Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Solea de Elysandre



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Elysandre - Voir le profil
» Créé le 28/10/2016 à 11:00
» Dernière mise à jour le 28/10/2016 à 15:18

» Mots-clés :   Aventure   Policier

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Défier les règles
Dario attendait devant le portail depuis des heures. Il ne pouvait empêcher sa jambe de bouger d'impatience. A un moment, finalement, un homme s’approcha de lui.
-Professeur Laiki, s’écria-t-il en bondissant devant lui.
-Dario ? C’est toi ? Ça fait une éternité que je ne t’ai pas vu ! Depuis que tu as quitté le collège, en fait.
-Oui, monsieur. Et vous devez vous douter de la raison de ma visite.
-Entrons dans l’école, Dario. Nous discuterons devant une tasse de thé.
Le professeur Laiki était un vieil homme à qui la calvitie n’allait pas très bien. Il portait une paire de lunettes accrochée au col de sa chemise, et il avait des dents que le temps n’avait pas arrangées. Il avait été le professeur préféré de Dario pendant de nombreuses années, toujours proposant des activités innovantes et créatives.
Dario suivit Laiki dans la salle des professeurs, où il n’avait jamais eu le droit de pénétrer. Il avait traversé la cour de l’école, se revoyait courir avec ses amis et jouer avec les garçons de son âge. La dernière fois qu’il était venu ici, c’était pour empêcher des garçons de faire du mal à Solea.

Dario s’assit à la table et le professeur lui servit une tasse de thé chaud et des biscuits.
-Alors, dis-moi tout Dario.
-Je suis à l’école de police maintenant, et j’enquête sur la disparition de Solea. Je suis venu ici pour que vous m’en appreniez plus.
-Hélas j’ai déjà tout dit à la police. Personne n’a rien vu. Solea était à l’école et a travaillé comme d’habitude, il ne s’est rien passé de spécial. Elle n’est juste pas rentrée chez elle après l’école. Je ne l’explique pas.
-Elle n’était pas stressée ? Elle n’a parlé de rien ?
-Rien du tout. Elle était absolument comme d’habitude.
Dario hésita puis se décida finalement à parler :
-Elle m’avait parlé une fois d’une homme qu’elle avait vu. Un homme habillé tout en noir, qui semble assez sportif. Avec les cheveux courts. Hum… peut-être bleus. Elle n'était plus sûre.
-Les cheveux bleus ? Je n’ai vu personne comme ça à l’école. Peut-être est-ce un parent d'élève qui lui a parlé ?
-Je ne sais plus ce qu’elle m’avait dit. Ça m’est juste revenu en tête comme ça. C'était il y a quelque temps.
En réalité, il était en train de décrire l’homme des dessins.
-Est-ce qu’il y a eu un souci entre Solea et cet homme ?
-Je ne sais pas. Mais j’aimerais le trouver. Peut-être pourrais-je rester un peu à l'entrée des classes pour observer un peu ? Si ça ne vous pose pas de problème.
-Pas du tout, plus vite nous retrouverons Solea mieux cela vaudra. J’ai simplement une question. Pourquoi n’enquêtes-tu pas avec les autres membres de la police ?
-J’ai reçu le droit de mener ma propre enquête, mentit Dario sans cligner des yeux.
-Je comprends. Après tout si quelqu’un peut la retrouver, c’est bien toi.

Quelque temps plus tard, les parents vinrent déposer leurs enfants à l’école. Dario se posta près du portail et observa les parents et les enfants. Il ne savait pas grand chose de l’homme qu’il cherchait. Il n’était même pas sûr qu’il avait les cheveux bleus. Mais pourquoi Solea les auraient-elle dessiné en bleu s’ils ne l’étaient pas vraiment ? Il avait néanmoins un mauvais pressentiment. Une petite fille tira le pan de sa veste, le sortant de ses songes.
-T’es le grand frère de Solea, pas vrai ?
-Oui, c’est bien moi. Et toi tu es une de ses copines, non ?
-Oui, je m’appelle Halia.
-Est-ce que tu as vu quelque chose de bizarre avant que Solea disparaisse ? Ou est-ce qu’elle était normale ?
-Normale. Elle était même super contente parce que c’était le jour où on devait apporter notre objet préféré à l’école. Elle avait apporté son œuf dont elle nous parlait tout le temps !
-Son œuf ? Est-ce qu’elle est partie avec lui après l’école ?
-Oui, on n’a pas le droit de laisser des objets à l’école.
Le cœur de Dario omit un battement.
-Merci pour ton aide, Halia, je te promets que je vais tout faire pour retrouver Solea.
Puis Dario tourna les talons et se mit à courir vers le chemin qui serpentait de l’école à chez ses parents. Les idées s’enchaînaient dans son esprit, et la peur commençait vraiment à le ronger. Et si Solea avait disparu pour protéger son œuf d’une quelconque façon ? Peut-être que quelqu’un qu’elle a croisé avait essayé de le lui voler et qu’elle avait fui la maison, incapable de rentrer justement pour ne pas être retrouvée ? Si c’était le cas, où aurait-elle bien pu se cacher ? Il fit le chemin qu’empruntait Solea tous les jours pour rentrer de l’école. Il cria son nom, chercha dans les buissons, regarda la cime de chaque arbre. Il était prêt à soulever chaque rocher si cela pouvait ramener sa sœur. Mais le temps passait, et il dut se rendre à l’évidence : Solea ne se cachait pas ici. Et c’était le seul endroit de l’île qu’elle connaissait bien. Elle n’avait pas le droit de s’aventurer ailleurs tant qu’elle n’avait pas son propre Pokémon. Le seul indice qu’il lui restait était donc cet homme étrange aux cheveux peut-être bleus. Il sortit les dessins de Solea de son sac. À chaque fois, il portait des vêtements de sport noirs, des baskets blanches et une sorte de bandeau noir dans ses cheveux bleus. Il devait trouver l’identité de cet homme, et surtout prier pour qu’il existe bel et bien et ne soit pas une invention de sa sœur. Et pour retrouver un homme, quoi de mieux qu’une école de police ?



