Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Des vacances mouvementées... de Don d'ARCEUS



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Don d'ARCEUS - Voir le profil
» Créé le 07/05/2011 à 12:00
» Dernière mise à jour le 05/07/2012 à 22:26

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Un nouveau départ
Le lendemain matin, Célinda s'éveilla pour noter presque aussitôt l'absence de son amie à ses côtés. Elle se redressa brusquement sur Vitalio pour voir si elle était dans son lit – celui à deux places – mais Éliana ne s'y trouvait pas. Elle se leva en espérant qu'elle n'eût pas réveillé Vitalio – elle constata avec soulagement qu'il dormait d'un sommeil de plomb – puis se dirigea silencieusement vers la salle de bain pour savoir si son amie n'y était pas. Elle poussa un soupir en l'apercevant qui faisait sa toilette. L'autre l'avait cependant fui du regard dès qu'elle avait pu discerner les contours de la nuisette qu'elle avait dessinée. Célinda s'approcha d'elle en lui murmurant un bonjour après avoir fermé aussi silencieusement qu'elle l'avait ouverte la porte de la salle de bain derrière elle. Éliana, qui avait noué une serviette autour de sa poitrine – elle venait sans doute de prendre une douche –, jeta un rapide coup d'œil à ses metavêts et abandonna tout espoir de pouvoir les enfiler sans que son amie ne s'en rendît compte, les jugeant trop éloignés d'elle. Célinda, bien qu'elle vît le regard que son amie avait jeté à ses sous-vêtements, fit comme si de rien n'était :

« Tu as bien dormi ? s'enquit-elle puis poursuivit, sans lui laisser le temps de répondre – elle n'en avait pas vraiment la possibilité non plus – : Moi j'ai fait un effroyable cauchemar : j'ai rêvé que tu refusais que je te rende les services que tu m'as rendus, que tu repoussais les avances que je te faisais, en fait, alors que tu en mourais d'envie... Je... c'est moi ou bien tu n'es pas restée dans notre lit toute la nuit ?
– ... j'avais besoin d'être un peu seule... »

Célinda fit mine de comprendre tout en s'introduisant dans la douche puis abandonna ses sous-vêtements sur le tapis de douche avant de refermer la porte de la cabine.

« Qu... Qu'est-ce que tu fais ?
– Je prends ma douche, pourquoi ? Ça te dérange ?
– Tu n'as donc pas peur que... je te rejoigne ?
– Pourquoi me rejoindrais-tu ? Tu en as déjà pris une, pas vrai ? »

Éliana resta silencieuse, continuant à faire sa toilette. Une fois qu'elle eut terminé, elle mit ses mains sur le bord du lavabo, se défiant du regard de faire ce qu'elle avait en tête depuis...

« Éliana ? Tu peux me passer une serviette s'il te plaît ? J'ai complètement oublié d'en mettre une à ma portée... »

L'interpellée fut très tentée de lui jeter la sienne par-dessus la cabine puis d'y pénétrer pour retrouver son amie mais... ce n'était pas très raisonnable. Vitalio était à côté. Cependant, celui-ci ne frapperait-il pas à la porte de la salle de bain avant d'entrer ? Célinda ne pourrait-elle pas lui dire d'attendre un peu ? Voire plus longtemps ? Non ; il n'y avait pas d'issue pour Éliana autre que la porte qui donnait sur la salle de bain. Même pas une toute petite fenêtre pour passer. Et, même s'il y en avait eu une, aurait-elle eu le courage de... Éliana arrêta là sa réflexion ; elle n'avait pas lieu d'être puisque faisant référence à une situation inexistante. Sauf qu'il n'y avait aucune autre serviette dans la pièce à part celle qu'elle portait sur elle... Sans plus réfléchir, elle se défit de la serviette qui l'entourait, la donna à son amie en la faisant passer par-dessus la cabine puis enfila ses metavêts en toute hâte de peur que son amie ne sortît avant qu'elle eût fini.

