Smirnoff R. 2 de Domino

« Il faut se garder de trois fautes :
Parler sans y être invité, ce qui est impertinence ;
Ne pas parler quand on y est invité, ce qui est de la dissimulation ;
Parler sans observer les réactions de l'autre, ce qui est de l'aveuglement. »
(Confucius)



Jour de l'examen.

Certains font la tête.

-Monsieur, tout va bien ?

Malcolm hocha la tête, blasé.

-Oui, oui…
-Ne nous lâchez pas aujourd'hui hein ! Tout est bientôt fini, je tiens à rentrer chez moi au plus vite !!
-Oui, Marie-Hélène…
-Je devrais vous faire payer chaque prononciation de mon prénom, j'aurais doublé ma fortune !

D'autres cuvent.

-Mal au crâne…
-D'après mademoiselle Perry vous étiez dans un sale état… marmonna Edgar.
-Nous faites pas ça en plein exam… geignit Stuart.
-J'garantis rien.
-Et ça c'est rassurant... soupira Edgar sous le rire narquois de Stuart.

D'autres ont des tas de choses en tête.

« Charlie a réussi son exam… Je vais probablement devoir aller chez le psy après ça… Cool ! »
-Il a l'air d'avoir fumé les poils de son blaireau ce matin en se rasant… marmonna Lila.
-Non, je pense qu'il a sniffé sa mousse à raser… suggéra Omar.
-Ouah, tu utilises le mot "Sniffer" ! C'est tellement vulgaire !
-Ouah, tu sais ce qu'est un blaireau ! ironisa Omar.
-Hmph...

Et d'autres sont pimpants et tout entiers dévoués à leur cause.

-Aaaaah les enfants, vous allez réussir, n'ayez pas peur !
-Elle est trop optimiste… marmonna Stacy.
-Toi aussi tu penses ça… songea Lenny.

Tout le monde était assis sur des rangées de trois chaises de largeur et de trente chaises de longueur. Ils étaient donc avec trois rangées de chaises au nombre de 270 : 90 professeurs et 180 élèves.

L'actuel recteur d'académie était là ainsi que l'examinatrice en chef et la championne de Parmanie, Janine. Le tout en plein milieu du Parc Safari.

Afin de laisser Claire et Malcolm tranquille et surtout par volonté de ne pas tenir la chandelle, Léopold était resté avec Roland et se trouvait devant lui.

-C'est préférable quand même, que je sois derrière et toi devant ! Ca sécurise !
-Roland, la ferme ! Soupira Léopold.

L'examinatrice en chef était une dame blonde à lunettes très maquillée. Roland, tout de suite, ne put la supporter. "La grognasse typique avec l'air coincé qui me donne des boutons direct !" Il remarqua des installations dans le parc qui laissait voir des épreuves à venir. Mais il n'en fit pas part à ses élèves.

-Bien !

Tout le monde se redressa et fit silence, la voix de l'examinatrice en chef résonnait dans le parc grâce à un micro et des haut-parleurs.

-Messieurs-dames, mesdemoiselles, Bonjour !! C'est un grand plaisir pour moi que de présenter ce très officiel examen ! Cette année exceptionnellement hors du terrain académique pour cause de problème logistique !
« Mon cul… » songea Roland.
-Vous êtes très nombreux et nous savons que cet examen ne sera pas une sinécure pour vous. Evidemment nous allons vous rendre vos notes de contrôles continus d'ici quelques instants, mais avant tout… sachez que nous avons cette année une évolution très salutaire dans le programme de voyage itinérant. Cette année, un élève handicapé a fait le voyage.

Stuart s'étonna et se fit tout petit.

-Je voudrais mesdames et messieurs que l'on applaudisse Stuart Gibson, avec son professeur... euh... Roland Smirnoff !

Des applaudissements fusèrent. Roland regarda Stuart qui était très gêné.

-D'ailleurs, au terme de la remise des copies, je demanderais à Stuart de venir ici afin de prononcer un petit discours !

Un gémissement douloureux s'éleva dans le parc mais ne fut pas très entendu vu l'acoustique déplorable de l'endroit.

-Cet examen va se diviser en trois parties. D'abord l'épreuve sportive !
-Ah ça c'est sympa après avoir bien annoncé la présence d'un élève handicapé ! Sourit Roland.

