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Le silence des Wattouat de Cyrlight



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Informations

» Auteur : Cyrlight - Voir le profil
» Créé le 31/05/2013 à 14:49
» Dernière mise à jour le 20/11/2013 à 11:52

» Mots-clés :   Absence d'humains   Absence de poké balls   Kanto   Policier   Suspense

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Chapitre 3 : Channibal
- Clarice, quelle joie de vous revoir ! J'étais sûr que vous ne refuseriez pas ma petite invitation. Vous êtes beaucoup trop polie pour cela.

Channibal Persian se pourlécha les babines derrière les murs en plexiglas de sa cellule. Son regard aux pigments écarlates pétillait, signe qu'il s'amusait beaucoup.

- Dr Persian, j'espère que je ne me suis pas déplacée pour rien et que vous répondrez à mes questions, cette fois.
- La dernière fois qu'un pokémon m'a parlé de la sorte, eh bien... J'ai dégusté son foie avec une gamelle de baies.

Clarice Chaglam tressaillit tout en se posant sur son séant. Comment pouvait-il garder un tel sang-froid en évoquant ses propres crimes aussi barbares ? Elle tenta cependant de se ressaisir et son oreille pointue s'agita nerveusement.

- Que diriez-vous d'un échange, Clarice ? proposa Persian d'une voix suave, presque envoutante.
- Je me méfie de vous.
- Allons bon, de moi ? Je ne comprends pas. Cela me semble honnête, pourtant. Je vous donne une information, et vous en faites de même. Qu'en pensez-vous ? Clarice ?
- J'imagine... Qu'il n'y a pas de mal à ce que je vous dise oui.
- Parfait ! Alors commençons.
- Bien. Dr Persian, pourriez-vous...

Mais Persian hocha lentement la tête de gauche à droite, le regard désolé, avant de retrousser ses babines comme pour sourire, sans cesser de la fixer avec un air qui se voulait insistant.

- Clarice, où sont donc passées vos bonnes manières ? La bienséance voudrait que vous me demandiez d'abord si je désire poser moi-même la première question.
- Excusez-moi, Dr Persian. Voudriez-vous débuter l'interrogatoire ?
- Avec plaisir, Clarice. Parlez-moi donc de votre enfance.

Clarice Chaglam hésita un long moment, la queue recourbée contre son échine, les cils remontés au-dessus de ses petits yeux perçants. Persian l'observa sans ciller, attendant qu'elle daigne bien lui donner une réponse, comme si cela était d'une importance capitale pour lui qui n'en avait pourtant que faire.

- Je vivais dans une ferme.
- Aviez-vous des dresseurs ?
- Pas exactement. Ils ne m'ont jamais enfermée dans une pokéball. J'avais des maîtres, tout simplement.
- Ont-ils tenté d'avoir des pratiques poképhiles sur vous ?

Clarice fit non d'un signe de tête avant de river ses prunelles sur le sol crasseux. Elle sentait que Persian la regardait encore, telle une inquisition. Il poursuivit, toujours avec le même ton mesuré :

- Etiez-vous heureuse, là-bas ?
- Un peu.
- Il est inutile de me mentir, Clarice.
- Je ne vous mens pas. Je... Je n'étais pas malheureuse, si vous préférez.
- Alors pourquoi vous êtes-vous enfuie ?

Clarice leva les yeux, interloquée. Comment avait-il pu deviner pareil détail sans qu'elle ne lui ait encore véritablement donné d'informations utiles concernant son passé. Songeant qu'il valait cependant mieux ne pas se poser de questions quant au pourquoi du comment, elle se contenta de dire :

- Je ne sais plus.
- Oh que si, vous le savez. Cela vous hante encore. Regardez-vous, Clarice. Vous en tremblez. Dites-moi donc quel est ce tourment que vous gardez secret en vous depuis l'enfance ?
- J'ai déjà répondu à bon nombre de vos questions, Dr Persian. A mon tour de vous en soumettre une.

Clarice Chaglam énonça la première phrase du document qu'elle calait avec ses griffes mais il poussa un soupir, puis se mit à gratter le sol de sa patte au pelage soyeux, comme si ses paroles avaient sur lui un effet soporifique, ce qu'il ne manqua pas de lui faire remarquer :

- Tout cela est d'un ennui profond.
- Nous avons un accord, pourtant, Dr Persian.
- Au lieu de vous fatiguer à m'interroger pour le compte d'un test psychologique dont ni vous ni moi n'avons que faire, pourquoi ne pas en venir à l'essentiel ? Pourquoi ne pas me demander ce que je sais sur Monsieur Peau ?
- Que savez-vous ?

