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Des vacances mouvementées... de Don d'ARCEUS



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» Auteur : Don d'ARCEUS - Voir le profil
» Créé le 13/12/2010 à 22:53
» Dernière mise à jour le 05/07/2012 à 16:38

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Un fragile équilibre
« Vitalio ! Att... attends-moi !
– T'attendre ? Pour quoi faire ?
– Je... ce n'est pas ce que tu crois...
– Et qu'est-ce que je crois, selon toi ?
– Qu'il y a quelque chose entre lui et moi.
– Et quelle est ta version ?
– Je le manipule.
– Et la réalité ?
– ...
– C'est lui qui te manipule, tout simplement !
– Mais... non, je t'assure, j'ai la situation bien en main ! Il n'est qu'à ses débuts dans la lecture des pensées, il est très sûr de lui – concernant notamment notre "amour" – alors que je lui mens !
– Ouvre les yeux, Célinda ! Il s'est contenté d'être là au bon moment, c'est tout !
– Comment ça, au bon moment ?
– Tu avais besoin d'amis et il est apparu. C'est aussi simple que ça. Tu ne t'es donc jamais interrogée une seule fois sur la sincérité de ses paroles, de ses gestes d'un soi-disant amour intense pour toi ?
– Pourquoi serait-il alors venu à mon secours, hein ? Pourquoi ? Dis-le-moi, puisque tu es si intelligent !
– Pour te donner l'illusion d'un réconfort !
– Je préfère encore l'illusion d'un réconfort au chagrin de deux amitiés perdues.
– Tu ne te rends pas compte de la portée de tes paroles...
– Bien sûr que si ! J'ai toujours parlé franchement ! Ce n'est pas aujourd'hui que j'arrêterais !
– Tu n'as pas toujours parlé franchement...
– Si !
– Vraiment ? »

Le cerveau de Célinda se mit à réfléchir à toute vitesse. Le regard éperdu de son ami l'interpellait ; il avait raison mais cherchait à anéantir sa relation avec la jeune fille à travers la véracité des paroles qu'elle disait leur avoir toujours attribuée.

« Alors, tu as toujours dit la vérité ?
– Je... Non, il y a certainement eu des moments où j'ai menti... assura maladroitement Célinda, toujours à la recherche de l'élément qui lui échappait.
– Comme quand ?
– Je... Il y en a forcément, je n'ai pas toujours dit la vérité... balbutia la jeune fille, au bord des larmes sans parvenir à mettre la main sur la réponse que son ami ne voulait pas entendre.
– S'il ne t'en vient aucun naturellement, c'est inutile de chercher plus avant... Tu as toujours été la fille modèle, mature...
– N'est-ce pas toi qui un jour m'a dit être d'une immaturité sans précédent à cause de ma jalousie ?
– Peut-être bien, mais moi, contrairement à toi, je ne pense pas toujours ce que je dis.
– Cette fois-là, tu le pensais, pourtant. Et tu avais raison. Ma jalousie m'a aveuglée et m'aveugle encore.
– La vérité est toute autre. Tu m'avais entraîné sur un terrain miné, lors de cette discussion. Je cherchais simplement à te changer les idées, à te faire dériver vers un autre sujet.
– Je ne crois pas un traître mot de ce que tu dis !
– Vraiment ? Alors pourquoi trembles-tu ? »

La jeune fille était effectivement agitée de spasmes et de convulsions qu'elle se forçait à masquer.

« Tu veux peut-être que je te le dise ? Eh bien c'est tout simplement parce que j'ai raison.
– Et moi je te dis que tu as tort.
– Tu es vraiment têtue. Presque aussi têtue qu'un Tauros.
– Bien plus têtue qu'un Tauros. Ce n'est pas la fausse vérité que tu essaies d'insuffler à tes paroles qui me fait trembler, mais le vertige à la connaissance de l'intense jalousie qui m'a toujours habitée.
– Une jalousie qui a peut-être raison d'exister.
– Bien sûr que non. Si elle avait des raisons d'exister, je le saurais !
– On ne peut pas tout savoir...
– Voilà justement pourquoi on ne peut pas être tout le temps mature !
– Explique-toi !
– Si l'on savait tout sur tout, la sagesse ne serait qu'une formalité...
– Ç'a l'est pour toi...
– ... mais ce n'est pas le cas, poursuivit Célinda en ignorant la remarque du jeune homme. Comment veux-tu rester 100% mature dans un monde où le savoir est une fonction croissante du temps, peut-être même majorée ! »

Vitalio se racla la gorge.

« Tu veux parler français deux secondes s'il te plaît ? »

La jeune fille rougit.

