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Des vacances mouvementées... de Don d'ARCEUS



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» Auteur : Don d'ARCEUS - Voir le profil
» Créé le 02/11/2010 à 15:40
» Dernière mise à jour le 05/07/2012 à 15:25

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Deux de retrouvés, deux de perdus...
« Quelle soirée... »

Célinda venait tout juste de se coucher. Elle avait encore de la peine à croire à ce qui s'était passé. Elle fit distraitement le bilan de cette soirée, si irréelle à ses yeux...

Après que Vitalio et Éliana se fussent habillés – Célinda avait toujours sa robe sur elle –, les trois amis étaient sortis en quête d'un restaurant où ils pourraient manger à leur faim. Le bruit et la lumière qui régnaient dans chacun des établissements devant lesquels ils étaient passés n'avaient pas tardé à leur faire changer d'avis ; ils avaient finalement opté pour un pique-nique improvisé à la lumière diffuse d'un réverbère aux abords d'un minuscule espace vert. Durant le repas, Célinda avait tout raconté, depuis ses retrouvailles avec Vitalio jusqu'à l'inattendue récupération de sa liberté, sans rien cacher de ses émotions ou de ses pensées – ou presque. Ses deux compagnons l'avaient écouté sans jamais l'interrompre, conscients de son besoin quasi-vital de s'exprimer. Un silence ponctué seulement par le passage de quelques rares voitures et le bruissement du feuillage agité par une douce brise nuptiale avait succédé au récit de la jeune fille, qui s'était terminé bien après la fin du dîner. Un long silence que Célinda avait fini par briser pour demander à ses amis de lui raconter ce qu'elle avait raté, à commencer par leur affrontement contre l'homme ténébreux...

« Eh bien, pour tout t'avouer, ce ne fut pas vraiment un combat épique... avait confié Éliana, d'une voix tremblante. Lorsque Vitalio et moi sommes retournés dans la forêt, nous l'avons trouvé seul dans une hutte – comme nous le projetions – mais il était endormi. Nous nous sommes disputés parce que
monsieur trouvait lâche de tuer un homme dans son sommeil puis Vitalio l'a finalement tué...
– Par erreur ! l'avait interrompu Vitalio. Tu oublies que je ne l'ai pas fait exprès !
– Comment ça, par erreur ? s'était enquis Célinda.
– Vitalio a tendu sa main vers notre homme pour le désigner et, va savoir comment, il l'a décapité ; le cadavre est alors soudainement parti en fumée, comme dans un rêve... J'ai dit à Vitalio de se rendre chez toi pendant que je réglais les derniers détails...
– Quels derniers détails, justement ? l'avait interrogé l'autre jeune fille.
– Il fallait bien mettre les gens au courant du fait selon lequel leur patron était mort non ?
– Et ?
– Et quoi ?
– Tu ne me feras pas gober que c'étaient que "ça" les derniers détails, Éliana...
– Bon, j'avoue avoir un peu exagéré, je n'avais que ce détail à régler. En fait, juste après avoir annoncé la mort de l'homme ténébreux, je suis rentrée pour voir comment ça allait se passer... Quand je vous ai vu chacun ignorant royalement l'autre, si proches et pourtant si loin l'un de l'autre, je me suis dit qu'il allait quand même se passer un truc et que... enfin bon, il a tout de même bien fallu qu'à un moment, j'ouvre enfin les yeux ; vous étiez bien trop coincés pour faire quoi que ce fût comme des grands... je suis rapidement passée chez moi pour prendre des metavêts et je suis allée vous retrouver... Mais toi, Vitalio, si tu nous racontais un peu comment s'est passé ton enlèvement ?
– Disons simplement que j'étais effectivement émotionnellement fragile... et assez occupé à ignorer votre conversation... Cette faiblesse et ce passe-temps momentanés étaient l'occasion rêvée de me capturer pour faire définitivement de moi un allié. Enfin, du moins, c'était ce qu'avait projeté notre homme. Le Pokémon qui m'habitait avait malheureusement pour lui d'autres projets en tête... J'ai sombré dans l'inconscience alors qu'un rude combat s'annonçait entre les deux Pokémon qui nous hantaient... Le mien tenait absolument à prendre le contrôle, ce que j'ai fini par le laisser faire, faute d'arguments. Je n'aurais pas dû, je sais, j'ai été incapable de reprendre possession de mes moyens...
– Ah, et tu veux certainement que je te dise comment j'ai été au courant de ta situation, Célinda. Pour ta délivrance, c'est en fait l'homme ténébreux qu'il te faudra remercier, car c'est lui qui m'a renseignée.
– En échange de quoi ? s'était enquis Vitalio.
– De rien.
– Arrête Éliana, tu ne nous feras pas non plus gober ça... l'avait prévenu Célinda.
– Mais...
– Éliana...
– D'accord, c'est bon, je... j'ai promis que nous n'interviendrions désormais plus dans ses affaires... avait honteusement avoué la jeune fille.
– Sinon ? avait continué le garçon.
– Sinon, il m'a promis que nous regretterions de ne pas avoir respecté ma parole... »

Les deux amis n'avaient demandé aucune précision supplémentaire, sachant parfaitement ce que sous-entendait cette menace voilée.

