Par-delà les frontières (Second jet) de ShiroiRyu

Chapitre 54 : Se sentir bien

« Bon … Cellule de détention pour toi, n'est-ce pas, Ryusuke ? »

« Je préférerai éviter mais est-ce que tu me laisseras le choix ? »

« Pas le moins du monde, Ryusuke. Pas le moins du monde. Ce qui est bien, c'est que tu dois sûrement t'en douter, n'est-ce pas ? Que ce n'est pas possible. Mais … tu auras une cellule un peu spéciale, je te promets. »

Il ne comprend pas vraiment où elle veut en venir mais Sirénia est comme folle de rage ou presque. Il tente de la calmer mais elle le repousse un peu sèchement en marmonnant. Il finit par lui caresser sa chevelure avant de dire d'une voix calme :

« Sirénia … Ca ne sert à rien de t'énerver. C'est inutile. Pourquoi est-ce que ... »

« Car cette garce n'est même pas Kasiopé ! Kasiopé, je peux la tolérer mais elle ... »

La demoiselle à la chevelure blonde fronce les sourcils en fixant la petite créature. Elle veut vraiment qu'elle s'énerve elle aussi ? Car cela risque de devenir très sale ensuite. Pourtant, elle feint de l'ignorer, préférant se concentrer sur Ryusuke pour lui dire d'une voix enjouée :

« Tu n'as pas à t'en faire, d'accord ? Tu es en sécurité ici … et tu as beaucoup de chance dans ton malheur. Tu te retrouves dans la base que je gère. »

« La base que tu gères ? Tu veux dire que la Team Univers possède plusieurs bases ? En y réfléchissant, c'est plutôt logique et normal. Très logique … car il vaut mieux être dispersé dans le monde entier si vous voulez pouvoir asservir ce dernier. »

« Asservir, asservir, c'est plus compliqué que ça, Ryusuke. Mais j'ai vraiment l'impression que tu as perdu la mémoire, n'est-ce pas ? Cela m'attriste mais je vais t'aider à la retrouver. »

Et comment qu'est-ce qu'elle compte faire ? Il finit par se retrouver … dans une pièce. Ce n'est pas une cellule mais visiblement une chambre d'un officier de la Team Univers. Une très belle chambre … c'est un peu inquiétant en un sens.

« Au moins, ils n'ont pas cherché à nous séparer mais ensuite ? Qu'est-ce que l'on fait exactement ? Tu as une idée ? »

« On peut s'échapper aisément, ça ne doit pas être si difficile que ça. Cela reste qu'une simple base mais … je ne crois pas que c'est ce que tu veux, n'est-ce pas ? »

« Je veux … en apprendre plus sur mon passé et toi ? Est-ce que tu veux rester ici ? »

« Pas du tout, Ryusuke. Je ne veux pas. Cet endroit ne me plaît pas du tout. Et tu sais parfaitement pour quelle raison, n'est-ce pas ? »

« Car toi aussi, tu es liée à la Team Univers. J'espère que tu m'en diras plus. »

« Je ne crois pas que ça soit possible. J'ai eut aussi des problèmes de mémoire. »

Ce n'est pas faux. Elle n'a pas reconnu le principal à l'époque puis vers la fin, elle s'est rappelée de lui en l'appelant père. Tout … avait une fin. Ah … Il regarde le lit, il y a même une douche et quelques affaires propres. Hum … Euh, ce n'était pas un peu trop classe pour lui ? Et aussi des affaires avec le symbole de la Team Univers.

« Qu'est-ce que … je vais pas mettre ça quand même ! »

« J'ai l'impression qu'elle a tout manigancé depuis le début. Vraiment, Ryusuke ... »

« Ne t'en fait pas, je ne risque pas de tomber dans un piège aussi grossier. De toute façon, pour le moment, je fais profil bas et je me doutes qu'il doit y avoir une caméra pour nous espionner. Ca serait illogique qu'ils nous laissent ainsi. »

Pfff … Il va mettre la belle tenue mais hors de question de porter celle de la Team Univers. Cela reviendrait à salir la mort du proviseur, chose qu'il ne compte pas pardonner de sitôt ! Il file sous la douche pour au moins être propre. Pfiou … Ça fait du bien de l'eau chaude !