Léopold se retourna, inquiet, vers Roland qui se mordillait les lèvres d'avance.

-Ensuite un examen écrit au cœur de cet environnement naturel !
-Bonjour l'ambiance pour bosser ! J'espère qu'il va pas pleuvoir... songea Roland.
-Et enfin une épreuve surprise dite « Tournoi Spécial » !
-Leur inventivité va certainement leur valoir un Exammy Award… marmonna Roland, blasé.

Léopold se retourna vers Roland en souriant.

-Bien, remise et appréciation des copies !

Les examinateurs se déplacèrent dans les rangs et rendirent les copies. Edgar stressait.

-Monsieur…
-Je sais, moi aussi j'ai pas envie qu'ils vous les rendent, ça va me retirer toute autorité sur vous…
-Au niveau des rapports, vous avez été…
-Saoul ? Génial ? Stupéfiant ?
-Non, sympa ?
-Bien sûr. Puisque mon père était Grandgousier et ma mère Gargamelle, j'ai été d'une sympathie immensément géante envers vous ! Vous avez vingt tous les deux et vous irez finir vos études à Thélème !
-…
-Plaisanterie ! P-L-A-I-S-A-N-T-E-R-I-E ! Y'avait même une obscure référence qui insinuait que je mesurais vingt mètres de haut !
-Ok, ok…
-Question idiote, réponse idiote mais cultivée. Eclopé, pendant ce temps là, ne chie pas dans ton froc !
-Trop tard… geignit Stuart au bord des larmes.
-Eh, calme-toi, c'est pas la mort ! soupira Edgar.
-Je veux pas parler devant un public !

Léopold, Omar et Lila se tournèrent vers Stuart.

-Bon sang, quelle chochotte ! J'avais pourtant bien demandé, au début de ce voyage « Etes-vous homosexuels ? » Et ta réponse si je ne m'abuse, a été un silence négatif !

Léopold plissa les yeux.

-Quelle sollicitude, c'est beau... fit remarquer Omar.
-Monsieur, je veux pas y aller !
-Tu iras car telle est la volonté de Moïse durant ta circoncision, puis durant ta Bar-Mitzvah, alors tu vas y aller sinon tu seras privé de carpe farcie !! Argua Roland.
-J… Je suis pas juif ! geignit Stuart.
-Vraiment ? Encore qu'avec ton nom de famille t'as plutôt intérêt à pas l'être !
-Monsieur s'il vous plait…
-Que veux-tu que j'y fasse ! Après cette prestation sur « Mr Cellophane » au Karaoké, tu es plus que visible pour eux ! Ce qui est paradoxal vu le sujet de cette chanson.
-M…

Stuart craqua. Léopold grimaça et regarda Roland.

-Toi, si un jour tu as des enfants, j'appelle les services sociaux !
-Mais de même pour toi mon pauvre ! Grommela Roland.

On rendit les notes de rapports et de contrôles continus en moyennes.

Edgar eut 14.

-Fiouuuu !!! J'ai échappé au pire !!

Stuart reçut sa copie et écarquilla les yeux en essuyant ses larmes.

-S… S… Seize ???

Edgar regarda Stuart, étonné, puis le prof.

-Injustice ! Injustice ! Injustice !!! Grommela Edgar.
-Pas du tout, il a été bien meilleur que toi sur de nombreux points et il te surpasse largement en technicité.

Stuart regarda la scène, éberlué.

-Monsieur je peux pas le faire !
-Alors je te renie, tu n'es plus mon padawan. Rends-moi ta note, tu en es destitué !
-Echange avec moi !! Supplia Edgar.
-Toi, ne rêve pas, recrue serpillère !

Stuart regarda le seize, ébahi. Et l'appréciation…

« Stuart est un élève sérieux, mettant un point d'honneur à respecter son style propre dans les combats Pokémon. Il est vif, perspicace, bien que parfois trop têtu, il fait montre d'un savoir complet et d'une curiosité réjouissante. Ensemble très satisfaisant sur l'ensemble du voyage, élève très agréable à vivre dans la continuité. »

Stuart plissa les yeux.

-"Elève très agréable à vivre" ? Vous m'avez reproché des milliers de fois mon handicap, vous avez menti dans ce rapport !
-Comparément à Edgar tu étais agréable à vivre pour moi !
-… vais me pendre… geignit Edgar.

Réception pour Léopold.
Omar sourit en voyant son 18. Lila avait un 11.

