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Smirnoff, 2ème recueil de Domino



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Informations

» Auteur : Domino - Voir le profil
» Créé le 28/09/2008 à 01:13
» Dernière mise à jour le 11/06/2009 à 06:38

» Mots-clés :   Humour   Johto   Romance   Sinnoh

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068 - Mythe au logis
« La tendresse tue. L'absence de tendresse assassine »
(Yves Navarre)

Réveil, tous les deux dans le même lit. Sourires de circonstance.
-Bien dormi ?
Norbert hocha la tête.
-Et toi ?
-Comme un loir.
Ils s'embrassèrent chaleureusement. Eddy regarda son amant, intrigué.
-T'as pas l'air dans ton assiette.
-Si, ça va…
-Non, je sens que ça ne va pas. Tu as un problème.
-Oui, un énorme problème.
-… C'est une allusion perverse ?
-Je préfèrerais. Mon ex nous a invités à diner.
Eddy hocha la tête.
-Pas cool.
-Non. D'autant que j'ai accepté.
Eddy s'étonna.
-Tu as accepté ?
-Je suis désolé…
Eddy se releva.
-Enfin, Norbert !
-Il m'a dit « Sinon, viens seul ! » J'ai préféré que tu viennes avec moi.
-C'est quand même lui qui t'a fait autant de mal ! A chaque fois que tu parles de lui c'est comme d'un… animal !
-Je sais, Eddy, mais… c'est toujours mon ami !
Eddy regarda Norbert, perplexe.
-Un ami qui… couchait avec des filles sous ton nez !
-J'ai jamais dit non à ça catégoriquement non plus…
Eddy regarda Norbert, intrigué.
-Tu es bon, toi, pour cacher des choses aux gens. J'espère que tu ne me fais pas de cachotteries.
Norbert soupira. Eddy s'habillait.
-En attendant, il faut aller travailler.
-Ouais. Tu m'en veux ? demanda Norbert.
Eddy regarda Norbert, puis il soupira intérieurement.
-Quand je regarde tes petits yeux verts trop mignons, je peux plus t'en vouloir !
Norbert sourit, se leva et embrassa profondément son compagnon.

-C'est toujours comme ça !!
Le Marcacrin cirait les chaussures de son maître avec assiduité. Andrew hocha la tête.
-Jules, tu nous avais pas dit que tu avais un frère !
Lequel regarda Andrew en soupirant. Etienne, Penny et Sadia observaient le Marcacrin, intrigués.
-Il n'arrête pas de me rendre service !!
-Monsieur Phillips, vous traitez votre Marcacrin de façon spéciale ?
-Pas plus spéciale que n'importe quel Pokémon ! Il m'aide pour tout, et quand il n'y a rien à faire…
Le Pokémon passa sous les vêtements de l'homme et semblait chercher quelque chose. L'homme agita la jambe, gêné.
-Argh ! Il cherche… des parasites, des verrues ou des maladies de peau ! Il m'a soigné un eczéma il y a deux semaines !
Sadia fit une mine dégoûtée. Jules s'empara du Pokémon qui sortait du pantalon de Mr Phillips.
-Vous permettez qu'on… vous en déleste quelques temps ?
Etienne regarda Jules.
-Vous pensez…
-Le seul moyen de savoir si c'est un cas stratégique, c'est de séparer le Pokémon du dresseur et de voir comment il se comporte. Quelle profession vous exercez ?
-Je suis pompier volontaire.
-D'accord...
-Ca vous embête si je m'en vais ? J'ai du travail…
-Oui, oui… Allez-y.
L'homme partit. Jules tenait le Marcacrin. Etienne regarda l'étudiant.
-Ca vous tient à cœur parce qu'il fait des trucs que vous aimeriez me faire ?
Jules soupira.
-Ne soyez pas idiot. Ca m'intéresse parce que ce Pokémon ne fait que rendre service, mais son maître rejette son affection.
Andrew soupira.
-Pauvre bébé Jules dont l'affection est rejetée mais qui ne peut l'exprimer que métaphoriquement !
-Toi, ça va !
Etienne semblait réfléchir.
-Les cas d'hyper affection sont rares. On les estime vraiment intéressants quand cette affection est motivée par un fait autre qu'un sauvetage, qu'une expérience traumatisante ou qu'une emprise religieuse.
-Les Pokémon ne sont pas religieux… s'étonna Penny.
-Certains, si ! expliqua Sadia.
-Tu vas me dire que tu pries avec tes Pokémon ?
-Non, mais je pense qu'ils croient en des forces supérieures, tout comme nous !
Etienne s'éloigna du débat théologique féminin pour se rapprocher des garçons.
-Bon… Jules, vous vous occupez de Marcacrin Super Lèche-cul !
-Ils ont déjà le même bracelet d'amitié… soupira Andrew.
Jules plissa les yeux, énervé.

