Par-delà les frontières (Second jet) de ShiroiRyu

Chapitre 39 : Sinistre journée

« Sirénia … Tel est mon nom. »

AAAAAAAH ! Il se retient de crier mais le mal est fait. Il se relève dans son lit, encore une fois en sueur, passant une main sur son front. Il est tout simplement transpirant de partout. Il n'y arrive plus. Il n'arrive plus à dormir correctement. Ce malaise qui l'envahi, il n'arrive pas à l'expliquer, il n'arrive pas à le combattre. Il n'arrive pas à lui tenir tête ! Il ne peut pas lutter contre lui ! Voilà le problème ! Il ne peut pas lutter contre ces choses !

« Ryusuke ? Qu'est-ce … Oh … Viens par là, je suis là. »

La voix de la Kirlia est douce et tendre, tendant les mains vers lui. Bien qu'elle soit beaucoup plus petite que lui, il s'enfonce dans ses bras, fermant les yeux pour reprendre une respiration plus normale. Du mal, il a beaucoup de mal à lutter.

« Allons, allons, Ryusuke, je suis là, d'accord ? Tu ne l'oublies pas, n'est-ce pas ? »

« Je ne l'oublie pas … mais ces cauchemars deviennent de plus en plus menaçants. J'ai l'impression de manquer d'air quand je me réveille. J'ai l'impression qu'ils sont tellement vrais … et que je pourrais en souffrir dans la vie réelle. »

« Ne t'en fait pas, ça n'arrivera jamais Ryusuke. Tu sais pourquoi ? »

« Car tu es là pour me protéger, c'est bien ça, Sirénia ? » dit-il en lui souriant, sourire qu'elle lui rendit avec tendresse avant de chuchote r :

« C'est exact. Mais bon, ça ne veut pas dire que je serai tout le temps là même si je l'espère grandement, Ryusuke. C'est juste … ah … oh et puis zut … quelle heure est-il ? »

Il vérifie dans le noir, regardant son réveil. Ouch, à peine deux heures trente, il a encore au minimum quatre heures. Eleanor finit par se réveiller, émettant un petit bâillement avant de se rapprocher de son dresseur. Elle frotte son museau contre sa joue, se collant contre lui et la Kirlia avant de refermer les yeux.

« Allez, endors-toi, Ryusuke. De toute façon, je veille sur toi, d'accord ? »

« Je le veux bien, j'accepte la proposition … mais je ne sais pas si j'y arriverai réellement. »

« Ne t'en préoccupe pas, Ryusuke. Je vais t'y aider et si un vilain cauchemar reviens, je te promets de m'en occuper, d'accord ? Qu'est-ce que tu en dis ? »

« J'en dis que ça me semble pas mal comme idée. J'accepte ta proposition, Sirénia. Bonne nuit … et essaie aussi de dormir de ton côté. »

Oh ça, il n'a pas à s'en préoccuper. Le plus important est qu'il ait son quota de sommeil. Elle-même, elle pouvait toujours dormir ensuite, sans même se poser de questions, pendant qu'il serait en cours, sur ses genoux. Rien qu'à cette idée, une petite rougeur envahit les joues de la petite Kirlia alors que Ryusuke s'endort presqu'aussitôt. Dire qu'il manquait de sommeil serait un euphémisme. Mais cette fois-ci, elle veille sur lui … comme auparavant.

Le lendemain matin, il a le soulagement de voir que rien de grave ne s'est passé pendant qu'il dormait. Une main derrière le crâne, il se frotte ce dernier d'un air un peu embêté. Bon, ce n'est pas que ça le dérangeait mais c'était un peu tout comme, quoi.

« Sirénia ? Je te laisse dormir ici ce matin. Tu viendras plus tard s'il faut, d'accord ? »

Aucune réponse à part un marmonnement. Logique. Si elle a vraiment veillé sur lui pendant toute la nuit, la fatigue de la petite créature doit être bien visible. Il la regarde pendant quelques secondes avant de pousser un petit soupir. Il déposa un baiser sur sa joue, se surprenant lui-même par ce geste avant de rentrer Eleanor dans sa pokéball.