-La claque… soupira Lila.
-Tu avais huit en contrôle continu, j'ai rajouté trois points pour t'encourager.
-Huit…
-Ca va aller, Lila… Tu vas y arriver, ne t'en fais pas.
-Vous ne m'avez rajouté aucun point ! S'étonna Omar.
-C'était vraiment nécessaire ?! Soupira Léopold.
-… Non, mais ça m'aurait fait plaisir.
-Tu as très bien travaillé par toi-même, tu n'as pas eu besoin de bonus…
-Mouais… Si vous le pensez…
-… Ces enfants vont me rendre dingue…

Du côté de Claire et Malcolm.

-J'espère que ça va pour Roland… Stuart doit se sentir très mal…
-Roland doit être en train de le traiter de tous les noms… soupira Malcolm.
-Tu peux arrêter d'être aussi négatif ?
-Et toi, tu peux arrêter de parler de Roland ?

Claire leva les yeux au ciel. Lenny et Stacy reçurent leurs copies.

-… Ouf ! 17 ! Sourit Stacy.
-14... Oh… geignit Lenny.
-Mais vous avez tous les deux excellemment travaillé ce trimestre, je suis fière de vous !
-Merci mademoiselle ! Sourirent les deux élèves en chœur.
« Pourquoi je SENS que je vais pas avoir que des remerciements tout à l'heure… » geignit Malcolm.

Gilles prit avec plaisir son 18. Marie-Hélène prit sa copie et explosa.

-DOUZE ???
-Oui…
-T… Vous m'estimez six points de moins que ce… Que cet…
-J'ai dû te rajouter cinq points, tu as eu des notes exécrables aux contrôles continus, tu suivais peu de mes cours, tu n'en as fait qu'à ta tête pendant tout le voyage…
-C'EST VRAIMENT INJUSTE !!!
-C'est moi le professeur, Marie-Hélène, et je suis d'accord avec la note de rapports qui t'a été accordé. J'ai été gentil parce que je sais que tu as du potentiel, mais…
-Je vous déteste !

Claire, Lenny, Stacy et Gilles regardèrent Marie-Hélène, étonnés.

-Quand je pense que vous me rabaissez devant cette… gourgandine qui ne pense qu'à son affreux mulâtre…
-EH !!! Grogna Stacy.
-Oh mon Dieu ! S'exclama Claire.
-Et devant ce minable attardé qui voudrait se réincarner en Magicarpe…
-Volontiers ! Sourit Lenny.
-… C'est le plus grand déshonneur qu'on m'ait JAMAIS fait !
-Si tu n'es pas contente, il fallait travailler, jeune fille !
-J'AI travaillé ! Comment OSEZ-VOUS prétendre que je n'ai pas travaillé !!! Mufle !!
-C'est comme ça, Marie-Hélène, et pas autrement.
-ET CESSEZ D'UTILISER MON PRENOM COMME CA, PAR TOUS LES DIABLES !!!!

Claire, Stacy, Lenny, Malcolm, Gilles et tous les autres profs autour se tournèrent vers Marie-Hélène, stupéfaits.

-C'est révoltant !!! Grommela l'adolescente.
-Je ne te le fais pas dire… soupira Malcolm, désabusé.

Gilles soupira. Marie-Hélène le pinça.

-Ne t'avise pas de respirer près de moi, toi !!
-Eh !!
-Mais dis-donc !! Grommela Malcolm en repoussant la main de Marie-Hélène qui pinçait la cuisse de Gilles.

La fillette regarda Malcolm, méchante.

-Change de regard tout de suite, Marie-Hélène ! Je ne suis pas ton ennemi !
-Allons, allons, calmez-vous… marmonna Claire.

Elle les regarda, inquiète.

-Ca vaut pour toi aussi, Malcolm !

Malcolm se rassit correctement. Marie-Hélène de même, furieuse.
On acheva de remettre les copies. Stuart tremblotait.

-Ca va aller, Stuart… marmonna Omar.
-Courage, vieux… soutint Edgar.
-Vas-y, colle-leur la pâtée !! Grommela Lila.
-C'est pas une bagarre ! Rappela Léopold.
-Ca pourrait le devenir… Ce serait marrant... Ces chaises ont l'air faciles à lancer !

Léopold plissa les yeux, se demandant à quel point elle était sérieuse.

