Par-delà les frontières (Second jet) de ShiroiRyu

Chapitre 40 : Ancien membre

« J'aurais bien dit de débarrasser le plancher et on vous laisse la vie sauve … mais vu qu'on ne doit laisser aucun survivant ... »

Le plus âgé des deux hommes a un sourire mauvais tout en prononçant ces quelques mots. Il regarde Ryusuke et les membres du conseil des élèves avant de lever la main en l'air.

« Que tout le monde aille dans le lycée. N'hésitez pas, ne laissez aucun élève ou pokémon vivants. Vous pouvez faire le plus grand des carnages possibles. »

« Qu'est-ce que … Il faut qu'on les arrête. » dit Ryusuke, s'apprêtant déjà à réagir pour éviter que tout cela ne dégénère. Mais Kasiopé le prit par le bras, hochant la tête négativement :

« Ne t'en fait pas à ce sujet. Ils seront tous en sécurité. Tu n'as pas à t'en faire. Je te le promets. Mais toi, tu ne dois pas être blessé et surtout … il ne faut pas que ces personnes mettent la main sur toi, Ryusuke. Tu comprends ce que je veux dire ? »

« Je ne comprends rien car j'ai l'impression que vous me cachez encore la vérité … ou une partie de celle-ci. Qu'est-ce que ça veut dire ? »

« Non, non, tu n'as pas à t'en faire à ce sujet, Ryusuke. Nous savons juste qu'ils veulent te récupérer, c'est normal, c'est ce qu'ils tentent de faire depuis le début. »

« Ce n'est pas faux. Désolé de t'avoir jugé de la sorte, ce n'était pas voulu. Juste que ... »

« Oui, je me doutes, avec tout ce qui s'est passé, tu viens à peine de retirer tes plâtres que tu es déjà inquiet de savoir s'il va t'en falloir d'autres. Nous sommes là. »

« C'est à peu près ça … ce n'est pas très glorieux, je sais mais bon … j'ai l'air ridicule. »

« L'air ridicule ? Mais non ! Pourquoi est-ce que tu dis ça ? Tu n'es pas ridicule, Ryusuke et tu ne le seras jamais. Arrête donc de te dévaloriser. »

« Hey, je vous dérange, tous les deux ? »

La voix féminine de Riza se fait entendre, agacée par les propos entre Ryusuke et Kasiopé. Les deux adolescents la regardent en clignant des yeux, Ryusuke reprenant :

« Désolé mais … on cherche un moyen de s'en tirer si ça ne se voit pas. »

« Ca se voit parfaitement alors arrêtes donc de te foutre de ma gueule, compris ? Je vous jure, ça se croit tout permis. Bon, je m'occupe des deux-là, je vous laisse le reste. »

« J'ai l'impression que ce n'est pas pour le trava… OK OK j'ai rien dit, Riza ! »

Le regard courroucé de l'adolescente aux cheveux blonds ne laisse pas vraiment la possibilité au jeune homme à ses côtés de s'exprimer. Pendant ce temps, de nombreuses pokéballs s'ouvrent de part et d'autres alors que lui-même ose à peine sortir la sienne, contenant Eleanor. Il n'est pas très motivé à ce qu'elle soit blessée.

« Ne t'en préoccupes pas, tu n'as pas à attaquer, Ryusuke. Nous allons te défendre et cela aisément. Qu'importe ce qu'ils ont en face. »

« Quelle fanfaronnade de votre part. Je crois qu'une leçon s'impose. CARCHACROK ! »

Riza a finalement elle aussi sa propre pokéball, l'envoyant en avant pour qu'ils puissent mieux voir le colossal pokémon qui en sort. Un Carchacrok. Rien que ça ? Un pokémon dragon ? Et surtout, il semble bien plus gros que les normaux.

« Nous ne sélectionnons que les meilleurs pokémon, rien de plus, rien de moins. »

« Comme des animaux de foire ou de bétail. Vous êtes répugnants. » répond aussitôt Junon en faisant une mine de dégoût après les propos de Riza. Celle-ci ne semble pas s'en préoccuper. Ce n'est pas elle sa cible … mais Kasiopé. Ryusuke ne sera pas un problème.

