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The Kokonut Song was Koko-approved™
de Lutias'Kokopelli

                   



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.•o°o•. Le meilleur des mondes possibles ~ Chapitre II

Chapitre II ~ La théorie des cordes

~ Aussi connue sous les surnoms « Syndrome des menottes »
ou encore « Paradoxe des liens ».
« Hé, vieux schnock ! Qu'est-ce qu'on fait là ?! » hurla l'adolescent, alors qu'il tirait inlassablement sur les menottes qui lui tenaient les poignets.

L'individu qui se tenait en face de lui l'interrogea du regard.
Raphaël l'observa de plus près. Il semblait assez jeune – il devait avoir entre vingt-cinq et trente ans –, mais il ne lui inspirait aucune confiance. Après tout, qui serait assez fou pour se fier à un individu qui avait tenté d'enlever sa meilleure amie, en pleine rue, après l'avoir endormie avec du narcotique ?
Il se tourna vers Marie, qui continuait de somnoler un peu plus loin.

« Est-ce que ça va ? demanda l'individu, toujours dans cette langue qu'il ne comprenait pas.
– ‘Daïjoboudéssuka' toi-même ! grogna-t-il. Détache-moi ! »

Il porta sur le rouquin ses yeux couleur châtaigne, et sourit. L'étudiant poussa un soupir irrité, et tira à nouveau sur les menottes, ce qui fit basculer sa chaise, et l'écraser contre le sol. Il se maudit alors d'être aussi impulsif.

« Est-ce que ça va ? répéta l'homme, en étouffant un rire plus que nerveux.
- Abandonne, Ogawa. », souffla une voix féminine dans le dos du Parisien, qui s'approchait.

La femme releva la chaise et retourna au fond de la salle, de telle sorte que Raphaël ne put l'apercevoir.

« Désolé, Tomosato-chan, fit-il en passant une main dans ses cheveux châtain. Mais je comprends rien à ce qu'il dit. C'est comique.
- Baka. » murmura-t-elle tout simplement.

Un gémissement se fit entendre ; Fondue commençait à avoir faim. L'homme en costume noir qui se moquait du rouquin s'approcha de lui, et manqua de justesse de se faire mordre par le chien. L'adolescent esquissa un petit sourire en coin, ravi d'être vengé et espérant que son compagnon pût contraindre leurs ravisseurs à les libérer.
À la place toutefois, il se laissa caresser et se contenta de faire comprendre ce qu'il demandait à l'adulte.

« Surveillez-les, Fujitaka-san, Tomosato-chan. » fit ce dernier avant de s'absenter.

Il y eut un long silence, qui pesa bien trop longtemps pour Raphaël.
Il fut soudainement brisé par une alarme qui retentit dans toute la pièce, et aux alentours. La brutalité du moment réveilla Marie en sursaut, qui commença à paniquer. Derrière le vacarme provoqué par la sirène, le rouquin entendit des bruits de pas, et déduisit que les deux personnes qui les surveillaient étaient parties. Il en profita pour se rapprocher de Marie, et la rassurer.

« Je sais pas ce que ces chinois nous veulent, mais tout ce qu'ils font est de nous retenir ici. N'essaie pas de t'échapper, tout ira bien, sourit-il.
- Mais Raphaël... Si tout ira bien... Pourquoi sommes-nous menottés... ? Et où sommes-nous ?
- Ne t'en fais pas, je trouverai un moyen de nous ramener chez nous. »

Elle jeta un regard effrayé autour d'elle, avant de s'exclamer que son violon avait disparu. Raphaël fit de même, et dut se rendre à l'évidence : ces individus louches lui avaient volé son bien le plus précieux.
Lorsque le premier homme à avoir parlé revint, il donna à Fondue une barre de céréales, et fit de même aux deux adolescents, avant de leur détacher une main chacun. Persuadé que ce fût un piège, le rouquin n'y toucha pas ; et bien trop apeurée à l'idée d'être victime d'autres malheurs, Marie fit de même.

« De quel pays venez-vous ? interrogea l'adulte.
- Désolée, mais nous ne comprenons rien... » murmura la jeune fille, embarrassée.

Il parut réfléchir un instant, et reprit :

« Est-ce que vous parlez anglais ?
- Oui. Où sommes-nous, maintenant ?! répliqua sèchement Raphaël en restant sur la défensive, ayant un léger mouvement de recul montrant sa prudence.
- Au Japon. Désolé pour notre brutalité. Nous n'avions pas le choix. »

Son amie lança une interjection qui laissait deviner qu'elle n'avait pas compris.