« Bon, au moins, il y a un côté positif ici. De l'eau chaude. »

« A t'entendre soupirer de l'autre côté de la porte, je m'en doutais, Ryusuke. Mais toi qui voulait vivre une vie en plein air, tu as l'air d'oublier rapidement ça. »

« Ne fait donc pas la tête pour si peu, Sirénia. Je ne fais rien de mal, non ? On me donne, j'en profite alors. Bon … Hum … Ca. »

Ah … Voilà qu'il se regarde un peu de haut en bas. Cette tenue, on peut croire qu'il part à une soirée huppée. Heureusement qu'il a réussi, au bout d'une dizaine de minutes, à faire un nœud pour la cravate. Il se regarde pensant quelques secondes puis tourne sur lui-même.

« Sirénia, tu en penses quoi ? Sois sincère s'il te plaît. »

« Vraiment magnifique. C'est à se demander si ça n'a pas été choisi exprès pour toi. »

« Ca m'étonnerait mais … oui, c'est franchement du bel ouvrage. »

Elle se retient de rire devant le terme utilisé par Ryusuke. Néanmoins, pas le temps de sourire puisque des coups répétés à la porte se font entendre, la voix d'un sbire déclarant :

« Ryusuke ? Vous êtes là ? Avez-vous eut le message de la cheffe ? Elle vous demande pour le repas. Il vaut mieux que vous me suiviez. »

« Et pour Sirénia ? Comment cela se passe ? Car si je n'ai aucune raison de ... »

« Elle m'a dit qu'il vaut mieux que vous veniez seul. Vous devez discuter avec elle en privé. Elle m'a rien dit de plus. Vous voulez bien me suivre ? »

Il regarde Sirénia. Celle-ci est mécontente, VRAIMENT mécontente mais il doit pourtant la laisser seule. Il sort Eleanor pour demander à ce que chacune veille sur l'autre tandis qu'il quitte la chambre avec un peu d'appréhension.

Couloir sur couloir, il marche pendant cinq bonne minutes dans un dédale où il a l'impression de se perdre. Ca ne sert à rien de se décider à se rappeler pour le moment. Puis voilà qu'il arrive devant une belle porte, faite en bois. Rien à voir avec le métal des autres. De l'autre côté, une voix féminine déclare :

« Ryusuke est-il là ? Répondez dès maintenant. »

« C'est le cas. Je l'ai emmené, comme vous le désiriez, cheffe. »

« Alors vous pouvez disposer. Et dites aux autres soldats de faire de même. Que tous ceux qui se trouvent dans mon secteur ne viennent pas mettre les pieds ici. Compris ? »

« Hein ? Et pour votre sécurité ? On ne peut pas vous laisser seule ! »

« Je n'aime pas du tout me répéter. Vous êtes dans ma zone, mon domaine. Si j'avais besoin de me défendre, je vous appellerais. Hors, ce n'est pas du tout le cas. Compris ? »

« Je sais pas qui tu es … toi … mais t'as l'air vraiment spécial. Tsss. » dit le sbire avant de s'éloigner en maugréant. Ah oui ? Spécial à ce point ? Peut-être pas non plus hein ?

« Ryusuke ? Est-ce que tu es seul ? Vraiment seul ? Pas de Sirénia avec toi ? »

« Pas le moins du monde. Qu'est-ce que je fais ? Je rentre ou non ? »

« Rentres donc, espèce d'idiot ! Pfiou … Je n'arrive pas à le croire que je fais ça. »

Qu'elle n'arrive pas à croire quoi ? Il finit par ouvrir la porte en bois, clignant des yeux pour être sûr de ne pas avoir rêvé. Euh … Il est vraiment dans une base souterraine d'une organisation criminelle, là ? Vraiment ?

