E.Blood de Hybries

Chapitre 1 : Nouvelle vie


Non vraiment, elle n'aurait jamais cru que sa vie prendrait cette tournure.
Et pourtant elle était prévenue, au moment même où elle était venue au monde, elle aurait dû se douter que sa vie ne serait pas toute rose.
Quelle idée aussi d'avoir pour nom de famille Blood ?
Mais ça n'avait plus d'importance non, parce que maintenant tout cela était derrière elle.
La jeune fille continuait de marcher, inébranlable. Elle releva la tête et un large sourire illumina son visage.
Sa nouvelle vie pouvait commencer.

Elle regarda devant elle, s'arrêta pour sentir la douce brise lui rafraichir le visage.
Depuis toujours c'était ce qu'elle avait préférée. Se lever tôt, quand le soleil n'était même pas levé, puis marcher. Marcher jusqu'à ce que le soleil se lève enfin, et s'arrêter. Rester là où elle était, où qu'elle soit. Et sentir le vent frais du matin sur ses joues.
Elle aimait vraiment les plaisirs simples de la vie, mais ça ne l'empêchait pas de vouloir des choses hors de portées et de préférer un hôtel cinq étoiles à une nuit dans une tente au milieu de la forêt.
Mais d'une façon particulière, elle aimait ce vent frais du matin, elle sentait vraiment sa pureté.
Son petit plaisir passé, elle continua d'avancer, regardant autour d'elle.
Elle.
Emma Blood. Seize ans.
Voilà comment elle aurait aimée se présenter devant tout le monde. Son nom, son âge. Elle n'aimait pas les détails, seulement l'essentiel. Et même s'il y avait tellement plus à dire sur Emma, c'était les deux seuls choses qu'elle estimait pouvoir communiquer aux autres.
Si on avait insisté, elle se serait décrite physiquement, juste pour énerver son interlocuteur. Elle était blonde, mais de ce blond vraiment naturel et lumineux. Elle mesurait environ un mètre quatre-vingt, peut être un peu moins, elle était en tout cas dans la moyenne. Un corps fin et élancé, les bras forts et entrainés. Les traits de son visage étaient vraiment angéliques, elle n'aurait certainement pas dit ça toutefois car elle détestait se mettre en valeur. Mais c'était la vérité, elle était de ces femmes banales avec cependant un charme fou qui savait attirer celui qui y prêtait attention.
Elle n'aurait rien dit sur ses vêtements, car dans ce genre de situations elle aimait sortir des phrases toutes faites pleines d'ironies. Mais comme elle ne portait jamais la même chose, elle devait se résoudre à taire cet aspect. A cet instant précis, elle portait un short noir, un T-Shirt grisâtre sur lequel était inscrit une marque connue et par-dessus une veste en cuir noire.
Elle avait en effet ce jour là décidé de s'habiller dans un style plus rock, bien que sa garde-robe lui permettait de passer d'une gosse de riche du dix-septième siècle à une fille de banlieue trainant dans la rue vers trois heures du matin en semaine.
Emma Blood n'aimait pas les clichées, s'en moquait, les détournaient. Son look n'avait aucune importance à ses yeux, bien que de manière générale tout lui allait bien.
Si elle pensait à tout cela, c'était parce qu'elle allait bientôt faire de nouvelles rencontres.
Et des personnes hauts placés, oh oui. Après tout ça, on aurait pu penser qu'Emma n'avait pas choisi de se retrouver avec tous ces gens de la haute société, que ce n'était pas son élément, et pourtant elle avait bataillé pour en arriver là. Elle l'avait voulu plus que tout.
Elle jeta un rapide regard à sa montre. Elle avait quittée Rivamar depuis une bonne heure maintenant. Emma était engouffrée dans des sentiers que peu de mondes arpentaient. Elle se rendait en effet aux sources adieux. L'endroit le plus dangereux de Sinnoh en somme, mais elle n'avait pas peur.
Cela l'amusait plus qu'autre chose. Une zone dangereuse, des pokémons puissants, une nouvelle vie… Un challenge à sa hauteur.
Elle arriva devant un lac, une épaisse brume flottait dans l'air, mais ça ne la dérangée pas plus que ça.