« Je... je disais juste que l'on ne peut pas rester mature dans un monde où le savoir ne sera jamais que partiellement acquis...
– Tu n'en sais rien...
– De toute façon, le jour où la science aura trouvé la solution à toutes les énigmes de la vie, je serais déjà morte depuis longtemps... »

Un sombre sourire se dessina sur les lèvres du garçon.

« Probablement... si tu étais une femme tout à fait normale...
– Mais je le suis !
– Les expériences que tu as vécues par le passé ont fait de toi un être unique...
– Tout être est unique, par définition...
– ... tu ne peux pas en faire totalement abstraction ou le nier effrontément... Tu as été une Poké-femme, et tu le resteras toujours, d'une manière ou d'une autre ! Pour tout t'avouer, ça ne m'étonnerait pas que tu vives indéfiniment...
– Oui, c'est ça, pour que j'acquière cette sagesse qui selon toi ne me faisait pas défaut jusqu'ici, n'est-ce pas ? Admets que ton raisonnement a une faille.
– ... Tu as raison, comme toujours... »

Célinda se maudit intérieurement ; elle cherchait avant tout à améliorer ses relations avec le jeune homme, et elle faisait tout le contraire...

« Qu'est-ce qui ne va pas, Vitalio ?
– Rien, rien du tout ! Tout va pour le mieux....
– ...dans le meilleur des mondes possibles ? Non, ça, ça m'étonnerait, vois-tu. Il y a quelque chose que j'ai dit qui t'a blessé, et tu ne daignes pas me dire quoi. Pourquoi cherches-tu à me cacher le mal que je t'ai fait ?
– ...
– Pourquoi ne dis-tu rien ?
– Tout simplement parce qu'il n'y a rien à dire...
– À part ce que je m'évertue à trouver, non, c'est vrai. Que t'ai-je donc dit de si déroutant, pour que tu sois si... distant de moi ?
– Ce ne serait pas la première fois...
– La première fois ?
– Que nous serions distants...
– Oui, malheureusement... » reconnût Célinda, le regard dans le vide, revoyant tout le chemin que tous deux avaient parcouru... en tant qu'amis.

Elle mit alors enfin la main sur l'élément qui lui manquait, sans s'y attendre. Une larme se forma au coin de son œil qu'elle essuya distraitement avant que Vitalio ne la vît.

« Tu... tu pleures Célinda ? » s'enquit le jeune homme, d'une voix inquiète, témoignant ainsi d'une attention à laquelle il n'avait aucunement laissé croire jusqu'ici.

La jeune fille leva les yeux vers son ancien ami, au bord des larmes à l'idée que celui-ci l'eût percée à jour. Lorsque leurs regards se croisèrent, elle ressentit un immense chagrin à la vue d'une lueur d'attendrissement qui pouvait s'amplifier d'un moment à l'autre si elle le voulait. Elle ne tira cependant pas parti de cette soudaine faiblesse. Elle ne méritait pas son amitié, pas plus qu'elle n'avait mérité celle d'Éliana. Elle tourna le dos au garçon et se dirigea vers sa maison, prête à affronter son destin jusqu'au bout. Une pierre malintentionnée était cependant placée sur son chemin et la fit trébucher. Elle n'arriva pas à poser ses mains devant elle alors qu'elle tombait en avant pour amortir la chute si bien qu'elle se retrouva face contre terre, vidée de toute force, les membres plus douloureux que jamais. Elle ferma les yeux pour retenir les larmes qui ne cessaient de la supplier de les laisser couler et ignora la douleur physique qui venait s'ajouter à celle, morale, déjà existante. Elle essaya de se relever sans trouver la force de bouger le moindre de ses membres. De nouveau, elle était impuissante. De nouveau cette sensation de liberté étouffée se faisait ressentir en elle. Une émotion sur laquelle elle concentra toute l'énergie restante pour l'ignorer. Elle entendit des pas s'approcher lentement d'elle, hésitants, sentit des doigts la saisir pour la retourner avec une infinie douceur dans le but de l'allonger sur le dos. Célinda porta une main à son visage pour se protéger du soleil comme du regard de Vitalio, sans se demander où elle avait bien pu puiser la force d'accomplir ce geste. Son étonnement grandit encore lorsqu'elle sentit les mains du jeune homme se saisir de la sienne pour la retirer. Sans succès.

« Pourquoi te caches-tu de moi ?
– Je... je viens de comprendre ce que tu cherchais à me faire dire plus ou moins directement et... et... »

Les traits de Vitalio s'étirèrent pour former une expression de terreur qui échappa à la jeune fille qui lui parlait.

