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» Auteur : Raidemo - Voir le profil
» Créé le 20/07/2008 à 12:26
» Dernière mise à jour le 20/07/2008 à 18:01

» Mots-clés :   One-shot   Suspense

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Les Chasseurs de Foudre
A cette époque les eaux du fleuve longeaient encore les forêts abruptes. Des milliers d'ailes sillonnaient les étendues azures qui enveloppaient les plaines encore vierges. L'herbe était dense, la végétation ondoyait dans un cortège de couleurs chatoyantes, épousant la forme des monts relégués au simple rang de collines face aux colosses séculaires qui se dressaient au fin fond des landes verdoyantes. Ces montagnes anciennes délimitaient le territoire d'un paradis perdu, dissimulant ces terres sauvages de leur stature immense dont les sommets se perdaient sous un épais brouillard. Quelques rigoles échappées des longs ruisseaux sinuaient à travers les vallées, et l'on entendait partout le chant de l'eau, de la terre, et du ciel. Enfin, dans ces contrées indomptées, loin du bitume, du feu et de l'acier, chevauchant les vents humides et la rage des cieux, galopaient les farouches fauves nés de la foudre. Leur course était accompagnée du grondement du tonnerre, et leur silhouette élancée était nimbée d'une brume écarlate, chargée d'éclairs vrombissant qui enveloppaient leurs muscles fermes et puissants. L'on disait que jamais leur course ne s'arrêtait.

Lorsqu'ils quittaient les bois humides, la plaine s'emplissait d'un éclat incomparable. Le silence se faisait. Chaque créature détournait son regard vers les ombres embrumées qui se découpaient lentement sur les ténèbres qu'abritaient les gigantesques mausolées aux racines enchevêtrées. Alors, émergeant au milieu d'un chant semblable aux violents roulements des mers les plus déchaînées, la horde des raikous jaillissait dans un flot de lumière, étreignant les landes d'un éclat blanc doré. L'oreille tendue, l'attention aiguisée, tous les sens en alerte, les immenses fauves, fougueux et fiers, fuyaient dans un galop effréné. L'on se précipitait sur leurs pas, chevauchant à leur côté sur parfois plusieurs lieux, entraîné par leur force et comme inondé de leur puissance indomptable. L'on hurlait, l'on rugissait avec force pour les accompagner d'une vigueur nouvelle, pour témoigner joie et gratitude envers ces enfants de la lumière qui représentaient aux yeux de tous les grands gardiens de ces terres. Et parfois, dans un tumulte lent et majestueux, les raikous répondaient à ces cris d'encouragement. La brume empourprée qui nappait leur fourrure se changeait en une crinière aux reflets d'or et d'argile, et de leur gorge robuste s'échappaient des grondements souverains.

Quand ils disparaissaient au loin, la chaleur de leurs muscles animés de mouvements incessants se mêlait à la terre. L'éclat safran qui les accompagnait se perdait lentement tandis que des nuages noirs s'amassaient dans le ciel. Et quelques heures après leur passage, la masse fuligineuse crevait. S'ensuivaient des torrents d'une eau pure et vivifiante de laquelle renaissait instantanément une végétation plus luxuriante encore que celle qui l'avait précédée. Et lorsque la pluie s'apaisait, c'était pour laisser place à un soleil immaculé qui surplombait les landes au-dessus desquelles stagnaient encore de fins amas d'une brume rafraichissante.
C'était le territoire du dieu Foudre.

Au-delà du ramage imposant de la forêt millénaire, sur les rives du plus grand lac que ces terres aient connu, vivaient paisiblement les derniers représentants d'une civilisation éloignée. Reclus dans un village de pierre et de bois, les hommes n'étaient pas un danger potentiel. Ils respectaient les lois de ces terres, et craignaient la colère des gardiens qui promettait de s'abattre sur eux s'ils tentaient de briser l'harmonie de leur mère Nature. Chassant pour se nourrir, attaquant pour se défendre, ce dernier clan d'humains faisait partie de ce monde.