Emma sortit une lettre de sa poche. Elle pensa que c'était certainement la dernière fois de sa vie qu'elle voyait une lettre, avec le dernier modèle de pokémontres écrire manuellement relevait presque du mythe.
C'était bien là. Il fallait juste… Traverser la grotte. Apparemment, cela avait été impossible pendant de nombreuses années, jusqu'à que l'étrange présence dans la grotte disparaisse quelques années plus tôt. Depuis, certains aventuriers avaient trouvés un autre chemin.
Emma s'engouffra. L'obscurité fut totale, instantané. La jeune fille toucha trois boutons sur la fameuse pokémontre qu'elle portait au poignet, et une vive lumière en sortit, éclairant la grotte. Un énorme Grolem lui barra la route, troublé dans son sommeil par cette lumière trop vive.
Emma sourit. Pourquoi pas ?
Sans même qu'elle ne bouge, une de ses pokéballs s'ouvrit. Un simple éclair, le pokémon passa comme un coup de vent, invisible à l'œil nu par sa rapidité, il était déjà retourné dans sa pokéball quand Grolem s'écroula, KO.
Elle continua sa route, imperturbable, et la lumière du jour l'éblouie bien vite.
Elle était enfin arrivée à destination, et ça valait le coup.
Une plaine.
Immense, s'étendant à perte de vue, un territoire que l'homme n'avait que très peu foulé ces dernières années.
Le ciel bleu était exempt de pollution et l'herbe d'un vert éclatant.
Plus loin, on pouvait apercevoir une forêt, et sur la gauche d'Emma un petit étang. Si on avait regardé la carte de Sinnoh, on ne pouvait deviner qu'un si vaste territoire s'étendait à cet endroit. D'ailleurs, Emma était convaincue qu'elle n'était plus à Sinnoh. La grotte devait mener autre part, cet endroit était vraiment…
…Hors du temps.
Et bien sûr, bien plus loin, au milieu de toute cette étendue de verdure, un énorme bâtiment entièrement blanc, portant à son sommet le symbole d'une pokéball, symbole officiel de la ligue pokémon.
Elle n'était pas venue pour admirer le paysage, mais pour ce bâtiment.
On aurait dit un manoir mais en bien moins lugubre. La façade n'était pas couverte de petits détails flippants comme des gargouilles ou des visages d'hommes, elle était juste plate avec quelques rebords pour donner un peu de style.
Il y avait une aile gauche assez importante, se déroulant sur une dizaine de mètres et une aile droite de la même longueur mais ne comportant que deux fenêtres contre cinq pour l'autre aile.
Au centre des deux ailes le bâtiment s'élevait en pique jusqu'à finir par l'emblème de la ligue.
Il y avait une double porte d'entrée vraiment très imposante, toute en marbre, elles s'ouvrirent dès qu'Emma s'approcha.
L'intérieur était plus sobre, les murs étaient plus couleur crème, mais ce n'était vraiment pas ce genre de détails qu'Emma remarquait, elle ne voyait pas pourquoi les gens mettaient des noms sur chaque variante de couleurs existantes.
Il y avait trois portes, une en face d'elle, une à droite et une à gauche. Les deux sur les côtés étaient des portes toutes simples, menant certainement à des endroits privés. Mais la porte devant elle, toute noire, imposait encore plus que la porte d'entrée, de par les petits dessins de pokémons gravés dans le marbre de la porte.
Juste entre la porte de marbre et la porte de droite se trouvait un guichet dans lequel une femme était assoupie.
Emma se racla la gorge et la femme se releva à une vitesse incroyable, rehaussa ses lunettes et fit comme si elle notait quelque chose sur une feuille.
Elle prit son air le plus détaché possible et releva les yeux. Quand elle vit Emma, elle blêmit et sortie sans tarder du guichet.
Emma la jaugea quelques secondes. Grande, la trentaine, des cheveux noirs qui s'arrêtaient sur sa nuque, des lunettes assez discrète et des yeux noisettes. Noisette, encore une déviance de marron qu'Emma ne comprenait pas. La femme, pour en revenir à elle, avait les pommettes un peu creusés, et des débuts de cerne qu'elle avait sans doute essayée de cacher avec un peu de maquillage, mais elle n'avait pas l'habitude de se maquiller, sinon elle aurait réussi à bien les cacher.