« Ryusuke. Il y a deux charmantes demoiselles qui attendent devant la porte ! »

Une demie-heure plus tard, voilà qu'il est prêt pour aller au lycée. Deux demoiselles ? Kasiopé pour la première, il n'en doute pas un instant mais la seconde ? De qui est-ce qu'il … ah oui, bien entendu. Elle est là. Junon. Tiens ? Ils sont là aussi les jumeaux ?

« Il s'est passé quelque chose pour que tout le groupe stationne devant ma porte ? »

« Je voulais venir seule, comme à mon habitude, Ryusuke mais il semblerait que Junon et nos deux compères ont décidé du contraire. »

« Je remarque ça, Kasiopé. Enfin, ce n'est pas grave, on a mieux à faire que de se disputer pour des choses de la sorte. Maman, Papa, j'y vais ! »

« Travailles bien à l'école, Ryusuke ! » crie sa mère depuis la cuisine alors qu'il quitte la maison familiale. Hey, hey, hey … Ca va encore hein ? Il n'est plus un enfant.

« Alors ? Comment cela te fait de retrouver l'usage complet de tes membres ? »

« Que je ne suis pas à plaindre et que ça fait du bien, beaucoup de bien, si tu veux tout savoir. Pourquoi cette question, Pik ? » dit l'adolescent aux cheveux noirs en le regardant.

« Oh, juste prendre de tes nouvelles, rien de plus. Qu'est-ce qu'il y a de mal à se faire du souci pour un camarade de classe ? »

« Tout simplement le fait qu'il s'agisse de toi et de ton frère, donc je me méfies deux fois plus, voilà tout. Rien de plus, rien de moins. »

« Tu devrais ouvrir ton cœur plus aisément à autrui, Ryusuke. Tu verrais, tu te sentirais beaucoup plus soulagé ensuite, oh que oui. »

« Non mais oh, si je voulais un cours de psychologie, ça ne serait pas le duo de jumeaux cinglés que j'irais voir mais quelqu'un avec un doctorat là-dedans. »

« C'est bon, vous deux ? Vous avez fini de vous disputer ? Ryusuke, nous sommes venus te voir pour te féliciter de ton rétablissement. » dit Junon calmement.

« Et nous pardonner de notre conduite d'hier, à toutes les deux. » complète Kasiopé.

« Votre conduite ? Qu'est-ce qui s'est passé hier ? »

« Oh … Rien du tout … Tiens ? Je n'avais pas remarqué mais … Sirénia n'est pas là ? »

« Elle dort, il faut qu'elle dorme. Je l'ai donc laissée dormir. »

Il avait répété plusieurs fois ce même mot. La raison est simple : lui-même sait qu'il doit laisser la pokémon se reposer. Dans la chambre de Ryusuke, une aura noire se forme autour de la Kirlia, celle-ci ayant ses yeux verts grands ouverts, murmurant :

« Il est toujours là … toujours autour de lui. Je ne sais pas ce que c'est … mais il me faut plus de force sinon, je ne pourrais pas l'arrêter. »

Elle finit par se relever dans le lit, regardant autour d'elle. Ryusuke n'est pas là ? Il est … déjà parti à l'école ? Sans elle ? Elle descend les escaliers, demandant aux parents si Ryusuke était déjà au lycée. La mère de l'adolescent lui répond que oui.

Zut ! Il aurait put la réveiller non ? Même si elle sait que ça ne part pas d'une mauvais intention de sa part, qu'elle sait qu'il pense surtout à elle dans ces moments-là … il n'était pas obligé de faire ça ! Elle pousse un petit grognement avant de se téléporter.

