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Rubis & Saphir - The Origins de Feather17



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» Auteur : Feather17 - Voir le profil
» Créé le 28/04/2015 à 20:00
» Dernière mise à jour le 25/08/2020 à 19:42

» Mots-clés :   Action   Aventure   Drame   Hoenn   Présence de personnages du jeu vidéo

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022. 2x08 - Dans l'ombre du Territoire Sombre [Hallowe'en]
Précédemment : Sofian veut devenir un champion d’arène et part en voyage dans Hoenn en compagnie de Flora, dont le rêve est de devenir une célèbre coordinatrice pokémon, et Timmy, un jeune garçon à la santé fragile qui doit rejoindre Vergazon. Ils croisent aussi à plusieurs reprises Jessie, James et Miaouss, trois dangereux membres de la Team Rocket en mission secrète à Hoenn. Soupçonnés par la police, les trois malfrats arrivent à s’enfuir dans la nature et tentent de reconstruire leur montgolfière. Suite à des aventures en mer, Monsieur Marco a disparu et est déclaré mort par la police tandis que Picko, retrouvé près du Territoire Sombre, décède plus tard sous les yeux de Timmy. Dans la forêt Myokara pour un entraînement intensif en vue de l’obtention du badge Poing, Sofian développe une haine envers Steve, un dresseur insolent et cruel. Jessie capture un Chenipotte qui évolue en Papinox tandis que celui de Flora se transforme en un magnifique Charmillon.

Territoire Sombre


Pokémon #201t
La nuit régnait en maître sur cette partie de la forêt. Le moindre craquement de branches au sol, la moindre odeur, les moindres reflets de lumière paraissaient cacher une menace incertaine. Telles des esprits à l’affut de chair fraîche, les ombres des buissons aux alentours semblaient planer au-dessus de leur crâne. Et ce vent glacial qui zigzaguait entre les troncs d’arbre, comme s’il s’était agi d’un paysage hivernal tentant de s’emparer d’un cadre estival. Rien ne lui semblait plus dangereux que le lieu dans lequel ils venaient de trouver refuge, à tel point qu’il se sentait comme détenu par la nature qui se devait pourtant d’être protectrice. Sans parler de son sixième sens inné qui lui procurait cette indescriptible envie de prendre ses pattes à son coup. Était-ce dû à l’épaisseur des feuillages, à la proximité des troncs les uns des autres ou à la bassesse des arbres, il n’en savait rien, mais quelque chose faisait que cette forêt les avait emprisonnés en son sein et qu’elle n’avait pas la moindre envie de les laisser s’échapper. Non, il en était certain : pénétrer dans cette partie de l’île avait dû être l’idée la moins judicieuse que ses deux acolytes eussent trouvée.
– On n’aurait jamais dû venir ici, répéta Miaouss en jetant des coups d’œil alertés dans toutes les directions. Le danger, ça se sent chez les chats, vous devriez m’écouter…
Jessie poussa un soupire, exaspérée, tandis que James déglutit difficilement, incapable de prononcer un mot tellement l’angoisse de Miaouss l’avait contaminé.
S’étant faits repérer la veille, les trois fugitifs avaient dû changer de localisation dans l’épaisse forêt de l’île Myokara en faisant de leur mieux pour cacher les débris de leur montgolfière qui serviraient à sa future reconstruction. Depuis leur fuite de la cellule carcérale du Village Myokara, ils n’avaient eu de cesse de remonter vers le nord, farouchement poursuivis par les agents de la police qui ratissaient de fond en comble chaque mètre carré de l’île. C’est en entendant deux policiers converser, alors qu’ils passaient juste sous l’arbre sur lequel la Team Rocket s’était réfugiée, qu’ils avaient eu l’idée de pénétrer dans le fameux « Territoire Sombre », qui portait d’ailleurs bien son nom. Mais Jessie ne voyait en cette dénomination que la description physique des ténèbres qui dominaient dans cette partie de la forêt, et non du côté terrifiant qu’elles dégageaient.
– Comme je te l’ai déjà dit, et je te jure que c’est la dernière fois que je le répète, on est plus en danger dans les mains de la police que dans ce stupide « Territoire Obscur » ! s’entêta Jessie.
– « Territoire Sombre » ! rectifia James en claquant des dents.
– « Obscure » ou « Sombre », c’est pareil, il fait noir quoi…
– Mais ce n’est pas pour rien si on lui a donné ce nom ! répliqua James, très peu confiant. On dit que cette partie de l’île grouille de pokémons dangereux. Pire encore ! de véritables monstres assoiffés de sang !
– C’est qui qui dit ça ? questionna Jessie d’un air autoritaire, comme si elle s’apprêtait à punir les mauvaises-langues qui auraient répandu ces histoires.
– Tu as oublié ce que disaient les flics ce matin ? « Tant qu’ils restent hors du Territoire Sombre, on a encore une chance de les attraper… »
– Ce qui confirme bien le fait qu’on soit beaucoup plus en sécurité ici !
– Sauf que l’autre à rajouter : « …vivants ! » s’exclama James. Qui sait quelles sortes de montres peuvent exister ici ?
– Allons, sois raisonnable, James ! Les monstres, ça n’existe pas, s’amusa Jessie en se remettant en marche à pas de loup.
– Je te demande pardon ? intervint Miaouss. Et moi je suis quoi, un chat de gouttière ?
Jessie évalua son compagnon du regard et, après un instant, haussa les sourcils sans daigner répondre.
– Ça c’est la meilleure ! Elle voit un chat qui parle et elle trouve ça normal !
Jessie fit la grimace, préférant ne pas répondre. Ils s’étaient arrêtés au centre de trois petits chênes ; l’endroit paraissait idéal pour passer inaperçu. Jessie ôta l’énorme branche qui se trouvait au milieu du jeu de quille et la lança au loin pour s’en débarrasser. L’écho emporta le retentissement de sa chute au sol avec bruit. James se raidit.
– Vous avez entendu ? dit-il, angoissé.
– C’est en voyant la tête que tu tires que je suis convaincue que les monstres existent ! s’esclaffa Jessie.
À cet instant précis, un cri strident retentit au loin, faisant sursauter les trois acolytes. Miaouss lança un regard accusateur à la jeune femme tandis que James était trop occupé à paniquer que pour se soucier du différend entre ses deux amis.
– Ce doit être un simple Medhyenna affamé, imagina Jessie qui commençait malgré tout à se sentir menacée.
Ce fut en redoublant d’attention qu’ils terminèrent l’aménagement de leur camp de fortune.