Elle portait des vêtements venants de chez un grand couturier, une chemise noire et blanche et un pantalon certainement fait en soie, noir également.
-Madame. Réussit-elle à articuler.
-Vous êtes ? Demanda Emma, beaucoup plus à l'aise que son interlocutrice.
-Sophie Dourm madame. Je serais votre secrétaire et seule compagnie ici.
Emma répliqua instantanément.
-Vous, vous n'avez pas l'habitude de faire le majordome guindé. Quand on parle à son supérieur comme vous le faites, on ne rajoute pas « et seule compagnie ici ». On se tient au travail et on ne dit rien qui touche de près ou de loin à la vie personnelle de son employeur. Ici, vous sous entendez que comme il n'y aura que vous et moi on va être obligées de se rapprocher. Un employeur dans la haute société aime à penser que sa secrétaire n'est qu'un objet donnant l'heure des rendez-vous, et dans certains cas elles servent à autre chose aussi, mais je ne suis pas de ce bords là, et si vous l'êtes, ne vous inquiétez pas, je suis très tolérante.
Sophie se décomposait au fur et à mesure qu'Emma parlait. Quand elle eut fini, la secrétaire avait juste envie de s'enfuir très loin. Puis Emma éclata de rire avant de rajouter :
-Heureusement pour vous, je ne suis pas ce genre d'employeur. Je n'ai que seize ans, je veux bien sympathiser avec vous, peut être même vous tutoyer dans quelques mois, mais je ne veux pas une secrétaire avec un balais là où je pense, on va vivre sous le même toit pendant quelques années, jusqu'à ce que vous en ayez marre de moi et démissionniez, donc autant bien s'entendre.
Sophie avait l'air à peine plus rassurée. En moins de deux minutes, cette fille lui avait procuré un véritable ascenseur émotionnel dont elle se serait bien passée.
-Bien madame. Dit elle enfin.
-Pas madame ! Vous êtes ridicule, je suis deux fois plus jeune que vous !
-Bien made…
-Pas mademoiselle non plus ! Juste… Emma !
-Bien Emma.
Elles restèrent un instant à se fixer, une ambiance étrange de malaise régnant dans la pièce.
-En vérité Made… Emma, je ne dormirais pas ici, j'ai une chambre d'hôtel à Rivamar.
Cette fois, c'est Emma qui fut surprise.
-Je vais dormir toute seule dans ce truc flippant toute l'année ?!
-C'est la condition des champions.
Emma sourit. Sophie lui plaisait bien, elle avait probablement travaillée pendant des semaines entière cette rencontre, changeant ses habitudes, et pourtant elle ne pouvait s'empêcher de lancer des petites piques, certainement sa vraie personnalité qui ressortait.
-C'est bien vrai. Je l'aurais cherché ! Rigola Emma. Vous me faites faire le tour ?
-Avec plaisir. Sourit Sophie avec plus d'assurance.

La politique sur les archipels pokémons est extrêmement simplifiée par rapport à celle des autres pays. Cela ne l'empêche pas d'avoir une énorme faille, une faille dont n'importe quel abruti pouvait se servir pour avoir une place dans le gouvernement.
Sans rentrer trop dans les détails, si on battait la ligue, on ne devenait pas maître mais on pouvait y prétendre. Par contre, les dresseurs inscrits au Panthéon possèdent des pouvoirs politiques, ils peuvent prendre une place au Parlement, et ainsi faire voter les lois qu'ils désirent.
Ce système était en train de mener le pays vers la faillite, et le trop grand nombre de ces dresseurs au Parlement nous empêchait de modifier directement ou de supprimer la loi.
Mais nous avons eu une idée de génie.
Nous avons voté une loi comme quoi une ultime arène serait construite, en battant la ligue on obtiendrait uniquement le droit de prétendre à la place de maître ET de se rendre à cette arène. Une fois le champion vaincu, on pouvait réclamer le droit d'entrer au Parlement.
Nous avons réussis à faire passer la loi, on n'aurait pas pu faire plus gros. Mais pour tenir cette arène, il nous fallait quelqu'un d'exception, un dresseur imbattable qui ne laisserait personne grossir les rangs du Parlement. Pendant des mois, nous avons sillonnés les routes, observés les combats de rues, regardés de vieilles cassettes de combats, et tout simplement auditionnés.
