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L'étrange disparition de Hestia69



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» Auteur : Hestia69 - Voir le profil
» Créé le 15/11/2014 à 03:23
» Dernière mise à jour le 15/11/2014 à 03:25

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« De tout inconnu le sage se méfie. »
Ni lui ni sa famille n'avaient prévu cela, mais il s'était retrouvé enfermé là d'une minute à l'autre, sans savoir pourquoi. Il ne savait pas où il était ni même comment il était arrivé là. Rien ne lui était familier, pas même l'odeur de cette pièce. En revanche, il y avait toujours cet homme, planté devant lui. Âgé d'à peu près une cinquantaine d'années, il avait les cheveux grisonnants et une carrure imposante. Il était grand, apeurant et impressionnant, et il regardait sa proie avec un sourire souvent satisfait, comme celui qu'on arbore lorsqu'on regarde un trophée, ou une médaille de victoire. Il flottait dans les airs, et se raccrochait à des bouts de métal pour avancer d'une pièce à l'autre, toujours en émettant un bruit suspect avec sa bouche, comme un chant. C'était la première fois que la créature voyait quelqu'un d'une autre espèce que la sienne, et il avait cette impression étrange qu'on l'observait constamment. Depuis son réveil, toutes les heures, deux yeux ronds se posaient sur lui, mais ne lui expliquaient rien. Parfois, l'homme restait ici des heures sans bouger, le fixant avec une expression narquoise.

Il ne savait pas grand-chose, si ce n'est qu'il était enfermé ici et qu'il n'avait aucun moyen de sortir. Lorsqu'il essayait de sentir ce qui se passait autour de lui, il n'y voyait que le vide parfait. Parfois, pendant de longues heures, on le laissait seul dans le noir, dans ce tout petit endroit, si petit qu'il avait à peine la place de se lever ou de s'étirer. Il était sans cesse dans cette inconfortable position, privé de liberté et dans l'incapacité de bouger. Son dos commençait à le blesser, lui qui n'avait jamais été obligé de se courber pendant de si longues journées. Quand l'homme lui parlait, parce qu'il le faisait assez régulièrement, il lui demandait s'il avait peur, s'il avait faim, puis il le rassurait, lui disant que tout se passerait bien et qu'il n'avait rien à craindre. Mais rien ne calmait les angoisses du petit être. Car bizarrement, pour la toute première fois depuis sa naissance, il ne ressentait pas clairement l'esprit des personnes qui l'entouraient. Il ne savait pas ce que l'homme éprouvait. C'était le cas avec tous les autres de son espèce, mais pas avec lui. Pourtant, il était intimement persuadé qu'au fond, ses intentions étaient mauvaises.

Ils restèrent ici pendant de longues heures, de longs jours, de longues semaines, il n'en savait rien et il n'avait plus la notion du temps. Il ne savait pas si le temps passait lentement ou rapidement, si cela faisait longtemps qu'il était ici, ou si cela ne faisait que quelques heures. Il n'avait qu'une envie, celle de rentrer chez lui et de retrouver les siens. Il repensait avec nostalgie à tout ce qu'il avait vécu jusqu'alors, presque persuadé que sa courte vie serait bientôt terminée. Son père lui disait bien souvent qu'il était possible que d'autres espèces puissent exister ailleurs que sur leur planète, mais il n'y croyait que très peu, jusqu'à ce qu'il voie apparaître au loin l'immense vaisseau de métal, empli d'une présence qui lui était jusque-là inconnue. Sans se douter une seconde de ce qui lui arriverait, lorsque l'engin s'abattait sur ses terres, il se précipitait alors au dehors afin de venir à sa rencontre, fasciné par sa présence. Il avait envie d'en savoir plus, toujours poussé par cette curiosité qu'il tenait de sa mère. Mais cette dernière n'était pas sortie, sûrement trop absorbée par l'œuf qu'elle gardait au chaud depuis tant de jours. C'est ici que ses souvenirs s'estompaient, comme enfumés par un pouvoir qu'il n'identifiait pas. En réalité, l'homme avait anticipé le fait qu'un des êtres de sa planète viendrait vers lui, et, avec l'aide de son Papilusion, endormit la petite chose et la pris dans ses bras aussi tendrement que possible. Rapidement, il entra dans son vaisseau, ne laissant pas le temps aux autres êtres peuplant cet endroit de réagir à ce qui venait de se passer. Il savait que cela sèmerait le chaos dans cette petite société, mais il estimait que cela en valait la peine. Il ne prit pas le temps de leur expliquer pourquoi il avait besoin d'eux, et quand il relâcherait la chose qu'il tenait dans les bras.

