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E.Blood de Hybries



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» Auteur : Hybries - Voir le profil
» Créé le 23/11/2011 à 13:17
» Dernière mise à jour le 25/11/2011 à 17:40

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06- Projecteurs en arrière plan
Chapitre 6- Projecteurs en arrière plan



Le réveil sonna. Une main fatiguée s'abattit sur le vieux modèle pour l'éteindre.
Puis, la main se joignit à sa jumelle pour frotter les yeux de leur maîtresse.
Sophie se releva, les yeux encore endormis, elle abattit son bras à ses côtés pour découvrir qu'elle était seule dans son lit.
Elle grogna, puis se releva, mit ses pieds dans ses chaussons, resta un instant à réfléchir, puis se leva complètement.
Les murs de sa chambre avaient été repeints en rose. Elle avait un lit à baldaquin lui aussi rose et noir.
Elle avait dormit avec un pyjama d'une couleur lui aussi très enfantine. Très vite, elle le quitta pour revêtir des vêtements bien plus stricts. Elle mit ses lunettes et y vit tout de suite plus clairement. Elle put se rendre compte qu'il n'y avait personne dans son lit, ce dont elle avait doutée dans son état endormis.
Après avoir bu un café, elle mit ses chaussures, soupira, et ouvrit la porte d'entrée. Le soleil venait de se lever, mais la plupart des gens devaient encore dormir.
Elle ferma la porte derrière elle et s'avança comme à son habitude, confiante, vers sa journée de travail à l'arène.

Dans le bus.
Sophie jeta un regard à sa gauche et croisa le regard du fameux type bizarre qu'il y a dans tous les bus. Celui-ci avait de longs cheveux noirs et gras, une barbe épaisse et un regard halluciné. Elle détourna rapidement le regard, pas franchement rassurée. Le bus s'arrêta finalement au milieu de nulle part à la demande de la trentenaire. Elle avança un peu, sortit une petite fiole de son sac et se parfuma avec le Repousse. Elle s'aventura dans la grotte et en sortit sans problèmes majeurs.
L'arène n'était pas éclairée, Emma devait toujours dormir. La secrétaire ouvrit la porte le plus discrètement possible pour ne pas dérangé sa patronne.
Patronne.
« Voilà où tu en es Sophie. Tu as tout sacrifié pour en arriver là, et tu te retrouves à travailler pour une gamine qui a la moitié de ton âge. Dans ta prochaine vie, tu réfléchiras à deux fois à ce que tu veux faire plus tard. »
Elle s'assit au guichet et sortit une fiche.
Aujourd'hui, Emma Blood devrait affronter un autre type sans histoire qui croyait pouvoir la battre parce qu'il avait triomphé de la ligue pokémon. Ce n'était pas ce qui était marqué, mais c'était ce que Sophie lisait.
Elle avait en vérité un esprit plutôt cynique. En réalité, elle était même bien différente dans la vie de tous les jours, mais elle ne s'en rendait pas vraiment compte.
Son travail consistait véritablement à organiser les combats dans les meilleures conditions. Il lui était arrivé depuis qu'elle était à l'arène de rencontrer les futurs challengers.
Elle ne se rappelait personnellement que d'une seule rencontre : Celle avec le premier adversaire d'Emma, celui qui avait tenté de la tuer.
Même si sa patronne semblait désormais ne plus y faire attention, cela avait vraiment choquée Sophie.
L'homme avait été froid et distant, elle aurait dû se douter de quelque chose…
« Idiote Sophie, tu es une idiote ! »
Puis, elle se reprit.
« Non, je suis idiote de me reproche quelque chose qui date de plusieurs semaines et qui n'a pas fait de dégâts. »
Sophie avait en effet régulièrement quand elle était seule de passionnantes conversations avec elle-même.
Le bruit de l'ascenseur qui se mettait en route la tira de ses pensées. Elle releva la tête et Emma apparut, pendant une fraction de seconde elle affichait un air triste, mais elle se reprit avec un large sourire, espérant sûrement que Sophie n'ai rien remarquée.
-Bonjour ! Dit elle, l'air enjouée.