-Stuart, lève-toi.

L'élève regarda son professeur.

-J'ai mal au ventre…
-C'est les noix qui remontent. Fais-les redescendre et va sur cette scène.
-Et si c'est pour m'humilier ?!
-Tu as l'habitude… marmonna légèrement Roland.
-…

Léopold regarda Roland qui semblait tout aussi gêné que son élève. Il regarda Stuart qui le cherchait du regard. Léopold hocha la tête en souriant. Stuart prit une grande inspiration.

-Et maintenant le moment que vous attendez tous… Le discours de notre courageux élève handicapé !
-Allez, courageux élève handicapé ! Ricana Roland.
-Bien sûr son professeur est invité à monter sur scène avec lui !
-… Edgar, toi qui t'y connais en droit juridique…
-Pas du tout…
-Si je tue Stuart, c'est grave ?
-Oui, très ! Admit Edgar.
-Ah ! Comme tu n'y connais rien, ça veut dire que j'ai mes chances !

Edgar grimaça.
Stuart se leva difficilement. Roland à ses côtés. Applaudissements. Roland soupira.

« Je m'attendais à ce coup là depuis l'entrevue avec le vieux taré des handicapés à Bourg Palette… »

Les applaudissement cessèrent. Stuart allait à son rythme, c'est-à-dire... lentement. Silence de mort parmi les professeurs.

-C'est très pratique ! Signala Roland. On peut même pas le pousser sinon il gémit dans la boue et on comprend rien à ce qu'il dit ! En plus il est même pas aérodynamique ! Et encore moi j'ai pas eu à l'aider à faire pipi dans les bois ni à lui essuyer les fesses !

Stuart ricanait à ces remarques qui outrageaient certains profs. Stuart salua quelques élèves qu'il connaissait. Les escaliers se dressèrent devant Stuart.

-On remarque que la scène est fort bien disposée ! Cria Roland. Ils auraient pu prévoir un escalator quoi ou une rampe voire une catapulte !

Léopold et Claire ricanèrent. Malcolm regardait tout cela avec froideur et dédain.

Roland fit alors quelque chose qui fut tout à son honneur et qui impressionna Léopold et Claire.

Il porta Stuart.

-Mons…
-Chut. Oublie vite cet instant de folie de ma part. Déjà que si t'avais pas de béquilles on me traiterait de pédophile alors…
-… Merci.
-Oh la ferme. Va leur mettre un coup de club de golf et on se barre !

On donna à Stuart un discours tout fait qu'il devait se contenter de lire. Roland alla se placer à côté de Janine.

-Comment va papa ?
-Excusez moi ?
-Votre père, Koga ! Le créateur de l'attaque et arme chimique Toxik et des techniques de compression du poison.
-Oh… Bien… Aux dernières nouvelles il va bien.
-Pas mécontent d'avoir trahi Kanto ?
-Oh la ferme… soupira Janine.

Stuart arriva au pupitre, embarrassé. Tout le monde le regardait. Edgar lisait même son rapport sans que Stuart le sache. « La vache il a même des super bonnes appréciations !!! »

-Euh… Euh… Euuuuh...

Roland soupira.

-Ca commence par « Vodka, au temps où tu liquidais nos gosiers… » ! Moi qui t'ai appris à lire, qui t'ai nourri au sein...

Stuart leva les yeux au ciel et lut le discours.

« Merci d'être ici pour me voir car en ce jour, ce jour béni où la société va connaître sa plus grande évolution en matière éducative… »

Roland éclata de rire.

-D'abord le travail de mon père, ensuite CA ! Hahahahah !
« … Moi… {Insérez votre prénom ici}… »

Roland partit dans un grand fou-rire incontrôlable. Claire ricana aussi. Léopold sourit franchement.

« … suis fier de représenter les handicapés, notamment les… {Insérez votre handicap ici}… »

C'en fut trop, l'assemblée entière partit dans un éclat de rire. Roland était déjà rond comme un ballon, Léopold, Lila, Omar et Edgar n'en pouvaient plus, Claire, Stacy, Lenny et Gilles riaient à gorge déployée. Malcolm se contenta d'un sourire et d'une mine plus attentive. Marie-Hélène restait prostrée, mécontente.

L'examinatrice en chef vint voir Stuart.