« Euh … Je suis où, là ? Dans un coin secret de la base ? On peut m'expliquer ? »

« Je suis la seule à t'expliquer. Ryusuke, tu peux t'installer, tu sais ? »

S'installer où ? Hey ! Des chandelles ? Vraiment ? Elles étaient allumées mais bon, avec la lumière à côté, ce n'était pas vraiment très utile.  Mais bon, il finit par s'asseoir, regardant juste autour de lui, se demandant où elle est.

« Tu peux me dire ce qui se passe exactement, plutôt ? »

« Pas besoin, Ryusuke. Tu dois être assez malin pour le savoir, n'est-ce pas ? »

« Je ne pense pas que tu m'invites réellement … à diner aux chandelles avec toi, hein ? »

Pour toute réponse, il a un petit éclat de rire. C'est donc vraiment ça, sa réponse ? Elle ne plaisantait pas ? Ils vont vraiment dîner tous les deux ? En pleine base ? C'est quoi cette blague ? Il n'a … ah zut … ça sent bon et son ventre grogne.

« Je peux l'entendre jusqu'ici, Ryusuke. Je savais que tu n'avais pas mangé correctement. »

A ce point ? Il est peut-être un peu ridicule mais quand même … Enfin bon, il ne va pas se plaindre de pouvoir manger correctement. Lorsqu'il voit la lumière qui s'éteint, il se tourne vers les bruits de pas. W… Wow … C'est qui cette jeune femme en face de lui ?

Il n'y a aucune aura menaçante, aucun regard meurtrier, rien du tout. Il y a juste le minimum de maquillage, de rouge à lèvres et le reste semble naturel chez elle. Sa robe bustier noire, entrelacées de dentelle blanche, fait tout le travail alors qu'il peut constater que le terme de bustier a été fait pour elle. Et ses nattes dans ses cheveux sont divines.

« Je sais ce que tu aimes, Ryusuke. Je ne suis pas forcément la meilleure des cuisinières mais tu dois comprendre entre nous qu'une vie dans un tel endroit ne te permet pas vraiment un parcours professionnel différent des autres. »

« Je n'ai jamais dit ça … mais euh … on dirait de la viande de Cerfrousse ou je me trompes ? Cela … fait très longtemps que ... »

« On ne la cuisine pas facilement, oui. Et il faut aussi trouver les bons morceaux. J'ai rajouté aussi des spaetzles et la viande devrait normalement être baignée dans une sauce aux champignons. Voilà tout, Ryusuke. »

« C'est vraiment … prodigieux. Par contre, j'espère que tu n'as pas fait d'entrée, de fromage et tout le reste hein ? Enfin, je ... »

« Nous verrons cela en temps et en heure. Actuellement, la seule phrase qui doit sortir de ta bouche, ce sont deux mots très simples. »

« Bon appétit, n'est-ce pas ? » dit l'adolescent en souriant. Voilà qu'elle lui rend le sourire avant qu'il ne se refrogne. Qu'est-ce qu'il fait là ? Manger paisiblement comme si de rien n'était ? C'est juste n'importe quoi.

Pourtant, elle prend la louche et lui demande son assiette, chose qu'il donne avant de se faire servir par la jeune femme. Ah oui, jeune femme, pas adolescente alors que d'après ce qu'il croit, elle doit avoir son âge ? Ou alors un peu plus ? Il ne sait pas vraiment. Juste qu'elle a tout d'une femme magnifique.