« Eh bien, que fais-tu encore là ? l'interrogea Célinda lorsqu'elle sortît de la cabine de douche bien après avoir reçu la serviette.
– Je n'allais tout de même pas sortir d'ici en si petite tenue, et devant Vitalio qui plus est !
– Vitalio dort, Éliana. Tu crois peut-être que ma tenue est plus... moins provocante que la tienne peut-être ?
– Tu caches plus de choses avec ta serviette que moi avec mes metavêts.
– Pas si tu les transformes en nuisette. Pourquoi ne pas y avoir pensé ?
– ...
– Tu ne veux pas bouger ? Tu veux peut-être que j'ôte ma serviette devant Vitalio, histoire que... Mais j'y pense, tu ne peux pas me voir toute nue ! »

Célinda ôta sa serviette tandis qu'Éliana, ayant deviné l'idée de son amie, fermait les yeux.

« Tu doutes encore de l'efficacité de ta modification ? interrogea Célinda, sur un ton moqueur.
– Je me sentirais bien bête si je ne fermais pas les yeux et que les metavêts ne gagnaient pas ton corps...
– Bête, vraiment ? continua à ironiser la jeune fille, tandis qu'un pauvre sourire étirait faiblement les lèvres de son amie. Où est donc passé ton sourire éclatant, dis-moi ? Celui-là fait plus grimace qu'autre chose...
– Il est certainement avec l'ancienne Célinda... dit simplement Éliana.
– Qu'est-ce que tu entends par là ? Tu... j'ai changé depuis... enfin, tu ne me trouves plus à ton goût ? Je ne te plais plus ? Ou alors tu veux être la plus désagréable possible afin que l'on te regrette au minimum... oui, ça doit être ça, pas vrai ? Tu es une sacrée énigme, quand tu le veux... »

Éliana eut un nouveau sourire. Mais celui-ci ressemblait bien plus à ceux auxquels était habituée Célinda qu'elle n'aurait voulu l'admettre.