-Inutile de faire l'idiot ! Lui chuchota-t-elle.
-Je…
-Contente-toi de lire le discours et redescends de scène, tu nous causes assez de souci comme ça !

Stuart regarda tristement l'examinatrice en chef s'éloigner. Il regarda l'assemblée, repue de son rire.

« … qui sont nombreux à Poképolis… Et j'espère être un exemple pour eux… »

Stuart inspira.

-Oh, ça suffit.

L'examinatrice en chef grommela et se dirigea vers lui. Roland s'interposa.

-Ces allers-retours aux toilettes c'est gênant à force.
-… Pardon ?
-Vous avez un souci, madame ?
-Laissez-moi passer !
-Non désolé, j'aime rester en travers de votre chemin ! Sourit Roland.

Stuart déchira le discours.

-Euh… écoutez. Mon voyage s'est très bien passé. J'étais avec monsieur Smirnoff qui a été très patient avec moi. Qui a, tout du moins, eu un comportement normal, celui qu'il a habituellement avec les gens. Il ne m'a pas traité comme un fardeau ni comme une source d'ennuis comme ce que semble penser la dame à lunettes, là…

L'examinatrice en chef de baragouiner.

-Enfin mais ça n'est pas le discours !!!
-Enfin mais c'est du jasmin !!! Renifla Roland.
-Espèce de porc !
-Espèce de… J'ai pas d'animal qui sent le jasmin en tête, vous en connaissez ?
-Laissez-moi passeeeer !!!
-Je voulais aussi dire que je trouve injuste que les handicapés soient rejetés du voyage itinérant comme ils le sont.

Des applaudissements fusèrent, de la part de professeurs notamment. Claire en particulier applaudit bien fort.

-Parce que… Parce que… Eh bah si on se permet d'en faire pour de jeunes délinquants en foyer, je vois pas pourquoi des handicapés n'auraient pas le droit, c'est pas juste ! C'est quand même incroyable de vivre dans un pays où on est discriminé parce qu'on est immigré ou handicapé !

Omar hocha la tête.

-En plus… Eh bah, monsieur Smirnoff peut témoigner, mais il ne le fera pas car ça le ferait chier…
-Et surtout j'empêche Tante Martine de te pousser hors de scène ! Sourit Roland.
-Mais non voyons !!! Grommela l'examinatrice en chef. Janine ! Aidez-moi !!!

La championne haussa les épaules, neutre. Le recteur semblait s'en foutre.

-… qu'il n'a pas eu à trop me balader. C'est la première fois qu'il m'aide physiquement aujourd'hui, auparavant c'est ses Pokémon qui le faisaient… Mais… Ca m'a…

Stuart commença à pleurer. Roland leva les yeux au ciel.

-Tu gâches touuuut !!
-Ca m'a beaucoup touché…

Léopold plissa les yeux, ému. Claire sourit, attendrie.

-… et je voulais vraiment vous remercier, monsieur Smirnoff.
-Monsieur Smirnoff c'est mon père, appelle-moi Ringo…
-En tout cas j'espère une seule chose à propos de ma participation : Que ça encourage les autres élèves handicapés à se battre pour participer à ce voyage itinérant. Je pars sans courir mais prestement pour donner suite à cet examen avec vous tous et avec grand plaisir… Merci !

Stuart s'éloigna sous une ovation. Roland passa devant le micro.

-On va s'éclater lui et moi pour le sport !

Ce qui causa quelques rires supplémentaires. L'examinatrice en chef ajusta ses lunettes et se recoiffa puis revint au micro.

-Désolée pour cette intervention indépendante de ma volonté !

Roland et Stuart revinrent à leur place.

-Sympa, les mensonges à propos de… Merci, t'es touché, et tout…
-Vous pensez que c'étaient des mensonges ?
-Baaaaaah…
-Ou ça vous gêne d'admettre que je vous aime beaucoup, monsieur ?

Roland se mordilla les lèvres.

-J'ai eu peur pour toi, gamin. J'ai… eu peur qu'ils n'essaient de t'humilier, mais tu t'en es sorti comme un petit chef.

Stuart sourit.

-J'ai changé… grâce à vous. Il y a trois mois j'aurais été incapable de déchirer cette feuille.
-J'ai un enseignement varié et constructif, hein ? Techniques, boissons, garde à vue…

Stuart sourit. Ils revinrent s'asseoir. Léopold se retourna.

