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Garous de GalloViking



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» Auteur : GalloViking - Voir le profil
» Créé le 01/05/2015 à 02:11
» Dernière mise à jour le 08/11/2015 à 18:08

» Mots-clés :   Présence d'armes   Présence de transformations ou de change   Région inventée   Science fiction

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Demi-tour (Miyu, 28-29 Mars)
La veille, contrairement au sommeil que j'aurais dû avoir, j'avais passé la majeure partie de ma journée à accompagner le Zoroark ici et là. Malgré ma fatigue, il avait insisté pour me dire à quel point c'était important. Et il n'avait pas tort : pendant cet après-midi, il s'en était passé des choses... J'avais fait le tour de la ville, j'avais rencontré des soldats pour les habituer aux Garous, j'avais étais habituée au maniement des armes de poing... Et des balles à blanc. Pour une raison qui m'échappait, je n'avais pas rencontré le moindre civil, alors qu'il y en avait visiblement qui travaillaient dans les différents bâtiments. Mais le plus marquant avait été lors de ma rencontre avec les opérateurs radio.

« Elle ne servira à rien ici, avait dit un officier. »

Le choc avait été encaissé tant bien que mal, mais ce n'était pas terminé. L'officier avait enlevé le casque sur ses oreilles pour me demander de l'accompagner à part, seule à seul. Là, il m'avait proposé quelque chose.

« -Si vous tenez à vous rendre utile, nous n'avons pas besoin de vos oreilles, mais de vos yeux.
-C'est-à-dire ? Avais-je répondu. Vous avez une greffe à faire ?
-Euh... Non. Écouter les conversations radio n'est parfois pas suffisant. Nous avons besoin d'un espion infiltré. Mieux : d'un saboteur.
-Vous voulez que moi, je retourne là-bas ? Seule ? Hors de question. Et cette fois je ne plaisante pas.
-Techniquement, vous n'avez pas le choix. C'est un ordre direct de la part d'un de vos supérieurs. »

Je n'avais pas répondu, maudissant ce système de hiérarchie. Il avait raison : en retournant ma veste, je faisais parti de l'Armée Progressiste. Alors, je demandai :

« -Et en quoi consistera mon travail ? Vous allez me demander de prendre des photos et de vous les envoyer ?
-J'en déduis que vous acceptez, Garou. C'est simple. Demain, on vous fera parvenir un équipement et de quoi rester en contact avec nous, dit-il en désignant les autres opérateurs, occupés à écouter je ne sais quelle conversation.
-Et je vais là-bas comment ? À pieds ?
-Très perspicace. Les véhicules sont réservés aux officiers et aux urgences. Vous n'êtes ni l'un ni l'autre, soupira-t-il.
-Et mon équipement, ça correspond à quoi exactement ? Le mien me va très bien.
-Peut-être, mais vous avez une tenue de la mauvaise armée. On va vous faire parvenir une tenue plus discrète, une arme et une radio. Peut-être une boîte de rations, à la limite.
-Une radio ? Je pourrai rester en contact avec n'importe qui ? Demandai-je, pleine d'espoir. »

J'avais vraiment espéré qu'il réponde positivement. Pour pouvoir rester en contact avec Sereina, même rarement. Car je savais que j'allais me séparer d'elle un long moment... Il me regarda un moment, sans réaction. Puis il sourit et lâcha un petit rire, avant de se calmer.

« Vous plaisantez là aussi, j'espère ? La seule personne que vous pourrez contacter, c'est lui, dit-il, en désignant un opérateur qui dormait affalé sur une table, dont la casquette couvrait le visage. Nous ne vous faisons pas confiance. »

Je lui lançai un regard noir avant de tourner la tête et de retourner voir le Zoroark, sans même saluer l'officier, qui s'échappa et retourna à ses occupations. Officier mon cul... En sortant, j'étais tombée sur Sereina. Suite à cette scène d'adieu douloureuse, j'étais retournée avec le Zoroark et un autre officier qui m'avait déjà emmené ici, jusqu'à l'avant-poste à quelques minutes de la ville. Là, ayant encore des larmes aux yeux, je m'étais endormie sur le toit du bâtiment, refusant d'être vue par qui que ce soit.