« Il devait bien y avoir un autre moyen de...
– Évidemment, l'avait interrompu Éliana, agacée, mais ça m'étonnerait que Célinda fût d'accord pour passer le restant de sa vie avec lui... D'autant plus qu'elle est dans une période de la vie où il fait bon vivre...
– De ce point de vue là... Je trouve tout de même bizarre cette différence d'exigences entre les deux options que tu avais à ton choix... tu ne nous cacherais pas encore quelque chose, Éliana ? Que signifiaient donc ces sanglots, tout à l'heure ?
– C'était de la comédie, Vitalio, purement et simplement de la comédie...
– Mouais... tu joues rudement bien la comédie, alors... avait dit le jeune homme, pas du tout convaincu. Comment expliques-tu alors cette différence d'exigences ?
– J'ai négocié.
– Dans ton état ?
– Mon état n'a rien à voir là-dedans...
– Comment as-tu négocié, alors ?
– Bah, disons que le marché n'était pas très équitable...
– Mais encore ?
– Si tu trouves que donner un problème sans sa solution, sans même aucune piste, c'est un objet de marché très engageant, dis-le-moi tout de suite !
– Un problème ? Lequel ? avait fait Célinda, étonnée.
– Te rendre ton corps, bien sûr !
– Et tu as réussi à résoudre ce problème comme ça, en même pas cinq minutes, le temps de faire le trajet forêt-maison ? l'avait interrogé Vitalio, lui aussi abasourdi.
– J'adore résoudre les énigmes, tu sais... Enfin non, tu peux pas savoir puisque tu ne connais rien de moi... À part peut-être mon corps, et encore...
– D'accord, mais... je veux savoir, comment as-tu pu... comment t'es-tu doutée qu'il fallait provoquer un trop plein d'émotions chez elle pour...
– Appelle ça l'intuition féminine...
– Et moi, je veux savoir comment toi, Vitalio, tu as compris ça. Éliana n'a pourtant prononcé aucun mot depuis le moment où elle a franchi le seuil de sa maison...
– Appelle ça l'intuition masculine...
– Tiens, c'est nouveau ça, ça vient de sortir ?
– Ta "copine" peut être très communicative, quand elle veut... »

Célinda avait levé les yeux au ciel, n'en pouvant plus de ces sous-entendus, puis s'était allongée dans l'herbe, affichant une mine contrariée.

« Qu'est-ce qui ne va pas, Célinda ?
– Je... Rien du...
– Et c'est toi qui me dis de ne rien vous cacher ? C'est à ton tour, Célinda, de tout nous dire. Les amis sont faits pour ça, après tout...
– Je... oui, bien sûr mais... ça ne va pas vous plaire... balbutia la jeune fille.
– Seule la vérité sort de ta bouche, et je sais bien que toute vérité n'est pas bonne à entendre, alors vas-y, dis-moi ce que tu as sur le cœur au lieu de jouer les timides...
– C'est que... je... il m'a semblé que... enfin, déjà, vous avez eu un sacré culot d'aller jusqu'à... jusqu'à...
– Il faut...
– Vitalio, laisse-la parler !
– Et puis, il m'a semblé que vous avez éprouvé un sacré plaisir à... à faire ce que vous avez fait...
– Pour tout te dire, c'est moi qu'il faut blâmer pour ça... il est vrai que Vitalio n'a pas du tout été d'accord du début jusqu'à la fin de la scène à laquelle tu as assistée pour jouer le rôle que je lui ai obligé à jouer et je suis vraiment désolée d'avoir dû en arriver là... Il fallait tout de même que je te délivre de ta malédiction... Mais si tu penses que les moyens auxquels j'ai recouru pour arriver à mes fins sont tout à fait discutables et que par conséquent, notre amitié n'a plus lieu d'exister, alors je suis prête à... »

Célinda s'était brusquement jetée sur son amie – qui avait alors eu le souffle coupé – et l'avait plaquée au sol.

