Par-delà les frontières (Second jet) de ShiroiRyu

Chapitre 108 : A dix-huit ans

« Et maintenant … Qu'est-ce que je dois faire de ces trois corps ? »

« Ne … m'enterre … pas trop … vite … Je ne suis pas encore mort. » murmure faiblement Ryusuke bien qu'il ne sent qu'à peine son corps lui répondre.

« C'est vrai … à contrario des deux demoiselles. L'une dort profondément, l'autre est sur le point de mourir. Je dirais qu'il lui reste environ une heure à vivre ? Son virus aura bien tenu le coup, il faut applaudir l'effort. Mes félicitations. »

« Tu peux te moquer autant que tu veux … au final, tu n'as aucun antidote. »

« C'est exact ! Il doit exister quelque part, qui sait ? Mais non … Ce n'est pas moi qui le possède. Ah … Cela ne serait pas très amusant de te tuer maintenant, tu ne crois pas ? Tu as réussi à me divertir, il faut avouer. Réussir à mettre à mal la Team Univers, une secte comme une autre, c'est un effort louable, franchement impressionnant. »

« Je n'ai … pas besoin de tes compliments. Vas plutôt nous tuer, tu es en position de force … mais sache que je ne te ferais pas le plaisir de me soumettre à toi. »

« Et pourtant, tu me demandes juste de t'éliminer, ce qui implique que tu as abandonné tout espoir de … Oh. Je vois, non. Tu as toujours ce regard vaillant. »

Ce regard qui en dit long sur toute la haine que lui porte le jeune homme. Un sourire mauvais se peint sur ses lèvres. Il sait que ce n'est pas contre lui qu'il enrage seulement … mais surtout contre sa propre personne.

« Tu pensais qu'avec ce virus en toi, de nouvelles possibilités s'ouvraient, te permettant alors de réussir à atteindre de nouveaux sommets … mais la dure réalité t'est retombée dessus. »

« Tu peux … dire tout ce que tu veux … rien ne changera. »

« Je sais ce que je vais faire. Briser tous tes espoirs, les uns après les autres. Mais pas maintenant, ça ne serait pas amusant. Hmmm … Voyons voir. »

Il est comme songeur, en train de réfléchir à quelque chose dont lui seul est au courant. Le voilà qui fait apparaître l'un de ces fameux trous noirs ! C'est avec ça … qu'il a réussi … grrr ! C'est à cause de ça ! Il en est certain ! C'est bien lui qui … hein ? C'est quoi ce dossier qu'il a en main ? Qu'est-ce qu'il fait avec ça ? Y a quoi dedans ?

« Voyons, voyons … bien entendu, lorsque tu es arrivé chez nous, nous n'avions pas de date précise sur ton anniversaire et autre, n'est-ce pas ? »

« Encore ce n'est-ce pas … agaçant. Qu'est-ce que c'est ? »

« Et bien … Disons que ce sont les véritables informations en ce qui te concerne ? Des données qui devraient avoir disparues … mais qui, pourtant, évoquent un enfant dont on ne sait plus rien et autre. Ses parents morts, ses proches et autres. Ah … Vraiment, quelle triste existence qu'il a menée. Cela m'en donnerait presque la larme à l'oeil. »

« Donc … Tu connais mon véritable prénom ? Mon nom de famille ? Mes parents ? »

« Je connais tout à ton sujet, dans le moindre détail. Et il faut dire que tu as réussi à éveiller mon intérêt quand elle a décidé de poser les yeux sur toi. Je n'ai pas encore trouvé la raison qui l'a poussé à s'enticher de toi mais qu'importe. »

« Je ne sais même pas de quoi tu parles exactement et je crois que dans ces moments précis, c'est vraiment peu important, n'est-ce pas ? »

« Feindre l'ignorance est vraiment une chose déplaisante, tu ne crois pas ? Comme si tu ne voyais pas où je veux en venir. Mais il est vrai qu'elle a sûrement effacé ta mémoire par rapport à elle aussi … bien que de brides restent. »