C'est ce qu'il expliqua au petit Deoxys lorsque celui-ci ouvrit les yeux. Lui expliquant en détails les raisons de sa présence ici et la façon dont il l'avait amené jusque-là, il tentait d'apaiser le tremblement de peur de ce qu'il avait capturé. Ignorant tout de ce qu'il allait vivre par la suite, Deoxys était épris d'un effroi insoutenable lorsque l'homme ouvrait la bouche ou tentait de le rassurer. Méfiant de ce qu'il ne connaissait pas et ayant appris que l'inconnu était nocif, il se confinait dans le coin de sa cage, jusqu'à ce qu'il soit seul et hors de danger. Il se souvenait de ce que ses parents lui avaient appris, essayant de regrouper toutes ces connaissances transmises par son peuple afin de se sortir de là au plus vite. C'est alors qu'il comprit qu'il n'était ni sur sa planète, ni sur une autre. Il était vacant au milieu de nulle part. Naviguant dans l'espace, sans savoir où il allait et dans quel but.
De nombreuses questions emplissaient son esprit, et rien ni personne ne pouvait lui apporter les réponses nécessaires. Mais surtout, avant toute chose, il était empli d'une haine insoutenable envers cet homme. Lui qui l'avait arraché à sa famille sans aucun scrupule, sans aucun remords, le laissant mourir ici à petit feu. Il était bien nourri et pourtant pas maltraité, mais il savait qu'une fois le vaisseau arrivé à destination, il serait utilisé pour toutes sortes d'expériences, et que l'homme n'hésiterait pas à le tuer une fois ses recherches terminées. Il ne comprenait pas pourquoi on avait voulu le capturer pour en faire un cobaye de science. Pourquoi les hommes étaient-ils si mal intentionnés envers lui et son espèce ? Peut-être y avait-il d'autres Pokémons sur ce vaisseau, dans la même situation que lui. C'est ce qui le motiva à trouver une raison de sortir de sa cage. Après des jours de réflexion, il se ravisa. Il aurait bien pu s'extirper d'ici afin de chercher ses congénères et ensuite les libérer, mais il y avait un problème bien plus important. Où aller ensuite ? Il ne sentait rien, aucune présence, aucune nature, aucun soleil. Il n'y avait que le néant autour d'eux. Il décida alors d'attendre, aussi longtemps qu'il le faudrait, piégé dans ce cube de métal sombre et glacial.

Autour de lui, la pièce était d'un noir profond. De là, il devina que ce n'était pas une pièce dans laquelle quelqu'un pouvait habiter. Elle ne comportait aucun effet personnel, aucune décoration, aucun objet rattachant l'homme à sa vie, à sa famille, à son univers. Et l'odeur était aussi plutôt étrange. Comme si il n'y en avait pas, en réalité. Comme tout ce qu'il voyait, ce qu'il sentait et ce qu'il entendait était une première pour lui, Deoxys était perdu. Rien ne lui rappelait son monde. Toute la journée, il ne pouvait rien faire d'autre qu'observer l'intérieur du vaisseau, jusque dans les moindres détails, essayant de capter un signe de vie autre que celui de l'homme. Il envisagea ensuite qu'ils étaient sûrement seuls. Cela donnait une dimension encore plus effrayante à l'endroit. Lui, enfermé ici sous le contrôle total de son ennemi. Oui, l'homme était son ennemi juré. Il se promit de se venger lorsqu'il serait tiré d'affaire, et commençait déjà à élaborer un plan. Il éprouvait un dégoût intense pour cette race autre que la sienne. Lui qui avait une vie si paisible devant lui se retrouvait ici sans moyen de sortir, et sans perspective d'avenir autre que celle de se faire observer et torturer pendant des années. Au final, il n'aura servi qu'à satisfaire les besoins sadiques de cette espèce étrange. Il se demanda si l'homme était le seul dans ce cas, ou s'ils étaient des milliers d'autres. Il aurait aimé les éradiquer au plus vite pour ensuite retourner chez lui, mais il n'était encore qu'un enfant, faible de pouvoir. Il n'avait alors rien d'autre à faire que de s'asseoir au fond de sa cage et d'attendre, que le temps passe, que sa vie passe, sans qu'il ne puisse rien y faire. Plusieurs semaines passèrent et rien n'était plus monotone que sa vie. Il mangeait, il dormait, il observait les lieux, toujours les mêmes traits, les mêmes couleurs, les mêmes lumières. Rien ne changeait. Au final, le temps semblait s'être arrêté.