« Euh, elle ne parle pas anglais, rectifia-t-il.
- Raphie, explique-moi ce qui se passe, je comprends rien ! »

Il soupira. Allait-il vraiment devoir servir de traducteur de service, désormais ? Et puis quoi, encore ?! C'était bien parce que c'était Marie...

« Je leur disais que tu parles pas anglais.
- Quoi ?! Mais bien sûr que je parle anglais, regarde : Hello le Tchaïnish ! s'écria-t-elle en paraissant subitement joyeuse, tentant de faire des signes de bras pour passer le bonjour malgré ses menottes.
- Ils sont japonais, je crois... Mais Marie—
- Ah bon ? Bon, ben alors : Hello le Djapanais ! »

L'adulte paraissait vraiment n'avoir rien compris à la scène, mais garda son calme et son silence, se contentant de les observer discuter.

« Elle ne parle vraiment pas anglais, M'sieur. » marmonna finalement le jeune roux en soupirant.

Il eut désiré pouvoir enfouir sa tête dans ses mains, mais ses menottes l'en empêchaient.
Le Japonais étouffa un rire qui se traduisit en un petit sourire amical, mais désolé. Au moins, un sur les deux pouvait le comprendre.

« D'où venez-vous ?
- De la France, répondit sèchement Raphaël. Et maintenant, pourquoi vous nous avez emmenés ici ? C'est quoi votre boulot ?!
- C'est un secret. Je ne peux pas te le dire. »

L'étudiant voulut lui demander autre chose, mais s'interrompit. Un étrange bruit indescriptible retentit dans la salle. Il l'identifia comme un son mécanique, une sorte de crissement trop aigu, qui lui dérangeait l'oreille. Il pensa que c'était une autre alarme de ces étranges personnes, mais lorsqu'il suivit le regard éberlué de l'individu, il aperçut une forme apparaître peu à peu. On eut dit une boîte immense bleue, dont le gyrophare fixé au sommet brillait fortement. Une fois que la chose se fut stabilisée, et eut fini d'apparaître et disparaître, il put lire les mots « Police public call box ».
L'homme sortit un revolver, et le braqua vers l'étrange chose, tout en sortant de sa veste une sorte de petit appareil, et de crier quelque chose dedans. Raphaël déduisit que c'était une sorte de téléphone.

« Commandant Kazanari, dit-il, il y a des intrus ! »

Il hocha la tête au fur et à mesure de ce que lui répondait son correspondant.

« Oui. Oui. Je comprends. »

Il chargea son arme, et cria :

« Sortez !
- Ow, ow, okay ! On se rend ! répondit un homme qui sortait de la boîte, les mains en l'air.
- Qui êtes-vous ?
- Je suis le Docteur.
- Le Docteur...?
- Yep. Le Docteur. »

Mais comment faisaient-ils pour se comprendre, alors qu'ils parlaient deux langues complètement différentes ? En effet, ce Docteur s'exprimait totalement en français ; et pourtant, il n'avait visiblement aucune difficulté à se faire comprendre.

« Pourquoi êtes-vous ici ? continua l'homme.
- Bah... Wibbly-wobbly... Timey-wimey... Trucs... »

Il y eut un silence pesant.
Le Docteur se retourna, et Raphaël entendit une voix féminine.

« Docteur, est-ce que votre histoire de timey-wimey a été traduite ?
- J'avoue que je n'en sais rien... » souffla-t-il en retour.

Puis il refit face à l'individu armé.

« Dites-moi juste, on est dans quel pays, là ?
- Au Japon.
- Nan ! Vous blaguez ! sourit-il. J'ai toujours rêvé de venir au Japon. Très spécial, niveau culture, langue et compagnie...
- Pourtant, vous parlez japonais.
- C'est assez complexe, soupira l'étrange individu. Je vous expliquerai une prochaine fois. »

C'est alors que le « docteur » balaya la salle du regard, et aperçut enfin les Parisiens, menottés à leurs chaises depuis le début.