Et puis nous avons vu cette jeune fille. Je ne lui donnais pas plus de dix-sept ans, elle en avait seize en réalité. Pendant l'audition, elle a battu les quatre membres du conseil de Sinnoh en même temps et en seulement deux attaques.
Elle s'appelait Emma Blood.
Elle est la championne ultime, et à l'heure où vous lisez ces lignes, elle est certainement très célèbre.
Phileas Gauthier : Mémoires. 2011-Edition pocket

Sophie ouvrit la porte en marbre noir. Derrière se trouvait un gigantesque terrain de combat, à chaque mur des gradins, le tout pouvant accueillir environ deux cents personnes.
Emma soupira.
-Jamais autant de monde ne viendra me voir combattre n'est ce pas ?
Sophie fit non de la tête, légèrement amusée.
Elle la conduit ensuite vers la porte de gauche, en rentrant, elles se retrouvèrent dans un ascenseur.
-Un ascenseur derrière une porte ? Vous m'expliquez le principe ?!
-Un architecte avec des gouts bizarre apparemment… Je ne suis là que depuis cinq heures, tout juste le temps de remplir la paperasse.
-Ça devait être vachement soporifique, vous dormiez quand je suis arrivée !
L'ascenseur s'ouvrit et Emma sortit, Sophie la suivit d'un pas mal assurée, venant de perdre tout l'assurance qu'elle avait acquise.
-Voici… Tout le côté vie pratique… Rivamar est à une demi-heure de marche, si vous ne voulez pas sortir, il y a ici… Une cuisine, un bureau, la salle de bain bien sûr, les toilettes évidemment, et je crois que c'est tout…
Emma daigna analyser elle-même la salle vue la motivation évidente de Sophie et sa passion naturelle et tout aussi évidente pour parler des toilettes.
C'était une pièce vraiment gigantesque, un véritable appartement en fait.
Un salon avec canapé en cuir et écran plat, un petit couloir avec une porte de chaque côté, certainement les toilettes et la salle de bain. Derrière le canapé, un petit bar avec tous les ustensiles pour cuisiner et un frigo pas encore branché.
Enfin sur sa droite, un gros ordinateur tournant sans doute sous Windows XP qu'Emma se promis de jeter le plus vite possible.
Elle vit également un autre couloir partant vers la droite.
-J'imagine que c'est le couloir vers l'aile droite ?
-Exactement. Votre chambre.
Emma s'y aventura.
La chambre était vraiment gigantesque, les deux ailes avaient les mêmes dimensions comme Emma l'avait remarqué, mais l'aile droite ne comportait que la chambre ce qui la rendait plus impressionnante. Tout au fond à droite, un lit king size avec deux oreillers ayant l'air très confortables. Les murs étaient d'un bleu ciel éclatant qui donnait une ambiance très chaleureuse à la pièce. Il y avait également un sofa très large et Emma se retint de faire une nouvelle remarque sur l'utilité d'avoir un canapé à côté d'un lit. Un autre écran plat était accroché au mur en face du lit, si jamais elle était malade ça pourrait être pratique pensa t-elle.
Tout le reste de l'espace n'était pas vraiment occupé, il y avait trois grandes étagères, l'une était remplie de livres mais les deux autres étaient entièrement vides. Il y avait également sur une table de chevet un ordinateur portable semblant bien plus récent.
-Parfait ! Conclue Emma. Ils ne se sont pas foutus de moi !
-Vous n'êtes pas n'importe qui. Vous empêchez le régime actuel de tomber.
Emma sourit, montrant sa dentition parfaite.
-C'est ce qu'ils disent oui… La politique de ce pays est vraiment étrange. En tout cas, je suis surtout là pour m'amuser !
Elle remarqua l'ascenseur sur sa droite.
-Je suppose qu'il mène en bas.
-Exactement, une fois en bas je vous remettrais les clés qui vous permettrons d'accéder à l'étage, vous serez bien sûr la seule à pouvoir y accéder. J'aurais un double des clés juste au cas où, mais je ne pense pas avoir à m'en servir.