Estelle brossait son Pikachu au bureau. Eddy s'étonna.
-Vous n'avez rien d'autre à faire ?
-Non. On pourrait pas se tutoyer ? Ca fait presque trois semaines qu'on est dans le même bureau.
-Ici personne ne se tutoie…
-Je tutoie Kenny, Jonathan… et l'autre fois j'ai tutoyé Norbert.
Eddy s'étonna.
-Libre à vous… Moi je préfère rester courtois.
-C'est bien de tutoyer ses collègues, ça permet d'être plus sincère, plus direct. Tu ne vouvoies pas Norbert, que je sache.
-C'est différent, Estelle. Moi et Norbert partageons… beaucoup de choses !
-Tu l'aimes beaucoup, hein ?
Eddy hocha la tête.
-Ouais. Je l'aime énormément. C'est vraiment un chic type. Et il est d'une tendresse… Et toi alors, avec Jonathan ?
Estelle sourit.
-Je vais réussir à imposer le tutoiement dans ce service !
-C'est à l'essai seulement !
-J'ai limité nos échanges à de la simple amitié. Ca avait l'air de le rassurer.
Eddy hocha la tête.
-Et à propos de la… prison ?
-Je ne lui ai rien demandé. Je m'en fiche.
Eddy s'étonna.
-Moi je ne pourrais pas devenir ami avec quelqu'un qui me cache des choses.
-C'est pas caché, c'est des souvenirs douloureux, et je comprends qu'il n'ait pas très envie d'en parler.
Eddy hocha la tête.

-C'est votre appartement. Le loyer est avancé, mais je compte sur vous pour avril.
-Wow…
Norbert observa l'espace de l'appartement.
-C'est… grand.
-Ca vous étonne à ce point là ?
-Euh… Ca ira.
-Mouais… Bon courage pour vous installer. C'est chez vous, maintenant.
-Merci, monsieur Patterson.

Norbert mangeait dans son appartement, devant la télé, accompagné de Floper. Sa Drascore dormait derrière lui dans le grand espace laissé dans le salon.
-Je me demande si j'arriverais à remplir cette pièce. A combler ce vide.
Floper regarda son maître.
-Tu me trouves triste ?
Floper hocha la tête en souriant. Norbert sourit à son Hippopotas.
-Je vais devoir m'y faire. Remplir. Combler ces trous. Déjà je dois trouver un travail et renouveler mon inscription pour le concours d'administrateur…

Quelques mois plus tard, un courrier. Norbert venait de rater son examen d'entrée dans l'administration.
-Hmph… La tuile…
Il regarda son Hippopotas, attristé.
-Ouais… Bah mon vieux… Ce soir ça va être…
Norbert saisit une veste.
-Sortie et… Prie pour que je ramène un garçon, parce que si je rentre seul, ce sera bourré !!
Floper s'étonna.

La scène devenait classique : quand Norbert était déprimé, il ramenait un type à la maison. Très déprimé, deux types. Au bord du suicide il ne rentrait pas et restait chez « des amis ». Aujourd'hui, entrée avec un élève de son cours, visiblement le courant passe jusque contre les murs du couloir !
-Hmmm…
-Mmmm dans ma chambre…
Floper se réfugia dans la cuisine, abasourdi par la « réactivité » de son maître

Un matin, Floper se réveilla au milieu des habits, et il n'était plus sur le lit de son maître, mais par terre. Norbert était au lit avec deux jeunots qui devaient cumuler 32 ans… à eux deux. Floper soupira. Il mordilla son maître qui se réveilla.
-F… Floper ?
Le Pokémon lança un regard accusateur à son maître.
-Quoi ?

Peu après, maître et Pokémon eurent une discussion à bâtons rompus. Le Pokémon désigna une photo d'un acteur brésilien en petite tenue et secoua la tête. Puis il désigna un papier de l'école d'administration et hocha la tête.
-Tu trouves que je devrais privilégier mes études plutôt que mon appétit sexuel ?
Floper hocha la tête, semblant épuisé.
-J'ai 28 ans, il faut que je profite de… ma jeunesse ! Je suis encore bien pour mon âge…
Floper lança un regard blasé à son maître.
-Floper… Tu es mon Pokémon, tu es censé… Etre d'accord avec moi ! Me soutenir !
Floper secoua la tête. Norbert soupira.
-Très bien, monsieur ! Je vous coupe les vivres !
Floper soupira.
-Et maintenant je sors ! Pour ce que tu penses !
L'Hippopotas soupira, lassé.