« Oh ! Salut ! Vous êtes aussi japonais ?
- Français, grogna Raphaël. Allez pas me confondre avec ces bridés !
- Haha ! Des Français ! J'adore les Français ! Rose ! T'entends ça ? Y'a des Français ! La dernière fois que je suis venu en France, c'était pour voir Madame de Pompadour ! Même que j'ai failli devenir son amant ! Enfin, elle me considérait comme son amant, vu que je la connaissais depuis qu'elle était petite. Tu sais à quel point une cheminée c'est drôle ? Elle n'a même pas eu peur de moi, la fille de la cheminée ! HA ! »

L'adolescent le fixa d'un air effrayé ; était-il réellement possible qu'un être humain pût débiter autant de paroles insensées aussi vite ?

« Ah, et pour vous, mon cher, ne vous demandez pas comment ça se fait que je sois là, il n'y a absolument rien à comprendre. C'est ainsi, un point c'est tout, ajouta-t-il à l'adresse du Japonais. D'ailleurs, quel est votre nom ?
- Je suis Ogawa Shinji.
- Ah. J'aime pas le Japon. Je sais jamais si c'est le nom de famille ou le prénom en premier... Quoiqu'il en soit, monsieur Ogawashinji, nous sommes parfaitement amicaux, et...
- C'est nooooooous ! » cria une jeune fille à l'air enjoué.

Le rouquin se tordit le cou pour l'apercevoir. Il la vit alors, une jeune fille d'une quinzaine d'années, aux cheveux oscillant entre le blond et le roux. Ses yeux, d'un orange pétillant, brillaient d'excitation, tandis qu'elle se précipitait vers le fameux ‘Ogawa Shinji' en lui criant quelque chose qu'il ne comprit pas.

« Dites, de quoi parle-t-elle ? demanda Marie, qui ne perdait miette de ce qui se passait.
- Elle dit qu'elle et ses camarades ont trouvé deux personnes en difficulté, cernées par le bruit, et qu'elles les ont donc sauvées de justesse. Par ailleurs, ayant assisté à leur ‘sauvetage', elles devaient impérativement les ramener. »

Ils virent alors deux autres jeunes filles arriver, suivies d'une quatrième adolescente, et d'un jeune garçon.
Les deux premières portaient le même uniforme scolaire que celle qui parlait ; l'une semblait avoir dix-sept ans, et était étrangement coiffée. Une queue de cheval pendait sur le côté de sa tête, et ses longs cheveux bleus – couleur inhabituelle pour eux – lui tombaient jusque dans le bas du dos. L'autre était plus fantaisiste et les portait courts, laissant deux longues queues dans son dos, le tout d'une couleur mauve pâle tout aussi étrange.
Quant à la dernière, elle ne semblait pas être du même établissement, car elle n'avait pas cet uniforme, et revêtait une tenue simple. Ses longs cheveux foncés étaient noués en queue de cheval, mais ses yeux étaient cachés par sa mèche rebelle. L'enfant qui trottait à ses pieds regardait tout autour de lui, perçant chaque détail de l'endroit avec ses yeux d'un bleu glacé. Il releva la tête, et demanda quelque chose à l'aînée, qui haussa les épaules. Celle-ci devait être remontée, étant donné le ton qu'elle avait employé.

« Eh ! Pourquoi ces gens... sont là...
- Calme-toi, Tachibana.
- Mais...
- Navré de vous interrompre – Bonjour, au fait – mais mes amis attendent dans ma boîte bleue ici présente. Puis-je leur demander de sortir... ? »

La jeune fille se stoppa, contemplant l'étranger d'un air étonné, et hocha timidement la tête. Les autres ne remuèrent pas, surveillant les deux autres de loin.
Le Docteur se tourna vers l'immense boîte bleue et voulut inviter ses compagnons à sortir – un par un, voulait-il préciser –, mais il n'en eut pas le temps. En effet, un poney rose bonbon à la crinière ébouriffée se jeta aussitôt dehors avec un grand sourire avant même qu'il n'eût l'occasion d'ouvrir la bouche.

« Wiiiiiiiiiiii ! Décidément, on rencontre plein de nouveaux amis depuis ce matin ! »

L'équidé dut se stopper dans son élan, louchant aussitôt sur le bout de l'arme à feu qui s'enfonçait dans son museau. Celui qui le tenait s'étonnait lui-même du sang-froid dont il faisait preuve en ce moment-même, bien que ses bras tremblaient légèrement. Un poney qui parlait. C'était en soi plus étrange encore qu'une boîte bleue qui apparaissait et disparaissait sans prévenir.

« Ne... Ne bougez pas ! »

La créature parut surprise un instant, mais reprit aussitôt d'un ton aussi joyeux qu'auparavant.