-Ouah, Roland ! Ton élève t'aime ! Alors, heureux ?
-Va cuire en enfer… grommela Roland.
-D'accord !
-BON…

On annonça l'épreuve.

-La première épreuve est une épreuve de course.
-Youpiiiii… geignit Roland.
-Elle consiste à courir sur un parcours donné dans le parc. Vous avez droit à vos Pokémon. Les élèves partent avec une moyenne COMMUNE…

Gilles et Edgar poussèrent un glapissement.

-… qui fait que l'entraide est un élément crucial entre les élèves. Les professeurs n'ont aucune force d'intervention autre que la période préparatoire. Sachant qu'il y a 90 duos, votre note correspondra à votre arrivée. Les dix premiers auront ainsi neuf points, les dix derniers zéro point.
-Notation sur dix ? Ca craint ! Geignit Lenny.
-En quoi ?
-C'est plus motivant sur vingt, y'en a plus !
-Mais c'est pareil, gros bêta ! Soupira Stacy.
-Je suis pas un bêta !
-En tout cas tâche d'être bon dans cette épreuve, la note est commune.
-Mais oui…
-Cette note servira à déterminer le bonus qu'on vous accordera à la fin des épreuves écrites et pratiques, à savoir le tournoi.

Les élèves furent d'un coup plus attentifs.

-Ce n'est en fait pas une note qui vous est donnée, c'est un amas de points qui vous sera ajouté en fin d'examen. Le but de cette épreuve est de tester votre esprit d'entraide !
« Eh bah le mien va être mis à une sacrée rude épreuve ! » Soupira Edgar.
-Oh ! J'oubliais !

Les élèves semblèrent inquiets.

-… Rien ne vous interdit de vous attaquer entre vous pour gagner les hautes strates du classement ! Ce qui importe c'est votre place, pas les moyens d'y parvenir !!

Résonance de gorge générale.

« Tout le monde est un ennemi ?! » geignit Gilles.
« Ouah… Ca va être très, très chaud… » songea Stacy.
« Cette épreuve va être GENIALE !!! » S'enquit Lenny.
« J'espère qu'avec Lila, on saura éviter tous les deux les embrouilles… » marmonna Omar.
« Je suis sûr qu'il pense que je vais être un gros boulet ! » grommela Lila.
« J'imagine que je peux compter sur Edgar pour avancer, mais après… » songea Stuart.
« J'ai dix mille trucs qui me viennent en tête… » marmonna Edgar.

-L'épreuve peut durer deux jours car faire le tour du Parc Safari peut s'avérer long. Le couvre-feu est fixé à dix-huit heures ! Si à cette heure-ci l'un de vous est pris à bouger, il sera obligatoirement marqué de zéro point !

Tout le monde déglutit à cette idée.

« Je veux des points bonus !! » songèrent tous les élèves en même temps.
-Des sacs de vivres vont vous être distribués. Le couvre-feu cessera à six heures le lendemain. En attendant, jusqu'à ce soir vous êtes en chemin. Nous passons en phase préparatoire, au troisième gong vous devrez tous être partis !

Roland regarda ses élèves.

-Ca va être chaud pour vous !
-Dommage que vous puissiez pas nous accompagner ! Geignit Edgar.
-C'aurait été trop facile. Je suis un coureur d'élite. Vous n'auriez pas pu me suivre ! Sourit Roland.
-Mouais…
-N'importe quoi… songea Stuart.
-Ah toi, tu peux pas parler ! Tu vas déjà avoir du mal à le suivre !
-…
-… Ouais… Va peut-être falloir que je t'aide… souffla Edgar.

Roland et Stuart regardèrent Edgar, éberlués.

-C'est seulement MAINTENANT que tu t'en préoccupes ??? Grommela Stuart.
-Hon… Bah… On verra quoi.
-… La vache… soupira Stuart.
-J'vais chercher les vivres… soupira Edgar.

Roland le suivit alors qu'Edgar allait prendre les sacs.

-Jeune homme, je sais ce que tu es en train de faire…
-Hm ?
-Arrête ça. C'est pas la bonne solution. Lui faire croire que tu t'en fous… Ca marche pas.

Edgar regarda le prof et acquiesça mollement avant de revenir à sa place.

-Ca va aller ?

Roland se retourna vers Léopold qui semblait plutôt inquiet. Roland hocha la tête.