Ils s’étaient installés en silence afin de souper, mais les hululements à glacer le sang qu’ils pouvaient entendre, la nuit épaisse qui s’était installée, le froid frigorifiant qui baignait les alentours et l’étrange sensation d’être observé eurent raison de leur appétit.
Pour se changer les idées — ou plutôt pour avoir une protection supplémentaire, pensa James —, Jessie avait décidé de faire sortir leurs pokémons de leurs pokéballs. Elle soupira en voyant la mine malade du Papinox qui n’aurait jamais dû lui appartenir.
– Chenipotte m’était bien utile pour reconstruire la nacelle de la montgolfière avec sa sécrétion, mais qu’est-ce que je vais faire de ce Papinox ingrat maintenant ? se plaignit-elle.
– Remarque, il colle bien avec l’endroit dans lequel nous nous trouvons… fit remarquer James pour détendre l’atmosphère.
– Bien vite qu’on termine la reconstruction pour qu’on puisse quitter cette île maudite, marmonna Miaouss qui s’était lové dans une position qui lui assurait le réconfort de l’instinct animal.
– Au rythme où on va, je dirais qu’on aura fini d’ici deux ou trois jours, assura Jessie. Il nous reste plus qu’à reconstituer un ballon et voler du matériel pour le feu. Les flics n’oseront jamais entrer dans le Territoire Sombre. Quand ils auront tout fouillé, ils finiront par penser qu’on s’est fait bouffer par des loups-garous. On attendra une petite semaine, histoire qu’on nous oublie, et on filera d’ici.
– Pourvu que personne ne retrouve la nacelle, marmonna James. On s’est tellement éloigné de la cachette que je doute qu’on puisse la retrouver un jour.
– J’avoue qu’on n’a pas eu de chance du tout cette semaine ! s’énerva Jessie. C’est incroyable tout de même : cette île est assez grande pour nous cacher et tous les jours, un sale gosse nous retrouve ! À croire que la police est plus incompétente qu’eux.
– À la limite, les gosses ne représentent aucun danger, fit remarquer James. On peut les tenir à distance avec nos pokémons. La police, quant à elle, c’est pas la première fois qu’on va les berner. Mais la Team Rocket et le Boss… Ce sont eux nos pires ennemis en ce moment. S’ils apprennent qu’on s’est fait repérer et qu’on est encore en fuite…
– Sans parler de Michael qui rôde on ne sait où, rappela Miaouss.
– Et de ces deux teams d’amateurs dans les parages, précisa Jessie.
La Team Rocket soupira en constatant tous les ennemis qui pouvaient potentiellement mettre un terme à leur mission et à leur vie. Ils se rendirent enfin compte d’à quel point leur passage à Hoenn allait être des plus tragiquement mémorable.

Lorsque l’humeur fut au plus bas, et que l’heure d’aller se coucher était arrivé, deux minuscules points rouges apparurent au loin, scintillant entre les arbres touffus et menaçants. Jessie, James et Miaouss, après avoir remarqué la lueur peu chaleureuse, se resserrèrent les uns contre les autres. Seviper siffla de manière apeurée tandis que Cacnéa porta ses bras devant lui, prêt à se défendre. Papinox, qui s’était perché sur une branche du chêne, perdit de l’altitude pour rejoindre sa maîtresse au cas où ils devraient fuir. Les deux points rouges semblaient s’approcher d’eux mais, par un phénomène étrange, leur diamètre ne s’élargissait pas. C’était comme s’ils scannaient les alentours. Enfin, les points rouges fixèrent le petit groupe et semblèrent se focaliser sur eux.
– On devrait peut-être… murmura James, tendu.
– Shhht ! somma Jessie.
– Vous entendez… ? s’inquiéta Miaouss.
Jessie serra la main et la patte de ses compagnons tandis qu’un étrange bruit s’élevaist près d’eux : un bruit métallique répétitif.
– C’est comme si quelqu’un… commença James.
– …limait quelque… poursuivit Jessie.
Mais sa phrase fut assourdie par un soudain rugissement monstrueux qui terrorisa instantanément les trois acolytes et leurs pokémons. La Team Rocket poussa un cri de terreur à l’unisson alors que les ténèbres les enveloppèrent brutalement et que retentirent des bruits déchirants de lacération de chair.

Pokémon #201e
– Vous êtes sûrs que c’est raisonnable de dormir ici ? demanda Flora, un peu inquiète alors que les garçons déployaient leurs sacs de couchage.
– Tant qu’on ne dépasse pas les grands pins que je t’ai montrés au loin, on ne risque rien, répondit sèchement Timmy.
Flora se tourna vers Sofian pour obtenir un peu de soutient mais son ami haussa des épaules.
– Si Timmy dit que ce n’est pas dangereux ici, pourquoi s’inquiéter ?
– C’est que… on est quand même assez proche du… s’entêta Flora.
– Bon, écoute ! s’énerva Timmy.
Il lui fourra son Pokénav sous le nez et lui montra avec agressivité le plan de l’île Myokara sur laquelle ils se trouvaient.
– Ici, c’est le village, expliqua-t-il en perdant patience, ça c’est la plage où on se trouve, et un rien au-dessus, c’est le Territoire Sombre. Tant qu’on ne franchit pas la limite, qu’est-ce que tu veux qu’il nous arrive ? Qu’un Wailord sorte de nulle part pour nous agresser ? Sur une échelle de choses improbables, la chance que ça se produise est assez faible et ça nous est déjà arrivé, alors ça m’étonnerait fort que ça nous arrive à nouveau !
Sur ces mots, il fermera brutalement son Pokénav et s’enfila sans rien ajouter dans son sac de couchage. Lassée plus que choquée, Flora tira son propre sac un peu plus loin sur le sable fin, vers Sofian, afin de s’éloigner de la mauvaise humeur de son ami.
– Laisse tomber, lui conseilla Sofian d’un air doux. Tu sais bien qu’avec tout ce qu’il nous est arrivé, la mort de Picko a été assez dure à vivre et…
– N’empêche qu’on l’a tous vécue ! se défendit Flora. Et moi, qu’est-ce que je dois dire ? Quand je suis sortie de l’eau la nuit de notre naufrage, j’ai vu la grenade exploser devant Monsieur Marco ! Encore aujourd’hui, ça me glace le sang. Mais je ne vais pas passer ma vie entière à y repenser !
– Mais Timmy s’en veut particulièrement car il pense que c’est de sa faute.
– Justement ! Pourquoi s’approcher autant du Territoire Sombre, alors qu’on aurait pu simplement rester au Village, quand c’est l’endroit exact où Picko s’est fait attaquer ?
– Psychologiquement parlant… il veut peut-être se punir ? assuma Sofian en se glissant à son tour dans son sac de couchage.
– Pas besoin de nous punir nous aussi ! maugréa Flora de mauvaise humeur en l’imitant.
Elle jeta un coup d’œil anxieux vers les arbres feuillus. À l’orée de la forêt, elle vit la masse du corps de Timmy enroulé dans ses draps et se demanda combien de temps cette situation allait durer. Certes, ils avaient vécu d’horribles péripéties, mais n’était-il pas temps de passer à autre chose ? La capture d’Écrapince, l’évolution de Charmillon et la perspective pour Sofian de gagner son deuxième badge étaient leurs chances de tourner la page et d’avancer. Si seulement Timmy pouvait faire son deuil…