Le lendemain soir, ce soir donc, j'étais toujours à la même place. Toute ma fatigue accumulée les derniers jours avaient eu raison de mon courage, et je ne m'étais pas levée la nuit dernière. Cependant, après avoir dormi pendant plus d'une journée, j'étais on ne peut plus en forme. Mangeant ce que j'avais emporté avec moi sur le toit, je regardais le soleil se coucher, le ciel étant rouge. Il ne devait pas être loin de 19h30... Pleine d'énergie, je descendis du toit, sous le regard attentif d'un soldat qui attendait, appuyé contre le mur du bâtiment.

« -Vous devriez vraiment éviter de faire ça, la chose, me dit-il.
-Pourquoi ? Demandai-je, en toute innocence. Si je tombe, vous me rattraperez non ?
-Certainement pas. Au fait, la moitié du personnel a été remplacé dans la journée, pendant que vous dormiez là-haut. Certains ne savent même pas qu'un hybride rôde dans le camp. »

Je ne répondis pas. Devant mon mutisme, il hocha les épaules et, de derrière son masque anti-blizzard, il continua :

« L'autre Garou m'a demandé de vous prévenir que votre attirail était arrivé. Il vous attend dans l'hôpital, allez le voir. »

Et il retourna s'appuyer contre le mur. Je le regardai encore un moment avant de rentrer dans le bâtiment. Cela faisait étrange de parler avec des soldats habillés comme eux. Ils n'avaient pas le moindre signe distinctif : tous habillés de la tête aux pieds dans une tenue à la fois efficace contre le froid et contre les balles, me dis-je. J'étais incapable de les différencier. Alors que pour eux, j'étais la seule personne différente. Cela me rappela le laboratoire... Peut-être que partir seule en territoire ennemi me ferait du bien, finalement ? Comment pourrais-je me sentir différente si j'étais seule, après tout ?

Je rentrai dans la salle du fond, où le Zoroark (à défaut d'avoir un autre nom) travaillait. Il enleva l'œil de son microscope et me salua rapidement.

« -Ils vous ont à la bonne, ma chère Miyu, me dit-il. Votre équipement vient d'arriver, avec quelques suppléments.
-Ah ? Quoi de beau ? Ils me donnent une escorte en plus ?
-Voyez vous-même, répondit-il. C'est dans le carton juste là.
-Pour l'escorte en tout cas c'est loupé. »

Je m'approchai dudit carton. La vidant rapidement sur le sol, je fis l'inventaire. Une tenue noire en trois pièces : pantalon, veste et cagoule, identique à la tenue portée par les soldats ayant infiltré la base pour récupérer Sereina et le blessé. Un sac à dos de la même couleur était plié avec quelques trucs dedans. À cela s'ajoutait une pistolet accompagné de trois chargeurs, deux boites de munitions, une boite en carton avec « Ration » marqué dessus, et une toute petite radio attachée à une oreillette. Je n'avais pas le matériel pour la trafiquer, dommage. Le Zoroark ne perdit pas de temps et expliqua :