« Et bien, Ryusuke ? Tu sembles ailleurs aujourd'hui. »

« Je ne sais pas … Sans Sirénia, j'ai l'impression que je me sens un peu vidé de mes forces. Vous ne trouvez pas ça étrange en soi ? »

« Pas le moins du monde, Ryusuke. Sirénia est déjà très importante pour toi même si tu ne voudras sûrement pas le reconnaître. »

« Hein ? Mais je le reconnais parfaitement, je ne suis pas aveugle non plus. »

Il dit cela tout en haussant les épaules alors que les cours de la matinée sont maintenant terminés. Sirénia n'est pas encore réveillée ? Ou alors, est-ce le cas mais elle a décidé de ne pas venir ? Cela pourrait être possible aussi …

« Qu'est-ce que ça veut dire ? Est-ce que je n'arrête pas de me tromper de chemin ? »

Un regard à gauche puis à droite et pourtant, elle n'y arrive pas, c'est tout simplement impossible. Et pourtant, c'est le cas. Elle arrête de se téléporter, haletante, cherchant du regard où elle se trouve. Comment as t-elle fait pour se retrouver en pleine forêt ? C'est à se poser la question avant qu'elle ne fronce les sourcils :

« Quelqu'un ou un pokémon s'amuse à mes dépends. »

Et si elle finit par l'attraper, autant dire qu'elle va lui faire passer un mauvais quart d'heure. Elle ferme les yeux, cherchant sa présence mais elle se retrouve confrontée … à rien du tout. Cela veut dire uniquement une chose :

« Un pokémon ténébreux est en train de l'aider. Ils sont plusieurs. »

Et ils se devaient d'être focalisés sur elle pour l'arrêter. Ce qui revient à dire que ses pokémon sont dressés … et que Ryusuke est en danger, comme les élèves du lycée ! Raison de plus pour trouver les responsables et les exterminer !

« HMMMM ! Quelle bonne idée que le professeur décide d'être absent. »

« Une heure devant nous pour ne rien faire, la belle vie, quoi ! »

« Je ne sais pas si on peut dire ça … mais je sais une chose, je vais en profiter ! »

Voilà qu'il finit par se lever de sa chaise. Tant qu'ils ne sortent pas du lycée, ils peuvent se promener … et surtout ne pas faire trop de bruit car les autres classes ont cours. Mais ça va lui faire du bien de marcher normalement, il faut qu'il muscle ses jambes.

Et c'est ce qu'il fait. Il marche tranquillement, regardant par la fenêtre dans les couloirs. Ah … Sirénia, mais qu'est-ce qu'elle fait ? Elle serait capable de bouder car il ne l'a pas réveillée mais elle ne le laisserait pas seule non ? Il cligne des yeux en regardant au loin, hors du lycée. C'est quoi ça ? Pourquoi y a autant de personnes à l'extérieur ? Mais surtout, elles ont l'air carrément louches.

« Ca ne me plaît pas du tout. Eleanor, sors de ta pokéball. »

Une simple mesure de précaution alors que la Draco apparaît à côté de lui. Il finit par quitter les couloirs du lycée par la porte de derrière, restant sur ses gardes. Qu'est-ce qu'ils veulent ces types ? Et surtout, de qui est-ce qu'il s'agit ?

« Ils ont finalement décidé de passer à l'offensive. »

Dans une autre classe, Junon a jeté un bref regard par la fenêtre. Elle décide de se lever, les autres élèves comme le professeur la regardant, ce dernier disant :

« Mademoiselle Junon ? Que se passe t-il ? »

« Je suis désolée, professeur. Je dois contacter le reste du conseil des élèves et le proviseur tout de suite. Je rattraperai le retard, je vous le promets. »

« Aucun … souci de ce côté, je vous fais confiance, mademoiselle mais quitter le ... »

Pas le temps, malheureusement, de discuter. Elle a déjà quitté la salle de classe avant de se mettre à marcher rapidement dans les couloirs. Kasiopé est déjà là, la regardant à travers ses lunettes, la mine soucieuse :

« Ryusuke n'est pas dans sa classe. J'ai voulu … me renseigner et ... »

« Il faut aller voir le principal le plus tôt possible, Kasiopé. Pik et Rik sont au courant ? Cela m'étonnerait que ça ne soit pas le cas. »

« Ils doivent l'être, j'ai put voir Rik qui courait dans les couloirs. En temps normal, je l'aurais arrêté mais là, je ... »

Une secousse frappe le bâtiment, des cris se faisant entendre dans toutes les salles de classes. Aussitôt, quelques élèves sortent de leurs salles, criant :

« AU SECOURS ! UN TREMBLEMENT DE TERRE ! JE NE VEUX PAS MOURIR ! »

« Je suis trop beau pour disparaître aujourd'hui ! Sauvez-moi s'il vous plaît ! »

« Ca ne servira à rien de leur dire de se calmer. Allons chercher Ryusuke, j'ai l'impression qu'il est en train de commettre une énorme bêtise. »

Et ça ne sera pas qu'une impression bientôt. Les deux adolescentes se remettent en route, cherchant dans les couloirs la présence de Ryusuke. Si seulement Sirénait là, elles auraient put communiquer avec elle par la pensée.