Emma et Sophie rentrèrent dans l'ascenseur et l'activèrent.
-Quand vous dites : « La politique de ce pays est vraiment étrange. » Ca sous-entend que vous ne venez pas d'ici. Affirma Sophie.
-Vous n'avez pas lu mon dossier ? S'étonna Emma.
-Non, je voulais vous découvrir par moi-même.
Emma sembla amusée.
-Parlons plutôt de vous alors. Votre histoire ?
Sophie fut prise au dépourvue, mais décida de se confier sans rien cacher.
-Je suis née à Unys avant de venir à Kantho faire mes études. J'ai été diplômée à dix-neuf ans et j'ai enchainé les boulots de secrétaire, jusqu'à il y a trois mois, j'étais au chômage et j'ai vu dans le journal cette annonce pour devenir la secrétaire du grand champion. Apparemment mes petits boulots ont plutôt impressionnés les membres du gouvernement et mon profil collait bien, j'ai été embauché, mais vous pouvez me virer quand vous voulez apparemment, la liste des prétendants est longue.
-Je comprends pourquoi vous n'avez jamais eu de boulots sérieux. marmonna Emma. Ce n'est vraiment pas le genre de choses qu'il faut dire à son employeur, même moi je le sais.
Cette fois, Sophie ne se démonta pas… Ou du moins, moins que les dernières fois.
-Mais vous n'êtes pas n'importe quel employeur.
L'ascenseur s'ouvrit, elles ressortirent et se retrouvèrent devant l'entrée.
-C'est bien vrai… Quel âge avez-vous ?
-Trente ans tout ronds. Je suis de Mai.
-Et nous sommes en Juillet… Bon anniversaire en retard !
Sophie sourie, Emma enchaina tout en se dirigeant vers le terrain.
-Pour répondre à votre toute première question, je suis née aux Royaume-Unis, à Londres plus précisément.
-Vous n'avez pas l'accent anglais. Remarqua la trentenaire.
-Je n'y ai vécu que jusqu'à mes sept ans, et j'ai donc passé neuf ans dans les archipels pokémons. Je me sens plus habitante d'ici que de là-bas. Mais je sais aussi parfaitement parler anglais, ce qui a d'ailleurs été un élément décisif dans mon CV.
-Je vois. Et pourquoi sommes nous devant les portes du stade ? Questionna Sophie.
-Il me reste une étape à franchir avant de savoir si je vous apprécie vraiment. Un petit combat ?

Emma était à droite et Sophie à gauche. Elles se fixaient, avec un air amusé pour l'adolescente et un air inquiet pour la trentenaire.
-Je pense qu'on vous a aussi choisi pour vos compétences au combat, il faut savoir se battre pour être ma secrétaire ! Assena Emma.
-Je suis plus que sûr qu'on vous a choisi pour vos compétences au combat, il faut savoir se battre pour avoir mon respect ! Répliqua Sophie.
Emma sourit et d'un signe de la main indiqua à Sophie qu'elle pouvait envoyer son pokémon en premier.
Celle-ci n'hésita pas, pris une pokéball de sa ceinture et la lança.
-Spinda, en avant !
Le drôle de pokémon apparu sur le terrain, vacilla, faillit tomber mais réussi à rester debout. Il avait l'air complètement soûl.
-Spinda hein… La plupart des dresseurs ne comprennent pas la puissance de ce pokémon s'il est bien entrainé. J'hésite à vous envoyer un pokémon normal ou à vous montrer un de mes pokémons qui est vraiment très particulier… Dans tous les cas ça sera vite finit.
-Vous êtes bien présomptueuse ! Envoyez votre pokémon spécial, quitte à me faire vaincre, autant me faire vaincre par un pokémon qui a de la classe !
Emma se mordilla le bout des lèvres, excitée comme une gamine de six ans dans un parc d'attraction. C'était toujours comme ça quand elle envoyait ce pokémon, les réactions de ses adversaires étaient plutôt amusantes.
Elle ne toucha aucune des pokéballs, se contentant de murmurait un nom. Tellement faiblement que Sophie n'entendit rien.
Une des pokéball s'ouvrit. Le rayon de lumière fusa sur le terrain et matérialisa… Un félin.