L'odeur du grand feu qui brûlait constamment au centre du village s'étendait jusqu'aux abords du bois. Son crépitement incessant berçait la vie des villageois qui accordaient leurs prières à cet immense brasier, comme à la voix du dieu Foudre. Les flammes étaient son incarnation sur terre. Jamais elles ne s'étendaient au-delà des courtes tranchées qui l'encerclaient, l'étreignant au centre de la place. Jamais personne n'avait crains qu'elles s'en prennent à l'un d'entre eux. Elles étaient leur courage, et l'âme de cette tribu qu'ils avaient si durement bâtie.

Les enfants couraient entre les cabanes de bois, mêlant leurs cris et leurs rires au son du marteau qui s'abattait sur le métal. Les hommes chassaient, forgeaient, construisaient. Les femmes vidaient, lavaient, cousaient. Tous et toutes veillaient à ce que leur clan subsiste à jamais. Tous, sauf un.
Le vieux chasseur, Dayak, avait fondé sa demeure à l'écart du village, sous une pointe rocheuse qui déchirait la terre sur le bord du grand lac. Il y passait ses jours aux côtés de son compagnon, un galeking énorme dont l'âge avancé avait eu raison de son armure massive. Tous deux vivaient en ermites, dédaignant le clan des hommes qui accordaient leur respect aux gardiens de la nature. Les murmures couraient dans le village que la famille de Dayak avait été autrefois décimée par un fauve de la horde des raikous, car parfois les actions des fils de la Foudre ne pouvaient être expliquées. Parce que leur jugement était au-dessus de celui des hommes.

Dayak était, bien avant, un chasseur exemplaire, un digne membre de leur civilisation. Il travaillait avec eux, combattait à leurs côtés. Ses talents de dompteur alliés à la puissance de son galeking avaient bien souvent rendu service au village. Etant un bel homme, l'annonce de son mariage n'avait étonné personne ; Dayak était encore un jeune chasseur à la silhouette d'éphèbe, sa chevelure était d'un noir brillant, dense et indomptable. Son visage aux traits prononcés, orné d'un regard doré, paraissait dur au premier abord, mais l'on devinait rapidement à son contact que cet air revêche cachait une timidité maussade. Eline, une jeune fille douce et rêveuse, l'une des plus jolies du village, avait finalement réussi à s'approprier l'amour qu'il avait refusé à tant d'autres. De leur union étaient nés deux garçons, braves et fiers. Et puis une nuit, les hurlements déchirants de cet homme qu'ils avaient toujours cru inflexible avait tiré le village tout entier de son sommeil. Les chasseurs avaient rejoint à toute hâte sa cabane, parmi les dernières maisons, aux abords de la forêt. Ce qu'ils trouvèrent les horrifièrent : le bois en flammes s'écroulant sur lui-même, les trois corps mutilés que Dayak tentait de soutenir en même temps, la silhouette agile d'un grand fauve disparaissant derrière les troncs noirs des bois, mais par-dessus tout les cris, les injures, les rugissements terrifiants qui semblaient s'arracher de la gorge de leur dompteur. Aucun d'eux n'aurait pu croire pouvoir entendre un jour quelque chose de si effrayant et dépourvu d'humanité que les hurlements de Dayak qui maudissait de toute la puissance de sa voix les enfants de la foudre, crachant ses imprécations sur cent générations.

Aujourd'hui, Dayak était vieux, maigre, et son dos était courbé par l'âge et la douleur qu'avait asséné sur lui la mort de sa famille. Ses cheveux sombres étaient maintenant cassants comme de la paille, constamment sales et en bataille, lui donnant l'allure d'un fou. Ses yeux autrefois brillants étaient froids et ternes. Sa voix aigre semblait tout le temps enrouée et agressive, et il ne savait que prononcer colère et malheur dans des murmures vibrants.
Un soir, un jeune homme du village revint de la tanière du vieux chasseur en courant. Il semblait paniqué, et cavala jusqu'au grand brasier, braillant le nom du chef de village. Ce dernier le rejoignit en hâte, tenta de le calmer tandis que quelques personnes se rassemblaient autour d'eux.

