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Des vacances mouvementées... de Don d'ARCEUS



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» Auteur : Don d'ARCEUS - Voir le profil
» Créé le 28/10/2010 à 17:44
» Dernière mise à jour le 05/07/2012 à 13:48

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Le cauchemar ne fait que commencer...
Au bout d'une longue minute, Vitalio retrouva enfin ses esprits et prit alors conscience de la présence de Célinda en face de lui. Cette dernière voulut se jeter dans ses bras pour y pleurer tout son soûl et être réconfortée, mais, hélas pour elle, il devait en être tout autrement, du fait de sa promesse ; le garçon, voyant qu'elle ne bougeait pas, s'enquit de son état, une expression inquiète sur le visage. Les lèvres de le jeune fille se mirent alors à se mouvoir indépendamment de sa volonté, lui faisant dire toutes sortes de choses visant à satisfaire une des promesses qu'elle avait faites au Pokémon qu'avait abrité Vitalio, d'une voix étonnamment mielleuse que la jeune fille ne se connaissait pas – les mots qui sortirent de sa bouche lui donnèrent d'ailleurs envie de vomir – :

« Je te remercie, ça ira. En revanche, si tu pouvais emmener Éliana chez moi... je ne me sens pas la force de la porter...
– Tu ne m'as pourtant pas l'air d'aller très bien...
– Ça ira, je te dis ! s'énerva Célinda, puis, en désignant son amie de la tête – qui était inexplicablement allongée sur le sol. Porte-la et rentrons. »

Le jeune homme fixa un bref instant Célinda dans les yeux, sceptique, puis il s'exécuta ; il s'approcha d'Éliana, la prit délicatement dans ses bras puis se mit en route vers la maison de Célinda, cette dernière sur ses pas, avançant lentement. Vitalio trébucha soudain contre une racine à moitié enfouie dans le sol. Il tenta de conserver son amie dans ses bras sans grand succès – elle ne cessait d'aller et venir entre les bras du jeune homme – ; il essaya alors de rétablir son équilibre mais il n'eut que le temps de tendre ses bras en avant pour éviter de s'écraser sur Éliana. Celle-ci, comme réveillée par le choc de sa chute, ouvrit brusquement les yeux qui se fichèrent instantanément dans ceux de Vitalio, dont le visage se trouvait à moins d'un centimètre du sien. Le garçon déglutit péniblement alors qu'une douce brise balayait les cheveux de son amie. Elle était si belle...

Célinda s'éclaircit discrètement la gorge – le silence total de la forêt rendait cependant son raclement de gorge parfaitement audible –, ce que la jeune fille ne parvenait pas à s'expliquer ; n'avait-elle pas justement promis de tout faire pour que tout se passe pour le mieux entre ses deux amis ? Ceux-ci tournèrent en même temps la tête vers elle pour ensuite rougir de concert puis le garçon se releva péniblement, évitant soigneusement de regarder Éliana. Cette dernière essaya de se relever à son tour mais elle ne parvint qu'à s'asseoir, trop épuisée pour faire le moindre geste supplémentaire. Vitalio jeta un coup d'œil à Célinda mais celle-ci lui fit clairement comprendre d'un regard qu'il devait l'aider à la relever. Le jeune homme tendit alors une main vers Éliana qui la saisit après une brève hésitation ; elle ne réussit cependant pas à se maintenir debout et percuta donc de plein fouet le garçon qui l'enlaça pour ne pas tomber. Leurs regards se croisèrent à nouveau pour se fuir presque aussitôt. Vitalio se résolut à prendre la jeune fille dans ses bras, devinant qu'elle n'arriverait pas à faire un seul pas dans l'état où elle se trouvait. Elle chuchota un timide "merci" à l'attention de son ami que celui-ci choisit d'ignorer ; le tour que prenait la situation ne lui plaisait visiblement pas.

À peine les trois amis se retournèrent-ils et firent-ils un nouveau pas dans la direction de la maison de Célinda qu'une ombre menaçante descendit du ciel pour leur barrer le chemin. Ils avaient presque oublié le pourquoi ou le comment de leur présence ici ; cette silhouette noire maléfique le leur rappela brusquement. Ils n'avaient malheureusement pas la possibilité de lutter contre lui : Éliana empêchait tout mouvement à Vitalio et Célinda était au bord de l'évanouissement et sentait au plus profond d'elle-même qu'elle était désormais incapable d'une quelconque attaque Pokémon. Un rictus sembla se former sur les lèvres de l'homme aux ténèbres qui prenait conscience de la situation précaire du trio.