« ... je... j'ai tout simplement été minable. Non, pas minable. Ignoble. Horrible. Infiniment cruelle. Tu as essayé de tenir bon... tu n'as pas réussi. Je ne t'en veux pas. Je... c'est bien ma faute si on en est là. J'ai tout fait pour remplacer notre histoire par votre histoire, à Éliana et toi... Et... et malgré le mal que je t'ai fait, que je t'ai dit, tu es encore là, à mes côtés, à m'écouter... je ne te mérite plus... je ne t'ai même jamais mérité... Tu n'as pas à endurer la vue de mon chagrin... ni même à vouloir chercher à me consoler... ni même à essayer de me consoler... oui, essayer, parce que je ne suis pas et resterai inconsolable... et pourtant... tu... tu es là... Je ne devrais même pas t'émouvoir... Je suis un monstre... Oui, car les vrais monstres ne sont pas ceux qui répugnent, qui effraient, mais ceux qui, après avoir fait tant de mal, engendrent de la compassion chez les autres...
– Je... non, c'est ma faute, j'ai été trop loin, je... j'ai cherché à briser définitivement nos relations sans réfléchir aux moyens que j'employais... je... j'ai été égoïste, je n'ai pensé qu'à mon malheur, en faisant abstraction de toutes les épreuves que tu as endurées... pour et à cause de moi...
– Non, Vitalio. Ce n'était pas ta faute... Un Pokémon maléfique t'habitait, tu as fait de ton mieux pour lutter contre lui, et moi je... je ne t'ai pas facilité la tâche... J'ai toujours voulu te prendre dans mes bras, te sentir contre moi, te... t'embrasser, te... caresser... mais c'était toujours sans tenir compte des difficultés que tu rencontrais avec ton Pokémon, par pur égoïsme, en fait... Là résidait ma faiblesse, une faiblesse que ton Pokémon n'a fait qu'exploiter, tu n'y es pour rien...
– Peut-être, mais tu oublies que tu as risqué ta vie pour moi...
– J'aurais agi de même pour Éliana...
– Oui mais... ç'aurait été différent...
– ... je... Ne cherche pas de faille dans ce raisonnement-ci, il n'y en a aucune. Strictement aucune. À chaque fois que tu crois entrevoir une issue, c'est une impasse, un leurre. J'ai été foncièrement mauvaise avec toi, et ça, jamais je ne me le pardonnerais... Je... j'aurais beau te dire à quel point je suis désolée, que je n'ai jamais cherché pas à te faire souffrir de quelque manière que ce soit, tu auras beau me pardonner des centaines de milliers de fois... Je me haïrais toujours, je n'éprouverais plus jamais envers moi qu'un sentiment de dégoût profond...
– Tu as peut-être été foncièrement mauvaise avec moi, mais jamais consciemment. Jamais. Tu ne peux pas t'en vouloir pour ce que tu n'as pas fait consciemment.
– À t'entendre, on dirait presque que je ne t'ai rien fait...
– Mais tu ne m'as rien fait. Rien du tout.
– Il y a quand même quelque chose qui m'intrigue ; pourquoi prends-tu ma défense ? Pourquoi essaies-tu de me réconforter, alors que tu sais aussi bien que moi que je suis la source de nos problèmes relationnels ?
– Probablement parce que tu es mon amie. Que tu es la première personne à m'avoir fait découvrir l'amitié.
– Non, l'amitié ne suffit pas à justifier une telle... un tel attachement... un tel acharnement à ne pas me laisser souffrir seule dans mon coin, alors que de toutes les personnes de ce monde, je dois bien être la seule à le mériter...
– Que veux-tu ! Le cœur a ses raisons que la raison ne comprend pas, voilà tout... Et puis, transformer une source de problème en source de bonheur n'est pas un défi donné à tout le monde ... »

Célinda daigna enfin écarter un peu les doigts, juste suffisamment pour contempler l'expression du garçon qui la surplombait. Un maigre sourire étirait ses lèvres alors qu'une sincère détresse ainsi qu'une profonde douleur étaient peintes sur son visage. Vitalio, ayant remarqué le geste de son amie, en profita pour lui saisir les mains et les écarter définitivement de son visage. La jeune fille tourna néanmoins la tête, incapable de le regarder droit dans les yeux.