Les parents de Dario n’avaient pas compris pourquoi il voulait retourner si vite à l'école. Il avait dû leur promettre qu’il allait bien, qu’il n’avait pas besoin de repos supplémentaire, et que les cours lui manquaient. Le Dracolosse de l'école était donc revenu le chercher, et il était retourné à l'école. Il y était arrivé en fin d'après midi, et eut quelques heures pour préparer son plan. Il se procura une lampe de poche, des gants et un morceau de tissu épais qu’il fixa précautionneusement sous sa deuxième paire de chaussures. Il alla dîner avec les autres élèves qui semblaient - à la grande joie de Dario - avoir oublié qui il était et ce qui touchait sa famille en ce moment. Il engloutit son repas, concentré dans ses pensées, puis retourna dans sa chambre. Là, il fit sortir quelques uns de ses Pokémon, et leur expliqua le plan qu’il avait mis en place. Car son souci principal était que les ordinateurs disposant des logiciels de recherche d’individus dans la base de données n'étaient pas accessibles aux étudiants. Et demander l’autorisation pour y avoir accès n'était pas envisageable. Le directeur se rendrait compte qu’il lui avait désobéi et menait l'enquête de son côté. Il n'était pas non plus assez proche d’un professeur pour lui demander de faire la recherche à sa place. Il devait agir seul, et surtout ne pas attirer l'attention. Une fois les explications terminées, Dario dormit un peu, mais très mal. Il rêvait de couloirs sombres gigantesques, et du directeur qui apparaissait d’un coup devant lui, le faisant hurler de peur.
Il se réveilla en sursaut, croisa le regard alerte de Lougaroc, et décida qu’il était temps de partir. Il enfila ses chaussures trafiquées avec le tissu, mit un sweat dont il rabattit la capuche, enfila ses gants, mit la lampe de poche à sa ceinture avec ses pokeballs, et posa l’oreille contre la porte de sa chambre. Pas un bruit dehors. Il fit signe à Plumeline et Lougaroc, qui s’approchèrent de lui. Dario et ses Pokémon sortirent de la chambre, et se retrouvèrent dans le noir. Dario alluma sa lampe de poche et avança doucement. Le tissu sous ses chaussures lui permettait de ne pas faire de bruit en avançant. En passant devant une fenêtre, il vit la lune dans le ciel. Gigantesque, ronde. Il devait être minuit. Il continua sa marche nocturne, conscient qu’il se comportait comme un voyou plutôt que comme un policier. Cette fois les rôles étaient inversés. Il n'était pas du tout à l’aise dans le rôle du “méchant”. Il avait toujours été sage et suivait les règles à la lettre. Il essayait de respirer calmement mais la peur faisait battre son cœur très vite. S’il se faisait attraper ici, c'en était fini de son parcours scolaire. Plumeline s'était posé sur son épaule, et Lougaroc marchait en silence derrière lui. Tout était tellement silencieux que Dario avait la sensation qu’on pouvait entendre sa respiration à plusieurs mètres à la ronde. Il prenait soin de ne pas projeter la lumière de la lampe de poche trop loin devant lui, au cas où quelqu’un qui passait ne puisse voir le faisceau de lumière à l’autre bout du couloir. Plus Dario avançait, plus il trouvait le chemin extrêmement long. En plus, il se disait qu’il devenait de plus en plus complexe de tourner les talons et de partir en courant dans le sens inverse si jamais il était repéré.

Il arriva finalement devant la porte de la salle informatique. Fermée à clé, bien entendu, mais il s’y était préparé. Au-dessus de la porte se trouvait une sorte de fenêtre sans vitre, comme sur toutes les portes de l’école. Un humain ne pouvait pas y passer, mais un petit Pokémon oui. Dario fit signe à Plumeline d’entrer en scène. Le petit oiseau rouge prit son envol et passa par la lucarne. Les professeurs gardaient toujours une clé à l’intérieur, au cas où. Et puis les élèves possédant des petits Pokémon volants étaient rares, la plupart préférant les gros Pokémon pouvant les prendre sur leur dos.
Bientôt, Plumeline fit apparaître la clé par la petite fenêtre, et la laissa tomber de l’autre côté. Dario la récupéra avant qu’elle ne touche le sol, et tourna la clé dans la serrure, haletant. Il poussa la porte. Elle s’ouvrit en grinçant et Dario eut l’impression qu’elle allait réveiller toute l’école. Il laissa la porte entr’ouverte et fit signe à ses Pokémon que la suite du plan pouvait commencer. Ils se postèrent près de la porte, la queue de Lougaroc à l’intérieur de la pièce. Le plan était simple : si quelqu’un arrivait, il remuait la queue.

