marie-Hélène s'en moqua et alla à la barre.

-Votre honneur, durant ce voyage j'ai été gravement violentée par cet homme…

Elle le désigna du doigt en tremblotant.

-Si vous le libérez, je ne dormirais plus jamais tranquille… Je vivrais dans la crainte de voir cet homme m'agresser à nouveau… Pitié je vous en supplie votre honneur, ne me faites pas ça… Aucune fille ne mérite que son pire cauchemar se promène dans la nature ! Pitié… Pour ma sécurité… ne libérez pas cet homme !

Elle repartit à sa place en pleurant. Le juge hocha la tête. Les jurys semblaient entendus.

-Malcolm Heine, accusé, professeur de Marie-Hélène…

Il se leva difficilement et fut accompagné par les deux policiers jusqu'à la barre. Frissonnant, craintif, gémissant, faible. Les deux nuits en prison l'ont amoindri.

-V…Votre honneur… Tout d'abord je… vous communique ma consternation envers l'injuste écart de ma sœur des témoignages. Je reconnais que son acte était violent mais en aucun cas elle ne méritait cela.

Marie-Hélène de sangloter.

-Sa voix me fait peur !! Bouuuh !!
-C'est toi qui fais peur !! Grommela Lenny.
-Silence au fond !! Grommela le juge.

Malcolm poursuivit.

-Je… fais également part de ma consternation face aux propos de Marie-Hélène. Elle… ne voit pas le monde comme nous, elle… vit dans un monde de riches et de pauvres… Elle ne me respectait pas à cause de mon autorité de professeur, et son irrespect m'a conduit à… la gifler… j'ai conscience de la portée de mon geste et je tenais à m'excuser envers Marie-Hélène pour ce geste immonde.
-Ca n'empêche que vous l'avez fait !! Vous m'avez frappé !! Geignit Marie-Hélène, folle de chagrin.
-Mademoiselle, silence, je vous prie ! Somma le juge.
-Pardon.

Malcolm déglutit.

-Elle a évoqué des faits réels, j'ai bel et bien utilisé mon Teraclope pour la maintenir en place parce qu'elle menaçait de s'enfuir. Pour sa sécurité, je devais la retenir.
-Menteur ! Menteur ! C'est odieux ! Vous savez que vos gestes étaient inappropriés !!
-Silence, mademoiselle ! Somma le juge.
-Ensuite pour cette histoire de film, Roland est… un peu brusque, parfois même carrément… énervant. Ca explique tout ce qui a été montré. Ensuite…

Marie-Hélène geignit.

-Je ne veux plus l'entendre ! Il me fait peur !! Arrêtez !
-Faites-là sortir ! Admit le juge.
-Non, promis j'arrête ! Mais faites-le cesser de parler, il ment et il me fait peur !!

Le juge regarda Marie-Hélène.

-Mademoiselle, il est important que je l'interroge aussi.
-Il m'a crié dessus tellement de fois !! Il m'a secouée comme un prunier ! Je sens encore ses mains sur mon corps ! Il m'a injuriée, m'a hurlé dessus…
-Ca, c'est parce que tu es affreusement chiante !! Grogna Malcolm.

Malcolm écarquilla les yeux, horrifié par ce qu'il venait de dire car...

-Témoignage invalidé, notez, huissier, le prévenu s'est adressé directement à la demanderesse.
-MAIS NON !!! Cria Roland en se levant.
-C'EST UN SCANDALE !! Cria Kenneth de plus belle.
-RESISTANCE, RESISTANCE ! Cria Lenny.
-SILENCE DANS LA SALLE ! C'est la règle.

Résultat, aucun jury convaincu.

-Quelle justice de merde… grommela Omar.
-Pardon ?! S'étonna Lenny.

Omar se leva et se précipita à la barre.

-Votre honneur, je demande la parole, tout cela m'énerve !
-Vous êtes ?
-Omar Jamshed !