« Ainsi, vous étiez bien derrière cette mise en scène... constata Célinda, d'une voix neutre.
– Pour être franc, je ne me suis occupé que du contexte dans lequel se sont effectuées vos "retrouvailles". Comme Éliana l'avait pressenti, Vitalio s'est retrouvé très fragile du point de vue émotionnel après mon... assassinat, ou plutôt devrais-je dire sa tentative d'assassinat. Ce fut donc un jeu d'enfant pour moi de le capturer pour m'en servir comme d'un appât pour vous piéger. Tout ne s'est cependant pas déroulé comme prévu ; le Pokémon qu'abritait Vitalio ne s'est en effet pas laissé faire. J'ai dû me résoudre à changer mes plans pour que tout se passe comme je le désirais. Comme tu peux le constater, je n'ai joué qu'un rôle mineur dans toute cette mise en scène ; le Pokémon de Vitalio s'est chargé du plus gros et moi du reste...
– Il n'empêche que vous avez joué un rôle – moindre, certes ; mais un rôle tout de même –...
– Je ne le nie pas... Mais que comptes-tu me faire pour ça ? »

Célinda ragea intérieurement ; il était vrai qu'ils n'étaient pas en position de supériorité. Elle trouva cependant un moyen de faire pression sur cet homme ténébreux.

« Je ne vous ferais rien... Je me contenterais de me tuer.
– Que veux-tu que ça me fasse ?
– Au moins une précieuse alliée potentielle de moins ?
Au moins ? Comment ça ?
– Je suis tout à fait votre genre.
– Pff. Tu n'es qu'une fillette. Tu as bien le temps de changer.
– Je n'en suis pas tout à fait sûre. Et vous savez que, dans le fond, j'ai raison.
– Quand bien même tu aurais raison, ça ne marcherait jamais entre nous deux.
– Et pourquoi donc ?
– L'âge pour commencer...
– Depuis quand l'âge a-t-il à voir avec l'amour ?
– Je pourrais être ton père, tu sais. Voire même ton grand-père, à peu de choses près... L'amour entre deux personnes d'âges aussi éloignés n'a jamais été toléré...
– Et alors ? L'amour véritable ne connaît aucune barrière, pas même le temps.
– Nous n'avons rien à faire ensemble, je te dis, inutile de t'inventer des choses. De plus, le Pokémon qui sommeille en moi n'a rien à voir avec celui que tu abritais jadis...
– Oui mais, comme tu le soulignes si bien, il ne fait plus partie de moi, répliqua la jeune fille, ignorant les regards intrigués de ses amis.
– Il n'a pas complètement disparu de ton être. Il a laissé des traces de son passage. Mon Pokémon les sent au plus profond de toi.
– Elles s'effaceront avec le temps.
– Ça, rien ne le garantit.
– Moi, je te le garantis.
– Paroles en l'air.
– Alors je mourrai.
– Et comment comptes-tu mourir ?
– Il y a des tas de façons de mourir.
– Je t'en empêcherai.
– Comment ?
– En t'endormant, tout simplement... »

Célinda frémit au souvenir des cauchemars que l'homme en face d'elle lui avait fait vivre.

« À moins que vous daigniez me suivre sans faire d'histoires. Nous avons quelques détails à régler, tous les quatre, et il serait imprudent de continuer ici notre conversation qui pourrait tomber dans des oreilles indiscrètes...
– Quels détails ?
– Je peux vous endormir, vous savez...
– Sans façons, merci...
– Alors suivez-moi en silence. »

Vitalio – Éliana toujours dans les bras, à bout de forces – et Célinda s'exécutèrent sans protester. À quoi bon rechigner si c'était pour n'en tirer aucun profit ?

Alors que le petit groupe arrivait à un campement de tentes établi sur terre cette fois, un homme vint à sa rencontre. L'homme ténébreux échangea quelques mots avec le nouveau venu qui s'en alla bientôt. Quant au meneur du groupe, il intima aux trois jeunes de se rendre dans sa tente en désignant d'un signe de tête une tente à l'écart des autres et d'y attendre bien sagement son retour. Les trois amis obéirent une fois de plus sans protester. À la découverte d'un gigantesque matelas à l'intérieur de la tente, ils ne purent se retenir très longtemps de ne pas s'allonger dessus. Bien sûr, Célinda s'arrangea pour ne pas être à côté de son ami, ce dont elle se félicita puisqu'Éliana ne tarda pas à trouver le sommeil – qu'est-ce qui aurait bien pu se passer entre eux si elle n'avait pas été entre eux ? La présence discrète de son amie assoupie n'empêcha cependant pas Vitalio d'engager la conversation avec Célinda. Cette dernière fit mine de dormir en calquant sa respiration sur celle de son amie. Vitalio ne se découragea pas pour autant :

« Célinda ? Célinda, tu m'entends, oui ou non ? Non, bien sûr, tu préfères m'ignorer, faire comme si je n'étais pas là, comme si je n'existais pas... Mais pourquoi ? Pourquoi te comportes-tu comme ça ? Quel est ton problème ? Je ne t'ai pourtant rien fait ! »

Aucune réponse. La conscience de Célinda entendait bien sûr chaque mot de la bouche de son ami, mais elle n'arrivait pas à solliciter le moindre de ses muscles pour lui dire quelle faute elle avait commise. Tout son corps restait inerte malgré tous ses efforts pour le faire se mouvoir. Elle souffrait de cette incapacité. Depuis le début.