« C'est de votre faute à Riko, à toi et à la Team Univers. Je ne sais pas pourquoi j'ai cette amnésie mais je me rappelles d'une femme aux cheveux verts et ... »

« Elle est à SON service. Normalement, elle ne devait pas se mêler de cette façon à un humain mais il semblerait que comme l'humanité, ses sbires sont imparfaits. »

« Et alors ? Que nous soyons imparfaits te dérange tant que ça, hein ? »

« Pas le moins du monde. C'est à elle que tu devrais dire ça. A vouloir régir tout à sa façon, c'est bien à cause d'elle que ce monde est aussi laid ! »

« Et maintenant, tu veux tout mettre sur son dos. Tu n'as jamais essayé de lui parler ou quoi ? Ah … Enfin, si tu as vraiment de siècles d'existence derrière toi, je pense que tu as déjà abandonné cette idée depuis le temps. »

« Qu'est-ce que tu peux savoir du mode de pensée d'un être supérieur comme moi ? »

« Pas grand-chose bien que ça ne semble pas être très difficile à comprendre de ce que je crois remarquer. C'est bien dommage d'ailleurs. Dommage et regrettable. »

« Est-ce de la pitié que j'entends de ta part ? Tu penses vraiment être en position de me faire la morale de cette façon ? Alors que tu es au sol ? Que tu es si pathétique ? »

« C'est même pas une question de faire la morale, loin de là. C'est juste … Ah … Je me demandes pourquoi est-ce que l'on continue encore de parler, toi et moi. »

« C'est exact … Je ferais mieux de continuer ce que j'avais prévu pour ta personne. Je disais qdonc que tu allais vers vers tes dix-huit ans, n'est-ce pas ? »

« Oui … et alors ? Qu'est-ce que ça peut te faire ? »

Ce n'est pas qu'il est las de lui parler mais c'est à peu près ça. Ce type … Dornrek est usant et fatiguant. Mais même en le lui disant ouvertement, il n'a pas l'impression qu'il le comprend. Mais après tout, s'il le comprenait, ça ne serait pas … franchement mieux. Ah … Pfiou … Il peut recommencer à se mouvoir mais en même temps, il est anxieux par rapport à Sirénia. Ce type lui fait perdre un temps super précieux !

« Dix-huit ans … C'est tout ce que je vais te faire patienter. Tu vas avoir bientôt dix-huit ans … A ce moment précis, je reviendrais. »

« Je ne sais même pas ma date d'anniversaire précise, AH ! Qui sait si je n'ai pas déjà dix-huit ans ? Tu l'aurais dans l'os ! »

« Oh … Ta date d'anniversaire, c'est vrai que je connais plus au sujet de ta personne que toi-même. C'est assez triste, hahaha ! »

Triste ? C'est comme ça qu'il le conçoit ? Le jeune homme aux cheveux bruns pousse un petit soupir alors qu'il observer Dornrek. Pourquoi est-ce que … il veut qu'il ait dix-huit ans ? Qu'est-ce qu'il a exactement comme idée ?

« A tes dix-huit ans, je reviendrais … J'irais te condamner. Cela sera le jour de ta mort. Cela arrivera d'ici trois mois et dix-sept jours. Et oui ! C'est pour bientôt ! »

Trois mois et dix-sept jours ? Qu'est-ce que c'est que ces chiffres ? Il ne peut pas être plus précis ? Visiblement non … et dans sa tête, il est déjà en train de réfléchir à quelle date précise cela veut représenter … alors qu'il ne devrait pas s'attarder sur ça.