Le juge reçut confirmation.

-Bien, nous brisons l'ordre de priorité pour vous, jeune homme… élève d'un collègue et ami de Malcolm Heine.

Malcolm était effondré dans le box, son témoignage gâché par une erreur stupide. Marie-Hélène le regardait fixement, impassible, énervante.

-Votre honneur… Marie-Hélène d'Aubenant est la pire des chienlit qui soient et je dis ça en mon âme et conscience devant ses parents !

Emoi dans la salle. Léopold était choqué. Roland sourit.

-Silence dans la salle ! Monsieur Jamshed, tenez-vous en à des propos moins…
-Non ! On ne peut pas avoir de propos mesurés devant une telle créature ! Cette jeune fille est une menteuse raciste, xénophobe, misanthrope et mal élevée !

Le père de Marie-Hélène se leva, outragé.

-Faites taire ce sale immigré !
-Ne lui parlez pas comme ça !! Grommela Léopold en se levant.
-SILENCE DANS LA SALLE ! Jeune homme, à votre place !
-Vous ne me ferez pas taire !! Malcolm Heine n'a pas à être ici ! Ceci est une parodie de justice ! Je crie au scandale !! Il n'y a eu aucune instruction à l'affaire, ce procès n'est basé que sur les calomnies de cette petite garce qui sont avalées comme des couleuvres par un juge partial…
-Sortez-le de la salle !! Hurla le juge.

La sécurité s'avança mais Léopold tira Omar par le bras.

-Ca va, ça va je m'en charge !! Omar !!
-Lâchez-moi !
-Omar ! Calme-toi ! Retourne à ta place !
-Vous êtes aussi en colère que moi !! Grommela Omar.
-Oui mais ce que tu viens de faire ne sert à rien ! Grommela Léopold. Tu as perdu ton sang-froid !
-Mais au moins j'ai dit ce que je pensais, moi ! Je ne voulais pas me dissimuler derrière leurs règles stupides !! Lâchez-moi, je vais m'asseoir.

Omar retourna s'asseoir. Léopold le regarda, touché. Kenneth soupira, pas très enjoué.

« Les jurys ne sont pas convaincus… »

-Charles Preston d'Aubenant, père de la demanderesse à la barre.

Le père arriva.

-Cet homme a touché ma fille. Il ira en prison ou je ne m'appelle plus D'Aubenant !

Le père retourna à sa place. Malcolm abattu.

-Hem… Wilhelmine D'Aubenant, mère de la demanderesse…

La grande blonde guindée se traina à la barre.

-Cet homme est un monstre. Comment a-t-il osé ! C'est tout simplement honteux de profiter de la faiblesse d'une jeune fille dans de telles circonstances ! Ce monstre est la honte de sa profession !

Elle retourna à sa place. Malcolm encore plus frappé.

-Judith Heine…
-Elle va arriver ! Signala Kenneth Heine.
-Kenneth Heine, alors.

Kenneth se plaça à la barre. Malcolm se mit à sangloter.

-Votre honneur…

Kenneth baissa la tête.

-C'est… C'est un jour sombre aujourd'hui… Mon… Mon fils, Malcolm Heine est aujourd'hui accusé… d'un crime atroce…

Gémissement de Marie-Hélène d'Aubenant. Roland soupira.

« Y'aurait pas un Pokémon qui pourrait la faire taire ?!! »

-Un crime… qui j'espère n'est que l'objet de la fantasmagorie d'une fillette en colère…
-OBJECTION ! Cria l'avocat de Marie-Hélène. Il insinue que ma cliente ment !
-Croyez-moi, votre honneur, je n'INSINUE RIEN.
-Continuez.

Roland sourit de la malice de Kenneth.

-… Malcolm Heine… n'est pas mon vrai fils… Je l'ai adopté…

Claire se couvrit la bouche d'une main.