Jules observait Marcacrin qui semblait dépérir.
-Sans son maître il n'est rien on dirait. Eh, Marcacrin…
-C'est typique, il se meurt d'amour pour son maître chéri… Un peu comme Jules quand il est loin de Mr Smirnoff… soupira Andrew.
-Tu pourrais pas la fermer ?! J'essaie de me concentrer !
Etienne sortit une banane. Il l'ouvrit pour la manger, mais Erwan le regarda, furieux.
-Oups… C'est les tiennes ?!
Erwan hocha la tête et se jeta sur son maître.
-Arrête de me prendre pour un lèche-bottes ! C'est pas le cas !
-C'est pour ça que tu as rangé les dossiers de Mr Smirnoff !
-Il m'a demandé de le faire !
Les deux regardèrent Etienne se battre avec son Capidextre pour une banane.
-J'ai faim !! Le service c'est dans une heure !!!
-Iiiiik !
-C'est de la triche t'as six pattes !
Andrew soupira.
-Et tu as du respect pour ce type ?
-Je vais pas lui cracher dessus pour te faire plaisir sinon c'est à toi que je cirerais les pompes !
-Les garçons… soupira Sadia.
-Laisse, je commence à croire que nous sommes les seules personnes normales ici… soupira Penny.

Norbert entra dans le bureau de Kenneth.
-Bonjour Norbert…
-Salut, Kenneth… Euh, j'ai un petit souci, je peux vous en parler ?
-Si c'est d'ordre personnel, oui, si c'est d'ordre intime… Oui aussi !
-C'est les deux.
-Mouais… essayez pour voir.
-Euh… Imaginez que vous ayez une petite copine et que vous deviez aller diner avec elle chez votre ex petite copine.
Kenneth s'étonna.
-Je doute que je garde une relation si solide avec une ex pour que j'en vienne à diner avec ma copine chez elle !
-Ouais… Ce serait…
-Super malsain ! acquiesça Kenny.
Norbert hocha la tête et soupira.
-J'ai… Autre chose à vous demander. Y'a quelque chose que vous changez souvent ?
Kenneth sembla surpris.
-Je change souvent de sous-vêtements…
Norbert regarda Kenneth et hocha la tête.
-Supposons que vous trouviez des sous-vêtements si confortables que vous ne voudriez pas en changer… Mais autre chose vous oblige intérieurement à en changer.
-L'hygiène, notamment…
-Ouais, l'exemple n'est pas bon.
-Alors arrêtez de parler par exemples !
Norbert soupira.
-J'aime Eddy. Je veux le garder, mais je continue à… penser à d'autres hommes. Pourtant…
-Norbert… ou est le problème ? Gardez Eddy ! Vous avez la chance d'avoir une relation stable et qui vous plaise avec quelqu'un qui vous aime !
-Je sais, mais… Vous ne savez pas ce que c'est. Je ne pourrais jamais… Le considérer comme plus qu'un compagnon. On ne sera jamais fiancés ou maris… Pourtant je l'aime tellement fort…
-Parfois, l'absence de titre crée le titre. Vous et Eddy commencez à devenir plus que de simples amants, ça devient sérieux…
-Il s'est installé chez moi, on mène la parfaite petite vie de couple et… ce soir on va chez Lionel pour diner.
-Lionel c'est votre ex petit copain flic…
-Cinq ans de vie commune, et avec Eddy ça fait cinq mois.
-Et en termes d'amélioration de votre bien-être ?
Norbert sembla dubitatif.
-Ces cinq mois ont été une vraie bénédiction pour moi. Ces cinq ans sont un fardeau. Lionel était très gentil mais… Il ne se préoccupait que de lui. Avec Eddy, j'ai quelqu'un qui s'occupe de moi, de lui, et qui me donne envie de m'occuper de lui. C'est… Une vraie relation de couple.
Kenneth hocha la tête.
-Avant j'avais ce genre de conversations avec Etienne, vous savez… soupira Norbert. Mais là…
-Vous avez raison, vaut mieux lui épargner ça en ce moment, résuma Kenneth.
-Il va bien ? demanda Norbert.
Kenneth soupira.
-Il… essaie d'oublier. C'est dur. Mais doucement, il oublie.
Norbert hocha la tête.