- Le vieux Dayak, gémit le jeune homme entre deux souffles étouffés. Je l'ai vu. Je l'ai entendu. Il profanait les anciennes règles. Il clamait des incantations diaboliques à l'encontre des fils de la Foudre. Sa cabane est remplie de maléfices. Je suis parti en courant parce que son galeking m'a vu.

Le chef ordonna à quelques villageois d'aller chercher la mère du jeune garçon, afin qu'elle récupère son fils et le soigne de sa peur. Puis il se tourna vers deux hommes robustes.

- Allez me chercher Dayak. S'il est assez fou pour bafouer les règles, il en paiera le prix.

~ & ~
Lorsque les deux hommes revinrent en compagnie du vieux chasseur, la quasi-totalité du village s'était rassemblée sur la place centrale, autour du grand brasier. L'ermite semblait plus fou que d'habitude et se débattait en crachant des insultes et vociférant des malédictions. Certaines personnes se bouchèrent les oreilles sur son passage. Ils le lâchèrent enfin devant le chef de village, et celui-ci fronça les sourcils en observant ce qu'était devenu cet homme autrefois si noble et valeureux. Etrangement, Dayak sembla reprendre ses esprits à la vue de son souverain. Les mains liées dans le dos, il se redressa sur des jambes minces et tremblantes, chassa les cheveux sales de son visage d'un mouvement de tête, et sourit.

- Son compagnon a fui dès qu'il nous a vu arriver, annonça l'un de ses deux gardiens. Il a eu tellement peur qu'il s'est emmêlé dans les rideaux et est parti avec. Ce galeking était trop vieux pour intimider qui que ce soit.
- L'enfant disait vrai. Sa cabane est pleine d'outres de sang et de charognes desséchées.
- Je ne fais que ce qui est nécessaire, trancha Dayak d'une voix éraillée.

Le chef l'observa plus longuement, et le vieux chasseur prit de l'assurance avant de continuer :
- Vous tous, vous ne savez rien. Ces monstres que vous déifiez, et ce feu que vous idolâtrez, ils se retournerons un jour contre vous. Leur colère orgueilleuse est déjà sur le village. Je ne fais qu'essayer de contrer ce nouveau malheur.

Les villageois étaient passé des messes basses à un brouhaha anxieux. Bien sûr, pour la plupart d'entre eux Dayak était fou, et ses paroles l'étaient de même, mais à la simple idée que cet ermite communique avec des forces mauvaises, ils craignaient tous d'essuyer effectivement la colère des raikous.
Le chef stoppa ce flux de paroles d'un simple geste, paume levée. Les villageois se turent.

- Je crois que nous avons besoin de nous réunir.

Les anciens qui formaient le conseil du village acquiescèrent. Ils se retrouvèrent sous le toit du chef dans le plus grand silence. Au dehors, tous attendaient, et Dayak, entre ses deux gardiens robustes souriait. Il connaissait la faiblesse du chef, il savait que ce souverain était encore jeune, et craignait plus qu'il ne vénérait les fils de la Foudre.
Lorsqu'enfin le conseil ressortit, Dayak eut la confirmation de ses déductions. Ils ordonnèrent de le libérer, en faisant jurer le vieux chasseur qu'il se débarrasserait de tous ses objets de sorcellerie. Mais Dayak savait depuis longtemps lire au plus profond des hommes, il savait trouver la part de peur et de lâcheté qu'ils renfermaient, et il savait que derrière sa façade dure et fière, le chef espérait sans doute, même sans qu'il ne s'en rende compte, que l'ermite réussisse par sa magie à chasser définitivement les grands fauves de ces terres.

Dayak retourna à sa cabane, et plus personne ne le revit. Personne non plus n'alla s'assurer qu'il avait tenu ses engagements. Le village était pour la première fois plongé dans la crainte et l'incertitude. Quand la course et le grondement des raikous se faisaient entendre au loin, chacun se raidissait et rejoignait sa demeure. Les chasseurs s'éloignaient de moins en moins de l'abri du village. Et plus aucun d'entre eux ne se laissait gagner par une joie et une force soudaine à l'approche des grand fauves. Plus aucun d'eux ne chevauchait à leur côté quand ils traversaient la plaine.

