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Garous de GalloViking



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» Auteur : GalloViking - Voir le profil
» Créé le 08/06/2015 à 23:24
» Dernière mise à jour le 08/11/2015 à 18:07

» Mots-clés :   Présence d'armes   Présence de transformations ou de change   Région inventée   Science fiction

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Le plan (Sereina, 29 Mars)
Lorsque je me réveillai, le soleil était déjà bien levé. La pendule indiquait qu'il était presque neuf heures. J'avais beaucoup mieux dormi que la veille, les cauchemars engendrés par mon stress constant n'avaient pas eu lieu. Regardant la vieille peluche, je me dis que sa présence avait aidé à me soulager un peu la conscience. Après m'être rapidement lavée le visage et m'être habillée, ne sachant pas trop si j'avais le droit de m'absenter de mon poste, je me mis à faire l'inventaire et à arranger l'espace pour qu'il soit plus pratique pour moi. Je me demandai ce que pouvaient bien faire les soldats au front. Comment dormaient-ils, s'ils ne rentraient pas ici ? Combien de temps fallait-il à un blessé pour venir du front jusqu'à l'infirmerie ? D'après le commandant, beaucoup de soldats blessés arrivaient ici. La plus grande cause de mortalité était la piètre qualité des soins. Tout de même, me dis-je. De quoi des soldats aussi bien équipés pouvaient-ils décéder ? Perte de sang trop importante, infection des blessures ? J'étais parfaitement capable de gérer ça.

Le contact de la lumière sur ma peau me manquait et je m'approchai de la fenêtre pour recharger un peu mes « batteries ». Ne trouvant pas cela assez, j'ouvris la fenêtre renforcée et je sortis discrètement, dans la cour intérieure du lycée. La fenêtre n'était pas fermée, étrange, me dis-je. Un oubli ? À peine sortie, la vision qui s'offrit à moi me chagrina. La cour, entièrement recouverte de gravier pourpre, était partiellement recouverte de petites croix en bois. À chacune d'entre elles était accroché un collier, le genre d'immatriculation que tous les soldats possédaient, peu importe l'armée. Lentement et silencieusement par respect pour les morts, je regardais les noms. Arrivée aux tombes les plus récentes, je reconnus quelques noms. Hilmar J, Roland H, Jack E, Richard L, et Terrence A. En revanche, aucune trace de la tombe du pilote, Brice. Son cadavre ne devait pas avoir été retrouvé. Dans un sens, j'étais désolée pour lui : il m'avait sauvé la vie en sacrifiant la sienne, il méritait d'avoir ne serait-ce qu'un petit souvenir de lui, quelque part. Mais de l'autre, il était mort, et les morts se fichaient de ce qui leur arrivait. Prendre soin des morts ne sert qu'à soulager les vivants, non ? Me dis-je. Et les Garous ? Pourquoi n'avaient-ils pas de collier similaire ? Parce que nous étions insignifiants, sans aucun doute ?

Mon bain de soleil terminé, je rentrai discrètement par la fenêtre de l'infirmerie et je retournai farfouiller dans les étagères. Je continuai une heure durant, continuant à chercher distraitement dans les étagères pour faire l'inventaire des nombreux objets médicaux à ma disposition, lorsqu'on frappa à la porte. Pensant pouvoir rendre service à quelqu'un, j'ouvris la porte, pour tomber nez à nez avec Luka, sans son équipement. Enfin, façon de parler: il avait toujours un t-shirt et un pantalon aux couleurs de l'Armée Progressiste. Les soldats devaient dormir comme ça, en enlevant juste leur tenue de combat. Luka, qui n'était pas venu pour rien, demanda :

« Vous venez manger, Sereina ? Le self est au bout du couloir. Vu l'heure, les soldats ont déjà fini de manger, mais les officiers viennent de commencer. »

D'un signe de tête, je lui fis comprendre que j'acceptai de venir. J'étais habituée à ne manger que le midi, mais je n'allais pas refuser. Même si la lumière du soleil me redonnait des forces, elle ne remplissait pas mon estomac. Comme il m'avait expliqué, il fallait aussi que je fasse de mon mieux pour me montrer aux autres, cela améliorerait la qualité des relations entre eux et moi.