-D'après le cas Billings, certains Pokémon éprouvent une gratitude très forte envers un maître qui récompense graduellement.
Sadia secoua la tête.
-C'est pas ça, il traite son Marcacrin comme n'importe quel Pokémon.
-C'est de plus en plus bizarre… Et en même temps c'est passionnant, parce qu'on n'aura peut-être pas la réponse ! soupira Penny.
-Toi aussi tu préfères l'hypothèse à la solution… marmonna la musulmane.
-Exactement…
Etienne et Erwan avaient trouvé un terrain d'entente : Erwan mangeait la banane et Etienne se contentait de la peau.
-C'est… adorable de ta part, Erwan.
Le singe mâchonna bruyamment en retour.
-Grrrr….
Et les deux autres se disputaient toujours.
-Si t'as un problème, tu peux t'éloigner, je ne te retiens pas !! cria Jules.
-C'est un cas qu'on doit traiter ensemble, j'examine le cas aussi ! marmonna Andrew.
Etienne regarda les deux garçons de son groupe, étonné.
-Du calme les garçons ! geignit Penny sans les regarder.
-Ca suffit ! On règle ça par le combat !
-Toi contre moi ? T'as aucune idée d'à quoi tu t'attaques mon pauvre.
-Tu veux bien arrêter de me rabaisser ?!
-Bah quoi ?!
-Monsieur vous pourriez empêcher ça ?
Etienne leva la main et désigna Marcacrin qui semblait apeuré. Il se cachait derrière les caisses. Les filles prirent leurs notes. Jules et Andrew se mirent face à face.
-Pifeuil, Rhinocorne ! Go !
Les deux Pokémon apparurent. Andrew soupira.
-Pathétique… Groret, Volcaropod, go !
Les deux adversaires semblaient plutôt bien dressés. Jules hocha la tête.
-Balle Graine !
Pifeuil sauta sur le nez de Rhinocorne qui le fit sauter en l'air. Le Pokémon tira sur les adversaires.
-Psyko.
Groret bloqua les attaques de Jules.
-Volcaropod, Lance Flammes !
L'escargot de lave lança son attaque.
-Lame de Roc !!!
Une obélisque de pierre s'éleva entre Pifeuil et Volcaropod. L'attaque Feu échoua.
-Bélier !
Rhinocorne fonça sur Volcaropod qui se prit l'animal en pleine face. Pifeuil fonça sur Groret et envoya une Feinte, frappant Groret en envoyant deux coups à chaque fois, un seul étant réellement destiné à toucher l'adversaire.
-Rebond et Séisme !
Groret s'éleva dans les airs. La coquille de Volcaropod frappa le sol. Rhinocorne et Pifeuil furent touchés. Groret retomba sur Pifeuil, largué.
Etienne s'avança en plein milieu du terrain.
-Eh !! grogna Andrew.
-Monsieur…
Smirnoff se plaça bien au milieu. Marcacrin sortit de terre à cet endroit. Etienne le ramassa et le tint comme un bébé.
-C'est de la peur. Ce Pokémon ressent un sentiment de peur vis-à-vis de son maître qui effectue un métier dangereux. Il allait intervenir dans le camp de Jules qui le protège depuis tout à l'heure. C'est un très intéressant cas d'empathie Pokémon-Dresseur qu'il est rare d'observer, d'autant qu'on peut très fortement supposer qu'étant de type Glace, le Marcacrin se sente impuissant à aider son maître qui combat le feu. Cependant les filles ont constaté le comportement du Pokémon, donc elles ont la primauté du cas qu'elles vont cosigner.
-Quoi… Mais… Monsieur, c'est moi qui…
-VOUS n'avez rien fait ! Vous avez juste pensé à défendre votre honneur auprès de cet abruti de gosse de riche ! Bien sur que les filles ont mérité ce cas, elles s'y sont attelées et ont même constitué un dossier sur lui. Pensez plus à votre travail qu'à votre petit égo coincé dans sa chemise ridicule et vous arriverez à enregistrer un cas. Ca n'est pas une course, on cherche à apprendre, à découvrir.
-Ma… chemise n'est pas ridicule !
-Et vous n'avez rien appris aujourd'hui ! Félicitations !! Votre chemise est plus belle maintenant ?!
Andrew rappela ses Pokémon, surpris. Jules semblait dépité.
-Passez-là à la machine de temps en temps, le tissu vous dira « Merci » et « Je te respecte » ! grogna Etienne, excédé par ce qui typiquement chez les hommes, l'excédait.