-Mademoiselle Blood… Marmonna Sophie
Elle n'y arriverait jamais, vraiment. Pour Sophie, ce sera toujours le même refrain chaque jour, elle disant : Mademoiselle Blood, et l'autre soupirant. Parfois la trentenaire y pensait, et ça rendait Emma vraiment souriante, mais c'était vraiment rare.
-Sophie, j'ai décidé que je vous donnerais une journée de congé aujourd'hui.
L'intéressée releva soudainement la tête, surprise.
-Vraiment ?
-Je pense que vous le méritez. Ted et Willa seront là pour m'aider en cas de problèmes, depuis que j'ai parlé à Tanguy ils vont bien mieux et m'ont promis de m'aider à l'arène, donc j'ai décidé de vous donner votre journée. Vous avez certainement une vie personnelle alors je ne vais pas vous garder pour rien.
-Merci beaucoup. Sourit Sophie.
Elle reprit son sac, serra la main d'Emma, et sortit de l'arène.
Une fois seule dehors, elle soupira et envoya son sac par terre en grognant.
« J'avais juste besoin d'une journée pour pense à autre chose qu'à mes problèmes, et c'est juste aujourd'hui que je ne travaille pas… Je déteste la vie ! »
Elle reprit son sac, et se rendit de nouveau à la grotte. Au moment où elle y rentra, elle entendit un bruit venant de l'autre côté.
-Il y a quelqu'un ?
La voix d'un jeune homme lui répondit.
-Oui… On est les amis d'Emma.
Ted et Willa apparurent à Sophie.
-Oh… Marmonna t-elle. Emma vous attends.
Les deux amis eurent un sourire un peu forcé, ne sachant pas trop quoi dire devant cette femme qui ne faisait partit que du décor pour eux.
Elle ne les embarrassa pas plus et passa devant eux, sortant de la grotte.
Sophie se retrouva seule au milieu de nulle part, sans aucun bus aux alentours.
« Vie de merde… »

Sophie atteint enfin Rivamar, et elle ne sentait plus ses pieds. Si elle avait su qu'elle aurait autant marché, elle aurait mis autre chose que des chaussures à talons.
A peine entrée dans la ville, elle sortit son téléphone et afficha son répertoire.
Elle appuya deux fois sur un prénom, puis envoya un bref message.
Elle rangea son téléphone, et se rendit soudain compte du grand nombre de monde dans les rues. A croire que personne ne travaillait.
Elle soupira et se fondit au milieu de la masse. Elle se sentait bien là, invisible aux yeux de tous les autres, juste un petit poisson dans un banc énorme.
Elle éprouvait ça depuis toute petite déjà. Voir le monde de l'extérieur était tellement… vivifiant. Elle n'avait jamais mis de mots dessus, mais elle se sentait juste bien. Ses relations sociales avaient toujours étaient très faibles, mais malgré cela elle était tout de même une adulte avec une famille et quelques rares amis.
Sophie décida de s'asseoir à la terrasse d'un des nombreux cafés de la ville. Elle n'eut pas à attendre longtemps pour qu'un homme s'asseye en face d'elle.
Il était de taille moyenne, les cheveux blonds et courts, portait une petite veste grise et ressemblait juste à un type comme tous les autres.
-Tu n'étais plus là ce matin. Dit Sophie avant même qu'il ne puisse ouvrir la bouche.
Il répliqua instantanément, comme ayant déjà préparé la réponse dans son esprit.
-J'ai été appelé plus tôt au boulot, je ne voulais pas te réveiller.
-Mark… Souffla t-elle, excédé.
-Quoi ?
-Pas la peine de chercher des excuses comme ça. On n'est pas vraiment ensembles, si tu veux partir plus tôt pour aller… autre part… tu peux le faire.
« Encore heureux. » Pensa le dénommé Mark.
-Tu voulais juste me voir pour ça ? Demanda t-il, un brin de lassitude dans la voix.
-Si tu es venu c'est que tu n'avais rien d'autre à faire, alors tu ne seras pas contre passer un peu de temps avec moi ? J'ai l'impression qu'on ne se voit pas beaucoup de jour.
