Justice, gloire et Graffias. de illapa

Ikse le rappela alors et envoya CorLéonis au combat. Le jeune Luxio était prêt à en découdre et à venger son frère tombé au champ d'honneur. L'insecte géant étant fatigué, le lionceau commença à prendre l'avantage, aussi Tsunami rappela-t-il son pokémon, puis il envoya un balignon.
Les attaques de foudre n'étant pas très efficaces, il enchaîna les Croc Givre. En contrepartie, il se prit de violents coups de poing, et des spores qui finirent par l'empoisonner...
Le combat dura un moment. Il esquivait tant bien que mal, son adversaire aussi. Mais une fois empoisonné, le combat ralentit et les coups de l'un et de l'autre touchèrent plus souvent leur cible... Au final, le luxio se débarrassa de son adversaire d'une ultime attaque Etincelle qui l'assoma, enchainée d'une attaque Croc feu.
Mais le boss de la team Aqua avait des réflexes, et il envoya son insécateur au combat. D'une seule attaque, et avant même que Ikse ait eu le temps de rappeler son pokémon électrique, ce dernier fut envoyé au tapis.

Mon dresseur était en colère, je le sentais. Ces gens ne respectaient pas les règles classiques du combat, stipulant qu'il ne devait pas y avoir d'intervention extérieure, qu'on devait laisser aux gens le temps de faire entrer ou sortir leurs pokémons sur le terrain. De plus, il ne restait plus que moi, Nashira et la petit tortue pour combattre. On était mal barré.
Monsieur Tsunami croisa les bras en attendant que mon dresseur envoie un nouvel adversaire pour son horrible insecte. Son sourire carnassier ne l'avait pas quitté.

Ikse se décida pour Nashira. J'espérais de tout cœur qu'en cas de défaite, elle ne nous serait pas volée. Tsunami sourit un peu plus largement.
-Intéressant... Très intéressant, Monsieur Ikse...
Puis il rappela son insécateur, et de l'autre main, il envoya un magneton.
Cette fois-ci, le combat ne dura pas longtemps. Quelques attaques Tonnerre plus tard, Nashira s'affaissa, en trouvant néanmoins la force de déclarer :
-Vils mécréants, savourez votre triomphe car notre prochaine rencontre sera celle de votre déchéance !

Il ne restait plus que moi et Khélone. Face à un insécateur, un magneton en grande forme, et potentiellement deux autres pokémons. Notre tortipouss se fit massacrer par le pokémon acier-électrique. Puis ce fut mon tour...
J'avais beau m'abriter, cela ne faisait que retarder le moment crucial de la défaite. Pourtant, Ikse faisait de son mieux. Mais nous n'avions pas le niveau, nous étions trop faibles. Lassé de ne pouvoir m'atteindre sous les meubles, Tsunami rappela son pokémon, puis il m'opposa un volcaropod.

Ce fut un échec cuisant, et pas seulement parce qu'il m'acheva d'un Lance-flamme.
Ikse me prit dans ces bras.
-Graffias ! Je suis désolé mon Graffias...
-Et bien, Monsieur Ikse, on dirait que vous avez perdu. Je resterais donc maître de Towneau. Je vous conseille par ailleurs de revoir vos ambitions à la baisse et de lire le dictionnaire. Capitaine Récif ? Veuillez raccompagner ce jeune homme à la sortie, voulez-vous ?
D'un air penaud, l'intéressé demanda, comme un enfant demandant une sucette sans trop y croire :
-Vous voulez dire... Que je dois le jeter aux sharpédos ?
-Vous m'avez compris. Exécution.

Le pirate ne se le fit pas dire deux fois. Il attrapa mon dresseur sans défense, le souleva par le pull comme s'il ne pesait rien, se le jeta sur l'épaule et quitta le bureau.
Derrière nous, Tsunami déclara :
-A notre prochaine rencontre, Monsieur Ikse.
Puis il ajouta avec un plaisir sadique :
-Si les sharpédos ne vous dévorent pas...
Ikse tenta de se débattre, mais il ne pouvait guère bouger sans risquer de me lâcher. L'homme descendit tous les étages ainsi, avec un Ikse hurlant sous le regard médusé des sbires qui le regardèrent passer sans rien dire, jusqu'au dehors de l'immeuble. Je vis la secrétaire nous regarder d'un air désolé puis s'affairer à chercher quelque chose dans un placard sous le comptoir.
Ensuite, Récif nous traîna jusqu'à la première berge venue, et nous jeta à la flotte. Et sans mot dire, il tourna les talons et retourna dans le bâtiment.
Heureusement, tous les canaux de la ville étaient régulièrement bordés d'escaliers qui permettaient à un malchanceux qui serait tombé à l'eau de remonter sur les appontements et trottoirs sans avoir à nager trop loin. Après quelques brasses, Ikse put donc remonter sur la terre ferme.