« Carchacrok, calcine-moi cette bigleuse. Plus vite elle disparaît, mieux ça sera ! »

« Bigleuse ? Non mais de quel droit est-ce qu'elle me permet de m'insulter ? »

« Je ne préfère pas me mêler de tout ça. Kasiopé, viens, on va s'enfuir plutôt. Ca sera mieux. Je n'ai pas envie que tu finisses blessée, toi aussi. »

Il la prend par la main, comme pour l'intimer de bien vouloir le suivre. Un peu surprise par le geste, elle reste immobile pendant quelques secondes avant de retirer sa main. Elle dit d'une voix lente bien qu'elle retrouve le sourire pour lui :

« Ne t'en fait donc pas, Ryusuke. Je ne la crains pas du tout. Ce n'est pas comme si elle savait réellement ce dont je suis capable. »

« Tu as une idée en tête, Kasiopé ? Je ne veux pas que tu te mettes en danger pour ça. »

Mais c'est déjà trop tard ou presque. Elle est prête à en découdre contre Riza. Comme quoi, l'insulte a vraiment du mal à passer, chose logique. Mais bon, ce n'est pas comme s'il y avait cinquante mille solutions. Il faut lutter pour survivre … mais il ne sait même pas le nom du groupe à qui ils ont affaire ! Il ne sait rien d'eux !

Et ce n'est sûrement pas mieux du côté de Kasiopé et du reste du conseil des élèves. AH ! Où est-ce que Junon et les autres se trouvent ? Il n'a même pas eut le temps de les voir partir avec ces deux hommes qui accompagnaient Riza. Devant son regard incrédule, Kasiopé lui chuchote très doucement :

« Ne t'en fait pas à leur sujet. Ils savent se débrouiller. Je crois même que leurs adversaires risquent d'avoir une surprise, du genre très déplaisante. »

« Comment est-ce que tu peux en être aussi sûre ? »

« Car je les connais depuis longtemps. Et toi aussi, Ryusuke. Même si tu nous as si souvent oubliés, ne t'en fait pas, nous sommes à tes côtés. Mais maintenant, si tu veux bien, je dois me concentrer sur cette gamine impertinente. »

« Gamine impertinente ? Non mais est-ce que tu t'es regardé avec ta tête de lard ? »

« Tes insultes m'indiffèrent complètement. Et ce n'est pas ton Carchacrok qui va beaucoup plus m'impressionner si tu veux tout savoir. Tu n'as que ça à me proposer ? »

Est-ce qu'elle se rend compte qu'énerver Riza risque de rendre la situation encore plus catastrophique que maintenant ? Mais en même temps, le regard derrière les lunettes de Kasiopé en dit long. Elle a une idée derrière la tête mais il espère pour qu'elle qu'elle n'est pas trop dangereuse. Lui-même va devoir réagir au bon moment.

Le bon moment … le bon moment … Il ne se préoccupe pas du pokémon Kasiopé. Il n'a de yeux que sur elle mais aussi sur Riza. Il vérifie que cette dernière ne s'en prend pas à Kasiopé par surprise pour tenter de la tuer. Il ne le supporterait pas !

« Tsss, pour un avorton, ton pokémon serait presque plutôt fort, c'est impressionnant. »

« Je ne sais pas si je dois prendre ça comme un compliment mais au final, je m'en fiche. »

« Ca sera pourtant la dernière chose que tu entendras de ta trop courte existence. Ca t'apprendra à te rapprocher de trop près de Ryusuke. »

« Tu me donnes l'impression de bien le connaître, n'est-ce pas ? »

« Et si c'était le cas, qu'est-ce que ça ferait ? Les morts n'ont pas besoin de savoir ! »

C'est donc ça ? Riza le connaît ? Depuis longtemps ? Mais lui n'a aucun souvenir. C'est le vide complet dans son esprit bien qu'il tente de s'en rappeler mais non, rien à faire. Il n'a aucune idée de ce que cela peut être.

« ASSEZ ! Ce combat n'a que trop duré ! Cessez ça tout de suite ! »

Ah ! La voix du principal ! Rien qu'en criant, les combats ont arrêté, toutes les têtes se tournant vers lui. Pendant un bref instant, Ryusuke remarque le sourire sur le visage de Riza bien qu'il n'arrive pas à en saisir la raison. L'homme bedonnant est là, devant une porte, plusieurs pokéballs à la main.