La nuit était tombée depuis longtemps lorsqu’il se réveilla brusquement. Il lui semblait avoir entendu un bruit suspect à l’orée de la forêt. Probablement un pokémon sauvage nocturne. Scrutant l’horizon en plissant les yeux, Sofian ne perçut que des ombres difformes peu rassurantes. Il se dégageait de cette partie de l’île une aura mystérieuse palpable. Il pouvait sentir comme une espèce d’énergie qui enveloppait les petits arbres, comme s’ils l’invitaient à pénétrer en leur sein. Une chose était sure, le Territoire Sombre était terrifiant de l’extérieure et pour rien au monde il n’y séjournerait une seule journée.
Mais s’il ne réapparaissait jamais ? Si tous les endroits de l’île qu’il avait passé au peigne fin ne l’avaient pas réuni avec son Békipan, parti depuis cinq jours à présent, il fallait bien aussi investiguer dans cette partie nord du territoire. Sofian se refusa d’imaginer son pokémon subir le même destin dramatique qu’avait vécu Picko dans le Territoire Sombre et préféra garder la foi. Tout irait bien, il fallait qu’il y croie. Le fait qu’ils avaient passé ces trois derniers jours sans évènement dramatique ne prouvait-il pas que des jours heureux se préparaient ? De plus, la Team Aqua avait définitivement disparu depuis l’incident en mer et la Team Rocket était en fuite, poursuivie par la police qui n’allait plus tarder à mettre la main dessus et à les arrêter une bonne fois pour toute. Sofian ne put s’empêcher de ricaner pour lui-même en s’amusant du fait qu’au moins la Team Magma les avait laissés tranquilles depuis leur tentative échouée de recrutement. Et tant mieux, songea Sofian, car ils étaient de loin les plus dangereux de tous leurs ennemis.
Il sentit ses paupières s’alourdir et se laissa tomber dans le sommeil. Mais quelque chose vint à nouveau perturber la nuit. Un mince faisceau lumineux apparut au loin dans le ciel, au-dessus de la mer, et semblait se rapprocher lentement de l’île. Plus les rayons de lumière jaune approchaient, plus l’ovni se faisait distinct. À mesure que la lumière braquée sur la mer avançait sur les vagues, un bruissement d’air se faisait lui aussi de plus en plus distinct, si bien qu’à côté de lui, Flora se réveilla aussi.
– Qu’est-ce que… ? demanda-t-elle en scrutant l’horizon.
Mais Sofian la fit taire d’un geste brusque de la main, cherchant dans sa mémoire où il avait bien pu entendre ce bruit de vent brassé qu’il avait l’impression de reconnaître. Il se rendit alors compte que la lumière se déplaçait de manière irrégulière sur la surface de l’océan, comme si un projecteur y avait été braqué à la recherche d’un Magicarpe à capturer.
– Va réveiller Timmy, ordonna Sofian, la gorge sèche.
– Pourquoi ? Tu crois que… ?
Mais Sofian se leva d’un bond, obligea son amie à l’imiter et accourut vers le jeune garçon qui dormait toujours. Il le bouscula à plusieurs reprises avant que Timmy ne se réveille enfin.
– C’est quoi ton problème ? s’exclama Timmy, surpris et dérangé dans son sommeil.
– Il faut partir, et le plus vite possible ! s’alarma Sofian.
– Hein ? Pourquoi ?
Sofian pointa le doigt vers le ciel et Timmy se rendit alors compte de l’engin volant qui approchait rapidement de la plage. À présent qu’il se trouvait à quelques mètres du sable, tous reconnurent l’hélicoptère rouge qui ne présageait rien de bon.
– Parce que la Team Magma nous a retrouvés ! annonça Sofian, alors que son cœur se mit à battre la chamade.
Timmy s’extirpa en vitesse de son sac de couchage et dévisagea ses amis.
– Et on fuit où ?! demanda-t-il d’une voix affolée.
L’hélicoptère était arrivé à leur niveau et le vent brassé par les hélices tonitruantes fit s’envoler un nuage de sable autour d’eux. La lumière des phares se braqua sur les trois adolescents qui tournèrent leur regard simultanément vers la seule issue possible :
– Le Territoire Sombre ! hurla Sofian en tirant ses deux amis par le bras.
Flora essaya de résister mais l’hélicoptère qui perdait de l’altitude pour se poser sur la plage la fit changer d’avis sur cette partie de l’île dont on racontait un tas d’histoires à glacer le sang. Sofian, Flora et Timmy prirent leurs jambes à leur cou afin de fuir le danger et pénétrèrent en précipitation dans le Territoire Sombre.

Pokémon #201r
Un point de côté menaçait ses poumons d’exploser mais il s’interdit de s’arrêter de courir. Tenant toujours ses amis par les bras, Sofian cavalait à une vitesse hallucinante entre les petits arbres étroits de la forêt lugubre dans laquelle ils cherchaient de la sécurité. La nuit était tellement épaisse dans cette forêt qu’il lui était impossible de voir où il allait et pouvait se prendre un tronc d’arbre en pleine figure à chaque changement de direction. Mais il fallait à tout prix fuir l’hélicoptère de la Team Magma qui survolait les environs à leur recherche, la lumière de son spot les suivant à la trace.
Flora perdait du terrain et Timmy, dont l’état de santé s’était que très peu amélioré, finit par lâcher prise et chuta de fatigue au sol, la respiration saccadée.
– Timmy ! s’écria Flora en s’arrêtant pour l’aider.
– Shhht ! s’empressa de siffler Sofian.
Sofian tira de toute ses forces le corps d’un Timmy épuisé et le cacha derrière un buisson avant de lui-même se laisser tomber derrière le tronc d’un arbre. Flora se plia en deux, mains sur les côtes, à la recherche d’un brin d’air pour reprendre sa respiration, tandis que Sofian leur faisait signe de ne plus bouger. Ils entendirent le bruit des hélices retentir au-dessus d’eux et la lumière du phare de l’hélicoptère survola l’endroit exact où ils s’étaient cachés. Sofian retint sa respiration le temps que la lumière scanne l’endroit et que l’hélicoptère passe son chemin et soupira lorsque le son des hélices ne fut plus qu’un vrombissement lointain.
Plusieurs minutes de silence passèrent, pendant lesquelles ils tentèrent de reprendre leur souffle. C’est alors que Sofian se rendit compte de l’étrangeté de l’endroit, des ténèbres angoissantes qui les enveloppaient, des bruits sourds et effrayants qui retentissaient au loin tout autour d’eux, de cette impression d’être sans cesse observé. Timmy se releva non sans peine ; son visage livide témoignait de l’anxiété qu’il éprouvait. Flora, quant à elle, grelottait de peur tout en regardant autour d’elle, à l’affut de la moindre menace.
– C’est moi où… ?
– …on n’est pas tout seul ici, marmonna Timmy.
– J’ai l’impression que… la forêt nous…
Les mots de Sofian se perdirent dans sa gorge, car il n’avait pas que l’impression d’être emprisonné, c’était véritablement le cas ! « Comment sortir du Territoire Sombre lorsqu’on est épié par nos ennemis et qu’on est perdu dans la forêt ? », se demanda-t-il.
– Et si on retournait sur la plage, les gars ? proposa une Flora morte d’inquiétude. Cet endroit me fait vraiment flipper… Plus que la Team Magma.
Les trois adolescents s’apprêtèrent à rebrousser chemin lorsqu’un cri terrifiant brisa la nuit. Flora poussa un gémissement de peur en agrippant la main de Timmy et Sofian sentit une sueur froide glisser dans sa nuque en se raidissant. Un second cri fit trembler les ténèbres. C’était comme s’ils participaient à la torture d’un être vivant, quelque part dans la forêt. Le vent se leva brusquement, les arbres se mirent à vibrer et des bruits de pas sourds s’élevèrent au loin. Le cœur battant à tout rompre dans leurs poitrines, les trois adolescents démarrèrent au quart de tour, terrorisé par ce qu’ils entendaient, et coururent dans la direction opposée vers ce qu’ils espéraient être la plage qu’ils avaient abandonnée.
Dans sa course folle, Sofian lança un regard derrière lui pour s’assurer que ses amis étaient toujours là. Toujours à l’affut de la source de ces cris atroces afin de s’en éloigner le plus possible, Sofian ne fit pas attention à la route qu’il empruntait et entra en collision avec quelque chose de dur. Le choc fut si violent qu’il fut projeté en arrière et tomba à la renverse contre ses deux amis.
– Sofian !
– Jessie !
– Jessie ?
Sofian se releva en vitesse en se massant le torse et se rendit compte de sur quoi, ou plutôt sur qui, il était littéralement tombé. Devant eux se trouvaient deux adultes de sexe différent, debouts et épuisés, vêtements en lambeaux, visage dégoulinant de sueur et de boue. L’homme tenait dans ses bras un Miaouss au regard vide, le corps tâché de sang provenant des multiples lacérations profondes de sa peau.
– Encore vous ? s’énerva Sofian, prêt à dégainer une pokéball de sa poche. Cette fois-ci, on ne va pas vous laisser filer !
– C’est pas ce que vous croyez ! s’empressa de se défendre Jessie.
– On est piégé ici comme vous ! ajouta James, horrifié.
– Il faut partir, sinon, ils vont nous rattraper ! dit Miaouss d’une petite voix épuisée à l’attention de ses acolytes.
– Attendez, de quoi vous parlez ? interrogea Timmy, intrigué.
– On s’est réfugié dans cette forêt pour échapper à la police, expliqua rapidement Jessie en jetant des coups d’œil furtifs derrière elle, mais cet endroit est rempli de monstres assoiffés de sang ! C’est comme s’ils avaient réunis tous les dangers du monde en un seul lieu ! Cet endroit, c’est…
– … l’enfer ! compléta James avec ses yeux vitreux.
Pour la première fois depuis qu’il les avait rencontrés, Sofian eut du mal à ne pas les croire. En voyant l’état lamentable dans lequel se trouvait Miaouss, il se demanda avec effroi quel genre de monstre avait croisé leur route.
– On va quitter cette forêt, mais vous ne vous éloignez pas de nous, décida Sofian en gardant son calme.
– Pourquoi, tu as besoin d’être escorté ? se méfia Jessie.
– Sofian…
– Parce qu’une fois qu’on sera sorti d’ici, on ne va pas vous laisser vous enfuir encore une fois !
– Parce que tu crois qu’on va se laisser faire ?
– Jessie…
– QUOI ? s’écrièrent en chœur Sofian et Jessie en réponse aux appels de leurs amis.
Flora, Timmy et James, le teint livide, pointèrent du doigt une masse grise qui avançait vers eux entre les arbres. Un énorme molosse aussi haut que Timmy avançait à pas de loup vers le petit groupe, ses cornes en arc pointant vers sa queue de démon qui battait l’air derrière lui, un filet de bave coulant lentement depuis sa gueule ouverte qui laissait apparaître de puissants crocs.
– Un… un Démolosse… reconnut Timmy qui n’osait pas bouger pour ne pas brusquer le pokémon sauvage.
– Gentil toutou, chuchota Jessie en panique.
– On reste calme, supplia Sofian. La dernière chose qu’on veut, c’est qu’il devienne enragé.
– Il… l’est… déjà… bégaya James, complètement terrorisé. Regardez comme il bave…
– Ce n’est pas de la bave, remarqua Flora, c’est… c’est…
– DU SANG !! hurla Jessie.
Le pokémon beugla férocement en se positionnant en posture d’attaque. Le petit groupe fuit à l’instant précis où le Démolosse enragé lança un puissant jet de flamme dans leur direction.
Ils avaient beau courir aussi vite que leurs jambes le leur permettaient, le monstre enragé étant beaucoup plus rapide qu’eux, il allait bientôt les rattraper et les brûler secs. Tout à coup, le Démolosse fit un bon impressionnant dans les airs et atterrit devant Sofian qui ouvrait la course. Tous les cinq se stoppèrent net face à un pokémon décidé à les abattre.
Le Démolosse grogna cruellement et ouvrit à nouveau la gueule. Suivant son instinct de survie, Sofian ferma les yeux et se protégea le visage en priant pour une aide miraculeuse tandis qu’une onde de chaleur se répandait autour d’eux, due aux flammes lancées par le Démolosse. Mais il ne fut pas brûlé. Il rouvrit les yeux et constata qu’un pokémon aquatique était en proie à une lutte sauvage contre les flammes en tentant de les éteindre avec une attaque pistolet à eau. En examinant le pokémon de plus près, Sofian reconnut…
– Békipan !

