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Garou de GalloViking



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Informations

» Auteur : GalloViking - Voir le profil
» Créé le 05/01/2015 à 00:23
» Dernière mise à jour le 10/02/2015 à 00:36

» Mots-clés :   Présence d'armes   Présence de transformations ou de change   Région inventée   Science fiction

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Adieux
Je me réveillai aux alentours de dix heures, ce matin. Après m'être longuement étirée, j'ouvris finalement les yeux pour constater que Miyu n'était pas là. J'étais seule. J'avais presque terminé la nourriture que j'avais stockée dans ma sacoche médicale et j'eus encore faim après les avoir terminées. Le Sujet 21A était lui aussi introuvable... Où étaient-ils ? Probablement pas dans le bâtiment, je ne les sentais pas. Peu désireuse de rester enfermée comme la veille, je me dirigeai vers la sortie du petit centre médical. Sortie, je vis que les soldats qui gardaient l'endroit étaient tous assis ou presque à l'intérieur d'une tente plus large que les autres. L'odeur était évidente : ils mangeaient. Alors que je me demandais si je devais, vu ma timidité naturelle, les rejoindre ou pas, un homme que je ne connaissais pas me remarqua. Je n'eus pas le temps de m'éclipser qu'il était devant moi :

« Vous venez manger, toubib ? Y'en a pour vous aussi. »

Je ne pouvais pas refuser, alors j'acceptai. Le suivant jusqu'à la tente, je vis les hommes se pousser à mon arrivée pour me faire une place au milieu d'eux. Contrairement à ce que je m'attendais, ils ne mangeaient pas de rations comme j'avais déjà eu l'occasion d'en voir dans l'hélicoptère. Sur la table en bois se trouvait toute sorte de nourriture plus ou moins fraîche. Mes derniers espoirs pour passer inaperçue furent réduits à néant quand le soldat assis à ma droite, après m'avoir observé un moment, déclara :

« -Hier j'étais de garde, donc j'ai pas bien pus vous voir, mais ce qu'on raconte est vrai. Ils ont vraiment choppé un troisième monstre.
-Je te l'avais dit, crétin, continua un soldat un peu plus loin.
-Tu m'excuseras, mais quand tu me dis qu'ils ont capturé deux de ces Pokémon changés en être humains en un seul coup, j'ai du mal à te croire sur parole.
-Et pourtant. Tu te souviens d'Hilmar et sa bande ?
-Bien sûr. Qui ne s'en souvient pas ? Marcel, et tout.
-Paix à leurs âmes, soupira un autre soldat.
-Eux, ils y étaient presque. Ils ont eu le culot de désobéir aux ordres pour aller capturer un des monstres.
-Dire qu'ils avaient presque réussi ! Flint a tout foutu en l'air, d'après ce que j'ai compris... »

Alors qu'ils continuaient de discuter, je soupirai longuement, repensant à ce moment douloureux. Une larme coula le long de ma fourrure lisse et disparut. Encore une fois, je me retrouvai à me demander si j'allais pouvoir supporter un autre cas comme celui-ci. Mangeant silencieusement des abricots séchés, j'entendis que les gardes parlaient maintenant de moi et plus du groupe.

« -Le Leader est passé hier, et on dirait qu'elle est l'une des nôtres maintenant.
-Ah bon ? Et pour quoi faire ? Qui voudrait d'un truc pareil avec lui, sérieusement ?
-C'est un médecin, crétin, répliqua un autre soldat.
-Mon cul, oui. Elle a juste trouvé ça quelque part et tout le monde se met à croire qu'elle sait se servir d'un scalpel.
-Elle a guéri Hagard, je te signale.
-Et alors quoi ? Faut pas sortir de l'université pour faire quelques pansements ! »

Un homme se leva subitement et frappa fortement du poing sur la table. Tout le monde sursauta et se tut, laissant l'homme prendre ma défense :

« -Fermez-là un peu, bande de couillons ! Vous n'étiez pas là, vous n'avez rien vu du tout ! J'ai eu la chance de la voir à l'œuvre, MOI. Je peux vous dire que Hagard serait mort dans les dix minutes sans son aide. Il avait été limité mutilé pendant sa torture, et on doit sa survie à la petite, et personne d'autre.
-Mais je...
-Ta gueule ! Le coupa l'homme. Elle a pas seulement sauvé le pilote de char, elle a aussi sauvé tout l'hélicoptère ! Alors maintenant, tu vas gentiment recommencer à manger, et si tu l'ouvres encore une fois je te jure que tu pourras même plus mâcher une salade tellement je t'aurais massacré la tronche. Compris ? »

L'homme qui n'avait pas l'air de m'apprécier déglutit et baissa la tête. Visiblement sans appétit, il se leva et sortit de la tente. L'homme qui avait pris ma défense, à savoir l'un des deux soldats Progressistes qui avaient contribué à mon « enlèvement » avait l'air de très sale humeur. Personne n'eut le courage de recommencer à parler, et, un par un, tous les hommes se levèrent et, avec le temps, je me retrouvai seule à table, avec lui. Il semblait avoir attendu pour pouvoir me parler un peu.