-N… Ne fais pas ça, Roland, ne me dis pas que tout va bien alors que ça ne va pas, je le vois bien…
-Tu me connais depuis que je suis tout gamin, hein.

Léopold regarda Roland en hochant la tête.

-Je n'ai pas de secrets pour toi, hein ?
-… Oui, grosso modo…
-Et de même tu n'en as pas pour moi autres que ceux qui concernent le passé de mes parents.
-Oui…
-Pour autant, est-on amis ? On réunit les soi-disant conditions et on n'est même pas amis alors pourquoi il lui faudrait une justification en plus ?

Léopold leva les yeux.

-On ne se fait pas confiance, Roland. Je ne te fais pas confiance, tu ne me fais pas confiance et c'est pour ça qu'on est simplement… camarades, pas vraiment amis. On se parle, et parfois j'apprécie vraiment de te parler, pour autant notre lien n'a pas la profondeur nécessaire à élaborer une véritable complicité.
-… Il me faut Malcolm !
-Alors fais le nécessaire pour le récupérer. Remplis les conditions.
-Je sais même pas ce qu'il attend !
-Ca se demande, ce genre de choses.

Roland acquiesça et partit. Léopold soupira et regarda Omar.

-Vous êtes de bon conseil avec lui pour un… « camarade ».
-… Ca doit être parce que je l'ai vu grandir. Ca change beaucoup de choses, à mon sens…

Claire ramena les sacs à ses élèves.

-Merci, mademoiselle Perry !
-Claire !

Elle se retourna vers Malcolm.

-Tu… permets ? Je m'occupe de mes élèves.
-Oui… euh, comme ils vont être en épreuve pendant tout ce temps, ça te dirait qu'on aille diner ?

Claire plissa les yeux.

-Quoi ? Mais… Malcolm, on peut regarder le parcours des élèves sur les écrans géants… J'ai envie de suivre l'épreuve !
-Ah…
-Et je suppose que tu as aussi envie de suivre l'épreuve !
-Euh… oui !
-Avec Roland !
-Bordel mais c'est QUOI ton truc avec Roland ?
-M... Mais enfin calme-toi !

Malcolm regarda Claire, éberlué.

-Hein ?!
-Tu es tendu à l'extrême ! Je comprends que cette fillette t'énerve mais tu es professeur, Malcolm, un peu de self-control ! Je ne te reconnais plus !!
-… M… Mais c'est comme ça que je suis ! C'est mon comportement naturel, les gens comme elle m'insupportent, je n'y peux rien !
-Pourquoi t'es-tu disputé avec Roland ?
-Qu'est-ce que ça a à voir avec tout ça ???
-Visiblement quand tu es avec Roland tu es plus calme !

Malcolm regarda Claire, interloqué.

-Très bien, tu veux savoir pourquoi j'ai décidé de cesser de voir Roland ? Parce que j'en ai marre, tout simplement marre de devoir le supporter, il m'énerve, il se contente de me garder à ses côtés parce que je suis le seul qui veuille bien le supporter ! C'est un crétin fini incapable de nouer une relation convenable avec qui que ce soit, incapable de pardonner à sa mère un adultère débile, d'autant plus que sa mère a couché avec mon père ce qui rend notre amitié d'autant plus embarrassante qu'incongrue… Et j'en ai MARRE de supporter son comportement abject ! Tout à l'heure quand il était à la tribune avec son élève j'avais envie de lui balancer un parpaing !!

Claire regarda Malcolm, les larmes aux yeux. Il s'étonna de la voir ainsi.

-… J… Je… On se revoit plus tard !
-Claire ?!
-N… Non, Malcolm, désolée, là…
-Claire, mais enfin…
-Ce… Tu… Trop de colère pour l'instant, à plus tard !

Elle s'en retourna vers Stacy et Lenny qui la regardèrent, inquiets.

-Ca va aller, concentrez-vous sur l'épreuve, les enfants…
-Mademoiselle… marmonna Lenny.
-Toi, occupe-toi de toi. Tu as trop tendance à t'en faire pour les autres, Lenny. C'est une belle qualité, mais il faut savoir s'occuper de soi, un peu.
-… Mad…
-Et toi, Stacy, tu dois faire plus confiance en tes sentiments et en tes intuitions. Et cesser de voir en chaque personne que tu rencontres un modèle sentimental. Concentre-toi sur ton objectif.

