Par-delà les frontières (Second jet) de ShiroiRyu

Chapitre 126 : Souffrance perpétuelle

« Où est-ce que nous sommes maintenant ? Vraiment ? Il ne sait pas s'arrêter ? »

« Au lieu de dire ça, Ryusuke, restes sur tes gardes, s'il te plaît. »

« Ne t'en fait pas, c'est comme si c'était fait. On sait bien … que ce que l'on voit, ce n'est pas nous … mais sa vision des choses. Auparavant, il ne semblait pas encore comprendre ce qu'il devait faire … mais là, ça semble différent. »

Enfin bref, de toute façon, ils n'ont pas tellement le choix. Ils ne peuvent que subir ce qui vient de se passer. Ils sont dans l'antiquité, il y a trop de détails autour d'eux pour que ça ne soit pas le cas. Qu'est-ce qu'ils font ici ?

« Le démon est parmi nous ! Le dieu vengeur, Arceus, a décidé de nous punir en faisant disparaître le soleil ! Son apôtre est parmi nous, prêt à faire s'abattre sa punition divine pour nous, sombres pêcheurs, qui avons décidé de le contrarier en n'obéissant pas à ses règles. »

« IL EST LA ! IL NOUS OBSERVE ! IL NOUS REGARDE ! »

C'est quoi ça ? C'est vraiment sinistre. Ils peuvent voir des visages horrifiés qui se tournent vers eux, regardant tous le même point. Leur main droite se lève, laissant paraître une griffe sombre et noire. Elle l'étudie, comme pour savoir si c'est la sienne.

« Combattez le démon ! Combattez le pour que le dieu Arceus nous pardonne ! C'est une épreuve divine ! Nous devons lui tenir tête ! »

« Laissez-moi … Je n'ai pas besoin de vous … Je n'ai pas besoin de vous ! »

La griffe s'abat sur le premier homme qui s'approche d'eux. Avec une armure faite de métal brun, bronze visiblement, la griffe tranche pourtant le métal comme si de rien n'était. Le corps tombe au sol, inanimé alors que Ryusuke et Sirénia ne peuvent rien faire. Ils ne peuvent qu'observer la situation, impuissants.

« Rendez-moi … mon Soleil ! »

« Le démon veut voler l'astre solaire ! Empêchez-le ! »

« Vous me retirez tout … Vous faites … comme si tout vous appartenez … mais non … vous n'êtes pas … les seuls à vivre dans ce monde. POURQUOI ?! »

Non. Ils ne sont pas dans le passé. Dornrek ne les as pas envoyé dans le passé. Il s'est sûrement trompé dans son attaque. Ils ne sont pas plongés dans le passé. Ils sont dans SON Passé ! C'est différent ! Et en vue du carnage qu'il vient de faire dans l'antiquité, cela semble être une histoire habituelle, commune.

« Ryusuke … Il n'y a rien à faire de notre côté ? Nous ne pouvons pas agir, c'est ça ? »

« Il s'est trompé dans son attaque. Il a essayé une technique qu'il ne maîtrisait pas et ça s'est retourné contre lui. Il doit être comme nous en ce moment précis. »

« En train de revivre ses souvenirs ? Les uns après les autres ? »

« Il y a de fortes chances que ça soit le cas, Sirénia. Dans une telle situation, on va dire que ça ne va pas être aisé de faire quelque chose. »

Faire quelque chose ? Maintenant ? De toute façon, ils sont pieds et mains liés. Ils ne peuvent pas faire quelque chose ! D'ailleurs, maintenant qu'il a fini son massacre dans l'antiquité, une nouvelle sphère bleue apparaît devant eux, les avalant complètement. Auparavant, Dornrek conversait avec eux mais maintenant, lui aussi ne faisait que subir jusqu'à ce que tout se termine. Dornrek est dans le même bateau qu'eux à cet instant précis.

Lorsqu'ils peuvent rouvrirent les yeux, ils se trouvent encore dans un temps reculé … mais pourtant si proche. Le temps du moyen-âge … avec les châteaux forts et autres. Des hommes en belle armure de métal, des des pokémons serviles comme des serfs bien humains.

« Et bien, plus on avance, plus on se rapproche de notre époque, Sirénia. »

« C'est étrange, les robes des nobles de cette époque ressemblent un peu à celle que Riza porte habituellement. C'est bizarre. »

« Hahaha ! Tu devrais pas me faire rire alors que c'est pas vraiment le moment. C'est vrai que la culture médiévale ne t'intéressait pas tellement mais c'était leurs habits à l'époque. Le style que porte actuellement Riza, c'est un peu gothique lolita, ça s'appelle. C'est un style assez particulier, qui ne plaît pas à tous mais ... »

« J'ai pas l'impression que tu t'en sois plains hein ? »

« Hahaha … Disons que je préfère la femme, pas forcément le vêtement, c'est différent, Sirénia. Et je te rappelle que dans le fond, la robe d'une Gardevoir y ressemble un peu ... »

« Ah non, la robe d'une Gardevoir, c'est totalement différent. Elle n'est pas bouffante ! »

Est-ce qu'ils sont vraiment en train de parler de tout ça comme si de rien n'était ? C'était pourtant le cas à l'heure actuelle. Ils semblaient complètement ignorer la dangerosité de la situation alors que leurs visages regardaient à gauche puis à droite.