« Excusez-les, Mentali, dit-il. Même si certains d'entre eux n'ont jamais vu le champ de bataille et se contentent de défendre ce camp, d'autres, eh bien, ont déjà vu les vôtres à l'œuvre. Il n'y en a que six d'après les rapports, mais, ils sont terriblement coriaces. Mais surtout très cruels. Alors que nous ne savions pas qu'ils étaient sur le champ de bataille, ils ont pris en embuscade un groupe de quatre soldats à nous... Les hommes ont été tellement mutilés que ceux qui sont arrivés après le carnage ont été marqué à vie par la haine envers les monstres, sans vouloir vous offenser. Et lui, il en fait partie. »

Je comprenais très bien sa situation, même si je ne l'approuvais pas. J'avais moi aussi assisté à des scènes qui n'étaient pas jolies à voir. La mort d'un Garou dans mes bras, que je n'avais pas été capable d'éviter. Le carnage au laboratoire, ce sang sur les murs et même le plafond, ces bras arrachés des cadavres à moitié dévorés. Le site du crash de l'hélicoptère Progressiste. La tête explosée de Brice, les cadavres carbonisés et méconnaissables des passagers malchanceux. Et pourtant, j'avais été capable de m'en remettre à chaque fois. Mais pour combien de temps ? Dans combien de temps la haine allait-elle s'emparer de moi et me changer du tout au tout ? C'était ma plus grande peur. Perdre le contrôle de mes émotions et devenir quelqu'un d'autre.Voyant que j'étais perdue dans mes pensées, l'homme se leva finalement et sortit de la tente. Je me levai à mon tour au bout d'un moment, redirigeant mes pensées vers Miyu. Où était-elle passée ? Elle ne devait pas être bien loin, probablement endormie dans un coin sombre, mais si ce n'était pas le cas ?



Il était presque 14h quand un homme, probablement un haut gradé, s'approcha de moi, alors que je regardai le ciel, appuyée contre le mur du bâtiment. Il me fit rapidement comprendre que je devais le suivre jusqu'à un fourgon, et je montai à l'arrière, sans trop savoir où j'allais. Le voyage ne dura pas longtemps, et je me doutais que c'était quelque chose d'important. Lorsqu'il me fit descendre, nous étions dans la petite ville située non loin du campement. Comme je m'y attendais, la ville était déserte ou presque. Toutes les entrées avaient été barricadées et des hommes armés montaient la garde. Des fumées grisâtres indiquaient des activités plus au nord de la ville, mais ce n'était pas notre destination. L'homme me fit entrer dans des baraquements. Là, il me dit :

« Le Leader a été formel : vous savez manier les bandages et vous avez des dons. Vous faites maintenant officiellement partie de notre armée. »

Mes talents allaient enfin être mis à l'épreuve, ce que j'attendais depuis longtemps. L'homme n'attendit pas plus longtemps et m'annonça :

« Vous allez rejoindre une escouade et partir dès demain. Vous êtes là pour recevoir des vêtements autres que ces... Loques. »

Il me montra des vêtements pliés sur un lit, surmontés par un casque marque d'une croix rouge. Il sortit de la pièce pour me laisser me changer en toute intimité, ce que je fis, en prenant mon temps. Les vêtements en eux-mêmes étaient des vêtements fins, d'été. Peut-être savaient-ils que je ne craignais pas le froid... Le casque, en revanche, était une autre affaire. Impossible de le mettre sur ma tête à cause de mes oreilles démesurées, alors je décidais de le laisser pendre derrière ma tête pour le moment. Après avoir laissé ma vieille tenue, mon dernier lien avec l'Armée Régulière, sur le lit avec les chaussures que je n'aurais jamais pu mettre, je surpris mon reflet sur une vitre sale.

Je vis d'énormes yeux violets tristes qui fixaient les miens. Juste au-dessus, une gemme rouge qui brillait très faiblement, au milieu d'une fourrure mauve si lisse qu'elle ressemblait à du feutre. D'extrêmement longues et larges oreilles, des moustaches de la même couleur que le reste. Mon corps était maintenant dans une tenue composée d'un pantalon et d'une veste qui devait avoir été blanche un jour, et qui semblait maintenant être beige. Un brassard au bras droit indiquait à tous que je faisais partie du personnel médical avec une croix rouge, comme sur le casque. Le symbole AP sur la poitrine se trouvait étrangement au même endroit que le « Sujet 8F » qui se trouvait sur la blouse que j'avais portée pendant longtemps... Lorsque je fus enfin prête, après m'être habituée un peu à ma nouvelle tenue, j'ouvris la porte, et l'officier entra.