Ce jour-là, Deoxys sentait quelque chose de spécial. L'homme était tout à coup empreint d'une joie incommensurable, comme si il pouvait imploser à tout moment. C'était un jour différent. Il le savait. Lorsque les secousses commencèrent à se faire sentir, tout se mit à trembler. L'homme était attaché de toutes parts dans un fauteuil, comme si il s'attendait à ce qui allait se produire. Mais le petit Pokémon n'était pas attaché, lui. Il se cognait la tête de plus en plus fort contre le haut de la cage, ne sachant que faire. Poussant des cris stridents, il espérait que cela cesserait bientôt. Quand tout à coup, il sentit la chaleur du soleil dans son cœur, ainsi que d'autres vies, d'autres Pokémons, mais aussi beaucoup d'autres hommes. Il sentait la présence d'un sentiment plutôt étrange. En se concentrant davantage, il arriva à cerner une ressemblance avec un sentiment qu'il avait lui-même déjà éprouvé, envers son peuple, sa famille et ses amis, et cela le rendit triste et nostalgique. De la tristesse ? De la nostalgie, alors ? Non, cela n'en était pas. C'était un sentiment qui prenait aux tripes, qui envahissait tout le corps, qui provoquait un bonheur intense. C'était un sentiment qui perdurait dans le temps, qui unissait deux êtres pour toujours, qui ne pouvait se détacher que par la mort et la trahison. Et encore, même la mort n'empêchait pas certaines vies d'éprouver ce sentiment. Qu'était-ce alors ? L'Amour. Il sentait l'Amour. Mais le plus étonnant, c'est qu'il sentait l'amour des Pokémons, non seulement envers leurs congénères, mais envers les hommes. Et surtout, envers les hommes. Ils étaient comme imprégnés d'eux, et ils ne pouvaient pas s'imaginer sans eux.
Cela devenait stupéfiant, mais surtout incompréhensible. Comment pourrait-on aimer quelqu'un qui nous fait du mal, qui nous épie inlassablement, qui nous traite comme un objet ? Qui nous enferme, qui nous espionne jusque dans notre plus profonde intimité afin de « mener à bien des recherches », comme le disait l'homme qui accompagnait Deoxys dans ce vaisseau. C'était inconcevable. C'était inimaginable. Et pourtant, plus il s'approchait de la surface de la Terre, plus l'Amour était fort. Tout semblait étonnement beau et brillant, comme si c'était un monde sans haine. Et cela lui rappelait son monde à lui. Sur sa planète, tout était empli d'amour et de chaleur. Rien ni personne ne semblait pouvoir troubler cette paisible vie qu'il menait, entouré des gens qu'il aimait. Il retrouvait dans ce monde ce sentiment protecteur qu'il aimait tant, celui qui le faisait se sentir fort et important. Il se rendit compte que ce bonheur lui faisait oublier sa douleur, et il se ressaisit. Comment avait-il pu se laisser bercer par ce doux sentiment de joie ? C'est à ce moment qu'il comprit ce qui était en train de se passer pour les Pokémons de ce monde.

Une violente et dernière secousse le projeta au fond de ce qui lui servait d'habitat, provoquant une douleur atroce qui se répandit tout le long de son dos. Assommé et presque inconscient, il ouvrit les paupières et vit l'homme se détacher de son siège. Il eut une sensation de stabilité. Comme si il était attiré par le sol. L'homme était debout sur le carrelage du vaisseau, alors qu'il ne l'avait pas été pendant tout ce temps. Comment était-ce possible ? Il n'avait jamais vécu cela. C'est alors que, à sa grande surprise, l'homme ouvrit le petit habitacle de Deoxys, lui laissant la liberté de partir. Il commença à s'approcher de l'ouverture, tout doucement, encore effrayé et engourdi par le transport si pénible qu'il avait enduré. En aussi peu de temps qu'il n'en faut pour le dire, il fut empoigné par le grand homme, qui le porta sous le bras. Il s'était encore fait avoir. Une grande porte s'ouvrit, menant à l'extérieur. La lumière les éblouit. Essayant d'ouvrir ses petits yeux, il entrapercevait le dehors. Un long tunnel de métal était installé de sorte qu'ils atterrissent dans une pièce qui ressemblait étrangement au vaisseau dans lequel ils venaient de passer des mois. Quand est-ce qu'ils allaient pouvoir enfin voir ce monde ? L'homme emmena son futur cobaye dans une pièce plutôt grande. Elle était vide. Complètement vide. Dénuée de toute personnalité, de tout meuble, de toute zone de confort. Il le lâcha à l'intérieur en ne manquant pas de lui dire que tout irait bien, encore une fois. Mais comme d'habitude, rien ne rassurait Deoxys.