Et, à notre grande surprise, la secrétaire de la team se tenait là, et nous tendit deux serviettes. Timidement, Ikse les prit, m'enroula dans la première et commença à s'essuyer avec la seconde. Puis il émit un :
-Merci. Heu... Madame Vague c'est ça ?
-En réalité, c'est Mademoiselle. Je suis un peu âgée, mais pas mariée. Monsieur Tsunami préfère donner du Madame, il trouve que c'est plus prestigieux. Alors, ça ne s'est pas très bien passé on dirait ?
Un peu honteux, Ikse baissa la tête. Mademoiselle Vague lui sourit :
-Une chance pour vous qu'il n'y ait pas de sharpédos dans le coin, hein ? Mais, même citadins, ils restent des pirates, vous ne pouvez pas leur reprocher de respecter certaines traditions.
Vide d'expression, mais sans doute était-ce dû à sa défaite, Ikse répondit seulement :
-Oh. Oui.
-Dois-je informer Monsieur Tsunami que vous prendrez votre revanche demain ? Ça lui permettra d'organiser ses rendez-vous, vous comprenez ?
-Et si je reperds, il me tueront pour de bon ?
-Je ne crois pas, Monsieur... Connaissez-vous le sens originel du mot pirate ?
-Oui. Entrepreneur ou aventurier.
-Alors vous devriez savoir que nous ne sommes pas des assassins. Et puis... Avez-vous entendu parler des guerres de Six-Thé ? Tuer quelqu'un risquerait de déclencher une guerre similaire ici.
-Oh. Je vois. Alors ils continueront de me jeter dans le canal jusqu'à ce que je gagne ?
Mademoiselle Vague en eut une à l'âme.
-J'en ai bien peur, Monsieur. Ou jusqu'à ce que vous lassiez. Vous deviendrez plus fort, mais eux aussi, vous savez ?

Ikse ne répondit rien. Pendant quelques secondes. Puis il sembla avoir une idée et demanda :
-Au fait... Qui est Ecume ?
-Ah, lui... C'est un déserteur et un traître, Monsieur.
-Il était dans le bâtiment ?
-Il semblerait. Mais nous ne le retrouvons nulle part. Il a probablement dû se replier. C'est étrange qu'il se manifeste après tant d'années. Peut-être souhaitait-il profiter de votre tentative pour... je ne sais pas quel est son but à vrai dire. Mais ne vous préoccupez pas de cela. Ce sont nos affaires. Et vous ne pourrez pas vous en faire un allié si lui ne décide pas de vous contacter, si c'est ce que vous pensez. Au fait... Vous devriez emmener sans tarder vos pokémons au centre.
-Oh, oui. Vous avez raison !
Puis, il sembla s'insuffler une nouvel ardeur, car il déclara :
-Et dites à votre patron que je reviendrai demain !
-Très bien Monsieur. N'oubliez pas de me ramener les serviettes s'il vous plaît. A demain, monsieur.
Puis elle tourna les talons et rentra elle aussi dans l'immeuble à l'imposant logo bleu.

Pour ma part, je lançais à mon dresseur un regard portant autant de reproches qu'il m'était possible de lui adresser.
-Tu comprends mon Graffias, je n'ai pas eu le temps de lui demander où est le champion de l'eau ! Hyg-Rek avait raison. J'aurais besoin d'affronter les champions d'arène pour devenir fort et affronter les teams.
Oh, vu comme ça... S'il n'avait pas l'intention de se battre à nouveau contre le boss, ça me rassurait. J'étais épuisé, et j'avais mal partout. Je m'endormis dans ses bras avant même qu'il n'atteigne le centre pokémon.


Et dès le lendemain, Ikse nous réveilla à la première heure. L'infirmière nous avait remis sur pied, et nous avions recouvré toutes nos forces.
Mes compagnons étaient dans un état que je ne leur connaissais pas. Ils étaient silencieux, frustrés de leur défaite. CorLéonis était déprimé, CorCaroli pensif, et Nashira fulminait. Quand à Khélone, il était silencieux... Il ne disait jamais rien de toute façon.

Ikse passa une partie de la matinée au téléphone. A Durite, il annonça qu'il avait perdu mais ne comptait pas en rester là, qu'il reviendrait une fois mieux entraîné. A Hyg-Rek, il annonça qu'il n'avait trouvé aucune information sur le champion de l'eau. A la Miss gros doudous ronds, il lui présenta son tortipouss, et lui promis de lui envoyer tous les nouveaux pokémon plantes qu'il trouverait.
Pour ma part je m'intéressais aux infos. J'avais vu la veille qu'une entreprise de peinture allait s'installer à Atown. Cette entreprise faisait sa pub en mettant à la disposition des gens de quoi repeindre les murs, la nouvelle attraction touristique de la ville. Ce que le maire trouvait propr... salement scandaleux.