« Chaque être vivant est une unique énigme... modéra Éliana.
– Tu es plus unique que toutes les autres... Tu es la perle rare des énigmes.
– Arrête, je vais finir par croire que tu me dragues...
– Mais c'est la vérité... Et puis, c'était dans nos habitudes de nous adonner à pareilles joutes orales, si je ne m'abuse...
C'était ?
– Ne fais pas l'innocente ; tu ne donnes plus autant de cœur qu'avant dans cette activité... tu sembles faire plus attention à... je ne sais même pas où s'envole ton attention dès qu'on parle... dès que nos conversations demandent un peu de réflexion, d'esprit...
– Je suis peut-être une énigme, mais tu n'éprouves aucun mal, aucune difficulté particulière, à me déchiffrer, à ce que je vois... J'ai l'impression de n'avoir aucun secret pour toi...
– C'est étrange, je...
– Qu'est-ce qui est étrange ? la questionna Éliana devant l'hésitation de son amie.
– Non rien, c'est... c'est juste qu'il m'est arrivé une fois de penser la même chose à propos de Vitalio, que je n'avais aucun secret pour lui...
– Et ?
– Et je me suis dit qu'il y avait au moins mon corps qu'il ne connaissait pas... Mais le problème n'est pas là, le problème, c'est que, depuis un certain temps, tu me donnes l'impression d'observer une certaine retenue, te refusant à dire ce que tu penses vraiment comme tu le faisais avant... comme si tu avais en permanence la tête ailleurs, en fait...
– Comment pourrait-il en être autrement lorsque tu es en permanence en face de l'objet de tes désirs les plus fous ? Je... Excuse-moi, je ne voulais pas dire ça je... se reprit Éliana, catastrophée.
– C'est parce que tu as peur de me choquer en parlant comme ça que tes répliques ne sont plus vraiment passionnées, qu'elles me semblent moins naturelles, moins percutantes ?
– Mmm... approuva Éliana, confuse.
– Tu ne devrais pas te retenir ; je suis ton amie, je suis prête à tout entendre, je suis là pour ça... Dis-moi, ce n'est pas parce que tu ne m'as pas faîte de déclaration enflammée que tu m'as dit refuser de coucher avec moi, au moins ?
– Je... si, répondit timidement la jeune fille en inclinant honteusement la tête.
– Pourquoi baisses-tu la tête ? Il n'y a pas de honte à avoir ! Et puis, tu sais très bien que je trouve ça très mignon, les choses romantiques... Mais pourquoi n'ai-je pas encore entendu ta déclaration ?
– Parce qu'il me manquait la conclusion.
– Tu l'as trouvée ? Alors tu vas pouvoir me la faire ?
– Si... si tu y tiens...
– Et comment que j'y tiens !
– On va quand même attendre que Vitalio se réveille histoire qu'il ne le fasse pas en plein milieu de ma déclaration...
– Je vais aller le réveiller...
– Rien ne presse ! fit Éliana en se postant précipitamment devant la porte de la salle de bain puis ajouta devant l'air intrigué de son amie, en ouvrant la porte derrière elle et en lui lançant un regard d'excuse : Je veux dire : après toi.
– Ma pauvre, j'ai l'impression que tu te perds entre tes désirs et les miens... murmura Célinda à l'oreille de son amie en saisissant la poignée de la porte de la salle de bain pour la refermer. Sais-tu au moins ce que tu veux vraiment ? continua-t-elle en plantant son regard dans les yeux de l'autre jeune fille.
– Ne t'inquiète pas pour ça... répondit-elle en fuyant du regard son amie.
– Si je comprends bien, c'est seulement dans les miens que tu te perds, pas vrai ? Je te fais tourner en bourrique, tu te demandes si tu m'as vraiment conduite sur le chemin du Bonheur, c'est ça ?
– Il est vrai que j'éprouve de plus en plus de mal à savoir si j'ai fait le bon choix ; j'ai l'impression que tu joues avec moi... Je t'arrête tout de suite, je n'ai pas du tout l'intention de faire de même avec toi.
– Je... Désolée, c'est ma faute, je ne sais plus vraiment où j'en suis, ce que je veux... Entre toi qui vas bientôt partir et Vitalio qui... enfin, qui ne me donne pas vraiment l'impression de m'aimer je... je ne sais plus où donner de la tête... avoua Célinda en baissant la tête, le regard triste.
– Tu ne sais donc pas ce que tu veux réellement ?
– Ce que je veux ? C'est vous avoir tous les deux à mes côtés, voilà ce que je veux ! Mais dès qu'il s'agit de choisir entre vous deux c'est... c'est impossible ! C'est comme choisir entre boire et manger, entre mourir et mourir ! C'est au-delà de mes forces...
– Ne dis pas ça ; tu as bien eu la force de surmonter bien des épreuves pour arriver jusqu'ici, pas vrai ? Pourquoi pas une de plus ?
– Oui mais... tu étais toujours à mes côtés alors que... enfin, sans toi rien ne sera plus pareil ! Et si Vitalio se détournait de moi une fois que tu seras partie ?
– Ne dis pas de pareilles sottises...
– Pourquoi seraient-ce des sottises ?
– Tu as confiance en moi, non ?
– Oui.
– Alors crois-moi quand je te dis que Vitalio t'a aimé dès le premier regard, qu'il t'aime encore et qu'il t'aimera toujours après mon départ. Parce que je ne suis qu'un corps, à ses yeux. Même s'il te trompait avec moi, il se rendrait compte que je ne te vaux pas ; tu as l'esprit... et aussi un corps.
– Oui, et quel corps, comparé au tien ! plaisanta tristement Célinda.
– Un jour où l'autre, tu te rendras compte que ta jalousie avait bien peu lieu d'être...
– Si ce jour pouvait arriver rapidement...
– Pourquoi es-tu donc si pressée d'être... une femme ?
– Ben, tu es un peu mon idéal, ce que je voudrais être et... et toi tu es... »

Éliana fixa son amie, incrédule. Cette dernière poursuivit, imperturbable :

« Enfin, tout ça ne me dit pas ce que je dois faire...
– Ton instinct te guidera...
– Et si mon instinct me disait de te suivre ?
– On verra bien... »

Un lourd silence succéda à cette parole. Les deux jeunes filles étaient pour la deuxième fois aussi proches que possible l'une de l'autre. Sauf qu'il ne se passait rien. Chacune toisait intensément l'autre du regard, attendant patiemment que l'autre se décide.

