Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Emanation de Kitsuninu



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Kitsuninu - Voir le profil
» Créé le 04/06/2014 à 20:53
» Dernière mise à jour le 09/06/2014 à 20:32

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Chapitre 2 : Yeux de rubis
L'entrée en classe se passa tout-à-fait normalement.
À ceci près que Loreleï détourna la tête de l'assemblée des élèves durant tout le début du cours, faute de lunettes pour cacher ses yeux changeants.

Alors qu'elle ressassait les événements de cette matinée de rentrée, un détail auquel elle n'avait pas prêté attention auparavant la frappa soudain : M. Abalan... même dans la pénombre des corridors du collège, il aurait pu – non – il aurait dû s'apercevoir de la particularité des iris de l'adolescente !
La jeune fille se raidit à cette pensée. Ces yeux... si particuliers, dont elle avait hérité à la naissance... C'étaient eux qui lui avaient forgé sa réputation d'anormale.
Qui avaient gâché son enfance.

Et M. Abalan, ce soi-disant professeur de combat, ne s'en était pas aperçu ? Impossible. Loreleï savait exactement quelles couleurs correspondaient à chacune des émotions et à sa personnalité. Or, ses yeux brillaient toujours d'un reflet rouge étincelant.
Toujours.

La jeune fille se mit soudain à considérer avec plus de méfiance le professeur qui lui faisait face. Elle lui jeta un regard en coin, suspicieuse. Sa démarche, le ton de sa voix... tout, en lui, paraissait cependant normal. Mais l'instinct de Loreleï lui soufflait que cet homme-là lui cachait quelque chose. Et l'instinct de Loreleï ne la trompait jamais.

Soudain agitée par un mauvais pressentiment, l'adolescente posa un regard discret sur le centre d'attention de tout le groupe.
C'est-à-dire la pièce annexée à la salle 28, le fameux vivarium.
Tout ce que l'orphelinat comptait de Pokémon était rassemblé dans cette immense serre conçue spécialement pour leur survie et développement. Pikachu, Mimigal... Une quantité phénoménale d'espèces y étaient contenues. Et aujourd'hui, quelques-unes de ces créatures délaisseraient leur vie semi-sauvage pour rejoindre un humain. Leur dresseur.

Un souffle d'excitation parcourut Loreleï. Posséder un Pokémon... Elle en avait tant rêvé. Et aujourd'hui, ce rêve deviendrait réalité !
Alors que la jeune fille se prenait à sourire, un sentiment d'urgence revint planer au-dessus de la salle. Loreleï pressentait quelque chose de nouveau... quelque chose de... mauvais.

Soudain, elle s'entendit appeler par son nom :

« Suivant : Miss Kermennec ! Veuillez procéder à la phase de sélection ! »

Tous les visages se tournèrent vers l'intéressée. La figure de celle-ci se décomposa. Ses yeux ! Elle devait cacher ses yeux !
Vite, elle baissa les paupières et utilisa une technique qu'elle avait développé du temps où elle ne possédait pas de verres fumés ; ignorant le courant tumultueux des pensées qui lui parcourait la tête, elle se concentra intensément et vida ainsi son esprit, donnant une couleur fixe à ses iris. Relevant les yeux, elle se dirigea lentement vers l'entrée du vivarium, ne laissant transparaître qu'une solide concentration.
Ses yeux demeurèrent bleu gitane jusqu'à son entrée dans la serre.

*
* *

La première impression qu'eut la jeune fille en pénétrant dans le vivarium fut un émerveillement inconditionné.
Les yeux écarquillés, bouche bée, Loreleï contemplait le spectacle de milliers de Pokémon qui s'affairaient, de-ci, de-là, vaquant à leurs occupations de Pokémon. Elle resta ainsi un instant, les bras ballants, incapable de dire un mot devant tant de mouvement et d'agitation. Reprenant peu-à-peu ses esprits, elle secoua la tête et, histoire de se remettre les idées en place, décida d'explorer l'endroit.

Le vivarium était, comme vous l'avez lu plus haut, une sorte de serre, version XXL. Les parois de verre, transparentes comme du cristal, laissait passer la lumière du soleil qui illuminait le lieu d'un éclat enchanteur. Partout autour de la jeune fille, progressait une végétation luxuriante et verte à souhait. Un peu plus loin, on pouvait apercevoir une plaine, moins verdoyante que la forêt, mais plus adaptée aux exigences de certaines des espèces qui vivaient ici. Au loin, enfin, se trouvait une zone asséchée, propice au développement des Type Sol. Les Pokémon aquatiques vivaient dans les points d'eau épars qui parsemaient les zones herbeuses. Quant aux Pokémon Spectre et Ténèbres, ils se réservaient les coins d'ombre.
De cette façon, chacun avait sa part du marché.