-… et… quand il l'a su… J'ai… essayé de me suicider…
-P… PAPA NON !!! Cria Malcolm, terrifié.

Roland baissa douloureusement la tête. « Bon sang, pas dans de telles circonstances… J'aurais dû lui dire avant… »

-… Je… votre honneur, je voulais simplement dire à mon fils que j'étais désolé d'avoir… un instant pensé…
-Papaaaa… geignit Malcolm, fou de chagrin.
-OBJECTION ! Il s'adresse directement à…
-CHUUUUT ON N'ENTEND RIEN !!!

Le juge ne remarqua pas l'avocat mais constata bien Lenny.

-Ca suffit, vous, au fond !
-Pardon Chef Juge !

Lenny se mit au garde à vous. Roland pouffa de rire.

-C'est « Votre honneur ! »
-D'accord !

Le juge grimaça. Kenneth continua comme si de rien n'était, épaulé par l'intervention de Lenny.

-Votre honneur… mon fils est innocent, je… je suis prêt à m'agenouiller pour que vous le libériez, il n'a rien fait, je suis prêt à mettre ma vie en jeu là-dessus, à y laisser tout ce que j'ai, mais c'est mon fils, je l'aime et je croirais toujours en son innocence. J'ai terminé.

Malcolm était en larmes. Kenneth alla se rasseoir. Alors que le juge allait appeler quelqu'un d'autre, Claire ouvrit le portail séparant la zone publique du parquet. Elle alla à la barre.

-Votre honneur !
-Mademoiselle ?

Kenneth s'étonna.

-Claire Perry ! Je suis la petite amie de l'accusé !

Roland sourit. Kenneth fit de gros yeux.

-Vous souhaitez témoigner ?
-Non, je veux tricoter un pull ! Bien sûr que je veux témoigner !
-… Ca commence mal… Allez-y…

Claire souffla.

-Votre honneur… J'ai pu constater très vite quel genre de personne était Marie-Hélène d'Aubenant. C'est une jeune fille très perturbée…
-Oh !!
-Comment osez-vous !! Protesta la mère.
-Une jeune fille très perturbée qui n'a pas conscience des réalités de ce monde ! Je sais qui est Malcolm Heine et cette jeune fille a eu une mauvaise influence sur lui !
-OBJECTION ! ACCUSATION !
-Votre honneur, je fais remarquer à l'avocat de la défense que Malcolm Heine est toujours présumé innocent et qu'on ne peut établir aucune vérité sur les propos de cette petite PESTE !!!

Le mot « Peste » résonna bien dans le tribunal.

-Modérez vos propos ! Objection rejetée !

Roland était soufflé par la performance de Claire. « Ca, c'est une grande femme ! »

-Pardonnez-moi, votre honneur. J'aime Malcolm Heine.
-Moi aussi je t'aime… geignit doucement Malcolm.
-Votre honneur, j'ai vécu avec cet homme, je l'ai compris, j'ai appris à l'apprécier, c'est l'être le plus doux qui soit, il serait incapable de faire de mal à une jeune fille à moins que celle-ci ne le pousse vraiment à bout, ce que, en l'ayant vue seulement trois jours, je suis à même d'établir clairement !!

Les sanglots de Marie-Hélène ne stoppèrent pas le débit de Claire, lancée.

-Votre honneur…

Sanglots redoublés. Lenny était retenu par Lila sur ordre de Roland. Peur dans la salle. Kenneth secoua la tête, abasourdi par ce spectacle pitoyable. Malcolm regardait Marie-Hélène, haineux.

-VOTRE HONNEUR, FAITES-LA TAIRE ! Cria Claire, révoltée.

Le juge tapa avec son marteau.