Un soir, alors que le silence s'était posé avec la nuit sur les toits de bois et de paille, la sentinelle somnolente entendit un frémissement parcourir les enclos. Les galopas s'affolaient, martelaient le sol de leurs sabots, hennissaient faiblement, puis de plus en plus fort, se cognaient entre eux. L'homme, posté sur sa tour à l'entrée de la forêt les observa d'abord sans comprendre. Il s'approcha finalement de l'échelle pour les rejoindre, mais stoppa son mouvement lorsqu'un grondement crépitant s'éleva des sous-bois, tout près de lui. Tous ses membres se glacèrent. Il ne pouvait plus bouger. Il ne put qu'observer, impuissant, l'énorme fauve arracher sa masse de muscles et de fourrure dorée aux derniers arbres qui l'abritaient, et se diriger à pas lents et mesurés vers le village, le cou tendu, tous les sens aux aguets, sa crinière nuageuse transformée en une rangée de piquants pourpres, durs comme le métal.

Et soudain, la bête chargea. Les montures hurlèrent dans leur enclos. La sentinelle reprit conscience, et se précipita sur la lourde cloche qu'il fit retentir pour prévenir les siens du danger. Trop tard malheureusement, car l'énorme fauve avait déjà détruit une demi-douzaine de maison d'un simple coup de griffes. Les lambeaux de bois et de terre volaient en tous sens. Certains restes tombèrent dans le feu de la place centrale, nourrissant ainsi les flammes qui grandirent, s'élargirent, jusqu'à s'échapper des tranchées qui les maintenaient soumises. Très vite, l'incendie se répandit. Les villageois couraient dans la plus grande panique. Certains se ressaisirent plus tôt, et commencèrent à faire une chaîne jusqu'au lac pour éteindre le feu. Les hommes partaient dans toutes les directions, lance à la main, cherchant le grand fauve et espérant le faire reculer. Mais le fils de la Foudre était trop rapide. Il slalomait entre les cabanes en flamme, son pelage d'or reflétant le rougeoiement de l'incendie, détruisant tout ce qui avait le malheur de se trouver sur son passage. Enfin, il bondit hors du village, s'élançant sur la petite côte qui le séparait des arbres. Il se retourna une dernière fois. Ses yeux avaient la couleur du sang et la dureté du roc. Son cri retentit avec puissance, comme la colère du ciel, et sa queue effilée fouetta ses flancs, claquant comme le tonnerre. Puis il disparut dans les sous bois, laissant derrière lui le village ravagé. Aucune pluie n'accompagna son passage pour aider les hommes à éteindre l'incendie.

~ & ~
Lorsqu'enfin les villageois réussirent à maîtriser les flammes, de la moitié de leur village ne restaient que ruines. La plupart des galopas avaient filé. Les enclos avaient été détruits. Le feu de la place centrale avait été éteint comme tout le brasier. Les femmes et les enfants s'étaient regroupés sur ses décombres et se tenaient les-uns contre les autres, beaucoup pleurant, certains priants. Les hommes erraient comme des âme en peine, portant leurs mains à leur front, ne sachant que faire à présent. Loin au-dessus d'eux, le ciel s'était noirci, s'éclairant parfois d'une lueur pâle et dangereuse.
Le chef apparut finalement, ainsi que tout son conseil, sur la place centrale qui s'était considérablement élargie avec l'incendie. Il tenta de calmer les villageois, mais aucun ne l'écoutèrent.

- Le vieux Dayak avait raison !
- Non ! C'est par sa faute que les fauves nous ont attaqués !
- Peu importe, ils reviendront ! Il faut cette fois que nous attaquions les premiers !