« Tu... tu plaisantes, j... j'espère ? » avait chuchoté la jeune fille au creux de l'oreille de son amie d'enfance, d'une voix tremblante, complètement bouleversée.

Éliana avait lentement secoué négativement la tête, à la fois effrayée et comme désolée de ne pouvoir faire le contraire. Célinda lui avait donné une gifle puis avait répété sa question pour en fin de compte obtenir la même réponse. Célinda avait alors sangloté sur l'épaule de son amie tout en murmurant d'une voix rauque un long flot continu de mots sans queue ni tête. Une fois ses larmes taries, elle s'était redressée et était allée reprendre sa place en s'excusant maladroitement pour avoir mouillé les habits de son amie.

« Bon, et si nous ne laissions pas à l'homme ténébreux le temps de nous punir ?
– Qu'entends-tu par là ? s'était enquis Vitalio, choisissant d'ignorer ce qui s'était passé, n'y ayant rien compris.
– Eh bien, réglons-lui son compte une bonne fois pour toute !
– Comment ?
– Eh bien, j'ai longuement réfléchi sur la question durant votre absence et j'en suis arrivée à me demander si un Poké-humain pouvait mourir de vieillesse...
– On ne peut hélas pas le faire vieillir instantanément, comme ça, d'un coup... Et même si on le pouvait, on ne sait même pas si ça marcherait... »

Un silence pesant avait succédé à son objection.

« Ça vaudrait quand même le coup d'essayer, bien sûr... avait admis le jeune homme.
– Je... Je ne sais pas si je serais prête à endurer une nouvelle fois un sommeil plein de cauchemars en cas d'échec, Vitalio...
– J'ai malheureusement peur que nous n'ayons d'autres solutions...
– Oui, enfin, il faudra d'abord trouver un moyen de faire vieillir l'homme ténébreux... Bon, sinon, avait enchaîné Célinda, je me suis demandée dans quel but il cherche à faire de la population humaine une population Poké-humaine... Tu as une idée Vitalio ?
– Pas la moindre...
– Il faudra alors enquêter là-dessus également... Demain, on se met au travail...
– Mais... c'est les vacances !
– C'est toi qui dis ça, Vitalio ? Cinq ans de vacances ne t'ont donc pas suffi ? »

Le jeune homme avait grommelé quelque chose d'inaudible, que seule Éliana était parvenue à entendre.

« Bon, il commence à se faire tard, on devrait rentrer se coucher... » avait fini pas dire le garçon, en se levant et en emportant les restes de leur repas.

Éliana s'était elle aussi redressée et avait aidé son ami à rassembler les déchets, puis celui-ci était allé les mettre à la poubelle. La jeune fille avait profité de l'absence du jeune homme pour glisser quelques mots à son amie :

« Cinq ans de vacances, non mais tu te rends compte de ce que tu dis, parfois ?
– Je ne vois pas...
– Ce n'est pas parce que je ne suis plus ton amie que je vais te laisser traiter les autres comme ça, ma vieille ; ce ne sont pas cinq ans, mais bien treize ans de "vacances" comme tu dis, qu'il a eues, Vitalio. Tu l'as blessé, Célinda, il a maintenant l'impression de n'être qu'un gamin à tes yeux... S'il n'y avait que ça, je n'aurais encore rien dit. Mais non, ce n'est pas tout ; si tu crois que ce sont des vacances, de passer treize ans sans parents, sans quelque amour que ce soit de la part de qui que ce soit, avec un monstre de haine à l'intérieur de soi, alors il faut vraiment que... Où vas-tu ? »

Célinda s'était levée, les larmes aux yeux, et avait couru vers Vitalio qui avait tout juste mis leurs déchets dans la poubelle. Elle lui avait sauté au cou et s'était excusée pour les mots qu'elle avait dits, pour...

« Chhhhht... Calme-toi, là, ça va aller... » avait chuchoté le garçon, à l'attention de la jeune fille qui s'était blottie contre lui.

Célinda s'était laissée bercer par le jeune homme en même temps que par ses mots :

« Je... je ne t'ai pas vraiment remerciée de... de t'être privée de ta liberté pour moi... Je... merci. »

Les deux amis restèrent là, silencieux, enlacés.

« Je tenais aussi à me faire pardonner pour la tristesse et la colère que je t'ai causées...
– La colère ?
– Ne fais pas l'innocente, Célinda. Toutes les filles auraient réagi de cette manière ; la preuve, même dans les yeux d'Éliana j'ai vu apparaître une lueur fugace de fureur... »

Elle et son amie semblaient donc à ce point différentes aux yeux de Vitalio ?

