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You're My Mr.Hyde [One-Shot] de Yukkin



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Informations

» Auteur : Yukkin - Voir le profil
» Créé le 14/08/2015 à 22:40
» Dernière mise à jour le 14/08/2015 à 22:40

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You're My Mr. Hyde
(Halestorm - Mz. Hyde)

In the daylight,
I'm your sweetheart,

Déjà tout petit, j'avais toujours eu cette impression d'être différent. La timidité maladive qui m'oppressait, qui me forçait à vivre reclus dans ma chambre, était très handicapante. Même vis-à-vis de mes parents, j'étais mal à l'aise. Je crois que le premier jour de bonheur de ma vie... a été celui de la remise du premier Pokémon. Quel âge j'avais ? Dix, onze ans peut-être. J'ai attendu une dizaine d'années avant de pouvoir entrevoir le bonheur. Bien malheureusement, il ne s'est pas manifesté très souvent depuis lors. Mais j'imagine que la compagnie de mon Miaouss me suffisait amplement. Il était le seul à comprendre la détresse qui me rongeait, chaque jour un peu plus. C'est ce qu'il me semblait tout du moins.

Your goody-two-shoes prude is a work of art.
But you don't know me,

Ensuite... oh, ça y est, ça me revient. Mes quinze ans. Mes parents m'ont encouragé à aller relever le défi de la Ligue Pokémon. Comme j'étais un adolescent craintif et soucieux de l'opinion que les gens avaient de moi, j'avais évidemment accepté. Mon périple sur les routes de Kanto... Eh bien je dois dire que ce n'était pas une si mauvaise chose. J'avais réussi à me forger une équipe puissante. J'aimais mes Pokémon plus que n'importe quoi d'autre. Et toujours mon Miaouss était à mes côtés, fidèle au poste. Pour cela, je crois lui en être toujours aussi reconnaissant qu'à cette époque. Pardon ? Je m'éloigne du sujet ? Oui, je parlais de la Ligue... Pour en revenir à cela... J'avais pu collecter mes huit badges sans réel problème, mais le championnat, c'était une autre paire de manches... Oh, et puis à quoi bon vous raconter cela ? Ca n'a pas le moindre intérêt à vos yeux.

And soon you won't forget,
Bad as can be, yeah you know I'm not so innocent

Je n'appellerai pas ça les origines du mal, ce serait emprunter le titre d'un film. Et Arceus sait que je déteste copier les autres. Dans la moindre de mes actions, j'aime insuffler de l'originalité, de l'extravagance parfois. Comme vous pouvez vous en douter au vu de la couleur de mon costume... Mais revenons à ce que je voulais expliquer. Je souffre d'un problème plutôt embarrassant : je recherche la grandeur, la perfection, dans tout ce que j'accomplis. Le monde est petit, bien trop petit pour être découpé en centaines de territoires sous la juridiction de centaines d'idiots. Non, le destin du monde est tout autre. Je lui en ai trouvé un bon, moi, de destin. Mon fidèle Pokémon pourrait, s'il était doué de parole, confirmer mes dires. Mais, me demanderez-vous dans un instant, quelles sont les origines de ce mal ? Eh bien trouvons dans mon passé les réponses à ces questions.

Better beware I go bump in the night,
Devil-may-care with a lust for life,

Je crois que je devais avoir seize ans, peut-être un peu plus. Après avoir lamentablement échoué lors du championnat de la Ligue Pokémon, mes parents, sujets à une honte insupportable, m'ont renié. J'ai dès lors erré sur les routes d'autres régions. J'ai de très bons souvenirs de Hoenn, par exemple. De petit boulot en petit boulot, j'ai appris bon nombre de choses. Les contacts humains restaient cependant un mystère pour l'adolescent que j'étais. Mais si j'avais retenu une chose, c'est que l'échec conduisait inexorablement à la perte. Mes Pokémon et moi nous entraînions d'arrache-pied pour un jour faire comprendre à mes odieux parents qu'ils étaient les seuls à blâmer. Peut-être était-ce égoïste de penser que j'avais raison, mais après avoir été renié par ma seule famille, je suppose que je devais être assez remonté contre le monde entier.

And I know you,
Can't resist this

L'échec... encore aujourd'hui, ce mot me révulse, me brûle les lèvres à chaque fois que je le prononce. Comprenez-moi, il a été la cause de tous mes problèmes. Mais peut-être aussi celle de toutes mes réussites, paradoxalement. C'est bien grâce à cet échec, si horrible soit-il, que j'ai pu apprendre les dures lois de la vie. La réussite, c'est tout. Je suis la preuve vivante de la véracité de cette théorie. Cependant, bien que la richesse soit aujourd'hui quelque chose de bien connu chez moi, cela n'a pas toujours été le cas. Comme je vous l'ai dit il y a peu, j'allais de métier en métier pour subvenir à mes besoins, tout en voyageant pour assouvir la soif de connaissances qui me tiraillait. Les Pokémon, ces êtres si fascinants... J'apprécie toujours autant de les observer, de les étudier. J'ai même contribué financièrement à un fiasco il y a quelques années, mais n'en parlons pas.