« Et maintenant ? chuchota finalement Éliana.
– ...je n'en sais trop rien... J'ai envie de... mais le souvenir de ce cauchemar est si vivace que... que je doute que c'en ait vraiment été un...
– Eh bien tu sais quoi ? Ça va te sembler bizarre mais j'ai fait exactement le même cauchemar que toi cette nuit... sauf que contrairement à ce que tu pourrais penser, ça l'est devenu à partir du moment où... où je t'ai rejetée... et si c'était la réalité, je regrette terriblement que ça n'ait pas été un rêve... Bon, tu réveilles Vitalio et je vous lis ma déclaration ?
– D'accord.
– Après toi. » dit Éliana en ouvrant la porte.

Célinda remercia son amie d'un regard en passant devant elle puis celle-ci quitta la salle de bain. Éliana tourna le dos à l'autre jeune fille pour fermer la porte de la pièce sur elle tout en se demandant, dans un soupir :

« Encore combien de temps puis-je tenir ? »

« Au fait... commença Célinda en faisant volte-face alors que son amie venait juste de le faire.
– Oui ?
– J'adore ton franc-parler. »

La jeune fille se dirigea vers le lit où dormait paisiblement Vitalio.

« Vitalio, réveille-toi... » murmura Célinda en secouant tendrement l'élu de son cœur.

Le jeune homme ouvrit les yeux qui se posèrent instantanément sur la fille de ses rêves qui le surplombait. Une grimace commença à étirer ses lèvres lorsqu'il entrevit la tenue légère dans laquelle était son amie. Cette dernière se saisit de sa robe dès qu'elle capta le regard du garçon ; elle avait cependant très bien perçu la grimace qui s'était formée sur ses lèvres aussi ne se voilât-elle pas la face en pensant que la vue de son corps l'excitait ou quoi que ce fut d'autre du même genre...

« Excuse-moi je... mais où avais-je donc la tête ? » soupira-t-elle, reportant sa colère contre Vitalio sur elle.

Le jeune homme posa une main sur l'épaule encore dénudée de son amoureuse. Celle-ci tourna la tête pour croiser le regard du garçon où elle lut qu'il y avait une raison à cette retenue. Refusant cependant d'y croire, elle se détourna de lui tandis qu'il se levait, saluait Éliana du regard et partait dans la salle de bain. Célinda rejoignit son amie sur son lit, occupée à chercher la feuille sur laquelle elle avait écrit sa déclaration.