« -L'arme, c'est ce qui se fait de mieux en armes de poing. Un CP 45, normalement réservée aux officiers : vous avez de la chance. Chargeur huit coups, calibre 0.45 pouces, comme son nom l'indique. Vous avez aussi deux boites de 40 munitions chacune. Je ne sais pas pourquoi ils vous ont donné autant de puissance de feu... La boite en carton est une boite contenant trois rations K, de quoi tenir trois jours, donc. La radio, c'est un modèle unique. Vous mettez l'oreillette, vous appuyez sur la bouton, et vous êtes en contact immédiat avec les opérateurs radio de Katara.
-Katara ? C'est la ville ? Demandai-je, curieuse.
-Oui, c'est la ville où nous sommes allés hier.
-Comment vous savez autant de chose sur l'équipement ? Vous êtes soldat ?
-Non, pas du tout. J'ai juste supporté les explications de l'armurier qui a apporté ça hier. Il m'a expliqué pendant presque une heure à quel point ce colis contient un équipement rare et précieux. Ce pistolet est rare, il y en a à peine 50 exemplaires dans tout Destria. Cette radio a été faite spécialement pour vous, et la tenue n'est pas courante non plus.
-Pourquoi ils me donnent tout ça, si c'est si rare ? Ils me font confiance ? (Je rigolai et il sourit à son tour.) Ou alors ils n'ont pas peur que ça tombe aux mains de l'ennemi ?
-Je n'en ai pas la moindre idée, ma chère. »

Je regardai encore l'arme. Dans un sens, j'étais contente d'avoir de quoi me protéger. Dans l'autre, j'étais inquiète. Me donner une telle arme, cela voulait dire que ma vie allait être réellement en danger, et je ne savais pas vraiment comment manier une arme à feu, malgré l'entraînement de la veille. Mais pourquoi autant de munitions ? Refusant d'emporter tout ça avec moi, je tendis l'une des deux boites au Zoroark.

« -Je n'ai pas besoin d'autant de munitions. Donnez ça à quelqu'un d'autre.
-Je ne vois pas à qui, répondit-il.
-Pourquoi ? Les soldats tirent avec quoi ? Je demande ça sérieusement.
-Les fusils d'assaut utilisant ces munitions ne sont plus utilisés. Les nouveaux utilisent un autre calibre.
-C'est compliqué toutes ces histoires d'équipement, soupirai-je. Tant pis, redonnez-moi la boite...
-Moins que la génétique, répondit-il. Au fait, vous avez ordre de partir dès que vous pouvez. Ce qui veut dire ce soir, maintenant que vous avez votre équipement.
-Et je suis censée faire quoi au juste, bon sang ? Je n'ai reçu aucun ordre, aucun endroit où aller ! »

Il haussa les épaules, avant de répondre :

« Le mieux à faire est encore de rejoindre le territoire Régulier. Je vous conseille de passer par la forêt de Zvigold. C'est un lieu normalement désert de soldats. »

Je m'habillais devant lui, l'écoutant, et il détourna rapidement le regard. Je constatai que la tenue était à ma taille. Cela allait me changer de mes anciens vêtements trop larges... Je portais une tenue légère trop grande depuis mon arrivée au fort Aurora. Là, j'avais accès à une tenue toujours aussi légère que l'autre, mais beaucoup plus souple et pratique. De plus, elle cachait entièrement mes anneaux brillants, même celui sur mon front grâce à la cagoule. Ne restaient que mes yeux rouges et les anneaux de mes longues oreilles... Et ma queue. Le sac à dos qui accompagnait la tenue n'était en fait pas à dos, mais plutôt sac à hanche. Il s'attachait juste derrière les hanches justement, avec deux sangles. Drôle d'idée, me dis-je... Une fois habillée, je dis au Zoroark Garou :

« -Je suis fin prête à partir.
-Alors, bonne chance, Miyu. C'est probablement la dernière fois qu'on se voit, alors je vous fais mes adieux.
-Merci pour tout. Et, pourquoi on ne se reverrait plus ? »

Il ne répondit pas et retourna à ses études. Il cachait bien entendu quelque chose, et il n'allait pas en dire plus. J'avais passé peu de temps avec lui, mais j'avais tout de suite compris qu'il voulait garder tous ses fardeaux pour lui. En me dirigeant vers la sortie, je remarquai que la veste de la tenue avait un holster intégré pour une arme de point. Parfait, me dis-je, avant de mettre le pistolet dedans. Je n'étais pas violente par nature, mais contrairement à Sereina, j'étais loin d'être pacifique. Je n'hésiterai pas à me servir de l'arme que j'avais en main pour sauver ma peau.

Une fois dehors, le soldat appuyé contre le mur siffla d'admiration.

