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Justice, gloire et Graffias. de illapa



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Informations

» Auteur : illapa - Voir le profil
» Créé le 22/10/2010 à 19:25
» Dernière mise à jour le 22/10/2010 à 19:25

» Mots-clés :   Aventure   Humour   Région inventée

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11 - Oppressed people ?


Je fus tiré de mon étonnement par la voix d'Ikse qui me demanda :
-Qu'est-ce qu'elle t'a dit ? Graffias ? Tu sais quoi faire ?
Je regardai mon dresseur droit dans les yeux et acquiesçai. Puis je lui tirai le pantalon du bout de la pince pour l'inciter à me suivre une nouvelle fois. Il compris le message sans trop de peine, et nous quittâmes la foule pour rallier la ruelle dont l'arcanin m'avait parlé. La porte dont il était question était effectivement fermée, après vérification de Ikse qui contrairement à moi savait y faire avec les poignées pour ouvrir ces obstacles.
Il fallait maintenant trouver le cornèbre. Mais ces pokémons vivant de nuit, je savais à l'avance qu'on aurait du mal, d'autant plus que c'était un pokémon vol... et moi un pauvre et succulent insecte. Qui refuserait, quoi qu'on en dise, de jouer les appâts.
Ikse eut l'idée de crocheter la serrure, mais il n'avait rien pour ce faire. Il eut ensuite l'idée de défoncer la porte, mais comprit tout seul comme un grand que cela risquait d'attirer l'attention des membres de la team à l'intérieur. Pendant qu'il se creusait les méninges, je rampai aux alentours, escaladai le mur pour tenter de trouver ce maudit piaf.

Je n'eus finalement aucun mal à le trouver : perché à l'angle de la tour, il nous observait en jetant parfois un regard furtif de l'autre côté du bâtiment. D'un coup d'aile, il se rapprocha de nous et se posa sur une poubelle. Il avait vaguement l'air déprimé.
-L'inspec... c... ctrice Ki... Ki...Kiffa vous a mis sur la piste, pas vrai ?
-C'est toi, le cornèbre qui à la clé ?
-C'est bien possible. Que... Que... Qu'est-ce q... q... qui vous fait c... c... croâre ça ?
Il avait une étrange façon de bégayer. Il ne semblait bloquer que sur certaines lettres. Cela donnait encore plus l'impression qu'il broyait du noir, pour ainsi dire.
-L'inspectrice Kiffa. Qui es-tu ?
-Ah. La c... c... clé n'est pas g... g... gratuite. Je me nomme Yildun. Je suis un co... co... cornèbre indépendant.
-Et qui vit le jour ?
-Il faut bien faire son business. Et ça m'a tout l'air d'être une g... g... grosse affaire.
Je me demandai quel pouvait être son « business », mais on n'avait probablement pas le temps de digresser avec ça. Derrière moi, Ikse libéra ses deux pokémons canins, et leur fit enchainer les Crocs Feu et Glace sur la serrure dans l'espoir de la faire céder. J'espérai juste qu'après ces coups sur la porte, personne ne nous attendrait de l'autre côté. Je les sommai de cesser tout de suite, sous peine de nous faire repérer, puis ayant obtenu un peu de calme je continuai ma conversation.
-Qu'est-ce que tu veux contre la clé ?
-Une pierre nuit. Je veux évoluer.
Je restait béat devant sa demande.
-QUOI ? C'est une blague ? Où tu veux qu'on trouve un truc pareil, c'est super rare !
-Je...je sais bien. Sinon, je n'en demanderai pas. Pourquo... quo... quoi l'inspec... c... ctrice Ki... ki... Kiffa vous a-t-elle envoyé ? Vous n'avez pas l'air très fort...
-Elle... a dit qu'on pouvait faire confiance aux étoiles.

Il y eut un instant de silence durant lequel « Yildun le co... co... cornèbre » sembla réfléchir. Puis il m'ordonna d'attendre là et s'envola. Je me tournai vers Ikse. Il nous regardait, l'air désespéré. Et soudain, une clé tomba du ciel. L'oiseau de ténèbres déclara :
-Voici la c... c... clé. Je fais de l'échange d'information et d'objet, mais ça ne marche pas très fort ici. Alors si vous avez des info c... c... croustillantes, des objets en trop, ou quo... quo... quoâ qu...qu...que ce soit qu... qu... qui puisse aider mes petites affaires, pensez à moi.
Les deux frères répondirent à ma place et en chœur :
-Promis !
Yildun eut un sourire qui me parut sans joie, puis il s'envola, et se posa sur le toit du bâtiment admirer le spectacle qui se déroulait en contrebas. Puis Ikse ramassa la clé, rappela ses deux pokémons canins et discrètement, nous nous faufilâmes dans le bâtiment.