« Ça y est, je l'ai !
– Tu as eu quoi ? s'enquit Vitalio, intrigué, depuis la salle de bain.
– Eh bien... j'ai écrit une déclaration d'amour...
– À qui ? Tu as rencontré le grand amour depuis... ?
– Pas du tout, enfin, je voulais juste m'essayer à l'exercice, histoire de savoir ce que je valais... Bon, histoire que tu ne m'interrompes pas pendant ma lecture...
– Cela ne me serait même pas venu à l'idée...
– ...je tiens à préciser que les circonstances auxquelles je pourrais faire allusion lors de cette... déclaration sont inventées de toutes pièces... Bon, vous êtes prêts ? Alors j'y vais : (Éliana inspira profondément) « Je me souviendrai toujours de notre rencontre. Nous n'avons pas l'habitude de garder souvenir de notre enfance ; il y a pourtant des jours qui se gravent dans votre mémoire, aussi jeune soyez-vous, et vous n'y pouvez rien. Le jour de notre rencontre en fait partie. C'était un magnifique jour d'été, le soleil était éclatant ; les jeunes Etourmi volaient haut, tels de bienveillants gardiens, quelques Keunotor matinaux pointaient le bout de leur nez, quelques Crikzik et Melokrik vous régalaient de mélodies à faire mourir de jalousie n'importe quel compositeur ; c'était la rentrée des classes. Notre première. Déjà, les garçons me tournaient autour. Les filles en mouraient de jalousie, à tel point qu'à la récré suivante, elles m'ont prise à part alors que j'entrais dans les toilettes pour filles ; certaines me menaçaient pendant que d'autres me giflaient, encouragées par les premières... Une fois sûre que j'allais faire mon maximum pour éviter les garçons, elles m'ont abandonné là, sur le sol. Je souffrais. Je pleurais. Et puis tu es entrée. Toi seule t'occupais encore de mon sort, à croire que les garçons avaient assisté à ma torture et craint de m'approcher une nouvelle fois, de peur de subir le même sort que moi. Tu es pourtant venue. J'ai eu peur qu'on m'en voulût encore. Mais tu m'as tendue une main secourable ; je l'ai regardée bêtement, puis ton visage souriant et je l'ai saisie. Tu m'as ensuite prise dans tes bras, tu m'as bercée. Parce que je pleurais encore. Je me suis rapidement calmée. Je venais de faire connaissance avec l'amitié en personne. J'ai appris à disparaître du regard des autres... excepté du tien. Car nous étions inséparables. Et puis tu as rencontré l'amour. Mais ce n'était pas moi. J'ai pleuré. Beaucoup. Mais chaque fois que je tournais la tête pour pleurer, chaque fois qu'un soupçon de tristesse se glissait dans mon regard, mon attitude, tu étais là pour moi. Les soirs cependant, j'étais seule, dans mon lit, dans la pénombre, à défaire le sombre écheveau de mes sentiments. Et toujours je m'arrêtais de le démêler pour pleurer. Parce que l'amour que je te portais était encore trop petit pour que l'aperçoive, que je le démasque avant la peur, cette peur qui me taraude depuis ce premier jour de classe. Celle de se retrouver seule. Tu voyais bien que je souffrais ; tu as tout fait pour que chaque moment que nous passions ensemble me fasse oublier la peur, cette angoisse qui tenaillait douloureusement mes entrailles. Tu as alors compris que la seule solution, le seul remède à ce poison qui se répandait continuellement dans mon corps, c'était l'amour ; ce même amour que tu destinais à ton âme sœur. Je sais que tu le sais. Je sais que tu ne veux surtout pas l'entendre. Parce que tu ne pourras plus faire semblant de l'ignorer, parce que ta vie deviendra incroyablement compliquée une fois tes pressentiments confirmés. Mais je ne pourrais pas vivre libre, ni voler de mes propres ailes si je ne te dis pas ce qui me brûle les lèvres depuis bien trop longtemps déjà, si je vis avec la honte, le remords de ne pas te l'avoir dit. J'ai bien la connaissance de t'envoyer un cadeau empoisonné ; je sais bien que je ne vaux pas ton autre, bien que parfois tu en sembles convaincue. Mais... je t'aime. »

Éliana leva enfin les yeux de sa feuille pour guetter la réaction de ses amis, toute tremblante d'émotion. Célinda avait les larmes aux yeux. Elle tenta bien de le cacher à son amie en posant sa tête sur l'épaule de Vitalio – qui avait rejoint les deux jeunes filles au cours du discours de son amie, une fois habillé – assis près d'elle mais elle avait le regard vif et acéré. Lorsque leurs regards se croisèrent, Célinda remercia du bout des lèvres son amie tandis que les joues des deux jeunes filles viraient au rose vif.

« Si j'ai bien compris, tu aurais aimé rencontrer ton... âme sœur dès le début ? demanda Vitalio.
– Peu importe le moment ou l'endroit où je la rencontrerai, du moment que je la rencontre... »

Célinda tourna imperceptiblement la tête, juste suffisamment pour regarder son amie, incrédule.

« Pourquoi me regardes-tu ainsi ? Je n'ai jamais dit que j'attendrais sagement que je la rencontre... mais je compte bien la trouver...
– Et... et si vous vous trouviez ? s'enquit Vitalio.
– Ce serait fantastique ! déclara Éliana sans grande conviction, sans quitter son amie des yeux.
– Je voulais dire que... enfin, est-ce que tu viendrais nous retrouver ?
– ...
– Ne l'embête donc pas avec tes questions, elle a bien le temps d'y réfléchir...
– Oui mais... elle saura où on habite alors qu'on ne sait même pas où elle va, dans quelle région...
– Ne t'inquiète pas pour ça, ça m'étonnerait que vous-mêmes restiez éternellement dans le coin... répondit Éliana en souriant. Bon, et si on allait manger ?
– Excellente idée ! approuva Célinda.
– Alors allons-y ! » conclut Vitalio.