« Super ! Il y a largement assez de places pour un régiment dans la cantine. »

Il me prit par la main et me tira doucement. Refusant de le vexer, je me laissai faire docilement. Au fond du couloir, il bifurqua et me fit rentrer dans la grande cantine, remplie de table et de chaises aux couleurs vives. J'essayai de m'imaginer à quoi pouvait ressembler cet endroit, avant la guerre. Rempli d'élèves qui discutaient et mangeaient ensemble, insouciants... Avec de la vraie nourriture, pas ces maudites rations qui m'ont presque tuée il n'y a pas si longtemps. Car la seule chose que je voyais sur les tables, c'était les rations militaires, rangées par trois dans leurs boites en carton. Dès qu'il m'aperçut, le commandant, comme pour s'excuser de la ville, me montra une place à sa table et alla de lui-même chercher un petit-déjeuner pour moi. Un autre officier, probablement gêné par ma présence à sa table, s'offusqua :

« Sauf votre respect mon Commandant... Vous n'allez pas laisser manger cet animal à notre table, si ? »

L'intéressé se retourna vivement et lança un regard sévère à celui qui avait osé contester son idée.

« -Le seul animal ici c'est toi, à dire des choses pareille. La prochaine fois que tu dis une connerie pareille, je t'envoie illico dans les mines du Nord. Compris ?
-Oui, mon Commandant. »

Alors que, essayant de ne pas me montrer impressionnée par la présence imposante du chef, je cherchais dans la petite boite en carton ce que je pouvais manger, je l'aperçu. Le contact visuel avait été très court, peut-être une seconde, mais cela avait suffit. À travers l'une des fenêtres renforcées de la cantine, qui donnaient sur la rue, j'avais très clairement vu un Garou. L'un des six premiers Garous envoyés au combat : le Dimoret. Et il m'avait vue aussi. De la sueur se forma sur mon front et dégoulina lentement le long de mon visage. Le commandant avait bien raison d'être méfiant envers les Garous : ils étaient aux portes de son quartier général. Si proches, si discrets, si mortels...

« -Quelque chose ne va pas ? Me demanda quelqu'un, visiblement inquiet.
-Elle n'a pas l'air du tout dans son assiette, dit le commandant. Qu'est-ce qui a bien pu la mettre dans cet état ? »

Le conseil de Luka me revint en mémoire. Si je commençais à paniquer, l'hystérie allait gagner tout le monde autour de moi. Pour le bien de tous, je fis un effort considérable pour me calmer rapidement, et la tension retomba. Inspirant profondément, je mangeai lentement tout ce que je pus de la boite, laissant, au plus grand bonheur des quelques officiers encore présents, les cigarettes et le café. Lorsque l'un d'entre eux ouvrit le petit paquet de cigarettes, j'aperçus qu'il y avait une quelques allumettes dedans. Voyant qu'il n'était intéressé que par les cigarettes et qu'il avait son propre briquet, je récupérai les allumettes, avant de repartir, escortée par Luka, jusqu'à l'infirmerie.

« Vous vous êtes bien contrôlée, me dit-il. Ne vous inquiétez pas, ça arrive à tout le monde d'avoir une crise de panique. Savoir se calmer comme vous venez de le faire est important. Et puis, ajouta-t-il, c'est mieux de paniquer ici que sur le champ de bataille ! »

Il lâcha un petit rire forcé. Silence pour ma part, car je ne voyais pas ce qu'il y avait de drôle. Ce que j'avais vu était bien réel. Le Garou dehors devait avoir été aussi surpris que moi. Avec de la chance, me dis-je, il ne devait pas être au courant de ma trahison ? Mais dans ce cas, allait-il essayer de me sauver ou pas ? J'espérais sincèrement que non. Même si toutes les fenêtres étaient renforcées avec des barreaux, celles donnant sur la cour intérieure du Lycée n'étaient visiblement pas fermées. Cela dit, la fenêtre ne pouvait être ouverte que de l'intérieur. s'il voulait m'emmener, ou pire, me tuer, il allait devoir briser la fenêtre.