-Faites taire la demanderesse ! Ordonna le juge aux parents.
-Comment voulez-vous devant des propos aussi choquants ?! Grommela la mère.
-Votre honneur, Malcolm Heine aime ses Pokémon, c'est un garçon tendre, et malgré la dureté des propos qu'il a tenu à mon égard, malgré le fait qu'il m'ait évitée pendant trois mois… Je ne peux pas le croire capable d'un tel acte envers qui que ce soit. Votre honneur…

Claire s'appuya à la barre et s'adressa directement au juge.

-LIBEREZ L'HOMME QUE J'AIME, AU NOM DE LA JUSTICE ET DU BON SENS !!! PERCEZ A JOUR LES MENSONGES DE CETTE GAMINE ET RETABLISSEZ LA VERITE ! Un homme aussi respectueux de son métier comme Malcolm Heine, un homme si sage, si respectable, ne mérite NI CE PROCES, NI CETTE ACCUSATION ODIEUSE !! J'ai fini !

Elle tourna le dos et partit. Applaudissement dans la salle. Kenneth essuya quelques larmes. Roland était impressionné tout comme Léopold. Le juge rétablit le calme.

-Silence voyons ! C'est un tribunal !
-Et même au Tribunal, les étoiles luisent ! Sourit Léopold.

En effet, Claire avait convaincu deux Jury sur neuf. Elle s'assied, épuisée, et pleura contre Léopold. « Ouah !! »

-… Je… suspends la séance, signala le juge.

***

Claire était inconsolable malgré les efforts de Kenneth et Léopold. Roland et Omar discutaient.

-Ton comportement a mis en péril le procès…
-Je suis désolé, je suis un peu stressé… soupira Omar.
-Quels que soient tes griefs, ça n'est pas une raison…
-J'ai pas de griefs…
-Alors quoi ?

Omar soupira.

-Je… vais déménager. Hors de la région.
-… Ouch…
-Ca veut dire loin des autres, loin de Stacy… J'ai fait une demande de logement pour rester ici seul, mais… C'est pas dit que ça marche, vu que je suis…
-… obèse ? Juif ?
-… Arabe ! Vous êtes aussi bête que le dit monsieur Finsbury !
-Belle réputation en effet… sourit Roland.
-Ca me porte un peu sur les nerfs, j'ai… pas envie de les quitter.
-J'avoue, quitter Lenny… marmonna Roland.
-… Vous ne me prenez pas au sérieux…
-C'est pas ça, c'est juste que tu devrais arrêter de croire éternellement que tout va t'être refusé sous le prétexte que tu es arabe.

Omar regarda Roland.

-Parfois il faut… croire aux miracles ! Sourit Roland.
-C'est d'une connerie. Vous savez comme moi que les vrais miracles il faut les provoquer !

Roland eut un électrochoc. Omar s'éloigna. Roland hocha la tête.

***

-Reprise de la séance… J'appelle Léopold Finsbury à la barre.

Roland s'était isolé du reste des témoins potentiels.

Léopold arriva à la barre.

-Votre honneur, j'ai grandi avec l'accusé… C'est le fils d'amis de mes parents… C'est un brave garçon, un peu naïf… mais profondément gentil et honnête. Son père et mademoiselle Perry ont déjà beaucoup dit, je poursuivrais simplement en disant que… J'ai effectué ce voyage itinérant seul, avec deux élèves formidables, Omar et Lila, et… je suis homosexuel.

Lila haussa les sourcils. Stacy, Lenny, Edgar et Stuart sursautèrent. Claire, Kenneth, les parents de Gilles, Roland et Charlie en mode « Qu'est-ce que ça vient faire là ?!! »

Et la mère de Marie-Hélène…

-C'est le contingent des pédophiles, ma parole !

Léopold résista à l'injure. Omar était derrière lui, assis dans le public, à le soutenir.

-… Je suis homosexuel, et à la place de Malcolm Heine, j'ignore si vous me traiteriez avec égard, mais… Vous auriez des soupçons d'autant plus forts… et ayant envisagé la situation moi-même à un moment donné…

Malcolm plissa les yeux.