Personne ne les remarquait. Dornrek s'était sûrement caché, non ? Ou plutôt camouflé pour ne pas être repéré. Non … Ce n'était pas le cas. Car voilà qu'une ravissante demoiselle au décolleté pigeonnant se plaça devant lui, tirant sur les côtés de sa robe en s'inclinant avec grâce avant de prendre la parole :

« Messire Dirnak ! Quelle joie de vous voir parmi nous. Vous avez donc bien reçu votre invitation. Mais venez donc. C'est aujourd'hui que va être révélé la grande surprise que notre bon roi a prévu de nous dévoiler. Je voulais être aux premières loges à vos côtés. »

« Oh vous savez, les surprises, au bout d'un moment … on finit par ne plus être surpris de grand-chose, vous vous doutez, n'est-ce pas ? »

« Oh, ne dites pas cela, vous êtes un homme des plus charmants et avec de la culture ! »

Pour autant, il est vrai que même s'ils ne sont pas dans la tête de Dornrek, ils arrivent à ressentir cette fatigue … et cette solitude permanente.On pourrait croire qu'il est las de vivre … las de combattre, las de tout.

« Voilà les captures des dernières campagnes militaires ! »

Il avait raté complètement la totalité du discours du roi et de ceux qui l'accompagnaient. Il avait juste relevé la tête en voyant les différentes cages qui étaient traînées sur le devant de la scène. Dans ces cages communiaient les humains et les pokémons, sales et puants, affaiblis et décharnés, incapables de lever le visage. Certains avaient même un bras ou une jambe qui pendait lamentablement, signe qu'il avait été brisé.

« Les humains … sont vraiment détestables ... »

« Qu'est-ce que vous dites, mon cher ? »

« Et les pokémon ne sont guère mieux, apprenant le pire de ces êtres en oubliant même ce qu'ils étaient dans le passé. Ils ne valent rien du tout. »

« Qu'est-ce qui vous prend ? C'est une victoire de notre roi sur ces rustres. »

« Assez … Pourquoi est-ce que ça finit toujours ainsi ? On ne peut pas changer l'histoire … L'être humain restera toujours ainsi … Il est mauvais par nature. »

« Messire Dirnak, reprenez-vous, je vous prie ! Quel est ce langage qui est le vôtre ? »

« Je vais tout faire disparaître … comme d'habitude. L'humanité sera une nouvelle fois purgée … une nouvelle fois, oui. »

Un liquide chaud qui s'écoule le long d'un bras, un bras qui a traversé le corps de la femme qui avait décidé de l'accompagner, celle-ci hoquetant de surprise tout en bredouillant son nom. Son regard est plongé dans l'incrédulité du moment, cherchant à savoir ce qui vient de se passer. Le ciel vint s'obscurcir, s'assombrir …

Et un nouveau massacre avait lieu. Un massacre dont personne ne réchappa. On aurait put croire qu'il laisserait la vie sauve aux esclaves mais ce n'est pas le cas. La raison était simple : ils ne méritaient guère de vivre.

« Je ne vais pas abréger vos souffrances par pure bonté … simplement, des êtres qui ont abandonné toute volonté de vivre et de liberté ne méritent pas d'exister. »

Une des rares paroles qu'il avait prononcé au moment où il appliquait sa sentence sur leurs êtres. Une sentence lourde de sens puisqu'à ses yeux, tous étaient coupables du même crime : celui d'exister. Une sphère bleue vint envahir la zone après la fin du massacre, transportant une nouvelle fois Ryusuke et Sirénia.

« Où est-ce qu'il va nous emmener ? »

« Et bien, en réfléchissant aux différentes scènes, après le moyen-âge, il y a ... »

L'âge industrielle. Avec les premiers véhicules à vapeur, la découverte de l'électricité et tout le reste. C'est même vers ces années que l'on découvrit la possibilité de capturer les pokémons dans des petites sphères nommées pokéballs.

C'est donc là que se trouve … leur nouvelle interaction avec Dornrek ? Enfin, interaction, c'est un bien grand mot à l'heure actuelle. Ils sont juste de plus en plus proches de leur événement, n'est-ce pas ?

Enfin évènement … C'est un bien grand mot pour définir tout simplement leur époque. Ils sont encore dans le corps de Dornrek et celui-ci tient une sphère entre ses mains. L'un des premiers prototypes de pokéball.