« Rien à faire, il n'est pas dans les environs … voire non pas dans le bâtiment. Est-ce qu'il aurait été dehors ? Kasiopé, toi qui le … connaît mieux … grumpf … tu penses qu'il … ? »

« Je ne le pense pas, j'en suis plutôt convaincue voire sûre et certaine. »

« Et zut alors ! Il faut que l'on se dépêche donc, Kasiopé ! Il est en danger de mort ! »

« Pas besoin de le crier, je le sais aussi bien que toi, Junon. Si nous nous emportons maintenant, on ne saura pas comment réagir « normalement » à la situation. Ca serait bête de tout gâcher comme ça. Et désolée de te parler comme ça … »

« Pas besoin de t'excuser. Je ne sais même pas pourquoi je m'agace autant pour lui. »

Pour les mêmes raison qu'elle, Kasiopé, se fait du souci pour Ryusuke. Sauf que Junon n'arrive pas à l'admettre, chose très difficile pour la présidente du conseil des élèves. Il faut dire que Kasiopé ne lui facilite pas la tâche.

Dans la cour de récréation, Ryusuke est tout simplement debout, sagement sur place, les mains dans les poches. Il faut dire qu'il n'a pas trop la possibilité de bouger. Pourquoi ? Tout simplement car en face de lui se trouve Riza … Une Riza qui n'est pas seule. Deux hommes, un qui doit être à peine plus âgé qu'eux eux et un autre qui doit avoir la quarantaine d'années. Derrière eux ? Une bonne centaine de personnes qui portent le même uniforme.

« Sympathique, il nous facilite les recherches. » dit le jeune homme à côté de Riza.

« Tsss, rien n'empêchera de donner une leçon à ce fameux proviseur et d'éliminer aussi les élèves. Un simple avertissement pour les autres. » complète le second homme.

« Nous ne sommes pas là pour détruire, aujourd'hui. Nous sommes juste venus te récupérer Ryusuke. Est-ce que tu veux rendre la tâche plus difficile ? »

« Quelle tâche ? Et pourquoi auriez-vous besoin de moi ? »

« Tu n'as pas besoin de connaître les réponses à tes questions. Il vaut mieux pour toi que tu nous suis, tout simplement bien gentiment. Qu'en dis-tu ? »

« Que cela ne va pas être possible, malheureusement. »

Une voix féminine le fait se retourner, Kasiopé arrivant jusqu'à lui, rapidement rejointe par Junon, Pik et Rik. Aussitôt, un grognement se fait entendre de la part de Riza, ses deux compagnons posant le regard sur elle sans rien dire.

« Qu'est-ce que vous faites ici, les filles ? Oh … et les gars ? »

« Merci de ne pas nous oublier. Ce que l'on fait ici ? Voir qui sont les responsables des tremblements qui secouent le lycée. Je pense qu'on a nos responsables. » dit Kasiopé, posant une main sur l'épaule de Ryusuke avant de lui chuchoter : « N'en fait pas trop et vas te mettre à l'abri. Surtout que tu n'as pas Sirénia avec toi aujourd'hui. Et ton corps a encore besoin de se soigner, ne l'oublie pas, hein ? »

Un nouveau grognement significatif de la part de Riza, Ryusuke le remarquant en clignant des yeux. C'était quoi son souci maintenant à elle ? Et surtout, au final, elle était bien venue … pour lui, n'est-ce pas ? Elle avait bien décidé d'emmener ses compagnons jusqu'ici … juste pour lui. Tss, quelle adolescente détestable.