Pokémon #201r
Sofian n’avait aucune idée de quelle émotion le submergeait. Partagé entre la terreur et le soulagement, il participa avec émerveillement à la réapparition de son pokémon disparu qui luttait à présent afin de défendre son maître. Mais il n’avait pas le temps de réfléchir ni de se demander comment Békipan l’avait retrouvé : le Démolosse avait été temporairement interrompu et ce n’était plus qu’une question de secondes avant qu’il ne réattaque. Il fallait fuir à nouveau.
– Quelles étaient les chances pour que Békipan nous retrouve juste quand on avait besoin d’aide ? s’étonna Timmy, complètement perdu par le cours des évènements.
– On s’en fout, barrez-vous !! s’écria Jessie en détalant en vitesse.
Békipan asséna un dernier coup de bec sur le crâne du Démolosse qui fut momentanément étourdi, et ouvrit la route au petit groupe en voletant agilement entre les arbres. Il s’agissait à présent de distancer le plus possible ce pokémon enragé en retrouvant leur campement. « En espérant que la Team Magma ne nous attende pas sur la plage », pensa Sofian.
C’est alors que, pour ajouter plus de drame à la situation, une lumière aveuglante pris possession des lieux depuis le ciel de la clairière qu’ils traversaient et le vent brassé par les hélices annonça le retour de l’hélicoptère de la Team Magma.
– Mais c’est pas possible !! hurla Flora.
– Qu’est-ce que c’est que ça ? s’exclama James qui ne savait plus où donner de la tête.
– Ça, c’est la Team Magma ! s’écria Sofian, totalement impuissant face à tous les dangers qui s’accumulaient dans la même soirée.
Une ombre aux traits humains apparut devant eux et lança une pokéball. Un flash rouge fit apparaître un Grahyèna aux crocs aiguisés qui hurla à la mort en se postant devant le petit groupe. Réagissant en tant que chat, Miaouss se raidit dans les bras de James et cracha avant de bondir tant bien que mal au sol et de prendre la fuite.
– Miaouss !!! hurla James en voyant son ami s’enfuir.
– Ne nous laisse pas ici ! supplia Jessie en se tournant vers le pokémon chat qui disparaissait entre les arbres.
Elle voulut partir à sa poursuite mais devant elle était réapparut le Démolosse enragé. Les cinq personnes furent alors encerclées par leurs ennemis de sorte qu’il n’y avait plus aucune issue.
Et ce qui devait arriver arriva : les deux pokémons attaquèrent en même temps. Un mouvement de panique s’empara du groupe. Afin d’éviter les jets de flammes et les crocs de Grahyèna qui semblait n’avoir plus mangé depuis deux semaines, Timmy se jeta au sol, Flora courut se protéger derrière un arbre, Sofian fit attaquer son Békipan, tandis que Jessie s’enfuit à son tour dans la forêt.
– Jessie, non ! cria James.
Flora l’imita alors que Békipan tombait au sol sous un coup de griffe du Démolosse. Sofian prit la fuite à son tour, désirant mettre le plus de distance entre la Team Magma et lui.
– Il faut rester grouper !! cria Timmy.
Il ne restait plus que James et lui au centre des ennemis et James le tira par le bras afin de quitter à leur tour la clairière.