« Woah, c'est marrant ce truc ! C'est quoi c'est quoi c'est quoi ?! »

Il faudrait lui retourner la question, songea Raphaël en regardant ce poney surexcité qui, de même, parvenait à se faire comprendre en parlant français, sans aucune raison apparente.

« Je sais, c'est un canon à confettis ! Twilight ! Ils ont aussi des canons à confettis par ici !
- Euh... Pas vraiment. »

Un autre poney doté d'une petite corne sur le front, à l'air bien plus sérieux, cette fois-ci à robe mauve et à crinière allant dans les tons violets et indigo, sortit à son tour ; quatre autres, parmi lesquels on pouvait compter deux pégases et une licorne supplémentaire, suivirent, de même qu'une femme blonde – la seule humaine originaire de l'étrange cabine bleue à avoir parlé, en plus du Docteur. Finalement, furent enfin visibles des silhouettes humaines à l'intérieur, qui n'osaient pas se hasarder à l'extérieur de l'engin et songeaient pour le moment que demeurer discrets était la meilleure chose à faire. Une question vint d'ailleurs s'ajouter à toutes celles présentes auparavant : comment faisaient-ils pour tous tenir dans un si petit espace ?

« Pinkie... commença la ponette orange dotée d'un chapeau digne d'un cowboy. Sérieux, faudra que tu t'calmes un jour.
- Elle a vraiment pas l'air drôle, cette fête, reprit la dénommée ‘Pinkie' d'un air déçu. Moi, je dis que ça manque de confettis, de serpentins, et surtout de musique.
- Une fête...? »

Le pauvre Ogawa Shinji ne savait plus où donner de la tête, regardant cette créature comme s'il sentait sa santé mentale se dégrader en même temps que son sang-froid. Son bras s'abaissait petit à petit, laissant de plus en plus visibles ses spasmes nerveux.
Le Docteur s'avança, parvenant enfin plus ou moins à maintenir calme l'hystérique. Il vint aussitôt se mettre face au jeune adulte d'un air calme, à environ un mètre de distance. Ce dernier le pointa aussitôt du bout du canon de son arme, tentant de le menacer en lui demandant probablement de ne plus bouger. Celui qui pouvait si facilement être abattu baissa le regard vers le pistolet, le regardant toujours de ce même air si serein ; presque lassé.

« Vous pouvez ranger votre arme. Comme je ne savais pas sur quoi nous tomberions en arrivant ici, j'ai activé un champ de force tout autour du TARDIS. Vos tirs n'auront aucun effet.
- Qu...! Quoi ?! Impossible, vous bluffez !
- Absolument pas. Vous pouvez essayer, vos balles se contenteront de se désintégrer. »

Complètement déboussolé, l'homme demeura interdit. Il pouvait tirer. Mais il ne le faisait pas. Il pouvait bluffer. Mais le fait que cette cabine apparût aussi soudainement... Cela n'était pas impossible. Cela pouvait être vrai.

« A...Avez-vous un quelconque rapport avec le Noise ou le FIS...?
- Si ça peut vous rassurer, absolument aucun rapport. Nous ne sommes ici que pour enquêter sur la fragilisation des multivers et la désintégration du Void.
- Void... ?
- Void. Espace inter-univers. Désintégré. Destruction des univers. Ça vous parle ?
- Qu'est-ce que vous racontez ?! »

Il poussa un long soupir.

« Okay. Ça vous parle pas. »

Il expliqua longuement que lui et ses compagnons étaient originaires de plusieurs autres mondes et désiraient enquêter sur la cause des nombreuses failles qui apparaissaient et reliaient ces univers qui ne devaient normalement jamais se croiser.

« Pourquoi... Ici...? interrogea la jeune fille blonde, en les fixant tous tour à tour d'un air à la fois ahuri, à la fois légèrement effrayée.
- Parce que, un point c'est tout.
- Comment pouvez-vous savoir tout ça ? » demanda le jeune enfant en fronçant légèrement les sourcils d'un air soupçonneux.

L'homme dévisagea un instant ce minuscule gamin aux cheveux noirs et aux grandes lunettes d'où venait de sortir une question à l'aspect si inquisiteur.