« Bon, vous êtes perdue dans vos pensées, je vais vous laisser... Quoi, vous ne voulez pas ? »

Je lui avais fait signe de rester. Sa présence était sécurisante pour moi. Il accepta, heureux de pouvoir rester en ma compagnie. Alors, après quelques minutes de silence, il finit par me dire sans prévenir tout ce qu'il avait sur le cœur.

« Vous savez, commença-t-il, je n'ai jamais voulu être soldat. En réalité, je ne suis même pas originaire de ce pays. Je suis ce que les gens appellent dans mon pays un dresseur de Pokémon. Des gens qui utilisent les Pokémon pour faire des combats amicaux avec d'autres, et qui ont un lien très fort avec leurs Pokémon. J'étais, pour ma part, très doué. Un vrai mordu sur tout ce qui touchait aux Pokémon. Tellement doué que j'avais en ma possession 21 badges. C'est pour cela que j'en sais autant sur les Pokémon, avoua-t-il. »

Un pays où les gens utilisent les Pokémon pour se battre... Mais des combats pacifiques ? Les dresseurs ont un lien très fort avec leurs Pokémon ? J'en avais déjà entendu parlé. Certains Garous sont issus de Pokémon sauvages, d'autres de Pokémon dressés. Rapidement, le scénario de ce qu'avait vécu Luka me sauta aux yeux. Ce qui lui était arrivé ensuite semblait évident.

« Je suis venu dans ce pays il y a cinq ans par curiosité, pour découvrir de nouvelles espèces. À cette époque, le pays était un peu tendu, mais cela ne dérangeait aucunement de rares touristes de venir. Avec l'autorisation de mes parents donc, j'avais 20 ans à l'époque, je suis arrivé ici, avec l'intention d'aller capturer quelques Pokémon dans la forêt de Zvigold, vantée par tous les guides touristiques du coin. Seulement... (Il soupira.) Seulement tout ne s'est pas passé comme prévu. J'ai été arrêté par des militaires de l'Armée Régulière avant même de quitter le port. Le motif ? Mes papiers n'étaient pas en règle, qu'ils disaient, ces bâtards. Alors que je n'avais eu aucun problème pour partir ! Sans même avoir eu droit à un procès, j'ai été enfermé, toutes mes affaires et mes Pokéballs ont été récupérées. Je n'ai plus jamais revu mes Pokémon depuis ce jour. Mes précieux amis, qui me suivaient depuis toujours... Disparus, envolés. Du jour au lendemain. (Une larme perla et coula le long de sa joue.) »

Je me doutais bien que l'histoire allait être aussi tragique que ça. Ils n'avaient pas été arrêté pour faux papiers, il avait été arrêté parce que ses Pokémon entraînés allaient se montrer très utiles pour le Projet Garou. Comment pouvait-on être aussi cruel ? S'en prendre aussi lâchement à un jeune homme plein de rêves, dans un seul but aussi futile que faire la guerre ? Il continua, en larmes, incapable de s'arrêter :

« Un mois de prison plus tard, j'aurais dû être fusillé publiquement pour une raison à la con, mais quelque chose ne se passa pas comme prévu. Les spectateurs se rebellèrent, et j'ai profité de la confusion pour m'échapper. Ils eurent beau tirer au-dessus de la foule pour leur faire peur, cela ne suffisait pas à les calmer. Alors, ils tirèrent dans la foule, et firent trois morts. Rapidement, je vis que l'émeute avait été déclenchée par un groupe de personnes qui voulaient me sortir de là. Ils étaient loin de s'imaginer que les soldats allaient ouvrir le feu sur les civils. Il s'avéra qu'en réalité, mes sauveurs étaient des soldats infiltrés de l'Armée Progressiste. Rapidement, ils me conduisirent sur leur territoire, où je fus bien traité. Moins de deux semaines plus tard, la guerre fut ouvertement déclarée entre les deux factions. (Il soupira, s'essuyant d'un revers de manche ses joues humides.) Même si mon cœur appartient à mon pays natal... Je ne peux pas m'en aller. Non pas parce qu'il n'y a plus aucun bateau qui circule entre cette île et le reste du monde, mais parce que je dois tout à mes sauveurs. Et que j'ai l'espoir, l'infime espoir, un jour, de retrouver mes précieux Pokémon... Voilà pourquoi, cinq ans plus tard, ils ont enfin accepté de m'emmener sur le champ de bataille. Malgré toute ma bonne volonté et l'entraînement intense que j'ai subi, je n'ai pas été autorisé à y aller avant. Un soldat doit avoir au minimum 25 ans, dans l'Armée Progressiste, pour partir au combat. Et je les ai eus il y a quatre jours. »