« Pourquoi fuis-tu mon regard ?
– Comment pourrais-je encore te regarder en face après ce que je t'ai fait et que je continue à te faire endurer ?
– Simplement en admettant que tu n'as jamais cherché à me faire souffrir de quelque manière que ce soit et que tu ne m'as pas toujours fait que du mal. »

Au prix d'un immense effort de volonté, Célinda réussit enfin à fixer son ami droit dans les yeux. Elle allait détourner sa tête du garçon en voyant que lui aussi la fixait – d'un regard sincère et bienveillant, qui plus était – mais celui-ci l'en empêcha en plaquant sa main contre la joue de la jeune fille. Au toucher de la main de son ami, cette dernière ouvrit de grands yeux étonnés ; il la touchait enfin... Elle ne put retenir un petit sourire qui n'échappa pas à Vitalio, qui lui lança pour seule réaction un regard interrogateur.

« Je... Il y a tellement longtemps que je n'espère plus que tu me touches... Ça me paraît presque ironique que ce soit pendant un moment pareil... Alors que tout est perdu...
– Rien n'est perdu, Célinda, bien au contraire... Tout reste à faire... Enfin, il faut juste que tu apprennes à voir le bien qui sommeille en toi, notamment celui que tu m'as déjà fait...
– Arrête ça, Vitalio... Je ne t'ai jamais fait que du mal... Ce qui reste à faire justement, c'est tout le bien dont je suis capable... Parce que, oui, Vitalio, je ne t'en jamais fait jusqu'ici...
– Il me semblait pourtant que... Enfin, je veux dire, cette robe... ce n'était pas une si mauvaise idée...
– Ce n'est pas la peine d'essayer de me remonter le moral... Je n'en vaux pas la peine...
– Mais je suis sincère !
– Vr... vraiment ? fit Célinda, étonnée.
– Je n'ai à dire vrai pas l'habitude de plaisanter sur ce genre de choses... l'apparence des choses et des personnes ne devrait d'ailleurs être l'objet d'aucune moquerie, d'aucun discours. Chacun est tel qu'il est, chaque chose aussi, qu'on le veuille ou non, un point c'est tout.
– Dans ce cas, ça ne va pas te plaire si je te dis que j'ai choisi cette robe en fonction des cauchemars que je faisais...
– Ces fameux cauchemars... je les avais presque oubliés... avoua le jeune homme, en levant des yeux pleins de haine et de tristesse au ciel.
– Qu'y-a-t-il ?
– Quoi ? s'enquit Vitalio, en reportant son attention sur la jeune fille.
– Je... j'ai cru... enfin... Il y avait de la colère et... une certaine tristesse dans ton regard, quand j'ai évoqué mes... rêves...
– Oui. Il faudra bien qu'on en parle un jour ou l'autre. Mais je ne pense pas que ce soit le moment opportun, vois-tu.
– Pourquoi ? dit Célinda, sentant venir le moment de se séparer – qu'elle redoutait éternel.
– Eh bien, ce n'est pas que je n'aimerais pas prolonger cette conversation pour le moins amicale, mais ton fameux... réconfort va s'impatienter. Et s'il nous voit ainsi, je doute que ça le mette de bonne humeur.
– Tu... tu veux dire que je dois le rejoindre ? Mais tu disais que je... qu'il me manipulait !
– Peu importe ce que j'ai dit, nous savons tous les deux que tu es maîtresse de ta destinée et que, par conséquent, tu es capable de choisir ta voie. Seule.
– Mais... et si ma voie ne te plaît pas ?
– Depuis quand te préoccupes-tu de l'avis d'autrui à ton égard ?
– Tu n'es pas autrui...
– Comment ça ?
– Tu es... une partie de moi. Tout comme Éliana est une partie de moi, s'empressa d'ajouter Célinda, de peur de voir Vitalio le prendre mal.
– Dans ce cas, tu n'éprouveras aucun mal à faire le choix que je jugerais bon, murmura le jeune homme en adressant un clin d'œil à son amie. Ce qui doit cependant t'importer, ce n'est pas de choisir la voie qui me plairait, mais bien celle qui te plairait.
– Tu... tu veux dire que si je...
– Que tu es libre de choisir ta voie. Comme d'habitude... » l'interrompit Vitalio, en se levant puis en tendant une main secourable à la jeune fille pour qu'elle aussi se lève.

Cette dernière hésita un instant à la saisir, puis elle la prit. Le garçon la tira alors doucement mais avec force. Malgré le peu de forces qu'il lui restait, Célinda réussit à se maintenir debout sans l'aide de Vitalio. Ce dernier s'éloigna alors d'elle en lui souhaitant « Bonne route », l'abandonnant devant sa maison, seule maîtresse de sa destinée. La jeune fille fit volte-face, contempla un instant sa maison, puis se décida à revenir dans sa chambre.