« Je ne vous laisserais pas causer plus de tort dans ce lycée. »

« Tiens donc, vous voilà enfin sorti. Maintenant que Sirénia est aussi prête à être capturée, nous avons tout ce que nous voulions. Quelle est la solution que vous préférez ? La méthode douce ou la méthode forte ? »

« Dans les deux cas, je sais très bien ce qui m'attendra … mais je ne vous laisserais pas faire, il en est hors de question. Tout simplement hors de question ... »

Plusieurs pokéballs s'ouvrent, laissant voir une Leuphorie, un Voltali ainsi qu'un Darumacho. Les trois pokémon se positionnent devant le principal, celui-ci reprenant :

« Alors, vous connaissez parfaitement ma réponse. Les enfants, partez. »

« Mais comment ? Le bâtiment est entouré par les forces ennemies. »

« Nullement. Je m'en suis chargé, je n'étais pas seul pour ça. »

« Hein ? Comment ça ? Qu'est-ce que vous avez fait exactement ? Enfin non … C'est bon. Kasiopé, on y va. Rappelles donc ton pokémon. »

Trop de blabla, ils parlent beaucoup trop tous les deux. Il regarde le proviseur, peu rassuré par la suite des événements. Pourtant, il doit lui faire confiance. Ce n'est pas vraiment une question de choix et de possibilités. On ne lui laisse pas vraiment d'autres solutions.

Main dans la main, Ryusuke court avec Kasiopé bien que lentement à cause de ses jambes, toujours plus faibles que les autres pour le moment. Un cri féminin se fait entendre, celui de Riza qui hurle qu'elle les rattrapera et qu'elle s'occupera de cette garce plus tard.

« Tu n'as donc pas honte, Riza ? De te comporter de la sorte ? Sincèrement ... »

« La ferme ! De quoi est-ce que vous vous mêlez ? Ca ne vous concernait pas ! »

« Oh que si … et tu le sais parfaitement, Riza. Comme les autres. Après tout ce temps, pourquoi avez-vous décidé de vous mêler de tout ça ? Pourtant, nous étions tranquilles. »

« La faute à l'expérience Alpha qui a réussi à s'échapper. Coïncidence ou non, elle est retournée auprès de Ryusuke. On ne pensait pas le revoir … et encore moins en ce qui vous concerne. Mais … pourquoi êtes-vous là, vous ? »

« Pour le protéger, tout simplement. Et c'est ce que je fais encore aujourd'hui. Vos soldats n'ont rien put faire par rapport aux nombreux pokémon que j'ai disséminé un peu partout. »

« Tss, ça ne fera que retarder l'inéluctable. Vous le savez parfaitement. Et ce n'est pas vos pokémon qui pourront réellement faire quelque chose, vous le savez encore plus. »

« Oh cela … ça reste à prouver, n'est-ce pas ? Tu te rappelles parfaitement de ma fonction. »

« Et vous n'avez plus les moyens liés à cette dernière. »

« Oh cela … ce n'est pas totalement faux … mais en même temps, ce n'est pas si vrai. Disons que j'ai pris quelques mesures de précautions au cas où cela dégénérerait. »

« Ne vous en faites pas, vos projets ont continué malgré votre absence. Nous sommes de plus en plus proches de trouver l'origine de ce que vous cherchiez dans le passé. »

« Vous avez décidé … alors que c'était une chose très dangereuse. Combien de sacrifices ? Combien de morts ? Combien de fois vous ai-je dit d'arrêter ? »

« Oh, ce n'est pas à moi qu'il faut se plaindre. Si vous n'aviez pas décidé de nous abandonner, ce projet serait terminé depuis longtemps et le nombre de pokémon morts aurait grandement descendu. Vous êtes le seul fautif dans toute cette histoire. Veuillez ne pas mettre cela sur le dos des autres, d'accord ? Ca sera bien mieux pour chacun. »

