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Les Esprits Pokémon - Premier Tome de LesEspritsPokémon



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Informations

» Auteur : LesEspritsPokémon - Voir le profil
» Créé le 28/03/2012 à 20:20
» Dernière mise à jour le 28/03/2012 à 20:20

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Chapitre 8 : Le tournoi 1/2 (Dragibus)
Mehdi s'essuya le front d'un revers de main et afficha un sourire dépité. Décidément, ça n'était pas son jour, il avait encore perdu, comme la veille. Et vraiment sur un coup de malchance ! Il soupira, haussa les épaules d'un air résigné et jeta un oeil sur la foule qui l'entourait. D'appétissantes odeurs de friture et de grillades chatouillaient agréablement ses narines et avaient fini par couvrir celles, musquées, des pokémons au combat et des dresseurs en sueur.

Voilà déjà plusieurs jours que l'immense gymnase était plein comme un oeuf. La chaleur des corps rendait l'atmosphère lourde et incommodante. Chaque recoin était occupé, soit par une mini-arène, soit par un équipement sportif spécifique : mur d'escalade, plan incliné, agrès en tous genres...

L'extérieur n'avait pas été épargné non plus. Outre un gigantesque plan d'eau spécialement conçu pour l'occasion, on pouvait apercevoir sur la droite une patinoire artificielle et des pistes de courses diverses. Un large espace sur la gauche était réservé aux Concours, tandis que l'arrière accueillait des vestiaires supplémentaires et plusieurs chapiteaux sous lesquels officiaient les infirmières des Centres Pokémons et leurs Leveinard.


Le Tournoi de l'Union avait commencé en début de semaine et le jeune adjoint du musée de Maillard avait d'abord pensé avoir sa chance. Le tirage au sort de la première phase lui avait été favorable : il avait affronté une jeune dresseuse accompagnée d'une équipe peu expérimentée dont son Steelix et son Solaroc n'avaient fait qu'une bouchée.
Trop facile !


En revanche, le deuxième match s'était révélé désastreux. Le dresseur adverse avait visiblement de l'expérience et davantage de maîtrise de la stratégie que lui-même.

C'était un dénommé Javier, adepte des pokémons ténébreux, dont le style vestimentaire avait laissé Mehdi un peu perplexe : pantalon et chemise à manches longues complètement noirs, à l'exception d'un O brodé au milieu de la poitrine. « On dirait un gourou de secte ! » avait-il songé brièvement. Mais il avait rapidement refoulé ce qu'il estimait être un préjugé en se disant que les goûts et les couleurs, ma foi...

Son adversaire, petit et rondouillard, avait attaqué Steelix au Laser Glace, d'entrée de jeu, ne laissant aucune chance au lourd et vieux pokémon acier. Solaroc avait davantage résisté, grâce à Lance Flamme, mais un Tengalice habilement joué par l'autre dresseur l'avait envoyé au tapis à coups de Casse Briques.

Dans les jours qui avaient suivi, il avait disputé une série de matches qu'il avait perdus, plus ou moins honorablement selon les cas. Il ne s'était pas assez entraîné. C'était une évidence. Entre les cours à la fac et le boulot au musée, il n'en avait pas eu le temps. Il savait bien au fond de lui qu'il se cherchait des excuses : il n'était pas un vrai Dresseur, du moins pas de ceux qui peuvent prétendre faire des compétitions.


Là, il venait d'essuyer un nouvel échec, cuisant celui-là, contre le jeune et présomptueux Florian. Le gamin d'à peine seize ans avait exhibé un Lokhlass contre son Steelix, tout en lui souriant d'un air goguenard par dessus ses grandes lunettes en équilibre précaire sur son nez retroussé. Le pokémon métallique n'avait pas fait long feu face aux attaques de type eau de son adversaire.

Toujours aussi sûr de lui, l'autre avait ensuite balancé d'un geste nonchalant son Bétochef. Mehdi s'était d'abord réjoui : Solaroc allait lui en faire voir de toutes les couleurs avec Psyko. Mais Florian avait remonté ses lunettes sur son nez et le pokémon de combat avait esquivé, puis immédiatement contre-attaqué avec Mitra-Poing. Nouvelle tentative de Psyko, évitée elle aussi après un nouveau geste vers les larges verres fumés, et ce fut finalement le KO par un ultime Mitra-Poing.