Bien qu'elle ait, plus jeune, longtemps observé la serre de l'extérieur, l'immensité du lieu coupait le souffle de l'adolescente. Mais, revenant brutalement sur terre, elle se souvint qu'elle était ici pour choisir son compagnon d'apprentissage. Son Pokémon.

Légèrement stressée, bien que comblée d'avoir enfin l'occasion d'approcher les créatures et d'en posséder bientôt une, Loreleï s'enfonça dans la forêt et se mit à zigzaguer entre les arbres, en quête d'un partenaire.
Elle finit par déboucher sur une petite clairière, spacieuse et lumineuse à souhait. Au centre de celle-ci trônait une montagne de Baies en tous genres, mais aucun Pokémon ne se trouvait dans les parages. C'était assez étrange.

Intriguée, Loreleï s'avançait d'un pas souple vers la pile de fruits lorsque soudain, le sentiment de danger se rappela à son souvenir. L'adolescente pila net. Dépliant sa grande carcasse longiligne, elle se redressa de toute sa hauteur et huma l'air, inquiète. Elle plissa les yeux. Quelque chose se préparait... dans l'ombre.
Loreleï fit brusquement volte-face et fixa les arbres qui s'offraient à sa vue, haletante.
Rien.
Il n'y avait rien.
La jeune fille leva un sourcil interrogateur. Elle aurait pourtant juré...

Toujours sur le qui-vive, elle revint au centre de la clairière, mais se garda bien de s'approcher de la pile de fruits.
Les prédateurs n'aiment pas qu'on touche à leur proie.

*
* *

Loreleï attendait depuis ce qu'il lui semblait être une éternité. Lassée d'attendre le retour potentiel des cueilleurs des Baies, elle avait fini par s'installer sous un arbre, adossée au tronc. Elle s'était positionnée de sorte qu'elle pouvait observer la clairière sans être vue, et, par précaution, avait évité de se mettre sous le vent.
Cette connaissance qu'elle avait de la chasse l'étonnait elle-même. Elle ne se souvenait pourtant pas avoir jamais traqué une bête de sa vie... Mais bref, là n'était pas la question. Au jour d'aujourd'hui, elle devait se trouver un compagnon.
Un Pokémon.

Soudain, un bruissement de feuilles venu d'en face attira son attention. La jeune fille dirigea tous ses sens vers le lieu d'où provenait le son.

Vue ? Pour l'instant, rien de concret.
Ouïe ? Plus rien depuis le bruit.
Odorat ? Trop d'odeurs alentour.
Toucher et goût ? Euh... inutiles.

L'adolescente fronça les sourcils. Sa proie – euh, son possible Pokémon – ne se comportait pas normalement. Elle était trop discrète. La jeune fille aurait-elle été découverte ?...

Tout-à-coup, quelque chose surgit du buisson en une gerbe de feuilles. S'avança dans la clairière. Et s'ébroua.
Loreleï n'en crut pas ses yeux. Le Pokémon sur lequel elle venait de tomber... c'était un Riolu !

La jeune fille afficha un sourire radieux. Sans savoir pourquoi, elle avait toujours adulé les Riolu et évolutions. Peut-être avaient-ils, eux aussi, quelque particularité encombrante.
Redescendant de son petit nuage, Loreleï reprit son attitude chasseur et s'approcha doucement, se mettant exprès sous le vent pour ne pas faire peur à la créature. Celle-ci, qui finissait de s'épousseter, ne broncha pas. Elle ne fit pas même mine d'avoir remarqué l'adolescente.
Loreleï, qui n'avait pas toujours très bien écouté en cours de Biologie des Pokémon, ne chercha pas à comprendre pourquoi le loup bleu réagissait ainsi, se sentant pourtant traqué. Haussant les épaules, elle s'avança davantage et finit par arriver au niveau du petit Riolu. Celui-ci, qui lui faisait dos, laissa passer un cours laps de temps durant lequel il se figea. Puis soudain, il finit par se relever, et se retourna vers la jeune fille.

Loreleï fut déconcertée par son regard. Il n'exprimait rien. Que du vide.
Puis, elle comprit pourquoi il la fixait ainsi.

Le Riolu se préparait à attaquer.
Et vu la concentration extrême qu'il devait contenir, la capacité qu'il formait devait être relativement douloureuse.

Elle le fut.

L'adolescente ne put réprimer un cri de souffrance lorsque l'Aurasphère la frappa de plein fouet. Elle avait l'impression que c'était comme si toutes les pires émotions négatives du monde s'infiltraient en elle en même temps. Et croyez-en son expérience, c'était loin d'être agréable.
Incapable de résister à la puissance de l'attaque, et meurtrie et endolorie jusqu'au fond de l'âme, Loreleï finit par s'évanouir.

Le chasseur avait trouvé son maître.