Nous débouchâmes sur un couloir vide. Heureusement, personne n'avait remarqué notre petit manège. Discrètement, Ikse entreprit de visiter le rez-de-chaussée. Il y avait des gardes devant la porte d'entrée, l'ascenseur et la cage d'escalier. Mais quelque chose clochait chez ces gardes. Ils n'avaient de « garde » que le fait de garder des accès stratégiques. A part ça, ce n'étaient que des humaines et humains vêtus de toques et de tabliers blancs, armés de casseroles et de cuillères à soupe. Certaines n'avaient pas de toques, et s'étaient recouvert la tête d'un saladier. L'un d'eux avait même une passoire en guise de couvre-chef. En d'autres termes, ils ressemblaient plus à des cuistots qu'à des terroristes. Ou alors, ils avaient sacrément abusé du piment.

Nous étions en train de les observer en cherchant une stratégie digne de ce nom, ou au moins un plan d'action pas trop foireux, lorsqu'une grand ombre nous recouvrit. Lentement, Ikse et moi nous retournâmes. Un cuisinier géant se trouvait juste là, et il n'avait pas l'air commode.
-Qu'est-ce que tu fais là, toi ? T'es un journaliste, ou un flic ?
Ikse bafouilla. Il était vraiment minuscule comparé à l'autre. Et moi... encore plus.
-Pardon ? Excuse-moi petit, je n'ai pas compris. Articule.
Curieusement, le mastodonte n'avait pas l'air méchant. Il avait une voix grave, mais assez lente. Je ne ressentais aucune agressivité, aucune menace émanant de lui. Mon dresseur se ressaisit et lui lança un retentissant :
-Je suis Ikse ! Je suis ici pour rétablir la Justice ! Libérez les otages !
Je ne pus m'empêcher de m'indigner :
-Quoi ? Tu y vas cash au crash, toi ! Rétablis-la tout seul ta Justice, j'veux pas me faire écrabouiller moi !
Soudain, l'autre leva l'énorme poêle qui lui ceignait le poing... et se gratta la tête du bout de l'index.
-Ah. Quels otages ?

Ce fut au tour du justicier autoproclamé d'être pris au dépourvu.
-Ben... les gens qui travaillent dans la tour !
-Nous travaillons tous dans cette tour. Personne n'est pris en otage.
-Quoi ?
La tête d'Ikse était impayable. L'autre continua :
-Si vous voulez parler des collègues, ils ne sont pas otages non plus. On ne veut pas leur faire de mal. On voulait juste bloquer les transmissions radio-TV.
Vraiment impayable.
-Mais... mais...
L'autre lui tapota dans le dos et lui fit un sourire encourageant :
-Tu peux venir vérifier, si tu veux.

Il nous guida jusqu'à l'ascenseur où nous montâmes au dernier étage. Tout le monde semblait se trouver là, installé dans une salle aux tons rouge-orange qui était un mixe entre le salon et la salle de conférence. En d'autres termes, il y avait beaucoup de canapés, tables basses, et un coin frigo-cafetière-évier. En face de nous, il y avait une grande double porte derrière laquelle s'élevaient les grands cris caractéristiques d'une dispute bien assaisonnée. Employés comme cuisiniers s'étonnèrent de nous voir débarquer. Tous semblaient attendre quelque chose, mais visiblement pas notre visite.
-Hé bien, Worcester, tu nous ramène le dîner ?
Quelques rires fusèrent. « Worceseter » répondit à la femme qui avait lancé la blague :
-Très drôle Soja. Le petit haricot là, il raconte des trucs bizarres.
Soudain, tous les regards se firent plus curieux, plus intenses. Un type avec des cheveux roux et affalé dans un canapé nous lança :
-Salut, moi c'est Barbecue ! Et tu es ?
-Ikse.
Son voisin qui lui ressemblait étrangement, mais qui avait un goinfrex endormi sur les genoux nous demanda :
-Moi c'est Ketchup. Pourquoi tu es là, Ikse ? On avait pourtant fermé les accès.
-Je suis venu libérer les otages...
Ce fut « Soja » qui répondit :
-Quels otages ?
-Ben les employés. Mais qu'est-ce qu'il se passe ici ?

Patiemment, Soja lui expliqua. Ils étaient ici pour bloquer les transmissions radio-TV afin de faire pression sur le directeur. Celui-ci avait en effet ordonné l'arrêt -pour des raisons budgétaires- d'une émission de cuisine qui passait en fin de matinée sur les chaînes TV et radio principales. Cette émission était dirigée par la team des cuisiniers, la team Téflona. Or la team avait de grosses difficultés financières en ces temps de crises : les gens n'ayant plus les moyens, ou l'intérêt pour l'art culinaire, les restos... La suppression du programme n'avait pas arrangé les choses. Les médias cultivaient l'intérêt des gens pour la gastronomie. Sans cette pub, ils avaient cessé de venir dans les restaurants pour goûter à la fameuse recette dont ils avaient entendu parler à la radio. Ils avaient cessé de venir en cours associatifs et en club cuisine pour faire la super recette qu'ils avaient vu à la TV, mais pas eu le temps de noter entre midi et deux.
Exaspérés, les cuistots dé-émissionés avaient fini par décider de mettre la pression sur le directeur afin de relancer leur émission de cuisine. Quant aux employés de la tour, ils étaient restés pour soutenir la cause de leurs collègues.