Pokémon #201o
Il déboucha dans une clairière. Békipan le suivit à la trace. Il était blessé à l’aile gauche. Néanmoins, il arrivait à tenir la route au vol. Sofian s’arrêta un instant. Il observa les alentours à la recherche de ses compagnons. Ils étaient seuls. En fait, il n’avait absolument aucune idée de la suite des évènements. Il faisait beaucoup trop calme à son goût. Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine. Pas une brise ne venait égayer la clairière. La nuit était tout aussi opaque que dans le reste du Territoire Sombre. Comme si le reste de l’éternité serait nocturne.
C’est alors qu’il entendit une branche craquer au loin sur sa droite, comme si quelqu’un s’était caché et s’apprêtait à l’attaquer, ou plutôt aurait-on dit que quelqu’un avait du mal à marcher — peut-être dû à une blessure — et que cette personne ne pouvait plus éviter les obstacles qui trahiraient sa présence ; de toute évidence, elle était tout près et il allait bientôt être en face à face avec ce nouvel ennemi, raison pour laquelle il prépara son Békipan à attaquer.
Miaouss sortit de derrière un arbre et tomba à la renverse aux pieds de Sofian.
– Qu’est-ce qu’il vous est arrivé ? s’exclama Sofian, qui s’étonna du ton de reproche qu’il venait d’aborder envers son ennemi mal en point.
Mais Miaouss ne répondit pas. Sofian souleva le corps du chat ensanglanté et lacéré et le posa délicatement contre un tronc d’arbre. Miaouss rouvrit les yeux.
– Où sont… les autres ? demanda-t-il d’une voix faible.
– On s’est fait attaquer et tout le monde a couru dans tous les sens, expliqua Sofian qui s’était un peu calmé.
– Il faut… quitter… cette forêt, marmonna Miaouss avant de rouler des yeux et de perdre connaissance une nouvelle fois.
Sofian ne demandait pas mieux que de quitter le Territoire Sombre, mais comment s’y prendre. Il n’avait aucune idée d’où se trouvait le nord, le ciel était noir comme la mort, pas une étoile en vue, pas même la lumière de la lune. Il frissonna. Comment avait-il pu se retrouver dans une telle situation ? Comment d’une belle journée d’entraînement était-il passé à une nuit d’horreur ? Au moins, il avait retrouvé son Békipan, ce qui n’était pas si mal. Mais Timmy dont l’état de santé le menaçait (un cri de terreur au loin le fit sursauter) et Flora qu’il voulait protéger (un hurlement déchirant fit à nouveau battre son cœur)… Il fallait sauver Flora !
Miaouss agrippa son mollet et l’empêcha de le laisser derrière lui pour courir vers les cris qu’il venait d’entendre.
– On ne peut rien faire pour eux ! dit-il précipitamment. Il faut sauver notre peau tant que les molosses ne sont pas à notre poursuite !
Sofian arracha son pied de l’emprise du chat, dégouté par ses propos.
– Moi aussi j’ai peur pour mes amis Jessie et James, mais ma vie aussi est en danger et je ne veux pas mourir dans cette…
Un jet de flammes puissant sortit de nulle part et frappa Miaouss tandis que Sofian se jetait au sol pour l’éviter, carbonisant ainsi le pokémon parlant. Lorsque Sofian se retourna vers le chat à plat ventre contre le sol, il découvrit avec horreur que la queue de Miaouss était parsemée de flammes, que de ses poils roussis s’élevait de la fumée grisâtre et qu’une odeur nauséabonde s’échappait du corps entièrement calciné.
Sofian poussa un véritable cri de terreur et ne put s’empêcher de vomir à cause de l’odeur du corps sans vie de Miaouss, mort brûlé vif. Békipan se mit en alerte et chercha l’ennemi des yeux tandis que Sofian avait du mal à ne pas s’évanouir de terreur. C’est alors que, se relevant d’un nouveau vomissement, Sofian se retrouva nez-à-nez avec le Démolosse meurtrier. Le monstre bondit sur lui, crocs en avant, mais Békipan se mit en travers de sa route.
Le hurlement de douleur que poussa le pokémon oiseau était insoutenable. Sofian voulut l’aider mais lorsqu’il tira sur son aile pour l’ôter de la prise du Démolosse, il sentit son estomac faire un bond dans sa poitrine en voyant le corps de son Békipan retomber mollement au sol, les organes internes coulant hors de son ventre déchiqueté. Assoiffé de sang, Démolosse s’attaqua au visage du pokémon de Sofian qui ne pouvait supporter une seule image de plus dans sa rétine.
Il resta tétanisé au sol, assistant impuissant à l’image du Démolosse dévorant son pokémon vivant. Il ne pouvait plus bouger, tellement la réalité de ce qu’il voyait dépassait les limites de l’entendement. C’en était trop de toutes ces horreurs inexplicables, il fallait que cela cesse, et que cela cesse vite !
Sofian se jeta sur le Démolosse sans réfléchir et se battit à mains nues contre ce démon sorti de nulle part, à qui il n’avait rien demandé, et qui ne cherchait qu’à lui pourrir l’existence, afin de se battre pour sa vie et retrouver son paradis longtemps perdu.