-Tu passes toutes tes journées à l'arène, forcément qu'on ne se voit jamais le jour. D'ailleurs, pourquoi tu n'y es pas ?
-Ma patronne m'a laissé la journée.
Mark pouffa.
-« Patronne » ? La gamine de seize ans super pourris gâtée que tu m'as décrites ?
Sophie lui fit signe avec ses mains de baisser d'un ton.
-Oui bon, ça reste quand même ma patronne. Et ça rapporte beaucoup, c'est grâce à elle que j'ai pu me trouver une maison en à peine plus d'un mois.
La serveuse arriva à ce moment précis et déposa deux boissons sur la table. Mark la suivit du regard, un regard un peu trop marqué au gout de Sophie.
-Hey ! Tu es avec moi là maintenant.
Il détourna son regard vers elle, puis la regarda avec un mystérieux sourire aux lèvres qui la déstabilisa.
-Quoi ?
-Tu es juste fascinante… Si on ne te connaît pas, tu as l'air tellement peu sûr de toi, tellement timide, mais une fois qu'on te connait, tu es une autre personne.
-Et c'est maintenant que tu le remarques ? Raya t-elle.
Cela amusa Mark qui sourit de plus belle.
-Tu sais, je ne sais vraiment pas comment tu as fait pour passer tes jeunes années comme ça.
-Je suis toujours dans mes jeunes années.
-Sophie, on a la trentaine, on n'y est plus.
Il regarda sa montre, finit son verre, et se leva.
-En retard, désolé. Je passerais ce soir je pense.
Il embrassa Sophie sur la joue et partit.
Elle resta là un instant, le regard planté dans le vide le plus absolue.
« Mes jeunes années… Oh, ça n'a pas été facile. Mais c'est ce que j'avais choisi. Ça remonte tout ça. »

Sophie Dourm avait seize ans.
C'était une jeune fille parmi les cinq cent soixante-douze autres de son lycée.
Et elle aimait cette idée. Juste une fille comme les cinq cent autres.
Elle n'avait pas beaucoup d'amis. En fait, elle n'en avait pas du tout. Elle s'investissait dans ses cours, et uniquement dans ceux-ci. Des gens avaient voulu sympathiser avec elle au début de l'année, mais avaient bien vite abandonnés devant la réticence de la jeune fille.
Elle était parmi ces personnes qui soupirent lorsque que vient le moment de l'interclasse, sachant pertinemment qu'elle allait rester seule dans son soin à révise ses cours.
Mais elle s'y habituait à force.
Elle le faisait déjà avant. Elle continua à le faire par la suite.
Et au fur et à mesure les gens l'oubliaient. Elle se fondait dans la masse et devenait…
Invisible…

Sophie Dourm avait vingt et un an.
Elle était à ce moment de sa vie étudiante en fac de médecine, une fac qu'elle échoua lamentablement, n'arrivant pas à avoir la moyenne sur le premier semestre.
A ce moment de sa vie, elle avait déjà eu à dix neuf ans son diplôme de secrétaire, et était ensuite passée sur des études de médecines grâce à ses bonnes notes dans les cours scientifiques qu'elle avait pris en option. Un parcours qu'on ne pouvait avoir que dans les archipels pokémons, et dans aucun autre pays.
Pour son premier cours à la fac, elle s'assit en bas de l'amphithéâtre, à côté d'un jeune homme blond.
Il se tourna vers elle, voulant apparemment sympathiser, comme tout adolescent normal aurait fait.
Elle détourna le regard, pas vraiment intéressée.
Il sembla comprendre le message et se tourna à sa droite où il engagea la conversation avec une jolie brune.
Sophie passa le reste du semestre à étudier comme elle le pouvait, mais elle ne comprenait décidément rien à cette matière, et ce garçon l'obsédait vraiment. Elle ne sut jamais vraiment si c'était sa faute ou pas, mais elle rata bel et bien son semestre, et quitta d'elle-même la faculté pour commencer à travailler comme secrétaire.
Elle n'oublia jamais vraiment ce garçon, mais tous ces souvenirs lui revinrent en tête six ans plus tard, quand elle accepta de devenir la secrétaire d'un cabinet de médecine, dont le chef du service n'était autre que Mark, le fameux jeune homme qui l'avait obsédé pendant six mois.