« Je le sais, un point c'est tout, finit-il par répliquer. On apprend beaucoup de choses en voyageant dans l'espace et le temps, tu sais.
- Vous... voyagez à bord de ce... truc ? marmonna-t-il en pointant du doigt l'étrange boîte bleue.
- Un peu de politesse, tout de même ! C'est une TARDIS. Time And Relative Dimension In Space. Pas un ‘truc'. C'est incroyable ce que les gens peuvent inventer comme noms bizarres et dégradants ! Cabine téléphonique, boîte bleue, engin, soucoupe volante... Alors pour la dernière fois, c'est un TARDIS. T-A-R-D-I-S. Okay ?
- C'est une boîte... commença alors l'adolescente qui se trouvait juste à côté du petit gamin, d'un ton déboussolé.
- Yep.
- Et c'est bleu...
- Yep. »

Il marqua une petite pause où il poussa un nouveau soupir.

« Okay, donc je récapitule. D'après le TARDIS, on est sous la mer. Donc on est certainement dans un sous-marin. Avec des Japonais. Et des Français. Y'a aussi des Anglais, et des poneys. Autre chose ?
- Oui ! Y'en a qui sont attachés sans aucune raison ! lança Raphaël en se débattant encore, manquant de faire basculer sa chaise une seconde fois.
- Excellente remarque, acquiesça-t-il. Mais encore ?
- Ben qu'est-ce que vous attendez pour nous détacher, hein ?! »

Le concerné n'avait pas pris attention à sa demande. Il ne l'avait même pas entendue, à vrai dire. En effet, brusquement, sans prévenir, une alarme avait retenti encore une fois. Ogawa Shinji sursauta le premier, s'exclamant quelque chose qui devait probablement être interprété comme « Encore ?! ». Il s'apprêtait à partir, mais se souvint qu'il se devait de prendre en charge tous ces inconnus étranges, et s'assurer qu'ils ne feraient pas de bêtises ; aussi se contenta-t-il de se saisir d'une sorte de combiné, posant des questions et écoutant les ordres de ses supérieurs – du moins, ce qui s'y apparentait. D'autres hommes et femmes en noir arrivèrent alors, armés ; ils ordonnèrent – en japonais – à tous ceux qui étaient dans la machine bleue de sortir un par un sans brusquerie, ce qu'ils durent faire. Sortirent donc un homme coiffé d'un haut-de-forme, suivi de près par deux jeunes adolescents apeurés. Tandis que deux ou trois agents restaient près d'eux, leurs armes à la main, les autres vinrent menotter tous ceux qui ne l'étaient pas déjà, à l'exception des trois adolescentes japonaises qui semblaient parfaitement les connaître, et évidemment de l'agent qui les avait appelés. Ils furent d'abord gênés par les poneys, mais finirent par les attacher à l'aide de cordages solides. La situation en devenait presque ridicule : neuf personnes menottées, attachées à leurs chaises disposées en cercle, et six poneys saucissonnés au centre. Raphaël esquissa par ailleurs un petit sourire en coin, satisfait de ne plus être le seul avec son amie à être attaché de la sorte. Pinkie grogna, parlant dans un long monologue qui visait à demander pourquoi la fête devait s'achever ainsi. Et surtout, pourquoi elle avait eu droit à une double ration de cordages par rapport à ses amies dont seuls les sabots et les ailes étaient ligotés.
Ils paraissaient complètement maîtrisés et incapables de bouger, et pourtant il fut visiblement demandé à Ogawa Shinji de rester sur les lieux pour continuer à les surveiller, tandis que les autres partaient rejoindre le lieu d'où provenait l'alarme. Le concerné soupira avant de s'asseoir de manière à voir absolument chaque détail de la pièce, et surtout chacune des personnes arrêtées. Les trois adolescentes japonaises s'étaient visiblement éclipsées en même temps que les autres agents.
Au bout de quelques dizaines de secondes, d'autres hommes et femmes en noir arrivèrent, traînant un homme en uniforme d'avocat et une jeune femme ; tous deux étaient menottés et réclamaient en anglais, avec un accent américain, des explications qu'ils n'obtenaient pas. On vint les assoir avec les autres, puis les agents repartirent dans la même direction que les précédents.