Les trois amis n'échangèrent aucune parole lors du petit-déjeuner qui était servi dans le hall de l'hôtel dans lequel ils avaient logé, les deux jeunes filles ayant l'esprit ailleurs et Vitalio étant de nature très peu loquace. Une fois rassasiés, ils prirent le chemin du retour : le chemin de la maison de Célinda. Cette dernière tenait à prendre la Pokéball dans laquelle était Fouineur.

« Eh bien, on ne dit plus bonjour, jeune fille ? fit une voix grave provenant du salon reconnaissable entre mille alors que la jeune fille en question s'apprêtait à sortir de la maison.
– Papa ! Maman ! Vous êtes là ?
– Pourquoi ne serions-nous pas là ? C'est le week-end, non ?
– Euh... oui, effectivement... dit Célinda, sans trop y penser.
– Alors comme ça, tu as un petit-ami ? l'interrogea sa mère.
– Comment êtes-vous au courant ?
– N'est-il pas du devoir des parents d'être toujours informé du bonheur de ses enfants, qui plus est lorsque celui n'a en fait ni frère ni sœur ? Alors, où est-il, ce bel apollon ?
– Laisse-la un peu tranquille chérie, tu vois bien qu'elle a autre chose en tête... »

Célinda remercia son père d'un regard avant de quitter la maison.

« C'est toi qui leur as raconté pour Vitalio et moi ? s'enquit Célinda auprès de son amie après avoir fermé la porte.
– Je... oui, je tenais vraiment à t'épargner cette peine ; tu as déjà manifesté tant d'efforts pour conquérir Vitalio... il aurait été stupide de faire courir davantage de risques à votre relation... Enfin, il y a plus important pour le moment... »

Célinda n'eut pas besoin d'un mot de plus. Vitalio s'était silencieusement approché d'elle.

« Le moment est donc venu ? » demanda la jeune fille en essayant d'esquisser un sourire – qu'elle devina peu convaincant étant donné la tristesse qu'elle lut dans le regard de son amie.

Éliana approuva d'un signe de tête.

« Je... j'ai encore une dernière question... fit timidement Célinda en s'adressant à son amie.
– Mmmh ?
– Tes parents vont bien se rendre compte de ton absence prolongée, à un moment, non ?
– Je n'existe déjà plus pour eux car... Oui, j'ai effacé tout souvenir de ces moments passés ensemble...
– Mais... et toi, tu te rappelleras toujours d'eux ?
– Je... Il faut bien que quelqu'un retienne quelque chose des rapports qui nous unissent les uns aux autres, non ?
– Oui mais... Tu vas repartir de... rien ?
– Je n'appelle pas mes expériences passées "rien"...
– Je... Tu me fais si... J'ai mal au cœur... pour toi.
– Les amies sont faîtes pour partager les joies et les peines des autres...
– Oui mais... là c'est vraiment trop... ça va être comme... une nouvelle naissance... sauf que tu seras plus seule que jamais, sans parents ni amis...
– Non, pas une nouvelle naissance. Un nouveau départ. Pour nous trois. »

Éliana tendit la main droite paume vers le ciel en direction de Célinda.

« Pour que tu te rappelles de moi... dit Éliana tandis que son amie saisissait l'objet qu'elle lui tendait – une sorte de cadran de montre circulaire où se trouvaient bien des aiguilles.
– Je... je n'en ai pas besoin, refusa Célinda, tu occuperas toujours une place privilégiée dans mon cœur et mes pensées... Bien après Vitalio, bien sûr, mais...
– Ne me brise pas plus le cœur en refusant ce présent. Il possède des propriétés "magiques" qu'il serait mal avisé de négliger, bien que tu n'aies probablement pas la possibilité de les expérimenter...
– Des propriétés "magiques" ?
– Oui. J'espère cependant pour toi que tu n'en verras jamais la couleur.
– Pourquoi ?
– Je te laisse deviner, bien que tu n'en sois peut-être pas capable. Mais bon, qui sait : tu es habituée à déchiffrer les énigmes alors pourquoi ne percerais-tu pas le secret de cet objet ? Sache tout de même que, si jamais tu devais t'en servir, tu saurais quoi en faire. Allez, prends-le...
– Je... alors accepte ce présent de ma part... articula Célinda en brandissant son unique Pokéball. Il peut se révéler étrangement amical... et puis tu en auras plus l'utilité désormais... et apprends-lui quelques techniques de séduction avant de le relâcher dans la nature si jamais... tu trouvais le grand amour.
– Mer... merci. Ton geste me va droit au cœur. » dit simplement Éliana en prenant la Pokéball contenant Fouineur.