« Est-ce que c'est bon, Ryusuke ? »

« Oui, oui, c'est très bon, tu n'as pas à t'en faire … Riza. C'est vraiment très bon. »

« Tant mieux alors. Pour le dessert, je pensais qu'un fondant au chocolat avec un coeur de caramel te plairait. C'est bien ça ? »

« Bien … Bien sûr ! Mais comment est-ce que tu sais ça ? »

« Je sais tout de quoi, Ryusuke. Vraiment tout, tu ne l'as pas encore compris ? Mais ne t'en fait pas, je ne vais pas m'en servir contre toi. Je veux juste que … tu sois là. »

« Et pourquoi est-ce que la Team Univers sait autant à mon sujet ? Et aussi concernant Sirénia ? Et pourquoi vous en prendre à nous ? On vous a fait quoi ? »

« Tu m'as abandonnée. Voilà pour mon côté personnellement. Mais je sais que tu ne l'as pas voulu directement. Les circonstances ont fait que … enfin. Quant à Sirénia, disons que nous la recherchions depuis des années, rien de plus, rien de moins. »

« Et pour quelle raison ? Tu peux me le dire non ? Je ne sais même pas pourquoi je suis ici. »

« Car c'est ce que je désire. Et non, je n'obtiens pas toujours ce que je désire, Ryusuke, si c'est ça à quoi tu penses. Je veux juste que tu sois là. Tu es très important à mes yeux mais aussi à ceux de la Team Univers. Tu n'as rien besoin de savoir de plus, d'accord ? »

« Non, je ne suis pas d'accord, Riza. Si ça ne te dérange pas, je vais m'en aller. Merci pour le repas, c'était vraiment très bon et tu feras une excellente épouse. »

« Attends … Attends un peu ! Tu peux rester pour le fondant, non ? » dit-elle d'une voix un peu surprise alors qu'il voit son visage rougi. Elle … est vraiment très attachante. Pourquoi est-ce qu'une jeune femme comme elle se trouve dans la Team Univers ? Il finit par se rasseoir alors qu'il s'était levé après ses paroles.

« Je veux bien … rester pour ça. Que je ne gâche pas tes efforts. »

« Merci, Ryusuke. Je vais aller le chercher tout de suite. »

Il se montre agréable car … il n'a pas envie de la faire souffrir ? C'est stupide alors que cette femme est autant responsable que les autres de la mort du principal. Elle prend les assiettes et le plat, se retournant pour aller vers la cuisine.

« Ryusuke … Je ne voulais pas la mort du professeur. Il a été … comme un père pour nous. Il nous considérait comme ses enfants. »

Il tente d'ouvrir la bouche mais il sent qu'il vaut mieux éviter. Elle veut se faire pardonner … en se dédouanant ? Mais dans sa voix, il sent qu'elle est sincère. Elle n'a jamais considéré cela comme possible … qu'il disparaisse d'une manière aussi violente et devant ses yeux.

Elle revient quelques minutes plus tard mais pendant la dégustation du fondant, ils sont tous les deux silencieux. Juste à la fin, quant elle reprend les assiettes, il lui signale que c'était encore meilleur et elle le gratifie d'un sourire.

« Je vais y aller. J'aimerai dire qu'il se fait tard mais je ne sais même pas quelle heure il est. On dirait vraiment un endroit sans soleil ou autre. »

« Nous sommes plongés dans le sous-sol … mais il n'est que vingt-et-une heures, Ryusuke. »

« Oh ? A peine ? Oui mais bon, à part ça, disons que ... »

« Est-ce que tu veux regarder un film avec moi ? Promis, je ne te ferais rien de mal. »

Elle allait dire autre chose mais elle se retient. Euh … Bon … La situation n'est pas déplaisante. Riza est vraiment une jeune femme magnifique … mais voilà. Est-ce que bien moral que d'accepter ça ? Surtout qu'elle ne semble pas vouloir le charmer.

« Combien de temps il va durer ? Car Sirénia risque de s'inquiéter non ? »

« Je vais envoyer un messager pour la prévenir. Pourquoi tu t'inquiètes autant pour elle ? Et je pense que cela va durer juste deux heures, trois au grand maximum. Cela dépendra de ce qui t'intéresse, Ryusuke. »

Euh … Il n'a pas l'habitude de regarder la télévision alors bon … Mais aujourd'hui, alors qu'il est normalement emprisonné, voilà qu'il est en train de passer une bonne soirée. C'est un peu comme si le monde tournait à l'envers actuellement.