Pokémon #201r
Flora s’arrêta un instant. Elle observa les alentours à la recherche de ses compagnons. Elle était seule. En fait, elle n’avait absolument aucune idée de la suite des évènements. Il faisait beaucoup trop calme à son goût. Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine. Pas une brise ne venait égayer la clairière. La nuit était tout aussi opaque que dans le reste du Territoire Sombre. Comme si le reste de l’éternité serait nocturne.
C’est alors qu’elle entendit des bruits de pas sourds au loin sur sa gauche, comme si quelqu’un s’était caché et s’apprêtait à l’attaquer, ou plutôt aurait-on dit que quelqu’un avait du mal à marcher — peut-être dû à une blessure — et que cette personne ne pouvait plus éviter les obstacles qui trahiraient sa présence ; de toute évidence, elle était tout près et elle allait bientôt faire face à ce nouvel ennemi, raison pour laquelle elle se prépara à attaquer.
Jessie sortit de derrière un arbre et Flora baissa la branche qu’elle agrippait pour se défendre.
– Où sont les autres ?
– D’où est-ce que vous avez sorti ce Démolosse ?
– C’est après vous que la Team Magma en avait ?
– C’est encore une de vos stratégies pour nous voler nos pokémons ?
– Nous attaquer nous-même ? J’ai toujours su que tu n’étais pas très intelligente, mais pas à ce point-là !
Flora ne releva pas l’insulte et préféra calmer les choses.
– Bon écoutez, on est toutes les deux dans le même pétrin.
– Oui, il faut fuir avant qu’ils nous rattrapent !
– Et mes amis ? Et les vôtres ? Il faut les retrouver !
– Et risquer de crever ? Tu fais ce que tu veux, moi je me barre d’ici !
– Attendez !
Flora empêcha Jessie de la laisser seule, plus par peur de se retrouver seule contre les monstres assoiffés de sang.
– Nous deux, nous sommes ennemies. Mais face à un ennemi qui nous menace toutes les deux, nous devons être solidaires pour le vaincre !
– J’en ai rien à foutre de le vaincre, je veux sauver ma peau ! En plus, je sais que de leur côté, James et Miaouss vont faire pareil, on se retrouvera donc à la sortie !
– Mais à nous deux, on serait plus fortes si la Team Magma nous retrouve ! Alors, vous allez rester avec moi !
– Je n’ai aucun ordre à recevoir d’une voleuse !
– Voleuse ? s’étonna Flora qui ne s’attendait pas à une telle ironie de la part de Jessie.
– Parfaitement ! Tu crois que j’ai déjà oublié la façon dont tu m’as volé mon Charmillon ?
– C’était mon Charmillon, d’abord !
– Et mon espoir d’avoir un beau et charmant pokémon passe à la trappe à cause de toi !
– Mais… mais… Vous voulez vraiment parler de ça maintenant ? Ce n’est que le physique du Papinox, vous vous en remettrez !
– Tu n’en voulais pas non plus du Papinox quand tu pensais il t’appartenait ! fit remarquer Jessie avec justesse.
– Mais c’est pas pareil, moi c’était pour mes concours ! Bon, écoutez, je suis désolée de vous avoir empêché de réaliser votre rêve ultime d’avoir un bête Charmillon. On peut se serrer les coudes pour sortir vivantes du Territoire Sombre, à présent ?
Jessie sembla se détendre un peu et dévisagea le visage de Flora.
– S’il vous plait, ne m’obligez pas à vous abandonner, implora Flora. La dernière fois que j’ai laissé quelqu’un derrière moi en voulant sauver ma peau avant tout, cette personne est décédée. Je ne commettrai plus cette erreur fatale que j’ai commise avec…
Des bruits de pas de courses retentirent devant elles et, perdues dans leur conversation, elles ne furent pas assez rapides pour se cacher. L’homme qui venait de débarquer en trombe s’arrêta net en reconnaissant Flora. Sa longue barbe blanche était tachetée de sang sur son visage fripé.
– …Monsieur Marco… MONSIEUR MARCO ? s’écria Flora dont l’estomac bondit dans sa poitrine en le reconnaissant. Mais… Mais… Vous êtes vivant !!
Elle se jeta sur le vieil homme dont la peau ridée était glaciale.
– Mais qu’est-ce que vous foutez, bon sang ? Vous n’en avez rien à faire de votre vie ? s’exclama-t-il.
– Je pensais que vous étiez mort ! dit Flora qui ne relâcha pas son étreinte, tellement elle était heureuse de le revoir en chair et en os. La police a retrouvé des traces d’ADN de vous sur l’épave de votre bateau !
– C’est parce que je suis bel et bien mort.
Flora le relâcha subitement.
– Je suis mort dans l’explosion de mon bateau de pêche, expliqua-t-il calmement. Le même jour de votre mort, lorsque vous vous êtes noyée.
Flora l’observa, perplexe.
– Vous n’avez toujours pas compris ?
Flora chercha du coin de l’œil Jessie afin de trouver un peu de soutien moral mais elle devait être trop loin pour que sa rétine la détecte.
– L’île perdue sur laquelle vous avez « échoué » après le naufrage, l’île Myokara de laquelle vous n’avez pas pu bouger depuis le naufrage, les horreurs que vous vivez depuis le naufrage,… Vous ne comprenez toujours pas ?
– Mais… et Jessie ? s’inquiéta Flora en la cherchant à nouveau des yeux. Elle n’était pas là lors du naufrage…
– Qui ça ?
Flora se tourna vers Jessie pour la montrer à Monsieur Marco mais son ennemie n’était plus là. Elle avait disparu. Ou avait-elle réellement été là ?
– C’est le purgatoire ! s’exclama Monsieur Marco d’une voix tonitruante. Et le Diable nous a trouvé alors, si vous ne voulez pas crever et finir en enfer… COUREZ !!
À cet instant précis, les bruissements d’hélice de l’hélicoptère retentirent à nouveau et l’engin volant réapparut au-dessus de leurs têtes. Monsieur Marco prit la fuite et Flora lui emboîta le pas. Mais derrière elle, l’innommable se produisit. Volant trop bas, l’hélicoptère se prit la queue dans les branches du sommet des arbres et fendit l’air vers le sol. Flora se jeta dans un buisson pour éviter l’hélicoptère qui s’écrasa violemment au sol. Lorsqu’elle tourna la tête pour se rendre compte de l’étendue des dégâts, les hélices qui tournaient toujours à une vitesse folle se détachèrent de l’appareil sous le choc et tranchèrent le corps de Monsieur Marco à l’horizontal, au niveau du bassin, en deux parts égales et bien tracées. Le sang de Monsieur Marco gicla sur le visage de Flora, traumatisée.

Pokémon #201i
Il déboucha sur une plage. James le suivait à la trace. Il s’était tordu le pied gauche. Néanmoins, il était arrivé à tenir la route en courant. Timmy s’arrêta un instant. Il observa les alentours tout aussi ténébreux que l’intérieur de la forêt. Ils étaient seuls. En fait, il n’avait absolument aucune idée de la suite des évènements. Il faisait beaucoup trop calme à son goût. Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine. Pas une vague ne se formait dans la mer. La nuit était tout aussi opaque que dans le reste du Territoire Sombre. Comme si le reste de l’éternité serait nocturne.
– Comment retrouver les autres à présent ? s’énerva Timmy. Ah ! Si seulement ils n’avaient pas été stupides et étaient restés groupés !
– Au moins, nous, nous sommes en sécurité, fit remarquer James, toujours tout aussi paniqué.
– La belle affaire ! rétorqua Timmy de mauvaise humeur.
– On devrait faire un feu dans le cas où les autres pourraient nous voir…
– Au risque d’être retrouvés par la Team Magma ? En voilà une bonne idée ! À se demander comment vous avez pu être embauché par des mafieux !
James préféra ne pas répliquer.
– On est dans le même pétrin toi et moi…
– Mais moi je ne le mérite pas ! Vous vous êtes des voleurs, moi je ne suis qu’un…
Timmy resta coi, tétanisé par ce dont il venait de se rendre compte.
– Moi, je suis un meurtrier…
– Pardon ?
– Je suis un meurtrier, répéta Timmy pour lui-même. Picko est mort par ma faute.
– Qui est Picko ?
– Après le naufrage, je l’ai retrouvé sur l’île perdue, je l’ai laissé partir en pensant que j’étais mort, vous l’avez retrouvé et mis en cage, je vous ai volé votre montgolfière et j’y ai retrouvé Picko, que je n’ai pas pu libérer avant que vous ne repreniez possession de votre nacelle, vous avez échoué dans la mer, un Wailord nous a attaqué et Picko s’est retrouvé propulsé jusqu’à cette plage-ci, où il a dû subir des attaques atroces car Écrapince l’a retrouvé très mal en point, puis nous l’avons retrouvé et nous avons essayé de le soigner, et lorsqu’il avait le plus besoin de repos, je lui ai annoncé que son maître et ami de toute une vie était mort. Et il est mort. Je l’ai tué. Et maintenant, le Territoire Sombre me punit.
– Je ne pense pas que…
– Vous ne comprenez pas ? On est tous puni ! Vous l’êtes aussi à cause de vos crimes ! Je me souviens de ce sentiment d’être mort sur l’île perdue, mais j’avais tout faux. Si je peux ressentir mon cœur, c’est parce que je suis vivant, certes. Mais cela ne veut pas dire que je suis dans le monde des vivants. Tout est logique. Je suis mort dans l’explosion du bateau de pêche, je me souviens du froid intense qui m’a entouré lorsque j’ai coulé. Lorsque j’étais sur l’île perdue, j’étais au purgatoire ! J’avais la possibilité de me repentir en sauvant Picko mais j’ai échoué et Picko est mort, et je me retrouve dans ce Territoire Sombre, dans cet… enfer ! C’est notre punition. Et nous vivrons ici à jamais !
James resta muet de scepticisme. Il fallait prier, Timmy en était convaincu. Pas pour sa vie car elle était déjà terminée, mais pour son âme, afin qu’elle soit sauvée par les regrets qu’il éprouvait depuis sa mort.
Lorsqu’il rouvrit les yeux une fois sa prière achevée, il vit au loin la silhouette de Sofian sortir des arbres et titubant vers eux, un croc planté dans la cuisse droite et un corps carbonisé dans les bras. Presqu’aussitôt surgirent deux ombres féminines en courant : Jessie embouée de la tête au pied, et Flora recouverte de sang séché. Timmy s’approcha de ses amis.
– Vous aussi, vous avez compris ? demanda-t-il les larmes aux yeux.
– J’ai regardé la mort dans les yeux, et ce que j’y ai vu était innommable, répondit Flora en s’essuyant les lèvres pleines de sang.
– Un cadeau du Diable en personne, dit Sofian en arrachant le croc de sa cuisse et en la jetant sur le sable.
Les trois amis échangèrent un regard, et par cet échange implicite, ils comprirent.
Sofian posa le corps de Miaouss au pied de Jessie et James qui reconnurent leur ami décédé. Ils furent alors convaincus à leur tour.
– L’enfer, c’est pas les autres, annonça Timmy, c’est nous-même.
Quelqu’un applaudit.