« ... avant d'être remplacée par une lueur d'étonnement puis d'approbation... Je... Elle voulait vraiment que tu redeviennes toi-même, tu sais...
– Que cherches-tu à me dire par là ?
– Simplement que je suis désolé pour ce que je t'ai fait endurer... Pour avoir cédé à la requête d'Éliana aussi... bêtement... Je... j'aimerais aussi que tu lui pardonnes pour son plan, elle...
– N'essaie pas de vouloir rendre service à Éliana...
– Je... Quoi ?
– Elle n'aime vraiment pas ça... Et puis, tu ferais mieux de défendre ton cas avant de t'occuper du sien !
– Mais elle cherchait vraiment à te rendre le plus vite possible tes moyens !
– Oui, enfin, rien ne me dit qu'elle n'a pris aucun plaisir en passant...
– Elle n'avait pas vraiment eu le temps de peaufiner son plan, à vrai dire... Elle a quand même accepté de le modifier un peu...
– Comment ça ?
– Bah... j'ai eu l'idée de rendre nos metavêts translucides et de les modeler comme une sorte de combinaison ultra-moulante au lieu de les enlever...
– Vous portiez pourtant bien des sous-vêtements, non ?
– Oui, effectivement...
– Comment ça se fait ? Je ne vous ai pourtant pas laissé le temps de...
– Pour ma part, j'ai enfilé mon metavêts comme l'avait demandé Éliana mais... je me suis dit que c'était peut-être une entourloupe, alors j'ai enfilé mon sous-vêtement par-dessus, par précaution... J'ai bien fait, d'un côté ; qu'est-ce qui me garantissait qu'elle n'allait pas m'ôter mes metavêts ce soir afin de susciter en toi un sentiment assez fort qui te permettrait de reprendre le contrôle de ton corps ? C'est que je tiens à ma virginité, moi ! plaisanta le jeune homme.
– Pourquoi as-tu ignoré notre conversation, au fait ?
– Disons que l'idée d'écouter une conversation qui ne me regarde aucunement est hors de ma portée...
– Bien sûr, excuse-moi... Et pour Éliana ? Pourquoi avait-elle d'autres sous-vêtements ?
– Ça, c'est à elle qu'il faut le demander, je n'en sais strictement rien... Les filles font parfois des choses bizarres... Comme lorsque tu t'es jetée sur Éliana, par exemple... Avoue tout de même que ma proposition n'allait pas du tout dans le sens d'une prise de plaisir maximale de l'exécution de son plan, et qu'elle l'a pourtant acceptée.
– Et les... les bruits qu'elle poussait, alors ?
– De la pure simulation.
– Elle simule très bien, alors...
– C'est parce qu'elle tenait vraiment à ce que tu reprennes le contrôle de ton corps avant d'arriver à la fin de son plan... Elle ne supporte pas la souffrance, pas plus celle des autres que la sienne...
– Tu jures qu'elle ne faisait que simuler ?
– Écoute, si tu tiens tant à le savoir, le mieux est encore d'aller le demander à l'intéressée ! s'était emporté le jeune homme en s'en allant, plantant là son amie.
– Vi... Vitalio... »

Le jeune homme s'était retourné, une flamme dure dans les yeux.

« Inutile de chercher à me revoir, je pars... »

« Où ça ? Pour combien de temps ? » avait voulu demandé Célinda ; ses questions n'avaient cependant pas franchi ses lèvres que le garçon s'était enfui.

La jeune fille avait contemplé pendant de longues secondes l'endroit où s'était tenu son ami, les larmes aux yeux. Elle avait bien su qu'elle avait mérité ça, aussi s'était-elle empêchée de pleurer pour se laisser envahir par une vague de remords. Elle avait regardé alentour pour remarquer qu'elle se trouvait seule ; depuis quand Éliana s'était-elle éclipsée ? Avec le tact qui la caractérisait, elle avait sans doute dû les quitter dès que Célinda avait couru rejoindre Vitalio. Mais la jeune fille avait eu des doutes... Elle était rentrée chez elle pour directement aller se coucher...


« Quelle soirée... À peine ai-je retrouvé mes amis qu'il faut que je les perde de nouveau... Quelle idiote je fais... »

Célinda s'était dit cela sans vraiment y penser... Elle avait l'esprit occupé par bien autre chose que par ses pensées. Elle se demandait en effet ce que pouvait donc bien signifier cette flamme ardente qu'elle avait remarquée dans les yeux de son ami, juste avant que celui-ci ne s'en fût...