-… Je comprends ce qu'il traverse… et je vous demande dans le pire des cas de faire preuve de clémence… Ne condamnez pas quelqu'un sur des accusations si fragiles…
-Voulez-vous faire une pause ? Demanda le juge.

Léopold était tout rouge, il pleurait et tremblait. Il secoua la tête. Charlie était mortifié.

-Non. Votre honneur, je pense que vous devriez juste libérer Malcolm Heine. Il n'a pas abusé de cette jeune fille, il l'a supportée comme il a pu, et il a cédé à ses instincts en la giflant, n'enfermez pas un homme pour une simple gifle et pour le bon-vouloir d'une fillette. Si vous devez arrêter quelqu'un, arrêtez-moi car je suis un idiot qui, l'espace d'un instant, a été troublé par son comportement envers ses élèves et s'est posé la question de savoir s'il était capable d'enseigner en restant lui-même…

Malcolm était éberlué. « Il est fou !!! Il veut se faire arrêter, soupçonner… Arrêtez-le ! C'est du suicide !! »
Roland était concentré sur sa future plaidoirie. Claire était silencieuse et attentive.

-… Et la réponse est non seulement oui, mais surtout : Un enseignant est avant tout un être humain, avec ses mauvaises pensées et ses mauvais gestes. Tout ce que vous avez de solide contre Malcolm Heine c'est une gifle ! Tout ce que vous auriez contre moi, c'est un manque de conviction. Et… ce manque de conviction, votre honneur, est un petit défaut pour vous, et une difficulté à vivre pleinement ma passion pour moi. Je vous remercie.

Claire, Lila et Omar se levèrent pour applaudir. Le juge hocha la tête.

Un juré supplémentaire convaincu. Charlie sourit.

« C'est fort. Il a dissipé les doutes sur une quelconque attirance de Malcolm envers Marie-Hélène en portant le débat à un niveau philosophique élevé… »

Léopold vint s'asseoir à côté de Charlie qui lui prit la main et la lui serra amoureusement en guise de soutien.

« Bravo, Léopold. Je suis très, très fier de toi. Et tes pères le seraient aussi. »
-Bien… Roland Smirnoff, ami et collègue de l'accusé.

Tout le monde se tourne vers le meilleur ami, qui se lève et se dirige vers la barre, incertain. Kenneth a à la fois peur et espoir en Roland.

-…
-C'est à vous, Roland…

Léopold, encore secoué par son témoignage, alla se réfugier auprès d'Omar.

-Très belle plaidoirie, monsieur.
-… désolé, Omar.
-Ce n'est rien. Je ne vous en veux pas… C'était le moment où vous aviez appelé votre père ?
-Oui…
-… C'est bien de vous être au moins posé la question. Ca prouve que vous êtes un homme de valeur.

Léopold sourit.

-Merci.

Roland souffla.

-Votre honneur, je crois nécessaire avant de témoigner, de vous expliquer clairement la nature de ma relation avec Malcolm Heine.

Lequel regarda Roland en grimaçant.

-Ma… mère, Linda Trautmann, épouse Smirnoff…

Kenneth ferma les yeux, dévasté, comprenant ce qui va se déballer.

-…a couché avec Kenneth Heine ici présent, alors que j'avais neuf ans, dans un hôpital, alors que mon père était dans le coma dans la chambre à côté. Et moi, comme un gros bêta… J'ai tout vu.

Le juge s'étonna et regarda Kenneth.

-Vous confirmez ?

Regards vers Kenneth. Lequel s'étonna.

-C'est pas mon procès !!!
-Répondez. Sinon ça invaliderait son témoignage.
-… Bien sûr que c'est vrai… Grmbl…
-Continuez, monsieur Smirnoff.
-L'a intérêt que ça aille quelque part… grommela Kenneth.

Malcolm s'était frappé le front depuis longtemps. Roland profitait de l'absence de Judith et Rachel qu'il avait soigneusement envoyé diner dans un restaurant japonais dont elles sont friandes.