« Cette tenue vous va à merveille, m'annonça-t-il. C'est loin d'être aussi avancé que celle des autres soldats, mais vous n'avez pas besoin de plus que ça. Vous devriez sortir, quelqu'un demande à vous voir... »

J'avais à peine posé un pied dehors qu'une ombre noire me sauta dessus et me serra de toutes ses forces contre elle. Miyu. Serrée contre moi, elle sanglotait, sachant que l'inévitable allait bientôt arriver. Alors, doucement, dans notre langage, je lui dis :

« -Je pars demain. Tu n'as pas besoin de t'en faire pour moi, tout ira bien...
-Tu ne comprends pas ! Répondit-elle avant de renifler. C'est la dernière fois qu'on se voit, Sereina... Si seulement tu savais ce qu'ils veulent que je fasse...
-Tu as encore le temps de m'expliquer.
-Dans deux jours... Ils m'envoient chez nous. Chez nous, Sereina ! En tant que saboteuse ! Tu comprends ce que ça veut dire ?
-...
-Je ne reviendrai probablement jamais...
-Alors pourquoi tu ne refuses tout simplement pas ? Répondis-je.
-Je ne peux pas... Non, je ne veux pas refuser. Tu m'as ouvert les yeux hier soir. Je dois me montrer aussi forte que toi.
-Je n'ai pas choisi ce qui m'est arrivé. Toi, tu as encore le choix.
-J'ai fait ce choix. Même si cela revient à te perdre à tout jamais, j'ai choisi de faire mon possible pour terminer cette guerre, plutôt que de vivre dans l'amertume et la honte d'avoir pris la fuite. Je ne pensais juste pas que... Pas que... Que ça me ferait autant d'effet de te dire adieu... On se connaît depuis à peine cinq jours, et pourtant, c'est comme si je te connaissais depuis toujours, même avant...
-Je sais, moi aussi, répondis-je doucement. Je ne prédis pas l'avenir... Mais je sens au fond de moi que ce ne sont pas des adieux. Quand tout sera terminé, je sais que tu penseras à moi comme je penserai à toi, et qu'on se reverra. »

Elle ne répondit pas, et, lentement, elle sécha ses larmes et s'écarta lentement de moi. Quelques minutes encore, sous les yeux de quelques soldats qui regardaient la scène en silence, nous nous regardâmes dans les yeux. Alors, elle ferma les yeux et se détourna. L'officier posa son bras sur mon épaule et me poussa gentiment vers l'avant, jusqu'au véhicule. Me retournant après quelques pas, je vis que Miyu n'était plus là. L'homme me fit monter à l'avant du fourgon cette fois-ci, et, avant de mettre le contact, il me dit :

« J'ai déjà vu cette scène tellement de fois... Et pourtant, cela m'émeut encore. Venant d'un père embrassant sa femme ou ses enfants, c'était déjà quelque chose de difficile à regarder. Mais venant de deux créatures que tout le monde pensait incapables d'éprouver le moindre sentiment... C'est... Je ne sais pas comment expliquer. »

Une larme perla sur la joue de l'homme et tomba de son menton, allant silencieusement percuter sa cuisse. Je ne comprenais que trop bien cet homme. Après tout, qu'étaient les Garous aux yeux des hommes ? Des monstres génétiquement modifiés, créés pour tuer ? Rares étaient les gens que j'avais croisé qui avaient eu le courage de nous considérer comme des égaux... Les Garous, de leur côté, avaient compris ceci et vivaient, au final, renfermés sur eux-mêmes. Nos seuls contacts avec les humains étant recevoir des ordres et y obéir... Où cela pouvait-il mener ? Très probablement nulle part, me dis-je, tristement. Ma présence sur le champ de bataille allait-elle y changer quelque chose ? Verrait-on en moi une soignante désireuse de préserver la vie ? Ou verrait-on en moi un simple animal savant capable de marcher debout et tenir un sac beige ?... Je n'avais plus le choix maintenant. Demain, vingt-et-unième jour de ma courte vie, je rejoindrai le champ de bataille, et Miyu partira quant à elle en territoire maintenant ennemi pour saboter... Isadore, que devenait-il ? Me demandai-je. Je n'avais pas eu le temps de lui faire mes adieux, et maintenant, il était dans le camp opposé. Au fond de moi, j'espérai ne jamais le rencontrer à nouveau. Je ne pourrai pas me montrer à lui après l'avoir abandonné de cette manière. Même s'il l'avait mérité, même si c'était la meilleure chose à faire pour moi. Je l'avais purement et simplement laissé tomber. Sans même me retourner comme je l'avais fais avec Miyu. Et cette absence d'adieux, je m'en voulais.

Alors que, de retour au camp, je descendais du véhicule, une larme coula le long de ma joue, et refléta la lumière du soleil dans mes yeux, ce qui ne me fit même pas ciller. L'officier me fit signe de retourner dans le petit hôpital pour attendre l'escouade que j'allais rejoindre, et là, voyant que le Sujet 21A n'était toujours pas de retour, je m'effondrai sur un lit, sachant que toute la lumière du monde ne suffirait pas à maintenir debout.