Les deux amants échangèrent un bref regard, puis une lumière blanche éclatante apparut entre le couple et Éliana qui laissa bientôt place à un bouquet composé de roses noires et blanches.

« Accepte également ce bouquet de fleurs éternelles en gage de notre amitié éternelle... fit Vitalio.
– Je... commença Célinda, menaçant d'éclater en sanglots.
– Ne verse aucune larme, ou je me verrais contrainte d'en verser avec toi, avertit Éliana, affichant un maigre sourire triste qui dissimulait mal l'émotion qui l'habitait. Ces présents que nous nous sommes faits ne sont pas plus des cadeaux d'adieu que des promesses de retrouvailles. Ils peuvent aussi bien être l'un que l'autre. À toi de le décider. Il est désormais temps pour moi d'y aller. Je vous dis adieu, et vous souhaite de poursuivre longuement le chemin de l'Amour que vous arpentez à présent. Puisse votre Amour venir à bout de l'épreuve du Temps, qui est une chose aussi étrange qu'incompréhensible. À côté, la complexité Poké-humaine est presque un jeu d'enfant, c'est tout dire... »

Cette pâle tentative d'humour tira un maigre sourire à Célinda pendant que son amie s'approchait de Vitalio pour lui faire une bise, comme un bref au revoir. Elle en profita pour glisser ces quelques mots au creux de l'oreille du garçon :

« Je compte sur toi pour la rendre la plus heureuse possible. Elle n'a que trop souffert depuis trop longtemps déjà. Je sais qu'elle attend beaucoup de toi. Je sais que tu feras de ton mieux. Reste à le prouver. Adieu. »

Éliana s'approcha ensuite de son amie de toujours, ce pâle sourire encore aux lèvres. Elles se contemplèrent pendant un moment qui parut durer une éternité à Célinda, puis elle l'embrassa comme Vitalio quelques instants auparavant.

« Le mot de la fin pour toi, ma belle. Tu as toujours été une personne exceptionnelle à mes yeux, et tu ne cesseras jamais d'exister dans mon cœur. Si tu savais combien il m'est douloureux d'envisager notre séparation... N'essaie cependant pas de m'en dissuader, nous en avons déjà parlé, un mot de plus risquerait de faire flancher ma détermination à vie, et tu te retrouverais avec moi sur le dos pour la vie. Sur ce, je n'ai plus qu'à te souhaiter de longues années de bonheur et d'amour sur une note d'espoir : d'après mes recherches et nombreux calculs, les Poké-humains pourraient se reproduire entre eux. Et c'est loin d'être une incertitude. »

La jeune fille fut abasourdie par la rapidité avec laquelle son amie venait de débiter son monologue sans qu'elle en ait perdu une seule miette. La dernière remarque de son amie lui rendit à moitié le sourire ; il était vrai que, sans l'avoir vraiment évoquée, la crainte de ne pouvoir vivre certains moments exclusifs avec son amoureux l'avait souvent taraudée. Éliana allait éloigner sa bouche de l'oreille de son amie lorsqu'elle se souvînt qu'elle avait encore quelque chose à dire :

« Ah ! Un dernier détail ; ne laisse jamais une habitude s'installer au sein de ton couple. Vitalio est quelqu'un qui se lasse vite des habitudes, tu l'auras sans doute remarqué... D'un côté, ça tombe plutôt bien vu que tu es une femme à surprises ; faire varier les plaisirs ne devrait donc pas vraiment te poser de problèmes... »

Éliana était sur le point de se reculer lorsque Célinda l'interpella :