-Tu ne peux rien faire simplement… maugréa Malcolm.
-J'ai été vivement traumatisé par cet acte, qui à mes yeux représentait une véritable… destruction de mon univers. Je me croyais dans un univers idyllique, mes parents étaient des gens bien, « Tonton Kenneth » était très gentil, il avait un vieux cheval à bascule que j'aimais beaucoup, avec ces selles en cuir confortable, et la bride du cheval bien placée dans le mors des dents, c'était très amusant comme jouet, « Tata Judith » était une femme adorable dans un mariage parfait, mon frère et ma sœur étaient deux personnages guillerets et gentils de ma maisonnée qui égayaient chacun à leur manière ma journée, Tonton Linus était un vieux grincheux rigolo chez qui il y avait une dizaine de bibelots intouchables pour chacun desquels il y avait une règle précise, Tonton John me faisait voler dans ses bras, c'était le plus grand de tous, Tante Estelle était la femme la plus douce et drôle qui soit et elle l'est restée, Tonton Norbert et Tonton Lionel, avec leur foyer bizarre mais plein de rires et de bons petits plats faits maison, fruits… je m'en rappelle, de la « Bonne Cuisine Française » …

Léopold, Charlie, Kenneth et Malcolm écoutaient avec attention cette histoire qu'ils connaissaient déjà, mais racontée par Roland c'était autre chose.

-… les douces balades au piano de tantine Lucy… que je n'oublierais jamais… paix à son âme… Votre honneur, avant cette infamie, je me destinais à être un garçon normal comme les autres, prêt à manger la vie à pleines dents. D'un coup la vie devenait merde et j'avais les dents très sales.

Rires gênés dans la salle.

-…

Roland fit une pause et prit une grande respiration.

-Ces instants magiques, d'avant cet acte horrible… je ne les oublierais jamais. Même ma mère avant cela, me paraissait être la plus belle femme du monde, la terre de gentillesse, la seule qui mérite d'être aimée, la seule femme qui méritait mes yeux, et j'étais le seul garçon qui méritait les siens... Nous le savions tous les deux et ses sourires étaient autant de signatures de ce pacte invisible…

Claire découvrait un autre Roland. « Il se passe quelque chose, là… »
Léopold était bouleversé. « Il parle de sa mère en BIEN ??? »

-… et puis cet adultère… affreux, sentiment de blessure familiale… Autour de moi les rapports changent. Je me mets à détester Kenneth Heine, le mari trompeur, le briseur de ménage… à détester ma mère, l'immonde catin…
-Roland… grommela Léopold.
-… j'en veux à mon père, d'avoir aussi facilement pardonné à ma mère et d'avoir cautionné son geste. J'en veux à maman de n'avoir jamais demandé pardon à ses enfants pour son acte…

Roland s'appuya à la barre. Malcolm est très ému, mais attend encore la connerie que Roland peut lâcher à tout moment.

Roland opérait une métamorphose terrible. Il avait appelé sa mère « Maman » en public. Il commençait à parler de sa famille en des termes affectueux.

-… Pourtant à l'intérieur j'étais déchiré… Je… J'avais tellement mal !! Je souffrais parce que je ne voyais plus de bien en ce monde ! En cette vie ! Si ma mère est capable d'une telle trahison, en quoi croire ?! Si le monde adulte est si… mauvais… pourquoi m'y intégrer ? Est-ce que tous les autres gens sont comme ça ? Si un jour je me marie, ce sera pareil ? Ces questions ont rendu ma croissance très difficile.

Le juge acquiesça, attentif. Roland savait se rendre intéressant, et son talent d'orateur était d'une précieuse utilité : Même Marie-Hélène était fascinée. Un évènement. Enfin pour une fois qu'on ne parlait pas d'elle ou qu'on ne remettait pas en cause ses propos, elle n'avait rien à dire.