L'Hippopotas de Norbert entra un matin et trouva Norbert avec un type qui venait de plus en plus ces derniers temps.
-Hmmm… Floper ?!
Le Pokémon regarda son maître, attristé.
-Je sais, je sais, les études. J'y travaille.
L'homme se releva.
-Bon, mon petit Norbert, je vous revois à la Fac.
-Oui monsieur McAllister.
Floper regarda, étonné, le type.
-C'est mon prof d'administration ! sourit Norbert devant son Pokémon, médusé.
-Ma femme m'attend, en plus…
Norbert et Floper regardaient le prof qui s'habillait.
-Oh et puis il faut que j'aille chercher mes gamins…
Floper fronça les sourcils et alla mordre les chevilles du type.
-AOUCH ! Ca va pas non ?!
-Floper ! soupira Norbert.
-Ca va, je pars !! Pschhh, sale bête !!
Le prof s'en alla. Floper confronta son maître.
-T… T'es content ? T'as tout fichu en l'air !!! J'étais sur d'avoir mon examen…
Floper porta un regard lassé à Norbert. Qui se sentait du coup moins fier.
-Ooooh…. Mince… Je…
Floper hocha la tête.
-Je suis un monstre ! Je… J'ai été jusqu'à… coucher avec mon prof ! Mais qu'est-ce qui m'arrive, Floper ?
L'Hippopotas regarda son maître qui se rhabillait.
-Je… Lionel me manque !
Pour la première fois, trois ans après sa rupture, Norbert s'avouait enfin l'évidence.
-Je suis un pauvre nul… J'arrive pas à avancer… J'ai… presque trente ans et… J'ai toujours pas mon diplôme !
Floper regarda son maître, malheureux. Le Pokémon vint se serrer contre lui.
-Merci d'être là, Floper. Toi au moins tu es un vrai ami.
Le Pokémon lécha le visage de son maître qui repoussa le Pokémon.
-Pas après un réveil agité ! Je t'expliquerais plus tard pourquoi !
Qu'importe. Le Pokémon se serra affectueusement contre son cher maître qui, quoi qu'il puisse faire, dire ou même accomplir, restait son maître.


Norbert et Eddy sortirent de la voiture.
-Tu es sur que ça va aller ? demanda Norbert.
Eddy hocha la tête.
-Je m'inquiète plus pour toi maintenant.
-Moi ça va. J'ai l'habitude.
Eddy plissa les yeux. Norbert rajusta sa coiffure.
-Tu es très bien avec les cheveux en arrière avec effet ondulé.
-Oui… et toi ta frange ça fait très… « J'ai un début de calvitie, ne regardez pas mes marques ! »
Ils ricanèrent et montèrent les marches de l'immeuble d'Acajou. Arrivés devant la porte, un jeune était devant chez Lionel.
-Merci beaucoup, inspecteur Maloney. Je vous revaudrais ça.
-Pas de souci, Merridew. Vous avez un grand avenir à nos côtés. Rentrez bien !
-Ouais, à plus ! Bonsoir messieurs !
-Bonsoir…
-Bonsoir !
Lionel sortit de son appartement et sourit au couple.
-Norbert ! Et Mr Banks, j'avais hâte de vous rencontrer. Montez donc.
Les deux hommes pénétrèrent l'appartement.
-C'est toujours aussi spacieux… sourit Norbert.
-C'est grand en effet, marmonna Eddy.
-Vous m'excuserez, j'ai quelqu'un en ce moment, nous serons donc quatre à table.
-Tu as un nouveau petit ami ? Comme c'est surprenant… soupira Norbert. L'un sort, l'autre prend la suite…
-Celui que vous avez vu partir est Jake Merridew, mon collègue stagiaire au commissariat. C'est un très gentil garçon mais pas un amant potentiel. Bien, Messieurs…
Ils entrèrent dans le salon. Norbert et Eddy firent la même tête surprise.
-Je n'ai nul besoin de vous présenter Linda Trautmann !
La jeune femme, assise à la table, regarda les deux hommes, souriante.
-Hey.
Norbert resta muet de stupeur. Eddy était plutôt surpris. Lionel arriva avec les cafés.
-Pour l'amour du ciel Norbert ! Tes parents ne t'ont pas appris à te mettre à table une fois invité à t'y installer ?
Norbert et Eddy s'assirent côte à côte face à Linda qui souriait.
-Quand Lionel m'a dit qu'il avait invité de vieux amis que je connaissais, je m'attendais à tout sauf à vous ! sourit la jeune femme.
-M… Mademoiselle Trautmann… balbutia Norbert.
-Je… vous arrête tout de suite. Je veux parler de tout sauf de… « Lui », ce soir.
Norbert plissa les yeux. Eddy hocha la tête et commença son café, embarrassé.