« Bon bon bon … Qu'est-ce que je vais faire ? Est-ce que tu acceptes de vivre encore quelques mois ? De sentir que tu vas être condamné ? »

« Qu'est-ce que ça t'intéresse réellement de savoir ce que je ressens ? Je ne suis pas stupide. Je sais que tu en as clairement rien à faire. »

« Oh non … Tu ne devrais pas parler de la sorte. Je suis vraiment intéressé par rapport à toi. Comment est-ce qu'elle a osé me faire ça ? Communiquer avec un humain ? »

« Tu continues de toujours parler de cette personne mais comment est-ce que je suis sensé savoir de qui tu parles hein ? De qui est-ce qu'il s'agit ?! »

« Idiot, n'y as t-il donc personne dont tu as perdu tout souvenir dernièrement ? Elle est responsable de tout ça. On en a même parlé … Ah … Bon … De toute façon, elle sait que je me mêle à toi … et donc elle va sûrement te recontacter. »

« Si tu le dis. Bon … Maintenant que je vais survivre, donnes-moi l'antidote pour elle ! »

« L'antidote pour Sirenia ? Hmm … Cela serait trop simple. Tu peux la sauver mais à toi de trouver la méthode pour ça ! BON ! Et pour l'autre femme, elle se réveillera ! On peut bien faire ça … n'est-ce pas ? Je devrais te féliciter d'ailleurs. »

« Me féliciter pour quelle raison ? Qu'est-ce que j'ai fait de spécial ? »

« Et bien, tu as réussi à mettre un terme à la Team Univers ! Ce n'est pas à la portée de tous et de toutes, non ? Bravo, bravo ! »

Et le voilà en train d'applaudir. Ryusuke n'est pas stupide. Il comprend parfaitement toute l'ironie de la situation. Le chef de la Team Univers est toujours là, devant lui.

« Une organisation disparaît, une seconde apparaîtra. Je me demande combien de temps je vais mettre avant que d'autres personnes me suivent comme auparavant ? »

« Jamais serait un bon laps de temps. » lui indique Ryusuke sur un ton mauvais.

« Ahlala … L'humour n'est vraiment pas ton fort, n'est-ce pas ? C'est assez dommage. »

« On verra bien. Réussir à venir me confronter, cela mérite bien une petite récompense. Peut-être une dizaine d'années ou alors au grand maximum une vingtaine ? »

« Fais ce que tu veux car cela ne me regarde pas du tout. » déclare Ryusuke, observant Dornkey qui pose son regard saphir sur sa personne. Le voilà en train de claquer ses doigts, un trou noir apparaissant non-loin de Ryusuke :

« Tu devrais prendre ce chemin alors … Il te ramènera alors à la surface ou presque … n'est-ce pas ? Qui sait où tu finiras par tomber ? »

« Qu'importe ... » finit par dire le jeune homme avant de pouvoir se redresser. Il est fatigué et exténué, finissant par soulever Sirénia et Riza. Il n'a aucune difficulté à ça. C'est un peu étrange … mais pas ... 

« Et bien, nous allons nous revoir plus tard, c'est cela ? »

« J'aimerai bien ne jamais y compter mais bon … Saches que tu fais une erreur en me permettant de me reposer, tu le comprendras bien assez tôt. »

Et sans même attendre la réponse qui n'arrive pas, il n'aperçoit que le sourire de Dornrek avant qu'il ne finisse par traverser le trou noir. Il sent son corps se faire tiraillé de tous les côtés … puis il tombe lourdement au sol … mais Riza et Sirénia sont dans ses bras.

« C'est … fini ou presque. Tu es là, Dornrek ?! HEY ! »

Aucune voix. C'était peut-être un aller sans retour de la part de ce portail. En un sens, il ne va pas vraiment s'en plaindre mais … il doit … réveiller Riza. Sûrement mais doucement, il commence à la secouer, murmurant :

« Riza … Il faut … Il faut que tu réveilles … Riza … Il le faut. »

« Hmmm … Mais je suis bien dans tes bras, Ryusuke. Je dormais si bien … pourquoi est-ce que tu veux que je me réveilles ? J'ai pas envie ... »

« Il le faut … C'est par rapport à Sirénia. J'ai besoin de toi, s'il te plaît. »

« Sirénia ? Je … OUI ! C'est vrai ! »

Elle se redresse aussitôt, remarquant sa position, à moitié à cheval sur Ryusuke mais en même temps, elle ne peut pas ignorer la présence de Sirenia à côté. Le jeune homme la tient contre lui, la pressant contre son corps. Elle n'a pas le temps d'être jalouse. Elle n'est pas aussi ridicule que ça quand même hein ?