-… La réponse ne m'est jamais apparue, en fait. Mais je l'ai trouvée en quelqu'un qui, pensais-je, pouvait partager et endurer cette souffrance que je ressentais.

Malcolm réalisa.

-… J'ai fait un travail sur moi pour découvrir mon problème dans la vie, je croyais qu'il venait de ma mère mais en réalité, il venait de mon meilleur ami. J'ai choisi de souffrir avec quelqu'un, d'avoir avec moi quelqu'un qui puisse comprendre ma douleur, quelqu'un sur qui je puisse panser mes plaies sans pour autant le faire souffrir en retour, qu'il comble ma souffrance et que je comble la sienne. Cette personne c'était Malcolm. Si je suis devenu son meilleur ami, si c'est la seule personne pour qui j'ai fait des efforts de sociabilité, s'il y a quelqu'un que je me suis vraiment forcé à voir et à revoir malgré la haine envers son père, malgré l'aversion de son nom de famille mêlé au mien, juxtaposé à cet immonde mélange des corps de cette nuit-là, entre ma mère et son père…

Roland, les larmes aux yeux, regardait Malcolm.

-C'est parce que c'était lui, le seul réceptacle à ma souffrance, le seul moyen de la combler, et surtout le seul moyen de combler la sienne ! J'ai agi à la fois pour moi et pour lui, car pour avoir enduré cette douleur de se sentir trahi, je savais que ce serait aussi difficile pour lui !!

Malcolm pleurait depuis le passage sur « Cette personne c'était Malcolm. » Il était terrifié par l'ampleur de son erreur, se souvenait de ses propos. Il gémissait.

-Pardon Roland, pardon…

Ce qui suffit à faire tomber les larmes de Roland. Mais Claire, Kenneth, Léopold, Charlie, Lenny, Stacy, Stuart et Lila pleuraient également.

-La vache… geignit Lila.
-Malcolm Heine, aurait pu devenir mon ennemi juré, vu sa situation… Mais de le délaisser, c'aurait été tellement… C'aurait été… reproduire ce qui s'était passé entre nos parents ! Mon âme d'enfant solidaire, le peu d'amour qu'il restait en moi… j'ai décidé de le lui donner tout entier. Je serais la béquille de Malcolm, c'était mon destin. Mon destin d'enfant triste de voir sa mère tromper son père avec son meilleur ami ! C'était de m'opposer à ce cercle de haine et de bienséance forcée, et d'être le meilleur ami de Malcolm ! Malcolm c'est un peu… Ce que je vais dire est terrible, mais Malcolm c'est un peu mon gage, ma preuve personnelle que je suis supérieur à ces traitres de ma famille. C'est ma parole à moi, perpétuelle, dans le silence, la preuve que je suis un être humain. Malcolm, c'est mon cœur d'enfant.

Malcolm Heine lança un regard attendri à Roland, un regard de confiance malgré un chagrin sans limites.

« Je savais que tu viendrais me sauver… »
-Je ne sais pas si c'est pareil à ses yeux, votre honneur… probablement pas, vu comme j'ai pu le faire souffrir par le passé… Ce qui est justement le fondement du problème, dans le cours du temps, j'ai oublié que mon but c'était de le soutenir aussi, de l'aider. Le problème n'était pas ma mère, c'était ma mauvaise relation avec mon meilleur ami. Et pour ça je tenais à lui demander pardon parce que...
-Mais non… geignit Malcolm en souriant, ému.
-…quoi qu'il en soit, c'est plus que mon meilleur ami, c'est une part de moi. En conséquence, laissez-moi dire…

Roland prit une grande inspiration et regarda Malcolm.

-Je suis de tout cœur avec toi, Malcolm, mon ami.

Le juge soupira. Malcolm tomba des nues. Dans l'audience c'était la stupeur totale et générale. Le juge frappa au marteau.

