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Justice, gloire et Graffias. de illapa



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Informations

» Auteur : illapa - Voir le profil
» Créé le 26/11/2010 à 21:46
» Dernière mise à jour le 26/11/2010 à 21:46

» Mots-clés :   Aventure   Humour   Région inventée

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16 - L'art de la joie...

Même si notre dresseur avait un sérieux problème à régler avec ses poses de vainqueur ringardes, les deux chiens acclamèrent cette proposition avec enthousiasme. Nashira eut un grand sourire. Cette déclaration promettait de l'action, et ce n'était sans doute pas pour lui déplaire. Quand à moi... Je ne comprenais pas qu'on puisse vivre dans autant de désespoir, et j'étais d'accord avec lui. Et puis, quitte à être coincé dans une région qui n'était pas la mienne, autant que cette région soit agréable à vivre pas vrai ?
Je me demandais aussi ce qu'il allait inventer de stupide ou de ridicule pour arranger les choses ici. Cela présageait de bons fou-rires. Et au pire, je pourrais toujours me foutre de lui, et rien n'aura été perdu.

Malheureusement, il n'en avait encore aucune idée. Nous visitâmes la ville, ce qui eut pour effet de me donner la nausée. On se croyait dans un vieux film dramatique en noir et blanc.
Nous ne vîmes rien d'exceptionnel, rien de touristique, rien qui puisse nous donner un indice pour « faire quelque chose ». Avant d'être ainsi, la ville était tout ce qu'il y a de plus normale. Elle semblait se contenter de remplir les critère « ville » et « normale », sans en faire ni plus ni moins.

Ikse demanda des conseils à l'infirmière Joëlle, qui ne sut comment l'aider. Comment rendre sa splendeur d'autrefois à une cité qui n'en avait jamais vraiment eu ?
Il visiophona à l'inspecteur Durite, qui lui répondit qu'il n'en avait aucune idée, il allait y réfléchir, mais ce n'était pas vraiment son domaine, alors... Mais peut-être que le directeur Cathode aurait une idée, après tout, ça faisait partie de son métier de mettre les gens, les choses et les événements en valeur...
Mais toute une ville ? Même le maître de la Tour Demain, la tour radio-TV qui se dressait fièrement vers l'avenir, ne savait pas vraiment comment faire...
Ikse demanda également au chef Carbonara, qui ne fut pas plus inspiré que les précédents, mais si Ikse avait une idée et besoin d'aide, il serait là pour l'aider au mieux.
La vicieuse aussi sécha sur la question, mais... y avait-il des fleurs là-bas ?

Ikse concéda que cela pouvait être un bon début, car il n'y avait effectivement pas de végétation, ni massif coloré, ni arbre, ni rien.
-Très bien, Ikse ! Je vais t'envoyer quelqu'un avec du matériel. Je ne sais pas si ça fera grand-chose...
-Mais c'est un début ! Et au moins, nous aurions essayé !

Ce fut le professeur Micocoulier qui eut la réponse la plus satisfaisante.
-Va voir dans la prochaine ville.
-Quoi ?
-Va voir dans la prochaine ville, Ikse. Je suis sûr que tu trouveras une idée là-bas...
-Pourquoi ? Comment pouvez vous en être aussi certain ?
Le prof eut un grand sourire.
-La ville s'appelle Bourg-Joie. Vas voir. Tu pourras toujours revenir à Atown après, quand tu auras ton idée.

Faisant confiance à son tuteur, Ikse décida de partir pour la prochaine ville. Elle n'était pas très loin, cependant, il nous fallut une journée entière de marche pour l'atteindre.

Bourg-Joie se situait près de la mer. C'était un endroit des plus lumineux, et aux antipodes même d'Atown.

Elle transpirait la joie, elle suintait la gaité. On s'attendait presque à la voir dégouliner sur ses murs blancs et vitrés. On la percevait en chacun des habitants, sur leur figure enjouée, dans la couleur vive de leurs vêtements...
Chacun de leurs pas donnait l'impression qu'ils étaient en train de danser.
Elle était à sa façon aussi terrifiante qu'Atown. Et si on était pris dans une gigue folle et qu'on ne pouvait plus s'arrêter de danser ? Comme dans les dessins animés des contes de fées, dans ces tavernes qui ensorcelaient les frères des héros en les obligeants à danser pour l'éternité ? Non, je me faisais sûrement des idées.
Cette ville rayonnait juste d'enthousiasme.
Une foule de dresseurs se pressait au centre pokémon. La ville les attirait, comme des mouche à... des papillons colorés autour de la lumière. Mais ces dresseurs-là... restaient là. Ils ne voyageaient pas, dehors, c'était tellement dangereux, tout le monde avait ça...

Cette cité avait toujours quelque chose à célébrer. Son port attirait des touristes de la région entière, qui venaient ici en vacance, ou simplement pour faire la fête. Les rues étaient bariolées de guirlandes et de lumières, et tous les samedis soirs, on tirait un feu d'artifice.
Beaucoup de gens qui circulaient là se déguisaient, portaient des costumes et des masques.
Un petit vent joyeux chassait les nuages et balayait l'ensemble du tableau.
Le professeur Micocoulier avait raison, si nous devions trouver une idée pour dégriser Atown, ce devait sûrement être ici.

Nous passâmes donc la journée suivant notre arrivée à chercher une idée, ce qu'on peut résumer par manger de la glace et laisser Nashira et les enfants profiter de la plage. J'avais un peu peur de me faire emporter par les vagues, mais je m'amusai beaucoup à creuser des trous sous la serviette de Ikse et de le regarder ne pas comprendre pourquoi, à chaque fois qu'il , il s'enfonçait un peu plus dans le sable. Pour une étrange raison, CorLéonis passa son temps à creuser des trous lui aussi, ce qui posa quelques problèmes aux gens qui passaient par là, et à Ikse qui eut un mal de chiot à refréner les pulsions du lionceau à forer tout sol un peu mou.