Les deux élèves hochèrent la tête. Claire se ressaisit.

-Bon, voilà. Bon courage les enfants… Dites à monsieur Finsbury que j'ai besoin de le voir !
-Oui mademoiselle !! S'enquit Lenny.
-D'accord ! Acquiesça Stacy.

Les deux partirent vers la ligne d'arrivée, assurés. Ils prévinrent Léopold de l'état de Claire.

Malcolm se tourna vers ses élèves.

-Gilles, bon courage. Je te fais confiance, débrouille-toi bien. Marie-Hélène… Bon courage à toi aussi. Montrez-moi ce dont vous êtes capables.
-Oui monsieur ! Sourit Gilles.
-… D'accord… lâcha Marie-Hélène.

Les élèves s'alignèrent sur la ligne d'arrivée. Roland vint se placer aux côtés d'un Malcolm obséquieux.

(Mariah Carey - Can't Live Without You)

No, I can't forget this evening (Non, je ne peux oublier ce matin)
Or your face as you were leaving (Ni même ton visage quand tu es parti)
But I guess that's just the way this story goes, (Mais je suppose que c'est comme ça que l'histoire avance)

-Malcolm, quoi que j'aie fait, j'en suis… désolé.

You always smile (Tu souris toujours)
But in you eyes your sorrow shows (Mais dans tes yeux, ton chagrin transparait)
Yes it shows (Oui il transparait)

-Je sais que je suis parfois insupportable, mais… J'arrive pas à oublier ce qu'on a vécu… Tu resteras toujours comme une part de ma vie, même si… j'ai pas toujours été de prime confiance ni de premier choix comme soutien… Euh… Je voudrais juste qu'on arrête cette querelle stupide et qu'on redevienne copains !

No I can't forget tomorrow (Non je ne peux oublier demain)
When I think of all my sorrows (Quand je pense à tout mon chagrin)
When I had you there but then I let you go (Quand je t'avais à mes côtés mais que je t'ai laissé partir)

-T'es d'accord avec moi, hein ?

And now it's only fair that I should let you know (Et maintenant il est normal que je te dise)
What you should know (Ce que tu dois savoir)

Roland regarda Malcolm avec un sourire plein d'espoir, les larmes aux yeux. Malcolm n'avait pas sourcillé.

-Tu n'as rien compris, Roland. Il n'y a pas de querelle. C'est juste moi qui ne veut plus de toi.

Roland se décomposa.

-Tu ne comprends rien, comme d'habitude, parce que pour toi, tout se résume à des CONFLITS ! Tu n'as jamais su t'exprimer qu'en te BATTANT, contre n'IMPORTE QUI, pour N'IMPORTE QUOI parce que tu es persuadé qu'il n'y a que comme ça que tu pourras manipuler ton monde, mais c'est FINI tout ça ! Je refuse d'être un de tes jouets et de subir une minute de plus tout ce malheur que tu sèmes autour de toi ! C'est… fini ! Aussi sincère que tu puisses être en ce moment… Ca ne me touche pas.

Malcolm s'éloigna, laissant un Roland bien piteux. Derrière lui, un peu plus loin, Léopold consolait Claire, en larmes dans ses bras.

I can't live (Je ne peux pas vivre)
If living is without you (Si ça veut dire vivre sans toi)
I can't live (Je ne peux vivre)
I can't give anymore (Je ne peux pas donner plus)

Le coup d'envoi de l'épreuve fut donné. Roland baissa la tête et alla s'asseoir sur une des chaises sur lesquelles ils étaient assis quelques temps auparavant.

Can't live (Je ne peux pas vivre)
If living is without you (Si cela veut dire vivre sans toi)
Can't give, (Je ne peux pas donner)
I can't give anymore (Je ne peux pas donner plus)

Le pistolet tira sa charge en l'air.

Omar et Lila partirent avec détermination dans la foule. Omar stoïque, Lila prompte à agir.

Stacy et Lenny partirent sur Steelix qui les éleva au dessus des autres concurrents.

Gilles partit mais s'arrêta vite : Marie-Hélène refusait de courir.

Edgar sprinta en tête, suivi par Kangourex qui frappait les autres coureurs, les mettant à terre. Dans la poche du Pokémon maternel résidait Stuart, assis en travers.

« C'est pas très orthodoxe mais on va faire avec ! »