Les retrouvailles furent étranges, ils ne s'étaient jamais vraiment parlé en six mois, et pourtant ils se reconnurent instantanément.
Cette fois ci Sophie se laissa charmer, et il ne fallut pas plus d'un mois avant qu'ils ne deviennent plus intimes.
Mais Sophie n'était vraiment pas faite pour la vie en société. Et cela allait avec la vie de couple. De plus, Mark était plutôt du genre à aller voir ailleurs.
Comprenant vite qu'une vie de couple serait vouée à l'échec, les deux jeunes gens entamèrent une simple relation d'amants.
Cela marcha pendant un peu moins de trois ans, puis leur vie professionnelle finit par devenir un enfer. Sophie décida tout simplement de démissionner pour sauver son étrange relation avec le docteur.
Elle resta quelques mois au chômage, puis un matin vit dans sa boite aux lettres un courrier qui l'informait, elle, ainsi que toutes les autres diplômées de sa génération, à devenir la secrétaire de la grande championne.
« Pourquoi pas, ça pourrait être intéressant. » Se dit elle.


Non, à bien y réfléchi, elle n'y était plus du tout.
Elle sentait au plus profond d'elle que cette journée serait importante, qu'elle devait faire quelque chose…
-Sophie ?
Elle releva la tête vers Emma, accompagnée de Ted et Willa, qui s'était arrêtée à la hauteur du café.
-Je ne savais pas que Rivamar était une si petite ville. Marmonna la secrétaire.
-Oui enfin, vous êtes assise à un café qui se trouve dans la même rue que celle où habitent Ted et Willa, donc…
Sophie ne répondit rien, plus lassée de la jeune fille que gênée pour une fois.
-Déjà finit à l'arène ?
-Oui, je ne vois même pas l'intérêt de combattre des gens comme ça, Simiabraz avait fini le travail en dix minutes.
Ted s'avança un peu pour parler.
-Bon, Emma…C'est pas pour te presser, mais le stade ferme dans trois heures, alors si on veut avoir tout notre temps.
La blonde soupira.
-Ted veut que je l'entraine, alors on ferait mieux d'y aller. Souffla t-elle à, Sophie.
La secrétaire adressa à sa patronne un signe désintéressé de la main, puis replongea son regard dans le vide alors que Willa haussait les épaules et prit la tête du groupe vers le stade.
Sophie ne savait pas vraiment quoi penser de tout ça. Mais elle n'aimait pas spécialement Emma, qu'elle avait en effet qualifiée de « gosse pourrie gâtée » devant Mark. Ce qui n'était pas totalement faux. Mais elle ne délaisserait pas son travail, il était trop important pour elle.
Il fallait que quelque chose change aujourd'hui, mais ce n'était pas son travail. Et sa vie se résumait à son travail et Mark. C'était donc du point de ce dernier qu'elle devait creuser pour se sortir de cette routine qui lui devenait insupportable.
Il avait dit qu'ils n'étaient plus dans leurs jeunes années… Et c'était vrai. Elle se sentait tellement loin d'Emma et de ses problèmes d'adolescent normaux, Sophie n'avait tout simplement plus le temps.
Trente ans. Case toi, marie toi, fais un gamin. Voilà ce qu'aurait dit la mère de Sophie. Mais sa situation familiale n'était pas ce qui importait maintenant.
Est-ce qu'elle avait un avenir avec cet homme qui venait chez elle une nuit sur deux seulement ? Avec lui, non. Mais elle pouvait faire sa vie avec Mark, le jeune homme stable qui se cachait sous une épaisse couche de testostérones.
Elle se leva, son corps prenant le dessus sur son cerveau.
Se lever, mais pour aller où ?
La clinique… Si elle disait à Mark ce qu'elle pensait, elle changerait son train-train journalier, pouvant tout perdre comme tout gagner.
Elle jeta un coup d'œil dans la rue mais Emma et ses amis semblaient avoir disparus.
Elle commença à avancer dans la direction dans laquelle ils étaient partis.