« -Bah ça alors ! Ils y sont pas allé avec le dos de la main morte pour votre équipement, l'hybride !
-J'ai un prénom, vous savez, répondis-je.
-Miya... Maya... Mayo?
-Miyu. C'est pourtant pas compliqué à retenir.
-Si vous voulez. Bon courage là-bas. Même si je n'apprécie pas les abominations dans votre genre, vous êtes quand même une alliée. Vous manquez pas de courage, dit-il, après quelques secondes de silence.
-Je n'ai pas eu le choix, répondis-je avec un ton acide.
-Vous restez l'une des nôtres. »

Il ne répondit pas. Après avoir fixé mon reflet encore un moment dans la grosse visière de son masque, je me dirigeai vers le portail de sortie. Je constatai que de nombreux soldats étaient non loin du portail. À mon approche, ils se mirent tous au garde-à-vous. J'avais assez observé ce geste pour savoir qu'il symbolisait le respect, et je fus émue par la scène, qui se révélait plutôt ironique. Tous se souviendraient de moi, alors que je ne pouvais pas les différencier les uns des autres. Ne voulant pas faire durer les adieux plus longtemps, je sortis, avant de partir en courant dans la direction opposée à la ville de Katara, de manière à m'éloigner autant que possible, avant de m'occuper de ma prochaine destination.

Bien entendu, dans les plaines enneigées, il ne se passait grand chose, et je marchai sans but pendant une petite heure en sifflotant un air chanté maintes et maintes fois par Jason, le scientifique qui s'était occupé de moi, avant de finalement m'arrêter. Une carte et une boussole étaient dans mon sac, et je décidai de chercher ma prochaine destination... Le choix fut simple : partir Est Sud-Est pour rejoindre la forêt de Zvigold. Là, je suivrai la route. D'après la carte plutôt bien remplie, je remarquai que la partie Nord du pays était composée de quelques grandes villes, le reste était majoritairement désert. La partie Sud était majoritairement composée de nombreux villages fermes. Intéressant, me dis-je. Un bruit me fit rapidement lever la tête. En trouvant l'origine, je vis qu'il s'agissait d'une meute mixte de Pokémon sauvages qui chassaient. Ils semblaient suivre une piste, car ils s'éloignèrent de moi rapidement. Je soupirai de soulagement. Je ne savais pas du tout si les Pokémon sauvages attaquaient les humains, mais en plein hiver, où la nourriture se fait rare pour les prédateurs, il fallait s'attendre à tout de leur part. Refusant de rester là, je partis rapidement, guidée par ma boussole.

La pleine lune avait eu lieu il y a seulement quelques jours et elle était donc bien en évidence dans le ciel, ce qui me donna l'énergie dont j'avais besoin. Au pas de course, m'arrêtant toutes les cinq minutes pour stabiliser ma boussole et vérifier si j'étais dans la bonne direction, je m'approchais peu à peu de la forêt de Zvigold. Lorsqu'elle fut enfin en vue, j'aperçus également l'usine, au loin. Tellement petite... Mais la fumée qui s'en élevait était aussi visible que la gemme sur le front d'un Mentali. L'usine qu'Isadore et son groupe avait à moitié démolie, réduisant à néant ou presque les réserves de carburant de l'Armée Progressiste. Je ne savais pas combien cela avait fait de mort, mais j'estimai le bilan à une trentaine. Je secouai la tête et repris ma course, me dirigeant vers la forêt. Je me déplaçais depuis longtemps maintenant... D'après la carte, j'avais parcouru près de 50 kilomètres quand je fus enfin arrivée à l'orée Nord de la forêt de Zvigold.

« Je marche deux cents mètres en plein jour je tombe de fatigue, là je cours 50 bornes et je suis encore en pleine forme. Eh beh. »

Je me parlais à moi-même comme j'en avais l'habitude. Ça m'aidait à me calmer, ça me rassurait. M'appuyant contre le premier arbre en vue, je sortis la petite radio. Approchant l'oreillette de mon oreille, j'appuyai sur le seul bouton visible sur le cadran. Une seconde, puis deux, puis cinq... Et à la dixième, j'entendis des grésillements.