Je l'écoutais toujours, mais il avait terminé. Il s'essuya à nouveau avant de sortir rapidement, en voulant à tout prix éviter de croiser mon regard. Avait-il honte de lui, d'avoir pleuré, ou était-ce autre chose ? Au final, me dis-je, ce n'était pas moi, Sereina, qu'il appréciait. Il voulait être proche de moi car cela lui rappelait ses Pokémon, tout simplement. Je soupirai. Au final, il est comme les autres... Soudain, ce que j'avais vu ce matin me revint à l'esprit. Il fallait à tout prix que je prévienne quelqu'un pour le Garou que j'avais vu, mais comment ? Ils n'allaient pas comprendre facilement, me dis-je. Le mieux à faire était encore de les forcer à me suivre. Cela allait être dangereux, mais je préférais tenter le coup. Plutôt que d'attendre que le Dimoret-Garou vienne à moi, j'allais venir à lui... Accompagnée. Laissant ma sacoche sur mon lit, je me dirigeai rapidement vers l'entrée, bien entendu surveillée par une dizaine d'hommes qui discutaient distraitement. C'était maintenant ou jamais. Après avoir sauté sur place quelques secondes sur place pour m'échauffer, je partis en courant aussi vite que possible vers la sortie, qui était ouverte, malgré les soldats qui la gardaient. Ils mirent trop de temps à comprendre ce qui se passait, et j'étais dehors avant même qu'ils ne commencent à me pourchasser.

« -Mais... C'est le toubib ?! Cria quelqu'un.
-Rattrapez-la, vite ! »

C'était parfaitement ce que je voulais. Qu'ils me prennent en chasse. Après avoir bifurqué vers la gauche, j'escaladai aussi vite que possible un bâtiment en ruine pour qu'ils ne puissent pas me retrouver, pas tout de suite. Quelques minutes plus tard, après avoir habilement circulé d'un toit à l'autre, je redescendis. Ils étaient assez loin de moi, mais ils faisaient tellement de boucan qu'il était impossible de ne pas les entendre. Maintenant, le plus important allait être de trouver le Dimoret. Il n'était certainement pas seul, me dis-je. Mais ce n'était pas une raison. Il allait certainement me tuer dès qu'il en recevrait l'ordre, maintenait qu'il savait que j'étais ici, et je ne voulais certainement pas mourir. Je ne voulais pas qu'il soit tué, mais je voulais au moins qu'il soit blessé pour que lui et les autres Garous ne reviennent plus. Même s'il se prenait une balle ou deux, il s'en remettrait vite. L'Armée Régulière a des médecins, et les Garous sont naturellement solides.

Marchant lentement, constamment aux aguets, essayant de sentir la présence du Dimoret, je me rendis compte que cela ne servirait à rien. Il était de type Ténèbres, et me reposer sur mes maigres pouvoirs Psy était inutile. J'allais devoir utiliser tous mes sens pour ne pas le laisser me prendre par surprise. Je me mis en route vers l'endroit où je l'avais vu la dernière fois, derrière le Lycée. Je l'avais clairement aperçu accroupi, à moitié caché derrière une carcasse calcinée de voiture. Cela devait être le meilleur endroit pour le retrouver, me dis-je. Avançant toujours aussi discrètement, attentive au moindre son, tellement que l'envol d'un Poichigeon manqua de me faire tomber, j'arrivai enfin à l'endroit où je l'avais vu. La voiture était bien là, sur le parking, à l'arrière du lycée. Même si de la voiture il était possible de voir à l'intérieur du self, situé complètement au fond de l'aile Ouest, il suffisait de grimper sur le toit des sanitaires pour voir par-dessus le mur renforcé, et avoir une vue parfaite sur la cour intérieure, et possiblement l'intérieur des fenêtres.

