Interdire pour sauver de iKirlia

Un grand panneau décrivait la hiérarchie de la colonie. Au sommet, les deux mêmes oiseaux que sur le cristal gouvernaient pacifiquement. Au fond de la pyramides, les Togepis moissonneurs étaient représentaient dans les champs avec une jeunesse flagrante. Un peu plus haut, ces mêmes Togepis polissaient les œufs. La salle de saphir était donc une étape à un certain moment de leur vie pendant laquelle les Togepis qui ont vieillis arrêtent leur travail aux champs et deviennent pouponnières. Plus haut, sur la partie droite, on voyait des Togetics gardant l'entrée de la grotte et sur la gauche, des humains et des Togepis jouaient ensemble. Kirlia en déduisit que les Togepis qui avaient passé par la salle de rubis avaient entamé leur stade d'évolution avant qu'ils ne soient envoyé aux humains ; c'est pour cela qu'ils restaient ici prenant le poste de gardien, surveillant la caverne et la colonie. Celui de ces Togetics qui évoluerait le premier, à la mort du Togekiss, prendrait sa place ; les autres quittant la colonie vers d'autres régions. Tel était le fonctionnement de cette hiérarchie.

Au centre Pokémon, Kafithus et Flora trouvèrent une carte de la région. Cette dernière expliqua son plan au Topdresseur. Le vieillard avait cité trois lieux où les Pokémons fuyaient et avait fait allusion au trio légendaire, l'eau pour Kyogre, la terre pour Groudon et le ciel pour Rayquaza. Ces trois Pokémons divins formaient un triangle et leur union, c'est-à-dire le centre, avait créé Hoenn. Donc, par son raisonnement, Flora démontra que le Mont-Mémoria au centre des trois endroits cités était la réponse au mystère du vieux sage. C'était le lien entre Kirlia et son dresseur qui reprenait le dessus.

Les Togepis de la troupe de Kirlia avaient maintenant échangé leur bêche contre des chiffons et allaient entamer leur retour au niveau principal de la colonie quand un énorme Pokémon passa devant l'entrée de la caverne, plongeant la colonie, le temps d'une demi-seconde, dans l'obscurité. Un Parecool gisait sur la plateforme de grès. Aussitôt, tous les Togepis se mirent à courir vers le pauvre Pokémon inconscient. Kirlia les suivit au pas, ce qui lui permit d'accéder à la plateforme. Ils le recueillirent et le portèrent dans l'ascenseur. Kirlia, ayant passé la garde incognito, se plaqua contre la paroi extérieure. Elle échappait ainsi aux regards attentifs des Togetics. Mais, elle continuait d'avancer et le vide s'offrait maintenant à elle. Elle avait bien trouvé la sortie, mais aucun chemin ne menait en aval de la plateforme. Du vide, rien de plus. Depuis son perchoir, Kirlia apercevait au loin la ville commerciale de Nénucrique. Le Mont-Mémoria était donc une île, la caverne étant parfaitement protégée des humains grâce à l'eau aux alentours et l'altitude de la plateforme. Les souvenirs des Pokémons pourraient ainsi reposer en paix.

Après deux jours de marche intensive, échelonnée par de courtes pauses, nos trois amis voyageurs atteignirent le port de Poivressel. Ils prirent la nuit pour un repos bien mérité.

Les deux grands oiseaux, maîtres de la caverne merveilleuse, volaient maintenant côte-à-côte vers les nuages, virevoltants sous un clair de lune surnaturel. Ils étaient appelés au large d'Atlanopolis, point de réunion qui alliait Terre, Mer et Ciel, afin d'assister au conseil des dieux. Arceus, le suprême, conviait tout Pokémon divin à cet endroit chaque mois pour s'entretenir des relations entre humains et Pokémons. L'avenir des deux espèces dépendait de l'accord de toutes les divinités réunies pour permettre leur survie.

Le lendemain, Flora se leva avant les autres et se balada sur les quais. Elle marchandait avec plusieurs marins afin de trouver lequel pourrait les amener jusqu'au Mont-Mémoria pour un bon prix. Un jeune pêcheur, nommé Odyce, accepta de les y emmener pour seulement 10 Pokédollars. Le coin était redouté, car on narrait, dans les livres d'histoire, que des fantômes Pokémons allaient y récupérés leurs souvenirs. Mais Odyce ne croyait pas à ces superstitions ; il s'y était déjà rendu plusieurs fois pour pêcher, selon lui, les meilleurs Tentacruels de la région. Kafithus et Mysdibule rejoignirent Flora une demi-heure plus tard, les cernes aux yeux. Nos trois compagnons s'installèrent sur le chalutier d'Odyce. De hautes vagues léchaient la coque du bateau avec la tendance à le faire tanguer. Le ciel s'était assombri lorsqu'ils avaient quitté le port. Dès qu'il plut, ils s'abritèrent sous une bâche en plastique, laissant seul Odyce au gouvernail. La tempête déchirait les flots. Est-ce une malédiction des dieux pour les humains qui osaient s'aventurer au Mont-Mémoria ?

- Matelots, nous ne pourrons atteindre le Mont avant la nuit, cria Odyce dans le tumulte des vagues. Nous devons rentrer au port, la mer est trop dangereuse.

Le navire rejoignit Poivressel avec peine et la tempête se calma. Pour poursuivre le voyage, Odyce leur prêta son Lokhlass. Ainsi, nos amis longèrent la côte sur le dos de ce Pokémon marin qui n'attira pas la colère des dieux. Ils arrivèrent au pied du Mont-Mémoria au milieu de la nuit et décidèrent d'établir leur campement sur le versant ouest de l'île.

Le vide se transformait en piège. Une torpille rouge fondait sur la plateforme, sur Kirlia plus précisément. Celle-ci était maintenant bloquée entre les gardes et ce grand Pokémon. Elle se recroquevilla au maximum dans une faille de la paroi, espérant passer inaperçue. C'était chose faite ; l'énorme oiseau se posa sur la corniche. Il ne transportait rien cette fois, mais plaça son postérieur à reculons vers l'entrée de la grotte. C'est alors que Kirlia se souvint. Une fois par an, la mère de la colonie pondait les œufs et aujourd'hui, Kirlia avait l'opportunité d'y assister. On entendait des Togepis s'affairer derrière le Pokémon. Celui-ci, dont l'écho des gémissements résonnait à la ronde, était couché sur toute la largeur de la plateforme, les yeux clos. La douleur lui arrachait des cris de plus en plus puissants. Kirlia avait de la peine pour ce Pokémon dont la souffrance avait atteint son apogée. Son bon cœur la mit à découvert. Elle avançait maintenant vers l'oiseau, essayant de l'appeler. Elle monta sur le dos de la créature. Les sens de cette dernière ne réagissaient plus. Kirlia lui caressait le plumage pour l'apaiser, inutilement. La ponte dura plus de deux heures.