Son adversaire, contre toute attente, avait eu la victoire modeste. Il était venu spontanément serrer la main de Mehdi après le combat, le saluant même d'un petit signe de tête signifiant « sans rancune mon vieux ». Le jeune conservateur suivit du regard le vainqueur qui s'éloignait d'un pas nonchalant tout en vérifiant la propreté de ses lunettes à travers la lumière des gros projecteurs du gymnase. Étrange quand même cette manie de triturer ses lunettes pendant le combat...

A présent, c'était l'heure de la pause et chacun se détendait comme il le pouvait en attendant la suite du tournoi. A l'issue de la première phase, un classement provisoire avait été établi dans chaque poule. Les perdants étaient éliminés et seuls ceux qui avaient remporté plusieurs combats étaient autorisés à continuer. Le jeune homme savait qu'il ne faisait pas partie du lot.

Contrairement à certains de ses collègues qu'il voyait complètement effondrés, il s'en fichait un peu. Son objectif personnel était atteint : participer à un tournoi de haut niveau, rencontrer des gens et des pokémons d'autres régions, goûter l'ambiance chaude et électrique d'une compétition en live.

Il se fraya un chemin à travers la foule des dresseurs et des spectateurs, venus en masse, et fit la queue à l'un des nombreux stands de boisson et de nourriture. Mine de rien, les combats l'avaient quand même vidé et déshydraté. Une fois la pression de l'adrénaline retombée, il sentait la tension relâcher ses muscles, l'effervescence quitter son esprit et la déperdition d'énergie creuser son estomac.

C'est donc en mâchouillant consciencieusement un énorme sandwich arrosé d'un jus de baies reconstituant qu'il se dirigea vers l'extrémité ouest du complexe sportif, là où était affichés les résultats des phases éliminatoires. Le tableau électronique était justement en train de clignoter et une ribambelle de noms apparut sur l'écran à cristaux liquides. Il chercha parmi eux celui de son copain Benjamin, sûr et certain qu'il avait réussi à se qualifier pour la suite du tournoi.

Une grande claque dans le dos lui fit faire un bond en avant, plus sous l'effet de la surprise que par sa violence. Son gobelet laissa échapper quelques gouttes de jus qui tachèrent son jean et il émit un bref juron avant de se retourner vers le scrogneugneu de fils de scrogneugneu qui lui avait fait avaler une bouchée de travers.

Benji le regardait d'un air innocent, un large sourire fendant sa mine réjouie.

«Alors vieux, comment ça s'est passé pour toi ?
- Humpf ! Regarde ce que tu as fait ! rétorqua son ami la bouche encore pleine tout en montrant son pantalon taché. T'en loupes pas une, hein ! Faut toujours que tu fasses l'andouille !
- L'andouille est toujours dans la course mon cher...
- Wouah ! Raconte ! s'émoustilla Mehdi, ayant déjà oublié l'incident et sa propre élimination.
- Ben, j'ai remporté quelques matches, je suis assez content de moi vu le haut niveau de la compét'...
- Je le savais, je le savais !!! Super ! Félicitations ! Ah, je suis content, content, content !

C'était au tour de Mehdi de donner de grandes claques dans le dos de son copain. Il dansait d'un pied sur l'autre, plus excité que s'il s'agissait de lui-même.

- Puisque le tournoi est fini pour moi, je vais t'accompagner : je te servirai de coach, de soigneur, de porte-serviette, de...
- D'ami tout simplement, c'est ce qui me sera le plus utile ! termina Benji, amusé de la fièvre qui s'était emparé du jeune conservateur.

Ils déambulèrent un moment parmi les stands, les mini-arènes et les espaces réservés aux sports particuliers, admirant au passage la performance exceptionnelle d'un jeune mineur à l'épreuve de destruction de rochers, se racontant mutuellement leurs combats, leurs impressions et les mille petits détails que peuvent se dire deux potes qui partagent la même passion.

Mehdi mit son ami en garde contre ce jeunot, Florian, aux lunettes si bizarres et dont les pokémons savaient si bien esquiver.

- Qu'est-ce que tu veux dire par "lunettes bizarres" ? demanda Benji.
- Je soupçonne qu'elles lui servent à autre chose qu'à améliorer sa vue. Je ne suis pas sûr, mais je pense qu'il s'en sert pour tricher.
- Mouarf, c'est plutôt toi qui as des idées zarbis !

Le jeune policier évacua d'un geste les protestations de son ami et expliqua qu'il redoutait davantage Kahina, la fille de Rhode, qu'il avait vu combattre dans une arène proche de la sienne et qu'il trouvait particulièrement habile, et donc dangereuse pour lui.