Sophie hésita entre se frotter les yeux, se pincer où bien juste tomber dans les pommes. Finalement elle fit un peu de chaque.
C'était impossible, et pourtant devant elle, gracieux et respirant la puissance, Raikou, le tigre de la foudre, la fixait.
-Impressionnant hein ? Commenta Emma. Et je ne suis pas seulement surpuissante parce que j'ai un pokémon légendaire, mais parce que je l'ai entrainé et je le fais se battre à la perfection. Vive-Attaque-Foudre.
Sophie n'eut littéralement pas le temps de cligner des yeux. Le pokémon légendaire semblait ne pas avoir bougé, et pourtant Spinda était éclaté contre un mur, KO.
Emma rit en voyant la tête complètement hallucinée de sa secrétaire.
-Ahahaha ! Bon d'accords, j'y suis allé un peu fort ! Raikou est mon dernier recourt, mon dernier atout. Si vous étiez assez forte pour le battre vous seriez une de mes challengers et pas ma secrétaire.
Sophie rappela son pokémon, encore sonnée. Elle remonta ses lunettes, ce qui devait certainement être un tic nerveux.
-Est-ce que… Il y a réellement une possibilité de vous vaincre ?!
Emma prit un air plus grave.
-Vous n'imaginez pas la puissance de certaines personnes ici. Les membres du gouvernement m'ont prévenu… Ils m'ont dit que…

Emma était debout, droite, le visage figé dans l'expression la plus neutre possible. Devant elle, une vingtaine d'hommes et de femmes, tous des gens hauts placés.
L'un deux, un vieil homme qui avait été maître de la ligue de Kanto il y a une trentaine d'années, parlait.
-Ne vous y trompez pas mademoiselle Blood. Ils viendront de tous les pays, pas seulement des archipels pokémons. Europe, Afrique, Amérique… Vous serez un symbole, nous dirons de vous que vous êtes la plus grande dresseuse du monde. Au début ça sera calme, mais bien vite les adversaires plus puissants les uns que les autres viendront. Les plus grands maîtres viendront vous défier, les ermites cachés dans les montagnes en sortiront pour se rendre à votre arène… Les idiots qui ne voudront qu'une place au gouvernement seront les plus faibles, mais vous devez combattre les autres, vous serez le symbole du dresseur imbattable et il faudra préserver ce symbole. Ne remettez pas plus d'un badge tous les deux ans et vous pourrez vous estimer comme ayant remplie votre mission. Vous êtes désormais le symbole de tout notre continent, l'unité entre toutes les régions. Bonne chance.

Sophie et Emma sortirent du stade, Raikou était aux côtés de sa maitresse. Elle ouvrit la porte d'entrée et le félin s'en alla à toute allure courir sur la gigantesque plaine.
-Je ne sais même pas si nous sommes à Sinnoh. Pensa à haute voix Emma.
-C'est ce que je me suis dise. Quoi qu'il en soit, je crois avoir fini pour aujourd'hui. Je vais retourner à Rivamar.
-Il n'est que dix-sept heure et demie. Remarqua Emma.
-J'ai fais tout ce que j'avais à faire aujourd'hui, donc si vous n'y voyez pas d'objection…
Emma haussa les épaules.
-Très bien, vous pouvez y aller. Mais, vous allez vraiment traverser cette grotte et toutes ces hautes herbes toute seule ?
-Le gouvernement s'assure que je ne manque pas de Repousse Max. Il faut bien que j'arrive au travail en un seul morceau. Pour vous la question ne se pose même pas…
-Même pas. Bonne fin de journée Sophie, ravie de vous avoir rencontrée.
Elles se serrèrent la main, encore un petit peu distantes l'une de l'autre.
Quand la trentenaire disparue dans la grotte, Emma s'approcha de l'étang qu'elle avait vu plus tôt et s'assis au bord de l'eau. Raikou la rejoint et se coucha à côté d'elle.
-C'est plutôt pas mal si tu veux mon avis Raikou… marmonna Emma. Il y a quelques mois j'aurais envoyée chier cette Sophie dès le début, mais j'ai pris sur moi et finalement j'ai réussi à avoir quelques débuts de conversations…
Emma envoya la main dans l'étang mais ne toucha pas le fond, il devait y avoir un peu plus d'un mètre de profondeur, Emma aurait dit un mètre vingt par intuition, et elle se trompait rarement.