« -Ceci est une fréquence privée. Déclinez votre identité immédiatement, à vous.
-Oui, allô ? C'est moi.
-Moi qui ? Déclinez votre identité complète, à vous.
-Miyu. Moi être Miyu. Toi comprendre ?
-Miyu ? Attendez un moment... »

Je soupirai, avant de faire tournoyer l'oreillette par son fil un petit moment. Quand les grésillements recommencèrent, je la rapprochai de mon oreille.

« -Miyu, le Garou ? À vous.
-Oui, c'est moi ! Qui d'autre ?
-Si c'est bien vous, dites-moi de quelle ville vous êtes partie, à vous.
-La ville de Katara.
-Effectivement. Pourquoi nous contactez-vous ? À vous.
-Je voulais vérifier si la radio marchait, c'est tout.
-... Effectivement, c'est une bonne idée. Où êtes-vous ? À vous.
-Je viens de rejoindre la forêt de Zvigold.
-Vous... Quoi, déjà ? Je croyais que vous deviez y aller à pieds, à vous.
-J'avais bien compris que les véhicules ne servaient qu'aux officiers.. J'ai fait le chemin à pieds.
-En parlant d'officier... Le mien vient de partir dormir. Ouf, je vais pouvoir parler un peu plus librement. Écoutez Miyu, je suis celui qui va être en contact direct avec vous. Je pense que vous le savez déjà, mais votre radio n'est en contact qu'avec une seule fréquence : la mienne.
-J'avais compris ça aussi, pas de problème. Donc, expliquez-moi un peu ce que je dois faire ?
-Si vous êtes à la forêt, c'est que vous voulez rejoindre discrètement l'autre territoire, n'est-ce pas ?
-Bien vu, répondis-je en haussant les épaules.
-Tant mieux, car la frontière Nord-Sud est infranchissable sans passer par la forêt. Bref, la forêt est normalement sûre, les soldats n'y vont jamais. Bon, rappelez-moi quand vous en serez sortie. Des conversations trop longues sont faciles à espionner. Je coupe avant que nous soyons mis sur écoute, terminé. »

Et il coupa. Quelle brutalité, me dis-je. Il avait surtout envie d'aller dormir et se fichait pas mal de moi. Cela dit, je le comprenais, il était plus de trois heures du matin. Remettant la radio au fond de mon sac, je dépliai la carte. J'avais encore 25 kilomètres à parcourir avant d'arriver dans la ville déserte de Zvigold. Me remettant donc en marche, je continuai ma route, espérant atteindre le village avant le lever du jour, de manière à trouver un coin où me rouler en boule, qui soit à l'abri d'une quelconque pluie ou neige. La forêt était dense, mais les bords de la route avaient été déboisés, même chose pour le village. C'était soit dormir dans une maison abandonnée, soit dormir sous un arbre.

Au bout d'une heure de marche, je me sentis épiée. Pire : je me savais épiée. Ma vision claire dans l'obscurité m'aidait à clairement discerner de nombreux Pokémon sauvages qui m'observaient avec un grand intérêt. J'en reconnus quelques uns que j'avais déjà vu en passant la dernière fois, pour attaquer l'usine. Le frère d'Isadore était l'un d'entre eux. Trop joueuse pour l'ignorer, je finis par me retourner brusquement vers lui. Le résultat fut immédiat : tous paniquèrent et disparurent dans les fourrés. Ils allaient revenir, me dis-je. Ils sont beaucoup trop curieux... Pas étonnant que l'Armée Régulière ait réussi à en capturer autant pour les premiers tests du Projet Garou. Effectivement, après une demi-heure de marche, ils étaient de retour. Cette fois-ci, c'était à mon tour d'être curieuse, alors je demandai :

« Dites, si je suis aussi intéressante que ça, vous pourriez faire l'effort de venir me voir. »

J'avais bien entendu parlé de manière à être comprise, ce qui les étonna. Alors, la minute d'après, un jeune Absol plus courageux que les autres sortit et se plaça devant moi. Je m'agenouillai pour être à sa hauteur.