Peu après, les entrées et hors d'œuvre étaient sur la table.
-Linda est venue chez moi ensuite. J'ai décidé qu'elle pourrait vivre ici comme ça lui plairait. Nous partageons aujourd'hui… Une très belle amitié.
Norbert regarda Lionel, peu dupe.
-Une belle amitié, hm ? J'imagine que… tu as diminué le quota de filles que tu ramènes à la maison chaque soir. C'est combien, quatre maintenant ?
Lionel sourit.
-Chérie, combien de filles j'ai ramenées à la maison depuis que tu es là ?
-Zéro.
-Et combien de garçons ?
-Zéro. Si on ne compte pas tes collègues pour les apéros.
-Oui, bon. Oh, Norbert, j'ai appris pour ta maman, je suis sincèrement désolé.
Eddy sentait l'ambiance tendue. Norbert soupira.
-Et toi et… Eddy, alors… Ca va ?
-Très bien, oui.
-Ca fait combien de temps ?
-Cinq mois. Depuis le jour ou j'ai commencé à l'aimer jusqu'au dernier. Et je compte bien que le dernier jour soit le plus tard possible. Car, en amour, tout peut se surmonter. Enfin, je présume.
Linda sourit.
-Je pense, Mr Finsbury, que vous n'avez… Aucune idée de ce que j'ai vécu. Et je doute que la version officielle comprenne tous les détails.
Norbert regarda Linda, le visage rempli de larmes.
-Vous… Comptez toujours beaucoup pour…
Eddy ferma la bouche de Norbert d'une main vivace qui surprit tout le monde.
-Et… Vous êtes donc policier, c'est ça ?
-Exact…
Lionel et Linda regardaient Eddy qui avait le bras tendu vers Norbert qui regardait son comparse, surpris.
-Ce doit être intéressant. J'ai en ce qui me concerne suivi des études d'assistant de direction, et notre cours était conjoint à un cours de criminologie, ça m'intéressait toujours de rester… Ou vous situez-vous dans le débat de l'implication du policier dans les preuves et l'usage des indices ?
Lionel s'étonna.
-Je… pense que l'on devrait donner plus de liberté aux hommes sur le terrain. Certaines affaires seraient résolues plus vite.
-Vous ne pensez pas qu'il faille garder un semblant de distance ? Du recul ?
-C'est un débat très compliqué, je pense que nous devrions parler de sujets moins…
-Au contraire, je trouve ce sujet particulièrement sympathique à table.
Lionel soupira.
-Tu as changé de style d'homme.
Norbert soutint le regard de son ex et ironisa :
-Toi aussi…
Linda sourit.
-Je crois que la dinde est prête.
-J'y vais, mon cœur.
Lionel embrassa la joue de Linda, se leva et partit en cuisine. Norbert regarda Eddy.
-Je ne voulais pas que tu pleures devant…
Norbert hocha la tête. Linda s'accouda plus fermement à la table.
-Ne vous tracassez pas pour moi…
Norbert soupira.
-Ce qui vous est arrivé… est horrible, mais… Blâmer un homme qui vous aime depuis toujours, c'est…
-Et blâmer un homme qui vous abandonne au moment ou vous avez le plus besoin de lui, c'est normal. Je suis assez grande pour mener ma vie, Mr Finsbury. Je n'ai pas besoin de leçons. Je suis une grande fille.
-Linda… vous ne pouvez pas… sincèrement aimer Lionel, cet homme… Vous vous rendez-compte qu'il… Vous êtes de la chair à saucisse pour lui, et je choisis ce terme avec infiniment de respect pour vous et pour la sémantique !
Linda hocha la tête.
-C'est bien ce que je me disais. Ecoutez, j'ai failli mourir. J'ai perdu un enfant que je souhaitais du plus profond de mon cœur avec « un homme » que j'aimais plus que ma propre vie encore. Lionel m'a recueillie, il m'a aimée, il a sacrifié son mode de vie pour moi. C'est ce que j'attendais de… « L'autre », mais… « Il » n'a jamais consenti clairement à faire ce choix. Si « Il » avait décidé de laisser « son » Capidextre dans sa Pokéball ce jour là, je serais avec mon bébé, avec « lui » et « nous » serions même peut-être heureux. Il s'avère qu'un simple rayon rouge nous séparait du bonheur parfait. C'est la faute à pas de chance. Ou celle de celui qui pouvait utiliser ce rayon rouge pour rappeler son Pokémon comme tout dresseur est censé le faire.
Lionel ramena la dinde.
-Et voilà. Bon appétit.
-Je vous sers, messieurs ? demanda Linda.
Norbert et Eddy hochèrent la tête.