« Éliana ! M'autorises-tu à... te serrer une dernière fois dans mes bras ?
– Tant que ça ne va pas plus loin... Mais saurais-je te relâcher, après ? murmura l'autre jeune fille, prudente.
– J'ai confiance en toi. »

Éliana se rapprocha de son amie d'enfance qui la prit dans ses bras puis la serra étroitement. Gênée, elle fit de même sous le regard intéressé de Vitalio. Lorsque Célinda redressa la tête, elle fit de même puis les deux jeunes filles se toisèrent intensément du regard. Célinda approcha alors ses lèvres de celles d'Éliana. Pour la deuxième fois, elles s'unirent. Sauf que cette fois-là, Vitalio en était témoin. Il fixait avec des yeux ronds ses deux amies sans réagir.

« Hé bien quoi ? s'étonna Célinda. Tu n'as jamais vu deux filles s'embrasser ? Dans certains pays, c'est pourtant ainsi que... enfin, que ça se passe... Et puis, de toute manière, on a toujours eu l'habitude de s'embrasser ainsi...
– Pourtant à l'instant elle t'a embrassé sur la joue...
– Il faut bien distinguer les baisers solennels des autres, non ? »

Éliana eut un petit rire devant la malice de son amie. Celle-ci avait effectivement trouvé le moyen de l'embrasser, sans éveiller de soupçons chez le jeune homme :

« Et... moi aussi j'aurais droit à un tel baiser ?
– Ce type de coutume ne peut exister qu'entre deux personnes de même sexe, Vitalio, arrête de rêver... »

Le garçon rougit, honteux.

« C'est que... vous êtes terriblement sexy, quand vous embrassez... Enfin, tu vas beaucoup me... nous manquer, tu sais ? fit le garçon en se frottant le rein où Célinda venait à peine de lui donner un coup de coude. Tu es sûre de ne pas vouloir rester ?
– Ce n'est pas une histoire de le vouloir mais de le pouvoir. Ne sois pas triste, Vitalio, sois plutôt content que je vous laisse enfin tranquilles... Et puis, de toute façon, ça n'aurait jamais marché entre nous deux, il y aurait forcément eu une impasse, ça aurait obligatoirement coincé, à un moment ou à un autre...
– Obligatoirement ? »

Éliana s'éloigna de ses deux amis, leur accorda un dernier regard pour emporter l'image de ces deux êtres qui lui tenaient tant à cœur et qui, d'après ce qu'elle voyait – ils se tenaient en effet par la main –, allaient enfin pouvoir profiter d'une vie paisible. C'est en se demandant quelles pourraient bien être leurs têtes lorsque, décidés à s'unir pour de bon, ils se verraient offrir des vêtements taillés sur mesure spécialement pour eux par ses parents qu'elle avait elle-même confectionnés, qu'elle commença à disparaître, arborant son plus beau sourire...

Vitalio et Célinda fixèrent longuement l'endroit où avait disparu leur amie. Ce fut la jeune fille qui brisa le silence environnant la première en tournant la tête vers son compagnon :

« Il y a quand même quelque chose qu'il faudra que tu m'expliques, un de ces quatre...
– Bien sûr mais quoi ?
– Pourquoi es-tu si... peu ravi de me contempler à chaque fois que je porte quelque chose de léger ?
– Je voulais juste rendre la situation plus supportable à Éliana...
– ...ça explique pas mal de choses... » concéda Célinda, en posant le cadran de montre sur son poignet, guidée par l'intuition.

Le cadran prit alors la forme d'une véritable montre, ce qui tira un petit sourire victorieux à la jeune fille.

« Tu... Je te présente à mes parents ?
– Pourquoi pas ? »

En franchissant le pas de la porte de sa maison, elle songea soudain :

« Pourvu que Vitalio ne me demande pas un jour dans quelles circonstances nous nous sommes rencontrées... »

Ce dernier avait-il lu dans son esprit ou bien cette question le taraudait-il depuis longtemps ? Toujours est-il qu'une fois à l'intérieur de la maison de son amie, il lui demanda :

« Au fait... comment vous êtes-vous rencontrées, Éliana et toi ? »