Il y eut un court silence pendant lequel Célinda perçut des mouvements derrière ses paupières. En ouvrant un tout petit peu les yeux, elle vit son ami essayer de caresser ses joues. Ce fut néanmoins suffisant pour que le garçon se sentît espionné.

« Tu vois tu ne dors pas ! Alors, quel est ton problème ? »

La jeune fille demeura silencieuse.

« Pourquoi cherches-tu à plaire à cet... ce... cet homme ?
– Je ne cherche pas à lui plaire, je lui plais.
– Vraiment ?
– Oui.
– Et que cherches-tu à faire par... par là ?
– Dois-je comprendre par là que tu es jaloux ?
– Dois-je comprendre par là que tu ne souhaites pas me faire part de ta stratégie pour nous sortir de cette situation ?
– ...
– Tu veux changer de sujet ? Très bien. Peux-tu me dire pourquoi je n'arrive pas à te toucher ? »

« Tu ne changes pas vraiment de sujet... » aurait voulu lui faire remarquer Célinda, au lieu de quoi elle ne répondit rien.

« Bon sang, tu comptes rester muette encore longtemps ? Quel est ton problème, à la fin ?
– Un problème ? Quel problème ? Mais je n'ai aucun problème !
– Si tu en as.
– C'est toi qui en as. Tu n'arrives pas à me toucher.
– Pff. Parce que tu y arrives, toi, peut-être ?
– Comment ça ? Je peux très bien me toucher, regarde...
– Arrête d'essayer de jouer avec mes nerfs, tu n'arriveras à rien. Même pas à m'énerver. »

Célinda ne put retenir un sourire ; il avait parlé sur un ton agacé.

« Alors ? Et ce problème ?
– Quand bien même j'en aurais un, il ne te regarderait pas.
– Tes problèmes sont également mes problèmes, Célinda. Nous sommes...
– Des amis. Rien de plus. »

La conscience de Célinda ressentit le désespoir saisir le jeune homme à cette interruption. À sa grande surprise, il trouva quand même la force de poursuivre la conversation :

« Les amis sont là pour s'entraider. Pour se confier. Pour parler de leurs problèmes. Pour y trouver une solution.
– Comme si tout problème avait une solution...
– Mais...
– Et puis d'abord, que sais-tu des amis ? Tu n'en as jamais eu. Jusqu'à ce que tu nous rencontres, Éliana et moi. »

À l'évocation de son prénom, la jeune fille se retourna sur le dos. Elle sommeillait pourtant toujours.

« Enfin, quand je dis Éliana et moi, c'est surtout moi, en fait...
– N'essaie pas de détourner la conversation, Célinda. Dis-moi au moins ce que j'ai fait pour mériter à ce point ton mépris !
– "Ce que tu n'as pas fait", tu veux dire ?
– Comment ça, "ce que je n'ai pas fait" ?
– Tu n'as jamais accordé le moindre regard à Éliana, Vitalio. Pas la moindre attention particulière. Si tu engages la conversation avec elle, c'est toujours sans aucun plaisir, mais dans l'unique but de me rendre jalouse. Enfin, du moins, c'est ce dont j'ai toujours essayé de me persuader, mais il a bien fallu me rendre un jour à l'évidence.
– Éliana ne m'aime pas, Célinda.
– Il n'est pas question des sentiments d'Éliana vis-à-vis de toi, mais bien des tiens vis-à-vis d'elle ! Tu l'aimes, Vitalio, avoue-le ! À chaque fois que tu tournes le regard vers elle, ton cœur s'emballe, tes yeux ne peuvent s'empêcher de la détailler de la tête aux pieds et tu rougis lorsque ton regard croise le sien.
– Mais pas du tout !
– Vraiment ? Regarde-là et tu te rendras compte.
– Me rendre compte de quoi ?
– De ton amour pour elle, voyons !
– N'importe quoi !
– Tu ne lui as même pas accordé un regard.
– Bien sûr que si.
– Et moi, je te dis que non. » répliqua Célinda en levant la tête pour fusiller Vitalio du regard qui choisit alors de le fuir en fixant Éliana comme son amie le souhaitait.

La lueur d'étonnement qui s'alluma dans les yeux du garçon en détaillant son amie n'échappa pas à la conscience de Célinda qui fit comme si elle n'avait rien vu. Mais elle s'amplifiait tant et si bien qu'elle devint un brasier auquel Célinda ne put finalement qu'accorder de l'attention. Elle aurait voulu pleurer. Elle n'y arrivait pas. Son désespoir était à son paroxysme ; elle aurait mille fois enduré la mort plutôt que la vue de ce feu brillant de mille feux au fond des yeux de son ami. Elle fut anéantie lorsque le regard du jeune homme revint enfin se planter dans le sien pour perdre tout de l'éclat qui l'avait illuminé à la vue de son amie. Les deux amis restèrent silencieux un moment, pendant que Célinda reprenait difficilement ses esprits, non sans être consciente de la conversation animée qui se tenait entre elle et Vitalio.

Les regards en disent en effet parfois plus long que les paroles...