« Je suis autant responsable que vous de cette folie. Que cela soit pour l'expérience Alpha ou pour toutes celles qui ont suivi. Je ne me le caches pas … mais j'ai décidé de tirer un trait sur le passé. Je ne voulais pas m'en rappeler et ... »

« Vous n'êtes pas parti seul de toute façon. Votre vice-principal est autant coupable que vous dans toute cette affaire. Mais ne vous en faites pas, nous allons nous charger de lui. »

« Je ne pense pas … vu ce que j'ai préparé pour vous. »

Voilà qu'il a un sourire un peu énigmatique. C'est vrai. Elle n'a pas entendu de coups de feu ou de cris. De plus, aucune vitre n'a été brisée ou autre. Qu'est-ce que ça veut dire ? Le principal la regarde avant de faire un profond soupir :

« Sincèrement, je me demande pourquoi tu es encore avec eux. Normalement, tu n'es pas faite pour ce métier, n'est-ce pas ? Alors pourquoi ? »

« Car certains, contrairement à d'autres, n'ont pas eut le choix. Maintenant, c'est trop tard. Je viens récupérer ce que vous m'avez volé il y a de cela plus de dix ans ! »

« Ce qui t'a été volé ? De quoi est-ce que tu parles ? J'ai fait exprès de te laisser ton pokémon pour qu'il puisse te protéger. »

« Je ne parle pas de lui … mais de Ryusuke. Vous le saviez parfaitement et pourtant, vous avez quand même décidé de faire ça ! »

« Car ce n'est pas une vie qui l'attendait, surtout après cet incident avec l'expérience Alpha. C'était l'unique chance qu'il avait de pouvoir retrouver une vie normale. »

« Et vous ne vous êtes pas demandés si nous voulions la même chose à l'époque ?! Vous nous avez tout simplement abandonnés … mais ne vous en faites pas, on va arranger ça très bientôt, je n'aurais plus aucune réticence envers vous. »

« Ta folie t'aveugle, Riza. Tu as encore une possibilité de changer ça. Tu est maintenant une adulte ou presque. Tu peux … changer de voie et changer ton destin. »

« NE VOUS MOQUEZ PAS DE MOI ! ASSEZ ! Défendez-vous … ou mourrez. Les autres ne m'en vaudront pas si vous disparaissez. Ce n'est pas bien grave, oui. »

« Réfléchis à ce que tu fais, Riza. Tu ne reviendras pas en arrière. »

« Vous n'êtes pas le premier homme que je vais tuer, vous ne serez pas le dernier. » rétorque l'adolescente en tenue gothique, ordonnant à son Carchacrok de se préparer à l'assaut.

« Je ne parles pas de cela … mais de ce qui est ancré plus profondément en toi que le simple fait de me tuer. Tu le regretteras amèrement. »

Il n'a pas à lui donner des leçons de morale ! Il n'avait pas qu'à agir de la sorte s'il ne voulait pas que ça passe ainsi !Elle ne lui pardonnerait pas ! Et Ryusuke ? Elle va devoir le rattraper … après s'être débarrassé du vieil homme au corps bedonnant par l'âge.

Ailleurs, Ryusuke et Kasiopé ont la surprise de voir un homme portant des lunettes en face d'eux. Sur le coup, Ryusuke se place devant Kasiopé, comme pour la protéger avant de soupirer de soulagement pour dire :

« Vice-principal … qu'est-ce que vous faites là ? »

« Je ne fais que suivre les directives du principal. Accompagnez-moi, je vais vous mettre à l'abri. Les élèves le sont déjà mais nous allons prendre un autre chemin. »

« Et pour quelle raison ? Pourquoi ne devrions-nous pas rejoindre les autres ? »

« Pour éviter qu'ils partent à notre recherche, ils tombent sur les autres élèves. Ils ne se soucient guère de leurs sorts … et donc ils seront des cibles de choix. »

Il voit … Il voit … La situation a encore dégénérée et cette fois, il n'a pas Sirénia avec lui. Et son inquiétude grandit de plus en plus. Il n'a aucune idée de l'endroit où elle peut être. Et surtout, il n'a aucune idée de ce qui va l'attendre. Et ses parents ? Ils sont peut-être en danger. Ces hommes et ces femmes sont si monstrueux.