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Nos secrets enfouis de Azuza



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Informations

» Auteur : Azuza - Voir le profil
» Créé le 04/11/2014 à 21:58
» Dernière mise à jour le 05/11/2014 à 09:13

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Bienvenue à Hoenn
Le ferry pour Poivressel fendait les vagues en cette belle soirée de juin. Il avait fait particulièrement chaud ce jour-là, pas un nuage ne venait entacher le magnifique ciel du crépuscule. Le vent sur le pont était agréable mais n'avait pas empêché le soleil de brûler ma peau. A l'horizon, les reflets des bâtiments de Poivressel disparaissaient peu à peu à mesure que le soleil se noyait à l'autre bout de l'océan. Encore quelques heures et nous serions enfin arrivés à bon port. Lys, mon Phyllali, se frotta contre mes jambes lorsque le vent se fit un peu plus fort. Il était temps de rentrer. Je remis en place ma cape de voyage et suivis le pokémon à l'intérieur.

Le salon des passagers était presque désert. A l'exception du jeune homme et des enfants qui regardaient son Luxray, émerveillés, seuls quelques curieux passaient mais ne s'attardaient pas. Les autres étaient certainement partis manger, pour la plupart. Je rejoignis Lys auprès des seuls occupants de la pièce.

« Vous avez vraiment été jusqu'à Janusia, alors ? demandait une fillette, des étoiles plein les yeux.
- Bien sûr, j'ai même rencontré Iris, le Maître de la Ligue, répondit le jeune homme en riant.
- Oh la chance ! Un jour, moi aussi je serai dresseur ! s'exclama un petit garçon. »

Depuis l'entrée de la pièce, les parents des enfants les rappelèrent pour aller manger. Les petits jetèrent un dernier regard aux pokémons, une dernière caresse, puis se précipitèrent vers leurs parents.

« On arrive bientôt, non ? s'enquit le jeune homme.
- Oui, on voit les lumières d'ici.
- On ferait mieux d'aller manger, alors, répondit-il en souriant. »

Il posa une main sur la tête de son Luxray et se dirigea vers la sortie.

« Kito ?
- Hum ? »

Il s'arrêta et se retourna, son sourire toujours aux lèvres. Finalement, ce n'était peut-être pas le moment. Automatiquement, ma main se posa sur la tête de Lys, qui me regarda d'un air intrigué. Je secouai la tête et finis par dire, en me forçant à sourire :

« Non, c'est rien. Allons manger. »

Je laissai derrière moi la salle désespérément vide et rejoignis la salle à manger en direction de Kito. La plupart des tables étaient déjà occupées et il nous fallut un moment pour finalement en trouver une qui n'était pas pleine.

« Ca te dirait de faire un combat ? proposa Kito à la fin du repas. Ca fait longtemps.
- Bien sûr, si tu veux. Sur le pont ? »

Il hocha simplement la tête.

Sur le pont, le vent et la coque fendant les vagues faisaient un boucan d'enfer. Ce ne serait pas simple de se faire entendre, mais au moins nous ne dérangerions pas les autres passagers. La ville se rapprochait ; nous serions bientôt sur la terre ferme. Nous n'avions donc pas beaucoup de temps, et nous décidâmes de ne faire qu'un combat avec un Pokémon chacun. Phyllali se posta à mes côtés, assis calmement, prêt à observer, et son Luxray fit de même.

Je tirai de ma ceinture la pokéball de Rosaphir, mon Gardevoir. Contrairement à Kito, je n'avais que des pokéballs ordinaires, peu coûteuses et faciles à trouver. Mais je savais toujours quel pokémon était où. C'est une sensation étrange, celle des pokéballs. Un peu comme si, en approchant la main, vous pouviez sentir l'aura du pokémon et dire exactement qui se trouve dans la balle. Si on m'avait demandé d'expliquer cette sensation clairement, je me serais sans doute embrouillée dans mes explications. Je m'embrouille toujours quand je dois expliquer quelque chose.

Chaque fois que je faisais un combat avec Rosaphir, je gagnais contre Kito. La raison en est toute simple : un dresseur et son pokémon psy peuvent communiquer par la pensée si le lien qui les unit est assez fort. Elle et moi nous connaissions depuis que j'étais toute petite et combattions ensemble depuis mon entrée à l'école primaire. Dès lors, je n'avais pas besoin de lui dire quoi faire à haute voix, et me contentais de lui donner quelques indications et de la mettre en garde par simple pensée. Kito, lui, n'avait pas encore atteint ce stade avec son Alakazam ; il devait lui donner ses ordres à voix haute, ce qui nous permettait d'anticiper ses mouvements. Et puis, sur le pont de ce bateau, ce n'était pas facile de se faire entendre. Bien sûr, Alakazam était plus rapide, mais Rosaphir était plus entrainée et mieux avertie.

Cette fois encore, le combat fut long. A plusieurs reprises, Alakazam faillit toucher Rosaphir, mais chaque fois il ne faisait que la frôler. Finalement, après une esquive réussie, Rosaphir prépara une Ball'Ombre qu'elle envoya en plein dans le dos de l'Alakazam, qui ne put s'en relever.

Pendant que je félicitais Rosaphir, je vis du coin de l'œil Kito qui soignait son pokémon avec des sprays de soin et l'encourageait. Ce n'avait pas été un mauvais combat. Ils avaient juste un désavantage tactique. Et puis, nous avions eu plus d'entrainement. Eux, ils ne se connaissaient que depuis quelques semaines. Ou était-ce quelques mois ? Le temps passait tellement vite...

Le commandant de bord annonça dans les haut-parleurs que nous arrivions à Poivressel. Kito et moi fîmes rentrer nos pokémons dans leurs pokéballs et allâmes dans la cabine pour chercher nos sacs à dos. Les voyageurs s'affairaient dans les couloirs. Lorsqu'enfin le roulis du bateau cessa, après quelques minutes à faire la queue pour descendre, je mis enfin pied à terre. Je pris une grande inspiration en observant les rues éclairées de Poivressel. Enfin, je remettais les pieds à Hoenn.

Nous passâmes cette nuit-là au centre pokémon de la ville portuaire. Kito ne mit pas bien longtemps à s'endormir. Les yeux fixés sur le ciel étoilé, à travers la fenêtre, je poussai un soupir et me tournai vers lui, immense dans son petit lit à l'autre bout de la pièce. Pendant un instant, j'observai son visage encore enfantin, apaisé par le sommeil. Dans ces moments-là, lorsque le sommeil l'emportait et me fuyait, je me prenais souvent à écouter sa respiration tranquille. C'est aussi dans ces moments-là que tout me revenait en tête. Le souffle glacé sur mon visage, ces grands yeux froids qui me dévisageaient, désapprobateurs. Ma culpabilité, cette boule dans mon ventre qui finissait toujours par se rappeler à ma mémoire. Et tout ce qui m'avait amenée jusqu'ici.