« -Salut mon bonhomme. Je peux savoir pourquoi vous me suivez comme ça ?
-On vous surveille, parce qu'on pensait que vous étiez une humaine, répondit-il, méfiant.
-Pour quoi faire ?
-Les humains sont interdits dans la forêt. Ils nous ont causé trop d'ennuis.
-Je comprends. Je n'allais pas dans la forêt, j'essayais juste de rejoindre le village un peu plus loin. »

De plus en plus de Pokémon de tous les types et tous les degrés d'évolution sortirent peu à peu des fourrés pour s'approcher de moi. Dans un sens, j'étais heureuse de voir des Pokémon d'aussi près sans qu'ils soient enfermés derrière une vitre. Un Noarfang se posa à côté de moi et continua :

« -Les humains n'ont pas le droit, mais vous pouvez. La Reine a déjà accepté un membre de votre espèce.
-La Reine Ysadoras ? J'accepterais volontiers de la rencontrer, mais je n'ai pas le temps... »

Ils se regardèrent tous, surpris par ce que je venais de dire. Le Goupix prit la parole :

« -Comment connaissez-vous la Reine ? Les humains ne sont pas au courant, si ?
-Non, bien entendu. Sereina m'en a parlé il y a quelques jours. Personne d'autre n'est au courant pour ça.
-Qui ça ? L'Évoli ? Elle va bien ?
-Mentali, maintenant. Elle a évolué. »

Murmures dans la foule.

« -C'était vous qui êtes passés la dernière fois, alors ?
-C'était nous, en effet. Désolée pour le bruit.
-Sacré vacarme, en effet. D'abord le coup de tonnerre (il faisait référence à l'explosion de l'usine, sans doute) et ensuite le monstre d'acier...
-Des... Euh... Trucs d'humain, dis-je, ne sachant pas comment lui expliquer autrement.
-Mon frère était avec vous ! J'espère qu'il ne lui est rien arrivé ?
-Non, il va très bien. (Enfin, je l'espérais.) »

Je me relevai avant de me remettre en marche, tous les Pokémon autour de moi. Leur curiosité était sans limite. Pendant ma longue marche jusqu'au village de Zvigold, ils me bombardèrent de question. Comment allait Sereina, si les humains allaient revenir dans la forêt, si j'avais vu le père d'un tel ou le frère d'un autre, etc. Au final, la guerre ne les intéressait pas plus que ça. Ils voulaient juste savoir si ils allaient rester tranquilles dans leur forêt encore longtemps, et la réponse semblait être oui, dis-je. Ils insistèrent encore pour que je les accompagne jusqu'à leur Reine, mais je ne pouvais pas accepter.

« Plus tard, quand les problèmes des humains seront réglés, je pourrai venir. Et même rester avec vous. »

Ils furent ravis de la réponse. Et moi de même : je ne m'attendais pas, mais alors pas du tout à trouver des Pokémon civilisés. Une meute d'une dizaine d'individus comme j'avais déjà vu hors de la forêt, pourquoi pas. Mais une centaine de Pokémon vivant en harmonie ? Même si Sereina m'avait raconté cette histoire, j'avais eu du mal à y croire.

Il était presque huit heures du matin quand j'arrivai enfin au village de Zvigold. Peu à peu, les Pokémon étaient retournés vivre leurs petites vies, et seul le jeune Absol avait continué à me suivre jusqu'au bout. Pour veiller sur moi, avait-il dit. Le remerciant, je me dépêchais de trouver un lieux où dormir, le soleil étant maintenant levé, et mes forces me lâchant. Entrant dans une maison qui avait encore son toit, je me roulais en boule sur le lit miteux avant de m'endormir, sans penser à manger quelque chose.