Au bout d'un moment, gênés par le brouhaha ambiant qui les obligeait à hausser constamment le ton, ils décidèrent de sortir. Après la touffeur du gymnase, l'air extérieur leur apparut d'une fraîcheur bienfaisante, malgré le soleil qui tapait dur. Ils furent bientôt attirées par les exclamations admiratives et les applaudissements de la foule qui se massait autour du plan d'eau.

Julie de Nénucrique y offrait un véritable festival. Debout sur le dos de son Milobellus, elle enchaînait les figures de surf avec une grâce et une maîtrise à couper le souffle. Si cela n'avait tenu qu'à eux, ils lui auraient décerné une médaille dans cette discipline !

Les deux amis finirent par se séparer, Benji se dirigeant vers les chapiteaux installés à l'arrière.

Il se rendit d'abord dans l'un des Centres Pokémon amovibles, ajoutés pour éviter aux dresseurs d'avoir à attendre trop longtemps, et y fit soigner son équipe. Puis il gagna les vestiaires pour y réfléchir à la stratégie qu'il allait employer contre ses futurs adversaires. Il sélectionna soigneusement les objets qu'il voulait faire tenir à ses pokémons, fit apprendre une nouvelle attaque à son Ohmassacre, grâce à une CT achetée récemment à prix d'or, et grattouilla longuement le ventre de ses bestioles, histoire de les rassurer et de les féliciter pour le courage dont ils avaient fait preuve jusque-là.

Mehdi préféra se balader à l'air libre en attendant que son ami ait fini ses préparatifs.

Il observait depuis un petit moment le manège d'un couple qui accostait les passants en tentant de leur distribuer des prospectus qu'ils leur agitaient sous le nez. La femme était vêtue d'une jupette grise et d'un maillot moulant assorti, son compagnon d'une tenue plus masculine mais visiblement de même origine. Tous deux arboraient un D brodé au milieu de la poitrine. Ce qui lui rappela vaguement quelque chose, mais hum, il n'aurait su dire quoi...

Le couple s'approcha finalement de lui et la jeune femme l'aborda avec un sourire des plus engageants :

- Bonjour monsieur, connaissez-vous notre société ? demanda-t-elle en lui mettant un flyer sous les yeux.

Et sans lui laisser le temps de répondre, elle débita d'un trait, récitant un argumentaire visiblement bien rôdé :

- Nos laboratoires ont mis au point des moyens de communication inédits, issus des dernières technologies. Des outils modernes permettant de rester en contact permanent avec tous vos amis, votre famille ou votre petite amie. Où qu'ils soient. Je vous en propose un échantillon, totalement gratuit naturellement, pour que vous puissiez tester la qualité de nos produits.

Mehdi, qui avait initialement l'intention de se débarrasser rapidement de ces importuns, leva malgré lui un sourcil curieux, ce que ne manqua pas de remarquer la démarcheuse :

- Voici un bracelet contenant un système GPS et une radio miniaturisés, reprit-elle en passant l'objet au poignet de Mehdi.

S'ensuivit alors une longue explication sur l'utilisation du bracelet, comment il interagissait avec des puces électroniques à insérer sous la peau, permettant d'identifier, de localiser les porteurs et de communiquer avec eux. Puces qu'elle fournissait aussi gratuitement, bien sûr.

Mehdi écoutait poliment, rongeant son frein intérieurement. Il avait autre chose à faire qu'écouter ces bonimenteurs, mais en garçon bien élevé, il n'osait couper court à la conversation.

Se méprenant sur l'attitude du jeune homme et pensant qu'elle avait harponné un client potentiel, la femme en gris sortit un petit catalogue de son sac et y pointa du doigt toutes une série de gadgets électroniques à s'implanter dans le corps. Mehdi fit mine de s'y intéresser. Finalement, il n'avait rien à perdre à accepter ces cadeaux, même s'il était parfaitement conscient qu'en les utilisant, il contribuerait à faire de la pub gratuite pour cette nouvelle société.

Il se fit encore préciser quelques détails sur l'utilisation des puces et du bracelet et s'apprêtait à remercier le couple, quand l'homme, resté jusque-là silencieux, extirpa un autre catalogue, plus mince, de son propre sac à dos :

- Je voudrais vous proposer une technologie, disons... différente, plus sophistiquée..., dit-il en feuilletant délibérément la brochure sous le nez de Mehdi.

L'attention du jeune scientifique fut immédiatement happée par les photos des contacteurs sans fils et autres électrodes high-tech.