Un bruit manqua de me faire sursauter. Me retournant rapidement, toujours debout sur le toit des sanitaires, je vis que le Dimoret était situé à l'autre bout du parking. Il m'avait vue, et il fut surpris. Alors, son regard s'assombrit.

« Te voilà... Me dit-il. »

Il fit un pas vers moi, et je descendis rapidement du toit, prête à courir.

« Tu es la dernière chose que je m'attendais à trouver ici, continua-t-il. Tout le monde est déjà au courant de ton... Enlèvement. »

Il avançait toujours, et, à mi-chemin, il dégaina un poignard à lame triangulaire, avec la ferme intention de s'en servir. Visiblement, il n'était pas en mesure d'utiliser de capacités de son type. La lueur pâle que dégageait le reflet du soleil sur le long couteau de tranchée me fit frissonner à nouveau.

« Mais... Les ordres sont les ordres, avoua-t-il lentement. Tu portes cet uniforme de ton plein gré. Et mes ordres... Non, nos ordres, sont de réduire en charpie tout ce qui est du côté de l'Armée Progressiste. Tu ne feras pas exception. »

Il essaya de se jeter sur moi, poignard en avant. Je fus plus prompte que lui, et il s'étala au sol, là où je me trouvais quelques secondes avant. Avant même qu'il ne se relève, j'étais partie, et il se lança à ma poursuite, bien décidé à me tuer. Pas étonnant que les soldats soit effrayés par les Garous, me dis-je. Sa vitesse, son temps de réaction, et son agilité était inhumains. Son poignard et ses vêtements étaient tâchés de sang séché, il devait avoir déjà assassiné plusieurs soldats. Je n'avais pas besoin de me retourner pour savoir que je gagnais du terrain, il était légèrement plus lent que moi. Il ne restait plus qu'à l'attirer vers les soldats...

Continuant à courir, essayant à force de détours et de bifurcation de revenir sur mes pas, je vis avec horreur que deux autres Garous avaient surgis devant moi : l'Aligatueur massif et le Colossinge, tout aussi impressionnants l'un que l'autre. Je ne savais pas pourquoi ils étaient là, mais j'étais prise en tenaille. Manquant de trébucher en voulant arrêter de courir, je pris la seule option qui s'offrit à moi : escalader une façade. L'un d'entre eux poussa un juron. Cette fois, il n'était plus question de ramener l'un ou l'autre devant les soldats à ma recherche : j'étais en danger de mort. Trop préoccupée par le Dimoret, j'avais complètement oublié qu'il n'était très probablement pas seul, et cela allait causer ma perte. Escaladant le mur aussi vite que je pus, j'entendis un coup de tonnerre, et un balle éclata un morceau béton à côté de moi. Ils avaient des armes... Comment allais-je m'en sortir ? Ils étaient plus nombreux, ils étaient armés, et ils connaissaient cette partie de la ville mieux que moi. Et les soldats qui auraient pu me sauver étaient trop loin. Paniquée, je descendis de l'autre côté d'une épicerie en ruine, avant de partir en courant vers la gauche. Le Dimoret surgit d'une ruelle perpendiculaire à l'allée où j'étais, un peu plus loin derrière moi, rapidement rejoint par les deux autres. D'autres coups de feu retentirent, mais aucun ne fit mouche. Tournant à droit gauche au bout de la rue à moitié démolie, je vis qu'il y avait de nombreux gravas par terre qui n'avaient pas été dégagés. Si seulement je pouvais les déplacer avec mes pouvoirs Psy pour les ralentir...