Elle enleva ses chaussures puis ses collants avant de glisser ses pieds dans l'eau.
Elle frémit. Malgré la chaleur ambiante, l'eau était plutôt fraiche. Cela ne la dérangeait pas de se baigner dans de l'eau froide, mais à ce moment précis elle n'en avait pas particulièrement envie.
Elle resta cependant quelques minutes ainsi, les pieds dans l'eau, se perdant dans ses pensées. Elle finit par se retirer, se rhabilla les pieds et se releva. Raikou se releva à son tour.
« Je ferais bien de voir ce que je pourrais me faire à manger. Si ça se trouve ces radins n'ont rien laissés et je vais devoir partir en courant à Rivamar. » Pensa t-elle.
Elle retourna vers l'arène, quand Raikou le comprit, il partit courir sur la plaine. Elle activa l'ascenseur et le bloqua avec la clé que Sophie lui avait remise juste avant qu'elles ne rentrent dans l'arène. Il n'y avait rien dans le frigo, mais il y avait dans un des tiroirs du bar un sac avec des légumes et de la viande, et un mot : « Pour les premiers jours »
Emma fit une grimace. « Ça y est, c'est officiel, je vais devoir me cuisiner moi-même des légumes et faire un effort sur moi-même pour ne pas me mettre à manger du chocolat sept jours sur sept. »
Elle regarda rapidement la cuisine, faillit se brûler en allumant le gaz, mais réussit finalement à mettre tous les aliments dans une poêle sur un feu doux. Grand exploit pour elle.
Elle regarda l'heure sur sa pokémontre. Dix-huit heure quinze. Elle était restée plus longtemps qu'elle ne l'avait cru au bord de l'étang. Il était cependant assez tôt, mais cette journée l'avait épuisée, aussi elle décida de tout faire plus tôt.
Elle éteint le feu et se rendit dans la salle de bain. Là, elle prit une longue douche brulante, tout ce qu'elle aimait après une journée mouvementée.
Car cette journée l'avait été. Elle n'avait rien laissé transparaitre, mais aujourd'hui, elle avait dit au revoir à son ancienne vie, un changement plus que radical… Etait-elle prête pour tout ça ?
Quand elle coupa l'eau, elle en était sûre.
Oui, elle était prête. Prête à gérer sa nouvelle vie.

Emma se servit le repas, elle gouta et se força à mâcher. Elle était peut être une bonne dresseuse, mais pas une bonne cuisinière. Elle espérait sincèrement que ça viendrait avec le temps, elle ne se voyait pas être obligée d'aller au restaurant tous les midis et tous les soirs. Et encore moins acheter de la nourriture toute prête.
Après avoir difficilement finit son repas, elle ouvrit un autre placard et découvrit des boites de nourriture pour pokémons, et de bonne marque en plus.
Elle versa le contenu dans deux gamelles qui étaient également dans le placard et envoya ses deux pokéballs restantes.
Un Simiabraz sortie de la première. Grand, chacun de ses mouvements semblaient parfaitement contrôlés, et il arrivait apparemment à réguler les flammes qui sortaient de son corps, chose que seuls les plus puissants pokémons de cette espèce pouvaient faire.
De la seconde pokéball, un Momartik sortit. Le pokémon, sublime, se mit à table pour manger sa gamelle alors que son confrère mangeait à même le sol.
-Content que ça vous plaise ! dit Emma, satisfaite. Dommage que Raikou ne veuille jamais manger avec nous… Enfin avec vous, moi j'ai déjà fini. D'ailleurs…
Emma ouvrit la fenêtre qui donnait sur la plaine.
-Si vous voulez sortir. Ce n'est pas trop haut pour vous.
Les deux pokémons se rapprochèrent d'Emma.
-Vous préférez rester avec moi ? C'est sympa… Vous allez être beaucoup utilisés ici. Et des adversaires surpuissants vont vous affronter. Plus d'une fois vous allez risquer de mordre la poussière je pense mais si je me débrouille bien ça devrait aller. Rappelez vous juste l'entrainement du maître, et plus important encore, mon entrainement.
Les pokémons d'Emma ne bougeaient pas, écoutants leur maîtresse.