- Nous avons là toute une gamme de produits permettant de communiquer sans parole..., poursuivit l'étrange démarcheur.
- Sans parler ? De quelle manière alors ? demanda Mehdi, curieux, mais de plus en plus suspicieux.
- Par la pensée, de cerveau à cerveau. Vous imaginez les applications possibles ? Pouvoir accéder directement à votre réseau social, sans interface, uniquement en "pensant" le nom de vos contacts.

Pour le coup, Mehdi se figea intérieurement, une sonnette d'alarme retentissant à l'intérieur de sa tête. Il connaissait déjà les progrès technologiques dans l'accessibilité des ordinateurs pour les handicapés - reconnaissance de la voix, des mouvements de la tête ou des yeux - mais ce qu'on lui montrait là supposait un matériel encore plus sophistiqué. Et les implications d'une telle technologie ne lui plaisait pas. Mais alors pas du tout !

Un bracelet, admettons. Des puces sous la peau, humpf. Mais toucher à l'intimité des pensées de chacun, ça commençait à devenir autrement plus inquiétant...

- Je vous propose de tester, toujours gratuitement bien entendu, l'une de ces petites merveilles, reprit l'homme sur un ton des plus engageants.

Mehdi secoua la tête, affichant un petit sourire contrit et l'air de regret le plus convaincant qu'il put :

- Désolé, je n'ai plus le temps, je dois retourner à la compétition... Mais merci quand même !

Il embarqua prestement les paquets et s'éloigna d'un pas vif, sans se retourner, se fondant discrètement dans la foule compacte qui l'absorba très rapidement.

Les deux compères se retrouvèrent à l'intérieur du gymnase, sur les bords de l'arène où Benjamin devait combattre Florian en quart de finale du tournoi des dresseurs. Mehdi ne lui parla pas de son étrange rencontre et des gadgets électroniques qu'il avait fourrés dans son sac à dos, pour ne pas le déconcentrer. Il aurait le temps de le faire plus tard.

Le match était serré, les adversaires de même taille, aucun n'ayant vraiment l'avantage du type sur l'autre. Florian était constamment obligé de remonter ses grosses lunettes qui glissaient sur son nez court et luisant de transpiration. Mehdi s'en réjouit intérieurement : le stress et la chaleur empêchaient le jeune homme de garder suffisamment longtemps ses lunettes en face des yeux, et du coup, il ne pouvait pas s'en servir pour tricher.

Benji menait par un KO à zéro. Finalement, les pokémons de Florian n'esquivaient pas mieux que les siens, ce qui lui permit de placer un coup d'jus paralysant, suivi immédiatement d'un éboulement qui ensevelit définitivement le Lokhlass adverse.

Victoire et qualification de Benji pour les demi-finales !

- Alors Mehdi, tu vois ? Je l'ai battu ! Tes soupçons au sujet de ses lunettes étaient injustifiés, tu as été mauvaise langue sur ce coup-là !

Le jeune scientifique ne répondit rien, se contentant de baisser modestement les yeux pour dissimuler la lueur narquoise qui venait d'y naître.

Mais le combat de demi-finale fut autrement plus difficile... Comme il le craignait, le jeune policier se retrouva face à Kahina de Rhode et à son puissant Carchacrok.

Le combat fut laborieux, les deux adversaires étant de force quasi équivalente. Le Carchakrok attaquait parfois sans que sa Dresseuse ait besoin de lui donner d'ordre à voix haute, ce qui rendait toute anticipation impossible. Mais malgré tout, Benjamin pouvait renverser la vapeur.

Soudain, le jeune policier se figea en plein combat, fixant un point devant lui sans le voir, comme en transe.

- Hey ! Benji ! Mais qu'est-ce que tu fous ?! Attaque ! Mais attaque bon sang !!!

Kahina ne se posa pas autant de questions et acheva le Ohmassacre du jeune policier d'un coup de dracogriffe bien sentie.

Mehdi se précipita sur Benjamin et le secoua violemment :

- Mais qu'est-ce qui t'a pris ? Pourquoi t'as pas réagi ?!

Sous les assauts répétés de son ami, Benji sortit enfin de sa transe.

- Je dois aller aux toilettes, lâcha-t-il d'un ton laconique.
- Quoi ??? T'as perdu la demi-finale simplement parce que t'avais envie de pi...

Le jeune policier se dégagea d'un coup sec et se mit à courir en direction des WC, plantant là un Mehdi interloqué et ahuri.