« C'est donc là-dedans que vont être insérés les pokémon, c'est bien cela ? »

« Après des années et des années de recherche, c'est exact ! Voilà donc ce que l'on va appeler une pokéball. Une sphère capable de capturer les pokémon et de les faire ressortir … »

« Etonnant, cela permet alors une domination encore plus aisée des pokémon par l'espèce humaine. Vraiment ... »

« Ce n'est pas sans défaut. Les pokémon les plus puissants peuvent réussir à s'en extirper mais en même temps, cela va permettre un gain de temps conséquent. »

« Un gain de temps par rapport à quoi exactement ? »

« Et bien … Pour les étudier … pour les déplacer … Imaginez que même les plus gros pokemon, comme les Wailord, seront dans cette sphère. Imaginez comment cela va tout changer même pour les soins. »

« Vous semblez bien altruiste … pour un scientifique qui vient d'inventer une nouvelle façon de priver de liberté les pokémon. »

« Hein ? Mais … Enfin … C'est sûr que certains vont les utiliser à mauvais escient mais ... »

« Sûr et certain. La nature humaine est ainsi faite. Elle veut se croire au sommet de la chaîne alimentaire et … Pourquoi est-ce que je m'évertue encore à parler ? »

« Hein ? Qu'est-ce qui vous prend ? Vous n'allez pas bien ? Vous ... »

Un uniquement mouvement et la pokéball tomba au sol, roulant sur ce dernier. Quelques instants plus tard, ce fût la tête du scientifique qui vint la rejoindre alors que la voix de Dornrek murmurait :

« C'est inévitable … Même si je m'en mêle maintenant, le futur est déjà en marche. Inéluctable … l'humanité progresse vers sa destruction. »

« Il a l'air carrément perdu, Ryusuke. » chuchote Sirénia de son côté.

« Pas qu'un peu, oui … Et il est pas le seul. Je suis pas mieux, je dois avouer. »

Depuis le second « voyage dans le temps », le jeune homme aux cheveux bruns ne sait plus du tout ce qu'il doit penser exactement. Dornrek est leur adversaire, pour autant, il est plus à plaindre qu'autre chose. Est-ce qu'on doit le considérer comme un meurtrier ? C'est exact. Il a tué des millions et des millions de personnes.

A partir de là, qu'est-ce qu'ils doivent faire exactement ? Ils doivent le combattre … pour l'humanité mais peut-être aussi pour Dornrek. Depuis combien de temps cet être souffre t-il ? Depuis combien de millénaires ? Ils finissent par retrouver l'obscurité. Celle si spécifique à l'endroit où il se trouvait. Oui … Ils étaient de retour dans la pénombre.

« Qu'est-ce nous faisons exactement, Ryusuke, maintenant ? »

« Il faut mettre un terme à son existence, la question ne se pose même pas, Sirénia. »

« C'est bien ce que je pensais mais bon … J'ai pas autant de motivation qu'auparavant. Où est-ce qu'il se trouve ? Je ne le vois pas. »

« Pourquoi ? Pourquoi ?! POURQUOI AS T-IL FALLUT QUE CELA SE TROMPE MAINTENANT ?! POURQUOI ?! »

Dornrek est lui aussi de retour, furieux, enragé, énervé. Il se tient la « tête » entre ses griffes, poussant des hurlements stridents, comme une bête sauvage.

« POURQUOI ?! Pourquoi ça s'est produit ?! Ah … Ah … Et c'est quoi ça ! C'est quoi ces souvenirs ?! J'arrive pas à m'en rappeler … Ah … Ah … C'est de votre faute … à tous les deux. Ryusuke, Sirénia. C'est de votre faute ! Je voulais vous montrer comment chaque couple a terminé son existence face à moi ! Mais il a fallut que quelque chose se produise ! Je ne sais pas quoi ! Je ne sais pas si c'est de la faute de Jupérus aussi mais je sens que ça doit être aussi le cas ! Ca ne peut être que de sa faute ! VOUS DEUX ! »

« Ne nous accuse pas de tous les maux dont tu es responsable, Dornrek. Tu es le seul fautif dans tes propres sorts et si tu t'es planté, c'est uniquement de ta faute. »

« La ferme, vaurien d'humain. Je crois que j'ai été beaucoup trop gentil avec toi et la garce qui te sert de compagne. Mais maintenant, j'en ait assez … Je n'ai fait que trop durer tout cela. »

« Et si tu te laissais plutôt mourir et disparaître ? C'est pas ce que tu recherches ? T'as l'air complètement épuisé, Dornrek. »

« NE FAIT PAS SEMBLANT DE ME COMPRENDRE, RYUSUKE ! »

« Oh … Il ne plaisante vraiment plus, Ryusuke. Je préfère que tu recules. » murmure Sirénia tout en se plaçant devant le jeune homme aux cheveux bruns. Elle n'est pas folle, elle a bien ressenti la haine de Dornrek sur le coup.

« Et puis quoi encore ? Je te rappelle qu'il m'a filé ce virus. Je compte bien en profiter pour faire renverser la vapeur et mettre un terme à son existence ! Il faut que nous en finissions une bonne fois pour toutes avec lui ! »

« Tu ne penses pas aux conséquences ou quoi, Ryusuke ? »

« Aux conséquences ? Nous sommes … je ne sais plus … je ne sais pas si nous sommes vraiment dans mon rêve ou non mais … il faut qu'on l'achève. »

Qu'on l'achève … C'est un bien grand mot à l'heure actuelle. Il faut déjà réussir à le blesser à peu près correctement … Et ils sont très loin de ce résultat.