La nuit, la ville était tout aussi animée que le jour. On y croisait tout autant de jongleurs, cracheurs de feu, magiciens amateurs, peintres-minute et autres animateurs désireux de se faire remarquer.
Et contre toute attente, c'est nous qu'on remarqua.
Nous marchions dans la rue, (sauf Nashira qui était transportée dans sa scubaball), lorsqu'une voix nous interpella.
-Ça alors ! Je savais bien que vous finiriez par venir !

Nous nous retournâmes. Un ectoplasma se trouvait derrière nous. Avec un chapeau haut de forme, une canne et un nœud papillon blancs.
-Aaaaaah !
Ikse sursauta, mais peut-être était-ce plus par souvenir que par instinct devant cette apparition.
Au même moment, Nashira sortit se sa ball en demandant :
-Que se passe-t-il ? Quel vil manant ose assaillir mon dresseur ? De qui dois-je le défendre ?
Et Ikse se retrouva par terre. Joyeusement, le spectre déclara :
-Hé bien, quel enthousiasme ! Bonsoir, jeune Ikse. Bonsoir Graffias. Bonsoir CorCaroli. Bonsoir CorLéonis. Et je ne crois pas connaître cette demoiselle... ?
Un peu surprise, Nashira répondit :
-Je me nomme Nashira. Et vous êtes ?
-Je m'appelle Dhur, mais on me nomme plus généralement le « Baron Jean-Marie Gautier de Tombobscure ». Ravi de faire votre connaissance, lady Nashira !

J'eus soudain la conviction que Nashira et «Dhur » allaient bien s'entendre. Ne serait-ce que parce qu'ils parlaient tous les deux de façon un peu bizarre. Ikse se releva, s'épousseta et dit :
-Ouh, vous m'avez fait peur, baron. Et toi aussi loc... lady Nashira ?
-Oui, cher dresseur ?
Ikse ne comprit sans doute pas. Mais il répliqua :
-C'est incroyable je ne savais pas que tous les pokémons avaient un nom secret...
Le baron intervint :
-Il n'est pas secret, c'est juste que les humains ne le comprennent pas.
-Oh... Au fait, qu'est-ce que vous faites là, vous ? Je croyais que vous vouliez visiter le monde ?
-Et bien, voyez vous...

Dhur et sa horde de spectres étaient en effet partis visiter le monde. Ils avaient vu quelques villes, en une nuit, (ils voyageaient très vite en volant, nous assurèrent-ils), puis ils étaient arrivé dans celle-ci. Une ville, qui était aussi active la nuit que le jour... Cela les avait captivés. Et sans plus tarder Dhur eut une idée de génie, en voyant les gens ici.
-J'ai ouvert un étal de masques ! Nous ne sommes ouvert que la nuit, dans la grande rue, ça a fait fureur ! Ils se vendent comme des pokéball !
Je n'en revenais pas. Mes compagnons non plus...
-Des masques ?
-Oui ! On demande à un fantominus de prendre une apparence précise, on lui pose du plâtre sur la figure, on attend que ça sèche, on ajoute la couleur et voilà ! On peut faire des masques sur mesure ainsi ! Les gens adorent !

Je n'en doutais pas. Mais quelle idée étrange... A ce propos... Si ce pokémon avait de la suite dans les idées, alors... Franchement et sans détour, je lui demandai :
-A propos vous ne sauriez pas comment dégriser Atown ?
-Pardon ? Dégriser Atown ?
Mon dresseur ajouta :
-Oh oui ! On ne peut pas laisser cette ville dans cet état ! Il faut qu'on fasse quelque chose ! Il faut rendre espoir aux gens !
Le baron sembla réfléchir un instant.
-Voilà qui va être ardu. Venez boire un verre à mon étal, nous pourrons parler de ça plus à l'aise.

L'étal de Dhur était une table bancale recouverte d'une nappe noire, décorée façon spectre : avec de fausses toiles de mimigale et des bougies mauves. Un spectrum avec un masque de tiplouf s'occupait des ventes. Derrière eux, deux autres spectres s'occupaient de la fabrication « sur mesure ». L'un d'eux se faisait littéralement « plâtrer la gueule », puis quand c'était sec, un autre plongeait sa grosse langue dans un pot de peinture et tartinait l'objet de couleurs vives. Un spectrum se chargeait des finissions avec un pinceau fin. Et cela marchait. Les gens venaient, se faisait faire des masques, pour aller avec leur déguisement, pour customiser leurs pokémons, ou pour garder un souvenir de leur séjour dans la ville des fêtes.
Le baron ectoplasma nous servit du thé et invita Ikse à parler de son problème.

-Je comprends que la justice se doive d'agir, mais très honnêtement cher ami, la tristesse est ancrée en eux. Si vous voulez « dégriser » les habitants... ce sera dur. A part en leur plongeant la tête dans un pot de peinture, ils garderont grise mine. Et je ne pense pas que leur faire respirer des produits chimiques, même colorés, les rende plus joyeux.
Leur plonger la tête dans un pot de peinture... Voilà une idée des plus séduisantes. Même si elle serait inefficace, elle serait certainement amusante. Au vu de la tête d'ahuri heureux que faisait Ikse, je sus qu'il avait une idée en tête. Un sourire éclaira sa face, comme un coup de soleil sur un éclat de verre.
-De la peinture... Où pourrais-je en trouver en grande quantité ?
Dhur fut choqué. Nashira releva la tête de son saladier de thé avec intérêt.
-Vous n'envisagez tout de même pas de leur peindre la figure, hein ?
-Oh non. Pas la figure...