Après le dessert, Linda raccompagna les hommes à la porte.
-Ce fut une charmante soirée, messieurs.
-De même, Miss Trautmann… marmonna Eddy.
Il sortit le premier, suivi de Norbert. Au moment ou Linda allait fermer la porte, Norbert coinça son pied dans cette dernière. Il regarda Linda, les sourcils froncés.
-Vous pouvez vous voiler la face, mais vous ne pouvez pas me mentir.
Linda regarda Norbert.
-Allez-y, lâchez tout.
-Enfin Linda ! Vous avez… perdu un enfant, et plutôt que de traverser cette épreuve avec la personne qui vous aime le plus au monde vous êtes venue vous réfugier chez un homme qui ne connait de vous que votre dossier de police !
-Je me sens bien avec Lionel. Vous êtes juste encore amoureux de lui.
-Vous aussi, Miss Trautmann, vous êtes encore amoureuse de « Lui » !
Linda regarda Norbert, impassible.
-Je n'ai plus aucun sentiment pour Etienne.
-C'est faux, on n'efface pas tant d'années…
-J'ai… relâché Iphigénie et Corey.
Norbert s'étonna.
-Le Papilusion qu'il m'a offert lors de notre première rencontre et le Korillon qu'il m'a offert pour mon quatorzième anniversaire sont… Dans la nature. Je ne veux plus rien avoir à faire avec lui. Et si vous lui dites ou je suis, qu'importe. Qu'importe même s'il essaie de me retrouver, ce que je suppose il n'essaiera même pas… J'ai fait une croix sur lui.
Norbert soupira, énervé.
-En effet. Votre robe ce soir était affreuse. Vous avez fait une croix sur ce qu'il y avait de bon en vous.
-Libre à vous de penser ce que vous voulez Norbert. J'ai été très heureuse de vous revoir.
Le doyen regarda Linda et se mit à pleurer. Linda sourit, les yeux tristes.
-Je sais… Je sais ce que vous pensez… Mais je vais bien.
-Moi aussi j'ai été heureux… Je suis… Sincèrement désolé pour le bébé… Pardon !
-Ne pleurez pas… Ce n'est pas votre faute.
-On a partagé tellement de choses vous et moi…
-Je sais…
-Il s'en veut lui aussi…
-Sortez, Norbert.
-Il vous aime !
Elle poussa son pied et le fit sortir. Il resta devant la porte, larmoyant. Eddy, en bas des marches, regarda son compagnon. Il remonta et le serra dans ses bras.

Norbert regarda le téléphone. Il prit le combiné et regarda le numéro. Il soupira. Il composa le numéro, mais s'arrêta au dernier chiffre et raccrocha. Floper le regarda, intrigué.
-Chut, Floper ! Je… J'essaie simplement… Je…
L'Hippopotas s'étonna. Norbert reprit le combiné et composa le numéro.
« Lothaire Finsbury, j'écoute ? Allô ? »
Norbert voulait dire quelque chose mais il raccrocha.
« Allô ? CLOC ! »
Le blond poussa un énorme soupir. Floper se serra contre lui.

-C'est gentil d'être venu.
-Pas de mal.
Ils se promenaient. En passant, ils virent un type bizarre qui aménageait un terrain de jeu, observé par tous les gamins du parc.
-Vous faites quoi, monsieur ?
Le type regarda le gamin et se saisit d'un dictaphone.
-Mémo Personnel 1405 : Les gamins dont le papa est méchant posent trop de questions !
-Mon papa est méchant ?
-Il est où, là, ton père ?
Le gamin s'étonna.
-Papa ? Papa ?
-C'est trop tard, il t'a abandonné pour une strip-teaseuse arménienne unijambiste avide de vodka ! assura Smirnoff.
Norbert et Lionel soupirèrent. Surement un clodo.
-J'ai essayé de rappeler mon père avec le numéro que tu m'as trouvé.
-Ah oui ?
-Oui… J'y arrive pas. J'arrive pas à parler quand j'ai composé le numéro.
Lionel sourit.
-C'est normal, Norbert. Quand on veut dire la vérité à quelqu'un, c'est comme si on se mettait nu face à lui, la première fois. On sent que toute la culpabilité du monde remonte en nous. C'est dur. Tu es sur de vouloir renouer avec lui ?
Norbert hocha la tête.
-C'est mon père. J'ai besoin de lui pour avoir une stabilité dans ma vie. Oh, et… j'ai trouvé un travail. On me propose de gérer l'équipe pédagogique de la faculté de Doublonville.
-Waouh… Tu es sur que ça va aller ?
-Le futur proviseur a l'air d'un sale con prétentieux mais… On va faire avec !
Lionel hocha la tête.
-Ecoute Norbert… Tu n'es pas obligé d'avoir une vie… stable. Tu peux rester libre, libre de tes choix, de tes erreurs… Tu fais tout ça parce qu'un Pokémon t'a demandé d'arrêter de coucher avec tout le monde ?!
Norbert soupira.
-C'est mon meilleur ami, Floper. C'est la seule personne qui me dira les choses sans qu'il ait une idée derrière la tête. Pas de piège, pas d'intérêt, pas de misères. C'est mon guide. Je me fous de laisser ma vie guidée par un Pokémon, l'important c'est que… Quand il me donne un conseil, ce conseil est généralement bon. Il veut que je reprenne contact avec mon père.
-C'est stupide. Ton père est un homophobe borné. Je ne comprends pas ta volonté de le revoir.
-C'est mon père. Même s'il n'est… pas d'accord avec moi sur tout, je pense que je dois lui laisser une chance.
Lionel soupira.
-Tu vas te vautrer. Ne le fais pas.
Norbert obéit : Il ne le fit pas.
Un an plus tard environ, il enterrait sa mère et se voyait renié par son père à l'enterrement. Ce qui aurait peut-être été différent s'il avait écouté la bonne personne.