Pokémon #201s
Ils firent tous volte-face subitement et distinguèrent trois silhouettes humaines marchant vers eux depuis les vagues. À l’extrémité gauche du trio de nouveaux arrivants, Sofian reconnut immédiatement le visage pâle et les cheveux roux de sa traîtresse de sœur, Sarah. Jessie et James se raidirent en voyant à droite du groupe l’imposante musculature de Michael, ce voleur qui les avait séparés de leurs précédents pokémons. L’homme qui applaudissait au centre fut facilement reconnaissable pour Timmy, qui avait été son prisonnier pendant quelques heures dans le Bois Clémenti : John, de la Team Magma. Tous trois affichaient un sourire machiavélique, la sournoiserie duquel était amplifié à cause de leurs yeux rouges et leur regard perçant.
– Vous avez tout compris, félicita John de sa voix métallique, une fois le trio arrivé à leur hauteur. Il est temps que vous payiez pour tout le mal que vous avez fait lorsque vous étiez en vie.
– Comme vous êtes déjà morts, on ne peut pas vous tuer, fit remarquer Sarah de la même voix glaciale.
– C’est pourquoi nous allons simplement vous exterminer jusqu’à la dernière molécule, annonça Michael dont la voix était tout aussi vibrante.
Jessie et James fondirent en larmes et se laissèrent tomber à genoux au sol, implorant leur pitié. Timmy leur lança un regard, perplexe.
– Nous… exterminer ? s’étonna Flora.
– Je ne comprends pas… marmonna Timmy qui avait du mal à saisir l’objectif de la punition. Si on disparait, ce serait trop facile pour nous… Si on doit être puni pour le mal qu’on a fait, notre douleur devrait être éternelle, non ?
– Je suis d’accord avec toi ! soutint Sofian.
– Allons, laissez-vous faire, tout va bien se passer, promit John en élargissant son sourire pervers.
– Mais oui Sofian, fais-moi confiance, dit Sarah en jouant de son charme.
– Te faire confiance, à toi ? Toi qui as abandonné ta famille ? Jamais ! Vous voulez nous exterminer ? Eh bien il va falloir venir nous chercher !
Sofian lança ses trois pokéballs dans les airs et fit apparaître Poussifeu, Nirondelle et Écrapince à la rescousse. Flora et Timmy l’imitèrent et Gobou, Charmillon, Tarsal et Arcko rejoignirent leurs amis dans la lutte. Instantanément, les trois pokémons de leurs ennemis firent leur apparition d’entre les ténèbres ; Grayhenna, Démolosse et Tyranocif s’imposèrent face à eux.
– Soutenez-nous un peu, bandes de lâches ! s’exclama Sofian à l’attention de la Team Rocket.
Jessie et James, remués par les évènements qui tournaient à nouveau au vinaigre, firent apparaître Seviper, Cacnéa et Papinox, peu confiants.
Sans attendre un instant, Grahyèna bondit sur Charmillon et Tarsal qu’il écrasa en quelques secondes au sol. Démolosse lança ses flammes puissantes qui manquèrent Nirondelle et Poussifeu mais atteignirent dangereusement Écrapince. Tandis que Tyranocif se livra à un combat sans merci contre les pokémons de la Team Rocket, envoyant valser Papinox en premier temps.
– Nirondelle, attaque « cru-aile » ! Poussifeu, « flammèche » !
Tandis que Sofian accourait vers son Écrapince grièvement blessé, ses pokémons passèrent à l’attaque mais leur niveau était bien trop faible comparé à celui du Démolosse qui s’en débarrassa en quelques coups de griffe.
– Gobou, « pistolet à eau » ! ordonna Flora en prenant soin de son Charmillon au sol.
Gobou envoya son jet d’eau qui éclaboussa violemment Grahyèna mais n’eut aucun effet.
– Arcko, « vive-attaque » !
Alors que Tarsal s’était réfugié auprès de son maître suite au coup fatal qu’il avait reçu, Arcko fonça à toute allure vers Grahyèna qui l’arrêta instantanément.
Quelque chose n’était pas logique. Pourquoi aucune des attaques n’avait d’effets sur leurs ennemis. Sofian ordonna à son Poussifeu l’attaque griffe et assista à la réussite de l’action. Mais Démolosse sembla ne subir aucun dégât physique. Comment était-ce possible ? Il se tourna vers Sarah afin de l’évaluer, complètement perdu, et constata avec perplexité que la joue de la jeune fille était balafrée.
– Attends une seconde… ! s’exclama Sofian, choqué par ce dont il venait de se rendre compte.
Sarah sourit méchamment et Démolosse attaqua, sans attendre ses ordres. Sofian observa les autres adversaires et constata la même chose : John et Michael semblaient épuisés tandis que leurs pokémons étaient aussi frais qu’au début des combats. Sofian entendit Jessie ordonner à son Seviper de mordre Tyranocif, et la blessure apparut dans le cou de Michael. Quant à John, il venait de lever sa main au moment où Gobou s’était attaqué à son Grahyèna et les pokémons de Flora et Timmy furent projetés en arrière comme par magie. Sofian n’avait aucune idée de ce qu’il se passait et se tourna vers ses amis pour essayer de comprendre. Il croisa le regard de Timmy qui avait l’air dans le même état de choc que lui.
C’était comme si les véritables pokémons étaient les maîtres, remarqua Timmy. Mais c’était impossible ! Comment un tel phénomène pouvait-il avoir lieu ? Plus il observait John, Sarah et Michael, plus il se rendait compte qu’ils ne donnaient jamais aucun ordre et qu’ils se contentaient d’ouvrir faiblement la bouche, comme s’ils poussaient… des rugissements ! Les maîtres étaient les pokémons ! Mais sa vision lui faisait simplement défaut… En face de lui se trouvaient trois pokémons mais quelque chose empêchait son cerveau de transformer les données physiques envoyées par sa rétine… Ou bien il devait simplement être fou… Mais oui ! Il était fou !
– L’attaque « onde folie » !! reconnut Timmy, particulièrement choqué par sa découverte. Tarsal, attaque choc mental, mais pas sur nos adversaires, sur nous !
Avant de s’exécuter, Tarsal resta une seconde perplexe. Et il paya son hésitation chèrement. Alerté par la découverte de Timmy, John ouvrit la bouche et un rayon violet fusa dans les ténèbres et explosa au visage du petit pokémon psy. Grahyèna, Démolosse et Tyranocif avaient disparus ; ils faisaient à présent face à trois êtres humains postés en position d’attaque, comme des pokémons prêts à se défendre.