Encore une fois, les babines de Persian se retroussèrent en un rictus. Clarice le regarda par-dessous ses longs cils qu'elle rabattit rapidement jusqu'à ce qu'ils effleurent son pelage mauve.

- Inutile de jouer à ce jeu avec moi, Clarice, alors épargnez-moi votre petit numéro de séduction. Et vous, que savez-vous de lui ?
- Seulement qu'il découpe la peau de ses victimes avant d'abandonner les corps dans des rivières.
- Qu'en déduisez-vous ?
- Il n'est pas de type eau, je pense, sans quoi il ne laisserait pas les dépouilles dans son propre élément au risque que cela nous mène jusqu'à lui.
- Bien, bien... Comment sont les victimes, lorsqu'on les retrouve ?
- Dépecées. Il leur manque pour la plupart des lambeaux de chair, de pelage ou d'écailles. Il leur prélève par endroit.
- Combien de victimes a-t-on trouvées pour le moment ?
- Cinq.
- Qui sont-elles ?
- Il y avait un Goupix, un Marill, un Mime Jr., un Germignon et un Sorbébé.
- Aucun ne se connaissait, n'est-ce pas ?
- Non : ils venaient tous d'un secteur différent de Kanto. Rien ne serait susceptible de lier tous ces cadavres entre eux, à l'exception de leur taille. Ils mesurent jusqu'à présent tous moins d'un mètre.
- Cette information vous est-elle vraiment utile ?
- Pas particulièrement. Nous savons quel genre de proie il traque, mais toujours pas qui il est. C'est un phénomène courant chez ce genre de serial killer. Qu'avez-vous à m'apprendre de plus à son sujet, Dr Persian ?
- Ne pensez-vous pas que cela puisse justement être un indice d'ordre capital ? Le modus operandis est celui d'un lâche qui ne s'en prend qu'aux jeunes pokémon seuls. Il n'irait pas attaquer beaucoup plus fort ou plus grand que lui.
- Vous pensez donc que nous devons chercher un pokémon dont la taille mesure moins d'un mètre ?
- J'en mettrai ma main à couper, Clarice. Maintenant, si vous le voulez bien, revenons-en vous.
- Mais je...
- Une information contre une information, Clarice. N'oubliez pas.

Clarice Chaglam se redressa sur ses pattes arrières. Le sol froid sous son séant commençait à lui être désagréable. Elle se mit à faire les cents pas devant la cellule du Dr Persian en attendant que celui-ci réitère la question qu'il lui avait posé tout à l'heure et qu'elle avait tenté d'éluder.

- De quoi avez-vous peur, Clarice ?
- Je n'ai pas peur.
- Alors qu'est-ce donc que ce cauchemar, qui vous réveille toutes les nuits les poils hérissés et les griffes sorties ? Pourquoi tremblez-vous dans l'obscurité alors qu'il y a seulement le silence ?
- Il n'y a pas... que le silence.
- Nous y arrivons ! s'exclama presque gaiement le Dr Persian. Alors ? Qu'est-ce donc que ce sombre secret qui ne cesse de vous tarauder nuit et jour ?
- Le jour où je me suis enfuie de la ferme, c'est parce que j'ai été effrayée. Les humains me laissaient constamment dehors, sauf qu'un soir, un Grahyena est parvenu à franchir la clôture qui fermait l'enclos des Wattouat. Il les a dévorés... massacrés les uns après les autres. J'étais terrifiée et pourtant impuissante. Je ne pouvais rien faire pour les aider, sinon il m'aurait tuée à mon tour. Des heures durant, je les ai entendus crier pour appeler au secours. Au matin, lorsque le soleil s'est levé sur les champs alentours, il ne restait que des peluches de laines, beaucoup de sang et les carcasses mortes.
- Et vous entendez encore les Wattouat pleurer, n'est-ce pas ?
- Cela m'arrive parfois.
- Vous pensez qu'en arrêtant Monsieur Peau, les Wattouat se tairont enfin ? Que vous retrouverez le silence ?
- Peut-être.
- Dans ce cas, vous l'arrêterez, agent Chaglam.

Persian s'interrompit au moment où Barney Machopeur s'approchait de la cellule pour indiquer à Clarice que la visite était terminée. Elle remercia le docteur, puis le suivit dans le corridor jusqu'à la sortie de cette aile de l'asile. Il ne raccompagna cependant pas jusqu'à l'extérieur du bâtiment. Elle n'en avait pas besoin, de toute façon, elle connaissait le chemin.

Elle s'en voulait de ne pas avoir soutiré davantage d'informations à Persian quand elle se doutait qu'il en savait beaucoup plus, mais elle ne repartait pas non plus les mains vides. Elle espérait satisfaire Sablaireau avec les nouvelles qu'elle lui apporterait sitôt de retour à la FIAP. Et puis, rien ne l'empêcherait de revenir voir Persian un autre jour pour tenter d'apprendre encore autre chose.