Après tout, ce n'était peut être qu'un caprice de sa part. Vouloir changer… Peut être qu'elle ne le penserait pas le lendemain. Mais pour le moment, c'était tout ce qu'elle voulait. Cette pensait envahissait sa tête, imposante. Si ça ne changeait pas, elle rentrerait dans cette routine qui finirait par la tuer.
Elle traversa une bonne partie de Rivamar et arriva devant un stade fait pour l'entrainement. Elle le scruta des yeux, mais ne vit personne. Il lui semblait déjà que le soleil commençait à se coucher et que le crépuscule illuminé le terrain. Il ne devait pas être plus de deux heures, mais c'est comme cela qu'elle vit la scène.
Elle vit finalement Emma et Ted en plein combat sur un terrain. La Momartik de la jeune championne évitait les attaques d'un Chapignon qui semblait appartenir à Ted. Willa envoya un Ludicolo et les deux pokémons tentèrent de tenir tête au pokémon de la championne.
C'était ça, la jeunesse qu'elle n'avait plus. Elle était juste jalouse, c'était aussi simple que ça. Qui était elle ? Juste une fille qui avait raté sa vie. Elle avait abandonné ses relations sociales pour ses études, études qui l'avaient juste amenées ici…
Le crépuscule était il déjà tombé ? Emma était elle vraiment celle qui se battait ? Elle ne le savait pas, à ce moment même elle n'aurait pu dire si c'était ou non un rêve. Et si ça n'en était pas un… Alors la situation allait tout simplement trop bien avec ce qu'elle ressentait. Devant elle, une jeunesse fougueuse, inaccessible, et derrière elle se tenait la clinique dans lequel se trouvait ce passé qui la tuait à petit feu, et dont elle ne pouvait, voulait même, pas se défaire.
-Vous allez bien ?
Elle tourna la tête, surprise, vers Emma.
-Vous n'êtes pas sur le terrain ?
-Momartik peut se débrouiller seule. Je vous ai vu… Il y a quelque chose que vous voulez me dire ?
Sophie hésita. Elle finit par secouer la tête en lançant un regard vers la clinique.
-Rien. Rien qui ne vous concerne.
Emma ne semblait pas entièrement convaincue.
-Vous savez Sophie, on a tous nos problèmes… Mais je suis sûr que ce n'est pas si grave. Que diriez vous d'un match ?
La secrétaire fut surprise.
-Nous nous sommes déjà affrontées non ?
-Mon Raikou contre un seul de vos pokémons. Je pense qu'aujourd'hui c'est différent.
Emma prit en main la pokéball de Simiabraz et la lança.
Sophie hésita une fraction de secondes, puis prit à son tour une pokéball et envoya un Spinda sur le terrain.
-Qu'est ce que vous voulez prouver ? Demanda la secrétaire.
-Je ne connais pas vos problèmes… Mais je sais que tout peut se résoudre par un match. C'est pour ça que j'ai choisi cette voie… Les matches pokémons ne sont pas des démonstrations de brutalité… Ça va toujours plus loin que ça. Ce ne sont pas deux pokémons qui s'affrontent vraiment, mais deux personnalités… Et on peut toujours apprendre des choses avec ça.
Sophie n'en revenait pas. Cette fille qui avait presque la moitié de son âge… Elle avait déjà plus compris qu'elle.
Les deux pokémons se lancèrent alors dans une lutte, battant sous les ordres de leurs maîtresses. Simiabraz était plus puissant oui… Mais c'était tout autre chose. Sophie se battait. Elle-même à travers Spinda. Et ce n'était pas Emma qu'elle affrontait, mais elle-même.
La lutte entre les deux pokémons n'était pas serrée. Simiabraz avait bien entendu l'avantage, à chacun de ses coups Spinda avait plus de mal à se lever. Mais ce n'était pas grave. Le pokémon panda finit par tomber KO, mais Sophie ne s'en rendit presque pas compte. Déjà elle lançait une autre pokéball, et c'était désormais à travers son Lippoutou qu'elle se battait. Le feu et la glace se croisèrent, un défilé artistique s'imposa sur le terrain. Emma elle-même n'était pas très lucide, trop prise par ce combat, qui, même gagné d'avance, avec infiniment plus de saveurs et d'intensité que n'importe quel match qu'elle avait livrée. Le monde s'était arrêté pour Sophie, et elle en avait besoin. Elle en était désormais le centre.