« Oh. Bonjour ! lança le Docteur à l'adresse des nouveaux venus. Vous venez d'où, comme ça ?
- Los Angeles, États-Unis, répliqua l'homme. Et vous...
- Les États-Unis ? coupa-t-il sans prêter attention au fait que son interlocuteur comptait probablement lui poser une question. Charmant, je n'ai encore jamais eu l'occasion de visiter. Et vous êtes qui, sinon ? »

L'homme parut hésiter légèrement ; mais sa compagne le prit de court :

« ]Moi, c'est Maya ; et lui, c'est Phœnix Wright, le meilleur avocat que vous verrez dans toute votre vie ! »

Il acquiesça ; l'homme lui demanda de se présenter, raison pour laquelle il répéta une fois de plus qu'il était le Docteur. Il eut droit à la classique réplique ‘Doctor Who ?' à laquelle il répondit toujours la même chose : ‘Juste le Docteur.'

« Et comment vous êtes arrivés là ? »

La jeune femme soupira longuement, répondant encore innocemment tandis que son ami semblait vouloir la faire taire, gardant ce genre de détails pour eux seuls.

« J'en ai aucune idée. Il y avait ces machins bizarres, et ensuite le Magatama s'est mis à briller... Et quand ça s'est arrêté, on était là et on s'est fait arrêter. On a dû se retrouver dans un entrepôt qui contenait quelque chose auquel ils tiennent particulièrement, puisqu'il y a eu une alarme dès qu'on est arrivés... »

Elle regardait le pendentif étrange qu'elle portait, laissant deviner qu'il devait s'agir d'un Magatama. Il hocha encore la tête en signe d'approbation, quoiqu'avec beaucoup plus d'entrain cette fois.

« Un voyage dimensionnel à cause d'un collier ? Brillant ! »

Les deux jeunes adultes lui lancèrent un même regard ombrageux qui laissait deviner que cela ne les ravissait pas tant que cela. Suite à cela, le silence retomba – mis à part le poney qui continuait inlassablement son monologue en fond sonore.

« Docteur, chuchota la jeune femme blonde à l'oreille du concerné, qui était juste à côté d'elle. Utilisez votre tournevis ; ce n'est pas du bois, hein ?
- Rose, souffla-t-il cependant, nous ferions mieux de nous laisser faire. Je n'ose pas imaginer le bazar que nous causerions.
- Et surtout, on n'a pas d'armes, c'est ça ?
- Dans la morale, c'est moi qui ai raison ! » lâcha-t-il, soudainement énervé.

En effet, à part leurs petites cachotteries, la ponette rose était la seule à encore oser briser le silence, au malheur des oreilles et du sang-froid de tout le monde.

« Hé, laissez-moi enfin car c'est pas du jeu vous savez quand on joue à un jeu y'a des règles que tout le monde doit connaître et il faut les donner avant le début du jeu et puis de toute manière si on finit menottés c'est que votre jeu il est pas marrant alors on doit passer à la suite sinon votre fête va être nulle et de toute façon je m'en fiche elle est déjà nulle votre fête alors laissez-moi partir ! »

Ogawa Shinji était le seul à se boucher les oreilles, car il en était le seul capable sur le moment. Il eut réellement pitié pour les autres, qui subissaient une véritable torture sur le moment. Finalement, le Docteur lui lança un tel regard qu'il se sentit obligé d'aller lui demander ce qu'il voulait.

« Dites. Vous voyez la poche droite de ma veste ?
- Oui. Qu'y a-t-il...?
- Il a un caillou originaire de la planète Raxacoricofallapatorius. Superbe pièce à conviction.
- Et alors...?
- Faites-en ce que vous voulez. »

L'agent réfléchit ; le regard de son interlocuteur donnait comme un semblant d'approbation, ce qui le décida.
La pierre vola soudainement, décrivant une parabole parfaite avant d'aller s'écraser à l'arrière de la tête du poney rose, qui se tut sur le coup, assommé.

« Yeah ! Joli lancer ! » félicita le Docteur en souriant à pleines dents.

Toutefois, l'équidé se mit rapidement à ronfler, au grand dam de tout le monde. Il était difficile de déterminer ce qui était le pire entre un inlassable monologue et un orchestre de ronflements tout ce qu'il y avait de plus distingué. Ogawa Shinji soupira, marmonnant quelque chose en japonais.

« Qu'est-ce qu'il a dit ? demanda la jeune femme.
- Il a dit qu'il s'absentait deux minutes. Il va l'emmener dans la salle d'à côté, qui est insonorisée. »

Tous suivirent l'adulte des yeux tandis qu'il traînait avec peine le corps de l'équidé ; une fois qu'ils furent hors de la salle, un concert de soupirs de soulagement retentit unanimement dans la salle.