Des études avaient prouvés que les pokémons ne faisaient que comprendre le sens général des phrases bateaux pas trop compliqués et des noms d'attaques, mais finalement rien de bien précis. Mais Emma savait, elle savait que ses pokémons la comprenait mot pour mot. Elle s'était tellement rapprochait d'eux au cours de ses entrainements que ça n'avait plus rien d'impressionnant. Elle pouvait faire des choses dont seuls les plus puissants dresseurs avaient le secret, comme faire sortir un pokémon de sa pokéball sans aucun contact avec celle-ci. Ce qui faisait d'elle un dresseur d'exception, en plus de sa puissance, c'était son lien avec ses pokémons.
-Bon, je vais me coucher moi… Bonne nuit.
Elle laissa les pokémons dans la pièce et traversa le couloir jusqu'à son lit sur lequel elle tomba sans même sans rendre compte. Elle se repassa à la vitesse grand V la journée dans sa tête, chose qu'elle avait l'habitude de faire, puis elle s'endormit avant même de pouvoir se passer la couverture dessus.

Emma se réveilla en sursaut. Elle regarda sa montre qui indiquait deux heures quarante-neuf du matin. Dehors, le noir complet.
Elle avait été réveillée par un frisson. Ce n'était pas à cause de la couverture, elle avait même plutôt chaud même sans elle.
Non, ce n'était pas ce genre de frisson… C'était un frisson qu'elle n'avait pas ressenti depuis…
Depuis neuf ans.
Guidée par son instinct, elle se leva d'un bond et descendit sur la plaine.
Un vent glacial pour un jour de juillet soufflait. C'était peut être juste un frisson provoqué par le froid qui l'avait réveillée…
Réveillé en sursaut par un courant d'air froid ? Avec les fenêtres fermées ?
Elle n'y croyait pas. Emma décida de continuer à suivre son instinct, et ses pas la menèrent dans le petit bois se trouvant à droite de l'arène.
Elle n'avait pas pu le visiter dans la journée, faute de temps. Mais elle savait qu'il s'y était passé quelque chose.
Pourquoi s'était elle levée ? Qu'espérait-elle trouver dans cette forêt ?
Elle avait la réponse, mais elle refusait de l'admettre. C'était impossible, et pourtant c'était la seule explication possible, la seule personne sur terre pouvant faire sentir sa présence à Emma…
Elle avançait au milieu des arbres, l'obscurité terrifiante l'entourant, elle se sentait protégée, éclairé par sa pokémontre, mais aussi extrêmement vulnérable.
Vulnérable contre ce qui pouvait se trouver dans ces bois.
Les pokémons de la forêt ouvrirent des yeux fatigués, suivirent Emma du regard avant de se rendormir.
Elle s'enfonçait plus profondément dans les bois, sans savoir ce qu'elle cherchait…
Mais elle le trouva.
Elle resta un instant plantée devant l'arbre, incapable de dire un mot. N'importe qui dans sa situation se serait éloigné tellement la découverte était malsaine, mais Emma s'approcha d'un pas.

–J'espère que vous comprendrez mademoiselle Blood, que votre consécration au rang de championne ultime va vous faire sortir de l'anonymat. En d'autres termes, nous ne pourrons plus appliquer sur vous la protection dont vous bénéficiez depuis neuf ans.
Emma tressaillit.
-Ca ne devrait pas être le contraire ?!
L'homme se racla la gorge.
-Si bien sûr, vous recevrez une protection pour personnes célèbres, des agents qui ne seront jamais loin… Mais vous allez perdre toutes les mesures préventives que nous avons mises à votre disposition il y a neuf ans. Donnez nous environ un mois avant que tout soit sécurisé, il ne devrait pas se montrer avant ça. S'il veut se montrer.

Sur l'arbre en face d'Emma, un message était écrit avec…
-Du sang… Murmura Emma en touchant la substance sèche.
« Hello Emma » était marqué dans une écriture saccagée, celle d'un psychopathe.
Elle recula d'un pas pour mieux lire le message.
-Il m'a retrouvé…
Puis, quand elle fut sûre qu'il n'était pas là, elle examina de nouveau le message avant de rajouter :
-Le jeu commence.