Enfin, en fin de matinée, Ikse m'arracha de devant la télé, puis se dirigea une nouvelle fois vers le QG de la team Aqua. Cette bâtisse me donnait des frissons. Non pas que j'avais peur d'un nouveau bain forcé. C'était juste... frustrant, humiliant de repenser à ce qu'il s'était passé la veille.
Ikse entra. La secrétaire le salua joyeusement.
-Ah, bonjour Monsieur Ikse ! Bien remis de vos émotions d'hier à ce que je vois ! Monsieur Tsunami est dans son bureau, vous pouvez monter de suite, je vous annonce.
Ikse lui rendit ses serviettes de bain, puis il entreprit l'ascension du bâti-mont Aqua.

Mais quelque chose n'allait pas dans ces locaux. Au fur et à mesure que nous montions les étages, nous remarquions que les sbires étaient agités. Un grand nombre d'entre eux nous arrêtèrent et il fallut leur expliquer plusieurs fois que nous avions rendez-vous. L'un d'eux, jeune et zélé, envoya même son écayon dans un élan d'enthousiasme afin de nous stopper.
Ikse lui opposa notre compagnon plante. Le combat ne fut pas aisé pour lui, mais il lui permit d'apprendre l'attaque tranche-herbe. L'homme envoya ensuite un hypotrempe, que Khélone vainquit aisément. Puis un sbire arriva, expliqua notre situation, et on nous laissa continuer.
Maintenant que j'y repensais, c'était très malin de leur part de ne pas nous laisser affronter les seconds couteaux pour ne pas progresser...

Enfin, nous arrivâmes à l'étage de la cantine. Aulait était là, indifférent à l'agitation ambiante.
-Alors p'tit gars, t'en veux encore ? La tasse que t'as bu hier t'as pas suffit ?
-Non, pas du tout ! Je viens pour une autre raison... Heu... Dites, il se passe quoi ?
Le cuistot haussa les épaules.
-Écume. Il était caché dans le bâtiment, et il s'est remis à faire des siennes. Apparemment, il a saboté les ordinateurs durant la nuit. Tout le monde est à sa recherche depuis ce matin, mais on dirait qu'il a encore disparu.
-Et ça ne vous dérange pas ?
-Bah, c'est pas vraiment mes oignons. Le repas va pas se faire tout seul, et quoiqu'il se passe, les gens auront faim à midi.
-Oh... Ah.
Mais l'autre avait croqué dans le fruit de la passion et s'exclama en brandissant vaillamment une cuiller à soupe :
-Oui ! Et comme on dit, les empires peuvent bien se bâtir et s'écrouler, les pages de l'Histoire peuvent bien s'écrire et se tourner, il faudra toujours un maître de l'art culinaire pour en nourrir les acteurs ! C'est l'avantage d'être un cuistot ! On passe au-delà de tout ça ! Il en a toujours été ainsi, et il en sera ainsi tant que les gens auront des estomacs à remplir !
Puis voyant la tête de Ikse et son regard de merlan frit, il ajouta :
-Heu... Bonne chance p'tit gars !

Ikse laissa le cuistot passionné à ses occupations. Puis il monta encore. Et enfin, il arriva devant les grandes doubles portes. Celles-ci étaient ouvertes, et l'homme aux allures de sharpédo nous attendait déjà. Il accueillit mon dresseur avec son sourire malfaisant. Il se leva même pour venir lui serrer la main. Quel hypocrite ! Quoique, ce n'est pas parce qu'on est le chef malfaisant d'une team qui l'était tout autant qu'on devait négliger la politesse. Aucune loi n'obligeait les « grands méchants » à être des rustres grossiers et vulgaires. Décidément, ce type m'était insupportable.
-Ah, Monsieur Ikse ! Déjà prêt pour la revanche ?
-Non. J'ai oublié de vous demander hier ce que vous saviez sur le champion de l'eau ?
Très brièvement, le sourire de l'homme s'effaça, puis il refleurit comme une drossera sur une ruche.
-Vous ne savez donc rien ? Intéressant... Mais voyez-vous, j'ignore où il se trouve.
Mais Ikse était méfiant.
-Vraiment ?

Soudain, un fracas retentit dans l'escalier.
-Vraiment. Comme vous le savez probablement, il a quitté la ville sans laisser de traces il y a déjà quelques années de ça. Il...
Et soudain, Monsieur Tsunami écarta mon dresseur juste à temps de la trajectoire d''un faisceau bleu et humide qui traversa la pièce pour aller écraser un truc en forme de Capitaine Récif sur le bureau du boss. Cette fois, l'étonnement qu'affichait la figure du chef semblait sincère.
-Capitaine Récif ?
-L'est là boss !
Simultanément, une voix retentit, venant de la double porte :
-Ikse ! Ne les écoute pas ! Ils ne cherchent qu'à t'embrouiller, mais ce ne sont que des pillards !
Suivi par un silence aussi gêné que surpris.