Une clameur s'éleva en réponse aux dernières paroles. Tous se jetèrent sur les lances, les arcs et les fourches. Le conseil tenta de s'interposer, de calmer cette folie, mais ils ne reçurent en retour que coups et injures. On amena les derniers chevaux, et les hommes les plus habiles y montèrent, prenant la tête du cortège de chasseurs qui se lança aussitôt, et dans des cris de rage, à l'assaut des plaines. Ils s'enfoncèrent dans la forêt qui ne parvint pas à étouffer leurs hurlements. Et au loin, sur les terres sauvages, la foudre tomba plusieurs fois pour répondre à leur colère. Alors, les hommes, les quelques femmes et enfants qui les accompagnaient, armés de tout ce qu'ils avaient pu trouver, s'élancèrent de plus belle, franchirent les dernières limites de la forêt, et déboulèrent sur les plaines. Toutes les bêtes fuirent sur leur chemin, se cachant sous terre ou s'envolant. Face à eux, la horde des raikous avait pour la première fois stoppé sa course.

~ & ~
Le chef abandonna les anciens qui étaient restés auprès des femmes et des enfants qui ne s'étaient pas mêlés à la chasse. Il grimpa la faible pente qui menait aux bois, les longea un moment jusqu'à atteindre le lac. Sa surface brillait sous ce ciel charbonneux, et s'illuminait à chaque fois qu'un nouvel éclair zébrait les nuages. Le chef, lui, pliait l'échine sous cette lumière, comme s'il craignait qu'elle ne le prenne pour cible. Avançant en trébuchant, il continua sa route, jusqu'à apercevoir, sous le rocher perçant la terre, la cabane de Dayak. L'homme se laissa tomber à genoux devant sa porte, et frappa avec toute la force qui lui restait. La peur et la folie se lisaient sur son visage. Il frappa sans s'arrêter, jusqu'à ce que le panneau de bois cède et s'ouvre devant lui. Dayak se tenait là, debout, grand et élancé devant la lueur jaunâtre d'une bougie. Il s'abaissa pour aider le chef à entrer et s'asseoir à une chaise. Il lui servit un grand verre d'alcool que le chef repoussa.

A présent, Dayak ne lui paraissait pas aussi vieux que lorsque les villageois l'avaient trainé au centre du village. Il se tenait droit, sûr de lui, et son visage était fendu d'un sourire. Ses yeux avaient repris une étincelle de vie, et brillaient dans la pénombre de la cabane comme deux pierres précieuses. Le chef finit par reprendre son souffle, et expliqua à l'ermite ce qui s'était passé. Pendant tout son récit, Dayak resta silencieux et se contenta d'acquiescer, comme s'il savait tout ça depuis déjà bien longtemps.

- Pourquoi…
- Je vous avez prévenu, dit enfin le vieux chasseur. Nous ne pouvions plus vivre dans la peur de ces bêtes. Mais à présent, tout va bientôt prendre fin.

Le chef hocha la tête et soupira. Tout serait effectivement bientôt fini. Ses hommes chasseraient ces maudits fauves hors de leurs terres. Quelque chose attira alors son attention, un éclat doré et pur qui sonnait étrangement dans ce décors poussiéreux. L'homme chercha des yeux l'endroit d'où pouvait provenir cette lueur. Il entrevit Dayak sourire de toutes ses dents et se déplacer vers une recoin de la pièce. Dans ce coin, son galeking dormait paisiblement, allongé sur le sol devant un vieux rideau qui semblait avoir été raccommodé peu de temps avant. Le gros monstre ne bougea pas quand Dayak l'enjamba pour repousser le rideau et offrir ainsi à la vue du chef une chose que ce dernier observa, horrifié, les yeux écarquillés par la stupeur.

- Non… , bégaya-t-il. Tu n'as pas…
- Je vous l'ai déjà dit, l'interrompit Dayak. Je ne fais que ce qui est nécessaire.

Derrière le rideau, sur un petit échafaud de bois, brillait la fourrure étincelante d'un des fils de la Foudre. Sa tête au crâne d'acier reposait de côté, et ses yeux couleur sang fixaient le vide, indifférents, mais gardant au fond d'eux toute la rancœur de son peuple.

Quelques siècles plus tard, le dernier fils de la Foudre arpenterait les terres encore vierges de l'odeur de l'homme, portant en lui toute la fougue et l'esprit de liberté que les siens lui avaient légué.