Dario s’installa sur un poste et l’alluma. Il pria pour que le mot de passe de l’ordinateur soit le même que le mot de passe de tous les autres, et ce fut le cas. Il lança le logiciel dont il avait besoin, et commença la recherche. Temps restant : 10 minutes. C’était beaucoup trop long ! Mais avait-il vraiment le choix..? Il ne savait pas assez de choses sur cet homme pour faire une recherche plus rapide. Il allait devoir patienter. La queue de Lougaroc ne bougeait toujours pas. Il commença à faire les cent pas dans la pièce, regardant autour de lui à la recherche de quelque chose qui pourrait lui donner des idées. Mais rien ne venait. Il n’y avait que des ordinateurs, une étagère avec quelques livres écrits à l’attention des professionnels de la police, et une plante verte qui aurait eu besoin d’être arrosée. Dario n’en pouvait plus d’attendre, le stress et l’angoisse commençaient à avoir raison de sa patience. Et finalement, la recherche se termina. Il commença à faire défiler, d’abord doucement puis de plus en plus vite, les dossiers des personnes ayant un casier judiciaire. La liste était longue, il aurait eu besoin de plusieurs heures pour tout traiter efficacement. Mais il n’avait pas ces quelques heures. D’une seconde à l’autre, quelqu’un pouvait arriver. Les photos défilaient, encore et encore, interminablement, et aucun individu ne correspondait à l’homme des dessins.

Soudain, quelque chose de bleu attira son attention. Des cheveux. Dario ouvrit le dossier et son cœur omit un battement. Cet homme… Cheveux bleus, bandeau noir… Il se mit à lire les grandes lignes du dossier. Il était tellement concentré qu’il ne remarqua pas la queue de Lougaroc qui commençait à remuer frénétiquement.
L’homme n’avait aucun nom référencé dans la base de données, ce qui était inhabituel. Il avait été enfermé pour vol et purgeait encore sa peine en prison. En revanche, son complice n’avait pas été arrêté et se promenait dans la nature. Ils avaient déjà volé plusieurs fois, à chaque fois des Pokémon.
Quelque chose le frappa en plein visage. Dario sortit de sa torpeur et se retrouva face à une Plumeline complètement paniquée. La queue de Lougaroc battait l’air avec acharnement. Dario se leva d’un bond, récupéra sa lampe de poche, quitta le logiciel, éteignit l’écran de l’ordinateur, et s’élança hors de la pièce comme une furie alors que Plumeline déposait la clé à sa place dans la salle. Pas le temps de fermer la porte à clé. A l’autre bout du couloir, la lumière d’une lampe de poche s’approchait dangereusement. Dario fit rentrer Lougaroc et Plumeline dans leurs pokéballs, tira sur sa capuche pour cacher son visage et courut à toute vitesse dans le sens inverse de celui qui arrivait.
-Eh ! Attends !
Le cœur battant à tout rompre, Dario redoubla de vitesse. L’adrénaline décuplait ses mouvements, il détalait dans les couloirs comme une proie face au chasseur. Il faisait des détours pour ne pas mener son poursuivant jusqu’aux dortoirs. Soudain, il ouvrit une porte sur sa droite et s’y engouffra avant de la refermer le plus silencieusement possible. En nage, il se cacha dans une armoire et attendit là pendant ce qui lui sembla être une éternité. Petit à petit, sa respiration se calmait et il arrivait à inspirer et expirer moins bruyamment. Finalement, il sortit de l’armoire et colla son oreille contre la porte. Il ne s’était même pas rendu compte qu’il était dans une vieille salle de classe. Rien. Pas un bruit. Il ouvrit la porte lentement, s’attendant à voir le visage du directeur en face de lui…

Personne. Il sortit de la pièce et longea les murs jusqu’à sa chambre. Une fois en sécurité, il se laissa tomber sur son lit, épuisé. Il n’avait pas reconnu la voix dans le couloir, mais ce n’était pas celle du directeur. Peut-être était-ce un professeur qu’il ne connaissait pas. Mais on l’avait vu, et il n’avait pas eu le temps d’éteindre l’ordinateur.
Pour autant, il savait ce qu’il devait faire à présent, son plan était tout tracé. Car la dernière fois qu’on avait vu l’homme étrange aux cheveux bleus, c’était sur l’île où ses parents habitaient ; Akala, où Solea avait disparue. L’hypothèse d’un kidnapping n’en était plus une, Dario en était persuadé. Le complice de cet homme avait enlevé sa sœur.