-Témoignage invalidé ! Les jurys n'en tiendront pas compte, le témoin s'est adressé à l'accusé !!
-……….. R…..Ro…..R… geignit Malcolm.
-MAIS QUEL GROS COOOOON !!!! Cria Léopold en se frappant la tête contre le banc face à lui.
-J'y crois pas !!! S'étonna Charlie.
-Oh non !!! Pleura Claire.

Kenneth secoua la tête, pas étonné. Les élèves étaient dégoûtés eux aussi.
Malcolm se leva.

-T'ES VRAIMENT CON TOI ALORS !!!

Roland regarda Malcolm.

-AU MOMENT OU J'AI LE PLUS BESOIN DE TOI TU FOUS TOUT EN L'AIR ! TU ME SORS CES MOTS SINCÈRES ET APRÈS TU T'EN VAS EN FAISANT UN TÉMOIGNAGE INVALIDE ???

Personne ne remarqua le rictus satisfait de Marie-Hélène.

-… RÉPONDS !!! SI TU ES VRAIMENT MON AMI TU ME DOIS BIEN ÇA, RÉPONDS !!!…

Pour le coup, le juge voulait la réponse aussi.

-… Malcolm, je m'en fous de ce procès !

Bug général et gros « Kwa ??? » dans toutes les têtes.

-Tout ce que je voulais c'était un long moment seul face à toi sans que tu ne puisses m'interrompre ou me fuir. L'important pour moi c'est que tu redeviennes mon ami. Je n'ai pas besoin de prouver ton innocence, je SAIS que tu es innocent. Je voulais juste faire preuve de sincérité envers toi au moins une fois avant que tu ne puisses à nouveau me fuir.

Malcolm crut devenir fou. « Il est malade… C'est un malade dangereux ce type… »

-J'ai confiance, je sais que tu ne finiras pas en taule. Tu es innocent. Tu n'as pas à le clamer, ni à le faire croire, tu es innocent. Je n'en doute absolument pas. C'est cette petite merdeuse qui ira en prison quand on s'apercevra qu'elle a menti.

Marie-Hélène regarda Roland, larmoyante.

-Oui, tu peux me faire tous les regards de chien battu que tu veux, tu sais très bien que tu racontes que des conneries. Tout le monde ici le sait, même tes parents.
-Retournez à votre place, espèce de monstre ! Grommela la mère.
-Comment osez-vous défendre un type qui a abusé de notre fille ?! Souffla le père.
-Et vous, comment vous pouvez vous laisser abuser par une conne pareille ?

Malcolm s'étonna de la violence de la passe d'armes. Le juge frappa avec son marteau.

-Suffit ! Mr Smirnoff, retournez vous asseoir !

Le père de Marie-Hélène se leva et empoigna Roland.

-AH !!! Cria Claire.
-Eh !! Somma Charlie.
-MONSIEUR D'AUBENANT !!! A VOTRE PLACE ! SÉCURITÉ !!!
-Stop, Stop, stop !!! cria Kenneth.
-Ton pote a abusé de ma fille, elle ne mentirait jamais sur un sujet aussi grave ! Tu l'as filmée à son réveil, je devrais te tuer pour ça !!!

Roland était apeuré.

-Monsieur D'Aubenant !! cria le juge.
-Chéri enfin !! Criait la femme.

Marie-Hélène regardait tout ce raffut impassible, sous les yeux de ses camarades.

-Elle est flippante… marmonna Edgar.
-Elle ne réagit même pas !! s'émeut Stacy.
-Les monstres n'ont pas d'émotions... grommela Lila.

Stuart était très silencieux. Il observait son portable avec récurrence.

On sépara les protagonistes de l'incident et le juge suspendit à nouveau la séance. Malcolm regardait Roland remettre son col en place, un gros, gros pincement au cœur. Car même si le témoignage était invalide devant la cour, il avait fait son effet. Et aux yeux de l'accusé, forcément.