À force de courir en panique, j'eus une soudaine pointe de côté, ce qui me força à ralentir. Je savais que je devais reprendre mon souffle, mais c'était impossible. Si je m'arrêtais, j'étais probablement morte. Seule l'énergie du désespoir me permettait de continuer à courir. Soudain, j'entendis les soldats, quelque part à ma droite, probablement dans une rue parallèle à la mienne. Ils devaient avoir entendu les coups de feu, exultai-je, pleine d'espoir. Mon corps me faisait atrocement souffrir, mes poumons étaient en feu à cause du manque d'oxygène, mais je devais à tout prix les rejoindre. Le Dimoret était derrière moi, beaucoup trop proche. C'était maintenant ou jamais. Je tournai à droite à la première intersection, puis encore à droite. Les soldats étaient juste devant moi, à moins de cent mètres. Me voyant courir comme une dératée vers eux, ils me mirent immédiatement en joue. Lorsque le Dimoret fut en vue, juste derrière moi, ils comprirent.

« À terre ! Me cria l'un d'entre eux. »

Ni une ni deux, je me jetai à plat ventre, sur les pavés. Le Dimoret derrière moi eut juste le temps de crier « Nom de ! » qu'une dizaine de fusils d'assaut se mirent à tirer à l'unisson, emplissant la rue en ruine de leur musique mortelle. Quelque secondes plus tard, ils stoppèrent, et un silence de mort envahit le quartier.

« -Est-ce qu'on l'a eu ? Demanda quelqu'un.
-Je vois rien, y'a trop de poussière...»

Je ne bougeai pas, toujours à plat ventre, de peur qu'ils se remettent à tirer en voyant du mouvement. Ils s'approchèrent lentement, et s'arrêtèrent à ma hauteur. L'un d'entre eux commenta :

« Le toubib va bien. Et l'autre... Monstre, son cadavre est juste là. »

Ils m'aidèrent, ou plutôt me forcèrent, à me relever. Me tournant vers le Dimoret, j'eus un haut-le-cœur. Les fusils l'avaient littéralement déchiqueté. Son corps ne ressemblait plus qu'à un tas de chair troué qui trempait dans une flaque de sang. La puissance des armes était telle que son bras droit avait été arraché et traînait maintenant dix mètres derrière lui. Cette fois-ce, s'en fut trop pour moi. Incapable de me retenir, je vomis une partie de mon petit-déjeuner.

« -Woah ! S'exclama un soldat, s'écartant rapidement pour éviter les éclaboussures.
-Bordel, soupira un autre. On en enfin buté un. J'espère qu'il autant souffert que tous mes amis qu'il a mutilé. »

Pour appuyer ses paroles, il cracha sur le cadavre du Dimoret.

« -Et le toubib, on en fait quoi ? Demanda un autre.
-On la ramène. Ce n'est pas à moi d'en décider, donc on la ramène au Lycée. Elle s'expliquera avec le Commandant.
-Et... L'autre Garou ?
-Laissez son cadavre pourrir ici, qu'ils comprennent que nous aussi, on est dangereux, répondit l'autre avec fermeté.
-Bien, Sergent. »

Escortée de très près par la petite troupe, je me sentis d'un seul coup ridicule. Pourquoi avais-je fait tout ça ? Pour faire fuir les Garous pacifiquement ? Quelle fiasco... Il était mort à cause de moi, et j'avais bien failli y rester. Si les autres Garous n'avaient pas utilisé d'armes à feu, je serais morte à l'heure qu'il est, probablement mutilée au même titre que les soldats que le Dimoret et les autres avaient déjà tués avant. Encore une fois, j'avais été extrêmement chanceuse, mais à quel prix... Le peu de confiance qu'ils avaient en moi s'était envolé, et je préférai ne pas penser à ce que le Commandant allait me réserver.

Après quelques secondes à peine de marche, le contrecoup de ma cavalcade désespérée se fit ressentir. L'adrénaline que mon corps avait sécrétée ne faisait plus effet, et toutes mes dernières forces m'abandonnèrent. Incapable de tenir debout, je tombai, sombrant dans l'inconscience, alors que les soldats se précipitèrent sur moi pour me rattraper.