You know you
Are so addicted.
Boy you better run for your life!

Pardon ? Que je vous parle de mes relations avec d'autres personnes ? ...très bien, c'est vous qui voyez. Concernant ma famille, je crois vous avoir tout dit. Du moins au sujet de ma famille proche, mais étant donné que le reste m'est inconnu, ne nous attardons pas sur le sujet. Mes amis... eh bien je crois que je n'en ai pas. Excepté mes Pokémon, bien sûr, qui me comprennent mieux que n'importe quel être humain. J'apprécie leur compagnie, je leur confie mes inquiétudes et mes envies... J'ai l'impression qu'ils me comprennent, et parfois j'aimerais qu'ils puissent me répondre. Je pense que je serais, de cette manière, comblé sur le plan affectif. Avant que vous ne posiez la question, non, je ne fréquente personne de manière "intime". Mes seuls contacts humains sont des collègues de travail. Quel est mon travail ? Je ne crois pas qu'il soit utile de le préciser.

Welcome to the nightmare in my head,
(Oh god!)

Si j'aimerais être "guéri" de cette folie des grandeurs ? Je ne sais pas. Si je suis ici, c'est dans le simple et unique but de vous en parler, jamais je n'ai songé à me débarrasser de cette condition dans laquelle je vis depuis un peu plus de la moitié de ma vie. Comment dire... je n'ai pas l'impression que ce problème soit bénéfique, mais il n'est ni vraiment mauvais en soi. Enfin, c'est ce que je crois. Bien que j'aie pu causer du tort à bon nombre de gens par le passé - là encore, il n'est pas utile de préciser qui et comment -, j'ai la nette impression que je ne suis pas un fléau pour la société. Je ne suis qu'un visionnaire parmi tant d'autres. Trouvez cela stupide si vous le voulez, je suppose que nul n'est à même de comprendre ma vision du monde.

Say hello to something scary,
The monster in your bed,
(Oh god!)

Vous savez... je crois qu'on a tous, nous autres humains, non pas une mais au moins deux faces. Il y a la face que l'on montre, celle qui définit, en public, notre identité. Mais il y a aussi l'autre face. Celle que l'on garde enfouie au plus profond de notre être. Celle qui, sans que l'on ne puisse esquisser le moindre geste, prend possession de notre âme et assouvit ses désirs les plus pervers. Je crois... que je n'ai plus rien à ajouter.

Just give in and you won't be sorry,
Le psychiatre assis dans le fauteuil, juste en face de moi, rehaussa ses lunettes et me regarda, après avoir au préalable noté quelques éléments dans son calepin.

- Bien, je crois que ces dernières phrases montrent une façon de penser intéressante. Vous semblez avoir beaucoup souffert dans votre vie, ce que, de nos jours, beaucoup de gens connaissent.

Je haussai un sourcil et me contentai d'acquiescer, les mains posées sur les accoudoirs du fauteuil, tripotant nerveusement le cuir brun. Le thérapeute se leva et se débarrassa du carnet, le jetant négligemment sur la table basse.

- Notre séance est terminée. S'il vous prend l'envie ou le besoin de revenir me consulter, n'hésitez pas. Oh, et... pourrais-je vous demander votre nom ? Je n'en ai pas encore pris connaissance...

Un sourire en coin vint étirer mes lèvres et je m'empressai de répondre, avec une pointe d'excitation bien dissimulée :

- Je regrette, mais si je vous le disais, il faudrait que je vous élimine immédiatement après.

Le psychiatre me regarda, d'un de ces regards incrédules, puis ricana, comme s'il venait d'entendre une mauvaise blague. Or, les mauvaises blagues n'avaient jamais été ma tasse de thé.

- Vous n'aviez pas précisé que vous étiez drôle. Allez, dites-moi donc votre nom.

Il tenait si peu à la vie ? Bien, puisqu'il insistait...

- Giovanni. Je suppose que vous avez pu entendre parler de moi.

A cet instant, son sang dût se glacer dans ses veines, car il n'esquissa plus le moindre mouvement. Mais je ne pouvais pas prendre le moindre risque. Il m'avait cherché, voilà tout. D'un geste précis, je lui logeai une balle dans le crâne et enjambai le corps pour atteindre la porte.

Welcome to my other side,
Hello it's Mz. Hyde!

- Je crois que si, finalement, j'ai quelque chose à ajouter.

La vie l'avait déjà quitté, mais autant faire une sortie dans les règles de l'art.

- Chacun de nous a son "Mr Hyde". Et le mien a pris le dessus.