Elle prit son temps pour regagner le bureau. De toute façon, elle n'avait pas cours avant le lendemain, alors elle ne voyait pas de raison particulière de se presser. Finalement, l'après-midi était déjà bien entamée lorsqu'elle se présenta devant la porte de Sablaireau, qui sursauta en l'entendant miauler.

- Agent Chaglam, je ne vous attendais pas de sitôt. Vous... Vous voulez boire quelque chose ?
- Volontiers. Un bol de lait Meumeu.

Jack Sablaireau appela sa secrétaire, une Coxyclaque dévouée, afin qu'elle aille chercher la boisson. Clarice s'assit sur la douce moquette, face à une pile de dossiers branlante qui menaçait de s'écrouler à tout moment.

- Bien, alors... Votre entrevue avec Persian s'est bien passée ? Vous avez appris quelque chose de nouveau ?
- Il pense d'ores et déjà qu'on peut éliminer tous les pokémon de type eau, ainsi que ceux qui mesureraient plus d'un mètre. Je pense qu'il sait davantage de choses, sauf qu'il n'a pas eu le temps de m'en révéler plus. Le Machopeur en faction est venu me chercher avant qu'il n'en ait l'occasion.
- Foutu Cradopaud ! Il fera tout son possible pour nous mettre des bâtons dans les pattes, celui-là.

Sablaireau frappa si violemment le sol que pendant un moment Clarice songea qu'il avait utilisé Séisme. La Coxyclaque revint finalement le bol de lait Meumeu à la main, qu'elle déposa par terre. Elle tourna ensuite ses grands yeux obscurs vers Sablaireau pour déclarer :

- Un Roucool vient d'arriver pour vous transmettre un message, monsieur. Il est envoyé par le bureau de la FIAP d'Azuria.
- Faites-le entrer, je vous prie.

La secrétaire quitta la pièce et le volatile y pénétra moins d'une seconde plus tard. Il déploya légèrement ses petites ailes pour sautiller jusqu'à Sablaireau, sans prêter la moindre attention à Clarice Chaglam, et lui déclara d'un ton récité, comme l'exigeait son travail :

- Un nouveau corps vient d'être repêché dans l'Azuria. A la vue des blessures, on peut établir un rapprochement avec les victimes de Monsieur Peau. Vous êtes immédiatement attendu à la FIAP pour l'autopsie.
- A quelle heure ont-ils trouvé le cadavre ?
- 15h27, monsieur.
- Et de quelle espèce s'agit-il ?
- Un Cornèbre. Toutes les plumes de ses ailes ont été arrachées sauvagement, ne laissant que du sang.
- Dites-leur que je serai sur place le plus tôt possible, le temps pour moi de rassembler mes effectifs.

Le Roucool acquiesça avec un roucoulement puis quitta les lieux. Sablaireau posa alors son regard sur Clarice Chaglam qui le fixa sans bouger. Il croisa ses pattes griffues au niveau de son ventre, l'air soucieux d'un pokémon qui réfléchit à toute vitesse.

- Agent Chaglam, vous m'avez bien dit qu'avant d'étudier la psychologie criminelle, vous aviez obtenu votre diplôme de légiste, n'est-ce pas ?
- Tout à fait, patron.
- Le médecin de la FIAP est actuellement en arrêt maladie, or j'ai absolument besoin de quelqu'un qui s'y connaisse pour venir avec moi à Azuria. Serez-vous de la partie, agent Chaglam ?
- Vous pouvez compter sur moi.
- Et sur moi aussi.

Sablaireau regarda par-dessus l'épaule de Clarice pour voir Will Mangriff finir de traverser le corridor. Il lui adressa un sourire un peu crispé à la vue de son visage défiguré, avant d'aller lui serrer la patte.

- Je vois que tu ne t'en sors pas sans moi, Jack.
- Pourquoi es-tu revenu ?
- Parce que ta petite stagiaire me l'a demandé, et que je suis partant pour revenir dans l'équipe, à condition que ce soit réellement la dernière fois.
- Je te le promets, Will.
- En tout cas, si je fais cela, c'est uniquement pour éviter qu'elle ait à côtoyer encore une fois Persian. Je ne suis pas du genre à envoyer un Wattouat à l'abattoir.

Un cri s'éleva aux oreilles de Clarice Chaglam au moment où il prononça cette phrase. Elle s'efforça toutefois de ne rien laisser transparaître tandis que, dans sa tête, les Wattouat se remettaient à pleurer.