« Alors, tu as trouvé une solution ? Où est-ce qu'on est ? »

« Je ne sais pas … et non, je n'ai pas trouvé de solutions malheureusement. Dornrek m'a dit qu'il me laissait en vie et qu'il allait détruire la Team Univers. »

« Ah oui ? C'est une blague ? Tu n'y crois pas sérieusement hein ? » demande Riza alors qu'il hoche la tête négativement, répliquant :

« Ce n'est pas ça … du tout. Loin de là même. Il va juste refaire une organisation d'ici dix ou vingt ans, quand on n'aura complètement oublié tout ça. »

« Et pourquoi est-ce qu'il nous a laissé en vie ? Je ne vois pas ce qu'il y gagne. »

« Disons que ma volonté a suffit à le convaincre que je ne comptais pas abandonner. Soit il était las, soit il voulait passer à autre chose. »

Elle le regarde, pas vraiment convaincue par ses propos mais vu qu'il ne veut pas en démordre, elle ne peut pas l'inciter à lui dire la vérité. Elle cligne des yeux puis se retient de tout commentaire. Ce n'est pas … ainsi … et ce n'est pas le moment. Il vaut mieux se concentrer sur Sirénia.

« Elle ne se réveille pas, elle ne parle pas, j'ai l'impression que … enfin que ... »

« Ne t'en fait pas, tu vas rester concentré et on va trouver une solution, d'accord ? »

« Je voudrais bien mais si ce n'est pas le cas ? Et si on ne trouve rien ? »

« Depuis quand est-ce que tu es aussi défaitiste ? Ca ne te ressemble pas … surtout après ce que tu viens de me dire concernant Dornrek … ou alors, tu aurais menti ? »

Il tique un peu sur le coup mais il ne doit pas laisser paraître son agacement. Il … Il n'a pas besoin de les prévenir du compteur mortel qui l'attends d'ici quelques mois. Pour autant, il regarde Sirénia, caressant sa joue en murmurant :

« Sirénia … La belle Gardevoir au bois dormant … Il faut que tu te réveilles, Sirénia. »

Il continue de lui caresser la joue, espérant une réaction de sa part mais rien à faire. Elle ne bouge pas, elle ne réagit pas, elle est comme inerte et complètement inactive. Elle … va mourir ? Il ne veut pas, il en est hors de question !

« Il faut … Il faut que je réfléchisses. Elle a été touchée par le virus Dornrek. »

« Calmes-toi, Ryusuke. Si tu t'emportes tout de suite, tu ne trouveras pas de solution. »

« C'est pas le moment de me calmer ! Il restait à peine une heure face à Dornrek ! Là, c'est plus qu'une question de minutes ! Comment est ce que je pourrais rester calme ?! Comment ?! Ce n'est pas possible ! Ca … Ce n'est pas possible. »

« Pourtant, il va falloir que tu te reposes. Je suis sûre qu'elle ne voudrait pas … ça. »

Comment est-ce qu'elle peut en être sûre ? Elle est dans sa tête ? Elle croit pouvoir lire dans les pensées comme la Gardevoir ? Non … Il ne doit pas s'énerver contre Sirénia, ce n'est pas de sa faute, pas du tout. Il ne doit pas …

« Je vais me concentrer … Il faut que je me concentres. »

Ne penser à rien d'autre, ne réfléchir à rien, ne pas envisager … autre chose. C'est … C'est nécessaire, non, c'est vital. S'il commence à perdre de vue son objectif, il perdra bien plus. Sirénia … Il faut la sauver, maintenant !