Rassemblant toutes ses forces, le petit être élargit son champ de perception jusqu'à l'extérieur. Ce qu'il y sentit était vraiment différent de ce qu'il connaissait. Cela était extrêmement terrifiant, mais la curiosité était plus forte que le reste. Il pouvait désormais se servir de son pouvoir comme bon lui semblait, et il pouvait alors capter les sentiments de chaque être dans ce monde, qui était immense. La superficie devait être au moins dix fois plus grande que celle de la planète de Deoxys. Tout était coloré, et très vert. La nature était prédominante ici. Lui qui avait toujours pensé que la « planète bleue » était un mythe, il avait aujourd'hui la confirmation que cela n'en était pas un, et qu'une planète comme celle dont tout le monde parlait parmi son peuple était véritable. Il y avait énormément d'eau, plus encore que de surface habitable. De grandes étendues d'eau, peuplées de Pokémons tous aussi différents les uns des autres. Parmi toutes les espèces de Pokémons existantes, aucun ne détestait les humains. Aucun, sauf lui. Il se sentit tout à coup très seul. Puis, il se souvint de ce qu'il avait éprouvé en arrivant sur cette planète. Il avait été empli de bonheur rien qu'en sentant ce qui se dégageait de cet endroit. Peut-être était-ce le cas pour tous les autres Pokémons ? Peut-être que les humains avaient ce pouvoir-là, celui d'aveugler les Pokémons pour leur donner l'illusion du bonheur ? Pour pouvoir mieux les utiliser... C'était une découverte horrifiante, qui le paralysa et l'empêcha de réfléchir correctement. Comment allait-il bien pouvoir sortir de là ? Il se souvint que lorsqu'il était dans le vaisseau, il s'était demandé combien d'hommes il pouvait y avoir sur cette nouvelle planète ? Malheureusement, c'était difficile à dire. Il essayait de déceler les vies emplies de méchanceté, mais il n'en trouva que très peu. Soit les hommes n'étaient pas tous aussi mesquins que celui qui l'avait trouvé, soit son pouvoir était limité ici, comme lorsqu'il était dans le vaisseau. Peut-être que tout était fait ici pour qu'il ne ressente que le bien, et qu'il ne pourrait jamais déceler le mal.
L'homme revint lui donner de quoi manger à sa faim, puis détala sans dire un mot, en claquant la porte, laissant le Pokémon seul, encore une fois. La solitude était ce qui le handicapait le plus. Il ne pouvait demander d'aide à personne, et ne pouvait pas se confier non plus.

Qu'allait-il devenir ? Il se demanda alors s'il avait la possibilité d'utiliser son pouvoir afin de s'échapper. Il avait bien tenté deux ou trois fois de se téléporter, lors d'entraînements avec ses parents, mais toutes les tentatives échouaient, si bien qu'il avait fini par baisser les bras et se décourager. Cependant, il savait qu'il en était capable, comme tous les autres de son espèce, et qu'il n'avait pas le choix : il devait réussir afin de s'assurer d'être hors de danger. La question désormais, était de savoir où aller. En utilisant ce qui lui restait de force, il décela sa position par rapport à ce monde, et les endroits peuplés de Pokémons aimants. Par déduction, ils étaient forcément accompagnés d'humains. C'étaient des endroits difficiles d'accès, et il lui était impossible de se montrer en public auprès des autres Pokémons. De plus, il lui fallait un endroit plutôt grand afin d'accueillir tous ceux qui désiraient repartir sur sa planète avec lui une fois libérés du pouvoir maléfique des hommes. Il repéra alors un endroit particulièrement dangereux mais qui ne lui faisait pas peur pour autant. C'était une sorte de montagne sombre, noire, dans laquelle ruisselait un liquide émanant une chaleur intense. Il y avait certains Pokémons et certains humains, mais ils n'étaient jamais là pour très longtemps et repartaient très vite du lieu. Deoxys décida alors que ce serait ici qu'il bâtirait son prochain habitat, le temps de sauver tout le monde du pouvoir des hommes et ainsi pouvoir retourner auprès des siens, quitte à empêcher l'accès à cet endroit pour les humains. Son idée mise en place, il s'assoupit et s'endormit profondément, récupérant son énergie afin d'être prêt à effectuer la plus grande mission qu'il n'aurait jamais pu imaginer.