Pokémon #201e
– Il faut les attaquer eux ! expliqua-t-il rapidement à ses alliés.
Mais perdu par la situation complexe, personne n’osa attaquer. Michael en profita pour bondir dans les airs et retomber sur Seviper qu’il griffa violemment avant de l’envoyer valser contre Cacnéa avec une force redoutable.
– Ce sont des pokémons ! s’écria Timmy. Ils nous manipulent avec leur attaque « onde folie » !
Sous les ordres de Flora, Gobou envoya un jet d’eau qui frappa John au torse, lequel poussa un rugissement de douleur.
Sofian ouvrit son sac à dos en précipitation et en sortit son Pokédex, afin d’en avoir le cœur net. En voyant cela, Sarah courut à une vitesse folle vers lui et le plaqua au sol. Son Pokédex s’envola dans les airs et Flora le rattrapa tandis que Michael, qui avait voulu l’attaquer, avait été bloqué par Arcko. Flora alluma l’engin et eut du mal à contenir un cri de stupeur.
– Ce sont des Ténéfix ! hurla-t-elle, soulagée par sa découverte. Pokémons spectre et ténèbres !
– Des Ténéfix ? s’exclama Timmy, perdant l’équilibre sous le choc psychologique.
Tout s’éclairait à présent ! Ils avaient tous été manipulé depuis le début par des pokémons utilisant leurs pouvoirs psychiques et il était tombé dans le panneau ! Voilà donc le fameux secret du Territoire Sombre ! Voilà donc ce qui détruisait tout être pénétrant dans cette partie de l’île ! C’était leur propre folie dû à la manipulation de leur cerveau par des pokémons sauvages qui s’amusaient de leurs peurs et leurs faiblesses ! Il n’était donc pas en enfer, il n’était donc pas mort.
Timmy se sentit tout à coup léger, comme si un énorme poids s’était envolé hors de son corps. Le poids de sa culpabilité avait disparu et il comprit à quel point il avait été dur avec lui-même quand ce n’était finalement que les circonstances extérieures qui lui avaient joué des tours.
Il fallait qu’il fasse cesser la situation terrifiante dans laquelle ils se trouvaient et couper court à « l’onde folie ».
– Tarsal, utilise « choc mental » sur nous ! répéta-t-il.
Mais son petit pokémon psy était bien trop faible, l’attaque du Ténéfix caché sous les traits de John l’ayant affaibli considérablement. D’ailleurs, le pokémon monstrueux comprit qu’ils avaient été démasqués et il s’en prit à Timmy. Il courut à toute vitesse vers lui et le saisit par la gorge avant de le soulever dans les airs. Couper de sa respiration, Timmy ne put que constater, impuissant, que malgré l’illusion d’optique, le Ténéfix était toujours très puissant.
– Timmy ! s’écria Flora qui se rendit enfin compte de l’état de son ami.
Elle voulut accourir auprès de lui pour l’aider à se défaire de l’emprise du Ténéfix-John mais le Ténéfix-Sarah, toujours plaquant Sofian au sol, envoya un rayon violet qui l’atteint dans le dos et Flora fut brutalement projetée sur le sable.
– Il est temps de sauver la situation ! intervint Jessie. Papinox, je sais que tu connais cette attaque, alors montre-toi utile et envoie « choc mental » !
Alors que le Ténéfix-Michael courait à toute vitesse vers lui pour l’empêcher de procédé à l’attaque, le vilain papillon brun exerça son pouvoir psychique et Sofian ressentit une forte douleur au crâne, comme s’il était sous l’emprise d’une migraine violente. Cette sensation ne dura que quelques secondes, mais assez pour rendre sa vision floue et le faire suer de transpiration.

Lorsque Sofian rouvrit les yeux, il remarqua avec amusement qu’il se trouvait plaqué au sol par une bestiole violette pas plus grande que Poussifeu. Timmy chuta au sol aux pieds d’un tout aussi petit farfadet et le troisième monstre aux yeux en forme de joyau manqua Papinox de peu. Démasqués, les trois Ténéfix reculèrent en vitesse et se regroupèrent face à leurs ennemis.
Sofian, Flora et Timmy se relevèrent d’un bond et dévisagèrent les trois petits monstres ridicules qui les avaient fait vivre un véritable enfer.
– Poussifeu, je pense qu’il est temps de leur montrer de quel bois on se chauffe !
– Je suis tout à fait d’accord avec toi ! Prêt, Gobou ?
– Arcko, on ne va pas manquer une bonne petite vengeance !
Mais les trois pokémons n’eurent pas le temps d’attaquer car les Ténéfix prirent leurs jambes à leur cou et s’enfuirent dans la forêt du Territoire Sombre qui, Sofian venait de s’en rendre compte, semblait bien plus accueillant maintenant qu’il était baigné de la lumière blanche de la lune et qu’il reposait calmement sous les étoiles chaleureuses.
– On a réussi ! s’écria James en bondissant de joie sur la plage chaleureuse.
– Bravo Papinox ! félicita Jessie en serrant son pokémon dans ses bras. Finalement, tu n’es pas si inutile que ça ! Tes pouvoirs peuvent être intéressants…
– Qu’est-ce qu’il s’est passé ?
Tout le monde se retourna pour faire face à un Miaouss debout sur le sable, sans trace de lacération ni de sang sur le corps. Tandis que Jessie et James se jetèrent sur leur ami afin de fêter leurs retrouvailles, Sofian constata avec bonheur qu’il n’était pas blessé à la cuisse et que Flora n’était pas recouverte du sang de Monsieur Marco. Ce qui signifiait donc qu’il n’avait pas vu son Békipan se faire dévorer vivant, et donc que Békipan ne l’avait véritablement pas retrouvé.
– Comment c’est possible d’être manipulé autant et de croire tant que ça à des choses qui n’existaient absolument pas ? s’étonna Flora, soulagée de n’avoir pas vécu les évènements terrorisants.
– C’est exactement la même chose que lorsqu’on est sous hypnose, expliqua Timmy, on se trouve dans un monde parallèle créé par notre subconscient qui croit à tout ce qu’on lui impose. Ce n’est pas un phénomène si exceptionnel, quand on voit tout ce qu’il se passe dans le monde en termes de manipulation…
– Maintenant, je sais ce que subit un pokémon quand il est attaqué par l’onde folie… fit remarquer Sofian en esquissant un sourire douloureux.
– Et l’attaque de Papinox a eu le même effet, mais comme on était déjà sous l’emprise de la confusion, ça a annulé le…
– La Team Rocket ! s’exclama Sofian en faisant volte-face.
Mais Jessie, James et Miaouss avaient disparu. Des traces de pas dans le sable indiquèrent qu’ils avaient pris la fuite durant la conversation des trois adolescents. Sofian amorça un mouvement afin de les poursuivre mais Timmy le retint par le bras.
– Je pense qu’on a assez eu d’émotions pour la nuit, dit-il.
– Assez pour toute la semaine, précisa Flora.
– Assez pour toute une vie, rectifia Sofian.
Timmy pouffa de rire. Sofian fut surpris de voir son ami récupérer sa bonne humeur et il esquissa un sourire. En voyant son air surpris, le rire de Timmy redoubla d’intensité et Flora éclata de rire, amusée par la situation. Sofian finit par craquer sous la tension et éclata à son tour de rire, les premiers véritables sentiments de bonheur depuis le naufrage en mer de la semaine précédente.
C’était comme s’il se remplissait à nouveau de vie, comme si tout était à nouveau possible. Et même si ses côtes le faisaient souffrir, même s’il sentait cette douleur qui menaçait de lui déchirer les entrailles tellement il riait, Timmy espéra que ce sentiment resterait avec lui pour longtemps car, finalement, qu’il était bon d’être de bonne humeur et en paix avec soi-même !

Pokémon #201r
À suivre dans : « Les étudiants »