-Et les gens pensent que c'est une prise d'otage ?
-Ben oui.
-Ah...c'est donc pour ça qu'il y a tous ces policiers dehors...
Ikse était aussi béat qu'indigné.
-Mais enfin ! Vous ne vous êtes pas inquiétés en les voyant !?
Ketchup avait l'air un peu pitoyable.
-Ben... non, comme on comprend pas ce qu'ils disent d'ici...
-Mais tout le monde est inquiet !
-L'ennui, déclara Soja, c'est que si on sort, notre opération va tomber à l'eau. Il faut attendre que le directeur Cathode et le Chef Carbonara aient trouvé comment s'entendre sur la part du gâteau, si tu vois ce que je veux dire. Et crois-moi, c'est pas de la tarte.
Un autre intervint :
-Attends, si les flics s'en mêlent, on risque de finir embarqué dans le panier à salade. A quoi bon relancer l'émission, si c'est pour finir à la casserole ?
Il y eut quelques grommellements approbateurs. Ou réprobateurs. On savait jamais avec les grommellements. Une femme rétorqua :
-Alors que devrait-on faire, Chasseur ?
Quelques personnes échangèrent des propos avec leurs voisins. L'intéressé répliqua :
-Calme-toi, Mayo. On ne peut pas laisser les choses tourner au vinaigre ou les carottes seront cuites !
-Dans ce cas, proposa un homme que son voisin avait appelé Moutarde, il faut aller voir le chef et le mettre au jus.

Finalement tous approuvèrent ce plan. Timidement, une certaine «  Aigredouce » toqua à la porte.
-Écoute petit, explique lui ce qu'il se passe. Juste une chose à savoir, il est très soupe au lait. Alors s'il s'enflamme, n'aies pas trop peur et dis-toi que ce n'est pas contre toi personnellement.
Soudain, la porte s'ouvrit brutalement, et un homme corpulent, aux cheveux blond paille apparut.
-Qu'est-ce que c'est ? Y a intérêt que ce soit important, j'ai d'autres crèmes à fouetter !
Imperceptiblement, je sentis mon dresseur se faire tout petit. L'autre était à sa taille, mais il dégageait la même force qu'un rhinoféros enragé.
-Heu...

Quelques explications plus tard, tout le monde s'était curieusement calmé.
-Effectivement, il faut trouver une solution au plus vite, ou ça va nous coûter bonbon...
Cette remarque du directeur fit bouillir le chef.
-La solution est simple ! Rétablissez notre émission !
-Je vous ai déjà dit que...
Et contre toute attente, mon dresseur se permit de les interrompre. Je sentit qu'il fit un effort pour se mettre entre le chef corpulent et le vieil homme tout aussi caractériel. Mais il le fit courageusement.
-Attendez ! M. le Directeur, pourquoi avez-vous supprimé l'émission de cuisine ?
-Quelqu'un nous a proposé un meilleur programme, ils nous ont même payé une commission pour que nous le passions. Une société de technologie basée à Kanto appelée Sylphe SARL. Ils ont une émission appelée super-science, qui explique des tas de trucs, de la construction de bâtiments au fonctionnement basique d'une pokéball... Ça marche du tonnerre, notre taux d'audience a doublé, et donc nos gains sur cette plage horaire aussi.
-Pourquoi ne pas avoir déplacé leur émission ?
-Parce que le reste du temps, nous passons des rediffusions. Comme nous possédons déjà les droits de ces émissions, ça ne nous coûte rien. Et en soirée, les gens préfèrent regarder les films ou les émissions de divertissements, chansons, jeux et autres. Personne ne regarderait leur truc à une heure pareille. De plus en ce moment, notre budget est très serré. Les montagnes du centre de Poëll sont un obstacle...de taille si je puis dire. Passer au travers ou les contourner n'est pas chose facile, surtout pour la radio. Alors nous avons lancé la construction d'une antenne de l'autre côté. Voilà pourquoi nous avons opté pour une stratégie d'économie.

Le Chef Carbonara bouillait, mais il avait assez de politesse pour ne pas interrompre la discussion. Et encore une fois, Ikse surpris tout le monde avec ses questions :
-Vous faites des bénéfices sur chaque chaine TV et radio que vous diffusez ?
-Oui, bien sûr. On ne pourrait pas financer l'autre antenne sinon.
-Alors...pourquoi vous ne relanceriez pas une autre chaine ? Avec l'émission TV de cuisine, des rediffusions des anciennes, des rediffusions des reportages comme heu... vous savez, l'émission sur les apitriniculteurs qui est passé le mois dernier ? Ou celle sur les poffins pokémon ? Et tout plein de trucs qui touchent à la cuisine, comme ça ? Un peu comme Poké-athlèTV, mais que pour la cuisine.
Il y eu un grand moment de silence. Un très long moment.