La vive lumière qui avait aveuglé l'adolescent se dissipa. Il écarquilla ses yeux, se les frotta, et ce plusieurs fois tellement la situation était invraisemblable.
Il ne se retrouvait désormais plus au mont Couronné, mais dans une salle étrange. Elle était toute en longueur, les murs étaient légèrement incurvés, et il pouvait apercevoir un aquarium dans ces mêmes murs. Il observa mieux la pièce, et remarqua qu'il se trouvait sur une estrade, et que deux bureaux -qui ressemblaient plus à des postes de contrôle- situés plus bas étaient vides d'occupants. Il s'approcha des écrans, et ne comprenant pas ce qui était écrit, détourna le regard peu après.
Il avança vers le grand écran qui surplombait le mur du fond, et jeta un regard intrigué vers la représentation de la Terre, et des légendes qui y étaient annotées. L'écriture était la même que celle qu'il avait aperçue avant, si bien qu'il ne tenta pas de comprendre ce que cela pouvait être.

Un raclement de gorge se fit entendre dans son dos ; une voix d'homme grave et rauque, qui correspondait assez bien à l'adulte dont la musculature était parfaitement visible, selon ce que Brice pensa.

« Qui es-tu ?! demanda l'individu d'un ton dur, ce qui eut pour effet d'effrayer le jeune homme.
- Je... Désolé, je comprends pas ce que vous dites, bégaya l'adolescent, tremblant.
- Tu ne parles pas japonais... Je vois...
- Je viens de vous le dire ! Moi. Pas. Parler. Langue. À. Vous ! »

L'homme parut réfléchir, et l'observa de la tête aux pieds.

« Est-ce que tu parles anglais ? demanda-t-il, tout en continuant de le surveiller.
- Haha ! Je vous comprends ! s'exclama-t-il. Je sais pas ce que c'est que l'anglais, mais on se comprend ! »

Son interlocuteur sembla étonné suite à ses paroles, et préféra ne pas répondre.

« Au fait, on est où ?
- D'où est-ce que tu viens ?
- De Sinnoh ! Enfin, j'habite à Hoenn, mais je passais mes vacances à Sinnoh jusqu'à...
- Sinnoh ? répéta-t-il, comme s'il ne connaissait pas ce nom de région.
- Mais oui ! Tout au nord de Hoenn, Johto, et de Kanto ! Vous ne voyez pas ?
- Kanto fait partie de l'île d'Honshou, répondit l'homme, qui ne comprenait absolument rien à ce que disait l'adolescent. Nous y sommes, dans la préfecture de Tokyo.
- Mais je ne comprends rien à ce que vous me dites ! J'étais à Sinnoh, au mont Couronné, et— »

Carmache, qui semblait alors en avoir assez d'attendre caché derrière son dresseur, se mit à grogner, et s'éloigna de ce dernier.
Brice eut beau l'appeler, le pokémon refusa de lui obéir et de faire demi-tour. Le jeune adulte voulut s'excuser auprès de l'étranger, mais celui-ci était pétrifié, et dévisageait la créature avec de grands yeux. Les seuls mots qu'il bégaya – et que Brice comprit – furent dénués de sens.

« Tu... contrôles... le Noise ?!
- Le bruit ? Quel bruit ?
- Pas le bruit, continua l'homme, le Noise.
- Mais de quel bruit vous parlez ?! » grogna l'adolescent, dont les nerfs commençaient à lâcher.

Carmache, qui semblait avoir remarqué la panique de l'homme, s'en approcha, et voulut le toucher. Ce dernier esquiva habilement, et recula.

« Eh, mon pokémon veut juste vous saluer. Faut pas avoir peur comme ça ! »

L'homme appuya sur un bouton encastré dans le mur, ce qui eut pour effet d'activer une alarme. Brice pesta, et tenta de faire rentrer son carmache dans sa poké ball. Toutefois, l'objet refusait de grossir, prenant la taille de sa paume de main ; donc il refusait de s'ouvrir.
Il avait dû s'en douter. Il ignorait où il était, mais il était probablement dans un endroit où la Sylphe Sarl n'avait aucune influence. Donc le réseau téléphonique comme le système de contrôle des poké balls ne parvenait pas jusqu'ici.

Donc Carmache ne pouvait plus rentrer dans sa poké ball. Et inversement, il ne pouvait faire appel aux autres membres de son équipe.