Une fois dans la voiture, Norbert hésita à prendre la route.
-Tout va bien ?
Norbert soupira.
-La directrice… Madame Bowyer… Elle me fait chanter.
Eddy s'étonna.
-Elle… surveille le bureau de Linus et mon bureau, et elle a des vidéos compromettantes.
Eddy s'étonna d'autant plus.
-Compromettantes ?
-Il était bourré, et il m'a fait une bise. En plus il a quelque peu divagué dans son bureau, alors… Elle donnera les images à sa femme si je ne me tiens pas à carreaux. Et à toi aussi.
-Je ne vois rien de compromettant dans une bise de Linus à t…
Eddy regarda Norbert, effaré.
-Tu es amoureux de Linus ?!
-Non !
-Tu peux me le dire !
-Je t'assure que non !
-Norbert…
-OUI !
Eddy hocha la tête.
-Oui, je… Je fantasmais un peu sur lui pendant un moment. Mais rien à voir avec nous deux, je te le promets. Tu es… Tu es tout pour moi, maintenant.
Eddy regarda Norbert, souriant.
-Tout ce que je veux entre nous, c'est la vérité. Ma nuit avec toi, à l'hôtel, après l'enterrement, c'était seulement ma troisième expérience sexuelle. Et… J'ai toujours des contacts avec mes parents. J'avais menti pour te rassurer ce jour là. Je les appelle en cachette au bureau parfois.
Norbert s'étonna. Eddy sourit.
-Quoi que tu fasses, je serais avec toi. Quand on a couché ensemble dans cet hôtel de Bourg Geon, j'ai senti que toi et moi ce serait unique. Et ça l'est. Norbert, tu es beau, intelligent, tendre, tu as ton petit caractère mais ça fait ton charme, et je ne peux pas résister à tes yeux gris-vert, ils sont trop beaux !
Norbert sourit.
-Elle te fait du chantage. Tu fais ça pour protéger ton ami ? Très bien. Je suis avec toi. Si elle te demande de faire quoi que ce soit, je t'aiderais. Quitte à ce que ça me mette tout le monde à dos. Je m'en fiche. C'est toi que je veux.
Norbert sourit, ému. Il regarda Eddy et lui prit la main.
-Je sens qu'on va passer une très belle nuit.
-Une seulement ? Depuis cinq mois, on en a passé plein, des belles nuits !
Norbert démarra la voiture et quitta le parking de l'immeuble, heureux.

Kenneth et Estelle jouaient aux échecs tandis qu'Etienne travaillait ses cas. Kenneth ricana.
-Norbert m'a fait rire aujourd'hui. A l'heure qu'il est, il passe la soirée chez son ex, mais avec Eddy.
Etienne leva les yeux.
-En couple chez l'ex de Norbert ?! Bonjour les cauchemars… Merci Kenny !
Estelle soupira.
-Les mecs décidément…
-Quoi ! Tu penses pas à ça, toi ?
-Hmmm… Attends voir, trois hommes qui font une partie de jambe en l'air ?! Ouiiii bien sur ! Tous les soirs en me démaquillant !
Etienne et Kenneth ricanèrent.
-J'ai hâte que Norbert et Eddy viennent diner à la maison un jour ou je serais pas là… marmonna Estelle en déplaçant sa tour. Echec et Mat, Kenneth Heine, sombre crétin des îles. J'ai gagné, tu dors sous la véranda ce soir ! J'appelle Norbert et Eddy pour te tenir compagnie ?
Kenny regarda Etienne qui haussa les épaules.
-Au moins t'aurais chaud ! remarqua le prof.