Une rafale de flamme frappa le pokémon glace et psy qui s'écrasa au sol. Et déjà l'ultime pokémon de Sophie lui fit place.
Armaldo apparut, se mouvant avec une dextérité que les autres pokémons de la secrétaire n'avaient pas.
Elle sourit. Comment en était elle arrivait là déjà ? Oui, il avait suffi d'une phrase de Mark pour qu'elle réalise où en était sa vie. Et maintenant elle prenait encore une leçon de vie de la part de la personne qu'elle aimait probablement le moins.
Le pokémon fossile et le singe de feu ne semblaient ne faire qu'un, fusionnés dans la mêlée, et alors que le feu triomphait, alors que l'ancien pokémon tombait lui aussi, Sophie ne vit pas la victoire, mais une issue. Une porte, une solution, une réponse. Elle savait ce qu'elle devait faire.
-Vous allez bien ? Demanda de nouveau Emma pour tirer Sophie de sa rêverie.
Celle-ci garda pourtant le regard dans le vide, mais un sourire illumina son visage.
-Oui… Merci.
Emma sembla chercher quelque chose dans sa poche puis sortit un petit agenda.
-Sophie, je sais que ça ne va pas vous faire plaisir, mais… J'ai là le numéro d'un psychologue, je sais que vous ne voudrez jamais me parler, mais vous travaillez avec moi alors je voudrais être sûre que ça va.
La secrétaire prit la carte de visite que lui tendait Emma sans vraiment comprendre, puis partit vers la clinique sans ajouter un seul mot.
Elle savait ce qu'elle DEVAIT faire.

Sophie poussa les deux portes de la clinique. Elle passa devant la femme de l'accueil sans lui adresser une seule parole, traversa la salle d'attente et pénétra sans frapper dans la salle de Mark.
Celui-ci était à son bureau, semblant remplir des papiers. Il releva la tête, surpris.
-Sophie ?
-Je ne vais pas tourner en rond longtemps, ça fait déjà trois ans que l'on ne dit rien. J'en ai assez Mark. Tu l'as dit tout à l'heure, on est plus jeunes du tout. Je ne veux pas passer le reste de ma vie à t'attendre toute la journée pour que tu sois déjà parti le matin voir une autre pute. J'en ai assez, ça fait chier. Ça ne me plus continuer, alors je vais te laisser le choix. Viens chez moi ce soir, et dis moi. Je t'aime.
Et, sans rien ajouter, elle partit, laissant l'homme totalement déboussolé.
Voilà, c'était fait.
Elle aurait la réponse dans quelques heures… Elle saurait enfin où ira sa vie.
Sur le chemin du retour, son esprit rejoua la scène plus d'une centaine de fois, finissant peut être par altérer la réalité.
Elle lui avait dit « Je t'aime » et elle ne pensait pas lui avoir dit un jour. Ça ferait peut être la différence.
Elle finit par arriver dans son quartier. Le crépuscule commençait vraiment à s'installer et la vue était superbe. C'était un quartier chic se trouvant au bord de mer dans lequel habitait généralement des gens plutôt aisées. Et Sophie n'avait pas peur d'afficher qu'elle avait désormais de l'argent, contrairement à des relations sociales, puisque tout le voisinage avait sans doute remarqué que personne ne venait jamais chez elle à par Mark.
Elle s'arrêta sur le palier de sa maison, soupira, puis entra les clés. La porte s'ouvrit et elle pénétra dans « son temple ».
-Plus qu'à attendre…

C'est alors que le Prince envoya son puissant Ho-oh qui balaya le méchant prince noir et libéra la Princesse. Ils rentrèrent ensemble au château où personne ne pouvaient plus les atteindre, se marièrent, eurent beaucoup d'enfants, et vécurent heureux jusqu'à la fin des temps.