Bientôt, il fut cerné par plusieurs hommes et femmes, tous vêtus de noir, qui braquaient sur lui des armes à feu. Il trembla en voyant qu'il n'avait que peu de chances de s'en sortir vivant. Pourquoi diable s'était-il levé ce matin-là ?!
Puis surgirent trois jeunes filles, vêtues d'armures moulantes, dont une – la plus jeune – qui chantait. Il les observa longuement, les identifia comme des lycéennes, et se demanda pour la énième fois ce qu'elles faisaient dans un tel endroit.

« Hein ? Ce monstre est... du Noise ?! s'étonna la plus jeune, alors qu'elle reprenait son souffle.
- Ne me dites pas que c'est... un nouveau type de Noise ?!
- Tuons-le ! répondit la troisième tout en dirigeant son arbalète vers le pokémon.

Brice se jeta vers Carmache et se mit entre lui et la jeune fille, espérant la faire changer d'avis.

« Eh, toi ! Bouge ! hurla-t-elle, une certaine angoisse résonnant dans sa voix. Il va te tuer !
- Le touchez pas ! vociféra Brice en retour, sans comprendre pourtant ce qu'elle disait. Il vous a rien fait ! »

La plus jeune se précipita vers eux, et tenta de frapper Carmache de ses poings, coup qu'il esquiva habilement. En réponse à son attaque, s'élança vers elle, ses griffes brillant de mille feux. Il exécutait l'attaque Dracogriffe avec précision, pour le plus grand bonheur du dresseur.
La ‘guerrière' aux cheveux bleus, celle qui semblait être la plus vieille, se posta devant lui, et le stoppa d'un coup d'épée, avant de l'immobiliser en jetant un poignard dans l'ombre du pokémon, ayant pour effet de l'immobiliser complètement.
La troisième, celle qui était restée en arrière-plan, changea son arbalète en mitraillette par un tour de passe-passe irréalisable, et remit Carmache dans sa ligne de tir.
Sans réfléchir, Brice se jeta sur son compagnon, et le cloua au sol, malgré l'arme pointée sur lui. Les autres le dévisagèrent étrangement, avant que l'un d'eux se mette à parler, puis un autre, et que toute l'escadrille se mette à pousser des cris d'étonnement.

« Il a touché le Noise ! s'exclamèrent-ils, tous en panique, et en continuant de braquer leurs revolvers sur eux.
- Im... Impossible...
- C-C'est pas vrai... Hein ? »

Il les regarda tour à tour, y compris les mines effarées des trois jeunes filles ; ces dernières l'observèrent comme un monstre, et ne le lâchèrent pas des yeux.
L'homme qui était présent dans la salle lors de l'apparition de Brice saisit Carmache par derrière, et l'immobilisa à la seule force de ses bras, tandis qu'un autre individu lui passa les menottes, bloquant ses mains et ses bras dans son dos. Il eut beau se débattre, il ne put leur faire comprendre qu'il n'avait pas d'armes, et encore moins qu'il ne comprenait rien à la situation. Ils parlaient tous du « Noise », un bruit, mais il ne comprenait pas lequel.

Il fut mené à travers divers couloirs, jusqu'à parvenir dans une pièce presque aussi grande que le bureau où il s'était retrouvé.
Dans cette pièce se trouvait un nombre tellement important de personnes que Brice se crut à la Ligue Pokémon, ou encore au Terminal de Combat. Il compta onze personnes, adultes comme enfants, et six créatures ne ressemblant pas à des pokémon ; sa seule réaction fut un rire nerveux, accompagné d'une phrase assez ironique.

« Tiens, alors comme ça vous faites des prises d'otages maintenant... Tout s'explique... »

Chapitre III ~ Le syndrome de la tartine beurrée

Note de l'auteur

L'un des chapitres les plus bordéliques que j'aie jamais rédigés, si j'ose dire. Vraiment, ça part dans tous les sens, ça va trop vite... mais en même temps, avec la situation de nos personnages, il aurait été difficile de ralentir ne serait-ce qu'un peu les choses.
Je dirais que même si ce chapitre me semble moins réussi que les autres du point de vue qu'il est plus axé sur l'humour et le comique de la situation que sur la narration, la qualité de la forme et le reste, au moins il n'ennuie pas et est aussi fluide que possible. J'espère juste que je n'y aurai perdu aucun lecteur...
Article ajouté le Mercredi 25 Septembre 2013 à 19h40 | |

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