Charlie Palaut : « La Princesse qui voulait une vie parfaite » Edition compte d'enfants :1985

La sonnette retentit enfin dans son appartement après une heure, peut être même deux d'attentes. Sophie ouvrit à Mark qui la regarda avec des yeux rouges, comme s'il avait pleuré.
Elle le fixa un instant, tentant désespérément de lire dans son regard.
-Sophie… Ce que tu m'as dit… Ça m'a fait réfléchir et… Tu as raison. Sur toute la ligne. Je n'ai plus le temps pour ça, je dois me caser…
Sophie avait presque des larmes de joies aux yeux. Mark continua.
-… Sophie… Il y a cette fille qui travaille avec moi, Candice, et tu m'as fait prendre conscience que je l'aime. Je lui ai demandé, et demain nous partirons tous les deux loin d'ici commencer une nouvelle vie.
La secrétaire… Explosa de rire. Elle rit vraiment jusqu'aux larmes. Elle rit à n'en plus finir devant Mark qui la fixait, dépité. Elle rit, puis, quand elle ne put plus respirer, le fixa.
-…Tu… es sérieux hein ?
-Enfin Sophie, regarde-toi ! Tu dis vouloir changer, tu dis ne plus être faite pour les jeux d'enfants, mais ta maison est peinte en rose ! Il y a des peluches dans ton placard ! Tu travailles avec une adolescente tous les jours ! Tu es une éternel enfant, tu…
-Ça veut dire que tu romps avec moi ?
Il soupira.
-Comme tu l'as dit ce matin, on n'a jamais été ensembles.
Et ce fut là. Le moment précis où sa vie changea.
-…J…T…ENFOIRE ! ENFOIRE DE MERDE ! CONARD DE PUTAIN DE FILS DE PUTE !
Elle saisit le premier objet qui lui tomba sous la main, à savoir une lampe, et la lui jeta dessus.
-WOAW ! Cria t-il en l'évitant.
-TU M'AS FAIS ATTENDRE PENDANT TROIS PUTAIN D'ANNES POUR CA ?! POUR ME JETER TEL N'IMPORTE QUEL PLAN CUL POUR UNE SALOPE QUI DOIS AVOIR LA MOITIE DE TON AGE ?!
Elle prit cette fois tout ce qu'il y avait sur la commode à côté d'elle, et lui envoya au visage. Sophie passa littéralement en mode furie et se mit à tout foutre en l'air dans sa maison. Mark tenta désespérément de sortir en se couvrant la tête, et réussit finalement à atteindre la porte. Mais Sophie n'en avait plus rien à faire. Elle se fichait de savoir qu'il était partit.
-DES MURS ROSES HEIN ?!
Elle éventra le papier peint avec ses ongles.
-PELUCHES DANS LE PLACARD ?!
Elle vida son armoire au dessus de la fenêtre, quelques enfants passant par là eurent le plaisir de recevoir des ours en peluches gratuits.
-JOB DE GAMINE… Non… Peut être un des plus beaux jobs de ma vie. Et bien mieux que ton job Mark !
Elle ouvrit ses tiroirs et brûla toutes les photos sur lesquels elle était avec Mark. Et elle se rendit compte à ce moment qu'il n'y en avait que deux. Des photos sans histoires.
Elle alluma son briquet.

Sophie était assise en tailleur au centre de sa chambre complètement saccagée. Plus rien n'était intact où à sa place, mais ça n'avait pas d'importance. Voilà, une page de sa vie était tournée.
Et soudain une question lui vint en tête. Toute simple, mais elle devait savoir.
Et maintenant ?
Et maintenant… L'inconnu. Du moins, quelque chose de différent.
Mais elle avait besoin de quelque chose pour y arriver.
Elle fouilla dans sa poche, puis sortit la carte du psychologue qu'Emma lui avait donnée. Elle la regarda un instant, puis sortit son portable.
Elle composa le numéro, attendit, puis quelqu'un décrocha à l'autre bout du fil, un homme se présentant comme le docteur Jteffer.
-De quoi avez-vous besoin ? Finit il par demander.
Sophie regarda devant elle une photo sur laquelle on voyait encore son visage rayonnant malgré le visage brûlé de Mark.
-Je veux parler.